Giordano Bruno
Filippo Bruno, dit Giordano Bruno, né en à Nola (Royaume de Sicile) et mort le à Rome, est un frÚre dominicain et philosophe[1] - [2] - [3] - [4] napolitain. Sur la base des travaux de Nicolas de Cues puis de Copernic, il développe la théorie de l'héliocentrisme et montre, de maniÚre philosophique, la pertinence d'un univers infini, qui n'a ni centre ni circonférence[note 1], peuplé d'une « quantité innombrable d'astres et de mondes identiques au nÎtre ».
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univers infini, pluralité des mondes |
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AccusĂ© formellement d'athĂ©isme et d'hĂ©rĂ©sie (particuliĂšrement pour sa thĂ©orie de la rĂ©incarnation des Ăąmes) par l'Inquisition, d'aprĂšs ses Ă©crits jugĂ©s blasphĂ©matoires (oĂč il proclame en outre que JĂ©sus-Christ n'est pas Dieu mais un simple « mage habile », que le Saint-Esprit est l'Ăąme de ce monde, que Satan sera finalement sauvĂ©[5] - [6]) et poursuivi pour son intĂ©rĂȘt pour la magie, il est condamnĂ© Ă ĂȘtre brĂ»lĂ© vif au terme de huit annĂ©es de procĂšs ponctuĂ©es de nombreuses propositions de rĂ©tractation qu'il paraissait d'abord accepter puis qu'il rejetait.
Une statue de bronze Ă son effigie trĂŽne depuis le XIXe siĂšcle sur les lieux de son supplice, au Campo de' Fiori Ă Rome.
Biographie
Ăducation dominicaine (1548-1575)
Giordano Bruno naĂźt en janvier 1548 Ă Nola, bourgade proche de Naples, qui relĂšve de la souverainetĂ© espagnole. Son nom est Filippo. Sa famille dispose de revenus modestes (son pĂšre est un homme d'armes). L'Ă©cole la plus proche de chez lui, lui donne une instruction. ImprĂ©gnĂ© d'humanisme, d'auteurs classiques, d'Ă©tude de la langue et de la grammaire latines, il sera toutefois rebutĂ© par le pĂ©dantisme de l'enseignement. Il rejoint l'universitĂ© de Naples oĂč il dĂ©couvre la mnĂ©motechnique, l'art de la mĂ©moire, qui constituera rapidement une de ses disciplines d'excellence. Il prend aussi des cours particuliers, qui le mettent au cĆur des dĂ©bats philosophiques entre platoniciens et aristotĂ©liciens.
Sa culture, alors essentiellement humaniste, s'enrichit d'un apport thĂ©ologique dĂ©terminant. Le , il entre chez les FrĂšres PrĂȘcheurs de San Domenico Maggiore, d'une part prestigieux couvent dominicain pour la qualitĂ© des titres quâil attribue, rĂ©putĂ©s dans toute l'Italie, d'autre part prĂ©cieux refuge en ces temps de disette et d'Ă©pidĂ©mie. Il y rencontre Giordano Crispo, maĂźtre en mĂ©taphysique, dont il adopte le prĂ©nom en guise d'hommage. Il est alors un dominicain modĂšle, vivant selon la devise verbo et exemplo (« par le verbe et par l'exemple »), et est ordonnĂ© prĂȘtre en 1573.
Rupture (1576)
Il devient lecteur en thĂ©ologie en juillet 1575. S'il semble poursuivre sa carriĂšre de dominicain modĂšle (il soutient une thĂšse sur la pensĂ©e de Thomas d'Aquin et de Pierre Lombard), Bruno dissimule en fait une rĂ©bellion contre le carcan thĂ©ologique. Au fil des annĂ©es, il a su se forger une culture Ă©clectique et peu orthodoxe, sans cesse alimentĂ©e par un appĂ©tit de lectures et des capacitĂ©s exceptionnelles de mĂ©morisation. Il est particuliĂšrement adepte des Ćuvres d'Ărasme, humaniste qui affirme sa libertĂ© de pensĂ©e par rapport aux autoritĂ©s ecclĂ©siastiques. Il a le goĂ»t de l'hermĂ©tisme et de la magie. Enfin, grandit en lui une passion pour la cosmologie, dĂ©tachĂ©e de l'approche thĂ©ologique.
La rupture qui couvait finit par ĂȘtre consommĂ©e. DĂšs sa premiĂšre annĂ©e de noviciat, il avait ĂŽtĂ© des images saintes de sa chambre, notamment celles reprĂ©sentant Marie, s'attirant l'accusation de profanation du culte de Marie. Au fil des annĂ©es, les heurts deviennent plus durs, tout particuliĂšrement au sujet de la TrinitĂ©, dogme qu'il repousse. On l'accuse d'avoir lu et Ă©tudiĂ© des livres interdits. En fĂ©vrier 1576, il doit abandonner le froc dominicain et fuir, une instruction ayant Ă©tĂ© ouverte Ă son encontre afin de le dĂ©clarer hĂ©rĂ©tique.
Errance (1576-1592)
Dans un premier temps, Giordano Bruno espĂšre rester en Italie. Il survit, de 1576 Ă 1578, par des leçons de grammaire ou dâastronomie, mais sa condition dâapostat lâamĂšne Ă changer frĂ©quemment de ville ou de rĂ©gion : GĂȘnes, Noli, Savone, Turin, Venise, Padoue, Brescia, Naples abritent successivement ses doutes et ses recherches. Durant ces deux annĂ©es, il ne pourra publier quâun seul ouvrage dont on ne connaĂźt que le titre : De' segni de tempi (Des Signes du temps).
ĂpuisĂ© par sa condition, il finit par sâexiler dans le comtĂ© de Savoie, Ă ChambĂ©ry tout dâabord, puis il va dans la GenĂšve calviniste. Mais son intĂ©gration dans la communautĂ© Ă©vangĂ©lique ne durera quâun temps : une dispute avec la hiĂ©rarchie (il conteste la compĂ©tence dâun de ses membres, le professeur de philosophie Antoine de La Faye) lui vaut arrestation et excommunication, le .
Il repart et rejoint Lyon, puis Toulouse, alors sujette au dogmatisme catholique le plus intĂšgre. Toutefois, il parvient Ă enseigner deux ans durant, et Ă obtenir le titre de magister artium (maĂźtre Ăšs-arts) ainsi que la fonction de « professeur ordinaire » (contractuel). Il alterne la physique et les mathĂ©matiques, et publie un ouvrage sur la mnĂ©motechnique : Clavis Magna. IntĂ©ressĂ© par lâouvrage et impressionnĂ© par la mĂ©moire colossale de Bruno, le roi de France Henri III le fait venir Ă la cour et devient son protecteur, lui offrant, jusqu'en 1583, cinq annĂ©es de paix et de sĂ©curitĂ©.
Il figure parmi les philosophes attitrĂ©s de la cour. Henri III lui octroie une chaire de « lecteur extraordinaire et provisionnĂ© » au CollĂšge des lecteurs royaux, prĂ©figuration du CollĂšge de France[7]. Son discours sâarrondit et, face aux tensions religieuses, il adopte une position tolĂ©rante. En 1582, son talent dâĂ©crivain, ironique et lyrique, vivant, imagĂ©, se confirme dans Candelaio (Le Chandelier), comĂ©die satirique sur son temps.
En avril 1583, Giordano Bruno se rend en Angleterre, Ă Londres puis Ă Oxford, oĂč il reçoit un accueil hostile. PrĂ©cĂ©dĂ©es par une rĂ©putation brillante mais sulfureuse, ses idĂ©es malmĂšnent lâĂglise anglicane ; il essuie de nombreuses critiques. SĂ»r de lui et de ses idĂ©es et plein de mĂ©pris pour celles de ses contradicteurs, il consacre deux annĂ©es Ă rĂ©pliquer ; il apparaĂźt alors comme un philosophe, thĂ©ologien et scientifique novateur, mais impertinent. En 1584, paraissent :
- La Cena de le Ceneri (Le Banquet des cendres) ;
- De la causa, principio, e Uno (La Cause, le principe et lâun) ;
- De lâinfinito, universo e Mondi (De lâInfini, de l'univers et des mondes).
Dans ces ouvrages il expose sa vision cosmographique audacieuse et rĂ©volutionnaire. Il y soutient les thĂšses coperniciennes du monde, et va au-delĂ encore en imaginant un univers peuplĂ© dâune infinitĂ© de mondes :
« Nous affirmons qu'il existe une infinité de terres, une infinité de soleils et un éther infini[8]. »
En 1585, trois nouveaux ouvrages approfondissent et poursuivent ses audaces :
- Spaccio de la Bestia Trionfante (LâExpulsion de la bĂȘte triomphante) s'attaque aux attitudes calvinistes et catholiques ;
- Cabala del cavallo Pegaseo (La Cabale du cheval Pégase), opuscule satirique, démolit systématiquement la vénérable référence aristotélicienne ;
- De glâ heroici furori (Les Fureurs hĂ©roĂŻques) Ă©limine lâidĂ©e dâun monde centrĂ© et prĂ©sente un univers oĂč Dieu nâa plus de lieu.
En , il retourne Ă Paris, oĂč il entreprend une critique serrĂ©e d'Aristote, avec Figuratio Aristotelici Physici auditus (Esquisse de la physique aristotĂ©licienne) et Centum et viginti articuli de natura et mundo (120 articles sur la nature et le monde). Mais les positions religieuses se durcissent : Henri III ne peut plus se permettre de dĂ©fendre un rĂ©volutionnaire du savoir. De plus, Mordente, gĂ©omĂštre associĂ© aux ligueurs, l'accuse de plagiat en sâattribuant la paternitĂ© du compas de proportion. Il sâexile en Allemagne en juin 1586 ; l'universitĂ© de Marbourg puis celle de Wittenberg lâaccueillent. Le voilĂ dans la communautĂ© luthĂ©rienne. Mais, Ă lâautomne 1588, aprĂšs des heurts avec sa nouvelle hiĂ©rarchie, Giordano Bruno apprend son excommunication de lâĂglise luthĂ©rienne.
Il reprend la route, toujours en Allemagne. Ses ouvrages tĂ©moignent alors de sa volontĂ© dâorganiser sa pensĂ©e :
- De innumerabilibus, immenso, et infigurabili, réexamine sa cosmographie ;
- De monade numero et figura, oĂč il rĂ©flĂ©chit sur le rapport entre les nombres et les figures gĂ©omĂ©triques ;
- De triplici minimo et mensura, rĂ©flexions sur lâinfiniment petit (prĂ©curseur des Ă©tudes sur lâatome) ;
- De imaginum, signorum et idearum compositione (De la composition des images, des signes et des idées), introduit un prodigieux systÚme mnémotechnique.
Ă l'issue d'une derniĂšre expulsion de Francfort, un sĂ©jour Ă Zurich, puis un retour Ă Francfort, Giordano Bruno accepte en aoĂ»t 1591 l'invitation Ă Venise d'un jeune patricien, Giovanni Mocenigo. Les deux hommes ne s'entendent pas. Bruno revient probablement motivĂ© par l'envie d'ĂȘtre nommĂ© Ă la chaire de mathĂ©matiques de lâuniversitĂ© de Padoue, mais Mocenigo attend de Bruno qu'il lui enseigne la mnĂ©motechnique et lâart dâinventer. Le patricien considĂšre vite quâil n'en a pas pour son argent, alors que Bruno considĂšre que sa prĂ©sence est dĂ©jĂ un honneur pour son hĂŽte. Déçu, Bruno veut repartir et froisse Mocenigo, qui commence par le retenir prisonnier puis, ne parvenant pas Ă le soumettre, finit par le dĂ©noncer Ă lâinquisition vĂ©nitienne, le . Giordano Bruno est arrĂȘtĂ©, jetĂ© Ă la prison de San Domenico di Castello.
ProcĂšs (1592-1600)
Les circonstances du procĂšs sont relatĂ©es dans des documents Ă©tablis Ă Venise[9], et par son rĂ©sumĂ©, retrouvĂ© en 1940 dans les archives personnelles du pape Pie IX par le cardinal Angelo Mercati et publiĂ© en 1942[10]. Les documents originaux du procĂšs ont Ă©tĂ© dĂ©finitivement perdus aprĂšs leur transport Ă Paris â avec d'autres archives de l'inquisition â sur ordre de NapolĂ©on.
Au cours du procĂšs, qui durera huit annĂ©es, l'acte d'accusation va Ă©voluer. Le premier acte d'accusation se concentre sur ses positions thĂ©ologiques hĂ©rĂ©tiques : sa pensĂ©e antidogmatique, le rejet de la transsubstantiation â que le concile de Trente vient de confirmer â et de la TrinitĂ©, son blasphĂšme contre le Christ, sa nĂ©gation de la virginitĂ© de Marie. Mais ses activitĂ©s sont dĂ©jĂ relevĂ©es : sa pratique de lâart divinatoire, sa croyance en la mĂ©tempsycose, sa vision cosmologique. Au long du procĂšs, l'acte d'accusation ne cessera de s'aggraver. En 1593, dix nouveaux chefs d'accusation sont ajoutĂ©s. Bruno subit sept annĂ©es de procĂšs, ponctuĂ©es par une vingtaine d'interrogatoires menĂ©s par le cardinal Robert Bellarmin, qui fut Ă©galement engagĂ© dans l'instruction qui conduisit en 1616 Ă l'interdiction de la diffusion de la thĂ©orie copernicienne notifiĂ©e Ă GalilĂ©e.
Blanchi par les tribunaux vénitiens, Bruno est presque libéré. Mais la Curie romaine semble vouloir lui faire payer son apostasie. Sur intervention personnelle du pape Clément VIII auprÚs du doge, procédure tout à fait exceptionnelle, Rome obtient son extradition et Bruno se retrouve dans les geÎles vaticanes du Saint-Office[11].
Il lui arrive de concĂ©der un geste de rĂ©tractation, mais se reprend toujours : « Je ne recule point devant le trĂ©pas et mon cĆur ne se soumettra Ă nul mortel. ». Le pape somme une derniĂšre fois Bruno de se soumettre, mais Bruno rĂ©pond :
« Je ne crains rien et je ne rétracte rien, il n'y a rien à rétracter et je ne sais pas ce que j'aurais à rétracter. »
Supplice (1600)
Le , ClĂ©ment VIII ordonne au tribunal de l'Inquisition de prononcer son jugement qui le dĂ©clare hĂ©rĂ©tique et qui, « devant son extrĂȘme et rĂ©solue dĂ©fense[12] », le condamne Ă ĂȘtre remis au bras sĂ©culier pour ĂȘtre puni, selon la formule usuelle, « avec autant de clĂ©mence qu'il se pourrait et sans rĂ©pandre de sang » (« ut quam clementissime et citra sanguinis effusionem puniretur »). Ă la lecture de sa condamnation au bĂ»cher, le 9 fĂ©vrier, Bruno commente : « Vous Ă©prouvez sans doute plus de crainte Ă rendre cette sentence que moi Ă la recevoir. ».
Les circonstances de la mort de Giordano Bruno sont relatées dans la copie d'une lettre de Gaspard Schopp, dit Scioppius, au jurisconsulte allemand Ritterschausen située en annexe du livre Machiavellizatio, d'auteur inconnu, publié à Saragosse en 1621, lettre citée ensuite pour la premiÚre fois dans la préface de Commentaires sur Zoroastre, un ouvrage du pasteur Jean-Henri Ursin, publié en 1661.
Selon cette source, le jeudi , sur le Campo de' Fiori, il est livré vivant aux flammes devant la foule des pÚlerins venus pour le Jubilé. Il est nu. Pour le réduire au silence, on lui a cloué la langue sur un mors de bois[13].
Le faible nombre de documents concernant cette exĂ©cution a conduit certains Ă douter de sa rĂ©alitĂ©. C'est le cas, par exemple, de ThĂ©ophile Desdouits, journaliste et professeur de philosophie du XIXe siĂšcle. Dans son article La lĂ©gende tragique de Giordano Bruno[14], il remet en cause l'authenticitĂ© de la lettre de Gaspard Schopp. Faisant en outre remarquer qu'une telle exĂ©cution, Ă l'aube du XVIIe siĂšcle, aurait dĂ» laisser plus d'un tĂ©moignage Ă©crit, il Ă©met l'hypothĂšse que Giordano Bruno aurait pu n'ĂȘtre exĂ©cutĂ© qu'en effigie. Cependant l'historien des sciences Arkan Simaan met Ă bas l'hypothĂšse de ThĂ©ophile Desdouits, prĂ©cisant que l'on connaĂźt maintenant des documents officiels datant de et relatant cette exĂ©cution[15] - [16].
Doctrine
« De plus, dans cet univers, je place une providence universelle, en vertu de laquelle toute chose vit, se dĂ©veloppe, se meut et demeure dans sa perfection ; et jâentends [cette providence] en deux façons : lâune, Ă la façon dont lâĂąme est prĂ©sente au corps, tout entiĂšre dans le corps tout entier, et tout entiĂšre en nâimporte quelle partie [du corps], et je lâappelle nature, ombre et trace de la divinitĂ©âŠ[17] »
Physique
CĂ©lĂšbre est la preuve donnĂ©e par Giordano Bruno sur la relativitĂ© du mouvement[18]. Selon Aristote, la Terre est immobile ; la preuve, c'est que, si l'on fait tomber du haut d'un arbre ou d'une tour une pierre, elle tombe verticalement ; si la Terre tournait, elle se dĂ©placerait pendant le temps de la chute, l'endroit oĂč la pierre tomberait serait dĂ©calĂ© dans le sens inverse du mouvement terrestre. Bruno dĂ©monte cette fausse preuve de la fixitĂ© de la Terre. Si on lĂąche une pierre du haut du mĂąt d'un bateau en mouvement, elle tombera toujours au pied du mĂąt, quel que soit le mouvement du bateau par rapport Ă la rive. Bateau, mĂąt et pierre forment ensemble ce qu'on appellera plus tard un systĂšme mĂ©canique. Il est impossible de dĂ©celer un mouvement en ligne droite Ă vitesse constante d'un systĂšme mĂ©canique par des expĂ©riences rĂ©alisĂ©es Ă bord de ce systĂšme lui-mĂȘme. En montrant qu'on ne peut envisager le mouvement d'un corps dans l'absolu, mais seulement de maniĂšre relative, en relation avec un systĂšme de rĂ©fĂ©rence, Bruno ouvre la voie aux travaux de GalilĂ©e, et ce principe au fondement du rĂ©fĂ©rentiel inertiel, l'est encore pour la thĂ©orie de la relativitĂ© restreinte.
- « Toutes choses qui se trouvent sur la Terre se meuvent avec la Terre. La pierre jetée du haut du mùt reviendra en bas, de quelque façon que le navire se meuve. » (Le Banquet des cendres).
Cosmologie
DĂšs 1584 (Le Banquet des cendres), Bruno adhĂšre, contre la cosmologie d'Aristote, Ă la cosmologie de Copernic (1543), Ă l'hĂ©liocentrisme : double mouvement des planĂštes sur elles-mĂȘmes et autour du Soleil, au centre. Il reprend les idĂ©es exposĂ©es par Nicolas de Cues dans La Docte ignorance (1440).
Mais il va plus loin : il veut renoncer à l'idée de centre. « Il n'y a aucun astre au milieu de l'univers, parce que celui-ci s'étend également dans toutes ses directions. » Chaque étoile est un soleil semblable au nÎtre, et autour de chacune d'elles tournent d'autres planÚtes, invisibles à nos yeux, mais qui existent.
« Il est donc d'innombrables soleils et un nombre infini de terres tournant autour de ces soleils, à l'instar des sept « terres » [la Terre, la Lune, les cinq planÚtes alors connues : Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne] que nous voyons tourner autour du Soleil qui nous est proche. »
â Giordano Bruno, L'Infini, l'Univers et les Mondes, 1584
Le monde est infini, sans clĂŽture. Contre Copernic, Bruno « abolit » la sphĂšre des Ă©toiles fixes, puisque dans toutes les directions, Ă l'infini, le vide immense est parsemĂ© d'Ă©toiles. « Intuition remarquable, dit un commentateur. Pour la premiĂšre fois dans l'histoire de la pensĂ©e humaine, le ciel acquiert une profondeur. Plus exactement, c'est la notion mĂȘme de ciel qui s'Ă©vanouit, pour laisser place Ă celle d'espace homogĂšne, c'est-Ă -dire identique Ă lui-mĂȘme, dans toutes les directions[19]. »
Bruno est le premier Ă postuler, contre la doctrine de l'Ăglise de l'Ă©poque, la « pluralitĂ© de mondes habitĂ©s » dans son ouvrage De l'infinito universo et Mondi. Il postule que les Ă©toiles sont des soleils, plus petits car Ă©loignĂ©s, et que ceux-ci peuvent abriter d'autres crĂ©atures Ă l'image de Dieu.
« « Ainsi donc les autres mondes sont habités comme l'est le nÎtre ? » demande Burchio.
Fracastorio [porte-parole de Bruno] rĂ©pond : « Sinon comme l'est le nĂŽtre et sinon plus noblement. Du moins ces mondes n'en sont-ils pas moins habitĂ©s ni moins nobles. Car il est impossible qu'un ĂȘtre rationnel suffisamment vigilant puisse imaginer que ces mondes innombrables, aussi magnifiques qu'est le nĂŽtre ou encore plus magnifiques, soient dĂ©pourvus d'habitants semblables et mĂȘme supĂ©rieurs. » »
â Giordano Bruno, L'Infini, l'Univers et les Mondes
Contrairement à Copernic, il n'appuie pas ses dires sur des preuves mathématiques. « Concernant la mesure du mouvement [des corps célestes], la géométrie ment plutÎt qu'elle ne mesure » (De immenso). Il se fie au jugement de l'intellect :
« C'est à l'intellect qu'il appartient de juger et de rendre compte des choses que le temps et l'espace éloignent de nous. »
Philosophie
Giordano Bruno développe plusieurs idées qui feront fortune, bien qu'elles remontent à l'Antiquité : monade, infini.
En 1591, Ă Francfort, Giordano Bruno a Ă©crit en latin deux poĂšmes sur la monade : « Du triple minimum » (« De triplici minimo ») et « De la monade, du nombre et de la figure » (« De monade, numero et figura »). Il appelle « minimum » ou « monade » une entitĂ© indivisible qui constitue l'Ă©lĂ©ment minimal des choses matĂ©rielles et spirituelles. La monade, qui correspond au point des mathĂ©matiques et Ă l'atome de la physique, est cet ĂȘtre primitif, impĂ©rissable, de nature aussi bien corporelle que spirituelle, qui engendre, par des rapports rĂ©ciproques, la vie du monde. C'est une individualisation extrinsĂšque de la divinitĂ© ; existence finie, elle est un aspect de l'essence infinie. Dieu, minimum et maximum, est la Monade suprĂȘme d'oĂč s'Ă©chappent Ă©ternellement une infinitĂ© de monades infĂ©rieures.
Giordano Bruno est le champion de l'idée d'infini :
« Nous déclarons cet espace infini, étant donné qu'il n'est point de raison, convenance, possibilité, sens ou nature qui lui assigne une limite[20]. »
« Les sens confessent leurs faiblesses en produisant lâapparence dâun horizon fini, apparence toujours changeante. Car il nây a pas dâhorizon en soi, mais toujours par rapport Ă un observateur. »[21]
HylozoĂŻste, il pense que tout est vivant, et panpsychiste, il pense que tout est psychique :
« La Terre et les astres [âŠ], comme ils dispensent vie et nourriture aux choses en restituant toute la matiĂšre qu'ils empruntent, sont eux-mĂȘmes douĂ©s de vie, dans une mesure bien plus grande encore ; et vivants, c'est de maniĂšre volontaire, ordonnĂ©e et naturelle, suivant un principe intrinsĂšque, qu'ils se meuvent vers les choses et les espaces qui leur conviennent[22]. »
"Jâai dĂ©couvert lâidentitĂ© de toutes les religions, et donc je nâen remets aucune en doute, car la divinitĂ© mâapparaĂźt en toute chose, du grain de sable Ă lâĂ©toile la plus Ă©loignĂ©e, de lâinfiniment petit Ă lâinfiniment grand."
« « Toutes les formes de choses naturelles ont des Ăąmes ? Toutes les choses sont donc animĂ©es ? » demande Dicson. Theophilo, porte-parole de Bruno, rĂ©pond : « Oui, une chose, si petite et si minuscule qu'on voudra, renferme en soi une partie de substance spirituelle ; laquelle, si elle trouve le sujet [support] adaptĂ©, devient plante, animal [âŠ] ; parce que l'esprit se trouve dans toutes les choses et qu'il n'est de minime corpuscule qui n'en contienne une certaine portion et qui n'en soit animĂ© »[23]. »
Et ce qu'on peut dire de chaque parcelle du grand Tout, atome, monade, peut se dire de l'univers comme totalitĂ©. Le monde en son cĆur loge l'Ăme du monde[23].
Le monde est infini parce que Dieu est infini. Comment croire que Dieu, ĂȘtre infini, aurait pu se limiter lui-mĂȘme en crĂ©ant un monde clos et bornĂ© ?
« Il n'y a qu'un ciel, une immense rĂ©gion Ă©thĂ©rĂ©e oĂč les magnifiques foyers lumineux conservent les distances qui les sĂ©parent au profit de la vie perpĂ©tuelle et de sa rĂ©partition. Ces corps enflammĂ©s sont les ambassadeurs de l'excellence de Dieu, les hĂ©rauts de sa gloire et de sa majestĂ©. Ainsi sommes-nous conduits Ă dĂ©couvrir l'effet infini [le monde] de la cause infinie [Dieu] ; et Ă professer que ce n'est pas hors de nous qu'il faut chercher la divinitĂ©, puisqu'elle est Ă nos cĂŽtĂ©s, ou plutĂŽt en notre for intĂ©rieur, plus intimement en nous que nous ne sommes en nous-mĂȘmes[22]. »
« Aussi ce dieu, en tant qu'il est absolu, n'a-t-il pas de rapport Ă nous ; il n'en a que dans la mesure oĂč il se communique aux effets de la nature, plus intimement que la nature elle-mĂȘme. De sorte que s'il n'est pas la nature mĂȘme, il est certainement la nature de la nature, et il est l'Ăąme de l'Ăąme du monde, s'il n'est pas l'Ăąme elle-mĂȘme[24]. »
Religion
MalgrĂ© son opposition Ă l'Ăglise, Bruno n'est pas opposĂ© aux religions.
"Jâai dĂ©couvert lâidentitĂ© de toutes les religions, et donc je nâen remets aucune en doute, car la divinitĂ© mâapparaĂźt en toute chose, du grain de sable Ă lâĂ©toile la plus Ă©loignĂ©e, de lâinfiniment petit Ă lâinfiniment grand."[25]
"Les thĂ©ologiens, aussi doctes que religieux nâont jamais portĂ© prĂ©judice Ă la libertĂ© des philosophes ; et les vrais philosophes, honnĂȘtes et de bonnes mĆurs, ont toujours favorisĂ© les religions ; car les uns et les autres savent que la foi est requise pour lâinstitution des peuples, qui doivent ĂȘtre gouvernĂ©s, et la dĂ©monstration pour les contemplatifs, qui savent se gouverner et gouverner les autres."
Morale
Dans L'Expulsion de la bĂȘte triomphante, Giordano Bruno dĂ©veloppe ses idĂ©es entre la vie de la matiĂšre et la matiĂšre de la vie, la rĂ©incarnation et la morale qui en dĂ©coule : l'Ăąme de chaque crĂ©ature est Dieu lui-mĂȘme, qui passe d'une vie Ă une autre, d'un destin Ă un autre, ce tout existentiel offrant un sens au Salut. Certains ĂȘtres progressent de corps en corps, devenant des hĂ©ros ou des artistes, jusqu'Ă rejoindre l'essence divine :
« Toutes les Ăąmes font partie de l'Ăąme de l'Univers, et tous les ĂȘtres Ă la fin sont Uns. [âŠ] Chaque acte apporte sa rĂ©compense ou sa punition dans une autre vie. Le passage dans un autre corps dĂ©pend de la façon dont il s'est conduit dans l'Un [âŠ]. Le but de la philosophie est la dĂ©couverte de cette unitĂ©. »
De ce point de vue, cette vision des choses n'est pas différente de l'hindouisme, du bouddhisme ou du jaïnisme, avec la notion de karma, acte rétribué tÎt ou tard. Ayant élaboré une forme de panthéisme philosophique, Bruno, considérant que les animaux ont une place respectable et à respecter dans l'univers, amÚne à la pratique du végétarisme
« Ătre boucher doit ĂȘtre estimĂ© comme un art et un exercice plus lĂąche que ne l'est celui de bourreau [âŠ] parce que ce dernier [âŠ] administre parfois la justice ; en ce qui concerne les membres d'une pauvre bĂȘte, toujours obtenus en blessant la gorge, pour celui qui ne se suffit pas de la nourriture ordonnĂ©e par la nature [la nourriture vĂ©gĂ©tale], plus convenable Ă la complexion et Ă la vie de l'homme, j'abandonne les autres raisons plus dignes d'un chant. »
[26] Bruno prÎne une morale héroïque, qui vise à la connaissance divine. Quand notre connaissance s'accroit, notre ignorance se fait davantage souffrance, car elle laisse voir l'inaccessibilité du doute. Seule une entreprise héroïque issue de cette conscience et se fondant sur l'énergie de l'amour pourra extirper le philosophe de sa naïveté.
« Ce qui est commun et facile est bon pour le vulgaire et le commun ; les hommes exceptionnels, héroïques et divins suivent la voie difficile pour contraindre la nécessité à leur accorder la palme de l'immortalité. (...) Que la persévérance l'emporte donc : si l'épreuve est épuisante, la récompense ne sera pas médiocre. Tout ce qui a de la valeur est d'accÚs difficile. »[27]
Influences
L'Ćuvre de Bruno est complexe. Elle embrasse des domaines trĂšs variĂ©s : pionnier en astronomie, en physique ou en philosophie, Bruno s'intĂ©resse Ă©galement Ă l'astrologie, l'occulte et la magie, Ă laquelle est consacrĂ©e De vinculis in genere en 1591. De mĂȘme, sa vie foisonne de combats et de pĂ©ripĂ©ties.
Philosophie
- En Bruno, Leibniz admire le visionnaire, relevant ses théories sur l'univers et l'infini, mais il lui reproche ses travaux sur l'art de la mémoire et la magie lullienne.
- Diderot l'inscrit dans l'EncyclopĂ©die et lui reconnaĂźt « la gloire dâavoir osĂ© le premier attaquer lâidole de lâĂ©cole, sâaffranchir du despotisme dâAristote[28] ».
- On retrouve la pensĂ©e de Bruno dans l'Ćuvre de Goethe, y compris dans Faust. Mais le poĂšte, lui aussi, lui reproche sa passion pour les mathĂ©matiques mystiques.
- Dans les Leçons sur l'histoire de la philosophie, Hegel lui consacre une longue analyse[29], qui fera de lui un précurseur du matérialisme.
- Friedrich Schelling écrit un dialogue intitulé Bruno, dans lequel il s'inspire des conceptions du philosophe italien.
V. Le Moyen Ăge, Vrin, 1978
Art et littérature
La liste des Ćuvres consacrĂ©es Ă Bruno est immense :
- Le narrateur du roman de SĂĄndor MĂĄrai La nuit du bĂ»cher (traduit du hongrois par Catherine Fay - Ăditions Albin Michel, Paris, 2015), carme d'Avila venu prendre des leçons d'inquisition Ă Rome, saisi par la derniĂšre nuit et le supplice de Giordano Bruno, dont il est un tĂ©moin volontaire, voit ses certitudes vaciller.
- Des films :
- Giordano Bruno (Le martyr de la libre-pensée) (1908), de Giovanni Pastrone (Itala Film).
- Giordano Bruno, de Giuliano Montaldo, avec Gian Maria Volonte, Charlotte Rampling, Hans-Christian Blech et Mathieu CarriĂšre.
- Bertolt Brecht l'évoque dans sa piÚce La Vie de Galilée et dans sa nouvelle Der Mantel des Ketzers (Le manteau de l'hérétique) de 1939[30].
- De nombreux spectacles thĂ©Ăątraux et musicaux contemporains sont inspirĂ©s de son Ćuvre.
- Giordano Bruno, premier opéra du compositeur italien Francesco Filidei, livret de Stefano Busellato, mis en scÚne par Antoine Gindt, direction d'orchestre de Peter Rundel avec les musiciens de l'Ensemble intercontemporain[31].
- L'ouvrage gĂ©nĂ©ral (câest-Ă -dire ni religieux ni politique) ayant eu un des plus forts tirages en France (jusqu'en 1976, il sâen est vendu 8 400 000 exemplaires, dont 7 000 000 exemplaires avant 1914), Le Tour de la France par deux enfants, Ă©tait signĂ© du pseudonyme de G. Bruno, en hommage Ă Giordano Bruno (mais n'a pas d'autre rapport avec lui).
- L'Ćuvre au noir de Marguerite Yourcenar Ă©voque un personnage, le mĂ©decin et philosophe ZĂ©non, ayant des dispositions d'esprit similaires, et une fin presque semblable (condamnĂ© au bĂ»cher, il se suicide pour Ă©chapper au supplice).
- Une chanson du groupe finlandais Omnium Gatherum sur l'EP Steal the Face est intitulée Candles for Giordano Bruno.
- Une télésérie de Radio-Canada Les Rescapés basée sur une interprétation libre des écrits de Giordano Bruno.
- Il est l'un des 24 personnages décrits par Jacques Attali dans son ouvrage Phares : 24 destins (éditions Fayard, 2010).
- Il est mentionné dans une série documentaire Cosmos : Une odyssée à travers l'univers présenté par Neil deGrasse Tyson et produit par Seth MacFarlane et Ann Druyan.
- Il est le sujet du concept album de musique progressive du groupe O.R.K (Oscillazioni Alchemico Kreative) de Jerry Cutillo publié en 2018
- Le roman L'Homme incendié de Serge Filippini, qui explique sa vie autour de l'hypothÚse de son homosexualité
Politique et religion : un verdict définitif
- C'est au XVIIIe siÚcle que Bruno est considéré comme un panthéiste et un libre-penseur. On fait de lui un héritier du matérialisme antique et un précurseur de Spinoza.
- à l'inverse, il passe aux yeux de certains théologiens allemands, ironie de l'histoire, pour un martyr de la réforme luthérienne.
- Ă la fin du XIXe siĂšcle, la rĂ©action positiviste italienne contre l'Ăglise et la monarchie l'identifie Ă un radical franc-maçon. L'Italie est alors en pleine rĂ©appropriation de ses symboles nationaux, qui permet de fonder la nation italienne une et indivisible autour du Risorgimento. En 1889, les laĂŻcs italiens lui Ă©rigeront d'ailleurs une statue, Ćuvre du sculpteur Ettore Ferrari (grand-maĂźtre de la franc-maçonnerie italienne en 1904), sur le Campo deâ Fiori, Ă l'endroit de son supplice[32].
Toutes ces interprĂ©tations empĂȘchent aujourd'hui de bien cerner l'engagement originel de Bruno. Mais on peut toutefois remarquer que le point commun, immĂ©diat, qui en ressort est bien son rejet de l'Ăglise catholique. Celle-ci, en retour, n'a jamais mĂ©nagĂ© sa mĂ©moire :
- Le , au moment de l'inauguration de la statue que les libĂ©raux ont voulu Ă©lever Ă Bruno dans Rome, le pape LĂ©on XIII rendit publique la DĂ©claration Amplissimum Collegium, dans laquelle il proteste contre un projet « injuriant systĂ©matiquement la religion de JĂ©sus-Christ, en dĂ©cernant Ă un apostat du catholicisme les honneurs dus Ă la vertu, non sans une insolente ostentation » (« allâempietĂ di sfidare la religione di GesĂč Cristo con rilevanti e sistematiche ingiurie, decretando ad un apostata del cattolicesimo gli onori dovuti alla virtĂč, e ciĂČ non senza unâinsolente ostentazione »)[33].
- Un mois aprĂšs, le , condamnant encore plus durement et plus solennellement le monument Ă©levĂ© dans Rome Ă G. Bruno, le pape LĂ©on XIII promulgua cette fois l'encyclique Quod Nuper, adressĂ©e Ă tous les Ă©vĂȘques d'Italie, qualifiant Bruno de « doublement apostat et hĂ©rĂ©tique convaincu », et le monument à « cet homme scĂ©lĂ©rat et perdu » comme « la principale â publique et permanente â d'une sĂ©rie d'injures et d'offenses gravissimes » (« un uomo doppiamente apostata e convinto eretico [âŠ] ingiurie e gravissime offese, la principale delle quali â pubblica e permanente â Ăš il monumento a un uomo scellerato e perduto. »)[34]
- En 1923, en 1930 et en 1931, coup sur coup, le pape Pie XI, bĂ©atifie, canonise et dĂ©clare Docteur de l'Ăglise le cardinal Robert Bellarmin, qui avait Ă©tĂ© chargĂ©, sur ordre de son prĂ©dĂ©cesseur ClĂ©ment VIII, d'instruire le procĂšs de G. Bruno devant le tribunal de l'Inquisition romaine. Par ces actes solennels et irrĂ©versibles, Pie XI a signifiĂ© par lĂ qu'il confirmait, quoique indirectement, la permanence et le caractĂšre dĂ©finitif du jugement portĂ© par l'Ăglise.
- Enfin, on prendra pour preuve de la condamnation sans retour de G. Bruno par l'Ăglise, l'avis dĂ©finitif Ă©mis par la Commission spĂ©ciale « pour l'Ă©tude de la controverse ptolĂ©mĂ©o-copernicienne aux XVIe et XVIIe siĂšcles », dans laquelle s'insĂšre le cas GalilĂ©e, commission instituĂ©e le par le pape Jean-Paul II[35]. La Commission pontificale finit par revenir sur la condamnation de GalilĂ©e tout en explicitant ses circonstances conjoncturelles, mais elle a rĂ©affirmĂ© Ă nouveau la condamnation formelle de l'Ăglise contre Giordano Bruno : « La condamnation pour hĂ©rĂ©sie de Bruno, indĂ©pendamment du jugement qu'on veuille porter sur la peine capitale qui lui fut imposĂ©e, se prĂ©sente comme pleinement motivĂ©e (pour des motifs thĂ©ologiques), [car] le copernicisme de Bruno ne prĂ©sente aucun intĂ©rĂȘt au plan des raisons scientifiques. »
- Le , Ă lâoccasion du 400e anniversaire de sa mort, lâĂ©glise se repent du supplice infligĂ© Ă Giordano Bruno[36] - [37]. Le cardinal Paul Poupard affirma : « Je ne crois pas que l'on puisse ou que l'on doive parler de « rĂ©habilitation » parce que, s'agissant du « cas Giordano Bruno », il n'y a pas les Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires pour une telle entreprise, Ă l'inverse de ce qui s'est passĂ© par exemple pour Jean Hus ou pour GalilĂ©e ». Il affirma : « La condamnation au bĂ»cher n'est certainement pas un signe de respect de la personne », et en conclusion : « L'action de l'Ăglise contre la personne de Giordano Bruno est un de ces contre-tĂ©moignages dont, aujourd'hui, l'Ăglise se repent[38]. »
Ćuvres
Dans De umbris idearum (Sur les Ombres des idĂ©es, 1583), il adopte, comme le fit Lulle, des roues concentriques capables d'engendrer tous les mondes possibles et de restaurer les pouvoirs occultes des images astrologiques et magiques des dĂ©cans Ă l'intĂ©rieur des signes zodiacaux. La mĂȘme annĂ©e, sur le mĂȘme sujet, il publie : Ars reminiscendi (L'Art de remĂ©morer), Explicatio triginta sigillorum (Explication de trente sceaux), Sigillus sigillorum (Le Sceau des sceaux).
Giordano Bruno a écrit divers livres de magie. En 1589 : De magia mathematica (Sur la Magie mathématique), De magia naturali (Sur la Magie naturelle), Theses de magia (ThÚses sur la magie), De rerum principiis et elementis et causis (Sur les principes, éléments et causes des choses), Medicina lullina (Médecine lulienne). Puis : Lampas triginta statuarum, De vinculis in genere (1591).
Liste des Ćuvres
- De auditu kabbalistico sive ad omnes scientias (Paris, 1578). Attention : cette Ćuvre n'est pas de Bruno, mais de Reuchlin.
- De umbris idearum (Paris, 1582). Texte intégral en latin, Giordano Bruno.info: Download.
- Cantus CircÊus (1582). Texte intégral en latin, Giordano Bruno.info: Download.
- De compendiosa architectura (1582).
- Candelaio (1582). Texte intégral en italien, Giordano Bruno.info: Download ; comédie napolitaine.
- Ars reminiscendi (1583).
- Explicatio triginta sigillorum (1583).
- Sigillus sigillorum (1583).
- La Cena de le Ceneri (Le Banquet des Cendres) (1584). Texte intégral en italien, Giordano Bruno.info: Download.
- De la causa, principio, et Uno (1584). Texte intégral en italien, Giordano Bruno.info: Download.
- De l'infinito universo et Mondi (1584). Texte intégral en italien, Giordano Bruno.info: Download.
- Spaccio de la Bestia Trionfante (L'expulsion de la bĂȘte triomphante) (Londres, 1584), allĂ©gorie oĂč il combat la superstition, propose une rĂ©formation morale. Texte intĂ©gral en italien, Giordano Bruno.info: Download.
- Cabala del cavallo Pegaseo- Asino Cillenico (1585). Texte intégral en italien, Giordano Bruno.info: Download; Bruno combat les pédants, qui ne sont que des ùnes, pour louer l'asinité, la qualité d'ùne, voie d'accÚs au savoir
- De gli eroici furori (1585). Texte intégral en italien, Giordano Bruno.info : Download; les voies pour accéder au Vrai et au Beau, les rapports du savoir et de la poésie.
- Figuratio Aristotelici Physici auditus (1585).
- Dialogi duo de Fabricii Mordentis Salernitani (1586).
- Idiota triumphans (1586).
- De somni interpretatione (1586).
- Animadversiones circa lampadem lullianam (1586).
- Lampas triginta statuarum (1586), magie.
- Centum et viginti articuli de natura et mundo adversus peripateticos (1586).
- Delampade combinatoria Lulliana (1587).
- De progressu et lampade venatoria logicorum (1587).
- Oratio valedictoria (1588). Texte intégral en italien, Giordano Bruno.info: Download.
- Camoeracensis Acrotismus (1588).
- De specierum scrutinio (1588).
- Articuli centum et sexaginta adversus huius tempestatismathematicos atque Philosophos (1588) ; sorte de profession de foi.
- Oratio consolatoria (1589). Texte intégral en italien, Giordano Bruno.info: Download.
- De vinculis in genere (1591). Texte intégral en italien, Giordano Bruno.info: Download ; son livre de magie le plus original.
- De triplici minimo et mensura (1591).
- De monade, numero et figura (Francfort, 1591).
- De innumerabilibus, immenso, et infigurabili (1591).
- De imaginum, signorum et idearum compositione (1591).
- Summa terminorum metaphisicorum (1595).
- Artificium perorandi (1612).
- Ses Ćuvres ont Ă©tĂ© recueillies par Adolph Wagner, Leipzig, 1829-1830, 2 volumes in-8, et par August Friedrich Gfrörer, Stuttgart, 1834-1836.
- Il existe un site italien oĂč l'on peut consulter en ligne l'ensemble des Ćuvres complĂštes : la biblioteca ideale di Giordano Bruno : http://bibliotecaideale.filosofia.sns.it/gb1SearchMenu.php
RĂ©Ă©ditions
- Le Banquet des cendres, Ăditions Ăclat, 1988.
- Le chandelier, Point Hors Ligne, 1986.
- L'Infini, l'univers et les mondes, traduit de l'italien, présenté et annoté par Bertrand Levergeois, Berg International, 1987 ; puis 1992 ; puis 2000 ; puis 4e édition 2013.
- L'Expulsion de la bĂȘte triomphante, traduit de l'italien, prĂ©sentĂ© et annotĂ© par Bertrand Levergeois, Ăditions Michel de Maule, 1992 ; puis 2000.
- La Cabale du cheval PĂ©gase, traduit de l'italien, prĂ©sentĂ© et annotĂ© par Bertrand Levergeois, Ăditions Michel de Maule, 1992 ; puis 2000.
- Des Liens, traduit du latin, présenté et annoté par Danielle Sonnier et Boris Donné, éd. Allia ; 2001 ; puis 2010.
- De la Magie, traduit du latin, présenté et annoté par Danielle Sonnier et Boris Donné, éd. Allia ; 2000 ; puis 2002.
Ćuvres complĂštes
Les Ćuvres complĂštes de Giordano Bruno sont, en 2008, en cours d'Ă©dition et de traduction Ă Paris, aux Belles Lettres (Ă©dition bilingue) :
- Vol. 1, Le chandelier ; introd. philologique de Giovanni Aquilecchia ; texte édité par Giovanni Aquilecchia ; préf. et notes de Giorgio Bà rberi Squarotti ; traduction par Yves Hersant. Paris : les Belles lettres, 1993 [2e éd. revue et corrigée, 2003] (ISBN 2-251-34443-8).
- Vol. 2, Le souper des cendres ; texte établi par Giovanni Aquilecchia ; notes de Giovanni Aquilecchia ; préface de Adi Ophir ; traduction par Yves Hersant. Paris : les Belles lettres, 1994 [2e éd. revue et corrigée, 2003] (ISBN 2-251-34445-4). (1584). Ou Banquet des cendres. Défense du systÚme de Copernic contre le géocentrisme.
- Vol. 3, De la cause, du principe et de l'un ; texte Ă©tabli par Giovanni Aquilecchia ; introduction par Michele Ciliberto ; trad. Par Luc Hersant. Paris : les Belles lettres, 1996 (ISBN 2-251-33447-5). (1584). Critique des concepts clĂ©s de la physique et de la mĂ©taphysique d'Aristote ; interprĂ©tation de l'Ăme du monde.
- Vol. 4, De l'infini, de l'univers et des mondes ; texte Ă©tabli par Giovanni Aquilecchia ; notes de Jean Seidengart ; introd. de Miguel Ăngel Granada ; trad. de Jean-Pierre CavaillĂ©. Paris : les Belles lettres, 1995 (ISBN 2-251-34446-2). (1584). RĂ©futation du traitĂ© Du ciel d'Aristote ; examen du concept d'infini.
- Vol. 5, Expulsion de la bĂȘte triomphante ; texte Ă©tabli par Giovanni Aquilecchia ; notes de Maria Pia Ellero ; introd. de Nuccio Ordine ; traduction de Jean Balsamo. Paris : les Belles Lettres, 1999 (ISBN 2-251-34448-9).
- Vol. 6, Cabale du cheval pégaséen ; texte établi par Giovanni Aquilecchia ; préface et notes par Nicola Badaloni ; traduction de Tristan Dagron. Paris : les Belles Lettres, 1994 (ISBN 2-251-34444-6).
- Vol. 7, Des fureurs héroïques ; introduction et notes de Miguel Angel Granada ; traduction de Paul-Henri Michel revue par Yves Hersant. Paris : les Belles Lettres, 1999 (ISBN 2-251-34451-9).
- Vol. 8, Le procĂšs ; texte et trad. par Luigi Firpo et Alain Philippe Segonds. Paris : les Belles Lettres, 2000 (ISBN 2-251-34452-7).
- Vol. 9, Per una bibliografia di Giordano Bruno, 1800-1999, par Maria Cristina Figorilli ; texte revu par Alain-Philippe Segonds. Paris, les Belles Lettres, 2003 (Ćuvres complĂštes de Giordano Bruno ; 9) (ISBN 2-251-34470-5).
Postérité
Cinéma
- 2022 : Gianfranco Gallo joue son rĂŽle dans Caravage.
Statuaire
En 1889, une statue Ă l'effigie de Giordano Bruno, due au sculpteur Ettore Ferrari, est Ă©rigĂ©e au Campo de' Fiori, lieu de son supplice. Elle se trouve Ă deux pas du palais de la Chancellerie, qui abrite les services administratifs d'Ătat du Vatican. Lâinitiative en revient Ă la municipalitĂ© de Rome, alors trĂšs anticlĂ©ricale. Le condamnĂ© est reprĂ©sentĂ© revĂȘtu de l'habit de frĂšre dominicain, qui rendait valide son accusation comme hĂ©rĂ©tique et relaps aux yeux de l'Inquisition[39]. Toutefois, il estimait avoir cessĂ© d'ĂȘtre un religieux dĂšs 1576 et avoir rejetĂ© - ou interprĂ©tĂ© diffĂ©remment - la doctrine chrĂ©tienne aprĂšs 1584. Cette annĂ©e-lĂ , il publia en Angleterre L'Expulsion de la bĂȘte triomphante (Spaccio de la Bestia Trionfante). Dans cet ouvrage qu'il dĂ©dicaça au poĂšte protestant[5]Philip Sidney[40], il proposait un programme de rĂ©formation morale et critiquait le luthĂ©ranisme ainsi que la thĂ©ologie chrĂ©tienne[41].
Bande dessinée
- La mort de Giordano Bruno au bûcher apparaßt sous forme de flash-back dans Le Caravage de Milo Manara en 2015.
Commémoration
- Chaque , une foule de sympathisants se réunit devant cette statue pour commémorer le supplice. Ce rassemblement ne s'est interrompu que sous le régime fasciste, qui l'avait interdit[42].
Ăponyme
Le nom de Giordano Bruno a été donné à :
- une rue du 14e arrondissement de Paris ;
- une rue de Seraing (Belgique) [43].
- un cratĂšre lunaire ;
- un astéroïde ;
- un pont enjambant le canal du Midi au niveau de l'université de sciences Paul Sabatier à Toulouse.
Notes et références
- « Encyclopédie de L'Agora », sur agora.qc.ca.
- « Giordano Bruno (1548-1600) », sur astrofiles.net.
- « Giordano Bruno (1548-1600) - Universcience », sur cite-sciences.fr.
- « Encyclopédie Larousse en ligne », sur larousse.fr.
- Catholic Encyclopedia en ligne, article Giordano Bruno.
- Voir sur publius-historicus.com.
- Article de Jacques Attali, « Réhabiliter Giordano Bruno », Le Monde du 17 février 2000.
- Giordano Bruno, L'Infini, l'univers et les mondes (1584), trad. B. Levergeois, Berg International, 1987, p. 86.
- Documents de Venise sur le procÚs de Giordano Bruno publiés par Vincenzo Spampanato, Documenti della vita di Giordano Bruno, Florence, L.S. Olschki, 1933, rapporté par Yates, cf. bibliographie.
- Cardinal Angelo Mercati Sommario del Processo di Giordano Bruno, Vatican, 1942, rapporté par Yates, cf. bibliographie.
- Il y est bien traité : on lui donne une chambre confortable, du matériel pour écrire, un changement régulier de linge. Ayant reçu une pension de 4 couronnes par mois, il peut se faire apporter la nourriture qu'il souhaite. Cf. Angelo Mercati, « Il sommario del processo di Giordano Bruno », dans Studi e teste, vol. 101, 1942, p. 126.
- Archives secrÚtes du Vatican, Résumé du procÚs contre Giordano Bruno, Rome 1597.
- Jean Rocchi, dans l'Ă©mission radiophonique 2 000 ans dâhistoire - Giordano Bruno, France Inter le 2/03/2007, citĂ© par le site du GDR Exobiologie du CNRS ; podcast.
- Théophile Desdouits, La légende tragique de Giordano Bruno. Comment elle a été formée, son origine suspecte, son invraisemblance, 1885.
- Arkan Simaan,« Giordano Bruno : de lâerrance au bĂ»cher », anamnĂšse d'une rumeur, SPS no 288, octobre 2009.
- Luigi Firpo, Le procĂšs de Giordano Bruno : Giordano Bruno. Ćuvres complĂštes. Documents et essais., t. I, Les Belles Lettres, 892 p. (prĂ©sentation en ligne).
- Giordano Bruno, Documents I. Le procĂšs, introduction et texte de L. Firpo, traduction et notes de A.-Ph. Segonds, Paris, Les Belles Lettres, 2000, p. 64-66. CitĂ© par Michel Blay, Critique de lâhistoire des sciences, CNRS, 2017, p. 139.
- Pierre Duhem, Ătudes sur LĂ©onard de Vinci, III, p.257.
- Giordano Bruno, un visionnaire du XVIe siĂšcle, BT2, PEMF, 06 Mouans-Sartroux, 1999, p. 26.
- L'Infini, l'Univers et les Mondes.
- Giordano Bruno, De immensio et innumerabilibus, Frommann,
- Le Banquet des cendres.
- Cause, Principe et Unité, 1584.
- « Expulsion de la bĂȘte triomphante », dans Ćuvres complĂštes, V, 2, p. 426.
- Giordano Bruno, De l'infini, de l'univers et des mondes
- Voir sur it.wikiquote.org.
- Giordano Bruno, Le Banquet des cendres, l'Ăclat, , 189 p. (ISBN 978-2-84162-191-0, lire en ligne), page 45
- Tome 8, p. 881, article « JORDANUS BRUNUS, Philosophie de -, Hist. de la Philos » (lire sur Wikisource).
- V. Le Moyen Ăge, Vrin, 1978 (aperçu en ligne).
- Cf. Prosa I., Geschichten - La vieille dame et autres histoires, L'Arche 1968, Livre de Poche 1998.
- Voir sur theatre2gennevilliers.com.
- Luca Salza, « Ăcrire le cosmos nouveau », dans la revue Europe no 937, Giordano Bruno - GalilĂ©e, mai 2007.
- LĂ©on XIII, DĂ©claration Amplissimum Collegium, 24 mai 1889.
- LĂ©on XIII, Encyclique Quod Nuper, 30 juin 1889.
- Cardinal Poupard, dans DĂ©bat sur « lâaffaire GalilĂ©e ». DĂ©bat de clĂŽture du cycle de confĂ©rences « Il Ă©tait une fois des sciences âŠÂ», organisĂ© par JĂ©rĂŽme Perez, ENSTA - Laboratoire de mathĂ©matiques appliquĂ©es, du 12 dĂ©cembre 2001 au 27 mars 2002.
- « Un triste Ă©pisode de lâhistoire du christianisme », sur cath.ch,
- Roger-Pol Droit, « L'interminable procÚs de Giordano Bruno », sur lemonde.fr,
- GOUBERT Guillaume, « L'Ăglise revient sur le cas Giordano Bruno », sur la-croix.com,
- Bertrand Levergeois, Giordano Bruno, Paris : Fayard, 1995, p. 506 :
« Pour la CongrĂ©gation du Saint-Office, il est restĂ© le « frĂšre Giordano ». Ses faits et gestes ont surtout Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s sous l'angle disciplinaire, et ses conceptions, y compris cosmologiques, n'ont Ă©tĂ© envisagĂ©es qu'en fonction du dogme. Ce n'est donc point le philosophe que l'Inquisition a jugĂ© mais le religieux que, Ă ses yeux, l'accusĂ© avait cessĂ© d'ĂȘtre. »
- Catholic encyclopedy :
« In 1583 he crossed over to England, and, for a time at least, enjoyed the favour of Queen Elizabeth and the friendship of Sir Philip Sidney. To the latter he dedicated the most bitter of his attacks on the Catholic Church. »
â Il spaccio della bestia trionfante, The Expulsion of the Triumphant Beast, published in 1584
. - Bertrand Levergeois, op. cit., p. 526 :
« 1584. PĂ©riode fĂ©conde en publications clefs. [âŠ] Spaccio de la bestia trionfante (programme de rĂ©formation morale, critique du luthĂ©ranisme et plus gĂ©nĂ©ralement de la thĂ©ologie chrĂ©tienne). »
- Enrico Meloni, Bruno e Campo deâ Fiori.
- Dounan E. et Pirson N., Les rues de Seraing, p. 231., « â Une rue, une histoire : la rue Giordano Bruno », sur siseraing.be (consultĂ© le )
Notes
- « Il n'existe dans l'univers ni centre, ni circonfĂ©rence, mais, si vous voulez, tout est central et chaque point peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une partie d'une circonfĂ©rence par rapport Ă quelque autre point central. » Giordano Bruno, L'Infini, l'Univers et les mondes, Ă©ditions Berg International, page 161 (ISBN 978-2-37020-054-9).
Voir aussi
Bibliographie
- Jacques Arnould, Giordano Bruno, un gĂ©nie martyr de l'Inquisition, Paris, Ăditions Albin Michel, 2021, (ISBN 978-2-226-45828-5)
- Giovanni Aquilecchia, Giordano Bruno, Ăditions Les Belles Lettres, Paris, 2006 (ISBN 978-2-251-34453-9).
- Ernst Bloch (trad. Pierre Kamnitzer), La philosophie de la Renaissance, Paris, Payot & Rivages, coll. « Petite BibliothÚque Payot », , 218 p. (ISBN 978-2-228-90162-8 et 2-228-90162-8).
- Jacques Bonnet, à l'enseigne de l'amitié, Liana Levi, 2003.
- Francesca Yvonne Caroutch, Giordano Bruno, l'homme de feu, Paris : Pygmalion, 2003.
- Tristan Dagron, UnitĂ© de l'ĂȘtre et dialectique. L'idĂ©e de philosophie naturelle chez Giordano Bruno, Paris : Vrin, coll. De PĂ©trarque Ă Descartes, 1999, 417 p. (ISBN 2-7116-1413-1).
- Guido del Giudice, WWW. Giordano Bruno, Napoli : Marotta e Cafiero, 2001 (ISBN 88-88234-01-2).
- Guido del Giudice, La coincidenza degli opposti. Giordano Bruno tra Oriente e Occidente, Roma : Di Renzo, 2005 (ISBN 88-8323-110-4) ; seconda edizione accresciuta con il saggio Bruno, Rabelais e Apollonio di Tiana, Roma : Di Renzo, 2006 (ISBN 888323148 1).
- Guido del Giudice, Due Orazioni. Oratio Valedictoria e Oratio Consolatoria, Di Renzo Editore, Roma 2007 (ISBN 88-8323-174-0).
- Guido del Giudice, La disputa di Cambrai. Camoeracensis acrotismus, Roma : Di Renzo, 2008 (ISBN 88-8323-199-6).
- Serge Filippini, L'Homme incendié, Phébus, 1990.
- Fabrizio Frigerio, « Giordano Bruno, précurseur de la Maçonnerie ? », Masonica, no 6, Lausanne, 1995, p. 40-46.
- Yves Hersant, « Giordano Bruno, Pétrarque et le pétrarquisme », dans Humanistica, an International Journal of Early Modern Studies, 1-2, 2006, p. 95-103.
- Yves Hersant, « La morale de la farce. Sur le Chandelier de Giordano Bruno », dans Pensée morale et genres littéraires, Paris, P.U.F., 2009, p. 19-30.
- Yves Hersant, « Giordano Bruno et la métamorphose », dans Métamorphose(s), Rennes, P.U.R., 2009, p. 165-174.
- Régis Lécu, L'idée de perfection chez Giordano Bruno (L'Harmattan, ), 418 p. (ISBN 2-7475-5752-9).
- Bertrand Levergeois, Giordano Bruno, Paris, Fayard, 1995, réédition 2000.
- Jean-Pierre Luminet, Bruno et Galilée au regard de l'infini, Lire en ligne
- Nuccio Ordine, Le seuil de l'ombre : littérature, philosophie et peinture chez Giordano Bruno, traduction par Luc Hersant, Paris : les Belles Lettres, 2003 (L'ùne d'or, 15). 380 p. (ISBN 2-251-42022-3).
- Nuccio Ordine, Giordano Bruno, Ronsard et la religion ; trad. Luc Hersant. Paris, Albin Michel, 2004 (BibliothÚque de l'évolution de l'humanité ; 46). 420 p. (ISBN 2-226-14241-X).
- Nuccio Ordine, Le mystĂšre de l'Ăąne. Essai sur Giordano Bruno, traduction par F. Liffran et P. Bardoux. 2e Ă©d. Paris, les Belles Lettres, 2005 (L'Ăąne d'or, 3). 270 p. (ISBN 2-251-42029-0).
- Jean Rocchi, Giordano Bruno aprÚs le bûcher, Complexe, 2000.
- Jean Rocchi, Giordano Bruno l'irréductible : sa résistance face à l'inquisition, Syllepse, 2004 (ISBN 2-84797-048-7).
- Jean Rocchi, L'errance et l'hérésie ou le destin de Giordano Bruno, F. Bourin/Julliard, 1989.
- Jean Rocchi, Giordano Bruno, André Versaille, 2011, 264 p. (ISBN 978-2-87495-097-1).
- Giuseppe Salvaggio, L'Homme dans l'Univers infini de Giordano Bruno, (MĂ©moire de MaĂźtrise), Louvain-la-Neuve : UniversitĂ© catholique de Louvain - Institut SupĂ©rieur de Philosophie, 1992, 235 p. â RĂ©Ă©dition : The BookEdition, 2014, 286 p. (ISBN 978-2-9600963-8-5).
- Luca Salza, Métamorphose de la Physis. Giordano Bruno : infinité des mondes, vicissitudes des choses, sagesse héroïque, La Citta del Sole-Vrin. 536 p., 16 à 21 cm (ISBN 88-8292-303-7).
- Alain Philippe Segonds, « Le retour en Italie de Giordano Bruno « philosophe » », dans Freiburger Zeitschrift fĂŒr Philosophie und Theologie 48-3, 2001, p. 269-280.
- Arkan Simaan, « Cette sentence vous fait plus peur qu'Ă moi-mĂȘme : Giordano Bruno », Les Cahiers rationalistes, .
- Arkan Simaan, « Giordano Bruno : de lâerrance au bĂ»cher », Science et pseudo-sciences, no 288, .
- Frances Yates, Giordano Bruno et la Tradition Hermétique, Dervy, 1996 558 p. (ISBN 2-85076-839-1).
- Christian Soleil, Giordano Bruno ou la VĂ©ritĂ© embrasĂ©e, Ădilivre, Paris, , 142 p.
- « Giordano Bruno et la puissance de lâinfini », L'Art du Comprendre no 11 et 12, 2003 ; 2e Ă©dition en 2005.
- Falconetti di Brando, "Mon Ami Giordano", Les éditions Amalthée 1er trimestre 2017.
Conférence
- « Les savants face aux églises : conférence et débat sur Giordano Bruno entre Arkan Simaan et Jean-Christophe Sanchez, animée par Jean Rosmorduc, 1 h 21.
- Giordano Bruno : de la philosophie à la cosmologie par Aurélien Barrau https://www.youtube.com/watch?v=3gI6slK3dvE
- Giordano Bruno : une victime de la RĂ©forme catholique ? par Pierre Racine https://www.youtube.com/watch?v=2raNPUZw_k8
- Giordano Bruno : l'Ăąme du monde et la magie, par Rambert Nicolas. https://www.youtube.com/watch?v=vVo_mw6pf7Y
- "La herejĂa de Giordano Brunoâ por Nuccio Ordine https://www.youtube.com/watch?v=8reqd3WRt20
Articles connexes
Liens externes
- Giordano Bruno. Le site officiel des disciples du philosophe nolain.
- Ćuvres dans le catalogue de la BNF.
- « Réhabiliter Giordano Bruno », texte de Jacques Attali initialement publié dans Le Monde du 17 février 2000.
- Ćuvres de Giordano Bruno: textes avec concordances et liste de frĂ©quence.
- Harald Höffding, Histoire de la philosophie moderne (trad. fr. P. Bordier 1906) - ch.13. Giordano Bruno].
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