Le Trou noir
Le Trou noir (The Black Hole) est un film de science-fiction américain de Gary Nelson, produit par la Walt Disney Productions et sorti en 1979. Avec un budget dépassant les 20 millions de dollars américains, il est officiellement une réponse du studio Disney à la déferlante La Guerre des étoiles (1977) parmi plusieurs productions à gros budgets de la fin des années 1970 sur le thÚme de l'espace comme Star Trek, le film (1979).
Titre original | The Black Hole |
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RĂ©alisation | Gary Nelson |
Scénario |
Bob Barbash (histoire) Richard Landau (histoire) Gerry Day Jeb Rosebrook |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Walt Disney Productions |
Pays de production | Ătats-Unis |
Genre |
Science-fiction Aventure |
Durée | 98 minutes |
Sortie | 1979 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Le film prĂ©sente plusieurs scientifiques Ă bord d'un vaisseau spatial d'exploration, le Palomino. Ils dĂ©tectent un trou noir prĂšs duquel se trouve un autre vaisseau plus ancien portĂ© disparu depuis une vingtaine d'annĂ©es, le Cygnus. Le Palomino ayant subi des avaries, son Ă©quipage est accueilli Ă bord du mystĂ©rieux Cygnus qui n'abrite qu'un homme, un scientifique dont le rĂȘve est de traverser le trou noir.
Le studio utilise toutes ses ressources et compétences, que ce soit en animation ou en effets spéciaux avec par exemple Peter Ellenshaw expert en matte painting ou en concevant un systÚme informatisé nommé ACES similaire au Dykstraflex de Star Wars. Pour l'aspect spatial, le studio recrute des consultants comme l'astronaute Gordon Cooper, alors employé de WED Entreprises division chargé des attractions Disney, et des dessinateurs industriels spécialisés. Pour toucher un public plus adulte, le studio engage une distribution de vétérans mais cela lui sera reproché. En raison de son contenu, le film est catalogué avec un « Accord parental souhaitable » (PG), l'un des premiers pour le studio, et le public potentiel s'en trouve réduit. Ainsi, le film ne parvient pas à attirer le public escompté et le studio ne rentre pas dans ses frais.
La critique reconnait presque unanimement la prouesse technique mais le scĂ©nario et la distribution sont fortement critiquĂ©s. Le film devait ĂȘtre un grand coup pour redorer le blason du studio et changer des films d'animations et des comĂ©dies familiales. Au mĂȘme moment, les autres studios produisent des films de science-fiction avec plus de succĂšs et comme ce film se classe dans un genre inhabituel pour Disney, plusieurs critiques considĂšrent que le studio n'arrive pas Ă se dĂ©partir de son image familiale. La sortie du film marque un important tournant dans l'histoire des studios Disney, mais aussi de l'entreprise Disney, pour la pĂ©riode de 1973 Ă 1988. Il s'inscrit comme le dernier film de l'ancienne garde d'un studio considĂ©rĂ© comme endormi depuis le dĂ©cĂšs de Walt Disney en 1966 avant son rĂ©veil menĂ© par une nouvelle direction arrivĂ©e en 1984 et dont les premiers fruits marquent le « Second Ăge d'or » aussi appelĂ© la « Renaissance Disney ». Peter Ellenshaw le considĂšre comme son chant du cygne.
Synopsis
En 2130, un vaisseau spatial d'exploration, l'USS Palomino découvre un trou noir avec un vaisseau perdu, l'USS Cygnus en orbite sur son horizon. Le Palomino a, à son bord, le capitaine Dan Holland, le lieutenant Charles Pizer, les docteurs Kate Mac Crae et Alex Durant, et Harry Booth, accompagnés du droïde Vincent 396 (V.I.N.CENT)[NB 1], un robot de la classe Carré. En approchant du Cygnus, le Palomino est attiré par le trou noir et subit des avaries. L'équipage se résout à accoster le Cygnus et à l'explorer. C'est alors qu'il s'éclaire soudainement.
Une fois posé, les membres d'équipage sont accueillis singuliÚrement par des lasers qui les désarment puis en rejoignant la tour de contrÎle, par Hans Reinhardt, le commandant du vaisseau et aussi scientifique. Celui-ci les informe que l'équipage est reparti depuis longtemps vers la Terre et qu'il ne vit qu'avec ses droïdes. Ayant mis au point un systÚme antigravitationnel, il maintient le Cygnus en orbite périphérique. Il révÚle son ambition de passer au travers du trou noir. Ceci provoque l'admiration du Dr Alex Durant.
Reinhardt leur permet de réparer leur vaisseau et leur adjoint Maximilian, un robot blindé ayant des broyeurs au bout des bras, et ùme damnée du maßtre des lieux. Pendant ce temps, V.I.N.CENT fait la connaissance d'un de ses semblables, B.O.B[NB 2], lequel a reçu maints sévices des robots créés par Reinhardt. Celui-ci révÚle le terrible secret qui entoure le vaisseau. Reinhard a refusé de déférer à l'ordre de Washington de retourner sur Terre, a tué le pÚre du docteur Kate Mac Crae puis a réduit en esclavage les membres de l'équipage.
V.I.N.CENT rappelle l'Ă©quipage au Palomino en communiquant par tĂ©lĂ©pathie avec Mac Crae. Cette derniĂšre reste avec Durant et Reinhardt. Pendant ce temps, Reinhardt a donnĂ© ses ordres pour entrer dans le trou noir dĂšs le retour d'une sonde envoyĂ©e en pĂ©riphĂ©rie du vortex. Par la suite, V.I.N.CENT explique, par les mĂȘmes voies, la vĂ©ritĂ© Ă Kate qui en informe Durant. Celui-ci enlĂšve le masque d'un humanoĂŻde du Cygnus et aperçoit le visage moribond d'un homme. Reinhardt dĂ©masquĂ©, Maximilian tue Durant sans l'autorisation de son maĂźtre. Kate est faite prisonniĂšre pour subir le mĂȘme sort que les hommes du Cygnus. Reinhardt donne l'ordre d'Ă©liminer le reste de l'Ă©quipage, lequel parvient nĂ©anmoins Ă dĂ©livrer Kate.
Pendant ce temps Pizer et Booth Ă bord du "Palomino" partent au secours de l'Ă©quipage en dĂ©tresse. Booth fait semblant dâĂȘtre blessĂ© afin de se sauver seul avec le Palomino. Trahissant ses compagnons, il dĂ©colle, mais Reinhardt fait tirer sur le vaisseau. Le Palomino, endommagĂ©, sâĂ©crase sur le Cygnus.
Une pluie de météorites, attirée par la gravité, dépasse alors le Cygnus, provoquant des dommages irréversibles et tuant Reinhardt, écrasé par un panneau métallique. Aucun de ses androïdes ne bouge pour le sauver, programmés qu'ils sont à exécuter leurs tùches et rien d'autre. Maximilian, devenu incontrÎlable, refuse de secourir son maßtre puis part vers la sonde, seul moyen de s'échapper de cet enfer métallique.
L'équipage du Palomino, abandonné par Booth, se dirige aussi vers cette sonde et rencontre Maximilian dans la confrontation finale. Le robot provoque des dégùts irréversibles à B.O.B., mais V.I.N.CENT désactive ses lasers puis se confronte au colosse métallique et réussit à le mettre finalement hors service en perçant un trou dans sa poitrine. Il rejoint les rescapés dans la sonde. Cette derniÚre leur réserve des surprises. Programmée pour l'angle d'attaque du vortex, elle fonce droit vers le trou noir.
L'équipage se remémore les événements récents sous l'effet de la gravitation. Dans une séquence, Reinhardt paraßt en vie et rencontre Maximilian pour ne faire plus qu'un, se trouvant désormais dans sa carcasse. Suit une vision ressemblant à un univers infernal avec Maximilian en haut d'un rocher. Des formes humanoïdes du Cygnus marchent dans cet endroit. Par la suite apparaßt une sortie lumineuse de cet enfer et l'équipage passe sous les voûtes cristallines d'arcs brisés de style gothique, rappelant la nef d'une église, pour sortir du vortex. La sonde se dirige vers une planÚte qui occulte une étoile comme une éclipse solaire, laissant, derriÚre elle un amas circulaire de poussiÚres et de gaz rappelant la naissance d'une étoile.
Fiche technique
- Titre dâorigine : The Black Hole ;
- Titre français : Le Trou noir ;
- Réalisation : Gary Nelson assisté de Tom McCrory, Joseph P. Moore (second assistant), Christopher D. Miller (second assistant) ;
- Scénario : Jeb Rosebrook, Bob Barbash, Richard H. Landau ;
- Adaptation : Jeb Rosebrook, Gerry Day ;
- Musique : John Barry ;
- Direction artistique : John B. Mansbridge, Al Roelofs, Robert T. McCall, Thomas Baker (générique), Barry Seybert (dessin générique) ;
- Photographie : Frank V. Phillips ;
- Composition optique : Eustace Lycett ;
- Coordination optique : Robert Broughton ;
- DĂ©cors : Peter Ellenshaw ;
- Costumes : Bill Thomas (conception), Chuck Keehne (supervision) ;
- Effets spéciaux : Harrison Ellenshaw (artiste matte), David Mattingly (assistant matte artiste), Constantine Ganakes (assistant matte artiste), Joe Hale (animation) ;
- Effets mécaniques : Danny Lee (supervision), George F. McGinnis (conception des robots) ;
- Robot Sentry : Tommy McLoughlin (coordination) ;
- Miniatures :
- Photographie des effets spéciaux : Automatic Camera Effects Systems (A.C.E.S.) ;
- Maquettes : Terence Saunders ;
- Effets de miniatures : Peter Ellenshaw (création et supervision), Ed Sekac, Arthur Miller ;
- Photographie des miniatures : Art Cruickshank opérée par Bill Kilduff, Robert R. Wilson ;
- Effets spéciaux miniatures : Mike Edmonson ;
- Ingénieurs du son : Herb Taylor (supervision), Henry A. Maffett (mixage) ;
- Effets spéciaux sonores : Ben F. Hendricks, William J. Wylie, James MacDonald, Stephen Katz (additionnel) ;
- Montage des effets sonores : George Fredrick, Joseph Parker, Wayne Allwine, Louis Terrusa, John J. Jolliffe ;
- RĂ©enregistrement : John Van Frey, Nick Alphin, Frank C. Regula, Bob Hathaway ;
- Animation : Dorse A. Lanpher, Ted C. Kierscey ;
- Illustration : Fred Lucky, Gene Johnson, Robert Ayres, Leon R. Harris ;
- Maquillage : Robert J. Schiffer (supervision) ;
- Montage : Gregg McLaughlin (image), Evelyn Kennedy (supervision musique), Helen Sneddon (musique), Dan Wallin (mixage des pistes), Nicholas Vincent Korda (assistant image) ;
- Production : Ron Miller, John D. Bloss (directeur), Christopher Seiter (responsable de production), Stephen McEveety (assistant) ;
- Société de production : Walt Disney Productions ;
- Société de distribution : Buena Vista Distribution ;
- Budget : 20 000 000 $ (estimation) ;
- Pays de production : Ătats-Unis ;
- Langue originale : anglais ;
- Format : couleur par Technicolor â Technovision :
- Version 35 mm â 2.35:1 â Son Dolby ;
- Version 70 mm â 2.20:1 â Son StĂ©rĂ©o 6 pistes et Technovision[1] ;
- Genre : Films de science-fiction, Science-fiction, Aventure ;
- Durée : 98 minutes ;
- Dates de sortie :
- Royaume-Uni : (avant-premiĂšre Ă Londres) ;
- Ătats-Unis : (avant-premiĂšre) ; ;
- France : .
Sauf mention contraire, les informations proviennent des sources concordantes suivantes : Cinefantastique[2], Mark Arnold[3] et IMDb[4].
Distribution
- Maximilian Schell (VF : Jacques Thébault) : le docteur Hans Reinhardt ;
- Anthony Perkins (VF : Jean-Pierre Leroux) : le docteur Alex Durant ;
- Robert Forster (V.F. : Bernard Woringer) : le capitaine Dan Holland ;
- Joseph Bottoms (VF : Gilles Guillot) : le lieutenant Charles Pizer ;
- Yvette Mimieux (VF : Francine Vendel) : le docteur Kate Mac Crae ;
- Ernest Borgnine (VF : Jean Violette) : Harry Booth ;
- Tom McLoughlin : le capitaine S.T.A.R. (Special Troops/Arms Regiment) ;
- Roddy McDowall (voix) (VF : Pierre Trabaud) : V.I.N.CENT (non crédité) ;
- Slim Pickens (voix) (VF : Henri LabussiÚre) : B.O.B. (non crédité) ;
- Gary Nelson : l'homme au masque enlevé.
Sauf mention contraire, les informations proviennent des sources concordantes suivantes : Cinefantastique[2], Mark Arnold[5] et IMDb[4].
Production
DÚs le début, le studio prévoit d'en faire une superproduction et lÚve tous les obstacles (internes) allant jusqu'à embaucher des talents de premier ordre[6]. Gary Nelson explique que c'est à l'initiative de Ron Miller, gendre du défunt Walt Disney et PDG de la compagnie Walt Disney Productions, que le studio se lance dans la production de films innovants comme celui-ci ou Tron (1982)[7].
Développement du scénario
Paul Sammon, dans le dossier consacré au film publié dans le magazine Cinefantastique au printemps 1980, explique que deux scénaristes aux visions antithétiques ont participé à la création du film Le trou noir[8].
Premiers scénarios
Le premier scĂ©nariste est Frank Paris, arrivĂ© au studio en 1969 aprĂšs une carriĂšre Ă la tĂ©lĂ©vision sur la sĂ©rie Gunsmoke et responsable Ă©ditorial des scĂ©narios depuis 1972[8]. En janvier 1974, Paris est approchĂ© par les freelances Bob Barbash et Richard Landau qui lui proposent un scĂ©nario intitulĂ© Space Station 1[8] - [9]. Un projet prĂ©liminaire date de fĂ©vrier 1974 dans un style film catastrophe spatial proche de ceux produits par Irwin Allen[7] - [9] - [10]. Venus avec juste une esquisse de station orbitale, ils proposent une version dans l'espace de L'Aventure du PosĂ©idon (1972)[8]. La station devait ĂȘtre percutĂ©e par l'onde de choc d'une supernova et l'Ă©quipage devait retourner sur Terre, un film catastrophe cosmique[8]. Ron Miller demande Ă Barbash et Landau de dĂ©velopper leur idĂ©e et assigne Winston Hibler Ă la supervision, malgrĂ© son dĂ©part Ă la retraite proche[8]. Hibler et les deux scĂ©naristes reviennent avec l'idĂ©e d'un trou noir et Ă l'automne 1974 cet Ă©lĂ©ment devient central pour l'histoire[8]. Ă cette pĂ©riode, l'entreprise Disney compte parmi ses employĂ©s l'ancien astronaute Gordon Cooper qui occupe le poste de vice-prĂ©sident de la recherche et du dĂ©veloppement chez WED Entreprises et qui est consultĂ© pour le film[11].
Quelques mois plus tard, Hibler n'est pas satisfait du travail du duo et cherche un autre scénariste, nommant William Wood, auteur par la suite du téléfilm Autoroute pour la mort (1979)[8]. Mais le travail de Wood n'est pas satisfaisant non plus et comme Hibler prend sa retraite, le studio décide de mettre en pause ce projet de film qui devient trÚs coûteux[8]. Il reste en pause pendant prÚs d'un an, le temps que le cycle des films catastrophes atteigne son apogée avec La Tour infernale (décembre 1974)[8].
Le projet rebaptisĂ© Space Probe 1 ne redĂ©marre qu'Ă l'hiver 1975 avec Ron Miller qui fait revenir Hibler au studio pour faire avancer le projet et le sortir de sa phase d'Ă©criture du scĂ©nario[12]. Hibler persuade Miller de faire intervenir des illustrateurs, et propose Robert T. McCall[12]. C'est un ingĂ©nieur qui a entre autres, travaillĂ© pour la NASA[13]. Fin octobre 1975, Bob McCall est conviĂ© par le directeur artistique John B. Mansbridge et Winston Hibler sur le projet Space Probe 1 alors qu'il travaillait sur une fresque spatiale pour la Smithsonian Institution Ă Washington nommĂ©e A Cosmic View[12], Ćuvre achevĂ©e en 1976 pour l'ouverture du National Air and Space Museum[14]. McCall accepte de travailler sur le projet une fois la fresque achevĂ©e et contre une rĂ©tribution, s'installant Ă Los Angeles pour six mois Ă partir de mars 1976, travaillant avec Barbash et Landau[12]. McCall prĂ©cise qu'Ă cette Ă©poque aucun rĂ©alisateur n'Ă©tait assignĂ© au film alors encore cantonnĂ© au genre film catastrophe[12]. Au bout de trois mois, vers juin 1976, le rĂ©alisateur John Hough rejoint l'Ă©quipe aprĂšs avoir fini La Montagne ensorcelĂ©e (1975)[12]. Hough fait intervenir un nouveau scĂ©nariste, Summer Arthur Long mais le rĂ©sultat n'est pas celui attendu, trop proche de La Tour infernale alors que l'engouement pour ce genre de films s'est essoufflĂ© depuis deux ans[12]. McCall prĂ©cise que peu de ses Ćuvres sont apparues Ă l'Ă©cran[12]. On lui doit des concepts de l'intĂ©rieur du vaisseau Cygnus alors baptisĂ© Centaurus dont la configuration est trĂšs proche du rĂ©sultat final, du Palomino et du robot V.I.N.CENT [12]. McCall ajoute que la principale diffĂ©rence pour le Cygnus provient d'un souhait de Peter Ellenshaw d'avoir un aspect extĂ©rieur diffĂ©rent, une surface translucide en filigrane[12]. McCall rĂ©alise prĂšs de 100 illustrations de prĂ©production[15]. Son design de V.I.N.CENT Ă©tait plus gracieux et ressemblait plus Ă ce qui a finalement Ă©tĂ© appelĂ© le robot Maximillian, un robot lĂ©vitant, ce que McCall nomme planeur[12].
Par la suite, Peter Ellenshaw, artiste de matte painting, est choisi comme concepteur de production[12]. Miller fait rencontrer MCall et Ellenshaw, ce dernier avait réalisé quelques dessins de vaisseaux[7]. Cette rencontre relance la production mais fait modifier en profondeur le scénario, rebaptisé Space Probe (« Sonde spatiale »)[7] - [10] - [16]. Gordon Cooper trouve a l'époque le principe du film intéressant au niveau spatial mais le projet n'a pris de l'envergure qu'avec l'arrivée d'Ellenshaw[11]. MCall quitte le projet un mois aprÚs la nomination d'Ellenshaw[12].
Les deux scénarios de Rosebrook
En août 1976, le décÚs de Winston Hibler met presque un terme au projet[12] - [9] mais la quantité de travail déjà effectuée, l'arrivée de Hough et Ellenshaw convainquent Ron Miller de poursuivre le projet[12]. Paris indique que le projet change et perd sa formule de film catastrophe[12]. Entre octobre 1976 et janvier 1977, le scénariste Ed Coffey est associé au projet[12]. Ensuite Jeb Rosebrook est appelé par Paris en janvier 1977 et avec l'aide de John Hough, il reprend le scénario à zéro conservant certains éléments et les personnages[13]. C'est le premier travail de Rosebrook pour Disney[13]. Rosebrook tente de reprendre le scénario existant alors de 125 pages mais il trouve qu'il y a beaucoup trop de personnages et que c'est la technologie ou les appareils qui font l'histoire[13]. Il précise que le scénario qu'il reprend intitulé Probe One n'est pas celui de Barbash et Landau, l'équipe en place évoquant un scénario de Wood[13]. Il passe beaucoup de temps à se documenter, principalement sur les trous noirs grùce aux travaux de Hawking et Jackson[13] - [NB 3]. Rosebrook explique que pour les films de western ou de science-fiction, on introduit d'abord les personnages puis l'histoire[13]. La version de Rosebrook, baptisée Space Probe One, supprime l'importante distribution des scénarios précédents au profit d'un nombre limité d'acteurs[13]. Cette ébauche propose un nouvel aperçu de l'histoire supprimant des personnages et une toute nouvelle approche et est encore supervisée par John Hough avant son départ sur une autre production durant sept semaines[13].
Durant ce temps, John Hough travaille sur Les Visiteurs d'un autre monde (1978), la suite de La Montagne ensorcelée (1975)[13]. Mais Hough reçoit alors une offre pour réaliser La Cible étoilée (1978) et abandonne le projet Space Probe One tandis que Rosebrook a fini le script[13]. John Hough refuse donc de réaliser le film[10]. Le projet est officialisé en 1976, peu avant la sortie de La Guerre des étoiles[10]. Le film est officiellement produit comme une réponse à la déferlante Star Wars et pour démontrer que les studios Disney peuvent rivaliser avec une nouvelle génération techniquement compétente et malgré ses techniques et ressources de la vieille école[7].
Rosebrook achĂšve son premier scĂ©nario en juin 1977 et l'Ă©quipe dĂ©cide d'ajouter des Ă©lĂ©ments dramatiques pour sortir du film catastrophe[13]. Le trou noir devait ĂȘtre plus intĂ©grĂ© au cĆur de l'histoire[13].
Rosebrook produit par la suite un second scénario dans lequel le principe du film catastrophe est supprimé[13]. Pour les deux scénarios, Rosebrook constate que le studio a l'intention de faire montre de ses talents dans le domaine des effets spéciaux[13]. Rosebrook se souvient que les scénaristes comme lui s'absentaient six à huit semaines et revenaient pour confronter leur scénario avec l'équipe de production dont Peter Ellenshaw, Ron Miller et Chris Hibler, fils de Winston[13]. à partir de l'été 1977 il a été convenu que cette méthode n'était plus la bonne, trois années avaient été perdues, et une nouvelle façon de travailler a été proposée et mise en place, avec des réunions hebdomadaires[13]. Cette méthode a été appliquée de fin juillet à Noël 1977, période marquée par l'arrivée de Gary Nelson[15] qui est nommé réalisateur[7]. Nelson est un réalisateur reconnu depuis 1961[17]. Nelson avait déjà travaillé pour Disney sur Un vendredi dingue, dingue, dingue (1976) mais jamais sur un film de science-fiction[16]. Nelson refuse d'abord le script de 60 pages transmis en 1977[16] mais Ron Miller insiste[7]. Nelson indique avoir commencé à travailler sur le projet fin novembre 1977 convaincu par le travail de Peter Ellenshaw[17].
Rosebrook achÚve ce second scénario avec Nelson en mars 1978 et le présente au chef de la production John Lofts qui propose ensuite un budget à Ron Miller[15]. L'équipe passe une année à préparer le film dans les moindres détails principalement techniques afin d'éviter comme l'indique Gary Nelson, les problÚmes de Star Trek, le film (1979) dans lequel les coûteux effets spéciaux ne fonctionnent plus aprÚs le départ des acteurs, ce qui ne permet pas les secondes prises[16].
Arrivée de Gerry Day
Le scĂ©nario de Rosebrook n'est cependant pas jugĂ© satisfaisant et la scĂ©nariste de tĂ©lĂ©vision Gerry Day est engagĂ©e par la direction pour le remanier[15]. Paul Sammon prĂ©cise que les altĂ©rations et omissions de Day par rapport au script de Rosebrook ont Ă©tĂ© assez importantes pour que la Writers Guild of America statue en sa faveur et impose sa prĂ©sence dans les crĂ©dits du film[15]. Sammon liste quelques exemples de modifications comme des propos de Pizer au dĂ©but du film sur la solitude de passer NoĂ«l seul dans le mess du vaisseau avec une dinde dĂ©shydratĂ©e, scĂšne coupĂ©e au montage[15]. Une autre scĂšne devait prĂ©senter V.I.N.CENT jouant dans une piscine avec un robot, remplacĂ©e par une scĂšne de combat au pistolet laser contre un nouveau personnage nommĂ© Capitaine STAR[15]. Jeb Rosebrook indique qu'en octobre 1978, le scĂ©nario utilisĂ© par la production Ă©tait trĂšs proche du sien, avec la mĂȘme structure, Gerry Day avait Ă©crit dix ou quinze pages dĂ©veloppant certaines scĂšnes et personnages[15].
Tous les interviewĂ©s de Sammon sont d'accord qu'Ă cette pĂ©riode la scĂšne culminante du film Ă©tait encore assez floue[15]. Rosebrook quitte le projet et avoue n'avoir pas vu le film en mars 1980[15]. Rosebrook ne sait pas ce que Garry Nelson et Peter Ellenshaw ont fait des Ă©lĂ©ments qu'il avait laissĂ© en partant[15]. Frank Paris indique que le film est le rĂ©sultat d'un effort coopĂ©ratif et que seuls les scĂ©naristes ont Ă©tĂ© crĂ©ditĂ©s et payĂ©s pour l'Ă©criture, sous-entendant que les autres membres de la production ne sont pas responsables du scĂ©nario final[15]. Paris prĂ©cise que Gerry Day a Ă©crit une fin pour le film mais que la production n'Ă©tait pas sĂ»re de la faire et que ce sont Nelson et Ellenshaw qui l'ont modifiĂ©e pour en faire la scĂšne finale du film[15]. En 1978, au bout de quatre annĂ©es, deux producteurs, deux concepteurs et six scĂ©naristes, le film arrive Ă une Ă©tape importante : la mise en production avec le dĂ©but du tournage, la distribution et son baptĂȘme[15].
La derniĂšre version du script rebaptisĂ©e Le Trou noir est Ă©crite par Jeb Rosebrook et Gerry Day et supprime les personnages inutiles, rĂ©duisant l'Ă©quipage du USS Palomino[7]. Nelson explique que le studio voulait un film plus mĂ»r, Ă©loignĂ© du tout public habituel mais n'avait pas prĂ©vu les consĂ©quences d'une classification PG[7]. Mais c'est la premiĂšre fois que l'enfer et les dĂ©mons apparaissent dans un film Disney[7]. Ă la diffĂ©rence d'autres rĂ©alisateurs de Disney qui commencent Ă travailler sur leur prochain film durant la post-production de celui en cours, Nelson est restĂ© trĂšs prĂ©sent mĂȘme pour le mixage de la musique et des dialogues, offrant son temps pour rĂ©pondre aux questions de l'Ă©quipe des effets spĂ©ciaux jusqu'Ă la derniĂšre minute[9]. Rosebrook explique que juste avant le dĂ©but du tournage des personnes au sein de l'entreprise Disney ont pensĂ© que le nom Space Probe pouvait ĂȘtre remplacĂ© par un meilleur ; parmi 500 propositions le titre Le Trou noir a Ă©tĂ© choisi en raison de la place essentielle dans l'intrigue de cet objet cĂ©leste[15].
Les effets spéciaux
C'est encore l'époque d'avant les effets spéciaux numériques, et donc de nombreuses maquettes miniatures ont été utilisées pour les vaisseaux[6]. En fait, c'est la derniÚre production majeure du studio à avoir recours aux effets visuels, la production suivante Tron (1982) inaugurant les effets numériques[6]. Harrison Ellenshaw se souvient que sur le tournage l'équipe de pompiers a été appelée pour chaque scÚne utilisant des effets pyrotechniques[6]. Il indique aussi qu'au début du tournage la fin du film n'avait pas encore été décidée[10]. Une proposition de fin non conservée utilisait pour décor la chapelle Sixtine, les personnages devant apparaßtre dans la salle ou dans une peinture aprÚs avoir traversé le trou noir[10] - [18].
DĂ©but avec les maquettes
L'Ă©quipe des effets spĂ©ciaux est impliquĂ©e dĂšs fin 1977 mais sous une forme encore incertaine en raison de l'avancement de la prĂ©production[19]. La premiĂšre Ă©quipe a commencer rĂ©ellement la production, fin 1978, est celle des effets spĂ©ciaux sous la supervision de Peter Ellenshaw, afin de construire les effets visuels, les vaisseaux et les robots[19]. Le chef du dĂ©partement pour les effets spĂ©ciaux mĂ©caniques est Danny Lee et il est aidĂ© par Terry Saunders[NB 4] chargĂ© des miniatures[19]. Danny Lee indique qu'il est un poudrier habilitĂ© Ă manipuler des explosifs, ayant un permis pour cela, ce qui a permis au studio Disney d'acheter beaucoup d'explosifs pour le film[19]. Danny Lee rappelle qu'au-delĂ des maquettes en elles-mĂȘmes de toutes tailles, le dĂ©partement doit aussi concevoir et fabriquer les circuits Ă©lectriques, les objets mobiles et animĂ©s, tombant, s'inclinant ou tournant, Ă©jectant de la fumĂ©e, clignotant ou explosant[19]. Le budget consacrĂ© aux effets spĂ©ciaux de type maquette a Ă©tĂ© estimĂ© en dĂ©but de production Ă 750 000 dollars amĂ©ricains et dĂ©passe le million Ă l'Ă©tĂ© 1980[19].
La premiĂšre maquette entreprise est celle du Cygnus fin 1977 en deux exemplaires Ă l'Ă©chelle 1/16e, dont la construction dĂ©bute vers NoĂ«l[19]. Le vaisseau Cygnus pris au piĂšge par le trou noir a Ă©tĂ© nommĂ© d'aprĂšs Cygnus X-1, le premier trou noir identifiĂ©[9] en 1971. Le Cygnus devait ĂȘtre un vaisseau d'exploration avec tout le matĂ©riel nĂ©cessaire comme des modules pour atterrir sur des planĂštes et pouvoir les coloniser[20]. La construction des deux modĂšles s'Ă©tale sur toute l'annĂ©e 1978 et chacun coĂ»te plus de 100 000 dollars[19]. Chacun mesure 12,3 pieds (3,75 m) et pĂšse 170 livres (77 kg)[19]. Ils avaient toutefois des diffĂ©rences, l'un Ă©tant plus dĂ©taillĂ© sur le dessus, l'autre au-dessous[19]. Les deux exemplaires sont justifiĂ©s par l'usage lors du tournage, l'un Ă©tait utilisĂ© pour les scĂšnes de vol, tandis que l'autre restait disponible pour des photographies, de plus un des deux devait ĂȘtre dĂ©truit, l'autre conservant la possibilitĂ© de reshoots[19]. Danny Lee indique qu'ils sont fait Ă base de laiton en raison de sa facilitĂ© Ă ĂȘtre manipuler ou embossĂ© mais aussi car Ellenshaw apprĂ©ciait cette couleur [21]. La section centrale hexagonale reliant l'avant et l'arriĂšre du vaisseau est en acier tandis que les modules d'Ă©clairages sont en plastiques, le reste est peint[21]. L'Ă©clairage a nĂ©cessitĂ© 150 lampes, alimentĂ©es grĂące Ă de nombreux cĂąbles, et qui Ă©taient installĂ©es lors des prises de vues et retirĂ©es ensuite [21]. En plus des deux maquettes, certaines sections du Cygnus ont Ă©tĂ© construites Ă d'autres Ă©chelles plus importantes et la technologie A.C.E.S. a permis d'assembler les prises de vues[21]. Parmi les sections, Terry Saunders mentionne l'accĂšs Ă la tour du capitaine, la zone agricole, la zone Ă©nergĂ©tique au centre du vaisseau qui explose et la plateforme d'atterrissage, toute Ă l'Ă©chelle 1/4e[21]. Ces maquettes utilisent du plastique plus facile Ă dĂ©couper que le laiton[21]. La tour de capitaine faisait plus de 100 livres (45 kg) et Ă©tait longue de 6 pieds (1,83 m) de la pointe de l'antenne au centre du vaisseau[21]. Le couloir principal du Cygnus a Ă©tĂ© construit Ă l'Ă©chelle 1/2e pour la scĂšne du mĂ©tĂ©ore de mĂȘme que la section extĂ©rieure du Palomino rĂ©parĂ©e le robot V.I.N.CENT[21]. Cette reproduction du couloir du Cygnus a, elle aussi, Ă©tĂ© construite en double mais parce que la premiĂšre n'Ă©tait pas satisfaisante[21] ; ce projet a durĂ© quatre mois[11]. Le couloir est long de 22 pieds (6,71 m) et haut de 4 pieds (1,22 m), chacun ayant coĂ»tĂ© 30 000 dollars[21]. Le corridor est constituĂ© de feuille d'aluminium de part et d'autre d'une structure en urĂ©thane utilisĂ©e pour avoir des dĂ©bris lors de l'impact avec le mĂ©tĂ©ore[11]. La sĂ©quence du mĂ©tĂ©ore est tournĂ©e vers juin 1979[11]. Danny Lee justifie la double construction par un dĂ©faut d'information de la part de la direction[11]. Pour la zone agricole, le studio a achetĂ© des panneaux en plastiques Ă une sociĂ©tĂ© basĂ©e Ă Alhambra (Californie)[21]. L'ensemble de maquettes construite Ă l'Ă©chelle 1/4e du Cygnus reprĂ©sentent presque la totalitĂ© du vaisseau pour un total de 57 pieds (17,37 m) de long[21]. Les maquettes ont Ă©tĂ© filmĂ©e dans le Stage 3 des studios Disney[22].
Malheureusement aucun des deux modĂšles du Cygnus n'a survĂ©cu, celui dĂ©taillĂ© au-dessus a Ă©tĂ© dĂ©truit pour le film tandis que l'autre s'est cassĂ© dans le camion qui le ramenait d'une exposition sur la carriĂšre de Peter Ellenshaw au Museum of Modern Art de New York[21]. Cette exposition s'est tenue du 17 septembre au 30 octobre 1979[23] et a comportĂ© une dizaine d'Ćuvres issues du film[24].
Le service des maquettes a aussi construit selon Danny Lee des miniatures Ă l'Ă©chelle 1/4e et 1/16e de la sonde spatiale en laiton en aluminium, dont un Ă©tait fonctionnel, deux miniatures du Palomino aux mĂȘmes Ă©chelles dont le plus grand a Ă©tĂ© dĂ©truit[11]. Terry Saunders mentionne lui une demi-douzaine de Palomino[11]. Les grands modĂšles sont en fibre de verre recouvert de laiton mais une version a Ă©tĂ© construite en acide stĂ©arique et plastique pour ĂȘtre dĂ©truite et Ă©viter des dĂ©bris de verre sur le plateau[11]. Saunders prĂ©cise que le tournage avec la sonde spatiale a utilisĂ© une mĂ©thode par cĂąble inventĂ©e par Richard Buckminster Fuller[11], la tensĂ©gritĂ©.
Terry Saunders Ă©voque aussi la scĂšne du voyage en Enfer et au Purgatoire[25]. Elle est composĂ©e de deux maquettes l'une dans le Stage 2 et l'autre dans le Stage 4 assemblĂ©es en post-production[25]. Les effets de feu sont simplement des rangĂ©es de bruleurs au propane reliĂ© Ă 15 bouteilles[25]. Les maquettes ont les mĂȘmes dimensions 40 par 60 pieds (12 x 18 m) mais sur la premiĂšre les humanoĂŻdes font 6 pouces (15,24 cm) de haut alors que sur la seconde ils font 1 pieds (30,48 cm)[25]. De plus la premiĂšre avait une peinture de Peter Ellenshaw comme fond, un mĂ©lange de couleur chaude, rouges et jaunes avec des ombres, alors que la seconde seulement un fond noir[26]. L'Ă©lĂ©ment central est une version de Maximilien guidant une armĂ©e de sentinelles[25]. Une autre version de fond a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e mais n'est pas prĂ©sente dans le film[26]. Elle comprenait des anges de la Mort volant dans le ciel[26]. Leurs prĂ©sences provoquaient une trop forte distraction par rapport Ă l'Ă©lĂ©ment central de la scĂšne et ils ont Ă©tĂ© retirĂ©s[26]. Saunders a filmĂ© les scĂšnes depuis une nacelle passant au-dessus des flammes avec l'assistant camĂ©ra[25].
Conception des robots
En fĂ©vrier 1978, George F. McGinnis, alors employĂ© de WED Entreprises est invitĂ© par Gordon Cooper Ă travailler sur le film pour cinq mois sur la conception des robots[11]. Durant la premiĂšre rĂ©union avec Ron Miller et Cooper, le trio Ă©voque l'importance des courbes et des angles pour la forme des robots ainsi que le dĂ©veloppement de deux personnages robotisĂ©s centraux, un petit adorable et un grand mĂ©chant[11]. Les courbes, des cercles et des ronds sont des Ă©lĂ©ments agrĂ©ables pour les gens et sont utilisĂ©s pour les gentils V.I.N.CENT et le vieux B.O.B. tandis les angles sont stressants et ont donc Ă©tĂ© utilisĂ©s pour Maximilian[11]. Gary Nelson indique que pour les personnages robotiques, leur apparences ne devaient pas ĂȘtre humanoĂŻdes et ont donc un aspect boĂźte de mĂ©tal[16].
McGinnis a rĂ©alisĂ© une douzaine d'esquisses pour Maximilian avant que la production en choisisse une qui a par la suite Ă©voluĂ©[11]. L'idĂ©e initiale pour Max est un aspect de machine Ă l'opposĂ© de l'anthropomorphisme, sans tĂȘte, sans bras ni jambe et couvert d'Ă©lĂ©ments prĂ©empteurs[11]. Une massue Ă©tait prĂ©vue[11] ainsi qu'un stabilisateur gyroscopique mais l'aspect Ă©tait trop rigide, pas assez vivant et Ron Miller a demandĂ© un design plus traditionnel[27]. McGinnis conçoit alors le personnage du film mais souhaite ensuite ajoutĂ© des Ă©lĂ©ments Ă©lectroniques lumineux dans son corps comme une sorte de fourneau ou des membres brillants, des propulseurs, mais par manque de temps la production ne prends pas en compte ces ajouts[27]. McGinnis rĂ©alise une miniature Ă l'Ă©chelle 1/4e qui Ă©voque les jouets de type Shogun Warriors[27], popularisĂ©s par des sĂ©ries japonaises comme YĆ«sha Raideen (ćè ă©ă€ăăŁăŒăł, YĆ«sha RaidÄ«n, litt. « Raideen le brave ») (1975-1976). McGinnis se dĂ©fend d'une inspiration quelconque, car il a conçu le personnage avant d'avoir vu les sĂ©ries amĂ©ricaines[27] comme celle publiĂ©e par Marvel Comics Ă©crite par Doug Moench et dessinĂ©e par Herb Trimpe d'aprĂšs une ligne de jouets distribuĂ©s par Mattel[28] entre fĂ©vrier 1979 et septembre 1980[29].
McGinnis a conçu les robots sentinelles avec peu de dĂ©tails et avec l'optique qu'ils soient des costumes que des figurants peuvent revĂȘtir[30]. Les sentinelles devaient avoir un cerveau lumineux visible sous un certain angle et des composants Ă©lectroniques, eux aussi supprimĂ©s par manque de temps[30]. Le concept retenu pour les sentinelles est en rĂ©alitĂ© celui des humanoĂŻdes, les anciens membres d'Ă©quipages emprisonnĂ©s par Reinhardt[31]. McGinnis propose aussi un sac Ă dos avec des tubes d'air allant jusqu'au casque ce qui aurait permis aux figurants d'avoir de l'air frais, mais la production a jugĂ© que le design aurait Ă©tĂ© trop proche des Cylons de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Battlestar Galactica (1978-1979)[30]. Le costumier Bill Thomas indique que Ron Miller et Garry Miller sont venus le voir avec l'idĂ©e d'intĂ©grer des humanoĂŻdes dans le film, idĂ©e dont il ne connait pas l'origine[31]. Les robots sont tous des planeurs grĂące Ă une fonction antigravitĂ©[27]. Les robots sont constituĂ©s de fibre de verre avec une armature en acier mais le reste est en aluminium avec un systĂšme Ă©lectrique et hydraulique pour les faire bouger[27]. Les robots sont construits en plusieurs exemplaires assurant chacun des fonctions diffĂ©rentes[27].
Maximilian, V.I.N.CENT et B.O.B.
Maximilian fait en rĂ©alitĂ© 6 pieds (1,83 m) mais il est toujours placĂ© en hauteur donnant l'impression de faire 7 pieds (2,13 m)[27]. Peter Ellenshaw a dĂ©fini la couleur des robots et celle de Max est rouge tandis que V.I.N.CENT est une finition tĂąche de mĂ©tal[27]. Danny Lee se souvient que six configurations diffĂ©rentes de Maximilian ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es[30]. L'Ă©quipe a conçu une version radiocommandĂ©e de Max pour les scĂšnes oĂč le robot vole car elle ne pouvait le manipuler ni utiliser des fils sous tension pour la version de 300 livres (136 kg)[30]. Une autre version utilise en rĂ©alitĂ© une balançoire Ă bascule afin de rĂ©aliser des plans oĂč le robot semble flotter grĂące au contre-poids[30]. Une autre est montĂ©e sur un skateboard pour la faire rouler sur le sol[30].
V.I.N.CENT possĂšde des similitudes avec le vieux B.O.B. qui est une version plus ancienne et mutilĂ©e[27]. McGinnis a rĂ©alisĂ© des miniatures en glaise Ă l'Ă©chelle 1/4e de 33 pouces (0,84 m) et a pris une planche pour frapper B.O.B. pour lui donner cet aspect abĂźmĂ©[27]. Pour V.I.N.CENT, la production souhaitait des yeux animĂ©s similaire aux disques d'une girouette Ă pastilles de Ferranti-Packard mais des problĂšmes techniques lors des prises de vues avec les acteurs n'ont pas pu ĂȘtre rĂ©solues[27]. Pour V.I.N.CENT, sa forme ronde ne permettait pas d'inclure tous ses accessoires, comme les lasers et les bras tĂ©lescopiques, et le studio a mĂȘme construit une version avec les yeux tournant Ă 360°[27]. Un autre modĂšle utilise des vannes Ă air-comprimĂ©s pour pouvoir lever les bras[27]. Le dĂ©partement a aussi construit des modĂšles rĂ©duits Ă l'Ă©chelle trois pouces pour ĂȘtre utilisĂ©s sur la maquette du Palomino[27]. Une comparaison avec R2-D2 est Ă©vidente mais une grande diffĂ©rence est que V.I.N.CENT parle[16]. Pour les robots V.I.N.CENT et B.O.B., le studio a utilisĂ© des maquettes avec des armatures souvent suspendues par des filins mais plusieurs scĂšnes ont Ă©tĂ© tournĂ©es Ă l'envers, le haut en bas, pour que les filins ne soient pas visibles, puisque semblant ĂȘtre au sol[6]. Le robot V.I.N.CENT est prĂ©sent dans 60 % du film[16]. La maquette Ă©tait assez petite mais la magie des effets spĂ©ciaux l'a fait grandir[16]. Le vieux B.O.B. est le seul Ă n'avoir Ă©tĂ© construit qu'en trois exemplaires[27]. Le vieux B.O.B. et V.I.N.CENT pĂšse chacun 80 livres (36,3 kg)[27].
Les sentinelles et humanoĂŻdes
McGinnis se souvient qu'un sculpteur nommĂ© Joe Cava, ayant travaillĂ© sur la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Buck Rogers, a rĂ©alisĂ© les personnages des sentinelles d'aprĂšs ses dessins mais avec une dimension supĂ©rieure Ă celle qu'il avait imaginĂ©, 1,80 m au lieu de 1,70 m[30]. Paul Sammon indique que seuls les trois robots Maximilien, V.I.N.CENT et B.O.B. Ă©taient rĂ©ellement robotisĂ©s, les autres, des sentinelles et des humanoĂŻdes, sont des acteurs portant des costumes[32]. Pour les sentinelles, en rĂ©alitĂ© des armures, l'Ă©quipe de WED Entreprises a rĂ©alisĂ© des moules pour dupliquer les piĂšces et les figurants portaient des justaucorps noirs-marrons de la mĂȘme couleurs que les morceaux de robots[30]. Certains des figurants sont en rĂ©alitĂ© des mimes professionnels comme Tom McLoughlin qui incarne le personnage de Capitaine S.T.A.R.[30]. McLoughlin est le premier mime contactĂ© pour le film, juste aprĂšs sa participation au film Prophecy : Le Monstre (1979) oĂč il joue le monstre-ours, ce dont il n'est pas trĂšs fier[30]. La production lui demande d'enfiler l'armure et de faire quelques mouvements[30]. Il rĂ©ussit, de par sa formation de mime auprĂšs de Marcel Marceau, Ă donner des nuances et des sentiments au robot ; il est engagĂ©[30]. La production cherche d'autres figurants pour les armures, mais beaucoup n'arrivent pas au niveau de McLoughlin ou n'ont pas la taille requise de 1,80 m. McLoughlin propose alors dix membres de sa troupe[30]. Il parvient aussi Ă faire engager sa femme Katee McClure qui double Yvette Mimieux pour les cascades[30].
Le nombre maximum de sentinelles prĂ©sentes dans une mĂȘme scĂšne est de 20[31]. Malheureusement les costumes n'offrent presque aucun mouvement et aucune visibilitĂ© pour les acteurs. McLoughlin explique qu'il a Ă©tĂ© trĂšs difficile de chorĂ©graphier les scĂšnes[31]. Il travaillait sous la direction de Garry Miller et Joe Hale, chargĂ© de l'animation pour les lasers[31]. George MGinnis se souvient d'avoir proposĂ© une scĂšne oĂč les sentinelles sont cantonnĂ©es et repliĂ©es dans les murs de la salle de rĂ©ception et sortent grĂące Ă des supports mais dans le film, ils sortent juste d'une piĂšce sombre[31]. L'un des costumes de sentinelles a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en caoutchouc pour la scĂšne oĂč le robot chute aprĂšs avoir Ă©tĂ© touchĂ© dans le dos par un de ses collĂšgues pour que l'acteur ne se blesse pas[32].
Bill Thomas a conçu les costumes des humanoĂŻdes en coton sergĂ© teint avec des visiĂšres en plexiglas rĂ©flĂ©chissant[31]. McLoughlin indique que les costumes humanoĂŻdes sont Ă l'opposĂ© de ceux des sentinelles, ample, lĂ©ger, confortable, comme des draperies et la visibilitĂ© bonne avec juste une plaque de plexiglas devant les yeux[31]. La fabrication des gants des humanoĂŻdes a posĂ© problĂšme car la couleur argentĂ©e ne voulait pas tenir mĂȘme aprĂšs 25 ou 30 teintes et a fini par ĂȘtre remplacĂ©e par du bordeaux[31]. McLoughlin a incarnĂ© l'humanoĂŻde dans les premiers tests pour la scĂšne du vaisseau sonde et a ensuite chorĂ©graphiĂ© la scĂšne des funĂ©railles[31].
Effets spéciaux visuels
Le film contient beaucoup d'effets spéciaux et Harrison Ellenshaw en parle dans les documentaires du DVD[6]. Son pÚre Peter Ellenshaw, concepteur et réalisateur des effets spéciaux, les évoquait dans la presse lors de la sortie du film[33]. Les quatre responsables des effets spéciaux ont tous été oscarisés[9]. Peter Ellenshaw l'a été pour Mary Poppins (1964), Eustace Lycett pour Mary Poppins et L'Apprentie sorciÚre (1971), Art Cruickshank pour Le Voyage fantastique (1966) et Danny Lee pour L'Apprentie sorciÚre[9]. Pour le tournage, 120 jours sont prévus pour les effets spéciaux, bien plus que les 40 à 50 jours de la plupart des films de l'époque[9]. Le film est l'un des premiers à chercher à mélanger les effets spéciaux traditionnels principalement optiques avec l'informatique[34].
Le studio a d'abord recours au procĂ©dĂ© Ă la vapeur de sodium (parfois appelĂ© fond jaune) pour l'incrustation[35]. Mais le procĂ©dĂ© est peu utilisĂ© car la camĂ©ra n'est pas compatible avec les lentilles anamorphiques choisies pour le tournage[36]. Eustace Lycett explique que d'habitude le studio avait recours au fond jaune pour intĂ©grer les peintures matte aux images mais, pour le film, l'usage d'images anamorphiques a obligĂ© le studio Ă modifier le procĂ©dĂ©[37]. Parmi les formats anamorphiques, les plus courants figurent le Panavision, le CinemaScope et le Technovision[37]. La transition au format anamorphique n'a pas Ă©tĂ© possible et le studio a optĂ© pour la technologie du fond bleu[37]. Cruickshank prĂ©cise que l'Ă©quipe a utilisĂ© plusieurs fonds bleus diffĂ©rents[37]. Le plus grand de 72 par 32 pieds (22 x 10 m) Ă©tait installĂ© dans le Stage 4 pour les dĂ©cors de la tour du capitaine et la salle Ă manger quand les Ă©toiles et le Cygnus sont visibles au travers de la fenĂȘtre[37]. Le Cygnus est alors juste une reprĂ©sentation plane posĂ©e derriĂšre la fenĂȘtre[37]. Ce grand fond bleu Ă©tait suspendu au plafond sur des rails et pouvait ĂȘtre refermĂ©, ce qui s'est produit durant le montage des plateaux[37]. Il a Ă©tĂ© fabriquĂ© en quatre mois et l'Ă©quipe l'a laissĂ© dans le studio aprĂšs le film[37]. Il a aussi servi pour la scĂšne de Maximilien chutant vers la camĂ©ra[37]. Cet Ă©cran bleu gĂ©ant Ă©tait indispensable selon Lycett en raison du grand nombre d'angles de prises de vues demandĂ©s par Gary Nelson et la libertĂ© offerte[37]. Ce dispositif mobile a obligĂ© les Ă©quipes d'Ă©clairage Ă installer les lumiĂšres ainsi que la scĂšne sur des rails pour bouger le tout[37].
Cruickshank a conçu trois ciels étoilés en mousseline dont le plus grand de 30 par 60 pieds coûtant prÚs de 20 000 dollars ; seul le plus petit était portable[38]. Le plus grand a servi pour les prises de vue à grande vitesse et a été découpé ensuite[38]. Le modÚle intermédiaire était installé sur une armature pour pouvoir insérer des lampes[38]. Cruickshank estime l'éclairage total du grand ciel étoilé à 1,25 million de Watt et les ampoules qui claquaient simulaient des étoiles mourantes[38]. Cruickshank et Phil Medaor, fils de Joshua Meador, utilisent au début une caméra Acme Rackover en stop motion avec la maquette au 1/4e du Cygnus avant d'utiliser un nouveau systÚme, l'A.C.E.S.[38]. Ils utilisent aussi une caméra tournant à 360° louée à la Fox, surnommée roundie-roundie principalement pour la scÚne de V.I.N.CENT. lors de la bataille contre les sentinelles, mais ensuite l'équipe conçoit sa propre caméra rotative[38].
Le reste des effets spéciaux, principalement de composition, a été géré aprÚs le choix des acteurs[16]. Le studio prévoyait la sortie du film pour Noël 1979 mais en septembre, Peter Ellenshaw indique qu'il imagine plutÎt une sortie au printemps 1980 en raison du planning des tùches à faire principalement pour les effets spéciaux[9]. Finalement, Gary Nelson indique que 40 % du film contient des scÚnes spatiales[16]. Le studio a fait construire plus de 500 pistolets lasers avec un design unique « une sorte de laser double qui s'adapte autour de la main avec des cylindres en haut et en bas et une poignée au centre[39]. » Pour les rayons lasers et les explosions de missiles, le studio a recours à l'animation[6] - [16].
Le trou noir, mélange d'effets spéciaux et d'informatique
Le travail sur le trou noir lui-mĂȘme a commencĂ© en janvier 1978 et a pris sept mois mais a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© avant le tournage avec les acteurs[16]. Nelson explique que cela a permis de rĂ©soudre le plus gros problĂšme avant[16]. Le trou noir est une combinaison de 12 Ă 15 effets spĂ©ciaux[10] - [16]. Le budget pour le trou noir dĂ©passe les 250 000 dollars que Gary Nelson justifie par le fait que c'est un Ă©lĂ©ment central du film[16]. Le studio Disney confie Ă son responsable du marketing Martin Rabinovitch la production d'une bande annonce pour le trou noir et aprĂšs une Ă©tude des ouvrages sur le sujet, il propose une reprĂ©sentation schĂ©matique par une grille pour la vision depuis l'extĂ©rieur[40]. La grille verte reprĂ©sentant l'onde gravitationnelle du trou noir a Ă©tĂ© faite par ordinateur et non Ă la main comme dans la sĂ©quence de Yellow Submarine (1968)[40]. Cette sĂ©quence animĂ©e de 75 secondes a coutĂ© au studio 50 000 dollars[40]. Par la suite le mĂȘme principe a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour le reste du film[40]. C'est l'une des premiĂšres animations informatiques du cinĂ©ma, aprĂšs l'Ătoile de la mort de Star Wars conçue par Larry Cuba[40]. John Dykstra, responsable des effets sur Star Wars et Star Trek explique que ces effets spĂ©ciaux auraient pu ĂȘtre fait sans ordinateur, qu'il considĂšre comme de nouveaux jouets exagĂ©rĂ©s et surqualifiĂ©s pour leur travail[40]. Peter Ellenshaw explique en que « l'intĂ©rieur d'un trou noir ne peut pas ĂȘtre conçu par ordinateur car cet outil ne permet pas de tester les idĂ©es »[33].
Un autre aspect du trou noir, avec en son centre un tourbillon bleu, a été réalisé par les effets spéciaux visuels[38]. Art Cruickshank a photographié cet élément en mai 1978 grùce à un réservoir cylindrique en plexiglas de 1,8 m de diamÚtre et 1,8 m de profondeur avec au centre un rotor pour faire office de centrifugeuse[38]. Ce réservoir de 4 500 litres était installé dans celui du Stage 3 des studios de Burbank[38]. Le rotor a permis de faire un tourbillon et des laques de couleurs ont été versés dans l'eau par Peter Ellenshaw[38]. Une caméra à haute vélocité Photo-Sonics a été suspendue au-dessus du réservoir avec un éclairage sous celui-ci[38]. En raison de la forte pression exercée par la force centrifuge, le réservoir s'est brisé alors que des techniciens étaient à coté, dont John B. Mansbridge[38]. De nombreux autres effets ont été tournés pour le trou noir jusqu'en novembre 1979 et utilisés avec les maquettes[38].
Automatic Camera Effects Systems
Pour le film, le studio a recouru Ă des techniques dĂ©jĂ Ă©prouvĂ©es sur ces prĂ©cĂ©dentes productions. Une technique trĂšs importante est le matte painting. Il y a plus de 150 Ćuvres de matte painting, un trĂšs grand nombre pour un film, la plupart rĂ©alisĂ©e par Peter Ellenshaw[6] - [33] - [41]. Cette technologie est surtout utilisĂ©e en post-production (voir section ci-aprĂšs Matte painting et matte scan). Un besoin important concerne la prise de vue pas-Ă -pas pour filmer les maquettes, technique d'animation en volume.
Une reproduction de caméra multiplane. |
Un mini-ordinateur Data General Nova. |
Le systÚme de base a été amélioré pour intégrer une caméra multiplane et plus de contrÎle informatique jusqu'à devenir le systÚme Automatic Camera Effects Systems (A.C.E.S.)[42] - [33]. C'est à la demande de Ron Miller qui avait entendu parler de la Dykstraflex utilisée sur Star Wars que le studio lance le développement du A.C.E.S[36]. David Snyder indique toutefois que le studio avait contacté Lucasfilm pour utiliser le systÚme Dykstraflex mais que la location était trop onéreuse[36]. L'équipe chargée du développement comprend Art Cruickshank, Eustace Lycett, Bob Otto, Don Iwerks et deux personnes du service informatique de WED Entreprises David Inglish et David Snyder[43]. Pour leur travail nécessitant beaucoup d'espace, l'équipe prend possession du Stage 3 des studios construit pour le film Vingt Mille Lieues sous les mers (1954) et qui contient un réservoir[43]. Le studio a dépensé un million de dollars pour développer la technologie A.C.E.S. qui est un systÚme de caméra dont les détails techniques ont été déposés à l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences[40].
Il permet avec une camĂ©ra dirigĂ©e par ordinateur montĂ©e sur un support de filmer des miniatures et maquettes sans vibration, et cela de maniĂšre identique et rĂ©pĂ©tĂ©e, offrant la possibilitĂ© de nombreuses prises tout en changeant les Ă©clairages[40]. Cruickshank prĂ©cise que l'appareil basĂ© sur une camĂ©ra multiplane peut effectuer deux rĂ©volutions et non pas un seul comme c'est souvent le cas quand on parle d'un objet tournant Ă 360°[43], Don Iwerks parle lui d'une rotation Ă 720°[44]. L'A.C.E.S. ajoute quatre axes Ă ceux dĂ©jĂ existant de la camĂ©ra multiplane[43]. Dykstra explique que les ordinateurs ont Ă©tĂ© utilisĂ© comme catalogue des milliers de mouvements de camĂ©ra nĂ©cessaires pour produire les effets spĂ©ciaux de lumiĂšre et les prises de vues des maquettes[40]. Cela a permis de rĂ©duire le temps passĂ© Ă calibrer les appareils[40]. Selon David Inglish, les deux principales diffĂ©rences entre A.C.E.S. et Dykstraflex sont l'usage de l'informatique et le dĂ©placement : le Dykstraflex propose un dĂ©placement pas-Ă -pas et utilise l'ordinateur pour enregistrer la vidĂ©o alors que le systĂšme Disney se dĂ©place en continu et utilise l'informatique pour dĂ©placer et positionner prĂ©cisĂ©ment la camĂ©ra[45]. Cruickshank indique que dorĂ©navant si une mise en place nĂ©cessite plus de 15 min, on refuse de tourner la scĂšne avec une camĂ©ra multiplane alors qu'avant quatre heures pouvaient ĂȘtre nĂ©cessaire[43]. Il donne aussi une durĂ©e de 15 heures pour la scĂšne d'ouverture du Cygnus[38].
Pour tourner avec l'A.C.E.S., le studio installe un fond bleu de 16 par 25 pieds (5 x 8 m) fabriquĂ© par Stewart Filmscreen[37]. En raison de son prix, l'Ă©quipe a utilisĂ© des morceaux de velours bleus quand elle devait masquer des supports ou des cordes tenant les maquettes pour Ă©viter de le perforer[37]. Un autre Ă©cran de petite taille est aussi utilisĂ© quand la quantitĂ© d'Ă©lĂ©ments Ă cacher Ă©tait trop importante comme le systĂšme A.C.E.S. en lui-mĂȘme[37]. Lycett indique que le fond bleu a aussi ses problĂšmes comme quand on utilise de la fumĂ©e crĂ©ant une semitransparence bleutĂ©[37]. Brougton explique que pour rĂ©soudre ce problĂšme l'Ă©quipe a utilisĂ© une fumĂ©e rouge[37].
Pour la partie informatique, le studio achÚte un Data General Nova III avec des écrans et une imprimante Dasher, le tout assemblé dans le New Jersey[43]. Le systÚme permettait aussi de définir le temps d'exposition de la caméra que l'appareil soit situé loin ou non des cadreurs[46].
Un systÚme de plongée avait été envisagé en réutilisant le Kenworthy Snorkel Camera System de Paul Kenworthy et William R. Latady[43] inventé en 1978, Kenworthy travaillant aussi pour Disney sur la série True-Life Adventures[47]. Mais il n'est pas adaptable à leur invention et l'équipe préfÚre utiliser une lentille de tangage[43]. Bob Otto décrit cette lentille comme un périscope de 18 pouces (45,72 cm) avec une lentille anamorphique, un objectif et des prismes en bas afin de pouvoir s'approcher au plus des maquettes[43].
Don Iwerks, fils d'Ub Iwerks, se souvient que le projet final a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© fin avril 1978, la construction et l'assemblage en mai 1978[36]. Le systĂšme est prĂȘt vers l'Ă©tĂ© 1978 et opĂ©rationnel en septembre, la partie informatique l'Ă©tant en octobre[36]. Le systĂšme a Ă©tĂ© utilisĂ© pour les vaisseaux spatiaux[40] et uniquement pour les maquettes[44]. Le studio espĂšre obtenir un Oscar technique pour Don Iwerks, Bob Otto, David English, David Snyder et Steven Crane[40].
Choix des interprĂštes
Dans son optique de faire un film à gros budget le studio recrute des acteurs de premier ordre comme Maximilian Schell, Anthony Perkins ou Ernest Borgnine qui participent pour la premiÚre fois à un film Disney[6]. Gary Nelson explique avoir passé six mois, aprÚs ceux consacrés au trou noir, à développer l'histoire, choisir les acteurs et autres points de préproduction[16]. Parmi les actions il y a eu six mois de travail sur les storyboards pour chaque scÚne, les artistes ayant leur bureau en face de celui de Nelson[16]. Le studio a choisi à l'opposé des films de science-fiction de l'époque de prendre des acteurs confirmés et non des débutants[16]. Nelson motive ce choix délibéré par le souci de toucher un public plus large et de ne pas réutiliser le vivier d'acteur du studio[16]. Nelson indique qu'Yvette Mimieux avait participé à une production Disney dix ans auparavant[16], Rentrez chez vous, les singes ! (1967).
- Ernest Borgnine en 1962.
- Yvette Mimieux en 1965.
- Maximilian Schell en 1970.
- Robert Forster en 1972.
- Slim Pickens en 1972.
- Anthony Perkins en 1973.
- Roddy McDowall en 1988.
Nelson suggĂšre Maximilian Schell pour incarner le docteur Hans Reinhardt et Ron Miller accepte[7]. Toutefois Arthur Hiller, ami de Nelson, le met en garde contre le caractĂšre tempĂ©tueux de l'acteur[7]. Nelson et Schell se rencontrent en marge de la production de LĂ©gendes de la forĂȘt viennoise, film rĂ©alisĂ© par Schell en banlieue de Vienne en Autriche[7] - [39]. Schell est rĂ©ticent et propose l'acteur Jason Robards pour le rĂŽle de Reinhardt mais ce dernier doit jouer dans une mini-sĂ©rie pour Stanley Kubrick[7] - [39]. Schell accepte ensuite le rĂŽle Ă condition de pouvoir finaliser le montage de son film en Californie sur son temps libre[7]. Carl Sagan prĂ©cise que le nom du robot Maximilian a Ă©tĂ© choisi avant d'engager Maximilian Schell[9]. Lors d'un entretien avec Gary Nelson, Jim Steranko demande au rĂ©alisateur si le choix de Schell comme rĂŽle principal est un coup d'Ă©chec « une prise de risque calculĂ©e » par rapport aux autres vedettes du studio d'alors, Dean Jones et Don Knotts[16].
Jennifer O'Neill a été approchée pour le film mais elle était réticente car elle devait se couper les cheveux pour les scÚnes en apesanteur[48]. Elle a cédé, buvant du vin pendant la coupe de cheveux mais a perdu le rÎle aprÚs un grave accident de voiture sur le chemin du retour, comme elle le relate en [48].
Les décors
à l'époque, les studios Disney à Burbank comptent quatre plateaux et les quatre ont été utilisé mais seul deux étaient disponibles pour les prises de vues, car les deux autres étaient en chantier pour construire les décors[49]. La construction des décors a été confiée à John B. Mansbridge directeur artistique résident de Disney[20]. Mansbridge indique que le budget pour les décors du film est de 3,225 millions de dollars soit l'équivalent du budget moyen d'un film du studio à l'époque[20]. Le travail sur les décors a débuté en 1976 mais la construction n'a débuté que trois mois avant le début du tournage en 1978[20]. Ensuite le travail était de 12 heures par jour, sept jours par semaine[20]. Winston Hibler a insisté auprÚs de Mansbridge pour que les décors soient vraisemblables et précis[20]. L'équipe a par exemple consulté les membres du Jet Propulsion Laboratory et Gordon Cooper[20]. Cooper a donné des conseils sur l'intérieur du Palomino et des extrapolations sur le futur des missions spatiales mais est aussi venu pour vérifier le travail accompli[20]. Mansbridge a eu la lourde responsabilité de transformer les esquisses de Peter Ellenshaw en décors en trois dimensions[20]. Mansbridge explique que l'une des consignes du studio était de ne pas reproduire les autres films comme 2001, l'Odyssée de l'espace ou Star Wars[20].
La reproduction du couloir principal du Cygnus, longue de 125 pieds (38,1 m), a pris place dans le Stage 4 mais les acteurs devaient grimper au mur pour se battre en hauteur avec les robots sentinelles[49] - [NB 5]. Pour les besoins du film, l'Ă©quipe a mĂȘme utilisĂ© un vĂ©hicule Ă air comprimĂ© dans le bĂątiment[49]. La tour de commande a nĂ©cessitĂ© le plus travail en raison de ses dimensions, 40 pieds (12,19 m) de haut et 80 pieds (24,38 m) de long mais surtout du fait que les 25 panneaux de contrĂŽle constituant le dĂ©cor comprenait chacun 1 600 m de cĂąbles Ă©lectriques[49]. Huit semaines ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires pour les Ă©clairages de ces panneaux en plexiglas et leurs utilisations se faisaient Ă distance par six personnes[49]. L'Ă©quipe a essayĂ© de donner un aspect futuristes aux Ă©lĂ©ments des vaisseaux, comme les fauteuils mais avec un Ă©cart de 20 ans entre le Cygnus et le Palomino[49]. Le choix s'est portĂ© sur des chaises coquillages d'Hans Wegner pour le Cygnus et des chaises pour les humanoĂŻdes du Palomino fournies par une entreprise de Milwaukee[49]. L'ascenseur du Cygnus devait ĂȘtre mĂ©canique mais un problĂšme technique a fait que comme pour celui de l'Enterprise de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Star Trek la porte Ă©tait actionnĂ©e Ă la main[49]. La tour de commande et le mess ont Ă©tĂ© construits sur le mĂȘme plateau[50]. Le dĂ©cor du mess occupait un espace de 23 Ă 40 pieds ( 7 Ă 12 m) et les dĂ©corateurs ont essayĂ© de lui donner un aspect victorien que Mansbridge rapproche du film Vingt Mille Lieues sous les mers (1954), « la fenĂȘtre n'ayant pas d'iris »[50]. Pour David Mattingly c'est l'ensemble du vaisseau Cygnus qui est de style victorien[51].
La scĂšne de destruction de la tour de contrĂŽle du vaisseau devait Ă l'origine ĂȘtre rĂ©alisĂ©e avec une maquette mais le rĂ©alisateur a souhaitĂ© la faire en taille rĂ©elle, demandant six semaines de travail supplĂ©mentaires pour installer les explosifs et objets se cassant[49]. Afin de donner l'impression d'une tour de contrĂŽle de vingt Ă©tages l'Ă©quipe a installĂ© un fond bleu de 72 Ă 38 pieds (22 Ă 11,5 m) suspendu par un rail au plafond pouvant ĂȘtre refermĂ© au besoin[49]. Cet Ă©cran est aussi utilisĂ© pour la scĂšne du mess[49]. Pour Mansbridge, le dĂ©cor le plus difficile et complexe Ă©tait celui du Palomino, mesurant 30 Ă 16 pieds (9 Ă 5 m) sur deux niveaux[50]. Initialement Gary Nelson le trouvait fade, l'Ă©quipe a donc essayĂ© de corriger le problĂšme[50]. Elle a ajoutĂ© 24 Ă©crans de tĂ©lĂ©visions avec chacun une image diffĂ©rente nĂ©cessitant quatre opĂ©rateurs et des lecteurs de cassettes tournant Ă 24 images par seconde comme la camĂ©ra pour Ă©viter des fluctuations[50]. Le dĂ©cor du Palomino a permis de cacher de nombreux fils utilisĂ©s pour les acteurs et leurs costumes[52].
Pour la sonde spatiale, le décor a été positionné sur un support qui pouvait se soulever grùce à un systÚme hydraulique et simuler le décollage quand elle s'éloigne du Cygnus[50]. Ce systÚme avait servi pour le film Les Révoltés du Bounty (1962) et loué à la Warner Bros.[53]. Les poutres et les colonnes ont été construites en caoutchouc pour simuler les vibrations[50].
Le dĂ©cor de l'intĂ©rieur de la sonde a Ă©tĂ© construit comme le tambour d'une machine Ă laver pour simuler la rotation[53]. Le dĂ©cor faisait 2 m de diamĂštre pour 2,5 m de haut et a nĂ©cessitĂ© deux mois de construction[53]. L'effet du passage dans le trou noir consistait Ă changer la couleur du fond de la sonde[53]. L'espace intĂ©rieur, situĂ© en hauteur, Ă©tait exigu et les acteurs donnaient eux-mĂȘmes le clap pour les prises[53].
L'intérieur de la zone agricole occupait les trois quarts d'un plateau et comprenait plusieurs variétés de légumes et d'arbres dont des figuier, des citronniers, des cocotiers et autres plantes tropicales[53]. La mise en place des arbres a pris une semaine à elle seule mais juste trois jours à détruire[53]. La chute de la météorite a nécessité l'usage de trois dispositifs d'éclairage, une lumiÚre naturelle, un rouge et un blanc accompagné de beaucoup de peinture blanche pour simuler le flash explosif[53].
Tournage
Le film possĂ©dait un long prologue de dix minutes dans lequel le vaisseau explorateur Palomino revenait sur Terre mais s'arrĂȘtait en cours de route Ă cause d'une perturbation et permettait de prĂ©senter l'Ă©quipage[9]. Il a Ă©tĂ© supprimĂ© peu avant la sortie du film pour entrer tout de suite dans le vif du sujet par la dĂ©claration de V.I.N.CENT au sujet du plus gros trou noir jamais rencontrĂ©[9]. Les trois premiers quarts du film se concentrent sur l'histoire aux abords du trou noir et le denier sur le voyage Ă l'intĂ©rieur[16]. Le tournage dĂ©but en octobre 1978 et s'achĂšve fin mars 1979[46]. Il dure 135 jours selon Gary Nelson[17]. Paul Sammon prĂ©cise que Nelson retrouve sur le tournage Frank V. Phillips, directeur de la photographie de Disney avec qui il a travaillĂ© en 1961 sur la sĂ©rie Have Gun - Will Travel[17]. Tom McLoughlin, qui incarne le personnage du Capitaine S.T.A.R., se souvient avoir portĂ© son costume entre dĂ©cembre 1978 et avril 1979[30]. Nelson mentionne l'utilisation de prĂšs de 1 200 storyboards pour le film mais ceux pour aider Ă la prise de vue n'ont Ă©tĂ© dessinĂ©s qu'au printemps 1978[17]. Comme vu dans les sections consacrĂ©es aux effets spĂ©ciaux et aux dĂ©cors, le tournage se dĂ©roule aux Walt Disney Studios Ă Burbank. Lors du tournage, l'actrice Yvette Minieux a Ă©tĂ© interviewĂ©e aux studios[54]. Le journaliste prĂ©cise qu'elle dĂ©jeune tous les jours avec sa sĆur, coiffeuse de profession, dans la Coral Room l'espace de restauration dĂ©diĂ© aux responsables et vedettes du studio[54].
En raison du souhait de donner un aspect flottant aux costumes et aux robots, l'Ă©quipe utilise une grande quantitĂ© de cĂąbles pour rendre compte de cet apesanteur sur le tournage, bien plus que pour le film Monte lĂ -d'ssus (1961) dans lequel un scientifique inventait une matiĂšre permettant de bondir sur des distances ou des hauteurs exceptionnelles[52]. La production demande au costumier Bill Thomas de crĂ©er des vĂȘtements qui ne soient ni du passĂ©, ni du prĂ©sent ni du futur, juste fonctionnel[52]. Pour le Palomino, l'Ă©quipage devait avoir un uniforme unisexe, du moins peu diffĂ©renciĂ©, ce que Thomas a altĂ©rĂ© avec des touches roses pour Yvette Minieux[52]. Gordon Cooper a proposĂ© les costumes pour la scĂšne dans le vide du trou noir avec des vĂȘtements gonflant mais les acteurs ont refusĂ© d'apparaĂźtre comme des concombres et finalement la production a fait appel Ă la licence artistique pour cette scĂšne ; l'effet du vide stellaire n'existe pas[52]. Les acteurs utilisaient des pistolets lasers munis de petites diodes pour que les animateurs sachent quand ils tiraient en post-production[32].
Pour Gary Nelson, la scĂšne la plus compliquĂ©e Ă©tait celle de combat entre l'Ă©quipage et les robots du Cygnus qui, avec leurs costumes, n'avaient aucune vision pĂ©riphĂ©rique et devaient combattre sur une passerelle[39]. La scĂšne a Ă©tĂ© tournĂ©e sur plusieurs jours et personne n'a Ă©tĂ© blessĂ© malgrĂ© les nombreuses chutes prĂ©vues dans le scĂ©nario[39]. Nelson se souvient que le plus compliquĂ© lors du tournage concernait certains angles de camĂ©ra pour donner l'illusion d'un salle entiĂšre, alors que le plateau n'en reproduit que la moitiĂ©[16]. Une scĂšne devait utiliser une immense grue pour soulever la maquette du Cygnus dans un immense plateau, mais la grue aurait dĂ» ĂȘtre inventĂ© entiĂšrement et la scĂšne a donc Ă©tĂ© supprimĂ©e[16]. Une autre scĂšne difficile concernait les dĂ©bris volant Ă bord du vaisseau qui a nĂ©cessitĂ© de projeter prĂšs de 125 objets dans les airs sur les acteurs et figurants, sans protection[39]. Nelson raconte que Peter Ellenshaw s'occupait des sĂ©quences avec des effets spĂ©ciaux et qu'il essayait d'ĂȘtre le plus prĂ©sent possible[17].
Nelson explique que John Barry a vu le film au moins deux fois avant de rĂ©aliser la bande originale[17]. Mi-aoĂ»t 1979, Gary Nelson indique au magazine Mediascene Prevue que l'enregistrement de la bande sonore est prĂ©vue pour septembre et le doublage pour octobre, avec une finalisation dans les temps pour novembre[39]. Il passe beaucoup de temps au montage et profite de l'installation des dĂ©cors, qui dure entre une et deux heures, pour travailler avec les monteurs dans une caravane[39]. Parfois il doit rejoindre le plateau de tournage des miniatures[39]. Jim Steranko qui l'interview demande des prĂ©cisions concernant les rumeurs d'Ă©pilogue aprĂšs le passage derriĂšre l'horizon du trou noir, les personnages Ă©tant intĂ©grĂ©s Ă une fresque de la chapelle Sixtine ou un drapeau amĂ©ricain, voir dĂ©poser en haut d'une montagne Ă la prĂ©histoire[39]. Nelson lui rĂ©pond que les sept derniĂšres minutes du film sont totalement inconnues mĂȘme des scĂ©naristes crĂ©ditĂ©s pour le film et que la fin dĂ©finitive n'a jamais Ă©tĂ© Ă©crite[39]. Nelson rĂ©vĂšle aussi que c'est le service publicitĂ© Disney qui est Ă l'origine de certaines rumeurs, cinq fins du film ont ainsi Ă©tĂ© propagĂ©es dans des conventions de science-fiction[39]. Certaines de ces rumeurs ont Ă©tĂ© Ă©crites par Nelson[39]. Paul Sammon explique que ces rumeurs sont de l'arithmĂ©tique pure, et qu'il faut des rumeurs pour qu'un film attire des spectateurs[51], on utilisera plus tard l'expression « faire le buzz. » Il s'interroge sur le bienfondĂ© de celle de la chapelle Sixtine[51].
Nelson est aussi intervenu aprÚs la fin du tournage avec les acteurs, ce que l'on considÚre comme de la post-production[17]. Il restait des séquences avec des miniatures, les effets sonores et le doublage[17].
Bande originale
Film | Le Trou noir |
---|---|
Sortie | 1979, 2011 |
Durée | 31:54 |
Format | 33 tours, CD |
Compositeur | John Barry |
Label | Buena Vista Records (1979), Walt Disney Records (2011), Intrada |
Pour la musique du film, le studio fait appel Ă John Barry, auteur du James Bond Theme, afin de donner un style James Bond au film[6]. La bande originale est la premiĂšre Ă ĂȘtre enregistrĂ©e en numĂ©rique ; elle permet sur les Ă©ditions DVD d'avoir un son clair[6] - [55]. John Barry fait intervenir un grand orchestre de 92 instruments[17].
Pour mettre en musique les robots, l'Ă©quipe a cherchĂ© Ă la fois Ă donner une identitĂ© sonore aux images en fonction de leur type, mais aussi de crĂ©er une ambiance pour l'intĂ©gralitĂ© du film[9]. Les ingĂ©nieurs du son et mixeurs ont dĂ©fini un plan pour ces identitĂ©s, avec une grande variĂ©tĂ© de sons allant des chocs aux bruits Ă©lectroniques[9]. Le trou noir possĂšde une rĂ©sonance et mĂȘme le gigantesque vaisseau Cygnus possĂšde des Ă©chos, voire des grognements et des pleurs lorsque la gravitĂ© torture son immense squelette mĂ©tallique[9].
Les meilleurs morceaux de la bande originale, composée et dirigée par John Barry, ont été publiés sur un 33 tours par Disneyland Records en 1979[56] - [57]. Le , Intrada Records a publié l'intégralité de la bande son sur disque compact[58] - [59]. Cette édition CD mentionne un enregistrement effectué entre le et le au Warner Bros. Amigo Studios[59] - [NB 6].
1979 : The Black Hole (Original Motion Picture Soundtrack) (Buena Vista Records) |
Post-production
Paul Sammon indique que le tournage a pris fin en mars 1979 et qu'ensuite les équipes de post-production dont celle des effets spéciaux ont travaillé à plein régime[60]. La post-production s'étale jusqu'en novembre 1979 à un rythme effréné et toutes les équipes s'en plaignent[60]. Sammon liste les équipes suivantes effets spéciaux optiques et sonores, les explosions, les maquettes, le matte painting (pour les décors) et l'animation[60]. Ce dernier reste synonyme des studios Disney et est dirigé par Joe Hale[60].
L'animation
Joe Hale explique qu'aprĂšs le tournage, le service animation a rĂ©alisĂ© de nombreux Ă©lĂ©ments comme les lasers, leurs impacts, les Ă©lĂ©ments de perception extrasensorielle dans les yeux de V.I.N.CENT, la combustion des propulseurs fusĂ©es, les Ă©lĂ©ments Ă©lectriques ou les moniteurs du Palomino[60]. Au sujet des lasers, l'Ă©quipe s'est plaint que les acteurs tenaient mal leur pistolet ratant constamment leur cible[60], ce qu'elle devait corriger. Il mentionne par exemple Yvette Mimieux que ne lui semble pas avoir jouĂ© au cowboys et aux indiens Ă©tant jeune car elle tirait toujours au plafond ou Ă l'opposĂ© de la cible[32]. Mais les autres acteurs tiraient en continu ce qui aurait selon Hale donnĂ© l'impression d'un combat Ă la Star Wars[32]. Les cibles atteintes si les trajectoires avaient Ă©tĂ© suivies auraient donnĂ© l'image de personnes du mĂȘme camp se tirant dans la tĂȘte les uns des autres[32]. Hale indique que les lasers ont Ă©tĂ© dessinĂ©s sur cinq images Ă chaque fois[32]. Pour les combats de robots, les techniciens ont orientĂ©s les maquettes pour avoir les bons angles de tir[32].
Dorse A. Lanpher prĂ©cise que l'Ă©quipe d'animation n'a pas utilisĂ© la rotoscopie pour dessiner les rayons lasers mais la mĂ©thode traditionnelle photostatique[32]. Les photostats ont Ă©tĂ© pris depuis la camĂ©ra multiplane ou la Moviola et replacĂ©es parfaitement dessus[32]. Lanpher a proposĂ© une demi-douzaine de style de lasers diffĂ©rents avant que Peter Ellenshaw et Ron Miller en sĂ©lectionnent un[32]. L'Ă©quipe a aussi choisi de ne pas utiliser le mĂȘme bruitage sonore pour les lasers que dans Star Wars qu'elle associe Ă des « bang! bang! bang! »[32]. Hale explique que pour Ă©viter une cacophonie lors de la scĂšne des douze robots sentinelles positionnĂ©s sur une passerelle tirant sur les hĂ©ros avec leur deux pistolets lasers Ă double canons, potentiellement 48 tires simultanĂ©s, l'Ă©quipe a dĂ©cidĂ© de chorĂ©graphier les tirs[32].
Lanpher indique qu'aprÚs le dessin des lasers, la seconde tùche par son importance consistait à rendre les écrans du Palomino vivants[41]. Chronologiquement, c'est la premiÚre tùche réalisée par les animateurs durant prÚs d'un mois[41]. Les informations présentes sur la quarantaine d'écrans réalisés sont la position des étoiles ou le stock de carburant, d'aprÚs des esquisses de Joe Hale[41]. Initialement seulement la moitié des effets spéciaux en animation était prévu mais comme le rendu ajoutait au film, l'équipe a réalisé d'autres animations[41]. Joe Hale liste dans cette catégorie de petits plus, les effets électriques sur le torse des sentinelles lors des impacts de lasers ou le champ magnétique sous V.I.N.CENT[41]. Ce magnétisme serait une idée de Peter Ellenshaw pour indiquer que le robot reste attaché au vaisseau[41]. Une autre animation non prévue à l'origine concerne la mort du docteur Alex Durant (joué par Anthony Perkins) tué par Maximilian[41]. Pour éviter la présence de sang lorsque le corps est jeté dans le réacteur, ou pire, le corps a été entouré d'un halo électrique[41].
Lanpher estime entre 200 et 250 le nombre de scĂšnes utilisant des animations et considĂšre que le travail est rĂ©ussi si cela semble naturel et que le public ne s'en aperçoit pas[41]. La scĂšne dont Lanpher est le plus fier est celle de l'hĂŽpital nommĂ©e Reel 10 quand le docteur Kate Mac Crae (Yvette Mimieux) est presque transformĂ©e en humanoĂŻde et oĂč l'on voit les humanoĂŻdes ĂȘtre rechargĂ© en Ă©nergie[41]. Lanpher reste insatisfait par l'animation des moteurs du Cygnus qui ne semblent pas assez puissants[41]. Il avait rĂ©alisĂ© une animation sur 14 Ă©tapes d'une « banderole chauffĂ©e Ă blanc se refroidissant en une longue flamme bleue » mais les monteurs l'ont rĂ©duite Ă huit, principalement pour baisser la luminositĂ©[41].
Peinture matte et matte scan
Comme vu dans la phase de préproduction, l'équipe utilise le matte painting. L'utilisation de ce procédé permet de tricher sur les décors. Peter et Harrison Ellenshaw donne l'exemple d'une scÚne avec un couloir qui lors du tournage faisait 70 pieds (21 m) mais qui grùce à un décor peint donne l'impression de faire 1 500 pieds (457 m)[9].
Le grand nombre d'Ćuvres de matte painting a Ă©tĂ© assemblĂ© avec les prises de vues rĂ©elles en post-production[41] mĂȘme si leur Ă©laboration avait commencĂ© trĂšs tĂŽt. Afin d'intĂ©grer ces peintures dans le film, le studio utilise une autre technologie dĂ©veloppĂ©e en interne le matte scan qui permet d'avoir une infinitĂ© d'objets se dĂ©plaçant indĂ©pendamment[33]. Cette technologie a Ă©tĂ© inventĂ©e en 1971 par David Snyder employĂ© de WED Enterprises pour les studios Disney[42]. C'est Ă la demande d'Ub Iwerks qu'il conçoit une machine automatisĂ©e de cache/contre-cache, mais Iwerks meurt en juillet et n'a jamais vu l'invention[42]. Le matte scan utilisait une camĂ©ra Bell Howell 2709[42], appareil inventĂ© en 1912. Le grand nombre d'Ćuvres prĂ©vues pour Le Trou noir a permis de justifier l'attribution d'un budget pour le dĂ©veloppement du matte scan[61].
Un projet devait intégrer une perceuse automatisée par ordinateur pour faire des trous dans les bandes de film[61], sur le principe de la rÚgle à tenons. L'équipe a commencé à utiliser le systÚme de matte scan en septembre 1978[36] - [22], en phase de test. Techniquement l'appareil a coûté 100 000 dollars à l'époque et comprend une énorme lentille Bausch & Lomb fabriquée pour Vingt Mille Lieues sous les mers (1954)[22].
Le véritable travail d'assemblage avec le matte scan pour le film débute en janvier 1979 et se poursuit jusqu'en octobre 1979 sous la supervision d'Harrison Ellenshaw, assisté de David Mattingly et Constantine "Deno" Ganakes[61]. L'équipe travaille en alternance pour pouvoir tenir les délais[62]. Les peintures sont réalisées sur des plaques de verres à des tailles proportionnelles au film avec de la peintures acryliques[62]. Les scÚnes associées à ces peintures sont tournées avec du matériel VistaVision et composées par rétroprojection des masters YCM, nécessitant trois expositions[62]. S'il y a plusieurs parties pour le décor, alors chaque plan nécessite ses expositions propres démultipliant la charge de prise de vues[62]. Harrison Ellenshaw justifie l'usage de la VistaVision par la qualité du négatif et de sa bonne résolution, aussi utilisée sur Star Wars qui a permis une meilleure qualité lors de la rétroprojection pour assembler la peinture matte et la prise des vues des acteurs[63]. David Mattingly, alors juste un assistant, se rappelle avoir eu de la chance chez Disney sur la préparation des peintures matte car il a pu travailler directement sans passer par l'étape de nettoyage des pinceaux[51].
Pour la scÚne de la pluie de météores, seule une moitié de la console a été construire en plateau, le reste se décompose en une peinture matte de la salle et un dessin d'Art Cruickshank de météores en forme de balles de ping-pongs[64]. Cruickshank précise qu'il a fait rouler différentes tailles de balles vers la caméra le long d'une pente de 40 pieds (12,192 m) dans le Stage 3 durant deux semaines[65]. Toutefois le plus gros météore était une boule de 36 pouces (91,44 cm) de diamÚtre en plastique fondu remplie de cellophane pour laisser passer une lumiÚre rouge placée derriÚre et montée sur un manche pour la faire bouger latéralement[65]. Il a servi dans la maquette au 1/2e du Cygnus[65]. Terry Saunders se souvient que la direction du studio était venu voir la premiÚre prise mais le systÚme n'a pas fonctionné et ce n'est qu'aprÚs le départ des chefs que la prise fut bonne[65].
La scÚne du long couloir principal du Palomino comporte une peinture matte pour simuler sa longueur tandis que la portion du décor apparait en noir sur la peinture[64]. La scÚne du « Grand parapluie », l'espace donnant sur le gigantesque corridor du Cygnus au milieu duquel se trouve l'ascenseur menant à la passerelle (la tour de commande) a été dessinée par David Mattingly d'aprÚs un concept de Peter Ellenshaw[66]. Paul Sammon indique que la scÚne de l'entrée du centre agricole est un exemple de bon usage de la peinture matte et du Matte Scan pour faire des économies de décors[67], l'ensemble des vitraux et cùbles sont peints. Pour cette scÚne, Sammon précise que seul des professionnels expérimentés des effets spéciaux peuvent détecter l'usage de cette technique[66].
Pour Harrison Ellenshaw, l'utilisation du matte scan a permis d'Ă©viter les problĂšmes de vibration et de frange[61] (des bavures en bord de zones) lors de la composition des prises de vue et des Ćuvres de matte painting. Harrison Ellenshaw ajoute que c'est l'innovation majeure du film et qu'elle Ă©tait attendue depuis longtemps[61]. David Mattingly ajoute que cette celle-ci a permis de rendre la peinture moins visible, plus naturelle[61]. Peter Ellenshaw se rappelle que faire des peintures matte semblant bouger prenait une semaine, temps rĂ©duit Ă une heure avec le Matte scan[22].
Montage et son
Paul Sammon indique qu'une fois l'ensemble des prises de vues achevĂ© (acteurs, maquettes et effets spĂ©ciaux), l'Ă©quipe photographie a pris le relais pour assembler les diffĂ©rents rushs[26]. Cette Ă©quipe comprend vingt personnes, utilisant sept imprimantes optiques et trois imprimantes contacts, dirigĂ©e par Eustace Lycett qui est assistĂ© par Bob Broughton[26]. L'Ă©quipe commence son travail en mai 1978[26]. Il est nĂ©cessaire de filmer la composition des 300 Ćuvres de matte painting avec les prises de vues rĂ©elles[37]. Eustace Lycett dĂ©nombre entre 200 et 300 prises de vues en Ă©cran bleu pour le film alors que l'Ă©quipe se considĂ©rait comme chargĂ©e quand un film en comptait 30 ou 40[37].
En mars 1979, Bill Wylie commence son travail sur les effets sonores du film[68]. Il est rejoint en juillet par Stephen Katz, consultant pour les laboratoires Dolby comme assistant[68]. Wylie prĂ©cise Ă Paul Sammon qu'il n'enregistre pas les sons du plateau mais crĂ©e des sons tridimensionnels avec des outils numĂ©riques au plus proche de ce qui pourrait ĂȘtre[68]. Katz ajoute que presque aucun son n'a Ă©tĂ© repris de la bibliothĂšque sonore des studios Disney[68]. Le son du changement des hologrammes reprend en partie celui de l'Ă©jection d'une photo d'un Polaroid[68]. Wylie avoue avoir pris le film Star Wars comme source d'inspiration, dans le principe, avec l'utilisation de nombreux sons produits par des objets Ă©lectroniques[68]. Le film comporte prĂšs de 200 effets sonores, certains crĂ©Ă© par accident, d'autres ayant nĂ©cessitĂ© une ou deux heures sur un synthĂ©tiseur[68]. Katz indique qu'un bon bruitage ne doit pas ĂȘtre ressenti comme au-dessus de l'image ni l'inverse[68]. Wylie dĂ©clare que l'outil de base du bruiteur est un magnĂ©tophone Ă bande magnĂ©tique 1/4 de pouce[69] (comme les Nagra). Ensuite de nombreux appareils sont utilisĂ©s comme les synthĂ©tiseurs, les harmoniseurs ou des ordinateurs[69]. Wylie explique que les sons d'ambiance Ă©taient jouĂ©s dans une salle de cinĂ©ma de maniĂšre Ă les faire passer de gauche Ă droite, de les faire tourner pour enfin emplir la salle[68]. Pour le son des lasers, Wylie faisait faire des aller-retours entre les enceintes pour simuler les ricochets[68].
Le son du trou noir provient d'hydrophones plongĂ©s dans un vieux jacuzzi[70]. La voix du robot Maximilien est un grognement de panthĂšre mĂ©tallisĂ©[70], ensuite modifiĂ© sur un Commodore PET[71]. Pour V.I.N.CENT., Gary Nelson et Steve Katz ont prĂ©fĂ©rĂ© ne pas dupliquer R2-D2 et Katz a juste fredonnĂ© dans le micro d'un synthĂ©tiseur Korg[70]. Mais leurs paroles sont celles de Roddy McDowall et Slim Pickens retravaillĂ©es principalement avec des effets mĂ©talliques[70]. Pour le Palomino, l'Ă©quipe a utilisĂ© le son de vraies fusĂ©es de la NASA[70]. Les sons ont Ă©tĂ© retravaillĂ©s par les Ă©quipes de Dolby principalement dans les aigus et dans certains graves trop profonds[68]. Katz rappelle qu'avant l'arrivĂ©e du Dolby et des technologies numĂ©riques, le son et les bruitages conservaient les mĂȘmes techniques que dans les annĂ©es 1930, celle du Chanteur de jazz (1927)[69].
Un budget important Ă double tranchant
Le budget du film Le Trou noir est deux fois supĂ©rieur Ă la prĂ©cĂ©dente production Disney utilisant beaucoup d'effets spĂ©ciaux, Peter et Elliott le dragon (1977)[34]. Le budget de Peter et Elliott le dragon est estimĂ© Ă 10 millions de dollars[72]. En septembre 1979, la revue Mediascene Prevue dans un important dossier en trois parties consacrĂ© au film Ă©voque un budget de 17,5 millions de dollars[9]. Nelson rappelle dans cette interview qu'il avait prĂ©vu un tournage de 140 Ă 150 jours pour un budget de 17 millions de dollars et qu'il est restĂ© dans ce planning mĂȘme si la production espĂ©rait descendre vers 120 jours[16].
Paul M. Sammon et John Culhane Ă©voquent un budget de 20 millions de dollars[73] - [40]. Ce budget est Ă comparer aux 11 millions de dollars du premier Star Wars qui a gĂ©nĂ©rĂ© plus de 420 millions de dollars de recettes dans le monde[40]. Le calcul effectuĂ© par les diffĂ©rents studios d'Hollywood a lancĂ© la production de plusieurs films de science-fiction[40]. Terry Lawson du Dayton Journal Herald mentionne en dĂ©cembre un budget de 26 millions de dollars qui reste infĂ©rieur aux 35 millions de dollars officiels de Star Trek, le film mais qui pourraient en rĂ©alitĂ© avoisiner les 45 millions[33]. Sammon Ă©crit que le film est une tentative de toucher un public plus large et constitue la premiĂšre tentative dans la science-fiction. Ă cela s'ajoute un budget de 6 millions de dollars en publicitĂ©[73]. Le Trou noir est cataloguĂ© dans les films Ă gros budget de science-fiction de la fin des annĂ©es 1970, et Sammon ajoute « avec une vengeance »[73]. Pour Lawson, si c'est un succĂšs le film pourrait sortir le studio du marasme dans lequel il est Ă la fin des annĂ©es 1970 et repositionner le studio comme une Major du cinĂ©ma[33]. Dans le cas contraire, la machine Ă rĂȘve devra se contenter d'une ressortie de ses classiques d'animation deux fois par an et quelques nouveaux films comme ceux avec Don Knotts[33].
Tous les dĂ©partements du studio ont participĂ© Ă cette production durant 6 ans[73]. Le film comporte aussi un scĂ©nario aventureux et le tout combinĂ©, fait dire Ă Paul Sammon que le film a toutes les chances d'ĂȘtre un classique de Disney ou une des plus coĂ»teuses erreurs du studio[8]. Selon Sammon, la conception du film dĂ©bute avec le plus prestigieux groupe d'artistes d'effets spĂ©ciaux du secteur, presque chacun d'entre eux ayant Ă©tĂ© rĂ©compensĂ© d'un Oscar[73]. Pour le Dayton Journal Herald, dans la guerre des Ă©toiles, la prochaine Ă©tape est du cĂŽtĂ© de L'Empire contre-attaque (1980)[33]. Le film ne prĂ©sente pas le logo de Walt Disney Productions mais celui de Buena Vista Distribution, Ă la suite d'une proposition du rĂ©alisateur Gary Nelson[7] - [9].
Multitude de produits dérivées promotionnels
En raison des nombreux films du mĂȘme genre en compĂ©tition Ă l'Ă©poque, les studios rivalisent pour les budgets promotionnels[74]. Disney dĂ©pense 9 millions de dollars en publicitĂ©, autant que Paramount pour Star Trek, le film[74]. Sur cette somme, trois millions de dollars concerne les sociĂ©tĂ©s marchandes pour les jouets, les livres et autres objets[74]. L'entreprise propose plus de 500 produits dĂ©rivĂ©s[74]. Le reste de la somme concerne la publicitĂ© Ă la radio, Ă la tĂ©lĂ©vision et dans la presse qui dĂ©bute le [74]. Gary Nelson se souvient toutefois que durant la production, malgrĂ© le souhait de la direction du studio d'avoir un peu plus de produits dĂ©rivĂ©s, la dĂ©cision d'avoir un film moins Disney a fait que certains produits n'entraient pas dans l'histoire[16].
Le Washington Post liste quelques-uns de ces produits dérivés. Mego Toys a par exemple produits 6 millions de figurines Le Trou noir, 375 000 maquettes, des jeux portables et de table, des jeux électroniques, des robots motorisés et des engins spatiaux en plus d'une campagne de publicité de ses produits à hauteur de 1,5 million de dollars dans la presse et à la télévision[74]. Dole Corp. of Hawaii dépense autant pour des produits labellisés Le Trou noir vendus dans plus de 8 000 supermarchés avec des affiches et une campagne publicitaire dans les magazines[74]. Walt Disney Records a pressé un million d'albums de la bande originale tandis que Walt Disney Educational Media a édité des versions 8 mm pour les écoles[74]. Le journal liste aussi 300 000 kits de papeterie, 100 000 affiches, 325 000 T-shirts, 50 000 pyjamas, 90 000 draps et taies d'oreiller, des cerfs-volants, des boßtes à repas, des chemises de sport, des espadrilles, des chaussures, des peignoirs, des chapeaux, des écharpes, des serviettes de plage, des sacs de couchage, des rideaux et des montres[74].
à partir d'octobre 1979, des accroches publicitaires d'une minute contenant des extraits du film, action et effets spéciaux, sont diffusés sur NBC principalement dans l'émission Disney's Wonderful World mais aussi une rediffusion de Vingt Mille Lieues sous les mers (1954)[71]. Le studio organise aussi un concours avec Dole Pineapple grùce auquel on pouvait gagner cinq séjours de 7 jours à Disneyland avec visite des studios Disney ou l'un des 10 000 disques de la bande originale du film[71].
L'éditeur Ballantine Books, propriétaire de Del Rey Books a imprimé un million de copies d'un roman Le Trou noir disponibles à partir de Thanksgiving 1979 dans ses 7 000 boutiques[74]. D'autres éditeurs et publications sont aussi de la partie comme Random House avec 150 000 calendriers, 200 000 romans-photos du film et 600 000 livres tirés du film labellisés Disney[74]. Golden Books propose des publications pour les plus jeunes avec un million de livres avec des poupées, des livres de coloriages, des puzzles, des livres avec des posters le tout disponibles dans un réseaux de 20 000 boutiques[74].
L'histoire du film a été mise en roman par Alan Dean Foster, édité chez Del Rey Books[75] et traduit en français chez J'ai lu[76]. Une autre adaptation a été édité en 1980 dans la collection BibliothÚque rose tiré du film et traduit de l'anglais par Philippe Rouard et illustrations de Philippe Cousin[77].
Une premiÚre bande dessinée en comic strip de 26 pages a été publiée entre le et le avec Carl Fallberg au scénario, Jack Kirby au crayon et Mike Royer à l'encrage[78]. Jack Kirby est le célÚbre auteur de comics[10] qui a créé pour l'éditeur Marvel Comics, de nombreux super-héros comme les Quatre Fantastiques, L'Incroyable Hulk, Thor, les Vengeurs ou les X-Men. Elle est adaptée en France en feuilleton dans le Journal de Mickey pendant 5 semaines (du numéro 1475, daté du , au numéro 1479 daté du )[79].
Une seconde bande dessinée de 48 pages en couleur de Mary Carey avec des dessins et encrages de Dan Spiegle est publiée entre mars et dans le dernier numéro du magazine Walt Disney Showcase[80] - [81].
Un album de vignettes Panini est sorti fin 1979, début 1980 en France. Titré The Black Hole : le trou noir, il compte un total de 144 vignettes autocollantes[82]. En France, deux livres-disques sont édités par AdÚs, un 33 T narré par Robert Hossein[83] et un 45 tours narré par Jean Topart[84].
Peu avant la sortie du film, le magazine Mediascene Prevue réalise un dossier comprenant une interview de l'équipe de production par Carl Sagan en septembre 1979[9] et une autre du réalisateur Gary Nelson par Jim Steranko datée du 16 août 1979[16].
La premiÚre projection test est organisée le dans un cinéma local de La Nouvelle-Orléans[71]. La réponse est favorable et le studio Disney lance l'exploitation[71]. Le , Johnny Carson évoque le film dans son émission[71].
Sortie et accueil
Campagne promotionnelle et classification
Tout comme L'Ăle sur le toit du monde en 1974, Le Trou noir a Ă©tĂ© accompagnĂ© d'une importante campagne publicitaire[85]. Le journaliste John Culhane assure mĂȘme la promotion du film dans une sĂ©rie de rendez-vous dans des campus de lycĂ©es[86]. Cette superproduction de NoĂ«l sort en parallĂšle de Star Trek, le film[6]. Le film fait partie d'une importante compĂ©tition entre les studios d'Hollywood avec plusieurs films sur l'espace aprĂšs le succĂšs de La Guerre des Ă©toiles en 1977[74]. Fin novembre 1979, le Washington Post recense six films totalisant 127 millions de dollars de budget ayant pour thĂšme la guerre spatiale pour l'annĂ©e en cours[74]. Le premier est Star Trek, le film Ă partir du 7 dĂ©cembre, suivi par Le Trou noir de Disney, L'Empire contre-attaque en mai 1980 et fermant la marche Flash Gordon en dĂ©cembre 1980 produit par Dino De Laurentiis[74]. Les deux autres sont Superman 2 (1981) et La Femme qui rĂ©trĂ©cit (1981)[74].
C'est le premier film produit par Disney Ă ĂȘtre classĂ© PG au niveau de la Motion Picture Association of America, Ă savoir Accord parental souhaitable[6]. Toutefois un autre film est aussi classĂ© PG, Take Down mais il est seulement distribuĂ© par le studio et non produit[6]. De plus, d'autres films Disney ont eux Ă©tĂ© reclassĂ© lors de leur ressorties comme L'Ăle au trĂ©sor (1950) ou La Baie aux Ă©meraudes (1964)[6]. Le film dĂ©bute avant la diffusion du gĂ©nĂ©rique d'ouverture[5].
Sorties en salles
Le film sort le au Royaume-Uni et le aux Ătats-Unis[3] - [1]. Le film est disponible dans plus de 700 salles, juste en dessous des 869 salles prĂ©vues pour Star Trek[74]. La premiĂšre londonienne a lieu au Odeon Leicester Square avec une diffusion en 70 mm[87]. La premiĂšre amĂ©ricaine a lieu au Century Plaza Theatres Ă Los Angeles[1] - [NB 7]. Le film est diffusĂ© au format 70 mm avec la technologie Technovision[1].
à New York, le film est annoncé le vendredi 14 décembre au National Theater et au Loew's 86th Street Theater[40]. Il est diffusé au Loew's Orpheum Theatre le 21 décembre[NB 8] et plusieurs salles de la 86e rue, de la 44e rue et de Broadway[88].
à la fin de sa premiÚre semaine d'exploitation dans 889 salles, le film récolte 4,738 millions de dollars[89].
Le film est sélectionné dans les catégories meilleure photographie et effets visuels des Oscars du cinéma[10].
Mais le résultat au box-office n'est pas celui attendu[85]. En mai 1980, les résultats ne sont pas encore annoncés mais le studio annonce une sortie anticipée du film à la location espérant récolter 25 millions d'USD[90]. Le film rapporte environ 35 millions de dollars au box-office d'Amérique du Nord[10], pour un budget de production de 18 500 000 $ auquel s'ajoute 9 millions pour la publicité[74]. En France, il réalise 1 401 484 entrées[91] dont 472 212 pour la semaine du [92].
En septembre 1980, plusieurs films dont Le Trou noir, Davy Crockett et Vingt Mille Lieues sous les mers sont disponibles en vidéocassettes à la location[93], à la suite d'un partenariat noué en mars 1980 avec Fotomat[94]. Le film récolte 25 millions de dollars grùce aux circuits de locations de vidéo[95]. Le mauvais résultat du film pousse le studio à retirer la mention Disney sur sa production suivante[10] Une nuit folle, folle (1980).
Accueil critique
Pour Janet Maslin du New York Times, le film « est attrayant, sans prĂ©tention, parfois assez vif et parmi les cascades les plus sensationnelles il y a un plan d'un Ă©norme mĂ©tĂ©ore en fusion roulant vers un Ă©quipage minuscule »[88]. Maslin considĂšre la durĂ©e du film de 97 minutes comme une preuve d'une absence d'artifice pour l'allonger[88]. Gene Siskel du Chicago Tribune trouve le film « non pas mauvais mais ennuyeux » et affirme « qu'il faut beaucoup trop de temps pour obtenir le bien moins que grand final, dans laquelle un mĂ©chant de l'espace et quelques bons gars font face Ă une Ă©toile effondrĂ©e et son Ă©norme attraction gravitationnelle »[96]. Siskel conclut que les acteurs et l'histoire obscurcissent le travail sur les effets spĂ©ciaux[96]. Roger Ebert du Chicago Sun-Times n'attribue que deux Ă©toiles sur quatre et Ă©crit que qu'« il y a quelque chose d'affectueusement humain dans notre capacitĂ© Ă prendre les idĂ©es les plus Ă©tonnantes et Ă les traiter comme des histoires triviales »[97]. Richard Schickel du Time Magazine reconnait que dans le film, « la bande originale est surpuissante, les escouades de mĂ©chants sont menaçantes et surtout le principe des deux adorables robots est un vol manifeste Ă Star Wars, parce malgrĂ© toute cette flatterie sincĂšre, un scĂ©nario et des performances de comĂ©diens simplement adĂ©quates, le plus fou c'est que cela marche »[98]. Citant George Lucas pour qui les films sont binaires, soit il fonctionnent soit il ne fonctionnent pas, Schickel semble classer Le Trou noir dans la seconde catĂ©gorie[98]. Jeb Rosebrook, scĂ©nariste du film, s'Ă©tonne que le studio Disney engage Gary Nelson, rĂ©alisateur primĂ© mais n'ayant jamais rĂ©alisĂ© de film Ă gros budget, partant donc vers l'inconnu malgrĂ© leurs pratiques traditionnelles alors que le studio concurrent Paramount a prĂ©fĂ©rĂ© la sĂ©curitĂ© en engageant Robert Wise pour rĂ©aliser Star Trek, le film qui est sorti frontalement[15]. Paul Sammon trouve dommage cette sortie concomitante pour le premier grand film d'aventures de Disney depuis Vingt Mille Lieues sous les mers (1954), le public devra donc se scinder et avoue qu'il ira voir Star Trek, film que les fans attendent depuis dix ans[71]. Il considĂšre toutefois que le « film promet d'ĂȘtre visuellement Ă©tourdissant et avec de la chance peut-ĂȘtre plus[71]. » Keith Roydson du Muncie Evening Press rebaptise le film « la blague noire » et qu'« il pue l'imitation »[99]. Il ajoute que le studio dĂ©cline depuis la mort de Walt Disney[99]. Lane Crockett du Shreveport Times s'interroge sur la tranche d'Ăąge visĂ©e par le film mais titre que ce n'est pas pour les adultes[100]. Lane Crocckett et le Morning News de Paterson prĂ©cisent que c'est le film le plus cher jamais rĂ©alisĂ© par le studio Disney[100] - [54]. Il ajoute que le film est un peu fou avec un acte central ridicule et une fin embarrassante[100].
Ellenshaw et les effets spéciaux, point fort du film
Pour John Culhane du The New York Times, le film propose une nouvelle forme d'animation, conçue par ordinateur[40]. La longue sĂ©quence du voyage vers le trou noir, est pour Schickel, « un mĂ©lange intelligemment mis en scĂšne d'action, d'effets mĂ©caniques et photographiques aussi spectaculaire que jamais accompli - Ă©poustouflant. Le voyage dans le trou noir qui suit est trop inspirĂ© par 2001, l'OdyssĂ©e de l'espace, mais il y a quelques rĂ©fĂ©rences visuelles amusantes Ă Fantasia, qui Ă©quilibre le tout »[98]. Pour Terry Lawson du Dayton Journal Herald, la vraie star du film n'est pas Anthony Perkins mais Peter Ellenshaw, alors ĂągĂ© de 66 ans et responsable des effets spĂ©ciaux[33]. Pour Janet Maslin, « les effets spĂ©ciaux sont raffinĂ©s, et le design encore plus. Les dĂ©cors sont si accrocheurs, en fait, qu'ils dĂ©tournent l'attention des acteurs, ce qui dans les films de ce genre est presque toujours une bonne idĂ©e[88] ». Le voyage dans l'espace en devient moins austĂšre avec les petits dĂ©tails du films comme les tableaux sur les murs ou les grandes fenĂȘtres[88]. Siskel loue les effets visuels du film[96]. Schickel salue aussi les effets visuels et la conception des miniatures qu'il qualifie de « mĂ©lange amusant de peluche et de technologie »[98]. Roydson dit que les effets spĂ©ciaux sont les seuls bons Ă©lĂ©ments du film[99]. Pour Schickel, grĂące aux effets spĂ©ciaux et dessins de Peter Ellenshaw, le film n'a pas le pompeux de Star Trek[98]. Danny Lee explique que la plupart des effets spĂ©ciaux ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s dans l'urgence sans prendre le temps de regarder en arriĂšre[19]. Bien qu'Harrison Ellenshaw considĂšre le systĂšme du matte scan comme la vĂ©ritable innovation du film (devant l'A.C.E.S.), Paul Sammon prĂ©cise que cette technologie nĂ©cessite ensuite d'avoir recours Ă deux « vĂ©nĂ©rables techniques », la projection arriĂšre et le Technicolor trichrome[22]. Harrisson Ellenshaw critique le dĂ©partement publicitĂ© de Disney qui l'a « rendu cĂ©lĂšbre mais inconnu en mĂȘme temps [..] par l'absence de reconnaissance », citant comme exemple le magazine American Cinematographer dans lequel son travail sur Star Wars ou Peter et Elliott le dragon (1977) n'est pas mentionnĂ© dans les articles respectifs dĂ©diĂ©s Ă ces films[63]. Il prĂ©cise que souvent le spectateur lit le lieu et la date mentionnĂ©s Ă l'Ă©cran sans savoir que derriĂšre le paysage est une peinture, sauf quand elle est mauvaise[63]. Harrisson Ellenshaw considĂšre que 10 % des 150 peintures matte du film sont mauvaises et que la reconnaissance pour son mĂ©tier est difficile Ă obtenir[63]. Il ajoute que les peintures matte sont des portes ouvertes sur l'Ăąme du peintre et que le public sait reconnaitre les bons des mauvais[51].
Pour le vaisseau, Schickel y voit un mĂ©lange amusant de peluche et de technologie, qui lui rappelle le sous-marin du Capitaine Nemo dans Vingt Mille Lieues sous les mers (1954)[98]. Ebert critique aussi le vaisseau en lui-mĂȘme qui ressemble beaucoup Ă ceux de Star Trek et Alien mais dont la taille digne d'un manoir spatial Cygnus avec ses longs couloirs, hauts-plafonds et larges salles n'a rien de rĂ©alistes car dans l'espace chaque mĂštre carrĂ© coĂ»te trĂšs cher[97]. La raison de cet immense volume serait selon Ebert une occasion donnĂ©e aux artistes d'effets spĂ©ciaux d'ĂȘtre fous furieux[NB 9] mais les intĂ©rieurs sont avant tout des aplats colorĂ©s[97]. Ebert fait aussi un parallĂšle entre le Cygnus et le Nautilus du Capitaine Nemo avec son gigantesque hublot et aspect fantaisiste Ă l'opposĂ© des vaisseaux spatiaux Ă la mode[97].
Gene Siskel considĂšre que le robot V.I.N.CENT est un personnage du type R2-D2 qui fournit un effet comique dĂ©sespĂ©rĂ©ment nĂ©cessaire[96]. Mais ce n'est qu'un R2-D2 flottant et sans bras parlant avec un accent britannique comme C-3PO[96]. Pour Ebert, du cĂŽtĂ© des robots, le plus agrĂ©able ressemble Ă C-3PO tandis que le grand mĂ©chant reprend Dark Vador[97]. Ebert soulĂšve aussi une incohĂ©rence avec les armes plus proches des armes Ă feu alors que la technologie permet un voyage dans les trous noirs[97]. Bob McCall se dĂ©fend de n'avoir jamais eu l'intention de rendre V.I.N.CENT comme il est dans le film, le trouvant un peu absurde avec ses yeux peints et son aspect Ă©tagĂ©[12]. Il dĂ©fend aussi sa version du Palomino plus contemporaine que la version finale qui n'a rien d'une projection dans le futur des technologies de l'Ă©poque[12]. Il regrette que si peu de son travail soit prĂ©sent Ă l'Ă©cran, sans pour autant ĂȘtre amer des dĂ©cisions prises par la production[12].
Un scénario et une distribution trÚs critiqués
Keith Roydson du Muncie Evening Press corrige la fiche technique indiquant que ce n'est pas quatre mais sept scĂ©naristes qui doivent ĂȘtre crĂ©ditĂ©s, et quâil est donc difficile de trouver un coupable[99]. David Mattingly indique que le style du rĂ©alisateur Gary Nelson est sĂ©rieux, trĂšs sec et concis, mais surtout Ă©loignĂ© de l'Ă©cole traditionnelle de Disney reprĂ©sentĂ©e par Norman Tokar, plus juvĂ©nile[51]. Mattingly ajoute que le film ne ressemble ni Ă Star Wars ni Ă Battlestar Galactica[51]. Pour Siskel, l'idĂ©e de base de l'exploration spatiale d'un trou noir est intĂ©ressante[96]. Ebert rappelle que le sujet du trou noir est descendu des « tours d'ivoire de Cambridge » vers les scientifiques amĂ©ricains de base jusqu'aux pages comiques [de la presse][97]. Les possibilitĂ©s de scĂ©nario sont ahurissantes et sa prĂ©fĂ©rĂ©e est l'analogie avec l'Ă©vacuation d'une baignoire donnant sur un univers voisin[97]. Il poursuit en expliquant que « le film nous emmĂšne jusqu'au bord de l'espace pour nous enliser dans un mĂ©lodrame bavard peuplĂ© de savants fous et de maisons hantĂ©es »[97]. Ebert critique le fait que l'on puisse voir le trou noir tourner depuis les fenĂȘtres du vaisseau[97]. Siskel compare aussi l'idĂ©e du trou noir Ă l'Ă©vacuation d'une baignoire dont on ne connait pas la destination et indique que tout le monde a dĂ©jĂ rĂȘvĂ© devant le tourbillon d'une baignoire[96]. Roydson conclut que le film doit finir dans un trou noir. Mais Maslin considĂšre que l'histoire d'une bande d'explorateurs et d'un mĂ©chant tyran de l'espace qui prĂ©tend ĂȘtre gentil, appartient plutĂŽt Ă la bande dessinĂ©e et que dans les bandes dessinĂ©es c'est plutĂŽt dans la gamme des livres pop-up[88]. Le but du scĂ©nario est la connaissance ultime tandis que le mĂ©chant cherche la mise en esclavage ou la destruction[88]. La quĂȘte de l'antagoniste l'amĂšne dans le trou noir du titre, ce qui pousse l'Ă©quipe de production Ă rĂ©aliser un final grandiose qui, en comparaison avec l'heure et demie de comĂ©die simpliste le prĂ©cĂ©dant, semble un peu fou[88]. Sally Odge Davis du New York Times Magazine Ă©crit en novembre que le film Le Trou noir devait aider le studio Ă sortir d'une situation difficile avec un nouveau genre mais quâau bout d'une semaine le public ne vient plus et les 50 millions d'USD envisagĂ©s n'ont pas Ă©tĂ© rĂ©coltĂ©s[101]. Lane Crockett explique que Disney aurait pu toucher un public plus large en ajoutant du football amĂ©ricain[100], et ajoute que le studio n'arrive pas Ă sortir des machinations trop intelligentes Ă destination des enfants[100]. Davis cite sans le nommer un critique cynique pour qui « le seul trou noir du film est le scĂ©nario, qui n'a pas de fin et le public n'en a pas Ă©tĂ© prĂ©venu[101]. »
Siskel critique la distribution, qualifiant les acteurs de « stars totalement mortes » et ajoutant que « si les acteurs sont payĂ©s pour exprimer des Ă©motions, alors le casting de The Black Hole ne mĂ©rite mĂȘme pas le salaire minimum »[96]. Pour Siskel, les acteurs sont ennuyeux, et le spectateur n'a que faire de savoir s'ils sont morts ou vivants ; ils ne sont ni physiquement attirants, ni spirituels, ni courageux[96]. Ă l'opposĂ©, la jeune distribution de Star Wars semble apprĂ©cier sa participation au film, et celle d'Alien semble rĂ©elle avec son cynisme, « mĂȘme Star Trek est plus drĂŽle »[96]. Crockett dĂ©taille les acteurs prestigieux qui ne parviennent pas Ă reproduire leur meilleur talent d'acteur, comme Perkins qui semble avoir l'esprit vide, ou Borgnine cumulant les seconds rĂŽles dans des films mĂ©diocres[100]. Pour Crockett, Scheel semble pitoyable et il s'interroge sur ce choix de rĂŽle[100]. Crockett estime que le niveau de classification est liĂ© Ă la mort de plus de deux personnes, mais que si le film est pour les enfants, alors il est moyen, sinon, pour les adultes, c'est une erreur[100].
CotĂ© scĂ©nario, Siskel considĂšre que les personnages auraient dĂ» passer plus de temps Ă combattre le trou noir et sa force au lieu d'en faire juste un final, aprĂšs une longue bataille contre un mĂ©chant de l'espace[96]. La lutte contre Reinhart occupe tellement de place dans le film que Siskel propose de le rebaptiser « Dr Max Reinhart »[96]. « Le Dr Reinhart semble ĂȘtre juste un mĂ©chant teuton ayant transformĂ© Ă son profit une mission gouvernementale amĂ©ricaine avec l'aide d'une armĂ©e de robots, Ă la tĂȘte de laquelle il a placĂ© une arme ultime, Max, un clone de Dark Vador »[96]. Roydson comprend qu'Ă la fin l'Ă©quipage est dĂ©cimĂ©, que les bons vont au Paradis et les mĂ©chants en Enfer, une fin sans aucune innovation, digne du pire vieux dessin animĂ© de Disney[99]. Pour Crockett, la fin est l'Ă©lĂ©ment le plus embarrassant Ă laquelle il ait jamais assistĂ©e, mais il s'abstient de le dĂ©crire pour ne pas dĂ©voiler cette fin qui doit ĂȘtre vue pour ĂȘtre crue[100].
De nombreuses critiques négatives
Dans sa revue du film pour le magazine Ares en 1980, Vincent Misiano conclut que le film « Le Trou noir est comme son homologue cosmologique, rien ne peut lui Ă©chapper pas mĂȘme une lueur d'imagination ou d'inspiration [mais] Peut-ĂȘtre que si Pluto et Micky [sic] n'avaient pas Ă©tĂ© impliquĂ©s⊠»[102]. Schickel conclut qu'il est « bon de voir les artistes de Disney faire ce qu'ils font le mieux Ă une Ă©chelle aussi grande et risquĂ©e »[98]. Ebert conclut son article ainsi :
« Le problĂšme fondamental avec Le Trou noir est qu'il ne relĂšve pas vraiment le dĂ©fi d'ĂȘtre une fiction sur un trou noir. Le trou noir est lĂ , d'accord ; et les personnages le regardent et font des dĂ©clarations solennelles, et Maximilian Schell semble obsĂ©dĂ© par cela, mais nous ne ressentons pas d'Ă©merveillement. Il n'y a pas de crainte. Le trou noir est un gadget dont le film peut s'abstenir, entre le complot et les intrigues embarquĂ©s, et Ă la fin du film, il y a un gain visuel sensationnel. Mais d'une maniĂšre ou d'une autre, cela arrive trop tard : les Ă©vĂ©nements qui l'ont prĂ©cĂ©dĂ©e ont Ă©tĂ© si triviaux, si clichĂ©s, que le film n'atteint pas son apogĂ©e. Et alors, tu sais quoi ? Les trous noirs conservent leur rĂ©putation : rien ne peut leur Ă©chapper, pas mĂȘme ce film. »[97]
Andrew Epstein du Los Angeles Times se demande en mai 1980, lors de l'annonce de la sortie anticipĂ©e en vidĂ©o du film Le Trou noir, si Mary Poppins va restaurer la confiance perdue envers les studios Disney, le joyeux film de 1964 ressortant en salle en pleine dĂ©bĂącle du studio Ă cause du film Les Yeux de la forĂȘt[90].
En 1984, dans le tome 2 de The Aurum Film Encyclopedia consacrĂ© Ă la science-fiction, Phil Hardy fournit aussi une critique nĂ©gative affirmant que Le Trou noir propose « le dialogue le plus lourd imaginable » et ajoute que l'apogĂ©e du film « n'a aucun pouvoir dramatique »[103]. En 1985, Colin Greenland passe en revue le film pour le magazine Imagine et dĂ©clare : « Encore plus impressionnant que les effets spĂ©ciaux, vous avez la stupiditĂ© du script, et les robots mignons qui vous donneront envie d'ĂȘtre un ouvre-boĂźte. »[104].
Sur le site agrĂ©gateur de critiques Rotten Tomatoes, le film est crĂ©ditĂ© d'un score de 38 % d'avis favorables, sur la base de 32 critiques collectĂ©es, et dâune note moyenne de 5,40/10 ; le consensus du site indique : « Bien que richement conçu et dĂ©bordant d'idĂ©es ambitieuses, [Le Trou noir] sonde les profondeurs de l'espace avec une histoire sans excitation et un mĂ©lodrame Ă l'eau de rose »[105]. Sur Metacritic, le film obtient une note moyenne pondĂ©rĂ©e de 52 sur 100, sur la base de 12 critiques collectĂ©es[106].
Suite de l'exploitation
Absence de suite et projet de remake du film
Lors de la sortie du film, Peter Ellenshaw indique qu'il ne pense pas Ă la possibilitĂ© d'une suite pour Le Trou noir ou un autre film de science-fiction qu'il considĂšre alors comme son chant du cygne[33]. De mĂȘme, Gary Nelson ne se dit pas intĂ©ressĂ© par une suite, un seul film suffit[39]. Il ajoute que depuis 1977 personne n'en parle et que mĂȘme s'ils trouvent une suite malgrĂ© la mort de tout le monde, la suite risque d'ĂȘtre financiĂšrement folle[39].
Durant la dĂ©cennie 1970 plusieurs projets d'attractions liĂ©s Ă des films sont envisagĂ©s mais les mauvais rĂ©sultats des films en questions mettent un terme Ă ces projets[107]. David Koenig Ă©voque Robin des Bois (1973), L'Ăle sur le toit du monde (1974), Le Trou noir mais aussi Tron (1982)[107]. Pour Le Trou noir, Tony Baxter explique que Disneyland est un lieu oĂč rĂ©side les mythes amĂ©ricains et ne peut pas contenir un film dont seuls les parents se souviennent, comme le serait un parc sur le bal musette[108].
Le personnage de V.I.N.CENT est Ă©voquĂ© dans le jeu Epic Mickey : Le Retour des hĂ©ros (2012) au travers d'un Blotworx (un personnage hybride) ayant la tĂȘte du robot[109].
En novembre 2009, un projet de remake du film est révélé avec la nomination du réalisateur Joseph Kosinski, qui venait de finir Tron : L'Héritage (2010) et du producteur Sean Bailey[110]. En avril 2013, le scénariste Jon Spaihts auteur de la préquelle d'Alien Prometheus (2012) est rattaché au projet[111].
En 2016, Disney annonce que le projet de remake est suspendu car le scénario de Spaihts est « trop sombre pour un film Disney » ce à quoi Spaihts déclare :
« Le Trou noir est une expérience incroyable. C'était l'un de ces films sur lesquels j'étais coincé jusqu'à ce que je me lance, et tout à coup, ça a commencé à venir. J'ai adoré ce scénario. Il se situe dans le monde de Disney mais c'est un malaise comme une épopée sombre, alors que Disney est un endroit trÚs coloré. Ils ont déjà plusieurs grandes épopées spatiales en cours, donc je ne sais pas comment ou si cela trouvera son chemin vers la lumiÚre du jour, mais j'ai bien sûr écrit un sacré film et j'étais ravi de le faire. C'était trÚs fidÚle à l'original mais en tout point de vue aussi intelligent que ce premier film était idiot, du moins je l'espÚre. »[112]
En mars 2018, Emily Carmichael est annoncé au scénario du film mais aussi de Pacific Rim et Jurassic World 3[113].
Sorties vidéos
- : VHS avec format 4/3 ;
- : VHS avec format 4/3.
Le film est sorti en DVD en France le avec des sous-titres français, anglais et néerlandais mais sans aucun supplément[114]. Malgré l'enregistrement numérique initial, Walt Disney Records n'a édité une bande originale sur CD qu'en 2011[10].
En le film fait partie des productions disponibles en vidĂ©o Ă la demande sur la plateforme Disney+ alors en phase de test aux Pays-Bas avant son lancement aux Ătats-Unis le [115].
Distinctions
- Oscars 1980 :
- nomination Ă l'Oscar de la meilleure photographie pour Frank V. Philips ;
- nomination Ă l'Oscar des meilleurs effets visuels pour Peter Ellenshaw, Art Cruickshank, Eustace Lycett, Danny Lee, Harrison Ellenshaw et Joe Hale.
- Saturn Awards 1980 :
- nomination au Saturn Award du meilleur film de science-fiction ;
- nomination au Saturn Award de la Meilleure musique pour John Barry ;
- nomination au Saturn Award des Meilleurs effets spéciaux pour Peter Ellenshaw ;
- nomination au Saturn Award du Meilleur scénariste pour Jeb Rosebrook, Gerry Day.
- Prix Hugo 1980 : nomination pour la meilleure dramaturgie.
Analyse
Carl Sagan Ă©crit dans Mediascene Prevue en septembre 1979 que le film est une rĂ©ponse Ă l'un des mystĂšres de l'astro-science[9]. C'est un projet pionnier tant au niveau de la production que de la commercialisation du film pour l'entreprise cinquantenaire plus habituĂ©e dans les projets Ă destination des jeunes[9]. Une des consĂ©quences est l'absence Ă l'Ă©cran d'enfants ou d'animaux mĂȘme si un projet prĂ©liminaire en incluait[9]. Gary Nelson indique Ă Jim Steranko que ce projet prĂ©voyait un jeune garçon avec une casquette de baseball et un chien[16]. Une autre consĂ©quence est un scĂ©nario plus violent mais logique pour un film pour un public plus adulte[9]. Pour Sagan, l'absence du logo Disney Ă cĂŽtĂ© du titre est une dĂ©cision radicale mais encore sujette Ă discussion lors de l'Ă©criture de l'article[9].
Paul Sammon indique avoir passĂ© sept mois au cĂŽtĂ© des membres du studio pour rĂ©diger le dossier paru dans Cinefantastique[71]. Sammon compare le film Ă un Vingt Mille Lieues sous les mers (1954) sur le thĂšme de la science-fiction et en raison de certains Ă©lĂ©ments gĂ©nĂ©riques mais l'adaptation de Jules Verne est catĂ©gorisĂ©e comme de la « fantaisie victorienne »[73], courant rattachĂ© plus tard au steampunk. Sagan dĂ©veloppe aussi le parallĂšle entre Le Trou noir et Vingt Mille Lieues sous les mers en expliquant que les acteurs ont aidĂ© Ă donner une respectabilitĂ© aux films mais aussi le choix d'un rĂ©alisateur externe au studio[9]. De mĂȘme, il liste les nombreux membres de l'Ă©quipe oscarisĂ©s ou primĂ©s[9]. En plus des acteurs et de l'Ă©quipe des effets spĂ©ciaux, il y a aussi Bill Thomas Ă la conception des costumes, primĂ© pour Spartacus (1960) et John B. Mansbridge Ă la direction artistique[9]. Durant ses entretiens avec les membres du studio dont le rĂ©alisateur Gary Nelson et les Ellenshaw, aucun des membres n'a Ă©voquĂ© les sept derniĂšres minutes du film qui concerne l'action dans le trou noir, un secret aussi bien gardĂ© que celui des extraterrestres de Rencontres du troisiĂšme type (1977) de Steven Spielberg[9]. Nelson explique que le film Ă©tait plus du genre action/aventure et non un film Disney typique[NB 10], mĂȘme s'il reste destinĂ© Ă toute la famille Ă l'image Vingt Mille Lieues sous les mers (1954)[16]. Sammon compare aussi le film Ă d'autres productions Disney de science-fiction comme Un pilote dans la Lune (1962) mais ce dernier se dĂ©roule aux prĂ©mices de l'Ăąge de l'espace et possĂšde un scĂ©nario proches des sitcoms[73].
Sammon explique que le destin des rĂ©alisateurs chez Disney est un peu particulier car le nom du studio, et de son fondateur mĂȘme 15 ans aprĂšs sa mort, est prĂ©dominent avec le bandeau A Walt Disney Production (« Une production Walt Disney ») au dĂ©but du gĂ©nĂ©rique[17]. Il donne l'exemple de Robert Stevenson peu reconnu malgrĂ© la rĂ©alisation de classiques comme Mary Poppins (1964) ou L'Apprentie sorciĂšre (1971)[17]. Mais sa prĂ©sence aux cĂŽtĂ©s des membres du studio l'incite Ă dire qu'ils ont produit « le meilleur, le dernier mot absolu, en matiĂšre de fantaisie et de science-fiction de qualitĂ© »[71]. Ce type de production, tout comme Le Dernier Vol de l'arche de NoĂ© et Taram et le Chaudron magique, encore en production, reflĂšte selon Sammon un changement d'attitude, un dĂ©sir nouveau pour sortir du format enfantin[71].
David Mattingly considÚre que le scénario et le film ont un ton hitlérien principalement en raison des propos d'Hans Reinhardt sur le fait que « seul, un homme seul peut accomplir son plein potentiel »[51]. Mattingly précise que malgré l'attribution de ces propos à Goethe, c'est en réalité Adolf Hitler qui les a prononcé[51]. Il ajoute que l'équipage du Cygnus transformé en humanoïdes, est proche d'un systÚme inhumain d'automates, prÎné selon lui par les nazis[51].
Nelson ajoute que l'absence de dĂ©cor intĂ©rieur est un parti pris pour les rendre « irrĂ©ellement colorĂ©s »[16]. Cela amĂšne Ă ce que tout Ă©lĂ©ment a une fonction et non d'ĂȘtre juste des lumiĂšres ou des boutons pour attirer l'Ćil des enfants comme de potentiels jouets[16]. Ă l'instar du tournage de Star Trek, celui du Trou noir est objet de vols, dont deux peintures matte painting de Peter Ellenshaw, ou des lasers, avant mĂȘme le tournage[39]. Par la suite, les objets sont mis sous clĂ©[39].
John Culhane explique dans le New York Times qu'à l'époque de la sortie du film, il y a trois types d'animation numérique[40]. La premiÚre est une image de synthÚse générée par un ordinateur principal des grilles, utilisée dans La Guerre des étoiles (1977) pour l'étoile de la mort ou le trou noir du film de Disney mais qui nécessite un codage dans un langage informatique spécifique[40]. L'image générée une par une est projetée sur un écran (des tubes cathodiques à l'époque) qui est à son tour filmé[40]. La seconde méthode est l'interpolation numérique, avec un animateur qui dessine des images clés et l'ordinateur complÚte avec les images, le métier d'intervalliste[40]. La troisiÚme méthode que Culhane nomme « synthÚse analogique, » repose sur un technicien qui modifie une image existante et est utilisée pour les publicités ou les génériques à la télévision[40], c'est de la retouche numérique. Culhane prédit la sortie prochaine d'un long métrage totalement en image de synthÚse et[40].
Pour Mark Arnold, des productions comme L'Ăle sur le toit du monde (1974) ou Le Trou noir ont tuĂ© Walt Disney Productions dans sa forme d'alors[85]. Arnold indique que l'Ă©quipe chargĂ©e du Trou noir a travaillĂ© sur d'autres productions du studio Ă l'Ă©poque mais s'est surpassĂ©e pour celle-ci[10]. Finalement le film n'est pas si bien que cela et Mark Arnold le considĂšre comme une simple dĂ©clinaison spatiale du film Vingt Mille Lieues sous les mers (1954) qui aurait pu ĂȘtre meilleure[10]. Le problĂšme du film pour Arnold est au niveau des robots et il compare le travail sur ce film Ă celui de Star Wars, Ă©pisode I : La Menace fantĂŽme (1999)[10]. Il explique que pour les robots comme pour Jar Jar Binks, le film pourrait ĂȘtre dĂ©cent et regardable si on supprime ces Ă©lĂ©ments[10]. Un autre gros problĂšme concerne la scĂšne finale avec l'analogie ange et dĂ©mon, thĂšme Ă©culĂ© et trĂšs dĂ©routante[10]. Arnold Ă©crit qu'il a visionnĂ© le film de nombreuses fois pour essayer de comprendre la fin mais reste dĂ©concertĂ© par des images comme une scĂšne de sexe entre le docteur Reinhardt et le robot Maximilian ou les effets boiteux lors du passage dans le trou noir[10]. Il a questionnĂ© Harrison Ellenshaw qui ne comprend pas non plus cette fin[10]. Le fait que la production n'avait pas dĂ©fini de fin, se ressent[10]. Arnold Ă©crit que comme pour la fin de Les Yeux de la forĂȘt (1980) alors en production, l'Ă©quipe du studio ne savait pas comment mettre une fin au film[10]. Arnold Ă©crit que « si vous prenez la dĂ©cision de passer au travers du trou noir vous devez montrer quelque chose et cela doit ĂȘtre excitant, et ici ce n'est clairement pas le cas[10]. Les autres films avec des trous noirs ont des fins diffĂ©rentes dans lesquels on entre dans un univers parallĂšle »[10]. La scĂšne du rocher dans Les Aventuriers de l'arche perdue (1981) est pour Mark Arnold une rĂ©miniscence de la scĂšne du mĂ©tĂ©ore[10].
En 2019 pour les quarante ans du film, Gary Nelson revient pour le The Hollywood Reporter sur le film avec Joseph Bottoms et Robert Forster[7]. Ils partagent l'avis de Mark Arnold sur la version spatiale de Vingt Mille Lieues sous les mers avec « un mélange inégal de drame gothique, d'aventure pour enfants, de dialogues et de personnages maladroits, de conceptions de robots cool mais sans inspiration et des fusées rétros au milieu d'une palette trÚs colorée, d'une partition de John Barry merveilleusement morose et d'effets visuels spectaculaires grùce à des techniques d'animation emblématiques et ingénieuses[7]. » Le film possÚde « malgré une campagne associant le divertissement traditionnel du studio Disney, une atmosphÚre sérieuse de terreur et d'obscurité, surmontée d'une fin inattendue et hallucinante[7]. » Nelson rappelle que c'est à l'initiative de Ron Miller, que le studio s'oriente dans des productions innovantes comme Le Trou noir ou Tron (1982) ou la création d'un label plus adulte, Touchstone Pictures avec Splash (1984)[7]. De plus l'entreprise entame la création d'une chaßne de télévision Disney Channel[7].
Notes et références
Notes
- pour Vital Information Necessary CENTralize.
- « B.O.B » pour BiO-sanitation Battalion.
- Il s'agit probablement de Robert Earl Jackson mais Paul M. Sammon ne précise pas les prénoms dans sa retranscription de son interview de Rosebrook.
- Terry Saunders, nom utilmisé par Paul Sammon est crédité sous le nom de "Terence Saunders".
- Le Stage 4 a par la suite été scindé en deux en 1985.
- Studio d'enregistrement situé au 11114 Cumpston Avenue à Los Angeles, acheté par Warner dans les années 1970 et détruit en 2004.
- Cette double salle, gérée par ABC Theatres, était située au 2040 Avenue of the Stars.
- La salle Loewâs Orpheum Theatre situĂ©e sur la 86e rue au 168 a ouvert en 1913 et proposait 2 230 places jusqu'en 1968 quand elle a Ă©tĂ© divisĂ©e en deux salles, le balcon devenant le Loewâs Cine 3rd Avenue. Elle a fermĂ© en 1989, dĂ©truite et remplacĂ©e Ă partir de 1991 par un complexe de sept salles.
- berserk dans le texte original.
- Pour la définition des productions Disney typique, voir la section Analyse de Studios Disney de 1950 à 1973 avec La notion de « Classique Disney » et les Films familiaux et comédies animaliÚres des années 1950.
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Annexes
Bibliographie
- Dossier du magazine Mediascene Prevue #39 en trois parties :
- (en) Carl Sagan, « The Black Hole - Part One: The Evolution of a Film », Mediascene Prevue, no 39,â , p. 4-9 (lire en ligne, consultĂ© le ) ;
- (en) Jim Steranko, « The Black Hole - Part Two: Interview With Director Gary Nelson », Mediascene Prevue, no 39,â , p. 10-11 (lire en ligne, consultĂ© le ) ;
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- Double numĂ©ro du magazine Cinefantastique (en) Paul M. Sammon, « Inside The Black Hole », Cinefantastique, vol. 9, nos 3-4,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
Liens externes
- Site officiel
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- CinémathÚque québécoise
- (en) AllMovie
- (en) American Film Institute
- (en) Disney A to Z
- (pl) Filmweb.pl
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- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
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- Ressource relative à la littérature :
- Ressource relative Ă plusieurs domaines :
- (en) Metacritic