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Gouvernance environnementale

L’environnement et les ressources naturelles doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des biens communs mondiaux, qui appartiennent aux catĂ©gories spĂ©cifiques des biens non manufacturĂ©s qui, lorsqu’ils sont partagĂ©s, peuvent ĂȘtre soit divisĂ©s soit dĂ©truits[1]. Le caractĂšre mondial de ces biens dĂ©coule de l’appartenance de chacun des Ă©lĂ©ments qui le composent Ă  un systĂšme intĂ©grĂ©. Chacun peut profiter de l’atmosphĂšre, du climat et de la biodiversitĂ© (entre autres) et, en mĂȘme temps, la planĂšte tout entiĂšre souffre des effets dramatiques du rĂ©chauffement global, de la rĂ©duction de la couche d'ozone ou de l’extinction des espĂšces. Cette dimension planĂ©taire incite Ă  une gestion partagĂ©e.

Un bien public se caractĂ©rise par sa non-rivalitĂ© (une ressource naturelle consommĂ©e par une personne peut toujours l’ĂȘtre par une autre) et par une non-exclusivitĂ© (il est impossible d’empĂȘcher quelqu’un de consommer ce bien). On reconnaĂźt Ă©galement qu’un bien public est bĂ©nĂ©fique et qu’il bĂ©nĂ©ficie, par voie de consĂ©quence, de l’attribution d’une certaine valeur. La notion de bien commun mondial Ă©tablit la distinction suivante : il s’agit de biens nĂ©cessaires Ă  la vie et qui dĂšs lors ne doivent pas ĂȘtre contrĂŽlĂ©s par une seule personne ou un seul État.

Le caractĂšre de non-rivalitĂ© du bien requiert donc une gestion qui ne soit ni compĂ©titive ni dĂ©prĂ©datrice, comme l’est celle du marchĂ© libre, qui conduirait Ă  son extinction, et il contraint parallĂšlement Ă  accorder une valeur Ă©conomique Ă  la ressource en question, car sa gratuitĂ© conduirait au mĂȘme rĂ©sultat. L’eau est peut-ĂȘtre le meilleur exemple de ce type de biens.

L’état actuel de la situation en matiĂšre de gouvernance environnementale est cependant loin de respecter un ou plusieurs de ces impĂ©ratifs[2]. Face Ă  la nĂ©cessitĂ© de rĂ©pondre au caractĂšre complexe de la problĂ©matique environnementale, il est indispensable de mettre en place une gestion multilatĂ©rale cohĂ©rente entre tous les acteurs concernĂ©s. Or, jusqu’ici, la communautĂ© mondiale a Ă©tĂ© incapable de relever ce dĂ©fi et la gouvernance actuelle est la proie de nombreux flĂ©aux. Ainsi, malgrĂ© la prise de conscience croissante autour des questions environnementales dans les pays dĂ©veloppĂ©s et en voie de dĂ©veloppement, la dĂ©gradation de l’environnement se poursuit et de nouveaux problĂšmes environnementaux apparaissent. Tout cela est dĂ» Ă  l’état critique dans lequel se trouve la gouvernance environnementale mondiale. Cette derniĂšre est incapable de traiter de maniĂšre adĂ©quate les problĂšmes environnementaux Ă  cause de diffĂ©rents facteurs : la gouvernance fragmentĂ©e au sein des Nations unies, le manque d’implication de la part des institutions financiĂšres, la prolifĂ©ration d’accords environnementaux qui entrent souvent en conflit avec des mesures commerciales (il existe plus de 300 traitĂ©s internationaux multilatĂ©raux et environ 900 traitĂ©s internationaux bilatĂ©raux[3]). AjoutĂ©s Ă  tout cela, la division entre les pays du Nord et l’abĂźme persistant entre les pays dĂ©veloppĂ©s et les pays en voie de dĂ©veloppement doivent ĂȘtre pris en compte pour comprendre l’échec institutionnel de l’actuelle gouvernance environnementale mondiale[4].

DĂ©finition

La gouvernance environnementale est l’ensemble des rĂšgles, des pratiques et des institutions qui entourent la gestion de l’environnement dans ses diffĂ©rentes modalitĂ©s (conservation, protection, exploitation des ressources naturelles, etc.)[5] ". Une autre dĂ©finition la dĂ©crit comme "l’ensemble des processus et institutions, aussi bien formels qu’informels, qui englobe des normes et des valeurs, des comportements et des modalitĂ©s organisatrices, autour desquels les citoyens, les organisations et les mouvements sociaux ainsi que les diffĂ©rents groupes d’intĂ©rĂȘts articulent leurs intĂ©rĂȘts, dĂ©fendent leurs diffĂ©rences et exercent leurs droits et obligations en matiĂšre d’accĂšs et d’utilisation des ressources naturelles[6].

À l’échelle internationale, la gouvernance environnementale mondiale est « la somme des organisations, des outils politiques, des mĂ©canismes financiers, des lois, des procĂ©dures et des normes qui rĂ©gulent les processus de protection environnementale mondiale[7] ».

Problématique

Croissance Ă©conomique

Le discours « dĂ©veloppementaliste » dominant dans la plupart des pays et des institutions internationales dĂ©fend une attitude de fuite en avant, selon laquelle le dĂ©veloppement de techniques plus avancĂ©es et d’économies d’échelle plus efficaces contribue Ă  protĂ©ger l’environnement contre la dĂ©gradation provoquĂ©e par ce mĂȘme dĂ©veloppement. Les Ă©conomistes environnementalistes rappellent toutefois la forte corrĂ©lation entre la croissance Ă©conomique et la dĂ©gradation environnementale, et proposent un dĂ©veloppement qualitatif comme alternative Ă  la croissance. Certaines voix, surtout dans le cadre du mouvement altermondialiste, Ă©voquent le passage Ă  un stade de dĂ©croissance, qui ne s’accompagnerait pas pour autant des pertes en matiĂšre d’efficacitĂ© sociale ou de qualitĂ© de vie.

Consommation

La croissance accĂ©lĂ©rĂ©e de la consommation et du « culte Ă  la consommation » ou de l’idĂ©ologie consumĂ©riste est en grande partie Ă  l’origine de la croissance Ă©conomique. Le « surdĂ©veloppement », considĂ©rĂ© comme la seule solution Ă  la pauvretĂ©, est devenu une fin en soi et les moyens de le freiner ne sont pas Ă  la hauteur des dĂ©fis. Ceux-ci ne se rĂ©sument pas Ă  l’augmentation des classes moyennes dans les pays Ă©mergents, mais concernent Ă©galement le dĂ©veloppement de modes de vie irresponsables, particuliĂšrement dans les pays du Nord (par exemple, l’augmentation de la taille et du nombre de rĂ©sidences et de vĂ©hicules par personne).

Destruction de la biodiversité

La complexitĂ© des Ă©cosystĂšmes est telle que la disparition de n’importe quelle espĂšce peut s’accompagner d’effets inattendus. Ainsi, plus l’impact sur la biodiversitĂ© est important, plus nombreux sont les risques d’une rĂ©action en chaĂźne d’effets nĂ©gatifs imprĂ©vus, mĂȘme si certains Ă©cosystĂšmes ont montrĂ© une Ă©norme capacitĂ© de rĂ©sistance et d’adaptation. Les environnementalistes dĂ©fendent donc le principe de prĂ©caution, selon lequel toutes les activitĂ©s potentiellement prĂ©judiciables doivent ĂȘtre soumises Ă  une analyse de leur impact environnemental.

Population

Les prĂ©visions moyennes prĂ©voient 8,9 milliards d’habitants dans le monde en 2050, ce qui reprĂ©sente une augmentation de 41 %. Le sujet touche en premier lieu les pays les moins dĂ©veloppĂ©s, mais Ă©galement les pays du Nord, car bien que leur croissance dĂ©mographique soit moindre, l’impact environnemental par personne est beaucoup plus Ă©levĂ© dans ces pays. Comme alternative Ă  la croissance dĂ©mographique, il convient de dĂ©velopper l’éducation, la planification familiale et d’amĂ©liorer sur un plan plus gĂ©nĂ©ral le statut de la femme.

Crises et défis de la gouvernance environnementale

La crise due au caractĂšre accĂ©lĂ©rĂ© et probablement irrĂ©versible de l’impact des activitĂ©s humaines sur la nature requiert des rĂ©ponses collectives de la part des institutions internationales, des gouvernements et des citoyens. La gouvernance, comprise comme la gestion plurielle de politiques et d’acteurs sociaux et environnementaux, prĂ©tend rĂ©pondre Ă  cette crise en mettant en commun l’expĂ©rience et les connaissances de chacune des institutions et de chacun des agents sociaux concernĂ©s.

L’ampleur et la gravitĂ© croissantes des problĂšmes environnementaux dus au changement climatique, Ă  la diminution de la diversitĂ© biologique et Ă  la dĂ©gradation des Ă©cosystĂšmes menacent d’étouffer toute rĂ©ponse potentielle de la part des diffĂ©rents acteurs et limitent dĂ©jĂ  les perspectives de dĂ©veloppement Ă©conomique dans de nombreux pays et rĂ©gions. Les mesures de protection de l'environnement sont encore trĂšs insuffisantes dĂšs lors qu’on les confronte aux alertes lancĂ©es par la communautĂ© scientifique. Ces rĂ©formes constituent un lent processus qui exige du temps, de l’énergie, de l’argent et surtout d’abondantes nĂ©gociations diplomatiques. Et la grave crise environnementale n’a pas Ă©tĂ© capable de susciter des rĂ©ponses communes de la part de tous les pays. Des divisions demeurent, qui ralentissent la possibilitĂ© d’une gouvernance environnementale mondiale bien organisĂ©e[8].

Il s’agit de savoir s’il est nĂ©cessaire ou non de trouver une alternative au systĂšme de production actuel pour sortir de la crise environnementale. Ce systĂšme dispose-t-il de solutions ? La biotechnologie et le dĂ©veloppement durable peuvent-ils ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des solutions ? L’architecture des ensembles internationaux de protection de l’environnement reflĂšte ce dĂ©bat. Rio de Janeiro, La Haye, Nairobi, Stockholm, MontrĂ©al, Kyoto, Johannesburg, CarthagĂšne, Bali... ont vu dĂ©filer tous les acteurs internationaux de l’environnement ainsi que tous les États affectĂ©s ou concernĂ©s d’une maniĂšre ou d’une autre par la crise environnementale. Ces confĂ©rences et ces accords, ainsi que les modalitĂ©s qui en dĂ©coulent, reflĂštent les relations de pouvoir qui se sont instaurĂ©es au sein d’une multitude d’intĂ©rĂȘts et de conceptions contradictoires.

Force est de constater toutefois que la nature ignore les barriĂšres sociales et politiques et que certains facteurs de transformation environnementale, tels que la contamination ou le changement climatique, ne connaissent ni frontiĂšres, ni États, ni affectations thĂ©matiques exclusives. La dimension globale de la crise rĂ©duit Ă  nĂ©ant les effets de toute mesure adoptĂ©e de maniĂšre unilatĂ©rale par un gouvernement ou par une institution sectorielle, indĂ©pendamment de son pouvoir, que celui-ci soit faible ou important. Ainsi s’impose la nĂ©cessitĂ© d’inventer et d’appliquer des mĂ©canismes permanents de coopĂ©ration intersectorielle du point de vue holistique de la durabilitĂ©, entre acteurs et institutions qui se consacrent Ă  l’environnement, mais aussi entre ces acteurs et institutions et ceux et celles qui s’intĂ©ressent au commerce international, au dĂ©veloppement durable, Ă  la paix, etc.

Il faut Ă©galement se pencher sur la question des Ă©chelles de gestion. Au-delĂ  de l’État-nation, les Ă©chelles continentale et mondiale d’un cĂŽtĂ©, et l’échelle locale de l’autre, reprĂ©sentent des pĂŽles fondamentaux du dĂ©veloppement de la gouvernance environnementale, mĂȘme si une prĂ©occupation majeure demeure, qui est de parvenir Ă  ce que les Ă©chelles intermĂ©diaires (rĂ©gionale, nationale) deviennent les courroies de distribution effectives entre les initiatives locales et les dĂ©cisions globales.

On peut signaler différents obstacles et défis dans la gouvernance environnementale :

  • Il n’a pas Ă©tĂ© possible de freiner ni d’inverser la tendance Ă  la dĂ©gradation des ressources naturelles. Ainsi, Ă  l’échelle continentale et mondiale, « de nombreux accords multilatĂ©raux ont Ă©tĂ© signĂ©s et ratifiĂ©s au cours des trente derniĂšres annĂ©es, mais leur mise en place reprĂ©sente un sĂ©rieux problĂšme Ă  l’échelle nationale, rĂ©gionale et internationale, tandis que l’environnement poursuit son processus de dĂ©gradation[9] » ;
  • DiffĂ©rentes sources, dont certaines appartiennent au Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), considĂšrent le manque de volontĂ© politique comme Ă©tant Ă  l’origine de la crise de la gouvernance. En s’obstinant dans une absence de vĂ©ritable volontĂ© de rĂ©soudre les problĂšmes environnementaux et de dĂ©velopper une politique en faveur de l’utilisation durable des ressources de la Terre, la communautĂ© environnementale gĂ©nĂšre des consĂ©quences telles que le dĂ©ficit de financement, le dĂ©sĂ©quilibre et l’insuffisance d’entente avec l’économie, l’application restreinte des AME, etc. ;
  • Les ressources financiĂšres sont limitĂ©es et les investissements directs en faveur de l’environnement sont insuffisants. ConcrĂštement, bien que le PNUE, en tant que pilier du systĂšme des Nations unies sur les questions d’environnement, ait obtenu d’importants rĂ©sultats au cours de son mandat, l’absence de financement durable et stable l’empĂȘche de faire face aux nouvelles menaces ;
  • Les mĂ©thodes employĂ©es, qui Ă©taient dĂ©pourvues de toute coordination Ă  l’échelle mondiale, rĂ©gionale et nationale, ainsi que la multiplication et la fragmentation des mandats ont aggravĂ© la situation. La gouvernance environnementale actuelle se caractĂ©rise de fait par une faible intĂ©gration des politiques sectorielles, par des capacitĂ©s institutionnelles inadĂ©quates, par des prioritĂ©s mal dĂ©finies et par des objectifs opĂ©rationnels peu clairs. En d’autres termes, elle peut ĂȘtre qualifiĂ©e de mauvaise gouvernance ;
  • Ce manque de coordination ne se limite pas au systĂšme des Nations unies, il existe Ă©galement entre les gouvernements, dans le secteur privĂ© et au sein de la sociĂ©tĂ© civile. La coopĂ©ration Ă  l’échelle rĂ©gionale et internationale reste difficile, car elle s’appuie sur les initiatives ponctuelles des acteurs et n’est pas accompagnĂ©e d’une conception ou d’une rĂ©glementation communes ;
  • On reconnaĂźt de plus en plus que les problĂ©matiques environnementales sont liĂ©es non seulement au dĂ©veloppement et Ă  une croissance Ă©conomique durable, mais aussi au commerce, Ă  l’agriculture, Ă  la santĂ©, Ă  la paix et Ă  la sĂ©curitĂ©. Pourtant, il n’y a pas non plus de coopĂ©ration permanente entre les acteurs responsables de ces questions ;
  • ConcrĂštement, il existe un dĂ©sĂ©quilibre entre la gouvernance environnementale internationale et d’autres systĂšmes internationaux de commerce et de finance. Ainsi l’absence de volontĂ© politique a-t-elle empĂȘchĂ© l’intĂ©gration de la question environnementale dans l’espace majeur de la macroĂ©conomie, et particuliĂšrement au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), tandis que les forces du marchĂ© continuent de provoquer des distorsions qui accĂ©lĂšrent la dĂ©gradation de l’environnement et rendent difficile l’application des dĂ©cisions en matiĂšre d’environnement ;
  • En ce qui concerne le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), il est nĂ©cessaire que davantage de crĂ©dits soient octroyĂ©s aux organismes qui rĂ©alisent les projets financĂ©s par le Fonds. Il faut Ă©galement mettre en place une rĂ©gulation plus prĂ©cise et dĂ©velopper les relations entre le PNUE, le Programme des Nations unies pour le dĂ©veloppement (PNUD) et la Banque mondiale d’un cĂŽtĂ©, et les accords multilatĂ©raux sur l’environnement (AME) de l’autre ;
  • Les obligations souscrites en vertu des accords multilatĂ©raux sur l’environnement Ă  l’échelle nationale sont difficilement observables gĂ©nĂ©ralement en raison du manque de moyens financiers et humains. De nombreux gouvernements du Sud se sentent Ă©crasĂ©s par la prolifĂ©ration des normes requises pour la prĂ©sentation de rapports, par la fuite des experts techniques et par la multiplication des rĂ©unions internationales. Comme nous l’avons fait observer prĂ©cĂ©demment, cela se traduit par une application restreinte des accords multilatĂ©raux environnementaux (AME) ;
  • On n’intĂšgre ni la perspective de genre dans le traitement de la dĂ©gradation de l’environnement ni la question de l’équitĂ© ;
  • En dĂ©pit de la popularitĂ© de certaines questions liĂ©es Ă  la crise de l’environnement, les points relatifs Ă  l’organisation et aux dĂ©cisions en matiĂšre de gouvernance environnementale ne semblent pas avoir d’impact sur l’opinion publique[10] - [11] - [12].

« La gouvernance environnementale internationale, fragmentĂ©e et inefficace, fait l’objet de plusieurs dĂ©bats qui empĂȘchent d’arriver Ă  un consensus sur l’analyse des limites du systĂšme et de trouver la meilleure solution. Selon l’IDDRI, il existe un conflit entre deux visions : la critique du multilatĂ©ralisme au nom de l’efficacitĂ© et de la protection des intĂ©rĂȘts nationaux, et la promotion du droit international et du concept de biens publics globaux[13] ». En revanche, pour d’autres, la fragmentation apparente est provoquĂ©e par la complexitĂ© des problĂšmes liĂ©s Ă  l’environnement. Les gestionnaires de l’environnement doivent faire face, sans intervenir de maniĂšre spĂ©cifique, aux “ incertitudes scientifiques ” ainsi qu’aux incompatibilitĂ©s entre les ramifications Ă©thiques et les politiques dictĂ©es par le principe de prĂ©caution.

On peut observer que l’agenda 21 local s’est dĂ©roulĂ© dans plus de 7 000 communes et qu’il a Ă©tĂ© Ă  la fois le produit, mais aussi le catalyseur, de l’accroissement important d’une prise de conscience Ă©cologique au sein de la population au cours de ces derniĂšres annĂ©es, bien que ses retombĂ©es n’aient pas Ă©tĂ©, jusqu’à prĂ©sent, suffisamment importantes pour freiner l’impact de l’action humaine sur l’environnement[14].

On peut Ă©galement remarquer que les problĂšmes environnementaux ne requiĂšrent pas toujours des solutions Ă  l’échelle mondiale. Ainsi la pollution marine peut-elle ĂȘtre traitĂ©e Ă  l’échelle rĂ©gionale, et la dĂ©tĂ©rioration des Ă©cosystĂšmes Ă  l’échelle locale. Qui plus est, certains problĂšmes mondiaux, comme le changement climatique, peuvent Ă©galement bĂ©nĂ©ficier d’actions initiĂ©es Ă  l’échelle locale et rĂ©gionale[15].

En ce qui concerne l’évolution du processus de la gouvernance en soi, on peut nĂ©anmoins constater que « la durabilitĂ© et la protection de l'environnement sont un terrain sur lequel sont en train de se pratiquer des expĂ©riences novatrices avec de nouvelles formes hybrides et multilatĂ©rales de gouvernance, tandis qu’on assiste Ă©galement Ă  l’implication d’une sociĂ©tĂ© civile transnationale qui permet d’estomper le contraste entre public et privĂ©[16] ».

Dans les processus de prise de dĂ©cision Ă  l’échelon de la base, on peut notamment parler de gouvernance environnementale « participative » ou « dĂ©centralisĂ©e ». Autrement dit, il s’agit de modĂšles qui travaillent Ă  l’échelle locale selon des schĂ©mas multipartites de prise de dĂ©cision concertĂ©e, par exemple entre la sociĂ©tĂ© civile, les institutions publiques et les acteurs privĂ©s. La gouvernance environnementale dĂ©centralisĂ©e devient « un nouveau cadre institutionnel dans lequel les processus de prise de dĂ©cision sur l’accĂšs et l’utilisation des ressources naturelles ont tendance Ă  rester sur le plan local[17] ». Pour Pulgar Vidal, quatre Ă©lĂ©ments permettent de dĂ©velopper ces processus :

  • Les rĂšgles ou procĂ©dures formelles et informelles, comme les consultations, la dĂ©mocratie participative, etc. ;
  • L’interaction sociale entre les groupes participants, qui peut naĂźtre de facteurs externes, comme l’implication dans des programmes de dĂ©veloppement proposĂ©s par des institutions publiques ou comme la rĂ©action Ă  des situations injustes ;
  • La rĂ©gulation ou la correction de certains comportements sociaux afin de transformer une question privĂ©e en une affaire publique et d’ĂȘtre en mesure de nĂ©gocier collectivement une Ă©volution vers des accords durables et acceptables ;
  • L’horizontalitĂ© au niveau de la structure du groupe social des modalitĂ©s en matiĂšre de prise de dĂ©cision et des mĂ©canismes de relation avec des acteurs externes.

Selon le mĂȘme auteur, les conditions permettant Ă©galement de dĂ©velopper ces processus sont :

  • Un capital social comprenant la revalorisation de la connaissance locale sur les potentialitĂ©s des ressources naturelles, des leaderships locaux lĂ©gitimes, une vision commune basĂ©e sur des accords conclus dans des espaces de dialogue et de nĂ©gociation, l’éducation et la formation ;
  • Une participation et un accĂšs Ă  l’information : il s’agit d’assurer l’accĂšs dĂ©mocratique Ă  l’information et de garantir des processus de prise de dĂ©cision basĂ©s sur une information adĂ©quate et lĂ©gitime ;
  • La prĂ©sence de l’État : cela peut ĂȘtre Ă  l’échelle locale, comme gĂ©nĂ©rateur, promoteur, “ dynamiseur ” ou rĂ©cepteur d’un processus de gouvernance environnementale dĂ©centralisĂ©e, ou comme fournisseur d’accĂšs aux ressources naturelles, ou encore comme concepteur de politiques publiques ;
  • Une architecture institutionnelle : il est nĂ©cessaire de construire des mĂ©canismes informels participant Ă  une nouvelle architecture institutionnelle qui favorise le processus et crĂ©e des espaces pour l’interaction sociale et la crĂ©ation d’accords acceptables pour les diffĂ©rentes parties[18].

La lĂ©gitimitĂ© des dĂ©cisions adoptĂ©es dĂ©pend non seulement du taux de participation, important ou faible, de la population concernĂ©e, mais aussi de la reprĂ©sentativitĂ© des acteurs qui participent aux mĂ©canismes de concertation. Le problĂšme de la reprĂ©sentativitĂ© concerne aussi bien les Ă©chelles locales qu’intermĂ©diaires, et surtout les États. Ainsi, au niveau local, la participation de tous les acteurs (ONG, communautĂ©s, gouvernements locaux et ministĂšre de l’Environnement du pays, par exemple) contribue Ă  ce qu’un processus de gouvernance environnementale soit un succĂšs, tandis que l’exclusion de certains de ces acteurs rend sa rĂ©alisation plus difficile[19].

À l’échelle de l’État, dans les pays du Nord et dans tous ceux qui tentent de promouvoir une gouvernance avec des acteurs variĂ©s, la question de la gestion environnementale est propice Ă  la crĂ©ation de tables rondes et de comitĂ©s ad hoc. La gestion environnementale est en passe de devenir l’un des domaines, si ce n’est le domaine, dans lequel on innove le plus en matiĂšre de gouvernance. Cela a Ă©tĂ© rĂ©cemment le cas en France avec le Grenelle de l’environnement[20], puis la ConfĂ©rence environnementale sur le dĂ©veloppement durable des 14 et 15 septembre 2012. Dans ce processus :

  • DiffĂ©rents acteurs sont intĂ©grĂ©s : État, responsables politiques, syndicats, entreprises, associations et fondations de protection de l’environnement ;
  • Leur interaction s’organise avec les pouvoirs existants (lĂ©gislatif et exĂ©cutif) en tant qu’instances consultatives, mais non moins indispensables ;
  • Les acteurs du processus s’efforcent de s’implanter dans des institutions qui se consacrent Ă  d’autres questions, particuliĂšrement au sein du Conseil Ă©conomique et social, et de s’impliquer en tant que groupes de pression environnementaux dans les chambres de commerce, d’agriculture, d’arts et mĂ©tiers, etc., qui Ă  leur tour participent Ă  la crĂ©ation d’un modĂšle de gouvernance environnementale ;
  • Les acteurs tentent d’articuler leurs initiatives avec le dĂ©veloppement de la gestion de l’environnement Ă  l’échelle rĂ©gionale et locale.

Cela Ă©tant, le problĂšme de la reprĂ©sentativitĂ© reste fondamental et une Ă©lection dĂ©libĂ©rĂ©ment orientĂ©e plutĂŽt que transparente, Ă©quitable ou reprĂ©sentative des acteurs participant au processus de concertation, convoquĂ©e par un gouvernement ou une institution, peut produire des effets non dĂ©sirĂ©s du point de vue de la lĂ©gitimitĂ© du processus. Nous assistons au mĂȘme cas de figure pour les questions environnementales si celles-ci n’ont pas de rĂ©percussion sur l’agenda Ă©conomique Ă  travers une reprĂ©sentation adaptĂ©e dans les institutions chargĂ©es des affaires Ă©conomiques[21].

« Dans les pays du Sud, le principal obstacle Ă  l’intĂ©gration des niveaux intermĂ©diaires dans le processus d’articulation territoriale de la gouvernance environnementale est souvent l’inertie « dĂ©veloppementaliste », une attitude politique dominante de la part des États. La question de l’environnement n’est pas intĂ©grĂ©e de maniĂšre effective dans la planification et les agendas nationaux de dĂ©veloppement. Au contraire, l’idĂ©e la plus rĂ©pandue considĂšre que la protection de l’environnement freine le dĂ©veloppement Ă©conomique et social, cette idĂ©e Ă©tant encouragĂ©e par la frĂ©nĂ©sie exportatrice des matiĂšres premiĂšres extraites Ă  l’aide de mĂ©thodes qui dĂ©tĂ©riorent la nature, qui Ă©puisent les ressources et ne gĂ©nĂšrent pas de valeur ajoutĂ©e[22]. »

Face Ă  cette conception, les stratĂ©gies de prise de pouvoir des citoyens, encouragĂ©es par certains acteurs de la sociĂ©tĂ© civile (voir note prĂ©cĂ©dente) et parfois mĂȘme par les États, peuvent contribuer aussi bien Ă  l’allĂšgement de la pauvretĂ© qu’au dĂ©collage Ă©conomique grĂące au dĂ©veloppement durable.

Enjeux

Dette Ă©cologique et justice environnementale

Quatre siĂšcles de commerce triangulaire ont prĂ©levĂ© des hommes de l'Afrique de l'Ouest et freinĂ© son dĂ©veloppement. Ceci a systĂ©matisĂ© et dĂ©passĂ© la traite musulmane qui la prĂ©cĂ©dait. MĂȘme l'Ă©poque des empires coloniaux achevĂ©e, la gestion Ă©conomique instaurĂ©e par le discours du dĂ©veloppement[23] du prĂ©sident Truman de 1947 a transvaluĂ© l'exploitation pure et simple antĂ©rieure en un prĂ©lĂšvement post-colonial des ressources naturelles effectuĂ© par des compagnies transnationales traitant directement avec chaque État africain. À compter des annĂ©es 2000, l'avĂšnement de la Chine sur la scĂšne ne fait qu'ajouter un acteur au tableau d'ensemble.

Les peuples du monde entier voient leurs droits fondamentaux restreints du fait de la dĂ©tĂ©rioration de l’environnement. De ce point de vue, le droit Ă  un environnement propre et sĂ»r est un droit fondamental de l’Homme qui ne peut ĂȘtre niĂ© pour une question de race, de classe, d’ethnie ou de position occupĂ©e dans le systĂšme Ă©conomique mondial. Les dommages environnementaux et l’exploitation des ressources de la planĂšte par les pays industrialisĂ©s sont donc illĂ©gitimes et constituent une atteinte aux droits de l’Homme puisqu’elles dĂ©truisent les possibilitĂ©s de vie ou la qualitĂ© de vie d’autres peuples.

Le Nord est toujours en grande partie dĂ©pendant des pays du Sud pour maintenir son niveau de vie. Si les pays du Nord ne peuvent plus utiliser la terre pour faire paĂźtre leur bĂ©tail, ils ne pourront pas continuer Ă  se nourrir comme ils le faisaient jusqu’à prĂ©sent. C’est le mĂȘme problĂšme avec les fruits et lĂ©gumes. Il ne s’agit toutefois pas seulement de la distribution inĂ©gale de la terre cultivable dans le monde, mais Ă©galement des consĂ©quences et dĂ©gĂąts Ă©cologiques provoquĂ©s habituellement par la monoculture (agriculture d’exportation).

Il en est de mĂȘme pour l’approvisionnement Ă©nergĂ©tique (pĂ©trole, gaz naturel, uranium pour l’énergie nuclĂ©aire) que les pays du Nord obtiennent du Sud. Le problĂšme ne rĂ©side pas dans le fait que ces pays dĂ©pendent du Sud. S’ils pratiquaient des prix justes et laissaient les pays du Sud dĂ©cider de leurs ventes en fonction de leurs propres besoins, l’échange pourrait ĂȘtre positif. La dĂ©pendance mutuelle n’est pas mauvaise en soi. Mais le souci est que ce ne sont pas les pays du Sud qui fixent les prix des produits et qu’ils ne contrĂŽlent pas les conditions environnementales et sociales de l’exploitation de ces ressources. Pire encore, l’hĂ©misphĂšre Nord continue Ă  dominer l’économie mondiale (et donc les conditions tarifaires). En d’autres termes, l’époque coloniale n’est pas terminĂ©e. Cette page noire de l’Histoire n’est pas encore dĂ©finitivement tournĂ©e[24].

Détérioration du sol

Quel systĂšme de production agricole pour l'avenir ?

L'emploi de moyens mĂ©canisĂ©s de plus en plus puissants dans le labourage des terres agricoles fait "saigner la terre" ; conjuguĂ© Ă  l'Ă©pandage de fertilisants et pesticides sur plusieurs annĂ©es, cette mĂ©thode issue de la rĂ©volution verte promue par la reconversion de l'industrie chimique des explosifs de guerre Ă  l'issue du second conflit mondial a provoquĂ© la mort des micro-organismes[25] prĂ©sents dans le sol jusqu'aux vers de terre, ce qui est une cause de la rĂ©gression et dĂ©gradation des sols constatĂ©e dans les pays dĂ©veloppĂ©s. Au BrĂ©sil, JoĂŁo Pedro Stedile observe un effet autrement destructeur pour les sols avec la monoculture de l'huile de palme. Constatant cette dĂ©gradation, le couple d'agronomes français Lydia et Claude Bourguignon prĂ©conise[26] l'emploi du bois ramĂ©al fragmentĂ© pour rĂ©introduire l'humus, qui ne subsiste que dans les forĂȘts, mĂȘme sur un sol minĂ©ralisĂ© par le traitement industriel rĂ©pĂ©tĂ©.

La dĂ©tĂ©rioration du sol ou des terres est un processus anthropique qui affecte de maniĂšre nĂ©gative les capacitĂ©s de la terre Ă  accepter, stocker et recycler l’eau, l’énergie et les aliments et qui touche donc son fonctionnement au sein d’un Ă©cosystĂšme. Cette dĂ©tĂ©rioration a lieu lorsque le sol perd ses propriĂ©tĂ©s en raison d’une utilisation inadĂ©quate d’outillage ou de machines agricoles. Elle a toujours comme cause principale la plus visible la diminution de la production de la biomasse vĂ©gĂ©tale. En raison de l’agression perpĂ©trĂ©e contre la faune et la microflore, cette dĂ©gradation rend en outre difficile l’absorption de la matiĂšre organique dĂ©posĂ©e sur le sol.

La double consĂ©quence de la dĂ©tĂ©rioration du sol est d’une part, que l’enracinement des plantes et l’accĂšs aux Ă©lĂ©ments nutritifs sont de plus en plus malaisĂ©s, et d’autre part, que la quantitĂ© d’eau retenue par le sol diminue. Dans ces conditions, l’efficacitĂ© des engrais baisse, ce qui provoque l’utilisation de plus grandes quantitĂ©s d’engrais afin d’obtenir des productions identiques aux prĂ©cĂ©dentes. La hausse du coĂ»t des exploitations se traduit dans de nombreux cas par l’abandon de celles-ci, ce qui augmente le risque de dĂ©sertification des zones affectĂ©es.

La dĂ©tĂ©rioration des terres se solde par des baisses de la productivitĂ© agricole dans de nombreuses rĂ©gions du monde. Les causes de la dĂ©gradation sont essentiellement anthropiques et liĂ©es Ă  l’agriculture. Elles englobent la dĂ©forestation, la consommation des Ă©lĂ©ments nutritifs du sol par l’agriculture, l’urbanisation, l’irrigation et la pollution. Par ailleurs, il est important de prĂ©ciser que la dĂ©sertification est une dĂ©tĂ©rioration des terres qui a lieu dans des rĂ©gions arides, semi-arides et sub-humides du monde. Ces zones non irriguĂ©es couvrent 40 % de la superficie terrestre, ce qui met en danger plus d’un milliard d’habitants qui dĂ©pendent de ces terres pour survivre.

Le Cahier de Propositions de l’Alliance 21 "Sauver nos sols pour sauvegarder nos sociĂ©tĂ©s" propose plusieurs alternatives qui concernent les domaines suivants :

  • La rĂ©habilitation des sols dans l’éducation conventionnelle et dans l’éducation populaire ;
  • La protection lĂ©gale des sols par des lois basĂ©es sur des processus participatifs qui comprennent des reprĂ©sentants des autoritĂ©s, des utilisateurs, des scientifiques et de la sociĂ©tĂ© civile ;
  • La mise en place de rĂšgles irrĂ©vocables parmi lesquelles une convention internationale sur l’utilisation durable des sols et la gestion des terres ;
  • La mise en place de mĂ©canismes et de politiques pour rĂ©ussir les mutations dans les diffĂ©rentes activitĂ©s en relation avec le sol afin de favoriser sa gestion durable ;
  • La mobilisation et l’organisation de la connaissance en matiĂšre de conservation et d’amĂ©lioration des sols ;
  • La crĂ©ation de fonds de solidaritĂ© Ă  l’échelle nationale et internationale pour la conservation, la restauration, l’amĂ©lioration et la construction des sols.

Gestion du changement climatique

Inondations dans le Var en France le . En juillet 2012, la rĂ©gion russe du KraĂŻ de Krasnodar reçoit en une nuit[27] l'Ă©quivalent pluviomĂ©trique de cinq mois de prĂ©cipitations, du jamais vu selon le gouverneur local. Le rĂ©chauffement climatique va accentuer les phĂ©nomĂšnes massifs et violents, mĂȘme dans les zones climatiques tempĂ©rĂ©es : celles qui connaissent la sĂšcheresse verront une ariditĂ© plus prononcĂ©e, et les zones oĂč il pleut verront des phĂ©nomĂšnes de ce type se multiplier. Ces informations figurent dans le quatriĂšme rapport du GIEC.

La thĂ©orie anthropogĂ©nique prĂ©voit que le rĂ©chauffement global se poursuivra si les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre (GES) continuent. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'Ă©volution du climat (GIEC) ou International Panel on Climate Change (IPCC) indique que « [...] la plupart des augmentations observĂ©es dans les tempĂ©ratures moyennes de la planĂšte depuis le milieu du XXe siĂšcle sont trĂšs probablement dues Ă  l’augmentation observĂ©e dans les concentrations des GES anthropogĂ©niques [28] ».

Étant donnĂ© ses effets potentiels sur la santĂ© humaine et sur l’économie ainsi que son impact sur l’environnement, le rĂ©chauffement global reste un sujet de grande prĂ©occupation. On a observĂ© les processus liĂ©s Ă  ce rĂ©chauffement, dont certaines consĂ©quences (notamment la diminution de la couche de glace, l’élĂ©vation du niveau des mers et les changements mĂ©tĂ©orologiques) peuvent influer sur les activitĂ©s humaines et les Ă©cosystĂšmes.

Le protocole de Kyoto a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© pour agir sur le changement climatique. Il s’agit d’un accord qui encourage la rĂ©duction des Ă©missions polluantes (principalement le CO2). Mais ce protocole a Ă©tĂ©, Ă  plusieurs occasions, qualifiĂ© d’injuste, car le dĂ©veloppement Ă©conomique s’accompagne traditionnellement d’une augmentation des Ă©missions. Son respect affecterait donc davantage les rĂ©gions les moins dĂ©veloppĂ©es. Le protocole de Kyoto a nĂ©anmoins mis en marche des principes lĂ©gaux de solidaritĂ© entre les États, comme celui d’un partage de la charge[29]. En , Ă  Bali (IndonĂ©sie), ont eu lieu la troisiĂšme rĂ©union de suivi ainsi que le XIIIe sommet sur le climat (CdP 13 ou CoP 13), axĂ© sur des questions liĂ©es Ă  l’intensification des mesures aprĂšs 2012. On est parvenu Ă  un accord sur un processus de deux ans (ou “ feuille de route de Bali ”), qui avait pour objectif de mettre en place pour la XVe confĂ©rence sur le changement climatique (appelĂ©e Ă©galement XVe sommet sur le climat, CdP 15 ou CoP 15), prĂ©vue en Ă  Copenhague (Danemark), un processus de nĂ©gociation du rĂ©gime de lutte contre changement climatique post-2012.

Force est de constater toutefois, deux dĂ©cennies aprĂšs le rapport Brundtland, qu’il n’y a aucune amĂ©lioration dans les indicateurs clĂ©s signalĂ©s dans ce document. Les Ă©missions de CO2 ont augmentĂ© de 35 % depuis 2000 (alors que le protocole de Kyoto a Ă©tĂ© signĂ© en 1997).

Une des alternatives les plus importantes pour tenter de rĂ©duire les effets du changement climatique Ă  moyen et Ă  long terme est la mise en place de vĂ©ritables politiques de “ dĂ©carbonisation ” des Ă©conomies. Il s’agit de remplacer massivement l’utilisation d’énergies Ă©mettrices de CO2 par des Ă©nergies renouvelables non polluantes appelĂ©es Ă©galement Ă©nergies “ propres ” (biomasse, Ă©nergie hydraulique, Ă©nergie solaire, Ă©nergie Ă©olienne, gĂ©othermie, Ă©nergie marĂ©motrice). Les sources d’énergie renouvelable diffĂšrent des combustibles fossiles ou des centrales nuclĂ©aires par leur diversitĂ© et leur abondance. On considĂšre que ces sources d’énergie (radiations solaires, vent, pluie, etc.) seront encore approvisionnĂ©es durant quatre mille millions d’annĂ©es. Le premier avantage prĂ©sentĂ© par certaines sources d’énergies renouvelables est qu’elles ne produisent ni gaz Ă  effet de serre ni d’autres Ă©missions, contrairement aux combustibles fossiles ou renouvelables. Certaines sources d’énergie renouvelable n’émettent pas de dioxyde de carbone additionnel, hormis les Ă©missions provoquĂ©es par la construction des structures ou par leur fonctionnement. Elles ne prĂ©sentent pas non plus de risque supplĂ©mentaire, comme c’est le cas pour le nuclĂ©aire.

Gestion de la biodiversité

La chasse au rhinocĂ©ros blanc Ă©tait prisĂ©e des safaris occidentaux sur la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle en Afrique orientale. De surcroĂźt, au Kenya et au Darfour, l'habitat naturel lui-mĂȘme des rhinocĂ©ros blancs du Nord se rĂ©duit Ă  portion congrue[30]. Cette situation survient dans le contexte d'une septiĂšme extinction massive des espĂšces animales.

Au cours du XXe siĂšcle, on a pu observer une accĂ©lĂ©ration croissante de la destruction de la biodiversitĂ©. Les estimations sur les proportions exactes de cette destruction sont variĂ©es : l’évaluation concernant la disparition journaliĂšre d’espĂšces varie de quelques espĂšces Ă  deux cents. Mais tous les scientifiques reconnaissent que la proportion actuelle d’extinction de certaines espĂšces est la plus importante de toute l’histoire de l’humanitĂ©. Dans le rĂšgne vĂ©gĂ©tal, on estime qu’environ 12,5 % des espĂšces connues sont menacĂ©es. Tout le monde s’accorde Ă  dire que les disparitions sont dues Ă  l’activitĂ© humaine, par le biais de la destruction directe de plantes ou d’habitat. Il existe Ă©galement une inquiĂ©tude croissante suscitĂ©e par l’introduction humaine d’espĂšces extĂ©rieures dans des habitats dĂ©terminĂ©s, ce qui modifie la chaĂźne trophique.

Pour faire face Ă  l’altĂ©ration de la biodiversitĂ© causĂ©e par les activitĂ©s humaines, la Convention sur la diversitĂ© biologique (CBD) a Ă©tĂ© signĂ©e Ă  Rio en 1992. Ses objectifs Ă©taient " la conservation de la biodiversitĂ©, l’utilisation durable de ses composants et le partage juste et Ă©quitable des bĂ©nĂ©fices rĂ©sultant de l’utilisation des ressources gĂ©nĂ©tiques ". La Convention est le premier accord global juste qui aborde tous les aspects de la diversitĂ© biologique : ressources gĂ©nĂ©tiques, espĂšces et Ă©cosystĂšmes. Elle reconnaĂźt pour la premiĂšre fois que la conservation de la diversitĂ© biologique est "une prĂ©occupation commune Ă  toute l’humanitĂ©" et qu’elle doit faire intĂ©gralement partie du processus de dĂ©veloppement. Pour atteindre ses objectifs, la Convention – conformĂ©ment Ă  l’esprit de la DĂ©claration de Rio sur l’environnement et le dĂ©veloppement – encourage constamment la collaboration entre pays. Ses dispositions sur la coopĂ©ration scientifique et technologique, sur l’accĂšs aux ressources gĂ©nĂ©tiques et sur le transfert de techniques saines pour l’environnement constituent la base de cette collaboration.

Gestion de l’eau

La potabilitĂ© de l'eau du delta du Niger est menacĂ©e par le dĂ©veloppement effrĂ©nĂ© de l'industrie pĂ©troliĂšre[31], ce qui a occasionnĂ© des rĂ©voltes ethniques, violemment rĂ©primĂ©es par les autoritĂ©s de l'État nigĂ©rian Ă  la fin des annĂ©es 1990[32]. Pour que la situation s'amĂ©liore, un accord de gouvernance a Ă©tĂ© proclamĂ© en 2004. Tout ceci ne reprĂ©sente qu'un prodrome face aux futures guerres de l'eau annoncĂ©es en raison du stress hydrique.

Le World Water Development Report (Rapport mondial sur le dĂ©veloppement de l’eau) de l’Unesco (2003) indique que dans les vingt prochaines annĂ©es, la quantitĂ© d’eau disponible diminuera de 30 %. De nos jours, 40 % des habitants de la planĂšte ne disposent pas de la quantitĂ© nĂ©cessaire Ă  une hygiĂšne minimale. En l’an 2000, plus de 2,2 millions de personnes sont mortes du fait de maladies liĂ©es Ă  la consommation d’eau contaminĂ©e, ou par noyade. En 2004, l’organisation caritative WaterAid, du Royaume-Uni, rapportait qu’un enfant mourait toutes les quinze secondes de maladies liĂ©es Ă  l’eau et qui auraient pu ĂȘtre facilement Ă©vitĂ©es.

D’aprùs le Cahier de propositions relatives à la question de l’eau de 2001, de l’Alliance 21,

« L’eau est un droit inabrogeable de tout ĂȘtre humain. À tous les niveaux, l’approvisionnement en eau est nĂ©cessaire et indĂ©pendant. Une approche intĂ©grale des zones de captation doit tenir compte des besoins d’irrigation, des villes conjointement et non pas sĂ©parĂ©ment, comme c’est souvent le cas. Il faut chercher l’équipement pour avancer vers une thĂ©saurisation de l’eau et augmenter son efficacitĂ© dans les systĂšmes d’irrigation et les processus industriels. La responsabilitĂ© financiĂšre de l’eau doit ĂȘtre assumĂ©e par l’individu et par la communautĂ© selon les principes de responsabilitĂ© et d’usage, tout en respectant l’éthique et la dĂ©mocratie. La gouvernance de l’approvisionnement en eau doit s’établir selon les principes de dĂ©veloppement durable. Il faut utiliser la science et la technologie pour rĂ©unir les conditions requises par les communautĂ©s Ă  la fois dans les domaines de l’approvisionnement en eau potable et des moyens sanitaires. Toute la gouvernance en matiĂšre d’approvisionnement en eau doit encourager l’éducation sur l’eau, au public en gĂ©nĂ©ral pour une plus grande prise de conscience de la nĂ©cessitĂ© d’économiser l’eau et de protĂ©ger les ressources. »

Couche d'ozone

L’observation de la couche d'ozone au cours des annĂ©es a conduit Ă  la conclusion qu’elle pouvait ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme sĂ©rieusement menacĂ©e. C’est la raison principale pour laquelle, le , l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies s’est rĂ©unie et a adoptĂ© le Protocole de MontrĂ©al.

La disparition de la couche d'ozone risque de provoquer une augmentation des cas de mĂ©lanomes (cancer de la peau), des cas de cataracte et la disparition du systĂšme immunitaire chez les humains et les autres espĂšces. Elle peut Ă©galement affecter les cultures sensibles aux radiations ultraviolettes. Pour prĂ©server la couche d'ozone, il est indispensable de supprimer l’utilisation de composants chimiques comme les chlorofluorocarbones (CFC) (rĂ©frigĂ©rants industriels, aĂ©rosols), ainsi que les fongicides agricoles, comme le bromure de mĂ©thyle, qui dĂ©truisent la couche d'ozone Ă  un rythme cinquante fois supĂ©rieur Ă  celui des CFC.

Risque nucléaire

Cumul de radiations prĂ©dictif que les habitants auraient reçu en restant un an prĂšs du site oĂč se dĂ©roule l'accident nuclĂ©aire de Fukushima. Le , ce graphique sert Ă  justifier l'Ă©vacuation forcĂ©e des populations voisines.

Le risque nuclĂ©aire est essentiellement nĂ© de l’apparition rapide de rĂ©acteurs nuclĂ©aires permettant de gĂ©nĂ©rer de l’énergie Ă©lectrique. Les principaux risques sont les suivants :

  • RĂ©chauffement des cours d'eau par des rĂ©acteurs construits en bordure d'un fleuve,
  • Contamination des sites des rĂ©acteurs arrivĂ©s en fin de vie qu'il s'agit de dĂ©manteler et de dĂ©contaminer,
  • ProlifĂ©ration nuclĂ©aire dans des pays risquant d'utiliser les techniques nuclĂ©aires Ă  des fins militaires,
  • Production de dĂ©chets nuclĂ©aires,
  • LibĂ©ration de radiations associĂ©e Ă  une catastrophe nuclĂ©aire de type Tchernobyl.

Quelles que soient les mesures de sĂ©curitĂ©, il reste toujours un risque rĂ©siduel sur la sociĂ©tĂ© et sur l’environnement, qui pourraient demeurer altĂ©rĂ©s durant une pĂ©riode encore indĂ©terminĂ©e en raison des malformations et maladies congĂ©nitales provoquĂ©es par d'Ă©ventuelles contaminations des personnes, des animaux, des plantes, de l’eau, des sols, etc., risques pouvant devenir aigus et significatifs sur l’environnement immĂ©diat et chroniques sur une large zone gĂ©ographique en cas d'accident nuclĂ©aire majeur. La contamination radioactive peut alors persister plusieurs centaines d’annĂ©es en moyenne.

De toute évidence, la meilleure solution pour réduire le risque nucléaire est d'utiliser au maximum des énergies renouvelables non polluantes (énergie solaire, éolienne, hydraulique, marémotrice, etc.).

Principe de précaution et organismes transgéniques

La société biotechnologique (en) AquaBounty Technologies a développé des saumons, truites et tilapias génétiquement modifiés depuis 1996. Ayant effectué des reproductions stables sur 10 générations, elle tente de faire adopter par la Food & Drug Administration un saumon à croissance accélérée sous la marque "AquAdvantage salmon" (il s'agit d'un saumon atlantique ayant reçu des gÚnes de oncorhynchus tshawytscha). Cette démarche a suscité une levée de boucliers juridique en octobre 2010[33].

Le principe de prĂ©caution est un concept qui s’appuie sur l’adoption de mesures protectrices lorsqu’il n’existe pas de certitude scientifique sur les consĂ©quences potentielles d’une action dĂ©terminĂ©e sur l’environnement. Il est nĂ©cessaire d’en tenir compte comme principe gĂ©nĂ©ral dans l’adoption de mesures environnementales, particuliĂšrement Ă  grande Ă©chelle, ainsi que face Ă  la production d’organismes gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©s (OGM), surtout dans le cadre de l’alimentation.

Les effets négatifs connus des OGM sont physiques et sociaux :

  • RĂ©sistance aux antibiotiques ;
  • Niveau plus Ă©levĂ© de rĂ©sidus toxiques dans les aliments ;
  • PossibilitĂ© de dĂ©veloppement de nouvelles allergies ;
  • DĂ©pendance de la technique employĂ©e ;
  • Contamination de variĂ©tĂ©s traditionnelles ;
  • Mort des insectes (ils ne font pas l’objet de modifications) ;
  • Impact Ă©cologique des cultures ;
  • CaractĂšre obligatoire de la consommation (le manque d’information sur les effets nĂ©gatifs inconnus prĂ©alablement Ă  la consommation place les OGM dans le cadre de la science post-normale. Le principe de prĂ©caution appliquĂ© aux OGM dans ce contexte Ă©tablit qu’ " il faut crĂ©er une communautĂ© Ă©tendue d’individus, composĂ©e de toutes les personnes touchĂ©es par une affaire scientifique dĂ©terminĂ©e et qui soit prĂ©parĂ©e Ă  participer Ă  un dialogue sur le sujet. Ses membres apportent “leurs faits Ă©tendus” qui comprendront un savoir local et des connaissances matĂ©rielles qui, Ă  l’origine, n’étaient pas destinĂ©s Ă  ĂȘtre publiĂ©s, comme c’est le cas de renseignements officiels filtrĂ©s[34]".

RĂ©glementation

Conventions

Les principales conventions appelées aussi conventions de Rio, sont les suivantes :

La Convention sur la diversitĂ© biologique (CBD) (1992-1993) a pour objectif de prĂ©server la biodiversitĂ©, c’est-Ă -dire qu’elle vise la sauvegarde des ressources gĂ©nĂ©tiques, des Ă©cosystĂšmes et des espĂšces, l’utilisation soutenable de ces Ă©lĂ©ments et le partage juste et Ă©quitable des bĂ©nĂ©fices, surtout grĂące Ă  un accĂšs satisfaisant aux ressources gĂ©nĂ©tiques et Ă  un transfert de technologie et financier appropriĂ©. Parmi les accords liĂ©s Ă  cette convention se trouve le Protocole de CarthagĂšne sur la sĂ©curitĂ© de la biotechnologie

La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) (1992-9194). Elle a pour objectif de stabiliser les concentrations de gaz Ă  effet de serre dans l’atmosphĂšre Ă  un niveau qui Ă©vite tout type de perturbation anthropique et dangereuse pour le climat, et d’atteindre ce niveau dans un intervalle de temps suffisant pour que les Ă©cosystĂšmes puissent s’adapter naturellement aux changements climatiques, sans menacer la production alimentaire et en permettant la poursuite d’un dĂ©veloppement Ă©conomique soutenable. Elle comprend le Protocole de Kyoto.

La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNUCD) (1994-1996) a pour objectif de combattre la désertification et de limiter les effets de la sécheresse et de la désertification dans les pays gravement touchés par celles-ci, tout particuliÚrement en Afrique, grùce à des mesures efficaces à tous les niveaux.

Il existe d’autres conventions :

Les conventions de Rio se caractérisent par les aspects fondamentaux suivants :

  • Valeur d’exĂ©cution obligatoire par les États signataires ;
  • Engagement dans un secteur dĂ©terminĂ© de la gouvernance environnementale mondiale (biodiversitĂ©, climat, dĂ©sertification...) ;
  • Focalisation sur la lutte contre la pauvretĂ© et le dĂ©veloppement de conditions de vie soutenables ;
  • Financement grĂące au Fonds pour l’environnement mondial pour stimuler l’application des conventions dans les pays Ă  faibles capacitĂ©s financiĂšres ;
  • IntĂ©gration d’un programme d’évaluation de l’état des Ă©cosystĂšmes

Les conventions sur l’environnement font rĂ©guliĂšrement l’objet de critiques, qui concernent les points suivants :

  • RigiditĂ© et verticalitĂ© – Les conventions sont trop descriptives, uniformes, structurĂ©es de haut en bas, ce qui ne reflĂšte pas la diversitĂ© et la complexitĂ© des questions environnementales. Les pays signataires rencontrent de nombreuses difficultĂ©s pour concrĂ©tiser leurs objectifs et les intĂ©grer de façon cohĂ©rente dans tous les secteurs et Ă  tous les niveaux ;
  • Structures parallĂšles et assistance – La formulation sectorielle des conventions a donnĂ© naissance Ă  des structures et des procĂ©dures parallĂšles entre les pays et entre les organismes de dĂ©veloppement, qui entrent en compĂ©tition pour l’obtention de fonds et de sphĂšres d’influence. La coopĂ©ration entre les diffĂ©rents ministĂšres d’un mĂȘme État, nĂ©cessaire et urgente, reste bloquĂ©e ;
  • Contradictions et incompatibilitĂ© – La proximitĂ© thĂ©matique des conventions leur cause mutuellement prĂ©judice. Exemple : les reforestations organisĂ©es pour rĂ©duire le CO2 peuvent nuire Ă  la biodiversitĂ© si elle favorisent les monocultures d’espĂšces extĂ©rieures (tandis que la rĂ©gĂ©nĂ©ration naturelle peut renforcer la biodiversitĂ© et les conditions de vie). La gestion nĂ©cessite de tenir compte des objectifs des diffĂ©rentes conventions et de les comparer rĂ©guliĂšrement, ce qui constitue une tĂąche difficile, particuliĂšrement pour les pays pauvres pris entre des besoins Ă©conomiques urgents et la conservation Ă©cologique Ă  long terme[35].

" Dans bien des cas aujourd’hui, la lĂ©gislation internationale sur l’environnement ne conduit pas au dĂ©veloppement de solutions collectives aux problĂšmes environnementaux ou de dĂ©veloppement durable, qui soient coordonnĂ©es ou synergiques. Les accords internationaux concrets se nĂ©gocient souvent grĂące Ă  des rĂ©gimes « spĂ©cifiques » produits dans un isolement relatif. Chaque accord est plus ou moins traitĂ© grĂące Ă  la dĂ©composition artificielle des difficultĂ©s causales qui le composent Ă  la recherche d’une « gĂ©rabilitĂ© » pratique. Les accords sont gĂ©rĂ©s par des ministĂšres spĂ©cialisĂ©s ou des organisations fonctionnelles dans des forums issus des espaces de nĂ©gociation d’accords internationaux.

“ Le processus d’élaboration des traitĂ©s est aussi excessivement long. Il a fallu une dĂ©cennie pour passer de l’étape de l’élaboration d’agendas, Ă  l’aide d’un accord-cadre, Ă  la nĂ©gociation du premier protocole opĂ©rationnel pour l’action collective. AprĂšs un accord protocolaire, la ratification de ce dernier dĂ©pend en outre du degrĂ© de capacitĂ© des gouvernements Ă  crĂ©er un consensus Ă  l’échelle de l’État. Ils font souvent marche arriĂšre et laissent Ă  nouveau apparaĂźtre la question de l’incertitude scientifique pour des raisons politiques, ce qui freine le processus et exige davantage de temps pour le complĂ©ter.

“ Jusqu’à cette date, la formulation de politiques environnementales Ă  l’échelle internationale a Ă©tĂ© fragmentĂ©e par thĂšme, secteur ou territoire, ce qui aboutit Ă  la nĂ©gociation de traitĂ©s qui se superposent ou entrent en conflit entre eux. Cela engendre des complications inutiles Ă  l’échelle de l’État, car les signataires essayent de respecter des obligations liĂ©es Ă  de multiples accords. À l’échelle internationale, il existe des tentatives de coordination entre des institutions environnementales, comme le ComitĂ© de coordination inter-agences et la Commission pour le dĂ©veloppement soutenable, mais ces institutions sont trop faibles pour intĂ©grer de façon efficace les trois dimensions du dĂ©veloppement durable[36] ".

Accords Multilatéraux Environnementaux (AME)

Il s’agit d’accords entre plusieurs pays Ă  l’échelle internationale ou rĂ©gionale, qui concernent les questions environnementales les plus diverses tournant autour de l’atmosphĂšre, de la matiĂšre vivante, de la vie marine, de la dĂ©sertification, de la protection des Ă©cosystĂšmes, du rejet de substances dangereuses, de la contamination marine, etc. Il existe actuellement plus de 500 accords multilatĂ©raux sur l’environnement, dont 45 relĂšvent du domaine gĂ©ographique mondial et ont Ă©tĂ© signĂ©s par 72 pays ou plus[37]. De nombreux accords se rapportent Ă  des problĂšmes environnementaux Ă  caractĂšre rĂ©gional, comme la dĂ©forestation Ă  BornĂ©o ou la pollution en MĂ©diterranĂ©e. Chaque accord a une mission et des objectifs spĂ©cifiques, auxquels un nombre variable d’États souscrit. Les AME reprĂ©sentent le droit international sur l’environnement.

" Le PNUE, les AME et les organisations de dĂ©veloppement continuent Ă  adopter la structure dĂ©finie par les sommets de Rio et Johannesburg pour la gouvernance de l’environnement, qui consiste Ă  Ă©laborer des Ă©valuations et des politiques, et Ă  l’exĂ©cution de projets au niveau national.

La structure de gouvernance dispose d’une sĂ©rie de phases :

  • a) Ă©valuation de la situation environnementale ;
  • b) Ă©laboration de politiques Ă  l’échelle internationale ;
  • c) formulation d’accords multilatĂ©raux sur l’environnement ;
  • d) application des politiques ;
  • e) Ă©valuation des politiques ;
  • f) mesures coercitives ;
  • g) dĂ©veloppement durable.

Traditionnellement, le PNUE a prĂȘtĂ© une attention spĂ©ciale Ă  la fonction normative de participation dans les trois premiĂšres phases. Les phases de d) Ă  f) sont l’objet des AME, tandis que dans la phase liĂ©e au dĂ©veloppement durable participent des organisations de dĂ©veloppement comme le PNUE et la Banque mondiale[38] ".

L’absence de coordination entre les diffĂ©rents types d’acteurs affecte toutefois le dĂ©veloppement d’une gouvernance cohĂ©rente. Ainsi, selon le mĂȘme rapport, les États donateurs appuient les organisations de dĂ©veloppement en fonction des intĂ©rĂȘts des uns et des autres pour la crĂ©ation de normes, et surtout pour leur mise en place, mais sans suivre aucun schĂ©ma commun, ce qui se traduit finalement par de nombreux chevauchements et un travail multipliĂ© par deux. Ainsi peut-on noter d’une part, que les AME sont peu pris en compte comme cadre de rĂ©fĂ©rence commune et, par consĂ©quent, qu’ils reçoivent des appuis financiers rĂ©duits, d’autre part, que les États et les diffĂ©rents organismes prĂ©fĂšrent financer la mise en place de la rĂ©glementation existante plutĂŽt que de la perfectionner et de l’adapter Ă  une menace sur l’environnement qui peut varier. Au total, on constate qu’il n’existe pas de lien adĂ©quat entre les activitĂ©s normatives et les activitĂ©s opĂ©rationnelles[39].

Histoire

Sans ĂȘtre Ă  l’origine de la prĂ©occupation Ă©cologique, l’expĂ©rience traumatisante de la technologie nuclĂ©aire et de sa capacitĂ© de destruction, a gĂ©nĂ©rĂ©, dĂšs les premiĂšres annĂ©es d’utilisation de cette Ă©nergie, une prise de conscience globale. Un nuage radioactif, tout comme une marĂ©e noire, ne respecte pas les frontiĂšres territoriales. Le traitĂ© d’interdiction des expĂ©riences nuclĂ©aires dans l’atmosphĂšre de 1963 peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le dĂ©but de la mondialisation de la problĂ©matique environnementale, bien que ce ne soit qu’à partir de la ConfĂ©rence des Nations unies sur l'environnement de Stockholm (1972) que le droit environnemental ait commencĂ© Ă  se moderniser, appuyĂ© en 1980 par la Convention de Vienne sur le droit des traitĂ©s[40]. Une nouvelle dynamique en matiĂšre de lois sur l’environnement s’est dĂ©veloppĂ©e au cours des annĂ©es 1970-80, suscitĂ©e par la dĂ©couverte du trou dans la couche d'ozone, trou provoquĂ© par la pollution atmosphĂ©rique des CFC ou du bromure de mĂ©thyle utilisĂ© dans les pĂ©piniĂšres. En 1985, la Convention de Vienne sur la protection de la couche d'ozone est signĂ©e et ratifiĂ©e. Puis, en 1987, 24 pays signent le protocole de MontrĂ©al qui impose la suppression progressive des CFC.

Le rapport Brundtland publiĂ© en 1987 par la Commission des Nations unies sur l’environnement et le dĂ©veloppement, demande un dĂ©veloppement Ă©conomique qui " rĂ©ponde aux besoins du prĂ©sent sans compromettre la capacitĂ© des gĂ©nĂ©rations futures Ă  rĂ©pondre aux leurs ". On introduit ainsi deux nouveaux concepts, celui des besoins (particuliĂšrement des besoins des plus dĂ©favorisĂ©s), auxquels il faut donner la prioritĂ©, et celui des limites techniques liĂ©es au dĂ©veloppement des gĂ©nĂ©rations futures. Mais, au-delĂ  des dĂ©clarations, la contradiction pĂšse sur le modĂšle de dĂ©veloppement proposĂ©, qui consiste Ă  mettre en place plus de techniques pour rĂ©soudre les problĂšmes posĂ©s par l’excĂšs de techniques. Ainsi, si le dĂ©veloppement est financĂ© grĂące Ă  la dette et aux investisseurs Ă©trangers qui menacent de dĂ©localiser, comment peut-il ĂȘtre durable ? Il convient en effet de se demander si la crĂ©ation de fonds globaux comme le FEM peut servir d’appui au dĂ©veloppement durable simplement parce qu’elle implique un transfert de richesses du Nord vers le Sud.

Conférence de Rio (1992) et répliques

La ConfĂ©rence des Nations unies sur l’environnement et le dĂ©veloppement (CNUCED), plus connue comme le Sommet de la terre (1992) a Ă©tĂ© la premiĂšre rĂ©union internationale de poids depuis la fin de la guerre froide et elle a dĂ» compter avec la prĂ©sence de dĂ©lĂ©gations venant de 175 pays. Depuis, les plus grandes confĂ©rences internationales, qui se dĂ©roulent tous les dix ans environ, orientent le processus de la gouvernance mondiale. Par le biais d’une sĂ©rie d’accords multilatĂ©raux sur l’environnement, elles ont jetĂ© les bases de la rĂ©gulation environnementale internationale. Les accords sur l’environnement sont appliquĂ©s grĂące Ă  l’aide de quelques petits organismes appelĂ©s SecrĂ©tariats.

Au-delĂ  de l’action des institutions internationales, au cours des annĂ©es 1990, certains gouvernements ont procĂ©dĂ© au renforcement de nombreux traitĂ©s internationaux afin de limiter certaines menaces sur l’environnement. Ces traitĂ©s, beaucoup plus limitatifs que les activitĂ©s de coopĂ©ration, prĂ©tendent changer les modĂšles de production et de consommation non durables[41].

Agenda 21

L'agenda 21 est un plan dĂ©taillĂ© d’actions qui doivent ĂȘtre menĂ©es Ă  l’échelle mondiale, nationale et locale par des organismes de l’ONU, par les gouvernements des États membres et par des groupes variĂ©s dans toutes les rĂ©gions dans lesquelles les activitĂ©s humaines ont un impact sur l’environnement. L’Agenda 21 est un texte qui structure l’application des conventions de Rio dans le cadre du dĂ©veloppement durable. Il introduit ainsi le dĂ©veloppement durable comme principe juridique dans l’architecture du droit international environnemental, afin de l’intĂ©grer dans la structure du commerce international et de l’économie du dĂ©veloppement. Il s’agit d’organiser la coopĂ©ration internationale, Ă  l’aide de l’intĂ©gration des coĂ»ts environnementaux dans les projets de dĂ©veloppement, ainsi que le mode de gestion des projets de conservation et de leur financement.

L’agenda 21 a Ă©tĂ© critiquĂ© et considĂ©rĂ© comme une “ reconversion ” des principes du nĂ©olibĂ©ralisme afin de s’approprier le discours de la sociĂ©tĂ© civile. On peut notamment citer, par exemple, le chapitre II, appelĂ© “ CoopĂ©ration internationale visant Ă  accĂ©lĂ©rer un dĂ©veloppement soutenable dans les pays en voie de dĂ©veloppement et politiques nationales connexes ”[42] lequel propose le libĂ©ralisme comme solution Ă  la crise Ă©cologique. Par exemple, on peut citer un paragraphe assez rĂ©vĂ©lateur :

« 2.3. L’économie internationale doit crĂ©er un climat international propice Ă  la rĂ©alisation des objectifs en matiĂšre d’environnement et de dĂ©veloppement : En encourageant le dĂ©veloppement durable par une libĂ©ralisation du commerce (...) »

À l’échelle locale, les agendas 21 locaux dĂ©veloppent un plan stratĂ©gique territorial basĂ© sur l’intĂ©gration, avec des critĂšres durables, des politiques environnementales, Ă©conomiques et sociales du territoire concernĂ© et qui Ă©mane de la participation et de la prise de dĂ©cisions entre les reprĂ©sentants politiques, techniques et les citoyens.

Acteurs

Institutions internationales

Le PNUE, la grande rĂ©ussite de la ConfĂ©rence de Stockholm (1972), est un acteur fondamental de la promotion de la durabilitĂ© Ă  l’échelle planĂ©taire. Ce programme des Nations unies, dont le siĂšge est Ă  Nairobi, fut fondĂ© dans le but de diriger la gouvernance environnementale mondiale, grĂące Ă  son rĂŽle de catalyseur entre les agences environnementales des Nations unies. Le programme collabore rĂ©guliĂšrement avec ces agences, avec la Banque mondiale et d’autres institutions internationales, avec les ONG, le secteur privĂ© et la sociĂ©tĂ© civile, dans le but d’encourager le dĂ©veloppement durable.

D’aprĂšs Ivanova[43], le PNUE est sans aucun doute une institution de rĂ©fĂ©rence pour la gestion mondiale de l’environnement, mais son succĂšs n’a Ă©tĂ© que partiel. Il a Ă©tĂ© efficace dans deux domaines clĂ©s, celui de la surveillance et du conseil, et celui du dĂ©veloppement d’accords sur l’environnement. Il a Ă©galement contribuĂ© Ă  renforcer la capacitĂ© institutionnelle des ministĂšres de l’environnement du monde entier.

Dans le domaine de la consommation durable, le PNUE a ainsi lancĂ© en 2002 l’initiative du cycle de vie, qui a permis de rĂ©unir autour d’une mĂȘme table, des dirigeants de l’industrie, des universitaires et des responsables politiques pour encourager l’application et la diffusion d’outils pour l’évaluation de l’impact environnemental des produits tout au long de leur vie. Le PNUE tente de faire en sorte que toutes les institutions collaborent en faveur de l’intĂ©gration des questions environnementales dans les procĂ©dures d’offre de biens et de services. Il collabore en particulier avec les industries de la mode et de la publicitĂ©, des finances et de la vente au dĂ©tail, trĂšs importantes pour la promotion de la consommation durable[44].

Toutefois, le PNUE n’est pas parvenu Ă  dĂ©velopper des processus de gestion politique cohĂ©rente et coordonnĂ©e. Il n’a pas non plus rĂ©ussi Ă  identifier et Ă  promouvoir les meilleures pratiques. Il n’est pas devenu la rĂ©fĂ©rence institutionnelle de nombreuses conventions environnementales internationales. Ce dĂ©faut de soliditĂ© a contribuĂ© Ă  perpĂ©tuer une gouvernance environnementale internationale de plus en plus complexe et fragmentĂ©e.

Selon Ivanova, si le PNUE offre d’un cĂŽtĂ© des avantages comparatifs dans les domaines de la surveillance environnementale, de l’évaluation scientifique et de l’échange d’informations, avantages qui devraient ĂȘtre potentialisĂ©s, il ne peut, d’un autre cĂŽtĂ©, aspirer Ă  diriger tous les processus de gestion environnementale en raison de la prolifĂ©ration d’institutions internationales et d’ONG environnementales qui interviennent dĂ©jĂ  sur ce terrain toujours plus large et plus complexe. De fait, il doit ĂȘtre un espace d’échange d’informations et un forum de dĂ©bat politique, oĂč les diffĂ©rentes agences et rĂ©seaux pourront nĂ©gocier et Ă©changer des expĂ©riences, et faciliter ainsi la mise en place d’accords.

Certains auteurs signalent d’autres problĂšmes concernant le PNUE, comme l’énorme fragmentation interne de cette entitĂ©, ainsi que la faiblesse et l’instabilitĂ© de son budget (il dĂ©pend des dons), qui ajoutĂ©s Ă  sa localisation dans un pays du Sud ont fait du PNUE une institution peu crĂ©dible, de peu de poids politique face Ă  d’autres organismes disposant de davantage de ressources et qui n’acceptent pas de se voir coordonnĂ©s par ce programme, en dĂ©pit de la nĂ©cessitĂ© de disposer d’un agent coordinateur de la gouvernance environnementale mondiale et de tout le travail rĂ©alisĂ© par cette institution en faveur du dĂ©veloppement de la protection de l’environnement, en particulier dans les pays en voie de dĂ©veloppement.

Pour réformer le PNUE, Ivanova propose les tùches suivantes :

  • Initier une rĂ©vision stratĂ©gique indĂ©pendante de sa mission propre ;
  • Consolider le processus d’information et de transparence financiĂšre ;
  • Restructurer la gouvernance crĂ©ant un conseil exĂ©cutif opĂ©rationnel qui Ă©quilibre l’omniprĂ©sence du trop imposant et peu efficace Conseil de gouvernement – Forum mondial des ministres de l’environnement (CG – FMME).

D’autres propositions vont dans le sens d’un nouveau mandat pour le PNUE. Ce mandat " doit produire une plus grande cohĂ©rence entre les agences sociales et environnementales, de sorte que le concept “environnement pour le dĂ©veloppement” devienne rĂ©alitĂ©. Il doit agir comme une plate-forme pour la mise en place de standards et pour d’autres types d’interaction avec des organismes nationaux, internationaux et les Nations unies. Les principes de coopĂ©ration et de responsabilitĂ©s communes mais diffĂ©renciĂ©es, doivent ĂȘtre reflĂ©tĂ©s dans l’application de ce mandat rĂ©visĂ©[45] ".

Un certain nombre de principes doivent ĂȘtre adoptĂ©s pour renforcer le PNUE. Il s’agit :

  • D’obtenir un consensus social autour d’une vision Ă  long terme pour le PNUE ;
  • De faire une analyse de la situation actuelle et des futures scĂšnes du PNUE ;
  • De mettre au point une planification intĂ©grĂ©e qui comprenne toutes les dimensions du dĂ©veloppement durable ;
  • De construire Ă  partir des stratĂ©gies et des processus existants ;
  • D’augmenter les liens entre les stratĂ©gies Ă  l’échelle nationale et locale ;
  • D’intĂ©grer tout cela dans la planification financiĂšre et budgĂ©taire ;
  • D’effectuer un contrĂŽle rapide pour mieux orienter les processus et identifier les progrĂšs rĂ©alisĂ©s ;
  • D’utiliser des mĂ©canismes de participation effectifs[46].

" Au cours du processus de renforcement du PNUMA, il faut considĂ©rer les besoins spĂ©cifiques des pays en voie de dĂ©veloppement et respecter le principe fondamental de “responsabilitĂ©s communes mais diffĂ©renciĂ©es”. Les pays dĂ©veloppĂ©s doivent encourager le transfert de technologies, les nouvelles ressources financiĂšres, la formation pour une participation significative des pays en voie de dĂ©veloppement Ă  la gouvernance environnementale internationale. " Ce mĂȘme travail met l’accent sur le besoin d’impliquer la sociĂ©tĂ© civile en tant qu’ "acteur important et agent de transformation [47] ".

Fonds pour l'environnement mondial (FEM)

CrĂ©Ă© en 1991, le Fonds pour l’environnement mondial est une organisation financiĂšre indĂ©pendante lancĂ©e Ă  l’initiative de gouvernements donateurs, comme l’Allemagne et la France. Il s’agit de la premiĂšre organisation financiĂšre qui se consacre pleinement Ă  l’environnement Ă  l’échelle mondiale. Elle est composĂ©e de 177 membres. Ses dons sont destinĂ©s Ă  des projets sur la biodiversitĂ©, le changement climatique, les eaux internationales, la destruction de la couche d'ozone, la dĂ©gradation des sols et les polluants organiques persistants.

Le FEM conserve une structure institutionnelle qui dĂ©rive du Programme des Nations unies pour le dĂ©veloppement, du Programme des Nations unies pour l’environnement et de la Banque mondiale. Actuellement, le FEM est le mĂ©canisme de soutien financier de quatre conventions environnementales : la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, la Convention sur la diversitĂ© biologique, la Convention sur les polluants organiques persistants et la Convention des Nations unies sur la lutte contre la dĂ©sertification. Le FEM est financĂ© par les pays qui se sont engagĂ©s Ă  aider d’autres pays moins dĂ©veloppĂ©s dans le cadre de ces conventions. Il canalise ainsi les fonds vers une sĂ©lection de projets qui sont Ă©laborĂ©s et exĂ©cutĂ©s par le PNUD, par le PNUE et par la Banque mondiale. Cela Ă©tant, si le PNUE et le PNUD ont la responsabilitĂ© de coordonner et de gĂ©rer les projets, la Banque mondiale est la gestionnaire principale du fonds[48].

Le budget annuel du FEM, 561,10 millions de dollars (USD), est trÚs supérieur à celui du PNUE (85 millions de dollars), mais il ne lui permet pas de faire face à toutes les demandes de gestion environnementale des pays en voie de développement.

Le FEM a Ă©tĂ© critiquĂ© pour avoir Ă©tĂ© traditionnellement liĂ© aux intĂ©rĂȘts de la Banque mondiale, du moins dans sa premiĂšre Ă©tape dans les annĂ©es 1990[49] et pour avoir privilĂ©giĂ© certains accords multilatĂ©raux relatifs Ă  des rĂ©gions dĂ©terminĂ©es, au dĂ©triment d’autres[50]. D’aucuns considĂšrent qu’il est une piĂšce maĂźtresse du capitalisme actuel, aussi importante que les politiques d’ajustement structurel des annĂ©es 1980 et 1990, et qu’il facilite l’émergence d’un “ marchĂ© vert ” Ă  l’échelle mondiale. Il s’agit d’ " une adaptation (de la Banque mondiale) Ă  cet ordre mondial Ă©mergent, comme rĂ©ponse Ă  l’apparition de mouvements environnementaux qui se transforment en force gĂ©opolitique[51] ". Ainsi, selon Young, il s’agissait pour les gouvernements europĂ©ens et nord-amĂ©ricain d’offrir un visage au systĂšme international d’aide au dĂ©veloppement. Les discussions sur la conservation de l’environnement Ă©taient alors marquĂ©es par les demandes des pays en dĂ©veloppement en faveur d’un transfert financier qui les aiderait Ă  prĂ©server leur environnement. Il Ă©tait nĂ©cessaire de crĂ©er un organisme qui puisse rĂ©pondre Ă  ces demandes, de maniĂšre que les pays du Sud signent les trois grandes conventions du sommet de Rio. La plupart d’entre eux ont acceptĂ© la crĂ©ation du FEM Ă  condition qu’il soit indĂ©pendant de la Banque mondiale et qu’il ait comme prioritĂ© le dĂ©veloppement durable.

MalgrĂ© la profusion et la complexitĂ© politique des dĂ©bats au sein du Fonds, son administration est soumise Ă  des critĂšres Ă©conomiques de rentabilitĂ©, mesurĂ©e en coĂ»ts et en bĂ©nĂ©fices, comme c’est le cas pour toutes les conventions. Il a, par ailleurs, reçu plus de fonds au cours de ses trois premiĂšres annĂ©es d’existence que le PNUE depuis sa crĂ©ation en 1972. Enfin, l’aide versĂ©e par le FEM ne constituait pas plus de 1 % de l’aide au dĂ©veloppement entre 1992 et 2002 et la dĂ©pense annuelle qu’il reprĂ©sente est comparable Ă  la dĂ©pense quotidienne militaire nord-amĂ©ricaine[51].

Commission des Nations unies sur le DĂ©veloppement Durable (CNUDD)

Il s’agit d’une institution intergouvernementale qui se rĂ©unit deux fois par an pour Ă©valuer les efforts consentis lors du Sommet de Rio. ComposĂ©e de 53 États membres Ă©lus tous les trois ans, la CNUDD a Ă©tĂ© rĂ©formĂ©e en 2004 pour faciliter une meilleure implantation de l’Agenda 21. DĂšs lors, elle s’est rĂ©unie deux fois par an, consacrant chaque pĂ©riode de deux ans Ă  un thĂšme en particulier. Ainsi la pĂ©riode 2004-2005 a-t-elle Ă©tĂ© dĂ©volue au thĂšme de l’eau et la pĂ©riode 2006-2007 au changement climatique. La CNUDD a Ă©tĂ© critiquĂ©e pour son faible impact sur les politiques environnementales des États, la faible implantation, en gĂ©nĂ©ral et concrĂštement Ă  l’échelle des États, de l’Agenda 21, selon un rapport du WRI[52]. Par ailleurs, sa mission orientĂ©e vers la mise en place d’accords l’a obligĂ©e Ă  participer Ă  la nĂ©gociation et Ă  la planification de ces derniers, ce qui la place frĂ©quemment en situation de conflit avec d’autres institutions, comme le PNUE et l’Organisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques (OCDE)[53].

Les secrétariats

Selon Bauer, Busch et SiebenhĂŒner[54], le caractĂšre fondamental des conventions et accords multilatĂ©raux, en tant que piliers de la rĂ©glementation environnementale mondiale Ă©mergente, transforme les secrĂ©tariats de chacun d’eux en acteurs disposant d’une plus grande influence que celle qui leur est habituellement attribuĂ©e, au-delĂ  d’une recherche spĂ©cialisĂ©e. Cette influence varie toutefois en fonction du secrĂ©tariat en question, en fonction de facteurs comme le degrĂ© d’efficacitĂ© bureaucratique et le leadership, en fonction de sa position, qui peut ĂȘtre plus “ technocratique ” (ou proche de l’exĂ©cution stricte des demandes de tous les pays) ou plus “ engagĂ©e ” (advocacy approach) en faveur de certains pays touchĂ©s, bien que cela puisse le conduire Ă  affronter certains pays dĂ©veloppĂ©s plus puissants. ConcrĂštement, c’est le cas du secrĂ©tariat de la Convention sur la lutte contre la dĂ©sertification.

Un des aspects organisationnels les plus critiquĂ©s, notamment Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme du systĂšme des Nations unies, en raison du manque de coordination et du chaos qu’il gĂ©nĂšre, est la multiplication des secrĂ©tariats, un par AME, si l’on tient compte de la prolifĂ©ration croissante de ces accords (45 d’ampleur internationale et plus de 500 en gĂ©nĂ©ral).

Organisation Mondiale de l’Environnement (OME)

La mondialisation croissante des menaces environnementales a conduit de nombreux acteurs, y compris certains États, Ă  dĂ©fendre la proposition de crĂ©ation d’une Organisation mondiale de l’environnement dans le cadre des Nations unies, capable d’élaborer des traitĂ©s et de faire entrer en vigueur des normes internationales. Le PNUE a parfois Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme l’embryon de cette future organisation. On peut trouver de plus amples informations sur cette conception dans le paragraphe consacrĂ© aux propositions.

Banque Mondiale

La Banque mondiale influe sur la gouvernance environnementale Ă  travers d’autres acteurs, en particulier le FEM. La Banque mondiale n’a pas un mandat suffisamment dĂ©fini sur la gestion environnementale, mĂȘme si elle a incorporĂ© cette thĂ©matique dans sa mission. Elle consacre toutefois 5 % Ă  10 % de ses fonds annuels Ă  des projets environnementaux. La vocation capitaliste de cette institution fait que son investissement se concentre dans des domaines qui peuvent ĂȘtre rentables sous le rapport coĂ»t-bĂ©nĂ©fice, comme la lutte contre le changement climatique et la protection de la couche d'ozone, tandis qu’elle nĂ©glige d’autres aspects comme l’adaptation au changement climatique et la dĂ©sertification. Son autonomie financiĂšre lui permet de d’influer Ă©galement de maniĂšre indirecte sur la production de normes, sur les nĂ©gociations internationales et Ă  l’échelle rĂ©gionale[55].

AprĂšs avoir Ă©tĂ© trĂšs critiquĂ©e dans les annĂ©es 1980 pour son soutien Ă  des projets dĂ©vastateurs qui, entre autres, se soldaient par une dĂ©forestation des forĂȘts tropicales, la Banque mondiale a Ă©laborĂ© dans les annĂ©es 1990 ses propres standards en matiĂšre d’environnement, dont l’objectif Ă©tait de lui permettre de corriger ses actions. Ces standards diffĂšrent de ceux du PNUE, qui sont censĂ©s constituer la rĂ©fĂ©rence Ă  suivre, discrĂ©ditant ainsi cette institution et crĂ©ant par la mĂȘme occasion une source de dĂ©sordre et de conflit au sein de la gouvernance environnementale. D’autres institutions financiĂšres, des banques de dĂ©veloppement rĂ©gionales ou le secteur privĂ©... ont Ă©galement conçu leurs propres standards. La critique n’est pas dirigĂ©e contre les standards de la Banque mondiale en eux-mĂȘmes, qui peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme “ solides ”, selon Najam[56], mais contre leur lĂ©gitimitĂ© et leur efficacitĂ© rĂ©elle.

Organisation Mondiale du Commerce (OMC)

Le mandat de l’OMC ne comprend pas de principe spĂ©cifique sur l’environnement. Tous les problĂšmes liĂ©s Ă  l’environnement sont traitĂ©s de maniĂšre Ă  accorder la prioritĂ© aux nĂ©cessitĂ©s commerciales et aux principes du systĂšme de l’OMC. Cela donne naissance Ă  des situations conflictuelles. En effet, si l’Organisation mondiale du commerce reconnaĂźt l’existence des AME, elle dĂ©nonce le fait que vingt AME entrent en conflit avec ses rĂšgles commerciales. Certains AME peuvent en effet permettre Ă  un pays d’interdire ou de limiter le commerce de certains produits si ceux-ci ne satisfont pas les exigences relatives Ă  la protection de l’environnement. Dans ce contexte, si l’interdiction formulĂ©e par un pays Ă  l’égard d’un autre concerne deux pays signataires du mĂȘme AME, le diffĂ©rend peut ĂȘtre rĂ©solu en suivant les principes de cet AME, tandis que si le pays affectĂ© par la limitation de son commerce n’a pas signĂ© l’AME, l’OMC demande que le litige soit rĂ©solu selon les principes commerciaux de l’OMC, c’est-Ă -dire en ignorant les consĂ©quences environnementales.

Fonds Monétaire International (FMI)

Le FMI dĂ©fend sa mission d’aide aux États, aide destinĂ©e Ă  encourager leur croissance et leur dĂ©veloppement. Pour atteindre cet objectif de croissance, le FMI fait pression sur les États en ce qui concerne plusieurs aspects, dont la rĂ©duction des dĂ©penses publiques et l’augmentation des exportations et de l’investissement Ă©tranger. Chacun de ces aspects a toutefois des retombĂ©es nĂ©gatives sur l’environnement des pays concernĂ©s. Par ailleurs, la rĂ©duction des dĂ©penses publiques implique la rĂ©duction des dĂ©penses liĂ©es Ă  la politique environnementale des États, consacrĂ©e Ă  financer des zones protĂ©gĂ©es, Ă  lutter contre la corruption, Ă  dĂ©velopper la bonne gouvernance et Ă  produire des projets environnementaux[57]. De fait, l’environnement ne constitue pas la prioritĂ© du FMI. Cet organisme dĂ©tient un Ă©norme pouvoir financier Ă  l’échelle mondiale et sa philosophie de stimulation de la croissance encourage le modĂšle de dĂ©veloppement nĂ©o-libĂ©ral dominant, responsable en partie de la crise environnementale et qui, par consĂ©quent, est de plus en plus remis en question.

D’autres institutions internationales intùgrent la gouvernance environnementale dans leur plan d’action, ce sont notamment :

Au total, selon Najam, plus de trente agences et programmes des Nations unies intĂšgrent la gestion de l’environnement dans leur mandat[56]. Cette fragmentation donne lieu Ă  un dĂ©ficit de coordination, Ă  un Ă©change insuffisant d’informations et Ă  une dispersion des responsabilitĂ©s. Elle aboutit Ă©galement Ă  une prolifĂ©ration des initiatives et se solde, parallĂšlement, par une rivalitĂ© entre elles[57]

États

La gouvernance environnementale Ă  l’échelle de l’État

Le respect des agendas de l’environnement que les diffĂ©rents États du monde ont commencĂ© Ă  dĂ©velopper au cours des derniĂšres annĂ©es est accompagnĂ© de timides tentatives de contrĂŽle mutuel entre États voisins, c’est-Ă -dire que la gouvernance environnementale apparaĂźt comme un espace d’action idĂ©al pour le dĂ©veloppement de mĂ©canismes de coopĂ©ration entre ces deux niveaux (États et ensemble rĂ©gional), mĂȘme si l’essentiel reste Ă  faire. Ces mĂ©canismes sont souvent dĂ©veloppĂ©s par des entitĂ©s rĂ©gionales. L’Union europĂ©enne est un exemple d’institutionnalisation avancĂ©e de la gouvernance environnementale commune, par le biais d’une coopĂ©ration Ă  l’échelle des États Ă  partir des diffĂ©rentes institutions et organismes consacrĂ©s Ă  l’environnement. Les domaines fondamentaux concernĂ©s sont l’observation et la production d’informations, conduites par l’Agence europĂ©enne pour l’environnement (AEE), la production de normes et le contrĂŽle de leur mise en place par les États ou les institutions locales.

La participation des États dans la gouvernance environnementale mondiale

La vision diffĂ©rente et souvent contraire qu’ont les États entre eux est une source d’inquiĂ©tude, car ce sont les États, concrĂštement les pays du Nord, qui tirent les ficelles du financement des institutions internationales et qui peuvent freiner ou accĂ©lĂ©rer les diffĂ©rents processus. Un exemple significatif de ce point de vue est le refus des derniers gouvernements des États-Unis (Bill Clinton et George W. Bush) de ratifier les accords environnementaux les plus importants, ce qui a suscitĂ© des tensions avec l’Europe et le Japon, qui faisaient pression pour leur adhĂ©sion.

Ces tensions renvoient le problĂšme de la gouvernance environnementale mondiale Ă  son origine, car ces pays sont les principaux donateurs des institutions internationales et contrĂŽlent leur politique. Le refus nord-amĂ©ricain a donc eu des consĂ©quences dĂ©sastreuses sur la crĂ©dibilitĂ© et l’application de ces accords. Le systĂšme de gouvernance imaginĂ© par les pays du Nord perd en effet de sa lĂ©gitimitĂ© face aux pays du Sud, auxquels on demande d’assumer leurs responsabilitĂ©s alors mĂȘme qu’ils assistent Ă  une absence de coopĂ©ration et de coordination entre les pays donateurs. La persistance des tensions augmente en outre le risque d’une rĂ©duction de la coopĂ©ration entre institutions et d’une suspension des financements.

C’est notamment le cas de la Convention sur la diversitĂ© biologique, du protocole de Kyoto ou du PNUD. Le gouvernement de Barack Obama prĂ©tend cependant donner une nouvelle tournure Ă  la politique environnementale nord-amĂ©ricaine et bien qu’il ne se soit pas engagĂ© Ă  signer le protocole, l'attitude des États-Unis semble avoir Ă©voluĂ© au cours de la confĂ©rence des Nations unies, qui a eu lieu Ă  Copenhague en . Ainsi, les États-Unis pourront “ prendre le train en marche ” et participer Ă  la dĂ©finition de l’accord post-Kyoto qui devrait ĂȘtre nĂ©gociĂ©.

Entreprises

La gouvernance environnementale des entreprises correspond au pilier environnemental d'une notion plus vaste que l'on appelle responsabilité sociétale des entreprises, qui est l'application des principes du développement durable aux entreprises.

La gouvernance environnementale des entreprises prend en considĂ©ration la gestion qu’une compagnie a de ses impacts, de ses risques, elle sert Ă  Ă©valuer ses actes et possibilitĂ©s d’action dans le domaine environnemental. Elle implique de prendre en compte certains aspects fondamentaux dans le dĂ©veloppement industriel, qui sont :

  • Les valeurs environnementales (vision, mission, principes) ;
  • La politique environnementale (stratĂ©gie, buts, objectifs) ;
  • Les perspectives environnementales (responsabilitĂ©, direction, formation, communication) ;
  • Les processus environnementaux (systĂšmes de gestion, initiatives, contrĂŽle interne, surveillance et rĂ©vision, dialogue entre acteurs, transparence, information et Ă©valuation environnementales) ;
  • L’action environnementale (utilisation d’indicateurs fondamentaux d’actions, benchmarking, Ă©co-efficacitĂ©, rĂ©putation, tolĂ©rance, obligations, dĂ©veloppement Ă©conomique)[58]

En pratique, les entreprises cherchent à mettre en conformité leurs sites industriels par rapport à la norme environnementale ISO 14000.

Certaines Ă©tudes, comme celle de White et Klernan[59], indiquent une corrĂ©lation entre la bonne gouvernance environnementale des entreprises et la rentabilitĂ© financiĂšre. Cette corrĂ©lation est, selon les auteurs, plus importante dans les secteurs oĂč l’impact environnemental est plus Ă©levĂ©, ce qui est vraisemblablement dĂ» Ă  une plus grande sensibilitĂ© de l’opinion publique Ă  l’orientation environnementale de l’entreprise concernĂ©e. Cela Ă©tant, il n’existe pas encore au sein du systĂšme financier une vĂ©ritable perception de l’importance de la gouvernance environnementale dans les entreprises comme facteur positif pour amĂ©liorer le rendement de ces derniĂšres.

Certains aspects affectant l’environnement, qui ont une relation directe avec les activitĂ©s productives et Ă©conomiques, sont rĂ©pertoriĂ©s et combattus dans le cadre de la gouvernance environnementale. Il s’agit des Ă©missions toxiques, de la rĂ©duction de la biodiversitĂ©, des rejets et des dĂ©chets, des risques d’émission, des responsabilitĂ©s historiques des entreprises et du changement climatique[60].

Acteurs non-Ă©tatiques

La question des acteurs participant Ă  la gouvernance environnementale est directement liĂ©e Ă  la dĂ©mocratisation de cette derniĂšre. Ainsi, selon BĂ€ckstrand et Saward[61], il existe un consensus sur le fait qu’une « plus grande participation des acteurs non Ă©tatiques dans les dĂ©cisions environnementales Ă  caractĂšre multilatĂ©ral (concernant l’élaboration d’agendas, le lancement de campagnes, la pression, la consultation, le contrĂŽle et la mise en place) renforce la lĂ©gitimitĂ© dĂ©mocratique de la gouvernance environnementale ».

Toutefois, d’autres exemples montrent que face Ă  la puissance dĂ©ployĂ©e par les entreprises pour agir sur le dĂ©veloppement d’un territoire (entreprises miniĂšres notamment), seul un fort activisme Ă  l’échelle locale permet de rassembler l’ensemble de la population et les autoritĂ©s publiques. Cela a Ă©tĂ© le cas de Cotacachi (Équateur), oĂč un mouvement social a combinĂ© l’éducation populaire en matiĂšre de politique environnementale, particuliĂšrement chez les femmes, l’action directe, l’influence des autoritĂ©s publiques locales et la dĂ©nonciation des plans de l’industrie miniĂšre dans le pays d’origine (Canada), avec le soutien de groupes environnementalistes internationaux[62].

Cette importance de la multiplicitĂ© des stratĂ©gies est Ă©galement signalĂ©e par Fisher[63] lorsqu’il fait rĂ©fĂ©rence aux acteurs de la sociĂ©tĂ© civile exerçant des pressions au sein des institutions internationales par le biais de dĂ©lĂ©gations nationales d’ONG, tout en organisant des manifestations Ă  l’extĂ©rieur des rencontres de ces institutions. L’objectif des mouvements sociaux est parfois de se porter garants des lois que les gouvernements de leurs pays respectifs n’ont pas respectĂ©es ou qu’ils ont mal interprĂ©tĂ©es[64].

Mais au-delĂ  des rĂ©sultats positifs de l’action des mouvements sociaux sur la dĂ©mocratisation des sociĂ©tĂ©s dont ils font partie, il convient de se demander dans quelle mesure ils peuvent ĂȘtre les acteurs principaux d’une transformation du territoire ou jusqu’à quel point ils contribuent Ă  gĂ©nĂ©rer une gouvernance environnementale au niveau territorial (nouvelles institutions, systĂšmes de normes, comportements, formes d’organisation et modalitĂ©s de gestion). Selon Bengoa[65], " les mouvements sociaux ont contribuĂ© de maniĂšre dĂ©cisive Ă  la crĂ©ation d’un espace institutionnel dans lequel la lutte contre la pauvretĂ© et l’exclusion devient une rĂ©fĂ©rence Ă  laquelle on ne peut Ă©chapper ”, mais en dĂ©pit des succĂšs obtenus dans ce sens, “ ces changements institutionnels n’ont pas donnĂ© lieu Ă  des processus de transformation qui auraient pu modifier de façon substantielle les opportunitĂ©s des habitants des campagnes, particuliĂšrement les plus pauvres et les exclus sociaux ". Les raisons de cette limitation sont, entre autres, les suivantes :

  • Confrontation entre force de cohĂ©sion de l’identitĂ© et ouverture Ă  la diffĂ©rence pour accroĂźtre la soliditĂ© des mouvements ;
  • Manque de capacitĂ© pour renforcer la confiance entre les individus et obtenir la coopĂ©ration d’autrui ;
  • Contradiction entre participation sociale et innovation : au-delĂ  de la volontĂ© politique, la participation dĂ©bouche sur une transformation rĂ©ussie de l’économie du territoire dans certains cas seulement ;
  • On arrive souvent Ă  produire des biens et des services, mais on ne parvient pas Ă  Ă©viter que ceux-ci soient commercialisĂ©s Ă  travers des circuits conventionnels dĂ©jĂ  existants. Autrement dit, la critique idĂ©ologique du “ marchĂ© ” n’est souvent pas en mesure de se donner les moyens d’intervenir sur le marchĂ© et encore moins d’organiser des marchĂ©s.

Une autre question, non moins importante que la capacitĂ© d’initiative des mouvements sociaux, est leur capacitĂ© d’articulation Ă  l’échelle locale dans des cadres de gouvernance au sein desquels ils s’organisent avec des acteurs institutionnels. On peut citer Ă  cet Ă©gard l’exemple de l’Équateur, oĂč se dĂ©roule l’expĂ©rience novatrice d’une formation de fĂ©dĂ©rations et de comitĂ©s de gestion auxquels participent diffĂ©rents acteurs (ONG, communautĂ©, municipalitĂ©s, ministĂšre) afin de mener Ă  bien, d’un point de vue social, la gestion d’une forĂȘt protĂ©gĂ©e[66].

Propositions

La problĂ©matique fondamentale pour l’ensemble de la sociĂ©tĂ© est de trouver le moyen d’élaborer des systĂšmes de gouvernance effectifs, stables et lĂ©gitimes, Ă  l’échelle locale, nationale et internationale, qui garantissent la coĂ©volution de la nature et des sociĂ©tĂ©s humaines, avec pour objectif principal un modĂšle de dĂ©veloppement durable efficace et intĂ©gral, vĂ©ritable alternative au modĂšle dĂ©prĂ©dateur actuel.

L’Institut international pour le dĂ©veloppement durable propose un “ programme de rĂ©forme ” de la gouvernance mondiale. Son principal argument est qu’il semble exister un consensus tacite, mais puissant, sur les objectifs du systĂšme de gouvernance environnementale au niveau international, qui seraient :

  • Un leadership de qualitĂ© ;
  • L’établissement de la connaissance Ă  la base d’une politique environnementale solide ;
  • Une cohĂ©sion et une coordination efficaces ;
  • Une bonne gestion des institutions qui composent le systĂšme de gouvernance environnementale ;
  • La diffusion des prĂ©occupations et des actions environnementales dans d’autres domaines de la politique et de l’action internationale[56].

Cohérence et coordination entre instruments et acteurs

Le numéro de la revue Inforesources Focus consacré aux Conventions globales et (à la) gouvernance environnementale signale quatre obstacles fondamentaux au sein de la gouvernance environnementale mondiale et énumÚre certaines mesures qui devraient permettre de lever ces obstacles. Ces obstacles sont :

  • Des structures parallĂšles et concurrentes, sans une stratĂ©gie cohĂ©rente d’observation et de mise en place qui coordonne les diffĂ©rents acteurs institutionnels ;
  • Des contradictions et des incompatibilitĂ©s, avec des exemples de conventions qui se contredisent et se nuisent mutuellement, en raison de leur proximitĂ© thĂ©matique, sans chercher de solutions de compensation lorsque le cas se prĂ©sente ;
  • La prolifĂ©ration d’une concurrence entre des accords provenant d’organisations diffĂ©rentes avec des objectifs, des rĂšgles et des processus diffĂ©rents, l’exemple le plus significatif Ă©tant celui de l’OMC. Il n’existe pas de stratĂ©gie commune cohĂ©rente entre les accords commerciaux, les conventions environnementales et les programmes de lutte contre la pauvretĂ© ;
  • Le maillon manquant entre l’échelle mondiale et l’échelle locale : il faut inventer des formes flexibles de combinaison des voix populaires avec les directives mondiales.

Les mesures consistent Ă  :

  • RĂ©aliser les objectifs du MillĂ©naire et appliquer les conventions dont la mission commune est la gestion soutenable de la Terre, la rĂ©duction de la pauvretĂ© et l’équitĂ© des bĂ©nĂ©fices ;
  • Mettre en place une approche par pays pour combiner les Ă©chelles mondiale et locale : depuis quelque temps, on considĂšre Ă  nouveau les États comme l’échelle fondamentale intermĂ©diaire, car ils disposent d’infrastructures et d’institutions. Ils sont, en outre, les acteurs principaux de la coopĂ©ration internationale et les signataires des conventions ;
  • Instaurer une coordination et une division du travail : il faut envisager une approche multilatĂ©rale, afin de mieux soutenir le travail des pays dotĂ©s de peu de ressources financiĂšres et organisationnelles grĂące Ă  une meilleure coordination entre les pays donateurs et les institutions ;
  • Utiliser les “ documents stratĂ©giques pour la rĂ©duction de la pauvretĂ© ” (“ Poverty Reduction Strategy Papers ”, PRSPs) actuels, qui doivent ĂȘtre l’instrument essentiel de la planification pour le dĂ©veloppement, tout en les amĂ©liorant en augmentant la coordination entre des politiques sectorielles jusqu’ici fragmentĂ©es ;
  • Passer des conflits suscitĂ©s par le chevauchement thĂ©matique concurrentiel entre les accords, conventions et plans Ă  des arrangements compensatoires, en identifiant et en Ă©valuant les possibilitĂ©s d’action entre les stratĂ©gies sectorielles, en tenant compte des impĂ©ratifs sociaux Ă  court terme et environnementaux Ă  long terme, et en Ă©tablissant un dialogue ouvert entre les responsables gouvernementaux, les personnes concernĂ©es et les experts.

DĂ©mocratisation de la gouvernance environnementale mondiale

AprĂšs 2002, certains auteurs[67], ont vu dans le processus du Sommet de la terre (Rio 1992, Johannesburg 2002) un espace d’innovation dĂ©mocratique capable de bouleverser les schĂ©mas de l’ordre international et d’ouvrir la voie Ă  une forme de “ dĂ©mocratie d’acteurs ” ou “ dĂ©mocratie des parties ” (stakeholder democracy) dans la gouvernance environnementale mondiale, dans laquelle s’est dĂ©roulĂ© un processus dĂ©libĂ©ratif (et non pas seulement participatif) avec des acteurs fondamentaux comme les ONG, les femmes, les peuples indigĂšnes, les entreprises et les commerçants, qui ont pris part aux processus de dĂ©cision aux cĂŽtĂ©s des États et des organisations internationales. Avant, pendant et aprĂšs chacun des sommets, il y a eu des forums, des dialogues et des accords de partenariat, en parallĂšle avec des processus formels de relations entre acteurs Ă©tatiques et non Ă©tatiques. Le mode privilĂ©giĂ© pour cette forme de gouvernance a Ă©tĂ© la nĂ©gociation multilatĂ©rale, qui se caractĂ©rise par :

  • L’importance accordĂ©e aux considĂ©rations scientifiques et techniques durant la nĂ©gociation ;
  • La participation officielle et officieuse de nombreux acteurs ayant des compĂ©tences hĂ©tĂ©rogĂšnes, voire contradictoires ;
  • L’incertitude croissante, qui caractĂ©rise une partie des questions nĂ©gociĂ©es ;
  • Une nouvelle lecture du droit international et des modĂšles d’organisation sociale Ă  partir de nouveaux concepts et principes[68].

Une des caractĂ©ristiques de base de ce “ nouveau modĂšle de dĂ©mocratie ” est toutefois, on l’a dit, l’absence de rĂšgles communes quant Ă  la nature des acteurs et Ă  leur reprĂ©sentativitĂ©, avec pour consĂ©quence le dĂ©veloppement de relations non transparentes et favorables aux acteurs les plus puissants. Certaines voix critiques[69] signalent ainsi que la gouvernance environnementale est plus un espace de lobbying dĂ©pourvu de rĂšgles dĂ©mocratiques dans lequel des groupes d’intĂ©rĂȘts spĂ©cifiques peuvent influer sur la possibilitĂ© d’installer au pouvoir un type de gouvernement susceptible de privilĂ©gier leurs intĂ©rĂȘts Ă  l’échelle internationale. La mise en place de standards communs, de rĂšgles prĂ©cises, d’objectifs dĂ©finis, de champs d’action, de rĂšgles de conduite, de systĂšmes d’organisation efficaces... constituerait une alternative Ă  ces espaces de concertation mal organisĂ©s et donc peu efficaces.

RĂ©forme des institutions

À l’échelle mondiale, on peut se demander s’il est possible de mettre en place une action collective en matiĂšre d’environnement. Les AME sont signĂ©s et ratifiĂ©s depuis trente ans et leur application est toujours aussi difficile. Par ailleurs, les problĂšmes complexes de l’environnement, toujours plus nombreux et liĂ©s entre eux, requiĂšrent de façon urgente des rĂ©ponses coordonnĂ©es, voire dans des secteurs normatifs autres que ceux l’environnement. L’urgence et l’ampleur des problĂšmes allant au-delĂ  de la capacitĂ© des institutions existantes, on peut s’interroger sur la nĂ©cessitĂ© de crĂ©er une organisation internationale qui centralise ces questions, une Organisation mondiale de l’environnement (OME). Une autre option consisterait Ă  rĂ©former le Programme des Nations unies pour l’environnement, afin qu’il joue ce rĂŽle politique majeur, avec une structure de fonctionnement Ă©largie et un mandat opĂ©rationnel plus Ă©vident. Dans tous les cas, la poursuite des dĂ©bats sur l’éventuelle crĂ©ation d’une Organisation des Nations unies pour l’environnement, ne devrait pas inciter Ă  sous-estimer l’importance du besoin actuel de renforcer le PNUE. Il conviendrait donc de dĂ©terminer clairement les fonctions Ă  remplir avant de s’occuper de la forme que devrait adopter une institution de ce type.

Deux terrains s’opposent sur ces questions : l’Union europĂ©enne, en particulier la France et l’Allemagne et quelques organisations non gouvernementales, sont pour la crĂ©ation d’une OME ; le Royaume-Uni, les États-Unis et la plupart des pays en dĂ©veloppement prĂ©fĂšrent s’orienter vers des initiatives volontaires de la part de pays ou de groupes de pays[70]. Les partisans de l’OME soutiennent qu’une organisation centralisatrice favoriserait une meilleure gouvernance politique, une plus grande lĂ©gitimitĂ© et une coordination plus efficace. Ses critiques affirment que la mission des institutions actuelles couvre dĂ©jĂ  tous les besoins de la gouvernance environnementale et que c’est le manque de cohĂ©rence et de coordination entre elles, l’absence de rĂ©glementation et de distribution claires des responsabilitĂ©s, qui empĂȘchent que cette gouvernance soit efficace. On ignore au demeurant si le volume de financement de cette nouvelle institution serait supĂ©rieur Ă  celui dont dispose actuellement le PNUE, ou si cette nouvelle organisation garantirait l’efficacitĂ© des actions[71] - [72].

Il existe une rĂ©flexion avancĂ©e au sein des Nations unies ainsi que diffĂ©rents processus d’échanges, d’appels et de dĂ©clarations sur le besoin d’avancer vers un systĂšme de gouvernance environnementale mondiale qui apporte une solution aux problĂšmes de fragilitĂ©, de coordination et de cohĂ©rence actuels. Ce processus rĂ©sulte du besoin de dĂ©velopper les mesures de RĂ©forme des Nations unies approuvĂ©es dans le document final du Sommet de 2005[73]. Faute de parvenir Ă  un consensus sur la crĂ©ation de l’OME, la rĂ©flexion s’oriente vers des moyens devant rendre le PNUE et l’ensemble de la gouvernance environnementale plus efficaces. La rĂ©solution reconnaĂźt " le besoin de dĂ©velopper des actions plus efficaces au sein du systĂšme des Nations unies, avec une meilleure coordination, une meilleure orientation sur les politiques Ă  dĂ©velopper, une augmentation de l’information, de l’évaluation et de la coopĂ©ration scientifiques, une meilleure implĂ©mentation des traitĂ©s, tout en respectant leur autonomie juridique, et une meilleure intĂ©gration des actions environnementales dans le cadre plus large du dĂ©veloppement durable ".

Un rapport rĂ©visĂ© de ce processus met notamment l’accent sur les propositions suivantes :

  • Appeler Ă  une plus grande et une meilleure coordination entre les agences ;
  • Renforcer le rĂŽle scientifique du PNUE et lui reconnaĂźtre cette fonction ;
  • Identifier des domaines parmi les AME, pour renforcer la coordination, la coopĂ©ration et la collaboration entre les diffĂ©rents accords ;
  • Augmenter la prĂ©sence rĂ©gionale ;
  • Mettre intĂ©gralement en place le Plan stratĂ©gique de Bali sur l’amĂ©lioration de la formation et la dotation technologique pour l’application des mesures environnementales par les pays pauvres ;
  • Demander que le PNUE et les AME intĂšgrent formellement tous les comitĂ©s concernĂ©s de l’OMC en tant qu’observateurs ;

Les autres points que le PNUE devrait tenter de faire avancer dans un processus de réforme sont :

  • Le renforcement de sa situation financiĂšre ;
  • L’amĂ©lioration de l’efficacitĂ© et de l’effectivitĂ© des secrĂ©tariats.

Pour conclure, un des principaux rapports orientĂ©s dans ce sens[38] suggĂšre les recommandations suivantes, parmi lesquelles des initiatives qui doivent ĂȘtre engagĂ©es par le SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral ou l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies :

  • Établir une vision claire en ce qui concerne la division du travail entre les organismes de dĂ©veloppement, le PNUE et les AME, en indiquant leurs sphĂšres respectives et les types d’actions qui permettraient de doter ces institutions d’une capacitĂ© normative et opĂ©rationnelle pour la protection de l’environnement et le dĂ©veloppement durable ;
  • IntĂ©grer dans le cadre stratĂ©gique global des Nations unies une orientation politique en faveur de la protection de l’environnement et du dĂ©veloppement durable, dont la mise en Ɠuvre se fera par le biais des programmes biennaux ;
  • Pour l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, autoriser le conseil d’administration/Forum ministĂ©riel mondial sur l’environnement du PNUE Ă  adopter la StratĂ©gie Ă  moyen terme du PNUE comme instrument applicable Ă  tout le systĂšme et faisant partie intĂ©grante du cadre stratĂ©gique des Nations unies ;
  • Proposer des modalitĂ©s qui permettent aux États membres de formuler et d’administrer de maniĂšre plus satisfaisante les AME sans avoir Ă  crĂ©er un secrĂ©tariat indĂ©pendant pour chaque convention ;
  • Soutenir de maniĂšre adĂ©quate le PNUE afin d’activer son propre processus d’examen pĂ©riodique des rapports des AME, afin d’évaluer leur application et d’assurer la coordination et la cohĂ©rence entre eux ;
  • Pour le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, prĂ©senter Ă  l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des lignes directrices pour la mise en place de plates-formes nationales et, selon le cas, rĂ©gionales autour de politiques de protection environnementale et de dĂ©veloppement durable capables d’intĂ©grer l’application des AME dans les processus de l’Évaluation commune par pays (ECP) et dans le Plan-cadre des Nations unies pour l’aide au dĂ©veloppement (PNUAD)[74].
  • Soutenir les pouvoirs exĂ©cutifs des organisations et les accords multilatĂ©raux sur l’environnement, afin qu’ils Ă©laborent un cadre de planification commune au niveau de tout le systĂšme pour la gestion et la coordination des activitĂ©s environnementales ;
  • Pour le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, en collaboration avec d’autres organismes, procĂ©der Ă  un examen d’aptitude et d’efficacitĂ© du financement des activitĂ©s environnementales en se concentrant sur le concept des coĂ»ts diffĂ©rentiels ;
  • Pour l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, reprendre cet examen et redĂ©finir le concept de financement des coĂ»ts diffĂ©rentiels applicable aux mĂ©canismes financiers existants ;
  • Encourager et reconsidĂ©rer les attributions, la distribution des fonctions et des responsabilitĂ©s entre les entitĂ©s qui fournissent des services administratifs, financiers et de gestion des ressources humaines aux confĂ©rences des parties. DĂ©finir clairement le niveau et le type des services devant ĂȘtre procurĂ©s par les bureaux des Nations unies aux secrĂ©tariats des AME ;
  • Proposer des mesures visant Ă  amĂ©liorer la situation en matiĂšre de dotation et de distribution gĂ©ographique du personnel pour les secrĂ©tariats des AME ;
  • Augmenter la transparence dans l’utilisation des ressources pour des frais de soutien Ă  des programmes sur la base de frais effectifs, et dans la prestation de services aux AME administrĂ©s par les Nations unies et le PNUE. Établir un budget commun pour les services de soutien administratif fournis aux AME.

Éducation pour l’action civique

De ce point de vue, l’objectif va au-delĂ  de la simple Ă©ducation et concerne le dĂ©veloppement de formes d’action civique. Dans ce sens, un rapport de 2001 suggĂšre six champs d’action Ă  l’échelle des individus et des organisations, qui proposent une autre approche de la gouvernance, solution alternative Ă  celle des institutions, des entreprises et des autres grands acteurs :

  • Renforcer la vision critique des citoyens pour permettre un plus grand contrĂŽle dĂ©mocratique des orientations politiques ;
  • DĂ©velopper une perspective mondiale et critique dans l’ensemble de l’éducation ;
  • Stimuler le dĂ©veloppement des formations spĂ©cifiques des professeurs et Ă©ducateurs consacrĂ©es Ă  la mise en Ɠuvre d’une Ă©ducation concernant l’exercice de la citoyennetĂ© ;
  • Former certains groupes socioprofessionnels ;
  • Concevoir une Ă©ducation environnementale pour l’ensemble de la population ;
  • Évaluer les expĂ©riences originales de la sociĂ©tĂ© civile[75].

Initiative civique et transformation du modÚle de développement

En ce qui concerne la modification des modĂšles de dĂ©veloppement, les actions individuelles d’une citoyennetĂ© consciente peuvent s’orienter vers une transformation de la consommation, vers ce qu’on a appelĂ© la “ simplicitĂ© volontaire ” : changement dans les habitudes d’achat et simplification du mode de vie (moins de travail, moins de consommation, plus de socialisation et de loisirs constructifs, moins de stress). Les actions individuelles ne doivent cependant pas se substituer Ă  la vigilance et Ă  la pression civique sur la politique[76].

Les alternatives pour une consommation responsable et une vie plus frugale sont en train de se dĂ©velopper depuis quelques dĂ©cennies et concernent tout d’abord la conscience du caractĂšre politique des actes individuels, concrĂštement l’achat, selon le principe qu’une Ă©thique de la consommation doit privilĂ©gier la satisfaction des besoins de base de toute la population. Ces alternatives visent le bien-ĂȘtre physique des individus et de la sociĂ©tĂ©. Elles concernent une alimentation saine, l’accĂšs Ă  l’eau potable et au tout-Ă -l’égout, Ă  l’éducation, Ă  un systĂšme de santĂ© et Ă  la sĂ©curitĂ© physique[76]. Globalement, cela comprend la rĂ©duction de la consommation ainsi que le recyclage des matĂ©riaux. Dans le cas de l’alimentation, l’achat de produits biologiques, sous le label du commerce Ă©quitable, du commerce de proximitĂ©, en Ă©vitant au maximum le mauvais traitement aux animaux, s’est beaucoup dĂ©veloppĂ©.

Pour ce qui est des transports, il faut signaler les alternatives au transport individuel (transports en commun, covoiturage, bicyclette, etc.). Du point de vue de l’énergie, c’est naturellement l’utilisation prĂ©fĂ©rentielle d’énergies alternatives. Pour les dĂ©chets industriels, on encourage des processus d’écologie industrielle sur un territoire, par le biais desquels les dĂ©chets d’une industrie sont reconvertis en matiĂšre premiĂšre pour un autre type d’industrie. Et il existe de nombreux autres exemples dans d’autres domaines de la vie quotidienne.

À l’échelle des gouvernements, les mesures qui peuvent ĂȘtre adoptĂ©es pour favoriser la transition vers une Ă©conomie plus frugale sont nombreuses, surtout dans le domaine des politiques d’imposition et de subventions, de la rĂ©glementation sur l’usage de produits chimiques et polluants, de la dĂ©finition de standards et de l’étiquetage des produits, de la promotion de produits biologiques et de proximitĂ© dans les Ă©tablissements publics, etc.[76].

Politiques et régulations

Au-delĂ  de l’initiative individuelle, il faut encourager des politiques qui garantissent une « sociĂ©tĂ© du bien-ĂȘtre » au lieu d’une « sociĂ©tĂ© du dĂ©veloppement », dans laquelle on cherche Ă  assurer les conditions qui facilitent le bonheur personnel et social et non pas l’augmentation et la possession de biens matĂ©riels qui, comme l’indiquent de nombreuses Ă©tudes de psychologie, ne rĂ©solvent pas les problĂšmes sociaux et Ă©motionnels au-delĂ  d’une limite minimale dans le cas de personnes Ă  faibles revenus.

Les dĂ©finitions de cette notion de bien-ĂȘtre varient, mais elles ont tendance Ă  se regrouper autour des thĂšmes suivants :

  • Besoins essentiels pour vivre : nourriture, logement et moyens de subsistance assurĂ©s ;
  • Bonne santĂ© au niveau individuel et au niveau environnemental ;
  • Relations sociales satisfaisantes, qui comprennent l’expĂ©rience de la cohĂ©sion sociale ainsi qu’un rĂ©seau social sur lequel s’appuyer.
  • SĂ©curitĂ© de la personne et de ses biens ;
  • LibertĂ©, qui comprend notamment la capacitĂ© pour chacun d’exercer son potentiel de dĂ©veloppement.

Cette dĂ©finition du bien-ĂȘtre s’oriente vers une bonne qualitĂ© de vie, dans laquelle les activitĂ©s se dĂ©veloppent de façon dĂ©libĂ©rĂ©e et sans stress. Une sociĂ©tĂ© fondĂ©e sur ce type de “ bien vivre ” privilĂ©gie l’interaction avec la famille, les amis et les voisins, une expĂ©rience plus directe de la nature, un plus grand intĂ©rĂȘt pour l’auto-rĂ©alisation et l’expression crĂ©ative, tandis que l’intĂ©rĂȘt diminue vis-Ă -vis de l’accumulation de biens. Ces sociĂ©tĂ©s accordent plus de valeur Ă  des styles de vie qui Ă©vitent toute violence Ă  l’égard des individus, du monde et de la nature qui les entourent[76].

Les politiques et rĂ©glementations qui dĂ©terminent la gamme d’options disponibles, Les politiques et rĂ©glementations qui dĂ©terminent la gamme d’options disponibles, comme les subventions qui modifient les prix en faveur des Ă©nergies alternatives, les textes urbanistiques qui favorisent l’utilisation de matĂ©riaux recyclĂ©s dans la construction, sont des exemples du besoin de promouvoir des « infrastructures du bien-ĂȘtre » en agissant simultanĂ©ment aux niveaux politique, physique et culturel.

À un autre niveau, il s’agit Ă©galement d’éliminer les subventions perverses du point de vue environnemental (favorables Ă  une croissance non durable), d’adopter des taxes sur la pollution et des mesures en faveur d’un temps disponible des travailleurs pour leur dĂ©veloppement personnel et familial[76].

Renforcer les relations...

Un programme d’ateliers nationaux sur les synergies entre les trois conventions de Rio a Ă©tĂ© lancĂ© Ă  la fin de l’annĂ©e 2000, en Ă©troite collaboration avec les secrĂ©tariats de chacune d’entre elles. Son objectif Ă©tait de renforcer la coordination existant Ă  l’échelle locale :

  • En Ă©changeant des informations ;
  • En favorisant le dialogue politique avec l’ensemble des donateurs pour obtenir un soutien financier et rĂ©aliser les programmes qui comprennent les objectifs des conventions ;
  • En permettant aux secrĂ©tariats d’actualiser leurs programmes de travail communs[77].

D’autre part, d’aprĂšs Campbell[78] : « dans le contexte de la mondialisation, la question de la relation des thĂšmes environnementaux avec d’autres sujets comme les mĂ©canismes d’application du commerce, l’investissement et la rĂ©solution de conflits, ainsi que les stimulants Ă©conomiques pour participer et appliquer les accords, paraissent constituer une importante leçon pour le dĂ©veloppement effectif de structures de gouvernement environnemental ». Les problĂšmes environnementaux mondiaux conservent ainsi une relation Ă©troite avec le systĂšme Ă©conomique mondial et avec les diffĂ©rents modĂšles de dĂ©veloppement existants. « Ces problĂšmes renferment Ă©galement les germes d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration de conflits internationaux qui peuvent affecter en mĂȘme temps la stabilitĂ© des relations internationales et la sĂ©curitĂ© collective. D’oĂč l’apparition du concept de « sĂ©curitĂ© collective » ».

Pour terminer, comme le dĂ©montrent les dix annĂ©es d’expĂ©rience de l’application de l’Agenda 21, la question du transfert des dĂ©cisions prises Ă  l’échelle locale pour une mise en place Ă  l’échelle mondiale est aussi importante que la façon dont les expĂ©riences ou les “ meilleures pratiques ” Ă  l’échelle locale, souvent fragmentĂ©es, s’adaptent au concept d’un rĂ©gime global. Kanie[79] signale que les forces Ă©mergentes de la gouvernance environnementale (ONG, scientifiques, certaines institutions internationales, partenariats entre les diffĂ©rents acteurs) peuvent contribuer Ă  rĂ©duire la distance qui sĂ©pare les Ă©chelles locale et internationale. Toutefois, le double problĂšme politique et technique sur la maniĂšre de mener Ă  terme l’articulation des Ă©chelles reste entier : politique Ă  cause de la difficultĂ© Ă  rassembler les volontĂ©s nĂ©cessaires parmi les acteurs concernĂ©s ; et technique, car il n’existe pas encore dans le domaine environnemental d’expĂ©riences de concertation entre de multiples acteurs, qui articulent simultanĂ©ment les diffĂ©rentes Ă©chelles territoriales.

Notes et références

  1. Launay, Claire, MouriĂšs, Thomas, Les diffĂ©rentes catĂ©gories de biens , rĂ©sumĂ© et extrait du livre de Pierre Calame, ’’La dĂ©mocratie en miettes’’, 2003.
  2. Morin, Jean-Frédéric, 1977- ..., Jegen, Maya. et Impr. Corlet), Politique internationale de l'environnement, Paris, SciencesPo-les Presses, dl 2015, 292 p. (ISBN 978-2-7246-1745-0 et 2724617452, OCLC 920030462, lire en ligne)
  3. Les sources Ă©crites du droit de l'environnement
  4. Roussel, Marie; Institutional Failures of the Global Environmental Governance; inĂ©dit, universitĂ© d’AdĂ©laĂŻde, 2007
  5. Fontaine, Guillaume; Verde y negro: ecologismo y conflictos por petróleo en el Ecuador, "in" G. Fontaine, G. van Vliet, R. Pasquis (Coord.), Políticas ambientales y gobernabilidad en América Latina" ; Quito: FLACSO-IDDRI-CIRAD, 2007, pp. 223-254.
  6. Ojeda, L., Gobernabilidad en la ConservaciĂłn de los Recursos Naturales, Red ECOUF, Universidad de la Florida (Ă©bauche), 2005.
  7. [PDF] (en) Najam, A., Papa, M. and Taiyab, N. Global Environmental Governance. A Reform Agenda, IISD, 2006.
  8. Roussel, Marie; Ibid., 2007.
  9. Martimort-Asso, BenoĂźt; Tubiana, Laurence; Gouvernance internationale de l'environnement : les prochaines Ă©tapes; "Les synthĂšses de l'IDDRI", num. 6, janvier 2005.
  10. Conventions globales et gouvernance environnementale; Inforesources Focus n° 3, 2005.
  11. PNUE; International Environment Governance and the reform of the United Nations, XVIe rĂ©union du Forum des ministres de l’environnement d’AmĂ©rique latine et des CaraĂŻbes, 2008.
  12. Civil Society Statement on International Environmental Governance, septiÚme session spéciale du Conseil de gouvernement/FMME du PNUE, Cartagena (Colombie), février 2002.
  13. Martimort-Asso, BenoĂźt; Tubiana, Laurence; Ibid., 2005.
  14. 7 000 communes, c’est trĂšs peu sachant qu’il existe plus d’un million de communes sur toute la planĂšte et que les prĂ©visions initiales prĂ©voyaient une implantation dans 500 000 communes en 1996 et sur la totalitĂ© de la planĂšte vers l’an 2000.
  15. Roussel, Marie; Ibid., 2007.
  16. BĂ€ckstrand, Karin et Saward, Michel, Democratizing Global Governance: Stakeholder Democracy at the World Summit for Sustainable Development, document prĂ©sentĂ© lors de la rencontre annuelle de l’American Political Science Association, Chicago, 2005.
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  18. Pulgar Vidal, Manuel, Ibid, 2005.
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  25. Micro-organismes du sol : lire Rapport C/N.
  26. Leurs arguments sont exposés dans le documentaire Solutions locales pour un désordre global de Colline Serrault (2010).
  27. Lire Inondations de 2012 en Russie.
  28. GIEC, Bilan 2007 des changements climatiques. Contribution des Groupes de travail I, II et III au quatriĂšme Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat GenĂšve, Suisse, 103 pages. p. 16.
  29. L’Union europĂ©enne s’est engagĂ©e Ă  rĂ©duire de 8 % ses Ă©missions totales moyennes au cours de la pĂ©riode 2008-2012 par rapport Ă  1990. À cet effet, chaque pays reçoit une marge diffĂ©rente en fonction de divers paramĂštres Ă©conomiques et environnementaux (ex. : France [0 %], Espagne [+ 15 %], Portugal [+ 27 %].)
  30. la menace sur l'espÚce atteint un point tel que les zoos européens, quoique situés en zone tempérée réclament à la réserve naturelle kényane des spécimens pour préservation en captivité.
  31. La santé des populations locales est également problématique, du fait des suies liées aux torchages du gaz naturel, effectués prÚs des zones d'habitation.
  32. Ceci a débouché sur l'affirmation de mouvements séparatistes radicaux : lire les articles Révolte des Ogoni et Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger.
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  73. RĂ©solution 60/1 de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies.
  74. L’ECP est le principal outil de diagnostic disponible pour les Ă©quipes des pays des Nations unies et leurs partenaires, qui permet d’évaluer et de crĂ©er une comprĂ©hension commune des dĂ©fis sous-jacents qu’un pays doit relever durant son processus de dĂ©veloppement. Le PNUAD naĂźt de l’effort d’analyse et de collaboration de l’ECP et il est le fondement des programmes de coopĂ©ration du systĂšme des Nations unies (source : ISDR; Words into Action : A Guide for Implementing the Hyogo Framework, Nations unies, 2007, chapitre 4, p. 81-120.)
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