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Michel Blay

Michel Blay, né le à Paris[1], est directeur de recherche au CNRS, philosophe et historien des sciences[2].

Michel Blay
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Directeur
Centre d'Archives en Philosophie, Histoire et Édition des Sciences (d)
-
Mireille Delbraccio (d)
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Comité pour l’histoire du CNRS (d)

Biographie

Michel Blay étudie d'abord la physique à Paris à l'université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC - Paris 6). Il effectue par la suite un doctorat de 3e cycle en histoire et philosophie des sciences à l'université Panthéon-Sorbonne (Paris 1) sous la direction de Maurice Clavelin, grand spécialiste de Galilée.

En 1989, il devient docteur d'État en lettres et sciences humaines, habilité à diriger des recherches (HDR), sous la direction de Jacques Merleau-Ponty.

Il est à l'origine de plusieurs études devenues classiques sur la science et la philosophie des XVIIe et XVIIIe siècles, prenant comme point de départ les conditions de possibilité de la mathématisation de la physique.

Il préside depuis le Comité pour l’histoire du CNRS[3].

Idées

D’un point de vue épistémologique, Michel Blay est réaliste, d'un réalisme qui n'a jamais pu se satisfaire du positivisme, et il est internaliste parce qu'il a toujours considéré que la meilleure voie pour comprendre ce qui advenait au cours du développement des sciences était avant tout de l'ordre du travail de la raison. Il est historien en ce sens que les sciences — et la philosophie qui ne manque jamais d'y être associée — se comprennent par leur processus historique.

Dans son œuvre, les mathématiques ne sont pas traitées comme un simple langage mais considérées comme constitutives des concepts de la physique. Il n'y a pas de physique indépendante des mathématiques et, selon un de ses exemples, la théorie électromagnétique de Maxwell n'est pas pensable en dehors des équations de Maxwell[4].

Travaux

Les recherches de Michel Blay concernent le domaine de la science classique.

L'analyse de l'optique newtonienne

Au-delà des informations précises sur les thèses newtoniennes, Michel Blay défend une certaine idée du développement de la science. La véritable méthode newtonienne n'est pas exactement celle que le savant anglais a lui-même mise en scène, ni celle que l'historiographie a voulu retenir. Ce n'est pas l'expérience soigneusement menée qui conduit vers la théorie de la science (ici des couleurs), c’est plutôt une démarche rationnelle et largement a priori qui inspire les expériences capables, en retour, de renforcer la vraisemblance de la théorie. Ce n'est pas parce qu'il avait rencontré le chemin de la lumière dans son double prisme que Newton a été convaincu de la nature hétérogène de la lumière naturelle, c'est parce qu'il concevait ainsi la lumière qu'il a pu construire cette fameuse expérience du double prisme.

Dans sa première thèse, Michel Blay a tiré les leçons principales de ces analyses. Il se situe, à ce titre, dans la lignée d'un Alexandre Koyré qui défendait que « la bonne physique est a priori. » Michel Blay a affermi sa thèse dans divers articles et ouvrages qui lui ont permis de préciser son attitude épistémologique — la science est Theoria, c'est-à-dire création de concepts et non pas une « pseudo lecture directe de la nature ».

Le processus de la mathématisation de la physique à l'âge classique

L'ouvrage où cette conception voit le jour est tiré de sa thèse d'État sur La Naissance de la mécanique analytique (voir Publications). Il a étudié avec minutie à partir de sources peu explorées, l'œuvre du savant français Pierre Varignon. Il a montré que ce dernier a réalisé la première introduction des algorithmes différentiels dans la science du mouvement. C'est cette démarche qui inaugure vraiment la mathématisation de la mécanique, désormais analytique. Ce travail fondateur a essaimé en une série d'articles et d'ouvrages qui ont permis à Michel Blay de tester et d'étendre son idée maîtresse. Il a examiné comment se préparaient la géométrisation d'abord puis la mathématisation dans les Principia de Newton, comme avant dans les travaux de Torricelli et dans les débats plus anciens sur les indivisibles et sur le mouvement chez Galilée, Cavalieri etc.[4]

L'infini

Au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles en Europe, la pensée s'est affranchie des anciennes hiérarchies théologiques et métaphysiques qui, depuis l'Antiquité, imposaient leur vision du monde comme celle d'un univers limité, fini. La raison à l'œuvre en sciences comme en philosophie (Pascal, Descartes, etc.) a introduit un nouveau questionnement et transformé la conception des connaissances. Michel Blay a mis en lumière ces changements qui reposent sur la notion d'infini et qui ont eu des répercussions sur la société : des notions fondatrices comme la liberté se sont renouvelées en entraînant de nouveaux droits. Cette nouvelle façon d'être au monde, sans Dieu ni théologie, correspond aux Lumières — une période de quelques dizaines d'années seulement qui fut le creuset de la Révolution française puis du Romantisme — « cette interrogation critique sur le présent et sur nous-mêmes » (dixit Michel Foucault) au cœur de la pensée rationnelle moderne[5].

Publications

Ouvrages

  • La Conceptualisation newtonienne des phĂ©nomènes de la couleur, avec une prĂ©face de Maurice Clavelin, Paris, Vrin, 1983
  • La Naissance de la mĂ©canique analytique, avec une prĂ©face de Jacques Merleau-Ponty, Paris, PUF, 1992
  • Les Raisons de l'infini. Du monde clos Ă  l'univers mathĂ©matique, Paris, Gallimard-Essais, 1993 ; traduction en anglais : Reasoning with the Infinite : from the closed World to the Mathematical Universe, Chicago University Press, 1998 et 1999
  • Les Figures de l 'arc-en-ciel, Paris, CarrĂ©, 1995 ; rĂ©Ă©d. Belin, 2005
  • La Naissance de la science classique au XVIIe siècle, Paris, Nathan, 1999
  • Lumières sur les couleurs : le regard du physicien[6], Paris, Ellipses, 2001
  • La Science du mouvement de GalilĂ©e Ă  Lagrange, Paris, Belin, 2002
  • L'Homme sans repos. Du mouvement de la terre Ă  l'esthĂ©tique mĂ©taphysique de la vitesse, Paris, Armand Colin, 2002
  • La Science trahie. Pour une autre politique de la recherche, Paris, Armand Colin, 2003
  • Les ClĂ´tures de la modernitĂ©, Paris, Armand Colin, 2007
  • La Science du mouvement des eaux de Torricelli Ă  Lagrange, Paris, Belin, 2007
  • Penser avec l'infini de Giordano Bruno aux Lumières, Paris, Vuibert, 2010
  • Les Demeures de l'humain. Preuves et traces mĂ©diterranĂ©ennes, Paris, Jean Maisonneuve, 2011
  • Lumières sur les couleurs du monde vivant, Paris, Villarose, 2011
  • Quand la recherche Ă©tait une RĂ©publique. La recherche scientifique Ă  la LibĂ©ration, Paris, Armand Colin, 2011
  • Les Ordres du chef. Culte de l'autoritĂ© et ambitions technocratiques : le CNRS sous Vichy, Paris, Armand Colin, 2012
  • Dieu, la nature et l'homme. L'originalitĂ© occidentale, Paris, Armand Colin, coll. « Le temps des idĂ©es », 2013
  • L'Existence au risque de l'innovation, Paris, CNRS Éditions, 2014
  • La Chair vive et la beautĂ© de l'exister. Quatre chapitres sur l'infini dans le fini, Paris, Jean Maisonneuve, 2015
  • Penser ou cliquer ? : comment ne pas devenir des somnambules, Paris, CNRS Ă©ditions, 2016
  • Critique de l'histoire des sciences, Paris, CNRS Ă©ditions, 2017

Éditeur

  • L'Analyste de George Berkeley, traduction et notes, dans le volume II des Ĺ’uvres de Berkeley, Paris, PUF, 1987
  • L'Optique de Newton dans la traduction de J.-P. Marat, suivi de « Ă‰tudes sur l'optique newtonienne Â», avec une prĂ©face de Françoise Balibar, Paris, Christian Bourgois, 1989
  • Christiaan Huygens, TraitĂ© de la lumière (Leyde, 1690), rĂ©Ă©dition avec une introduction, Paris, Dunod, 1992
  • Les Principia de Newton, Paris, PUF, coll. « Philosophies », 1995
  • Fontenelle. ÉlĂ©ments de la gĂ©omĂ©trie de l'infini (Paris, 1727), rĂ©Ă©dition avec une introduction, en collaboration avec Alain Niderst, Paris, Klincksieck, 1995
  • Ĺ’uvres de Descartes, en collaboration avec Denis Kambouchner, FrĂ©dĂ©ric de Buzon et AndrĂ© Warusfel, Tome III, Paris, collection Tel/Gallimard, 2009
  • Physique nouvelle par Monsieur Rohault disciple de Monsieur Descartes (1667), introduction et Ă©dition en collaboration avec Sylvain Matton et Alain Niderst, Paris, Seha/Arche, 2009
  • (it) Niccolò Copernico, la struttura del cosmo, introduzione di Michel Blay, commento di Jean Seidengart, traduzione di Renato Giroldini, Florence, Leo S. Olschki Editore, 2009
  • Pierre Souffrin, Écrits d'histoire des sciences, Ă©ditĂ© par Michel Blay, Francesco Furlan, Michela Malpangotto, Paris, Les Belles Lettres, coll. « L'Ă‚ne d'or », 2012

Direction d'ouvrages

  • Dictionnaire critique de la science classique, en collaboration avec Robert Halleux, Paris, Aubier-Flammarion, 1998
  • L'Europe des sciences. Constitution d'un espace scientifique, en collaboration avec Efthymios NicolaĂŻdis, Paris, Le Seuil, 2001 ; traduction en chinois, 2007
  • Grand Dictionnaire de la philosophie, Paris, Larousse et CNRS Ă©ditions, 2003 ; rĂ©Ă©d. 2005
  • Dictionnaire des concepts philosophiques, Paris, Larousse et CNRS Ă©ditions, coll. « In extenso », 2006 ; rĂ©Ă©d. 2013

Articles

  • « Une clarification dans le domaine de l'optique physique: bigness et promptitude », Revue d'histoire des sciences (1980), 215-224
  • « Un exemple d'explication mĂ©caniste au XVIIe siècle : l'unitĂ© des thĂ©ories hookiennes de la couleur », Revue d'histoire des sciences (1981), 97-121
  • « Le rejet au XVIIe siècle de la classification traditionnelle des couleurs: les rĂ©elles et les apparentes », revue XVIIe Siècle (1982), 317-330.
  • « Des travaux mĂ©connus sur la lumière blanche Ă  la fin du XIXe siècle : la thèse de Georges Gouy (1854-1926) », Bulletin de l'Union des Physiciens (1982), 381-390
  • « Huygens et la France », Revue d'histoire des sciences (1983), 325-328
  • « Christiaan Huygens et les phĂ©nomènes de la couleur », Revue d'histoire des sciences (1984), 127-150
  • « Changement de repères chez Newton: le problème des deux corps dans les Principia », en collaboration avec Georges BarthĂ©lemy, Archives internationales d'histoire des sciences (1984), 68-98
  • « Note sur l'essai sur les degrĂ©s de chaleur des rayons colorĂ©s de l'AbbĂ© Rochon », Revue d'histoire des sciences (1985), 37-42
  • « Varignon et le statut de la loi de Torricelli », Archives internationales d'histoire des sciences (1985), 330-345
  • « Remarques sur l'influence de la pensĂ©e baconienne Ă  la Royal Society : pratique et discours scientifique dans l’étude des phĂ©nomènes de la couleur », Études philosophiques (1985), 359-373
  • « Pierre Costabel et la question des forces vives », Revue de synthèse (1985), 519-523
  • « Deux moments dans la critique du calcul infinitĂ©simal : Michel Rolle et George Berkeley », Revue d'histoire des sciences (1986), 223-254
  • « L'introduction du calcul diffĂ©rentiel en dynamique : l'exemple des forces centrales dans les MĂ©moires de Varignon en 1700 », Sciences et techniques en perspective (1986), 157-190
  • « Le traitement newtonien du mouvement des projectiles dans les milieux rĂ©sistants », Revue d'histoire des sciences (1987), 325-355
  • « Varignon ou la thĂ©orie du mouvement des projectiles “comprise en une Proposition gĂ©nĂ©rale” », Annals of Science (1988), 591-618
  • « LĂ©on Bloch et HĂ©lène Metzger : la quĂŞte de la pensĂ©e newtonienne », revue Corpus (1989), 67-84, rĂ©Ă©ditĂ© dans Études sur / Studies on HĂ©lène Metzger (E. J. Brill, Leiden, 1990), 67-84
  • « Du fondement du calcul diffĂ©rentiel au fondement de la science du mouvement dans les “ÉlĂ©ments de la gĂ©omĂ©trie de l'infini” de Fontenelle », Studia Leibnitiana, Sonderheft 17 (1989), 99-122
  • « Quatre MĂ©moires inĂ©dits de Pierre Varignon consacrĂ©s Ă  la science du mouvement », Archives internationales d'histoire des sciences (1989), 218-248
  • « Les dĂ©couvertes de Monsieur Marat », Alliage (1989), 83-89
  • « Note sur la correspondance entre Jean I Bernoulli et Fontenelle », revue Corpus (1990), 93-100
  • « Deux exemples de l'influence de l'École galilĂ©enne sur les premiers travaux de l'AcadĂ©mie royale des sciences », Nuncius (1992), 49-65
  • « Principe de continuitĂ© et mathĂ©matisation du mouvement dans la deuxième moitiĂ© du XVIIe siècle », Studia Leibnitiana (1992), 191-204
  • « La recherche en histoire de la physique », Science et Techniques en perspective (1993), 66-73
  • « Mersenne expĂ©rimentateur : les Ă©tudes sur le mouvement des fluides jusqu'en 1644 », Les Études philosophiques (1994), 69-86
  • « Sur quelques aspects des limites du processus de la mathĂ©matisation dans l'Ĺ“uvre leibnizienne », Studia Leibnitiana, Sonderheft 24 (1995), 31-42
  • « Sur quelques publications rĂ©centes consacrĂ©es Ă  l'histoire de l'optique antique et arabe », Arabic Sciences and Philosophy (1995), 121-136
  • « Les couleurs du prisme ou quelques remarques et rĂ©flexions sur les expĂ©riences de Newton », Techne. Laboratoire de recherche des musĂ©es de France (1996), 9-16
  • « Force, continuitĂ© et mathĂ©matisation du mouvement dans les “Principia” de Newton », La lettre de la Maison française d'Oxford (1996), 74-94
  • « Quelques rĂ©flexions sur le nombre des couleurs et la composition du blanc aux XVIIe et XVIIIe siècles », Histoire de l'art (1997), 3-9
  • « Lumières et couleurs dans le TraitĂ© de HaĂĽy, ou la “vĂ©ritable mĂ©thode pour parvenir Ă  l'explication” dans les sciences », Revue d'histoire des sciences (1997), 283-292
  • « Les règles cartĂ©siennes de la science du mouvement dans “Le monde ou traitĂ© de la lumière” », Revue d'histoire des sciences (1998), 319-346
  • « Mouvement, continu et composition des vitesses au XVIIe siècle », en collaboration avec Egidio Festa, Archives Internationales d'Histoire des Sciences (1998), 65-118
  • « MĂ©thodes mathĂ©matiques et calcul de l'infini au temps de Fermat », Historia Scientiarum (1999), 57-71
  • « Infini, gĂ©omĂ©trie et mouvement au XVIIe siècle », La Lettre de la Maison française d'Oxford, no 13 (2001), 27-37
  • « De l'apparition subreptice des futures formules de conservation Ă  l'occasion de l'algorithmisation de la science du mouvement au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles », Revue d'histoire des sciences (2001), 291-301
  • « Pour une philosophie des sciences Ă  l'Ă©coute de l'histoire des sciences », Rue Descartes (2003), 98-101
  • « Dire l'infini de Giordano Bruno Ă  Fontenelle », Revue Fontenelle (2006), 131-146
  • « Sur quelques aspects de l'histoire de la lumière », Revue d'histoire des sciences (2007), 119-132
  • « Concepts, faits scientifiques et thĂ©ories », Raison prĂ©sente (2007), 31-40
  • « Infini et mouvement chez GalilĂ©e. Les risques de la rationalitĂ© », Europe (2007), 198-212
  • « Comte et Duhem, ou la construction d'une optique positive », Revue philosophique (2007), 493-504
  • « L'Ă©valuation par indicateurs dans la vie scientifique : choix politiques et fin de la connaissance », CitĂ©s, 37 (2009), 15-25
  • « Du monde de la vie Ă  celui de la science au tournant des XVIe et XVIIe siècles : Ă©lĂ©ments pour une lecture humaniste », Humanistica, IV-l (2009), 81-89
  • « Quand les politiques de la science et de la recherche oublient les leçons des Lumières », Raison PrĂ©sente, 172 (2009), 59-69
  • « Le souci de l'infini au XVIIe siècle », La Lettre clandestine, no 18 (2010), 17-32
  • « Sciences, conception de la science et politique de la science chez Fontenelle », Revue Fontenelle, no 6-7 (2010), 283-294

Notes et références

  1. Voir CV sur hpdst.gr.
  2. « Michel Blay », sur franceculture.fr (consulté le ).
  3. Michel Blay - Président du Comité pour l’histoire du CNRS sur lejournal.cnrs.fr.
  4. M. Malpangotto, V. Julien, E. Nicolaïdis, L’homme au risque de l’infini. Mélanges d’histoire et de philosophie des sciences offerts à Michel Blay, Belgique, Brepols publishers, , 444 p. (ISBN 978-2-503-55142-5), p. 7, « Michel Blay, un parcours ».
  5. Voir notice de Penser avec l'infini sur decitre.fr.
  6. Voir sur persee.fr.

Voir aussi

Bibliographie

  • Daniel-Henri Pageaux, postface in La Chair vive et la beautĂ© de l’exister. Quatre chapitres sur l’infini dans le fini, Maisonneuve, Paris, 2015
  • Eudoxie Delli, « Michel Blay, Dieu, la nature et l’homme. L’originalitĂ© de l’Occident » in revue Almagest, Brepols Publishers, vol. 5, n° 2/2014

Liens externes

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