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Tahert

Tahert ou Tihert est une ancienne ville d'Afrique du Nord, capitale de la dynastie des Rostémides (777-909), située au centre de l'Algérie.

Tahert
Localisation
Pays Drapeau de l'Algérie Algérie
wilaya Tiaret
commune Tagdemt
Protection Secteur classé au patrimoine algérien
CoordonnĂ©es 35° 20â€Č 08″ nord, 1° 13â€Č 38″ est
Géolocalisation sur la carte : Algérie
(Voir situation sur carte : Algérie)
Tahert
Tahert
Histoire
Époque mĂ©diĂ©vale islamique

Son emplacement se situe sur le territoire de l'actuelle commune de Tagdemt (wilaya de Tiaret) à quelques kilomÚtres à l'ouest de Tiaret et au sud-est d'Oran. Elle pourrait correspondre au site d'une ancienne cité romaine appelée Tingartia.

Toponymie

Tahert est une forme dĂ©rivĂ©e d'un nom de souche berbĂšre qui veut dire « lionne »[1]. Selon les sources ibadites, le site de la ville Ă©tait occupĂ© par une grande forĂȘt habitĂ©e par des lions[2]

Histoire

Antiquité

En ce qui concerne Tingartia, localitĂ© d'origine ancienne, utilisĂ©e par les Romains jusqu'Ă  l'Ă©poque byzantine, et pourvue d'un Ă©vĂȘchĂ© au Ve siĂšcle, il n'existe pas de preuves tangibles qu'elle se trouvait Ă  cet endroit[3].

Il existe toutefois des traces d'occupation romaine à partir du début du IIIe siÚcle (une inscription de 211[3]), avec un fort, qui se développe jusqu'à l'invasion vandale. On relÚve aussi des traces de la présence chrétienne datant du Ve siÚcle.

En 533, les Byzantins de BĂ©lisaire, ayant reconquis la province d'Afrique, reprennent possession de la rĂ©gion, mais en dĂ©lĂ©gant l'autoritĂ© Ă  des chefs de tribus berbĂšres. Il existait dans la rĂ©gion, un royaume qui perdura peut-ĂȘtre jusqu'au dĂ©but de la conquĂȘte musulmane[4].

Les débuts de la période musulmane

La citĂ© romaine est dĂ©truite en 681 lors de la conquĂȘte musulmane du Maghreb. De nouveaux arrivants, BerbĂšres comme les prĂ©cĂ©dents occupants, auraient rebĂąti sur ses ruines, une ville nommĂ©e Tahert.

Tahert l'ancienne, devait exister au moment oĂč Ibn Rostom vint s'installer dans la rĂ©gion puisque des monnaies, trouvĂ©es Ă  Volubilis, mais frappĂ©es dans la ville, mentionnent le nom d'un gouverneur de la ville, dĂ©pendant de Bagdad[4]. Selon la tradition ibadite, le site Ă©tait un repaire de bĂȘtes sauvages[4].

Puis, en 761, le gouverneur de Kairouan, l'ibadite Abder Rahman Ben Rostem, chassĂ© par les Abbassides, se rĂ©fugie dans la rĂ©gion avec ses fidĂšles, et ayant obtenu le soutien des habitants y fonde « Tahert-la-Neuve Â» (Tahert al-Jadida[5]), la premiĂšre Tahert devenant alors « Tahert-la-Vieille Â» (Tahert al-Qadima).

La période des Rostémides

Fulus (piÚce de monnaie en bronze) rostémide frappée au nom du souverain Abd el Wahab à Tahert (168 à 208 du calendrier hégirien soit 184 à 284)[6]

Tahert devient la capitale de la dynastie des Rostémides[7].

Tahert devient une riche cité commerçante située sur l'itinéraire trans-maghrébin est-ouest, dans une zone de contact entre le Tell et les éleveurs et nomades des Hauts plateaux et du sud[8]. On échangeait : le blé, les textiles, les laines, les moutons, les dattes, les abricots et les dromadaires[8].

Elle est Ă©galement un relais capital du commerce transsaharien par lequel transitait l’or et les esclaves d'Afrique noire, venus du Sud du Sahara vers d’autres parties du monde musulman[9]. Tahert serait mĂȘme, Ă  partir du VIIIe siĂšcle, la premiĂšre citĂ© du Nord Ă  entreprendre les deux mois de traversĂ©e du dĂ©sert, devenant un port saharien florissant[10].

Tahert Ă©tait une citĂ© religieuse mais cosmopolite qui attirait des commerçants et des rĂ©fugiĂ©s de l’Orient. Elle Ă©tait un grand foyer de rayonnement culturel, ses bibliothĂšques renfermaient des milliers d'ouvrages d'exĂ©gĂšse coranique, de mĂ©decine et d’astronomie[11].

La destruction par les Fatimides

En 909, elle est ruinĂ©e par l’attaque des berbĂšres montagnards Kutama, alliĂ©s au dĂą`i fatimide Abu Abd Allah ach-Chi'i. La ville est dĂ©truite et ses habitants sont massacrĂ©s ou exilĂ©s[12]. Les rĂ©fugiĂ©s fuient dans le dĂ©sert, ils s'Ă©tablissent Ă  Sedrata prĂšs d'Ouargla. Puis, ils atteignent le Mzab[13].

Sous les Fatimides, Tahert devient le chef-lieu d'une vaste province englobant le littoral situé entre TénÚs et Oran et s'étendant sur un territoire investi par les ZénÚtes dans l'arriÚre-pays. Un gouverneur est installé qui allait peu aprÚs subir des attaques menées des Maghraouas. En 910, la ville est reprise à la suite d'une grande expédition[14].

Urbanisme

Ruines du site Tahert-Tagdemt.

Le site de Tahert se trouve Ă  plus de mille mĂštres d'altitude ; il bĂ©nĂ©ficie de pluies abondantes et est traversĂ© par deux cours d’eau[7]. Tahert disposait de ressources hydriques suffisantes pour le dĂ©veloppement de vergers et de cultures maraĂźchĂšres prospĂšres[9]. Les souverains RostĂ©mides ont Ă©difiĂ© des bĂątiments agricoles et ont organisĂ© l'irrigation[7].

L'urbanisme de Tahert est caractérisé par son aspect éclaté. La ville est constituée par la juxtaposition de quartiers communautaires : habitants originaires de Kairouan, Koufa ou Bassora, chrétiens ou tribaux et était dominée par une citadelle[9]. Le centre-ville était situé autour de la mosquée cathédrale construite par Ibn Rostom. Une citadelle surplombait le marché principal. La ville était entourée d'un rempart percé de plusieurs portes dont Bab al-Safa, Bab al-Manazil (porte des Logements), Bab al-Andalus et Bab al-Matahin (porte des Moulins)[4]. Al Muqadassi et Ibn Saghir donnent certains noms de quartiers et de rues : Darb al-Maçuna, Darb Harat el-Faqir, Darb al-Bassatin et Bab Majjana[4].

Le site archéologique : Tahert-Tagdemt

Il subsiste actuellement des vestiges d'Ă©poque RostĂ©mide, ainsi que de l'Ă©poque de l’Émir Abd el-Kader (en 1836, l'Émir choisit le site de Tagdemt pour crĂ©er la nouvelle capitale de son État, Ă  la place de Mascara).

Le site est riche en vestiges. Des piÚces de monnaie antiques mais également de l'outillage lithique remontant à la Préhistoire ont été trouvés[4]. Ces vestiges sont l'objet d'une protection officielle depuis le [15].

Notes et références

  1. Jonas Löfström et Betina Schnabel-Le Corre, Challenges in synchronic toponymy : Défis de la toponymie synchronique : Structure, Context and Use : Structures, contextes et usages, Narr Francke Attempto Verlag, , 372 p. (ISBN 978-3-7720-5479-2, lire en ligne)
  2. Mohand-Akli Haddadou, Dictionnaire toponymique et historique de l'AlgĂ©rie, Tizi Ouzou, Éditions Achab, (ISBN 978-9947-9-7225-0), p. 520
  3. Cadenat, 1960.
  4. Khelifa Abderrahmane. L'urbanisation dans l'Algérie médiévale. In: Antiquités africaines, 40-41,2004. pp. 279-280, DOI.
  5. Dans son article, Lewicki indique que cette formulation apparaĂźt chez plusieurs historiens arabes (Lewicki, 1962, p. 514).
  6. Ludovic Liétard, « Two Rustamid Fulus struck in Tiharat and Tilimsin », Journal of the Oriental Numismatic Society, n°220, pp. 20-22, Summer 2014.
  7. Gilbert Meynier, L’AlgĂ©rie, cƓur du Maghreb classique : De l’ouverture islamo-arabe au repli (698-1518), Paris, La DĂ©couverte, , 358 p. (ISBN 978-2-7071-5231-2), p. 29
  8. Gilbert Meynier, L’AlgĂ©rie, cƓur du Maghreb classique..., op. cit., p. 30.
  9. Les Rustamides (761-909), sur le site qantara patrimoine méditerranéen.
  10. François-Xavier Fauvelle-Aymar, Le rhinocĂ©ros d'or : Histoires du Moyen Âge africain, Alma Ă©diteur, , 320 p. (ISBN 978-2-36279-045-4 et 2-36279-045-2), p. 69.
  11. Gilbert Meynier, 2010, p. 31.
  12. Gilbert Meynier, L’AlgĂ©rie, cƓur du Maghreb classique..., op. cit., p. 32.
  13. C. Agabi, « Ibadites », in EncyclopĂ©die berbĂšre, 23 | Hiempsal – Icosium En ligne, mis en ligne le 01 juin 2011, consultĂ© le 24 novembre 2012.
  14. Allaoua Amara, « Les Fatimides et le Maghreb central : littoralisation de la dynastie et modes de contrĂŽle des territoires », Revue des mondes musulmans et de la MĂ©diterranĂ©e, no 139,‎ , p. 107–126 (ISSN 0997-1327, DOI 10.4000/remmm.9460, lire en ligne, consultĂ© le )
  15. Cf. Site de la Wilaya

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

Articles connexes


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