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Histoire d'Oran

Cet article présente les faits saillants de l'histoire d'Oran, une ville portuaire qui est la deuxiÚme plus peuplée d'Algérie[1].

Vue prise avant 1930 au-dessus de la brÚche avec le fort de Santa Cruz au premier plan. La baie Ste-ThérÚse n'est pas comblée, et sur le plateau de Karguentah, les constructions n'atteignent pas encore les villages environnants. En arriÚre-plan, à gauche, la montagne des Lions.

Oran avant Oran

Période préhistorique

Le site d'Oran fut un lieu d'activitĂ© humaine prĂ©historique comme l'ont rĂ©vĂ©lĂ©es les fouilles archĂ©ologiques entreprises aux XIXe et XXe siĂšcles. Les vestiges de la prĂ©sence humaine en AlgĂ©rie remontent Ă  400 000 ans. Cette date correspond aux restes d’Atlanthropus dĂ©couverts au milieu des outils de pierre taillĂ©e qu’il fabriquait dans les sĂ©diments du lac prĂ©historique Ternifine (Tighennif prĂšs de Mascara), en Oranie.

Des traces humaines estimĂ©es Ă  100 000 ans ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es. Des grottes du PalĂ©olithique et du NĂ©olithique ont Ă©tĂ© mises en Ă©vidence par les fouilles entreprises par François Doumergue et Paul Pallary en 1892 dans les grottes du Cuartel, de Kouchet El Djir et des carriĂšres d'EckmĂŒhl, dites abri Alain. De nombreuses piĂšces archĂ©ologiques ont Ă©tĂ© rĂ©coltĂ©es. Certaines sont dĂ©posĂ©es au musĂ©e Ahmed Zabana. C'est le cas d'un bloc stratigraphique et une multitude d'outils : lissoirs, haches en pierre polie, lamelles, couteaux


Malheureusement, la plupart des stations archéologiques, pourtant classées, ont aujourd'hui disparu du fait de l'extension des carriÚres et de l'habitat précaire.

Vers 5000 av. J-C, de nouvelles populations du Proche-Orient cohabitent et se mĂȘlent aux descendants des premiers habitants, Ces nouveaux venus sont les ascendants de la famille BerbĂšres Touaregs (parfois appelĂ©s « hommes bleus[2] »), Ă©largie par des apports mĂ©diterranĂ©ens.

Judaïsation aux temps bibliques : légende

Selon la lĂ©gende certaines tribus de l’Afrique du Nord ont Ă©tĂ© judaĂŻsĂ©es par un disciple et compagnon du prophĂšte MoĂŻse (Sidna Moussa), JosuĂ© (Sidna Youchaa) enterrĂ© Ă  Tlemcen. À la suite des persĂ©cutions des pharaons Ă  l’encontre du peuple d’IsraĂ«l, JosuĂ© a pris la direction du Maghreb. Constatant que les populations de l'Ă©poque pratiquaient le paganisme, il leur enseigna le monothĂ©isme et les lois hĂ©braĂŻques. Certaines de ces populations acceptĂšrent et en firent leur religion, mais sans prosĂ©lytisme, d'oĂč l'effet limitĂ© de son expansion. La lĂ©gende continue de nous dire que Sidna Youcha (JosuĂ©) est enterrĂ© sur une plage situĂ©e Ă  Ă©gale distance de Ghazaouet et NĂ©droma. Son mausolĂ©e a toujours fait l'objet, depuis des siĂšcles, de pĂšlerinage Ă  l'occasion des fĂȘtes juives[3].

Antiquité

Plusieurs sites antiques ont été recensés dans les environs d'Oran. Ils révÚlent notamment des présences puniques et romaines.

La pĂ©riode punique (entre le VIe et Ier siĂšcles av. J.-C.) est d'abord attestĂ©e par l'immense nĂ©cropole des Andalouses et des nombreux artĂ©facts prĂ©sents sur le site : vases, coupes, urnes. Ces occupations furent mises au jour lors de l'agrandissement de la zone touristique de la plage des Andalouses Ă  30 kilomĂštres Ă  l'ouest d'Oran. Beaucoup d'autres objets furent Ă©galement exhumĂ©s plus rĂ©cemment dans les rĂ©gions limitrophes de Bousfer et la rĂ©gion d'El Ançor.

Une hypothÚse ancienne (vers 1906/1911 N. Slousch) considérait que les premiers juifs étaient arrivés avec les Phéniciens. Cette hypothÚse est aujourd'hui mise à mal, car aucune trace archéologique, épigraphique ou autre ne permet d'attester un judaïsme africain préromain, mais il s'implante plus fortement que dans les autres provinces de l'Occident romain, et il est bien attesté au Bas-Empire[4].

Alors que les PhĂ©niciens avaient choisi la crique de Madagh Ă  l’Ouest d’Oran pour y installer leur comptoir, les Romains prĂ©fĂ©rĂšrent dĂ©velopper le site de Portus Magnus Ă  40 kilomĂštres Ă  l’est d'Oran sur la ville actuelle de Bethioua (nommĂ© Vieil Arzew au XIXe siĂšcle)[5]. Le port actuel d'Oran ainsi que Mers-el-KĂ©bir Ă©taient connus sous nom de Portus Divini (Port divin, ou plutĂŽt Port des Dieux). Certains auteurs prĂ©sument que ce nom vint romaniser un site punique du nom d'Arylon, connu seulement par les textes antiques[6].

Il n'est pas Ă©tonnant que les Romains aient donnĂ© un nom aussi flatteur Ă  la baie de Mers el-Kebir. Pourtant, on n'a retrouvĂ© aucune trace d'antiquitĂ© romaine Ă  Oran, mais plusieurs auteurs conjecturent sur un Ă©tablissement romain Ă  l'emplacement d'Oran. Sans que l'on connaisse ses sources, l'Espagnol Marmol dit que : « On l'appelait du temps des Romains Unica Colonia, quoique quelques-uns lui donnent un autre nom. »; et plus loin: « C'Ă©tait une des plus riches villes de la MaurĂ©tanie CĂ©sarienne, oĂč il y avait...quantitĂ© de mosquĂ©es... »[7]; Mgr Anatole Toulotte, qui a rĂ©digĂ© Ă  la fin du XIXe siĂšcle une "GĂ©ographie de l'Afrique chrĂ©tienne", pense quant Ă  lui que l'on doit situer Ă  Oran Gratianopolis dont l'Ă©vĂȘque en 484 se nommait Talasius[8]. De nombreuses statues antiques retrouvĂ©es dans la rĂ©gion d'Oran peuvent ĂȘtre vues au musĂ©e Ahmed Zabana (PosĂ©idon, Hercule, Bacchus, Apollon). Au IIe siĂšcle, la rĂ©gion d'Oran voit une immigration juive depuis la CyrĂ©naĂŻque et l'Égypte Ă  l'instar du reste du Maghreb[9].

La christianisation parait assez tardive comme l'attestent de nombreux restes du IVe siĂšcle dont certains sont visibles au musĂ©e d'Oran[10]. La plus ancienne inscription chrĂ©tienne en Oranie date de 302 Ă  Altava (Ouled Mimoun), les plus vieilles de Regiae (Arbal, commune de Tamzoura) datent de 345 et 352, celles d' Albulae (AĂŻn TĂ©mouchent) commencent en 408[11]. Le christianisme s'implanta bien, puisque dans la liste d'Ă©vĂȘques catholiques convoquĂ©s en 484 Ă  Carthage par le roi Vandale HunĂ©ric figurent plusieurs Ă©vĂȘques de l'Oranie au sens large (ceux d'Altava, Albulae, Regiae, Dracones (Hammam bou Hadjar), Pomaria (Tlemcen), etc.)[12].

Fondation d'Oran

Au Xe siĂšcle, l'ancien Portus Divini des Romains, et la plupart des criques de cette cĂŽte n'Ă©taient sous aucune juridiction, ni aucun contrĂŽle officiel[13]. Les cĂŽtes du Maghreb Ă©taient utilisĂ©s pĂ©riodiquement par les marins de Pechina alors sous domination d'Al-Andalus pour commercer avec le royaume Rostemide, sa proche capitale Tahert[14] et la ville de Tlemcen. Peu Ă  peu ces implantations devinrent permanentes. ParallĂšlement, les califes Omeyyades de Cordoue, souhaitaient s’installer sur les cĂŽtes africaines. Aux premiers signes de dislocation de l’empire abbasside les Arabes d’Andalousie au faĂźte de leur puissance, choisirent de dĂ©velopper des comptoirs commerciaux sur la cĂŽte Nord Africaine.

Ainsi Oran fut fondée en 902 sur le territoire des Beni Mesguen, tribu des Azdadja[15], par les marins Mohamed Ben Abou Aoun et Mohamed Ben Abdoun et un groupe de marins Andalous appuyés par les califes de Cordoue[16] - [17] Ils fondÚrent Oran pour commercer avec Tlemcen en développant les occupations de la baie abritée de Mers el-Kébir.

PĂ©riode arabo-berbĂšre

Entre 910 et 1082, Oran devient objet de conflit entre les Omeyyades de Cordoue et les Fatimides. Le conflit entre des fractions des Ifrenides et les Fatimides s'amplifie. En 954 la ville d'Oran est prise par les Ifrenides commandés par Yala Ibn Mohamed[18]. Sous ses ordres, Oran est détruite et sa population déplacée dans la nouvelle ville qu'il avait bùtie, Fekkan[19].Les Fatimides prennent Oran grùce aux Zirides qui reconstruisent la ville d'Oran sur le site actuel[18]. Alors Ziri b. Ataya des Maghraouas et gouverneur du Maghreb reprend Oran et plusieurs villes des Sanhadjas. Son fils Al Moez ibn Ziri b Ataya lui succÚde en 1005 et devient gouverneur omeyyade au Maghreb. Son pÚre lui lÚgue Oran, Tlemcen, Achir, M'Sila, etc.[20].

DÚs l'an 1000, la communauté juive est présente et structurée à Oran[21].

En 1077 la ville passe sous la domination des Almoravides. Mais Oran est prise en 1145 par les troupes Almohades dĂ©jĂ  victorieuses Ă  Tlemcen, aprĂšs que l'Ă©mir almoravide Ibrahim Ben Tachfin et sa favorite Aziza furent tuĂ©s lors de leur retraite en tombant avec leur cheval du haut d'une falaise de la montagne Murdjajo[22]. Ils comptaient rejoindre le port de Mers el-KĂ©bir oĂč ils devaient embarquer pour l’Andalousie[23].

En arriÚre-plan, Bordj El-Mehel (Tour des Cigognes), ou Rozalcazar puis Chùteau-Neuf sous les Espagnols et les Français

La prĂ©sence des Almohades fut marquĂ©e dĂšs 1147 par le dĂ©but des persĂ©cutions contre les Juifs d'Oran. CrĂ©Ă© en 1162, le nouveau port d’Oran, plus prĂ©cisĂ©ment Mers el-Kebir[24], devint vite le plus important du Maghreb. Abd El Moumen y ouvrit ses chantiers navals et leur confia la construction d’une partie de sa flotte de guerre, Oran et Honaine s'associĂšrent pour construire les cent vaisseaux commandĂ©s[25]. L'empire qui domina le Maghreb plusieurs dĂ©cennies s'Ă©mietta peu Ă  peu pour finalement laisser place Ă  des dynasties locales ; en 1230 les Hafsides de Tunis, en 1235 les Zianides de Tlemcen, puis en 1258 les MĂ©rinides de FĂšs.

Aux XIIIe et XIVe siÚcles, les Juifs de la Méditerranée occidentale commercent avec les Juifs d'Oran. Lors de la premiÚre expulsion en 1391, Les Juifs d'Espagne prennent le chemin du Maghreb et d'Oran, en particulier[21].

« En moins d'un demi-siĂšcle, dit M. L. Fey, Oran passa neuf fois sous diffĂ©rents pouvoirs... Ben-Abbad rĂ©ussit Ă  se maintenir Ă  la tĂȘte du gouvernement oranais, Ă  la condition de se reconnaĂźtre vassal du royaume hafside de Tunis (1437). Oran reçut dans ses murs vers cette Ă©poque, le cĂ©lĂšbre Mohammed IX al-Aysar, surnommĂ© le gaucher; quinziĂšme roi de Grenade, obligĂ© de fuir devant ses sujets insurgĂ©s. En 1228, Ă  la mort de Ben-Abbad, Oran obĂ©it aux Zianides de Tlemcen[26].

Sous la protection de l'Ă©mir, la ville jouit d'une grande prospĂ©ritĂ©. Elle profite d'un systĂšme douanier (tarifs), commerce avec Marseille et signe en 1250 un traitĂ© de commerce avec les rĂ©publiques italiennes de GĂȘnes et de Venise. Elle devient l'entrepĂŽt d'un nĂ©goce trĂšs actif et trĂšs Ă©tendu, des peaux aux esclaves en passant par l'or. Marmo et AlvarĂšs GomĂšs en rendent tĂ©moignage. « L'ivoire, les dĂ©pouilles d'autruche, les peaux de bƓuf tannĂ©es, la poudre d'or, les cĂ©rĂ©ales Ă©taient d'inĂ©puisables sources de richesses pour les habitants, qui excellaient aussi dans la fabrication des Ă©toffes de laine et dans celle des armes blanches. Les VĂ©nitiens, les Pisans, les GĂ©nois, les Marseillais et les Catalans achetaient Ă  l'envi ces produits, Ă©coulant en Ă©change des Ă©toffes, des verroteries, de la quincaillerie grossiĂšre et du fer. » Oran comptait 6000 maisons, des mosquĂ©es splendides, de vastes entrepĂŽts commerciaux[27]. Plusieurs Ă©difices remarquables datent de cette Ă©poque, c'est le cas des fortifications de Mers El KĂ©bir et probablement des donjons du Rozalcazar.

Au XIVe siÚcle Oran devient un centre intellectuel[26]. Plusieurs écrivains y séjournent et en vantent les attraits :

  • « Oran est supĂ©rieure Ă  toutes les autres villes par son commerce. C'est le paradis des malheureux. Celui qui arrive pauvre dans ses murs en repart riche » Ibn Khaldoun[28].
  • « Wahran est prĂšs du bord de la mer, elle fait face Ă  AlmĂ©ria sur la cĂŽte d'Andalousie dont elle est sĂ©parĂ©e par deux journĂ©es de navigation. Marsa El KĂ©bir est un port sans pareil sur tous les rivages de la BerbĂ©rie. Les navires d'Andalousie y viennent souvent. On trouve Ă  Wahran, des fruits Ă  profusion. Ses habitants sont des hommes d'action, puissants et fiers » Al Idrissi[29].
  • « Les deux villes frontiĂšres qui m'ont plu dans le Maghreb sont Oran de Khazer et Alger de Bologhine ». Ibn KhĂ©mis[30] - [31]
  • « Oran est une grande citĂ© bien fournie d'Ă©difices et de toutes sortes de choses qui sont sĂ©antes Ă  une bonne citĂ©, comme collĂšges, hĂŽpitaux, bains publics et hĂŽtellerie, la ville Ă©tant ceinte par ailleurs de belles et hautes murailles ».LĂ©on l'Africain[30]

En 1492, à la suite du décret de l'Alhambra, des Juifs (Marranes) expulsés d'Espagne embarquent dans 25 navires au port de Santa Maria à Cadix, à destination d'Oran[21].

À partir de 1493, Oran accueillit un nombre important de rĂ©fugiĂ©s grenadins chassĂ©s par la Reconquista. L'envie de vengeance, de reconquĂȘte, et le grand nombre de rĂ©fugiĂ©s feront de la cĂŽte algĂ©rienne le point de dĂ©part d'un grand nombre d'attaques contre l'Espagne chrĂ©tienne. Au dĂ©but du XVIe siĂšcle, les Rois Catholiques au sommet de leur puissance, ordonneront en retour l'annexion de nombreux ports d'AlgĂ©rie. L'appui militaire ottoman chassera les Espagnols de tous les ports conquis, Ă  l'exception d'un : Oran[32].

Présence portugaise

Henri-LĂ©on Fey, dans son ouvrage "Histoire d'Oran avant, pendant et aprĂšs la domination espagnole" (1858), fait Ă©tat de deux phases d'occupation portugaise de la ville au XVe siĂšcle: de 1415 Ă  1437 et de 1471 Ă  1477. Il donne comme justificatif Ă  la conquĂȘte d'Oran la nĂ©cessitĂ© dans laquelle se trouvaient les rois du Portugal de lutter contre la piraterie des Maures. Mais ses affirmations ne reposent sur aucune source. Et pis encore, ni LĂ©on l'Africain dans son rĂ©cit "Historiale description de l'Afrique" (1556), ni Luys del Marmol y Carvajal dans son Ă©tude "Description gĂ©nĂ©rale de l'Afrique" (1667) ne mentionnent une quelconque occupation portugaise. La question est demeurĂ©e controversĂ©e. Si le chroniqueur algĂ©rien Abderrhamane Djilali a soutenu sans faille en 1980 la version de Fey, l'historien français Alfred Salinas dans son livre "Oran la Joyeuse" (2004) porte au contraire un jugement mitigĂ©. En revanche, ce qui ne fait l'objet d'aucune contestation, c'est l'Ă©tablissement Ă  Oran de 1483 Ă  1487 d'une factorerie portugaise, sorte de comptoir jouissant de privilĂšges commerciaux. Robert Ricard en a dĂ©crit le fonctionnement dans un fascicule publiĂ© en 1939 et repris en 1955 dans ses "Études sur l'histoire des Portugais au Maroc" (UniversitĂ© de CoĂŻmbra, p. 193-205). Le pĂšre jĂ©suite Joseph-François Lafitau, auteur au XVIe siĂšcle d'une "Histoire des dĂ©couvertes et conquĂȘtes des Portugais dans le nouveau monde", donne d'ailleurs du crĂ©dit Ă  cette prĂ©sence lorsqu'il relate les activitĂ©s en 1499 d'un Maure "natif du royaume de Tunis" qui "savait fort bien la langue des Espagnols et avait connu les Portugais Ă  Oran" (Livre II, p. 105). Une contribution trĂšs rĂ©cente, puisqu'elle date seulement de juillet 2011, apporte un Ă©clairage supplĂ©mentaire. Elle Ă©mane de l'universitaire algĂ©rien Abdelkader Fkair (de Khemis Miliana) qui, dans son article "Les relations algĂ©ro-portugaises pendant la pĂ©riode ottomane" (History Studies, Vol. 3/2, 2011, p. 233-246), signale les deux pĂ©riodes d'occupation portugaise au XVe siĂšcle.

PĂ©riode espagnole

Nous sommes au début du XVIe siÚcle. Au mois de juillet 1501, bien avant les Espagnols, les Portugais lancent une expédition pour tenter d'accoster sur la plage des Andalouses.

Il faudra attendre le dĂ©barquement de Mers-el-KĂ©bir, en 1505, pour voir l'Espagne s'engager dans la premiĂšre expĂ©dition organisĂ©e contre Oran. La citĂ© comptait alors 6 000 feux, soit environ 25 000 habitants. La prise de la ville par l'armĂ©e du cardinal espagnol qui Ă©tait plutĂŽt castillan Francisco JimĂ©nez de Cisneros commandĂ©e par Pedro Navarro, eut lieu le . AprĂšs l’occupation du port de Mers-el-KĂ©bir (1505), et celui de la ville d’Oran (1506), la ville fut dĂ©sertĂ©e, puis totalement occupĂ©e par les troupes espagnoles. « C'est la plus belle ville au monde », s'Ă©cria en 1509 le cardinal JimĂ©nez de Cisneros aprĂšs avoir vu Oran la Joyeuse qu'il venait d'annexer par les armes Ă  la couronne des Rois Catholiques[33]. DĂšs cette mĂȘme annĂ©e, le Cardinal entreprit de construire sur les ruines de la mosquĂ©e Ibn El Beitar l'Ă©glise Saint-Louis, qui domine la vieille ville des deux cĂŽtĂ©s.

En 1554, le gouverneur comte d'Alcaudete fit alliance avec le sultan marocain Mohammed ech-Cheikh contre les Turcs alors installés à Alger, et parvint à maintenir encore la présence espagnole.

Les Espagnols procédÚrent à des travaux de restauration de la forteresse destinée à loger les gouverneurs de la ville. « Les fortifications de la place se composaient d'une enceinte continue, surmontée de fortes tours espacées entre elles, du chùteau proprement dit, ou casbah ». Le gouverneur espagnol « établira son quartier général dans ce donjon[34] ». Longues de plus de deux kilomÚtres et demi, ces fortifications comprenaient de nombreux forts, bastions et tours-vigies.

Au XVIe siĂšcle, les Espagnols font ainsi d’Oran une place forte et construisent une prison sur un Ă©peron rocheux prĂšs de la rade de Mers El Kebir. Ce lieu Ă©tait peuplĂ© par de nombreux singes (los monos en espagnol) qui donnĂšrent son nom Ă  la forteresse. Les dĂ©portĂ©s espagnols enfermĂ©s Ă  La Mona pouvaient apercevoir leur famille une fois par an, le dimanche de PĂąques. La mona Ă©tait le nom du gĂąteau qu’emportaient avec eux les pĂšlerins Ă  la Vierge et les visiteurs au Murdjajo.

En 1563, Don Álvarez de BazĂĄn y Silva, marquis de Santa-Cruz, fit construire au sommet du pic de l'AĂŻdour (Murdjadjo) le fort de Santa-Cruz qui porte son nom : les Espagnols nommaient auparavant ce lieu la silla (la selle)[35], et le plateau qui lui donne suite la meseta[36], alors que les Turcs l'ont nommĂ© Murdjadjo[37]. En 1568, Don Juan d’Autriche visita Mers-el-KĂ©bir puis Oran.

DĂ©barquement des Morisques au port d'Oran (1613, Vicente Mestre), FundaciĂłn Bancaja de Valencia

À partir de 1609, Ă  la suite du dĂ©cret d'expulsion des Morisques, plusieurs vagues de Morisques vont dĂ©barquer Ă  Oran. Certains s'Ă©tablirent aux alentours de la ville (Misserghin, les Andalouses, El Ançor, Bousfer, Krystel, etc.), d'autres se dirigĂšrent vers des villes telles que Tlemcen, Nedroma, Mostaganem, Blida, Alger, etc.[38].

Les Juifs d’Oran, considĂ©rĂ©s comme des ennemis de la religion, n’eurent pas la vie facile avec les Espagnols. Les Juifs qui habitaient Ras El Ain et le Ravin Blanc furent expulsĂ©s hors d’Oran par les Espagnols Ă  partir de 1669 et durent habiter la montagne de La Corniche SupĂ©rieure (Misserghin).

Lampe nasride pillée d'une mosquée d'Oran par les Espagnols

MalgrĂ© ces fortifications, la ville Ă©tait l'objet d'incessantes attaques jusqu'au pied mĂȘme des remparts. En 1701, Le Rozalcazar, ou Bordj Lahmar, ou encore ChĂąteau Neuf, Ă©tait considĂ©rĂ© comme la plus grande des fortifications de la ville d’Oran. C'est ainsi qu'en 1707, Moulay IsmaĂŻl, sultan du Maroc ayant tentĂ© d'en forcer la dĂ©fense, vit son armĂ©e dĂ©cimĂ©e. La ville dĂšs lors, connaĂźt une croissance continue : il lui faut gagner de l'espace et de l'air au-delĂ  des remparts. La dĂ©molition des murailles est menĂ©e Ă  bien sur plusieurs annĂ©es. C'Ă©tait en ce moment-lĂ , les Espagnols coincĂ©s, s'enferment Ă  l’intĂ©rieur du fort, par manque de ravitaillement ils se nourrissent pour la premiĂšre fois de la calentica. Ainsi de 1708 Ă  1732, la ville redevient pratiquement dĂ©serte. Et enfin en 1790, un tremblement de terre toucha complĂštement la ville et un incendie dĂ©vora le reste. Les terribles ravages du tremblement de terre sont considĂ©rĂ©s comme l’une des causes du dĂ©part dĂ©finitif des Espagnols d’Oran et de Mers-el-KĂ©bir. En 1770, Oran est une ville de 532 maisons particuliĂšres et 42 Ă©difices, une population de 2 317 bourgeois et 2 821 dĂ©portĂ©s libres se livrent au nĂ©goce.

Sous le roi d’Espagne, Charles III, partisans de la conservation de la ville et de son abandon s’affrontent. Entre 1780 et 1783, le ministre Floridablanca proposa Ă  l’Angleterre d’échanger Oran contre Gibraltar.

PĂ©riode ottomane

Blason de l'Empire ottoman.

La domination espagnole avait connu une éclipse de 1708 à 1732 : chassés par le Bey Algérien Mustapha Ben Youssef (dit Bouchelaghem) le fondateur de la ville de Mascara s'empare d'Oran, seule la victoire de l'armada du duc de Montemar à Aïn-el-Turck leur permit de chasser les Algériens. Sous leur domination, les exilés juifs avaient pu regagner la ville, ils durent repartir pour Tlemcen aprÚs 1732.

Le mois d'octobre 1790 plongea la ville dans la dĂ©solation et dans le deuil. Dans la nuit du 8 au 9, un violent sĂ©isme fit plus de trois mille victimes en moins de sept minutes. À la suite de ce terrible Ă©vĂšnement, le roi d'Espagne Charles IV ne vit plus l'intĂ©rĂȘt d'occuper Oran, qui devenait de plus en plus onĂ©reuse et pĂ©rilleuse; il entama des discussions, qui durĂšrent plus d'une annĂ©e, avec le Bey d'Alger. Un traitĂ© est signĂ© le . AprĂšs un long siĂšge et un nouveau tremblement de terre qui dĂ©sorganisa les dĂ©fenses espagnoles, le bey Mohamed Ben Othman, dit Mohamed El KĂ©bir, prit possession d'Oran le [39]. Le , il accorda diverses faveurs aux juifs pour qu’ils se rĂ©installent Ă  Oran. Jusqu'en 1830, les beys firent d'Oran leur capitale au dĂ©triment de Mascara. En 1793 fut achevĂ©e la mosquĂ©e du Bey Mohamed el KĂ©bir, qui a servi de MĂ©dersa dite de Kheng en Nitah et de cimetiĂšre familial au bey. En 1793 le bey ottoman appelĂ© le borgne, fit Ă©difier le mausolĂ©e (Goubba) du saint patron de la ville au nom de Cadi Boulahbal, dans la vieille ville (Casbah) ce quartier qui porte le nom de l'imam Sidi El Houari El Maghraoui (appartient Ă  des fractions de la tribu BerbĂšres Maghraouas). En 1794, des pĂšlerins venus de la Mecque apportĂšrent une nouvelle Ă©pidĂ©mie de peste et la ville redevint pratiquement dĂ©serte.

En 1796, la MosquĂ©e du Pacha, nommĂ©e en l'honneur d'Hassan Pacha, dey d'Alger, est construite par les Turcs avec l'argent provenant du rachat des prisonniers espagnols, aprĂšs le dĂ©part dĂ©finitif de ces derniers. Le premier imam de la mosquĂ©e, Sidi Mohamed Es-Senni Al Mahaji fut l’un des conseillers du bey d’Oran et exerçait comme inspecteur principal sous le rĂšgne du bey Mohamed El KĂšbir. AprĂšs le dĂ©part des Espagnols, Oran resta trente-neuf annĂ©es sous autoritĂ© turque.

La colonisation française

Armoiries de la ville d'Oran pendant l'administration française.
Plan d'Oran peu aprĂšs la conquĂȘte

La prise de possession de la ville d'Oran par les Français ne fit pas parler la poudre, mais elle mit plus de temps qu'Ă  Alger pour ĂȘtre officielle. AprĂšs la prise d'Alger le , le vieux Bey d'Oran Hassan fait ses offres de soumission. Le capitaine de Bourmont, fils du gĂ©nĂ©ral en chef de l'expĂ©dition d'Alger, est chargĂ© de recevoir son serment[40]. Comme les Arabes d'Oranie s'agitent, espĂ©rant recouvrer leur indĂ©pendance, et pressent fort le Bey Hassan dans sa capitale, il sollicite du capitaine de Bourmont l'appui de troupes françaises, promettant de remettre les forts. Pendant ces pourparlers, le capitaine Le Blanc, commandant du brick Le Dragon prend sur lui de mettre Ă  terre une centaine de marins qui s'emparent du fort de Mers-el-Kebir, sans opposition des Turcs de la garnison. Le capitaine de Bourmont repart Ă  Alger informer son pĂšre. Le marĂ©chal de Bourmont fait alors partir Ă  Oran le 21° de ligne, 50 sapeurs et deux obusiers de montagne. Partie le 6 aoĂ»t, cette petite troupe est rappelĂ©e le 14 Ă  Alger Ă  peine arrivĂ©e, en raison de l'abdication du roi Charles X. Les troupes françaises abandonnent le fort de Mers-el-Kebir aprĂšs avoir fait sauter le front du cĂŽtĂ© de la mer[41].

La situation du beylick devient inquiĂ©tante, le sultan du Maroc manifestant des convoitises sur l'ouest de l'ancienne RĂ©gence. À cette nouvelle, Clauzel, qui avait remplacĂ© Bourmont Ă  Alger, envoie le colonel DamrĂ©mont et le 20e de ligne, qui occupent le fort de Mers-el-Kebir le , et quelques jours plus tard le fort Saint-GrĂ©goire.

C'est dans une citĂ© en grande partie dĂ©truite, Ă  la suite du violent tremblement de terre qu'a connu la ville, peuplĂ©e de 2 750 Ăąmes, qu'entrent les Français commandĂ©s par le comte Denys de DamrĂ©mont, le . Le vieux bey d'Oran, dĂ©barrassĂ© de sa charge, s'embarque quelques jours plus tard pour Alger, puis pour Alexandrie. Ce retard de DamrĂ©mont pour entrer dans la ville s'explique par les pourparlers secrets que Clauzel avait engagĂ©s avec le Bey de Tunis pour installer dans le beylick d'Oran un prince de sa famille, moyennant reconnaissance de vasselage Ă  la France et le paiement d'un tribut annuel garanti par le Bey de Tunis. Le khalifa du prince tunisien Sidi Ahmed arrive quelques jours plus tard avec 200 Tunisiens environ. Cet Ă©pisode tunisien dure peu, en raison du refus du gouvernement français d'entĂ©riner les traitĂ©s passĂ©s par Clauzel, qui dĂ©missionne[42]. Les Tunisiens quittent Oran le . La France dĂ©cide dĂšs lors d'occuper par elle-mĂȘme Oran, et envoie un lieutenant-gĂ©nĂ©ral pour manifester cette dĂ©termination, le gĂ©nĂ©ral Boyer, qui y arrive Ă  la mi-septembre. L'administration française s'installe dĂšs lors et commence, comme il se doit, par des mesures fiscales : un arrĂȘtĂ© du 7 septembre 1831 applique Ă  Oran les droits de douane et d'octroi pratiquĂ©s Ă  Alger[43].

En septembre, le gĂ©nĂ©ral BerthezĂšne nomme Ă  Oran, avec les mĂȘmes attributions, M. Pujol, capitaine de cavalerie en retraite, blessĂ© Ă  la main droite sous l'Empire. L’une des premiĂšres mesures de l’administration militaire française fut de faire raser toutes les habitations et autres masures qui masquaient les vues du cote de l’est, entre ChĂąteau Neuf et le Fort Saint Philippe. On fit de mĂȘme, par la suite, pour tous les gourbis qui, du cote du Ras El Ain, pouvaient favoriser des embuscades et permettre Ă  des assaillants de se glisser jusqu’aux remparts de la ville.

HĂŽtel de ville

À partir du 17 avril 1832, des combats sporadiques Ă©clatent entre les troupes de la garnison, sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Boyer et la population locale commandĂ©s par Mahi el Din et son fils Abd el-Kader. Le 11 novembre une attaque de grande envergure est repoussĂ©e par la garnison commandĂ©e par le chef de bataillon Cros Avenas. Des tribus de la rĂ©gion de Mascara proclament Abd El Kader, fils de Mahi el Din, sultan des Arabes Ă  24 ans; il dirige le soulĂšvement contre la conquĂȘte coloniale française.

L’Ɠuvre de Abd El Kader commence en 1834 avec le traitĂ© Desmichels. Le 14 novembre, l'Émir Abdelkader signe ce traitĂ© avec Desmichel, qui reconnaĂźt son autoritĂ© sur l'ouest de l'AlgĂ©rie, sauf Oran, Mostaganem et Arzew. Le , le gĂ©nĂ©ral Thomas Robert Bugeaud, dĂ©barque Ă  Oran pour nĂ©gocier un nouveau traitĂ© (le TraitĂ© de Tafna), qui reconnaĂźt son titre d’Émir et son autoritĂ© sur la majeure partie des provinces d’Alger et d’Oran. Abd El Kader ne se borne pas Ă  rassembler des terres, Ă  grouper des territoires pour asseoir sa puissance politique, il va les unifier administrativement dans un sens aristocratique et Ă©galitaire pour unir les populations contre les Français, Ă  l’automne 1839.

En 1841, le gĂ©nĂ©ral LamoriciĂšre voulut dĂ©barrasser les abords de la place KlĂ©ber des habitations citadins, car la vieille ville Ă©tait considĂ©rĂ©e comme un quartier europĂ©en. Il fixa alors cette masse flottante originaire des citadins des banlieues. Le gĂ©nĂ©ral LamoriciĂšre crĂ©a en 1845 le premier quartier d’Oran, principalement habitĂ© par des Ă©trangers, des proscrits, des renĂ©gats, des bohĂ©miens et en particulier les hommes de couleur, Ce fut le village des ‘’Djalis’’ ou des â€˜â€™Ă©trangers’’, que l’on appellera par la suite, assez improprement d’ailleurs’’village-nĂšgre’’. C’est en 1880 que les citadins des banlieues ont habitĂ© le quartier de nouveau. Le quartier est devenu M’dina-Jdida (ville nouvelle). Ce village a constituĂ© le principal centre d'agglomĂ©ration des musulmans algĂ©riens dans la ville d'Oran. L'annĂ©e 1847 voit l'arrivĂ©e de 47 300 Français qui Ă©taient venus d'Alsace, des Vosges, du DauphinĂ© et du sud de la France, en mĂȘme temps que 31 000 Espagnols, 8 800 Maltais, 8 200 Italiens et 8 600 Suisses et Allemands. L'annĂ©e 1849 est marquĂ©e par une Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra qui frappe et dĂ©cime la population d’Oran. Du 11 octobre au , 1 817 dĂ©cĂšs ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s Ă  l’état-civil d’Oran Ă  la suite de l'Ă©pidĂ©mie. Dix ans plus tard (1859) arrivent les juifs de TĂ©touan.

Plan d'Oran en 1927

L'empereur NapolĂ©on III sĂ©journa en 1865 Ă  l'HĂŽtel de la Paix, l’un des plus grands hĂŽtels de la ville[44]. Il offre la nationalitĂ© française aux Juifs et Musulmans, ainsi qu'aux Ă©trangers justifiant de trois annĂ©es de rĂ©sidence en AlgĂ©rie[45]. Ce dĂ©cret est trĂšs mal vu des colons et ce n'est que le que le dĂ©cret CrĂ©mieux va effectivement permettre Ă  37 000 Juifs d'AlgĂ©rie de passer du statut de sujet français Ă  celui de citoyen français. L'annĂ©e suivante verra la montĂ©e de l’antijudaĂŻsme Ă  Oran, sous diffĂ©rentes formes : Ă  travers les Ă©lections, les journaux, etc. En 1890, Oran, Ă  l'Ă©troit Ă  l'intĂ©rieur de ses remparts, commence Ă  grimper vers Karguentah. Peu Ă  peu, la ville sort de ses limites et de nombreux faubourgs se crĂ©ent : Saint-Antoine, Eckmuhl, Boulanger, Delmonte, Saint-Michel, Miramar, Saint-Pierre, Saint-EugĂšne, Gambetta. Deux ans plus tard, dans les jardins de l’orphelinat de Misserghin, le frĂšre ClĂ©ment va sĂ©lectionner un nouvel agrume, sans pĂ©pin. La clĂ©mentine est nĂ©e. Elle recevra son nom officiel en 1902 par la sociĂ©tĂ© algĂ©roise d’agriculture.

Au dĂ©but du XXe siĂšcle, Oran vit une croissance continue depuis plusieurs annĂ©es. En 1930, le port d’Oran dĂ©passe en tonnage celui d’Alger. Entre 1930 et 1932, plusieurs records mondiaux de durĂ©e et de distance en circuit fermĂ© sont Ă©tablis sur l'aĂ©rodrome d'Es Senia. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Mers el KĂ©bir est l'une des scĂšnes d'affrontement. Le , la flotte française de l’Atlantique basĂ©e Ă  Mers el KĂ©bir, est bombardĂ©e par la flotte britannique, en provenance de Gibraltar, entraĂźnant la perte de trois cuirassĂ©s : le Dunkerque, le Provence et le Bretagne. 1 200 marins pĂ©rissent. Le 6 juillet la marine française dĂ©plore 1 297 morts ou disparus et 351 blessĂ©s. Les soldats reposent au cimetiĂšre marin de Mers El-KĂ©bir. Le , Oran capitule. Le commandant en chef des troupes amĂ©ricaines Ă©tait le gĂ©nĂ©ral Eisenhower, futur prĂ©sident des États-Unis. Le mĂȘme mois, les AmĂ©ricains dĂ©barquent dans la baie, point de dĂ©part de la victorieuse campagne d’Italie. Le , le tout nouveau cuirassĂ© de 50 000 tonnes ‘’Iowa’’, portant Ă  son bord le prĂ©sident Roosevelt se rendant aux confĂ©rences du Caire et de TĂ©hĂ©ran, accoste Ă  Mers El-KĂ©bir, probablement le seul port de l’Afrique du Nord susceptible d’accueillir rapidement Ă  la jetĂ©e nord, bord Ă  quai, un tel navire. De lĂ , Roosevelt gagne l’aĂ©rodrome de Es Senia dans sa voiture prĂ©sidentielle (voir Alfred Salinas, "Les AmĂ©ricains en AlgĂ©rie 1942-1945", L'Harmattan, 2013, chapitre 10 "Roosevelt en Oranie (20 novembre 1943)", p. 343-360)

Place d'armes

En 1943, le cafĂ© El-Widad est crĂ©Ă© par un groupe de militants nationalistes en plein centre-ville europĂ©en. Cet Ă©tablissement jouera un important rĂŽle dans le dĂ©veloppement du patriotisme algĂ©rien. Au fil du temps, il devient un centre de regroupement des diffĂ©rentes tendances reprĂ©sentatives des partis de l'Ă©poque. AprĂšs les Massacres de SĂ©tif et Guelma le 8 mai 1945, des familles oranaises adoptent des orphelins venus de l’est du pays.

Oran est dĂ©mographiquement la ville la plus europĂ©enne de l'AlgĂ©rie ; c'est aussi celle oĂč la population d'origine espagnole a la plus forte prĂ©pondĂ©rance numĂ©rique. En 1948, la ville compte 352 721 habitants. La population oranaise originaire d'Espagne est estimĂ©e Ă  65 % du total des EuropĂ©ens, eux-mĂȘmes plus nombreux que les musulmans[46].

Mars 1949, dans un hĂŽtel d’Oran « HĂŽtel de Paris » Ahmed Ben Bella, Hocine AĂŻt Ahmed deux responsables de l'os du PPA en compagnie de Hamou Boutlelis prĂ©parent le cambriolage de la poste d’Oran, le casse leur rapporte 3 070 000 francs. Cet argent sera le dĂ©but du trĂ©sor de guerre du FLN.

Le port d'Oran: historique

La maison Bacri-Busnach qui avait obtenu le monopole du commerce des cĂ©rĂ©ales dans toute la RĂ©gence, Ă©tend son privilĂšge au port d’Oran en 1801.

Le port d’Oran est une crĂ©ation moderne[47]. Sa construction commença par des travaux entrepris tardivement par les Espagnols Ă  la veille de leur dĂ©part dĂ©finitif d’Oran en 1792. À l’arrivĂ©e des Français en 1831, tout Ă©tait Ă  refaire, pour doter une ville naturellement appelĂ©e Ă  redevenir, comme au temps des Zianides, la porte d'entrĂ©e et le dĂ©bouchĂ© de l'AlgĂ©rie Occidentale[48]. Il Ă©tait clair que, tĂŽt ou tard, on serait amenĂ© Ă  la doter d’un Ă©tablissement maritime proportionnel Ă  son importance commerciale. Les premiers travaux d’envergure commencĂšrent en 1848 et ne finiront qu’en 1962 pour donner l’aspect actuel du port.

Quelques bateaux Ă  voiles dans le port. La tranche de travaux de 1906 Ă  1920 semble en cours. Au premier plan, la premiĂšre chapelle de Santa Cruz.

Le mouillage d'Oran était précaire (Mers el-Sgheir, le petit port, opposé à Mers el-Kebir, le grand port), comme le note déjà El Edrissi au XIIe siÚcle[49].

C'est seulement en 1736 que les Espagnols se prĂ©occupĂšrent de crĂ©er un abri aux embarcations qui faisaient la navette entre Oran et Mers el Kebir. Ils Ă©tablirent une jetĂ©e enracinĂ©e un peu au sud du fort de La Mona; une premiĂšre fois dĂ©truite par la mer en 1738 alors que 42 m en avaient Ă©tĂ© construits, elle fut mal entretenue par les Turcs, et s'Ă©tant affaissĂ©e elle formait en 1833 une sĂ©rie d'Ă©cueils sous le niveau de la mer. Les Espagnols avaient complĂ©tĂ© leur ouvrage d'un quai nord-sud prenant appui Ă  la racine de la jetĂ©e, et un autre perpendiculaire (futur quai Ste-Marie) qui seul subsistait en 1837.

Ces Ă©quipements consolidĂ©s et complĂ©tĂ©s par un Ă©pi de 1844 Ă  1864 formĂšrent le premier port d'Oran, actuel "Vieux Port", vite jugĂ© insuffisant et d'ailleurs inaccessible aux navires de gros tonnage. Il fut donc complĂ©tĂ© Ă  partir de 1858 sur les projets de l'ingĂ©nieur Aucour et formait en 1876 un parallĂ©logramme d'environ 30 ha ouvert Ă  l'est, qui enfermait l'ancien port dans son angle Sud-Ouest. Une nouvelle tranche de travaux, de 1906 Ă  1920, comportant 1 280 m de jetĂ©e, 15 ha supplĂ©mentaires de bassin, et 6 ha de terre-plein, fut jugĂ©e insuffisante avant mĂȘme son achĂšvement. En son dernier dĂ©veloppement, le port comportait avant 1950, une jetĂ©e au large de km, un avant-port de 45 ha (fonds de -10 Ă  −30 m), un bassin de 16 ha (fonds de −10,4 m Ă  −12 m), un bassin de 14 ha (fonds de −7,4 m) et les bassins anciens d'environ 29 ha, des quais se dĂ©veloppant sur km, et 40 ha de terre-plein gagnĂ©s principalement par le comblement de l'ancienne baie Ste-ThĂ©rĂšse[50].

Guerre d'Algérie

Le marque le début de la guerre d'Algérie. Larbi Ben M'Hidi commande la wilaya V qui englobe toute l'Oranie. Il laisse le commandement de cette wilaya à Abdelhafid Boussouf au début de l'année 1957[51]. Ahmed Zabana fut désigné en tant que responsable de la zone de Zahana (Saint-Lucien) dans la banlieue d'Oran, il est chargé de préparer la Révolution avec le nécessaire en hommes et munitions[52]. le se déroule la bataille de Ghar Boudjelida à El Gaada, au cours de laquelle Ahmed Zabana fut capturé aprÚs avoir été atteint de deux balles. Il est incarcéré à la prison d'Oran, puis transféré vers la prison Barberousse (Serkadji). Il sera jugé sommairement et condamné à mort à la guillotine le 19 juin 1956. Il est le premier condamné à mort de la guerre d'Algérie[53]. Deux ans plus, Cheriet Ali Chérif est le dernier chahid exécuté à la guillotine.

Le , visite du gĂ©nĂ©ral de Gaulle Ă  Oran. La mĂȘme annĂ©e, l'inauguration du stade municipal baptisĂ© Henri Fouques-Duparc (appelĂ© par la suite stade 19 juin, et aujourd’hui rebaptisĂ© stade Ahmed-Zabana) oppose le Real Madrid champion d’Europe au stade de Reims champion de France.

Indépendance

Armoiries de la ville d'Oran aprĂšs l’indĂ©pendance.

Le , alors que toute l'AlgĂ©rie fĂȘte son indĂ©pendance, un drame se dĂ©roule Ă  Oran, c'est le Massacre du 5 juillet 1962.

La France a sollicité la location de la base navale de Mers El-Kébir et des annexes militaires pour 15 ans.

À partir de 1963, les juifs Ă  Oran commencent Ă  rejoindre soit la France ou IsraĂ«l.

Le , Oran abrite le match amical du siĂšcle opposant l'AlgĂ©rie au BrĂ©sil, jouĂ© au Stade Ahmed-Zabana devant 60 000 spectateurs. Ahmed Ben Bella, le premier PrĂ©sident de la rĂ©publique algĂ©rienne, et ancien joueur de l'Olympique de Marseille, est prĂ©sent.

Durant les annĂ©es 70 l’industrie pĂ©troliĂšre s’est installĂ©e Ă  Arzew. Les autoritĂ©s de l'Ă©poque dĂ©tournent le barrage de Tafna vers la zone industrielle et le port d’Arzew situĂ© Ă  50 km de la ville d’Oran pour assurer les exportations de pĂ©trole et de gaz, privant la capitale de l'Ouest algĂ©rien d'une grande quantitĂ© d'eau douce. DĂ©but des annĂ©es 80, les autoritĂ©s ont dĂ©moli illĂ©galement le quartier de La CalĂšre (La Calaira en espagnol). Ce fut un quartier situĂ© au pied du Djebel Murdjajo et construit par les Espagnols tout au long de leur prĂ©sence Ă  Oran. C'Ă©tait un ancien quartier de pĂȘcheurs au centre historique et patrimoniales d’Oran, il Ă©tait considĂ©rĂ© comme le plus ancien quartier d’El Bahia.

Le dĂ©but des annĂ©es 90 affiche une vie politique dominĂ©e par les conservateurs religieux. La victoire du FIS en dĂ©cembre 1991 au premier tour des Ă©lections lĂ©gislatives, et l'annulation du scrutin au lendemain, mĂšnera Ă  des manifestations politiques de toutes tendances Ă  Oran et toute l'AlgĂ©rie. À partir de 1992, une longue pĂ©riode de violences dĂ©butera, elle oppose l'État aux ultra-conservateurs religieux constituĂ©s en groupes armĂ©s. Oran est relativement prĂ©servĂ©e des violences qui dĂ©chirent le pays, bien qu'elle verra certains de ses fils tuĂ©s Ă  cause de l'intolĂ©rance. Le , Abdelkader Alloula, considĂ©rĂ© dans tout le Maghreb comme l'un des plus populaires dramaturges meurt assassinĂ© par des terroristes. Le 29 septembre de la mĂȘme annĂ©e, Cheb Hasni, Roi du RaĂŻ, est assassinĂ© par des terroristes.

Notes et références

  1. « Géographie et climat d'Algérie »,
  2. la vie des Touaregs
  3. Oran, Histoire d'une ville, Houari Chaila, Publié par EDIK, 2002, 2e édition. (ISBN 9961-31-006-3), p. 97
  4. Yann Le Bohec, Bilan des recherches sur le judaïsme au Maghreb dans l'Antiquité
  5. J.Lassus - Le site de Saint Leu Portus Magnus (Oran) - 1956 - dans Comptes-rendus des séances de l'académie des inscriptions et belles lettres. p. 285 Lire en ligne
  6. (en) Edward Lipinski, Itineraria Phoenicia, Peeters publisher, 2004, p. 411 et suiv. Lire en ligne
  7. Marmol y Carvajal, Luis del (1520?-1600). L'Afrique de Marmol de la traduction de Nicolas Perrot, sieur d'Ablancourt... avec l'Histoire des chĂ©rifs, traduite de l'espagnol de Diego TorrĂšs par le duc d'AngoulĂȘme le pĂšre, revue et retouchĂ©e par P. R. A. [Pierre Richelet]. Paris 1667. tome II, p. 362-363
  8. Oran la joyeuse, Alfred Salinas, Publié par L'Harmattan, 2004. (ISBN 2-7475-6585-8), p. 98, Et Mgr Toulotte Géographie de l'Afrique chrétienne -Montreuil sur Mer 1894-Lire en ligne p. 84 & 85
  9. Mireille Attias, [http://<%20http://www.cerclealgerianiste.asso.fr/contenu/afn300.htm> « <L’HISTOIRE DES JUIFS A ORAN DE L’ANTIQUITÉ A NOS JOURS> »], sur Cerclealgerianiste.asso.fr (consultĂ© le )
  10. Oran la joyeuse, Alfred Salinas, Publié par L'Harmattan, 2004. (ISBN 2-7475-6585-8), p. 98
  11. Antoien Carillo "AĂŻn-TĂ©mouchent Ă  travers l'histoire" -Ed.Plaza, Oran 1954 - p. 65 Ă  69
  12. Mgr Toulotte -Géographie de l'Afrique chrétienne- Montreuil sur Mer 1894 -
  13. Oran la joyeuse: mémoires franco-andalouses d'une ville d'Algérie Par Alfred Salinas p. 35
  14. Oran la joyeuse : mémoires franco-andalouses d'une ville d'Algérie Par Alfred Salinas, p. 39
  15. (ar) El Bekri (trad. Mac Guckin de Slane), Description de l'Afrique septentrionale, IMPRIMERIE IMPÉRIALE, (1re Ă©d. 1859) (lire en ligne), p. 166, p. 166
  16. Oran et Mers el Kébir: vestiges du passé espagnol Par Louis Abadie, page 8
  17. Oran info créé par Racem
  18. Ibn Khaldoun, Histoire des BerbĂšres
  19. Description de l'Afrique septentrionale, par El Bekri - Traduction Mac Guckin de Slane - Paris 1859 - p. 167
  20. voir Ibn Khaldoun, Histoire des BerbĂšres, partie Zianides, p. 1040, Ă©dition Berti, Alger 2003
  21. Oran, Histoire d'une ville, Houari Chaila, Publié par EDIK, 2002, 2e édition. (ISBN 9961-31-006-3), p. 91
  22. Oran la joyeuse, Alfred Salinas, Publié par L'Harmattan, 2004. (ISBN 2-7475-6585-8), p. 44
  23. Al Idrissi (1100/1165) : « La ville d'Oran, situĂ©e dans le voisinage de la mer, est entourĂ©e d'un mur de terre construit avec art. On y trouve de grands bazars, beaucoup de fabriques ; le commerce y est florissant. Elle est situĂ©e vis-Ă -vis d'Almeria, sur la cĂŽte d'Espagne, dont un intervalle de 2 journĂ©es de navigation la sĂ©pare. C'est d'Oran qu'on tire en grande partie les approvisionnements du littoral de l'Espagne. Aux portes de la ville est un port trop peu considĂ©rable pour offrir quelque sĂ©curitĂ© aux navires ; mais Ă  2 milles de lĂ , il en existe un plus grand, al‑MarsĂą al‑KabĂźr, oĂč mĂȘme les plus grands vaisseaux peuvent mouiller en toute sĂ»retĂ©, protĂ©gĂ©s contre tous les vents ; il n'en est pas de meilleur ni de plus vaste sur toute la cĂŽte du pays des Berbers. Quant Ă  la ville d'Oran, ses habitants boivent de l'eau d'une riviĂšre qui y vient de l'intĂ©rieur du pays, et dont les rives sont couvertes de jardins et de vergers. On y trouve des fruits en abondance, du miel, du beurre, de la crĂšme et du bĂ©tail, tout Ă  trĂšs bon marchĂ©; les navires espagnols se succĂšdent sans interruption dans ses ports. Les habitants de cette ville se distinguent par leur activitĂ© et par leur fiertĂ©. » Traduction de la version courte Lire en ligne § 84
  24. Oran et Mers el Kébir, Louis Abadie, Publié par Jaques Gandini, 2002. (ISBN 2-906431-53-2), p. 9
  25. Oran-bel horizon
  26. Description d'Oran et de sa région
  27. « Nom de domaine www.oran-belhorizon.com », sur oran-belhorizon.com (consulté le ).
  28. Site de l'association Bel Horizon
  29. R.Basset, o.c., p. 14.
  30. (es) Arrivée des Andalous et des Morisques en Algérie
  31. Oran la joyeuse, Alfred Salinas, Publié par L'Harmattan, 2004. (ISBN 2-7475-6585-8), p. 118
  32. Oran et les témoins de son passé: récits historiques et anecdotiques, avec un plan de la ville Par EugÚne Cruck. Publié par, 1959
  33. MĂ©moire de don Joseph Vallejo, traduit par Jean Cazenave, Revue Africaine 1925,Note 2, p. 335
  34. Note dĂ©jĂ  citĂ©e au mĂ©moire de Vallejo; plan et description d'Oran -SĂ©ville 1732- reproduit planche XXXVI de Histoire de l'AlgĂ©rie en images, par Gabriel Esquer -Alger 1930; vue d'Oran au XVIIIe siĂšcle, BN Madrid, reproduite planche XXXVIII du mĂȘme ouvrage; description d'Oran par Shaw, Tome I p. 32-33
  35. Note déjà citée au mémoire de Vallejo; nom de Bordj el Merjeja donné par Shaw en 1730 au fort de Santa Cruz dans un dessin de sa main conservé à la BNF
  36. (es) Arrivée des Andalous et des Morisques en Algérie
  37. Mémoires de la Congrégation de la Mission, vol. 3, Paris, Congrégation de la Mission, (présentation en ligne)
  38. Henri-Jean-François-Edmond Pellissier de Reynaud - Annales AlgĂ©riennes - Nouvelle Ă©dition de 1854 - Paris - tome 1- page 104 . Lire en ligne. Pellissier de Reynaud, Ă  ne pas confondre avec PĂ©lissier duc de Malakoff, fut officier d'Ă©tat-major, puis directeur des affaires arabes, en AlgĂ©rie de 1830 Ă  1842. Il participa au dĂ©barquement de Sidi-Ferruch. Son tĂ©moignage, favorable Ă  la conquĂȘte, est aussi empreint d'esprit critique.
  39. "Annales", opus cité p. 108-109
  40. "Annales", opus cité p. 157 à 160
  41. "Annales", opus citép.212 et 214
  42. Houari Chaila, Oran, Histoire d'une ville, Publié par EDIK, 2002, 2e édition. (ISBN 9961-31-006-3), p. 21
  43. Français, Juifs, Musulmans... en Algérie de 1830 à 1962
  44. Oran, étude de géographie et d'histoire urbaines Augustin Bernard Annales de Géographie Année 1939 Volume 48 Numéro 274 p. 412-415
  45. Houari Chaila, Oran, Histoire d'une ville, Publié par EDIK, 2002, 2e édition. (ISBN 9961-31-006-3), p. 16
  46. "la ville d'Oran est un port trop peu considĂ©rable pour offrir quelque sĂ©curitĂ© aux navires ; mais Ă  deux miles de lĂ , il en existe un plus grand, Mers-el-KĂ©bir, oĂč mĂȘme les plus grands vaisseaux peuvent mouiller en toute sĂ©curitĂ©, protĂ©gĂ©s contre les vents "
  47. "Le livre d'or de l'Oranie" Ed. l'Afrique du Nord illustrée - 1925 synthÚse des pages 90à 93
  48. http://www.algerian-history.info/benmhidi3.htm
  49. http://www.zoom-algerie.com/algerie-45-Ahmed-Zabana.html
  50. La France et son passé colonial

Port et front de mer
Port et front de mer

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