AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Giordano Bruno

Filippo Bruno, dit Giordano Bruno, né en à Nola (Royaume de Sicile) et mort le à Rome, est un frÚre dominicain et philosophe[1] - [2] - [3] - [4] napolitain. Sur la base des travaux de Nicolas de Cues puis de Copernic, il développe la théorie de l'héliocentrisme et montre, de maniÚre philosophique, la pertinence d'un univers infini, qui n'a ni centre ni circonférence[note 1], peuplé d'une « quantité innombrable d'astres et de mondes identiques au nÎtre ».

Giordano Bruno
Vue d'artiste de Giordano Bruno,
gravure du XVIIIe siĂšcle.
Naissance
DĂ©cĂšs
Formation
École/tradition
Principaux intĂ©rĂȘts
Idées remarquables
univers infini, pluralité des mondes
Influencé par
A influencé

AccusĂ© formellement d'athĂ©isme et d'hĂ©rĂ©sie (particuliĂšrement pour sa thĂ©orie de la rĂ©incarnation des Ăąmes) par l'Inquisition, d'aprĂšs ses Ă©crits jugĂ©s blasphĂ©matoires (oĂč il proclame en outre que JĂ©sus-Christ n'est pas Dieu mais un simple « mage habile », que le Saint-Esprit est l'Ăąme de ce monde, que Satan sera finalement sauvĂ©[5] - [6]) et poursuivi pour son intĂ©rĂȘt pour la magie, il est condamnĂ© Ă  ĂȘtre brĂ»lĂ© vif au terme de huit annĂ©es de procĂšs ponctuĂ©es de nombreuses propositions de rĂ©tractation qu'il paraissait d'abord accepter puis qu'il rejetait.

Une statue de bronze Ă  son effigie trĂŽne depuis le XIXe siĂšcle sur les lieux de son supplice, au Campo de' Fiori Ă  Rome.

Biographie

Éducation dominicaine (1548-1575)

Statue en bronze de Giordano Bruno (1889) par Ettore Ferrari (1845-1929), Campo de' Fiori, Rome.

Giordano Bruno naĂźt en janvier 1548 Ă  Nola, bourgade proche de Naples, qui relĂšve de la souverainetĂ© espagnole. Son nom est Filippo. Sa famille dispose de revenus modestes (son pĂšre est un homme d'armes). L'Ă©cole la plus proche de chez lui, lui donne une instruction. ImprĂ©gnĂ© d'humanisme, d'auteurs classiques, d'Ă©tude de la langue et de la grammaire latines, il sera toutefois rebutĂ© par le pĂ©dantisme de l'enseignement. Il rejoint l'universitĂ© de Naples oĂč il dĂ©couvre la mnĂ©motechnique, l'art de la mĂ©moire, qui constituera rapidement une de ses disciplines d'excellence. Il prend aussi des cours particuliers, qui le mettent au cƓur des dĂ©bats philosophiques entre platoniciens et aristotĂ©liciens.

Sa culture, alors essentiellement humaniste, s'enrichit d'un apport thĂ©ologique dĂ©terminant. Le , il entre chez les FrĂšres PrĂȘcheurs de San Domenico Maggiore, d'une part prestigieux couvent dominicain pour la qualitĂ© des titres qu’il attribue, rĂ©putĂ©s dans toute l'Italie, d'autre part prĂ©cieux refuge en ces temps de disette et d'Ă©pidĂ©mie. Il y rencontre Giordano Crispo, maĂźtre en mĂ©taphysique, dont il adopte le prĂ©nom en guise d'hommage. Il est alors un dominicain modĂšle, vivant selon la devise verbo et exemplo (« par le verbe et par l'exemple »), et est ordonnĂ© prĂȘtre en 1573.

Rupture (1576)

Il devient lecteur en thĂ©ologie en juillet 1575. S'il semble poursuivre sa carriĂšre de dominicain modĂšle (il soutient une thĂšse sur la pensĂ©e de Thomas d'Aquin et de Pierre Lombard), Bruno dissimule en fait une rĂ©bellion contre le carcan thĂ©ologique. Au fil des annĂ©es, il a su se forger une culture Ă©clectique et peu orthodoxe, sans cesse alimentĂ©e par un appĂ©tit de lectures et des capacitĂ©s exceptionnelles de mĂ©morisation. Il est particuliĂšrement adepte des Ɠuvres d'Érasme, humaniste qui affirme sa libertĂ© de pensĂ©e par rapport aux autoritĂ©s ecclĂ©siastiques. Il a le goĂ»t de l'hermĂ©tisme et de la magie. Enfin, grandit en lui une passion pour la cosmologie, dĂ©tachĂ©e de l'approche thĂ©ologique.

La rupture qui couvait finit par ĂȘtre consommĂ©e. DĂšs sa premiĂšre annĂ©e de noviciat, il avait ĂŽtĂ© des images saintes de sa chambre, notamment celles reprĂ©sentant Marie, s'attirant l'accusation de profanation du culte de Marie. Au fil des annĂ©es, les heurts deviennent plus durs, tout particuliĂšrement au sujet de la TrinitĂ©, dogme qu'il repousse. On l'accuse d'avoir lu et Ă©tudiĂ© des livres interdits. En fĂ©vrier 1576, il doit abandonner le froc dominicain et fuir, une instruction ayant Ă©tĂ© ouverte Ă  son encontre afin de le dĂ©clarer hĂ©rĂ©tique.

Errance (1576-1592)

Illustration d'un des livres de Giordano Bruno sur la mnémotechnique : on y distingue les quatre éléments classiques : la terre, l'air, l'eau et le feu.

Dans un premier temps, Giordano Bruno espĂšre rester en Italie. Il survit, de 1576 Ă  1578, par des leçons de grammaire ou d’astronomie, mais sa condition d’apostat l’amĂšne Ă  changer frĂ©quemment de ville ou de rĂ©gion : GĂȘnes, Noli, Savone, Turin, Venise, Padoue, Brescia, Naples abritent successivement ses doutes et ses recherches. Durant ces deux annĂ©es, il ne pourra publier qu’un seul ouvrage dont on ne connaĂźt que le titre : De' segni de tempi (Des Signes du temps).

ÉpuisĂ© par sa condition, il finit par s’exiler dans le comtĂ© de Savoie, Ă  ChambĂ©ry tout d’abord, puis il va dans la GenĂšve calviniste. Mais son intĂ©gration dans la communautĂ© Ă©vangĂ©lique ne durera qu’un temps : une dispute avec la hiĂ©rarchie (il conteste la compĂ©tence d’un de ses membres, le professeur de philosophie Antoine de La Faye) lui vaut arrestation et excommunication, le .

Il repart et rejoint Lyon, puis Toulouse, alors sujette au dogmatisme catholique le plus intĂšgre. Toutefois, il parvient Ă  enseigner deux ans durant, et Ă  obtenir le titre de magister artium (maĂźtre Ăšs-arts) ainsi que la fonction de « professeur ordinaire » (contractuel). Il alterne la physique et les mathĂ©matiques, et publie un ouvrage sur la mnĂ©motechnique : Clavis Magna. IntĂ©ressĂ© par l’ouvrage et impressionnĂ© par la mĂ©moire colossale de Bruno, le roi de France Henri III le fait venir Ă  la cour et devient son protecteur, lui offrant, jusqu'en 1583, cinq annĂ©es de paix et de sĂ©curitĂ©.

Il figure parmi les philosophes attitrĂ©s de la cour. Henri III lui octroie une chaire de « lecteur extraordinaire et provisionnĂ© » au CollĂšge des lecteurs royaux, prĂ©figuration du CollĂšge de France[7]. Son discours s’arrondit et, face aux tensions religieuses, il adopte une position tolĂ©rante. En 1582, son talent d’écrivain, ironique et lyrique, vivant, imagĂ©, se confirme dans Candelaio (Le Chandelier), comĂ©die satirique sur son temps.

En avril 1583, Giordano Bruno se rend en Angleterre, Ă  Londres puis Ă  Oxford, oĂč il reçoit un accueil hostile. PrĂ©cĂ©dĂ©es par une rĂ©putation brillante mais sulfureuse, ses idĂ©es malmĂšnent l’Église anglicane ; il essuie de nombreuses critiques. SĂ»r de lui et de ses idĂ©es et plein de mĂ©pris pour celles de ses contradicteurs, il consacre deux annĂ©es Ă  rĂ©pliquer ; il apparaĂźt alors comme un philosophe, thĂ©ologien et scientifique novateur, mais impertinent. En 1584, paraissent :

  • La Cena de le Ceneri (Le Banquet des cendres) ;
  • De la causa, principio, e Uno (La Cause, le principe et l’un) ;
  • De l’infinito, universo e Mondi (De l’Infini, de l'univers et des mondes).

Dans ces ouvrages il expose sa vision cosmographique audacieuse et rĂ©volutionnaire. Il y soutient les thĂšses coperniciennes du monde, et va au-delĂ  encore en imaginant un univers peuplĂ© d’une infinitĂ© de mondes :

« Nous affirmons qu'il existe une infinité de terres, une infinité de soleils et un éther infini[8]. »

En 1585, trois nouveaux ouvrages approfondissent et poursuivent ses audaces :

  • Spaccio de la Bestia Trionfante (L’Expulsion de la bĂȘte triomphante) s'attaque aux attitudes calvinistes et catholiques ;
  • Cabala del cavallo Pegaseo (La Cabale du cheval PĂ©gase), opuscule satirique, dĂ©molit systĂ©matiquement la vĂ©nĂ©rable rĂ©fĂ©rence aristotĂ©licienne ;
  • De gl’ heroici furori (Les Fureurs hĂ©roĂŻques) Ă©limine l’idĂ©e d’un monde centrĂ© et prĂ©sente un univers oĂč Dieu n’a plus de lieu.

En , il retourne Ă  Paris, oĂč il entreprend une critique serrĂ©e d'Aristote, avec Figuratio Aristotelici Physici auditus (Esquisse de la physique aristotĂ©licienne) et Centum et viginti articuli de natura et mundo (120 articles sur la nature et le monde). Mais les positions religieuses se durcissent : Henri III ne peut plus se permettre de dĂ©fendre un rĂ©volutionnaire du savoir. De plus, Mordente, gĂ©omĂštre associĂ© aux ligueurs, l'accuse de plagiat en s’attribuant la paternitĂ© du compas de proportion. Il s’exile en Allemagne en juin 1586 ; l'universitĂ© de Marbourg puis celle de Wittenberg l’accueillent. Le voilĂ  dans la communautĂ© luthĂ©rienne. Mais, Ă  l’automne 1588, aprĂšs des heurts avec sa nouvelle hiĂ©rarchie, Giordano Bruno apprend son excommunication de l’Église luthĂ©rienne.

Il reprend la route, toujours en Allemagne. Ses ouvrages tĂ©moignent alors de sa volontĂ© d’organiser sa pensĂ©e :

  • De innumerabilibus, immenso, et infigurabili, rĂ©examine sa cosmographie ;
  • De monade numero et figura, oĂč il rĂ©flĂ©chit sur le rapport entre les nombres et les figures gĂ©omĂ©triques ;
  • De triplici minimo et mensura, rĂ©flexions sur l’infiniment petit (prĂ©curseur des Ă©tudes sur l’atome) ;
  • De imaginum, signorum et idearum compositione (De la composition des images, des signes et des idĂ©es), introduit un prodigieux systĂšme mnĂ©motechnique.

À l'issue d'une derniĂšre expulsion de Francfort, un sĂ©jour Ă  Zurich, puis un retour Ă  Francfort, Giordano Bruno accepte en aoĂ»t 1591 l'invitation Ă  Venise d'un jeune patricien, Giovanni Mocenigo. Les deux hommes ne s'entendent pas. Bruno revient probablement motivĂ© par l'envie d'ĂȘtre nommĂ© Ă  la chaire de mathĂ©matiques de l’universitĂ© de Padoue, mais Mocenigo attend de Bruno qu'il lui enseigne la mnĂ©motechnique et l’art d’inventer. Le patricien considĂšre vite qu’il n'en a pas pour son argent, alors que Bruno considĂšre que sa prĂ©sence est dĂ©jĂ  un honneur pour son hĂŽte. Déçu, Bruno veut repartir et froisse Mocenigo, qui commence par le retenir prisonnier puis, ne parvenant pas Ă  le soumettre, finit par le dĂ©noncer Ă  l’inquisition vĂ©nitienne, le . Giordano Bruno est arrĂȘtĂ©, jetĂ© Ă  la prison de San Domenico di Castello.

ProcĂšs (1592-1600)

Les circonstances du procĂšs sont relatĂ©es dans des documents Ă©tablis Ă  Venise[9], et par son rĂ©sumĂ©, retrouvĂ© en 1940 dans les archives personnelles du pape Pie IX par le cardinal Angelo Mercati et publiĂ© en 1942[10]. Les documents originaux du procĂšs ont Ă©tĂ© dĂ©finitivement perdus aprĂšs leur transport Ă  Paris — avec d'autres archives de l'inquisition — sur ordre de NapolĂ©on.

Au cours du procĂšs, qui durera huit annĂ©es, l'acte d'accusation va Ă©voluer. Le premier acte d'accusation se concentre sur ses positions thĂ©ologiques hĂ©rĂ©tiques : sa pensĂ©e antidogmatique, le rejet de la transsubstantiation — que le concile de Trente vient de confirmer — et de la TrinitĂ©, son blasphĂšme contre le Christ, sa nĂ©gation de la virginitĂ© de Marie. Mais ses activitĂ©s sont dĂ©jĂ  relevĂ©es : sa pratique de l’art divinatoire, sa croyance en la mĂ©tempsycose, sa vision cosmologique. Au long du procĂšs, l'acte d'accusation ne cessera de s'aggraver. En 1593, dix nouveaux chefs d'accusation sont ajoutĂ©s. Bruno subit sept annĂ©es de procĂšs, ponctuĂ©es par une vingtaine d'interrogatoires menĂ©s par le cardinal Robert Bellarmin, qui fut Ă©galement engagĂ© dans l'instruction qui conduisit en 1616 Ă  l'interdiction de la diffusion de la thĂ©orie copernicienne notifiĂ©e Ă  GalilĂ©e.

Blanchi par les tribunaux vénitiens, Bruno est presque libéré. Mais la Curie romaine semble vouloir lui faire payer son apostasie. Sur intervention personnelle du pape Clément VIII auprÚs du doge, procédure tout à fait exceptionnelle, Rome obtient son extradition et Bruno se retrouve dans les geÎles vaticanes du Saint-Office[11].

Il lui arrive de concĂ©der un geste de rĂ©tractation, mais se reprend toujours : « Je ne recule point devant le trĂ©pas et mon cƓur ne se soumettra Ă  nul mortel. ». Le pape somme une derniĂšre fois Bruno de se soumettre, mais Bruno rĂ©pond :

« Je ne crains rien et je ne rétracte rien, il n'y a rien à rétracter et je ne sais pas ce que j'aurais à rétracter. »

Supplice (1600)

Le , ClĂ©ment VIII ordonne au tribunal de l'Inquisition de prononcer son jugement qui le dĂ©clare hĂ©rĂ©tique et qui, « devant son extrĂȘme et rĂ©solue dĂ©fense[12] », le condamne Ă  ĂȘtre remis au bras sĂ©culier pour ĂȘtre puni, selon la formule usuelle, « avec autant de clĂ©mence qu'il se pourrait et sans rĂ©pandre de sang » (« ut quam clementissime et citra sanguinis effusionem puniretur »). À la lecture de sa condamnation au bĂ»cher, le 9 fĂ©vrier, Bruno commente : « Vous Ă©prouvez sans doute plus de crainte Ă  rendre cette sentence que moi Ă  la recevoir. ».

Les circonstances de la mort de Giordano Bruno sont relatées dans la copie d'une lettre de Gaspard Schopp, dit Scioppius, au jurisconsulte allemand Ritterschausen située en annexe du livre Machiavellizatio, d'auteur inconnu, publié à Saragosse en 1621, lettre citée ensuite pour la premiÚre fois dans la préface de Commentaires sur Zoroastre, un ouvrage du pasteur Jean-Henri Ursin, publié en 1661.

Selon cette source, le jeudi , sur le Campo de' Fiori, il est livré vivant aux flammes devant la foule des pÚlerins venus pour le Jubilé. Il est nu. Pour le réduire au silence, on lui a cloué la langue sur un mors de bois[13].

Le faible nombre de documents concernant cette exĂ©cution a conduit certains Ă  douter de sa rĂ©alitĂ©. C'est le cas, par exemple, de ThĂ©ophile Desdouits, journaliste et professeur de philosophie du XIXe siĂšcle. Dans son article La lĂ©gende tragique de Giordano Bruno[14], il remet en cause l'authenticitĂ© de la lettre de Gaspard Schopp. Faisant en outre remarquer qu'une telle exĂ©cution, Ă  l'aube du XVIIe siĂšcle, aurait dĂ» laisser plus d'un tĂ©moignage Ă©crit, il Ă©met l'hypothĂšse que Giordano Bruno aurait pu n'ĂȘtre exĂ©cutĂ© qu'en effigie. Cependant l'historien des sciences Arkan Simaan met Ă  bas l'hypothĂšse de ThĂ©ophile Desdouits, prĂ©cisant que l'on connaĂźt maintenant des documents officiels datant de et relatant cette exĂ©cution[15] - [16].

Doctrine

« De plus, dans cet univers, je place une providence universelle, en vertu de laquelle toute chose vit, se dĂ©veloppe, se meut et demeure dans sa perfection ; et j’entends [cette providence] en deux façons : l’une, Ă  la façon dont l’ñme est prĂ©sente au corps, tout entiĂšre dans le corps tout entier, et tout entiĂšre en n’importe quelle partie [du corps], et je l’appelle nature, ombre et trace de la divinité [17] »

Physique

CĂ©lĂšbre est la preuve donnĂ©e par Giordano Bruno sur la relativitĂ© du mouvement[18]. Selon Aristote, la Terre est immobile ; la preuve, c'est que, si l'on fait tomber du haut d'un arbre ou d'une tour une pierre, elle tombe verticalement ; si la Terre tournait, elle se dĂ©placerait pendant le temps de la chute, l'endroit oĂč la pierre tomberait serait dĂ©calĂ© dans le sens inverse du mouvement terrestre. Bruno dĂ©monte cette fausse preuve de la fixitĂ© de la Terre. Si on lĂąche une pierre du haut du mĂąt d'un bateau en mouvement, elle tombera toujours au pied du mĂąt, quel que soit le mouvement du bateau par rapport Ă  la rive. Bateau, mĂąt et pierre forment ensemble ce qu'on appellera plus tard un systĂšme mĂ©canique. Il est impossible de dĂ©celer un mouvement en ligne droite Ă  vitesse constante d'un systĂšme mĂ©canique par des expĂ©riences rĂ©alisĂ©es Ă  bord de ce systĂšme lui-mĂȘme. En montrant qu'on ne peut envisager le mouvement d'un corps dans l'absolu, mais seulement de maniĂšre relative, en relation avec un systĂšme de rĂ©fĂ©rence, Bruno ouvre la voie aux travaux de GalilĂ©e, et ce principe au fondement du rĂ©fĂ©rentiel inertiel, l'est encore pour la thĂ©orie de la relativitĂ© restreinte.

« Toutes choses qui se trouvent sur la Terre se meuvent avec la Terre. La pierre jetée du haut du mùt reviendra en bas, de quelque façon que le navire se meuve. » (Le Banquet des cendres).

Cosmologie

DĂšs 1584 (Le Banquet des cendres), Bruno adhĂšre, contre la cosmologie d'Aristote, Ă  la cosmologie de Copernic (1543), Ă  l'hĂ©liocentrisme : double mouvement des planĂštes sur elles-mĂȘmes et autour du Soleil, au centre. Il reprend les idĂ©es exposĂ©es par Nicolas de Cues dans La Docte ignorance (1440).

Mais il va plus loin : il veut renoncer à l'idée de centre. « Il n'y a aucun astre au milieu de l'univers, parce que celui-ci s'étend également dans toutes ses directions. » Chaque étoile est un soleil semblable au nÎtre, et autour de chacune d'elles tournent d'autres planÚtes, invisibles à nos yeux, mais qui existent.

« Il est donc d'innombrables soleils et un nombre infini de terres tournant autour de ces soleils, à l'instar des sept « terres » [la Terre, la Lune, les cinq planÚtes alors connues : Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne] que nous voyons tourner autour du Soleil qui nous est proche. »

— Giordano Bruno, L'Infini, l'Univers et les Mondes, 1584

Le monde est infini, sans clĂŽture. Contre Copernic, Bruno « abolit » la sphĂšre des Ă©toiles fixes, puisque dans toutes les directions, Ă  l'infini, le vide immense est parsemĂ© d'Ă©toiles. « Intuition remarquable, dit un commentateur. Pour la premiĂšre fois dans l'histoire de la pensĂ©e humaine, le ciel acquiert une profondeur. Plus exactement, c'est la notion mĂȘme de ciel qui s'Ă©vanouit, pour laisser place Ă  celle d'espace homogĂšne, c'est-Ă -dire identique Ă  lui-mĂȘme, dans toutes les directions[19]. »

Bruno est le premier Ă  postuler, contre la doctrine de l'Église de l'Ă©poque, la « pluralitĂ© de mondes habitĂ©s » dans son ouvrage De l'infinito universo et Mondi. Il postule que les Ă©toiles sont des soleils, plus petits car Ă©loignĂ©s, et que ceux-ci peuvent abriter d'autres crĂ©atures Ă  l'image de Dieu.

« « Ainsi donc les autres mondes sont habités comme l'est le nÎtre ? » demande Burchio.
Fracastorio [porte-parole de Bruno] rĂ©pond : « Sinon comme l'est le nĂŽtre et sinon plus noblement. Du moins ces mondes n'en sont-ils pas moins habitĂ©s ni moins nobles. Car il est impossible qu'un ĂȘtre rationnel suffisamment vigilant puisse imaginer que ces mondes innombrables, aussi magnifiques qu'est le nĂŽtre ou encore plus magnifiques, soient dĂ©pourvus d'habitants semblables et mĂȘme supĂ©rieurs. » »

— Giordano Bruno, L'Infini, l'Univers et les Mondes

Contrairement à Copernic, il n'appuie pas ses dires sur des preuves mathématiques. « Concernant la mesure du mouvement [des corps célestes], la géométrie ment plutÎt qu'elle ne mesure » (De immenso). Il se fie au jugement de l'intellect :

« C'est à l'intellect qu'il appartient de juger et de rendre compte des choses que le temps et l'espace éloignent de nous. »

Philosophie

Giordano Bruno développe plusieurs idées qui feront fortune, bien qu'elles remontent à l'Antiquité : monade, infini.

En 1591, Ă  Francfort, Giordano Bruno a Ă©crit en latin deux poĂšmes sur la monade : « Du triple minimum » (« De triplici minimo ») et « De la monade, du nombre et de la figure » (« De monade, numero et figura »). Il appelle « minimum » ou « monade » une entitĂ© indivisible qui constitue l'Ă©lĂ©ment minimal des choses matĂ©rielles et spirituelles. La monade, qui correspond au point des mathĂ©matiques et Ă  l'atome de la physique, est cet ĂȘtre primitif, impĂ©rissable, de nature aussi bien corporelle que spirituelle, qui engendre, par des rapports rĂ©ciproques, la vie du monde. C'est une individualisation extrinsĂšque de la divinitĂ© ; existence finie, elle est un aspect de l'essence infinie. Dieu, minimum et maximum, est la Monade suprĂȘme d'oĂč s'Ă©chappent Ă©ternellement une infinitĂ© de monades infĂ©rieures.

Giordano Bruno est le champion de l'idée d'infini :

« Nous déclarons cet espace infini, étant donné qu'il n'est point de raison, convenance, possibilité, sens ou nature qui lui assigne une limite[20]. »

« Les sens confessent leurs faiblesses en produisant l’apparence d’un horizon fini, apparence toujours changeante. Car il n’y a pas d’horizon en soi, mais toujours par rapport Ă  un observateur. »[21]

HylozoĂŻste, il pense que tout est vivant, et panpsychiste, il pense que tout est psychique :

« La Terre et les astres [
], comme ils dispensent vie et nourriture aux choses en restituant toute la matiĂšre qu'ils empruntent, sont eux-mĂȘmes douĂ©s de vie, dans une mesure bien plus grande encore ; et vivants, c'est de maniĂšre volontaire, ordonnĂ©e et naturelle, suivant un principe intrinsĂšque, qu'ils se meuvent vers les choses et les espaces qui leur conviennent[22]. »

"J’ai dĂ©couvert l’identitĂ© de toutes les religions, et donc je n’en remets aucune en doute, car la divinitĂ© m’apparaĂźt en toute chose, du grain de sable Ă  l’étoile la plus Ă©loignĂ©e, de l’infiniment petit Ă  l’infiniment grand."

« « Toutes les formes de choses naturelles ont des Ăąmes ? Toutes les choses sont donc animĂ©es ? » demande Dicson. Theophilo, porte-parole de Bruno, rĂ©pond : « Oui, une chose, si petite et si minuscule qu'on voudra, renferme en soi une partie de substance spirituelle ; laquelle, si elle trouve le sujet [support] adaptĂ©, devient plante, animal [
] ; parce que l'esprit se trouve dans toutes les choses et qu'il n'est de minime corpuscule qui n'en contienne une certaine portion et qui n'en soit animĂ© »[23]. »

Et ce qu'on peut dire de chaque parcelle du grand Tout, atome, monade, peut se dire de l'univers comme totalitĂ©. Le monde en son cƓur loge l'Âme du monde[23].

Le monde est infini parce que Dieu est infini. Comment croire que Dieu, ĂȘtre infini, aurait pu se limiter lui-mĂȘme en crĂ©ant un monde clos et bornĂ© ?

« Il n'y a qu'un ciel, une immense rĂ©gion Ă©thĂ©rĂ©e oĂč les magnifiques foyers lumineux conservent les distances qui les sĂ©parent au profit de la vie perpĂ©tuelle et de sa rĂ©partition. Ces corps enflammĂ©s sont les ambassadeurs de l'excellence de Dieu, les hĂ©rauts de sa gloire et de sa majestĂ©. Ainsi sommes-nous conduits Ă  dĂ©couvrir l'effet infini [le monde] de la cause infinie [Dieu] ; et Ă  professer que ce n'est pas hors de nous qu'il faut chercher la divinitĂ©, puisqu'elle est Ă  nos cĂŽtĂ©s, ou plutĂŽt en notre for intĂ©rieur, plus intimement en nous que nous ne sommes en nous-mĂȘmes[22]. »

« Aussi ce dieu, en tant qu'il est absolu, n'a-t-il pas de rapport Ă  nous ; il n'en a que dans la mesure oĂč il se communique aux effets de la nature, plus intimement que la nature elle-mĂȘme. De sorte que s'il n'est pas la nature mĂȘme, il est certainement la nature de la nature, et il est l'Ăąme de l'Ăąme du monde, s'il n'est pas l'Ăąme elle-mĂȘme[24]. »


Religion

MalgrĂ© son opposition Ă  l'Église, Bruno n'est pas opposĂ© aux religions.

"J’ai dĂ©couvert l’identitĂ© de toutes les religions, et donc je n’en remets aucune en doute, car la divinitĂ© m’apparaĂźt en toute chose, du grain de sable Ă  l’étoile la plus Ă©loignĂ©e, de l’infiniment petit Ă  l’infiniment grand."[25]

"Les thĂ©ologiens, aussi doctes que religieux n’ont jamais portĂ© prĂ©judice Ă  la libertĂ© des philosophes ; et les vrais philosophes, honnĂȘtes et de bonnes mƓurs, ont toujours favorisĂ© les religions ; car les uns et les autres savent que la foi est requise pour l’institution des peuples, qui doivent ĂȘtre gouvernĂ©s, et la dĂ©monstration pour les contemplatifs, qui savent se gouverner et gouverner les autres."

Morale

Dans L'Expulsion de la bĂȘte triomphante, Giordano Bruno dĂ©veloppe ses idĂ©es entre la vie de la matiĂšre et la matiĂšre de la vie, la rĂ©incarnation et la morale qui en dĂ©coule : l'Ăąme de chaque crĂ©ature est Dieu lui-mĂȘme, qui passe d'une vie Ă  une autre, d'un destin Ă  un autre, ce tout existentiel offrant un sens au Salut. Certains ĂȘtres progressent de corps en corps, devenant des hĂ©ros ou des artistes, jusqu'Ă  rejoindre l'essence divine :

« Toutes les Ăąmes font partie de l'Ăąme de l'Univers, et tous les ĂȘtres Ă  la fin sont Uns. [
] Chaque acte apporte sa rĂ©compense ou sa punition dans une autre vie. Le passage dans un autre corps dĂ©pend de la façon dont il s'est conduit dans l'Un [
]. Le but de la philosophie est la dĂ©couverte de cette unitĂ©. »

De ce point de vue, cette vision des choses n'est pas différente de l'hindouisme, du bouddhisme ou du jaïnisme, avec la notion de karma, acte rétribué tÎt ou tard. Ayant élaboré une forme de panthéisme philosophique, Bruno, considérant que les animaux ont une place respectable et à respecter dans l'univers, amÚne à la pratique du végétarisme

« Être boucher doit ĂȘtre estimĂ© comme un art et un exercice plus lĂąche que ne l'est celui de bourreau [
] parce que ce dernier [
] administre parfois la justice ; en ce qui concerne les membres d'une pauvre bĂȘte, toujours obtenus en blessant la gorge, pour celui qui ne se suffit pas de la nourriture ordonnĂ©e par la nature [la nourriture vĂ©gĂ©tale], plus convenable Ă  la complexion et Ă  la vie de l'homme, j'abandonne les autres raisons plus dignes d'un chant. »

[26] Bruno prÎne une morale héroïque, qui vise à la connaissance divine. Quand notre connaissance s'accroit, notre ignorance se fait davantage souffrance, car elle laisse voir l'inaccessibilité du doute. Seule une entreprise héroïque issue de cette conscience et se fondant sur l'énergie de l'amour pourra extirper le philosophe de sa naïveté.

« Ce qui est commun et facile est bon pour le vulgaire et le commun ; les hommes exceptionnels, héroïques et divins suivent la voie difficile pour contraindre la nécessité à leur accorder la palme de l'immortalité. (...) Que la persévérance l'emporte donc : si l'épreuve est épuisante, la récompense ne sera pas médiocre. Tout ce qui a de la valeur est d'accÚs difficile. »[27]

Influences

L'Ɠuvre de Bruno est complexe. Elle embrasse des domaines trĂšs variĂ©s : pionnier en astronomie, en physique ou en philosophie, Bruno s'intĂ©resse Ă©galement Ă  l'astrologie, l'occulte et la magie, Ă  laquelle est consacrĂ©e De vinculis in genere en 1591. De mĂȘme, sa vie foisonne de combats et de pĂ©ripĂ©ties.

Philosophie

  • En Bruno, Leibniz admire le visionnaire, relevant ses thĂ©ories sur l'univers et l'infini, mais il lui reproche ses travaux sur l'art de la mĂ©moire et la magie lullienne.
  • Diderot l'inscrit dans l'EncyclopĂ©die et lui reconnaĂźt « la gloire d’avoir osĂ© le premier attaquer l’idole de l’école, s’affranchir du despotisme d’Aristote[28] ».
  • On retrouve la pensĂ©e de Bruno dans l'Ɠuvre de Goethe, y compris dans Faust. Mais le poĂšte, lui aussi, lui reproche sa passion pour les mathĂ©matiques mystiques.
  • Dans les Leçons sur l'histoire de la philosophie, Hegel lui consacre une longue analyse[29], qui fera de lui un prĂ©curseur du matĂ©rialisme.
  • Friedrich Schelling Ă©crit un dialogue intitulĂ© Bruno, dans lequel il s'inspire des conceptions du philosophe italien.

V. Le Moyen Âge, Vrin, 1978

Art et littérature

La liste des Ɠuvres consacrĂ©es Ă  Bruno est immense :

  • Le narrateur du roman de SĂĄndor MĂĄrai La nuit du bĂ»cher (traduit du hongrois par Catherine Fay - Éditions Albin Michel, Paris, 2015), carme d'Avila venu prendre des leçons d'inquisition Ă  Rome, saisi par la derniĂšre nuit et le supplice de Giordano Bruno, dont il est un tĂ©moin volontaire, voit ses certitudes vaciller.
  • Des films :
  • Bertolt Brecht l'Ă©voque dans sa piĂšce La Vie de GalilĂ©e et dans sa nouvelle Der Mantel des Ketzers (Le manteau de l'hĂ©rĂ©tique) de 1939[30].
  • De nombreux spectacles thĂ©Ăątraux et musicaux contemporains sont inspirĂ©s de son Ɠuvre.
  • L'ouvrage gĂ©nĂ©ral (c’est-Ă -dire ni religieux ni politique) ayant eu un des plus forts tirages en France (jusqu'en 1976, il s’en est vendu 8 400 000 exemplaires, dont 7 000 000 exemplaires avant 1914), Le Tour de la France par deux enfants, Ă©tait signĂ© du pseudonyme de G. Bruno, en hommage Ă  Giordano Bruno (mais n'a pas d'autre rapport avec lui).
  • L'ƒuvre au noir de Marguerite Yourcenar Ă©voque un personnage, le mĂ©decin et philosophe ZĂ©non, ayant des dispositions d'esprit similaires, et une fin presque semblable (condamnĂ© au bĂ»cher, il se suicide pour Ă©chapper au supplice).
  • Une chanson du groupe finlandais Omnium Gatherum sur l'EP Steal the Face est intitulĂ©e Candles for Giordano Bruno.
  • Une tĂ©lĂ©sĂ©rie de Radio-Canada Les RescapĂ©s basĂ©e sur une interprĂ©tation libre des Ă©crits de Giordano Bruno.
  • Il est l'un des 24 personnages dĂ©crits par Jacques Attali dans son ouvrage Phares : 24 destins (Ă©ditions Fayard, 2010).
  • Il est mentionnĂ© dans une sĂ©rie documentaire Cosmos : Une odyssĂ©e Ă  travers l'univers prĂ©sentĂ© par Neil deGrasse Tyson et produit par Seth MacFarlane et Ann Druyan.
  • Il est le sujet du concept album de musique progressive du groupe O.R.K (Oscillazioni Alchemico Kreative) de Jerry Cutillo publiĂ© en 2018
  • Le roman L'Homme incendiĂ© de Serge Filippini, qui explique sa vie autour de l'hypothĂšse de son homosexualitĂ©

Politique et religion : un verdict définitif

  • C'est au XVIIIe siĂšcle que Bruno est considĂ©rĂ© comme un panthĂ©iste et un libre-penseur. On fait de lui un hĂ©ritier du matĂ©rialisme antique et un prĂ©curseur de Spinoza.
  • À l'inverse, il passe aux yeux de certains thĂ©ologiens allemands, ironie de l'histoire, pour un martyr de la rĂ©forme luthĂ©rienne.
  • À la fin du XIXe siĂšcle, la rĂ©action positiviste italienne contre l'Église et la monarchie l'identifie Ă  un radical franc-maçon. L'Italie est alors en pleine rĂ©appropriation de ses symboles nationaux, qui permet de fonder la nation italienne une et indivisible autour du Risorgimento. En 1889, les laĂŻcs italiens lui Ă©rigeront d'ailleurs une statue, Ɠuvre du sculpteur Ettore Ferrari (grand-maĂźtre de la franc-maçonnerie italienne en 1904), sur le Campo de’ Fiori, Ă  l'endroit de son supplice[32].

Toutes ces interprĂ©tations empĂȘchent aujourd'hui de bien cerner l'engagement originel de Bruno. Mais on peut toutefois remarquer que le point commun, immĂ©diat, qui en ressort est bien son rejet de l'Église catholique. Celle-ci, en retour, n'a jamais mĂ©nagĂ© sa mĂ©moire :

  • Le , au moment de l'inauguration de la statue que les libĂ©raux ont voulu Ă©lever Ă  Bruno dans Rome, le pape LĂ©on XIII rendit publique la DĂ©claration Amplissimum Collegium, dans laquelle il proteste contre un projet « injuriant systĂ©matiquement la religion de JĂ©sus-Christ, en dĂ©cernant Ă  un apostat du catholicisme les honneurs dus Ă  la vertu, non sans une insolente ostentation » (« all’empietĂ  di sfidare la religione di GesĂč Cristo con rilevanti e sistematiche ingiurie, decretando ad un apostata del cattolicesimo gli onori dovuti alla virtĂč, e ciĂČ non senza un’insolente ostentazione »)[33].
  • Un mois aprĂšs, le , condamnant encore plus durement et plus solennellement le monument Ă©levĂ© dans Rome Ă  G. Bruno, le pape LĂ©on XIII promulgua cette fois l'encyclique Quod Nuper, adressĂ©e Ă  tous les Ă©vĂȘques d'Italie, qualifiant Bruno de « doublement apostat et hĂ©rĂ©tique convaincu », et le monument Ă  « cet homme scĂ©lĂ©rat et perdu » comme « la principale — publique et permanente — d'une sĂ©rie d'injures et d'offenses gravissimes » (« un uomo doppiamente apostata e convinto eretico [
] ingiurie e gravissime offese, la principale delle quali – pubblica e permanente – Ăš il monumento a un uomo scellerato e perduto. »)[34]
  • En 1923, en 1930 et en 1931, coup sur coup, le pape Pie XI, bĂ©atifie, canonise et dĂ©clare Docteur de l'Église le cardinal Robert Bellarmin, qui avait Ă©tĂ© chargĂ©, sur ordre de son prĂ©dĂ©cesseur ClĂ©ment VIII, d'instruire le procĂšs de G. Bruno devant le tribunal de l'Inquisition romaine. Par ces actes solennels et irrĂ©versibles, Pie XI a signifiĂ© par lĂ  qu'il confirmait, quoique indirectement, la permanence et le caractĂšre dĂ©finitif du jugement portĂ© par l'Église.
  • Enfin, on prendra pour preuve de la condamnation sans retour de G. Bruno par l'Église, l'avis dĂ©finitif Ă©mis par la Commission spĂ©ciale « pour l'Ă©tude de la controverse ptolĂ©mĂ©o-copernicienne aux XVIe et XVIIe siĂšcles », dans laquelle s'insĂšre le cas GalilĂ©e, commission instituĂ©e le par le pape Jean-Paul II[35]. La Commission pontificale finit par revenir sur la condamnation de GalilĂ©e tout en explicitant ses circonstances conjoncturelles, mais elle a rĂ©affirmĂ© Ă  nouveau la condamnation formelle de l'Église contre Giordano Bruno : « La condamnation pour hĂ©rĂ©sie de Bruno, indĂ©pendamment du jugement qu'on veuille porter sur la peine capitale qui lui fut imposĂ©e, se prĂ©sente comme pleinement motivĂ©e (pour des motifs thĂ©ologiques), [car] le copernicisme de Bruno ne prĂ©sente aucun intĂ©rĂȘt au plan des raisons scientifiques. »
  • Le , Ă  l’occasion du 400e anniversaire de sa mort, l’église se repent du supplice infligĂ© Ă  Giordano Bruno[36] - [37]. Le cardinal Paul Poupard affirma : « Je ne crois pas que l'on puisse ou que l'on doive parler de « rĂ©habilitation » parce que, s'agissant du « cas Giordano Bruno », il n'y a pas les Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires pour une telle entreprise, Ă  l'inverse de ce qui s'est passĂ© par exemple pour Jean Hus ou pour GalilĂ©e ». Il affirma : « La condamnation au bĂ»cher n'est certainement pas un signe de respect de la personne », et en conclusion : « L'action de l'Église contre la personne de Giordano Bruno est un de ces contre-tĂ©moignages dont, aujourd'hui, l'Église se repent[38]. »

ƒuvres

Page de titre du De l'infinito, universo e mondi, Giordano Bruno, 1584.

Dans De umbris idearum (Sur les Ombres des idĂ©es, 1583), il adopte, comme le fit Lulle, des roues concentriques capables d'engendrer tous les mondes possibles et de restaurer les pouvoirs occultes des images astrologiques et magiques des dĂ©cans Ă  l'intĂ©rieur des signes zodiacaux. La mĂȘme annĂ©e, sur le mĂȘme sujet, il publie : Ars reminiscendi (L'Art de remĂ©morer), Explicatio triginta sigillorum (Explication de trente sceaux), Sigillus sigillorum (Le Sceau des sceaux).

Giordano Bruno a écrit divers livres de magie. En 1589 : De magia mathematica (Sur la Magie mathématique), De magia naturali (Sur la Magie naturelle), Theses de magia (ThÚses sur la magie), De rerum principiis et elementis et causis (Sur les principes, éléments et causes des choses), Medicina lullina (Médecine lulienne). Puis : Lampas triginta statuarum, De vinculis in genere (1591).

Liste des Ɠuvres

RĂ©Ă©ditions

  • Le Banquet des cendres, Éditions Éclat, 1988.
  • Le chandelier, Point Hors Ligne, 1986.
  • L'Infini, l'univers et les mondes, traduit de l'italien, prĂ©sentĂ© et annotĂ© par Bertrand Levergeois, Berg International, 1987 ; puis 1992 ; puis 2000 ; puis 4e Ă©dition 2013.
  • L'Expulsion de la bĂȘte triomphante, traduit de l'italien, prĂ©sentĂ© et annotĂ© par Bertrand Levergeois, Éditions Michel de Maule, 1992 ; puis 2000.
  • La Cabale du cheval PĂ©gase, traduit de l'italien, prĂ©sentĂ© et annotĂ© par Bertrand Levergeois, Éditions Michel de Maule, 1992 ; puis 2000.
  • Des Liens, traduit du latin, prĂ©sentĂ© et annotĂ© par Danielle Sonnier et Boris DonnĂ©, Ă©d. Allia ; 2001 ; puis 2010.
  • De la Magie, traduit du latin, prĂ©sentĂ© et annotĂ© par Danielle Sonnier et Boris DonnĂ©, Ă©d. Allia ; 2000 ; puis 2002.

ƒuvres complùtes

Les ƒuvres complĂštes de Giordano Bruno sont, en 2008, en cours d'Ă©dition et de traduction Ă  Paris, aux Belles Lettres (Ă©dition bilingue) :

  • Vol. 1, Le chandelier ; introd. philologique de Giovanni Aquilecchia ; texte Ă©ditĂ© par Giovanni Aquilecchia ; prĂ©f. et notes de Giorgio BĂ rberi Squarotti ; traduction par Yves Hersant. Paris : les Belles lettres, 1993 [2e Ă©d. revue et corrigĂ©e, 2003] (ISBN 2-251-34443-8).
  • Vol. 2, Le souper des cendres ; texte Ă©tabli par Giovanni Aquilecchia ; notes de Giovanni Aquilecchia ; prĂ©face de Adi Ophir ; traduction par Yves Hersant. Paris : les Belles lettres, 1994 [2e Ă©d. revue et corrigĂ©e, 2003] (ISBN 2-251-34445-4). (1584). Ou Banquet des cendres. DĂ©fense du systĂšme de Copernic contre le gĂ©ocentrisme.
  • Vol. 3, De la cause, du principe et de l'un ; texte Ă©tabli par Giovanni Aquilecchia ; introduction par Michele Ciliberto ; trad. Par Luc Hersant. Paris : les Belles lettres, 1996 (ISBN 2-251-33447-5). (1584). Critique des concepts clĂ©s de la physique et de la mĂ©taphysique d'Aristote ; interprĂ©tation de l'Âme du monde.
  • Vol. 4, De l'infini, de l'univers et des mondes ; texte Ă©tabli par Giovanni Aquilecchia ; notes de Jean Seidengart ; introd. de Miguel Ángel Granada ; trad. de Jean-Pierre CavaillĂ©. Paris : les Belles lettres, 1995 (ISBN 2-251-34446-2). (1584). RĂ©futation du traitĂ© Du ciel d'Aristote ; examen du concept d'infini.
  • Vol. 5, Expulsion de la bĂȘte triomphante ; texte Ă©tabli par Giovanni Aquilecchia ; notes de Maria Pia Ellero ; introd. de Nuccio Ordine ; traduction de Jean Balsamo. Paris : les Belles Lettres, 1999 (ISBN 2-251-34448-9).
  • Vol. 6, Cabale du cheval pĂ©gasĂ©en ; texte Ă©tabli par Giovanni Aquilecchia ; prĂ©face et notes par Nicola Badaloni ; traduction de Tristan Dagron. Paris : les Belles Lettres, 1994 (ISBN 2-251-34444-6).
  • Vol. 7, Des fureurs hĂ©roĂŻques ; introduction et notes de Miguel Angel Granada ; traduction de Paul-Henri Michel revue par Yves Hersant. Paris : les Belles Lettres, 1999 (ISBN 2-251-34451-9).
  • Vol. 8, Le procĂšs ; texte et trad. par Luigi Firpo et Alain Philippe Segonds. Paris : les Belles Lettres, 2000 (ISBN 2-251-34452-7).
  • Vol. 9, Per una bibliografia di Giordano Bruno, 1800-1999, par Maria Cristina Figorilli ; texte revu par Alain-Philippe Segonds. Paris, les Belles Lettres, 2003 (ƒuvres complĂštes de Giordano Bruno ; 9) (ISBN 2-251-34470-5).

Postérité

Statue de Giordano Bruno sur le lieu de son exécution, Campo de' Fiori à Rome.

Cinéma

  • 2022 : Gianfranco Gallo joue son rĂŽle dans Caravage.

Statuaire

En 1889, une statue Ă  l'effigie de Giordano Bruno, due au sculpteur Ettore Ferrari, est Ă©rigĂ©e au Campo de' Fiori, lieu de son supplice. Elle se trouve Ă  deux pas du palais de la Chancellerie, qui abrite les services administratifs d'État du Vatican. L’initiative en revient Ă  la municipalitĂ© de Rome, alors trĂšs anticlĂ©ricale. Le condamnĂ© est reprĂ©sentĂ© revĂȘtu de l'habit de frĂšre dominicain, qui rendait valide son accusation comme hĂ©rĂ©tique et relaps aux yeux de l'Inquisition[39]. Toutefois, il estimait avoir cessĂ© d'ĂȘtre un religieux dĂšs 1576 et avoir rejetĂ© - ou interprĂ©tĂ© diffĂ©remment - la doctrine chrĂ©tienne aprĂšs 1584. Cette annĂ©e-lĂ , il publia en Angleterre L'Expulsion de la bĂȘte triomphante (Spaccio de la Bestia Trionfante). Dans cet ouvrage qu'il dĂ©dicaça au poĂšte protestant[5]Philip Sidney[40], il proposait un programme de rĂ©formation morale et critiquait le luthĂ©ranisme ainsi que la thĂ©ologie chrĂ©tienne[41].

Bande dessinée

  • La mort de Giordano Bruno au bĂ»cher apparaĂźt sous forme de flash-back dans Le Caravage de Milo Manara en 2015.

Commémoration

  • Chaque , une foule de sympathisants se rĂ©unit devant cette statue pour commĂ©morer le supplice. Ce rassemblement ne s'est interrompu que sous le rĂ©gime fasciste, qui l'avait interdit[42].

Éponyme

Le nom de Giordano Bruno a été donné à :

Notes et références

  1. « Encyclopédie de L'Agora », sur agora.qc.ca.
  2. « Giordano Bruno (1548-1600) », sur astrofiles.net.
  3. « Giordano Bruno (1548-1600) - Universcience », sur cite-sciences.fr.
  4. « Encyclopédie Larousse en ligne », sur larousse.fr.
  5. Catholic Encyclopedia en ligne, article Giordano Bruno.
  6. Voir sur publius-historicus.com.
  7. Article de Jacques Attali, « Réhabiliter Giordano Bruno », Le Monde du 17 février 2000.
  8. Giordano Bruno, L'Infini, l'univers et les mondes (1584), trad. B. Levergeois, Berg International, 1987, p. 86.
  9. Documents de Venise sur le procÚs de Giordano Bruno publiés par Vincenzo Spampanato, Documenti della vita di Giordano Bruno, Florence, L.S. Olschki, 1933, rapporté par Yates, cf. bibliographie.
  10. Cardinal Angelo Mercati Sommario del Processo di Giordano Bruno, Vatican, 1942, rapporté par Yates, cf. bibliographie.
  11. Il y est bien traité : on lui donne une chambre confortable, du matériel pour écrire, un changement régulier de linge. Ayant reçu une pension de 4 couronnes par mois, il peut se faire apporter la nourriture qu'il souhaite. Cf. Angelo Mercati, « Il sommario del processo di Giordano Bruno », dans Studi e teste, vol. 101, 1942, p. 126.
  12. Archives secrÚtes du Vatican, Résumé du procÚs contre Giordano Bruno, Rome 1597.
  13. Jean Rocchi, dans l'Ă©mission radiophonique 2 000 ans d’histoire - Giordano Bruno, France Inter le 2/03/2007, citĂ© par le site du GDR Exobiologie du CNRS ; podcast.
  14. Théophile Desdouits, La légende tragique de Giordano Bruno. Comment elle a été formée, son origine suspecte, son invraisemblance, 1885.
  15. Arkan Simaan,« Giordano Bruno : de l’errance au bĂ»cher », anamnĂšse d'une rumeur, SPS no 288, octobre 2009.
  16. Luigi Firpo, Le procĂšs de Giordano Bruno : Giordano Bruno. ƒuvres complĂštes. Documents et essais., t. I, Les Belles Lettres, 892 p. (prĂ©sentation en ligne).
  17. Giordano Bruno, Documents I. Le procĂšs, introduction et texte de L. Firpo, traduction et notes de A.-Ph. Segonds, Paris, Les Belles Lettres, 2000, p. 64-66. CitĂ© par Michel Blay, Critique de l’histoire des sciences, CNRS, 2017, p. 139.
  18. Pierre Duhem, Études sur LĂ©onard de Vinci, III, p.257.
  19. Giordano Bruno, un visionnaire du XVIe siĂšcle, BT2, PEMF, 06 Mouans-Sartroux, 1999, p. 26.
  20. L'Infini, l'Univers et les Mondes.
  21. Giordano Bruno, De immensio et innumerabilibus, Frommann,
  22. Le Banquet des cendres.
  23. Cause, Principe et Unité, 1584.
  24. « Expulsion de la bĂȘte triomphante », dans ƒuvres complĂštes, V, 2, p. 426.
  25. Giordano Bruno, De l'infini, de l'univers et des mondes
  26. Voir sur it.wikiquote.org.
  27. Giordano Bruno, Le Banquet des cendres, l'Éclat, , 189 p. (ISBN 978-2-84162-191-0, lire en ligne), page 45
  28. Tome 8, p. 881, article « JORDANUS BRUNUS, Philosophie de -, Hist. de la Philos » (lire sur Wikisource).
  29. V. Le Moyen Âge, Vrin, 1978 (aperçu en ligne).
  30. Cf. Prosa I., Geschichten - La vieille dame et autres histoires, L'Arche 1968, Livre de Poche 1998.
  31. Voir sur theatre2gennevilliers.com.
  32. Luca Salza, « Écrire le cosmos nouveau », dans la revue Europe no 937, Giordano Bruno - GalilĂ©e, mai 2007.
  33. LĂ©on XIII, DĂ©claration Amplissimum Collegium, 24 mai 1889.
  34. LĂ©on XIII, Encyclique Quod Nuper, 30 juin 1889.
  35. Cardinal Poupard, dans DĂ©bat sur « l’affaire GalilĂ©e ». DĂ©bat de clĂŽture du cycle de confĂ©rences « Il Ă©tait une fois des sciences  », organisĂ© par JĂ©rĂŽme Perez, ENSTA - Laboratoire de mathĂ©matiques appliquĂ©es, du 12 dĂ©cembre 2001 au 27 mars 2002.
  36. « Un triste Ă©pisode de l’histoire du christianisme », sur cath.ch,
  37. Roger-Pol Droit, « L'interminable procÚs de Giordano Bruno », sur lemonde.fr,
  38. GOUBERT Guillaume, « L'Église revient sur le cas Giordano Bruno », sur la-croix.com,
  39. Bertrand Levergeois, Giordano Bruno, Paris : Fayard, 1995, p. 506 :
    « Pour la CongrĂ©gation du Saint-Office, il est restĂ© le « frĂšre Giordano ». Ses faits et gestes ont surtout Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s sous l'angle disciplinaire, et ses conceptions, y compris cosmologiques, n'ont Ă©tĂ© envisagĂ©es qu'en fonction du dogme. Ce n'est donc point le philosophe que l'Inquisition a jugĂ© mais le religieux que, Ă  ses yeux, l'accusĂ© avait cessĂ© d'ĂȘtre. »
  40. Catholic encyclopedy :
    « In 1583 he crossed over to England, and, for a time at least, enjoyed the favour of Queen Elizabeth and the friendship of Sir Philip Sidney. To the latter he dedicated the most bitter of his attacks on the Catholic Church. »

    — Il spaccio della bestia trionfante, The Expulsion of the Triumphant Beast, published in 1584

    .
  41. Bertrand Levergeois, op. cit., p. 526 :
    « 1584. PĂ©riode fĂ©conde en publications clefs. [
] Spaccio de la bestia trionfante (programme de rĂ©formation morale, critique du luthĂ©ranisme et plus gĂ©nĂ©ralement de la thĂ©ologie chrĂ©tienne). »
  42. Enrico Meloni, Bruno e Campo de’ Fiori.
  43. Dounan E. et Pirson N., Les rues de Seraing, p. 231., « → Une rue, une histoire : la rue Giordano Bruno », sur siseraing.be (consultĂ© le )

Notes

  1. « Il n'existe dans l'univers ni centre, ni circonfĂ©rence, mais, si vous voulez, tout est central et chaque point peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une partie d'une circonfĂ©rence par rapport Ă  quelque autre point central. » Giordano Bruno, L'Infini, l'Univers et les mondes, Ă©ditions Berg International, page 161 (ISBN 978-2-37020-054-9).

Voir aussi

Bibliographie

  • Jacques Arnould, Giordano Bruno, un gĂ©nie martyr de l'Inquisition, Paris, Éditions Albin Michel, 2021, (ISBN 978-2-226-45828-5)
  • Giovanni Aquilecchia, Giordano Bruno, Éditions Les Belles Lettres, Paris, 2006 (ISBN 978-2-251-34453-9).
  • Ernst Bloch (trad. Pierre Kamnitzer), La philosophie de la Renaissance, Paris, Payot & Rivages, coll. « Petite BibliothĂšque Payot », , 218 p. (ISBN 978-2-228-90162-8 et 2-228-90162-8).
  • Jacques Bonnet, À l'enseigne de l'amitiĂ©, Liana Levi, 2003.
  • Francesca Yvonne Caroutch, Giordano Bruno, l'homme de feu, Paris : Pygmalion, 2003.
  • Tristan Dagron, UnitĂ© de l'ĂȘtre et dialectique. L'idĂ©e de philosophie naturelle chez Giordano Bruno, Paris : Vrin, coll. De PĂ©trarque Ă  Descartes, 1999, 417 p. (ISBN 2-7116-1413-1).
  • Guido del Giudice, WWW. Giordano Bruno, Napoli : Marotta e Cafiero, 2001 (ISBN 88-88234-01-2).
  • Guido del Giudice, La coincidenza degli opposti. Giordano Bruno tra Oriente e Occidente, Roma : Di Renzo, 2005 (ISBN 88-8323-110-4) ; seconda edizione accresciuta con il saggio Bruno, Rabelais e Apollonio di Tiana, Roma : Di Renzo, 2006 (ISBN 888323148 1).
  • Guido del Giudice, Due Orazioni. Oratio Valedictoria e Oratio Consolatoria, Di Renzo Editore, Roma 2007 (ISBN 88-8323-174-0).
  • Guido del Giudice, La disputa di Cambrai. Camoeracensis acrotismus, Roma : Di Renzo, 2008 (ISBN 88-8323-199-6).
  • Serge Filippini, L'Homme incendiĂ©, PhĂ©bus, 1990.
  • Fabrizio Frigerio, « Giordano Bruno, prĂ©curseur de la Maçonnerie ? », Masonica, no 6, Lausanne, 1995, p. 40-46.
  • Yves Hersant, « Giordano Bruno, PĂ©trarque et le pĂ©trarquisme », dans Humanistica, an International Journal of Early Modern Studies, 1-2, 2006, p. 95-103.
  • Yves Hersant, « La morale de la farce. Sur le Chandelier de Giordano Bruno », dans PensĂ©e morale et genres littĂ©raires, Paris, P.U.F., 2009, p. 19-30.
  • Yves Hersant, « Giordano Bruno et la mĂ©tamorphose », dans MĂ©tamorphose(s), Rennes, P.U.R., 2009, p. 165-174.
  • RĂ©gis LĂ©cu, L'idĂ©e de perfection chez Giordano Bruno (L'Harmattan, ), 418 p. (ISBN 2-7475-5752-9).
  • Bertrand Levergeois, Giordano Bruno, Paris, Fayard, 1995, rĂ©Ă©dition 2000.
  • Jean-Pierre Luminet, Bruno et GalilĂ©e au regard de l'infini, Lire en ligne
  • Nuccio Ordine, Le seuil de l'ombre : littĂ©rature, philosophie et peinture chez Giordano Bruno, traduction par Luc Hersant, Paris : les Belles Lettres, 2003 (L'Ăąne d'or, 15). 380 p. (ISBN 2-251-42022-3).
  • Nuccio Ordine, Giordano Bruno, Ronsard et la religion ; trad. Luc Hersant. Paris, Albin Michel, 2004 (BibliothĂšque de l'Ă©volution de l'humanitĂ© ; 46). 420 p. (ISBN 2-226-14241-X).
  • Nuccio Ordine, Le mystĂšre de l'Ăąne. Essai sur Giordano Bruno, traduction par F. Liffran et P. Bardoux. 2e Ă©d. Paris, les Belles Lettres, 2005 (L'Ăąne d'or, 3). 270 p. (ISBN 2-251-42029-0).
  • Jean Rocchi, Giordano Bruno aprĂšs le bĂ»cher, Complexe, 2000.
  • Jean Rocchi, Giordano Bruno l'irrĂ©ductible : sa rĂ©sistance face Ă  l'inquisition, Syllepse, 2004 (ISBN 2-84797-048-7).
  • Jean Rocchi, L'errance et l'hĂ©rĂ©sie ou le destin de Giordano Bruno, F. Bourin/Julliard, 1989.
  • Jean Rocchi, Giordano Bruno, AndrĂ© Versaille, 2011, 264 p. (ISBN 978-2-87495-097-1).
  • Giuseppe Salvaggio, L'Homme dans l'Univers infini de Giordano Bruno, (MĂ©moire de MaĂźtrise), Louvain-la-Neuve : UniversitĂ© catholique de Louvain - Institut SupĂ©rieur de Philosophie, 1992, 235 p. – RĂ©Ă©dition : The BookEdition, 2014, 286 p. (ISBN 978-2-9600963-8-5).
  • Luca Salza, MĂ©tamorphose de la Physis. Giordano Bruno : infinitĂ© des mondes, vicissitudes des choses, sagesse hĂ©roĂŻque, La Citta del Sole-Vrin. 536 p., 16 × 21 cm (ISBN 88-8292-303-7).
  • Alain Philippe Segonds, « Le retour en Italie de Giordano Bruno « philosophe » », dans Freiburger Zeitschrift fĂŒr Philosophie und Theologie 48-3, 2001, p. 269-280.
  • Arkan Simaan, « Cette sentence vous fait plus peur qu'Ă  moi-mĂȘme : Giordano Bruno », Les Cahiers rationalistes, .
  • Arkan Simaan, « Giordano Bruno : de l’errance au bĂ»cher », Science et pseudo-sciences, no 288, .
  • Frances Yates, Giordano Bruno et la Tradition HermĂ©tique, Dervy, 1996 558 p. (ISBN 2-85076-839-1).
  • Christian Soleil, Giordano Bruno ou la VĂ©ritĂ© embrasĂ©e, Édilivre, Paris, , 142 p.
  • « Giordano Bruno et la puissance de l’infini », L'Art du Comprendre no 11 et 12, 2003 ; 2e Ă©dition en 2005.
  • Falconetti di Brando, "Mon Ami Giordano", Les Ă©ditions AmalthĂ©e 1er trimestre 2017.

Conférence

Articles connexes

Liens externes

Bases de données et dictionnaires

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.