AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Faibles doses d'irradiation

Les faibles doses d'irradiation dĂ©signent en radiobiologie, Ă©pidĂ©miologie et en physique mĂ©dicale des expositions (externes ou internes) Ă  des rayonnements ionisants qui se situent Ă  un niveau faible (infĂ©rieures Ă  100 milligray) ou Ă  de faibles dĂ©bits de dose (moins de 5 milligray par heure), situation rencontrĂ©e « dans un large Ă©ventail de contextes mĂ©dicaux, industriels, militaires et commerciaux »[1] et trĂšs largement infĂ©rieur Ă  celui oĂč apparaĂźt un effet dĂ©terministe (brĂ»lures, voire syndrome d'irradiation aiguĂ« pour des expositions supĂ©rieures au gray). Il est sous les limites actuelles de dĂ©tection des effets stochastiques (leucĂ©mies ou autres formes de cancers, voire peut-ĂȘtre mutations gĂ©nĂ©tiques).

« Les expositions professionnelles aux rayonnements ionisants se produisent principalement à de faibles doses et peuvent accumuler des doses efficaces pouvant atteindre plusieurs centaines de milligray »[2]. Le domaine des doses inférieures à une dizaine de millisieverts par an, correspond à ce que reçoit la plus grande partie de la population, principalement via une exposition externe (induite par la radioactivité naturelle et les examens radiologiques) et moindrement via une exposition interne (notamment due au radon, à certains traitements ou examens médicaux ou à l'ingestion accidentelle de radionucléides). Hors accidents graves et accidents nucléaires, l'exposition induite par l'industrie nucléaire concerne surtout sur ses travailleurs. Ceci en fait un sujet complexe et polémique, et qui a une incidence sur l'optimisation des politiques de radioprotection et de santé publique. Mi-2022, les Académies américaines des sciences, de l'ingénierie et de la médecine suggÚrent de relancer la recherche sur ce sujet, estimant que 100 millions de dollars par an seraient nécessaires durant 15 ans pour cela[1].

Questions ouvertes

En 2022, selon un rapport conjoint des AcadĂ©mies amĂ©ricaines des Sciences, de l'ingĂ©nierie et de mĂ©decine, « les effets de l'exposition Ă  ces niveaux ne sont pas entiĂšrement compris et on craint depuis longtemps qu'une telle exposition puisse avoir des effets nĂ©gatifs sur la santĂ© humaine. Bien que le cancer soit liĂ© Ă  l'exposition aux rayonnements Ă  faible dose depuis des dĂ©cennies, il existe de plus en plus de preuves qu'il peut Ă©galement ĂȘtre associĂ© Ă  des maladies cardiovasculaires, des troubles neurologiques, un dysfonctionnement immunitaire et des cataractes ». Parmi les questions ouvertes :

  • L'effet macroscopique reste difficile Ă  Ă©valuer pour des expositions infĂ©rieures au centigray car il ne peut ĂȘtre statistiquement Ă©tudiĂ© que par des Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques classiques, basĂ©es sur l’extrapolation des effets cancĂ©rogĂšnes observĂ©s entre 0,2 et 3 sieverts[3]. En outre, cet effet dĂ©pend Ă  la fois de la dose reçue et du dĂ©bit de dose radioactive, d'une maniĂšre encore mal comprise.
  • Quelques exemples d'irradiation de cohorte statistique existent toutefois, comme le cas des 10 000 habitants d'immeubles contaminĂ©s de TaĂŻwan, un exemple exceptionnel du point de vue de l'Ă©tude des faibles doses.
  • Au niveau microscopique, pour un rayonnement traversant un tissu biologique, l'effet physique et chimique Ă©lĂ©mentaire dĂ©pend de la nature du rayonnement. Le gray, la grandeur de dose absorbĂ©e est l'une des grandeurs physiques en cause (Ă©nergie du rayonnement) ; l'effet dĂ©pend aussi du type de rayonnement et de contamination (externe, interne ou mixte) ainsi que du nombre et de la vulnĂ©rabilitĂ© des tissus et cellules traversĂ©s et dans une certaine mesure, du hasard. La traduction biologique de cet effet au niveau macroscopique (mesurĂ©e en Sievert) est un processus complexe encore en cours d'exploration.

Monde des faibles doses

Sources et modes d'irradiation

trois modes d'irradiation : Par irradiation continue, par dose ponctuelle, ou par contamination interne.

Les faibles doses d'irradiations peuvent ĂȘtre reçues suivant trois modalitĂ©s. La principale source d'irradiation est naturelle, Le niveau d'exposition variant alors selon le lieu, gĂ©nĂ©ralement dans le rapport de un Ă  trois. Localement, il peut ĂȘtre beaucoup plus Ă©levĂ©[4].

Les mesures d'irradiation et la radioactivité s'expriment en unité SI (sievert, becquerel...).

  • le gray mesure l'irradiation physique, une Ă©nergie fournie par unitĂ© de masse, indĂ©pendamment de ses effets biologiques.
  • le rad autrefois utilisĂ© dans de nombreuses publications, correspond au centigray (ce qui explique que ce sous-multiple soit frĂ©quemment utilisĂ©).
  • le sievert est utilisĂ© pour mesurer les effets stochastiques d'une irradiation sur un organisme, avec des termes correctifs permettant de prendre en compte la dangerositĂ© relative des diffĂ©rents rayonnements et la sensibilitĂ© relative des tissus.
  • le becquerel, mesure le nombre de dĂ©sintĂ©grations radioactives par seconde. Il reprĂ©sente indirectement la quantitĂ© de matiĂšre radioactive prĂ©sente si l'on connaĂźt par ailleurs l'activitĂ© massique du radionuclĂ©ide concernĂ©.

Trois modes d'exposition sont :

  • L'exposition Ă  de faibles doses ponctuelles. Reçues en une seule fois, elles sont mesurĂ©es en millisieverts. Pour le public, il s'agit surtout d'examens radiologiques (radiographies, gammagraphies, scanners...).
  • L'exposition (chronique ou Ă©pisodique) Ă  un environnement irradiant. Il expose Ă  un dĂ©bit de dose plus ou moins Ă©levĂ©, mesurĂ© en microsieverts par heure. Ce peut ĂȘtre un environnement de travail (cabinet mĂ©dical de radiologie, mines ou installation de l'industrie nuclĂ©aire) ou habitation (vie en altitude ou dans une rĂ©gion riche en uranium ou en thorium, prĂ©sence de radon...).
  • La contamination interne par des radionuclĂ©ides (acquis par inhalation, ingestion, en passage percutanĂ© ou via une blessure). Elle expose l'organisme Ă  des rayonnements faibles, mais directement en contact avec les tissus, et sur une durĂ©e potentiellement longue (fonction de la pĂ©riode biologique du radioisotope, de son mode d'ingestion, de son Ă©tat chimique...). Ces contaminations se mesurent en becquerels ; la plus ou moins grande radiotoxicitĂ© de la substance est Ă©valuĂ©e en sieverts par becquerel (l'unitĂ© typique Ă©tant le ”Sv/kBq). Dans ce cas l'effet du rayonnement peut ĂȘtre aggravĂ© par une Ă©ventuelle toxicitĂ© chimique du radionuclĂ©ide[2]. Par rapport au rayonnement externe qui expose les organes de maniĂšre homogĂšne, la contamination interne implique une exposition hĂ©tĂ©rogĂšne des organes[2]. Par exemple l'iode radioactif sera fortement concentrĂ© dans la thyroĂŻde.

Quand commence-t-on Ă  parler de faibles doses ?

La limite des faibles doses est mal dĂ©finie, car elle dĂ©pend de la vulnĂ©rabilitĂ© de l'organisme ou de l'organe Ă©tudiĂ©, et du domaine scientifique considĂ©rĂ©[5] - [6] - [7] : le plafond proposĂ© varie ainsi de mGy pour la microdosimĂ©trie Ă  200 mGy pour l'Ă©pidĂ©miologie, en passant par 20 mGy pour la radiobiologie[8]. Pour la radioprotection, on s'intĂ©resse gĂ©nĂ©ralement Ă  la limite en dessous de laquelle aucun effet nocif des radiations n'est dĂ©montrĂ©, soit ≈100 mGy[5] - [9] - [10] : c'est donc cette limite qui est la plus couramment rencontrĂ©e[11] - [12].

Les « faibles doses » correspondent donc Ă  des domaines de doses ou de dĂ©bits variĂ©s mais souvent amalgamĂ©s. On peut facilement dĂ©tecter des radioactivitĂ©s de l'ordre du becquerel, qui correspondent Ă  une irradiation de l'ordre du nano- voire pico-sievert, mais on est alors trĂšs en deçà des plafonds communĂ©ment admis pour ce domaine, mĂȘme si l'on prend la valeur de mSv considĂ©rĂ© pour la microdosimĂ©trie. La diffĂ©rence entre l'irradiation dĂ©tectable par les moyens modernes et celle dont on sait qu'elle a des effets prouvĂ©s est de neuf ordres de grandeur - quantitativement c'est la mĂȘme diffĂ©rence qu'entre boire une larme (0,1 cm3) de whisky dans toute sa vie, et en boire dix litres par jour.

Ordres de grandeurs des faibles doses

En gĂ©nĂ©ral, le domaine des faibles doses correspond aux doses infĂ©rieures Ă  10 mSv en radiobiologie, et aux doses infĂ©rieures Ă  100 mSv en radioprotection.
Une dose peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme reçue en une seule exposition quand la durĂ©e d'irradiation est plus faible que le temps de rĂ©paration des cassures de l'ADN par la cellule, de l'ordre de l'heure.

Niveau Augmentation du risque statistique de cancer mortel par rapport au risque naturel existant dans la population générale d'aprÚs l'hypothÚse LNT[13] - [14] Dose en une exposition
1 000 mSv
=1 sievert
1 / 20 Seuil des effets déterministes : apparition de la fiÚvre des radiations.
100 mSv 1 / 200 Limite de l'effet statistiquement observable des excĂšs de cancers sur les survivants de Hiroshima et Nagasaki[4].

La limite d'exposition du personnel d'intervention est de 100 mSv en cas d’urgence radiologique, voire 300 mSv pour des interventions destinĂ©es Ă  sauver des vies humaines (France)[15].

Les systĂšmes de rĂ©paration de l’ADN des cellules sont activĂ©s Ă  des doses comprises entre 10 et 100 mSv.

10 mSv 1 / 2000 En dessous du seuil de 2 cGy (20 mSv) on ne dĂ©tecte plus d'augmentation de la frĂ©quence d’aberrations chromosomiques[16].

Un scanner comportant dix coupes (voire beaucoup plus pour un scanner coronaire moderne) entraĂźne une exposition de 15 mSv[17]. Un scanner abdominal correspond Ă  12 mSv.

Le demi million d'habitants des zones faiblement contaminĂ©es aux alentours de Tchernobyl recevra une dose cumulĂ©e sur 70 ans de l'ordre de 14 mSv[18].

mSv
1 000 Â”Sv
1 / 20 000 Une exposition de l’ensemble de l’organisme Ă  mGy entraĂźne, en moyenne, la traversĂ©e de chaque cellule par un Ă©lectron[19].

L'irradiation par scintigraphie est de l'ordre de mSv lors de l'Ă©tude des os, et mSv pour l'examen de la thyroĂŻde[17].
La radioactivitĂ© naturelle en France reprĂ©sente une dose de 2,4 mSv/an
La radioactivitĂ© naturelle atteint plus de 30 mSv/an dans l'Ă©tat du KĂ©rala en Inde

100 Â”Sv 1 / 200 000 Une radiographie des poumons entraĂźne une dose de 0,3 mSv[20] Ă  mSv[17]. Une radiographie dentaire correspond Ă  une dose de 0,2 mSv. L'exposition moyenne due aux retombĂ©es des essais nuclĂ©aires atmosphĂ©riques a atteint un pic en 1963 avec 0,15 mSv[21].
Une mammographie correspond Ă  une dose effective de 0,13 mSv[22].
10 Â”Sv 1 / 2 000 000 Un voyage Paris-New York aller et retour : 0,06 mSv[20].
”Sv 1 / 20 000 000 Les radionucléides contenus dans une cigarette entraßnent en moyenne une exposition aux rayonnements de 7,3 ”Sv par cigarette[23] (outre l'exposition aux goudrons cancérigÚnes).

Ordres de grandeurs des faibles débits de doses

La limite du domaine des faibles dĂ©bits de dose, en dessous de laquelle aucun effet biologique n'a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©, peut ĂȘtre placĂ©e vers mSv/h, voire 100 Â”Sv/h, c'est-Ă -dire les limites rĂ©glementaires des zones contrĂŽlĂ©es marquĂ©es « zones jaunes » en France. Dans la dĂ©finition proposĂ©e par l'UNSCEAR, cette limite est placĂ©e Ă  0,1 mGy/min (moyennĂ©s sur une heure) du point de vue de la radioprotection, soit mGy/h[8].

Ces débits de dose sont mesurés en milli- ou en microsieverts par minute, par heure ou par an.
Il s'agit presque toujours d'une irradiation par rayonnement gamma (ou par rayonnement X pour les cabinets mĂ©dicaux). Mais les irradiations reçues Ă  proximitĂ© immĂ©diate d'un rĂ©acteur nuclĂ©aire (jusqu'Ă  quelques dizaines de mĂštres) sont surtout dues aux flux de neutrons qui s'Ă©chappent du cƓur (des dosimĂštres spĂ©ciaux les mesurent). Des neutrons sont Ă©galement prĂ©sents dans le rayonnement cosmique.

Pour une source externe, un faible dĂ©bit de dose entraĂźne en pratique une faible irradiation (pour des durĂ©es d'exposition raisonnablement limitĂ©es). De forts dĂ©bits de dose, dans des environnements exceptionnels, impliquent une forte irradiation : Ă  la limite entre « zone orange » et « zone rouge », oĂč le dĂ©bit de dose serait de 100 mSv/h, on peut transiter pendant 6 minutes avant de recevoir une dose de 10 mSv (rĂ©glementairement acceptable en circonstances exceptionnelles), et il faut rester plusieurs heures pour atteindre une dose d'un sievert (niveau oĂč apparaĂźt la fiĂšvre des radiations). Pour ces forts dĂ©bits de dose, l'exposition est normalement exceptionnelle, la durĂ©e d'exposition est normalement infĂ©rieure Ă  l'heure, et c'est la dose totale reçue en une seule exposition qu'il faut considĂ©rer pour en Ă©valuer l'impact sanitaire.

Niveau DĂ©bit de dose
100 mSv/h
  • Zone interdite indiquĂ©e comme une zone rouge (zone spĂ©cialement rĂ©glementĂ©e, droit français[24]) : plus de 100 mSv/h.
  • À mGy/min (300 mGy/h), le nombre de cassures double brin (CDB) dues Ă  l’irradiation est Ă©gal Ă  celui produit pendant le mĂȘme temps par le mĂ©tabolisme cellulaire chez les cellules en prolifĂ©ration (CDB endogĂšnes), soit 0,14 CDB par minute dans les deux cas[25].
  • Un passage dans la ceinture de Van Allen intĂ©rieure derriĂšre une protection de mm d'aluminium expose Ă  un dĂ©bit de dose de l'ordre de 200 mSv/h.
  • Le rythme de production des CDB est supĂ©rieur au rythme maximal de rĂ©paration. La production de dislocations excĂšde les capacitĂ©s de rĂ©paration cellulaire. Les effets sont cumulatifs et dĂ©pendent de la dose totale.
10 mSv/h
  • Zones contrĂŽlĂ©es orange (zones spĂ©cialement rĂ©glementĂ©es) : de 2 Ă  100 mSv/h.
  • Rythme de cassure double brin de l'ADN (~1/cGy) de l'ordre du rythme de rĂ©paration (~ heure). Apparition Ă©ventuelle de phĂ©nomĂšnes spĂ©cifiquement radio-induits aux expositions prolongĂ©es.
  • Quand on irradie des souris tout au long de leur vie Ă  des expositions respectives de 1,5 Gy/semaine (mGy/h), 2,2 Gy/semaine (13 mGy/h), et 3 Gy/semaine (18 mGy/h), le pourcentage de souris qui contractent un cancer de la peau est respectivement de 0 %, 35 %, et 100 %, dĂ©montrant clairement une rĂ©ponse Ă  seuil en fonction du dĂ©bit de dose[26]
mSv/h
1 000 Â”Sv/h
  • Limite infĂ©rieure des zones contrĂŽlĂ©es orange (zones spĂ©cialement rĂ©glementĂ©es) : Ă  partir de 2 mSv/h.
  • 1 mSv/h reçu pendant un an entraĂźne une exposition totale de 8,76 Sv
  • Des souris irradiĂ©es Ă  20 mGy/jour (exposition chronique Ă  une irradiation gamma Ă  faibles dĂ©bits de dose) ont une espĂ©rance de vie rĂ©duite, principalement Ă  cause de nĂ©oplasmes[27]; leur pression artĂ©rielle dĂ©cline aussi plus prĂ©cocement lors du vieillissement[28]. Les niveaux d'expression des gĂšnes marqueurs du vieillissement (aussi associĂ©s Ă  la rĂ©gulation de la pression artĂ©rielle) prĂ©sentent des diffĂ©rences significatives (par rapport au groupe non-irradiĂ©)[28].
  • Des rats mĂąles restent fertiles pendant 10 gĂ©nĂ©rations s'ils sont exposĂ©s Ă  20 mSv par jour mais un accroissement, mĂȘme lĂ©ger, au-delĂ  de cette limite inhibe totalement la spermatogenĂšse[29] - [30]
  • Les anomalies chromosomiques dans le foie de souris irradiĂ©es Ă  20 mGy/jour augmentent linĂ©airement avec le temps ; et augmentent quatre fois plus vite quand l'irradiation est Ă  200 mGy/jour[31] ce qui montre en passant que l'effet d'une irradiation sur les chromosomes n'est pas linĂ©aire.
100 Â”Sv/h
  • Limites des zones contrĂŽlĂ©es jaunes (zones spĂ©cialement rĂ©glementĂ©es) : de 0,025 Ă  2 mSv/h.
  • Pour le DOE-STD-1153-2002[32], le seuil au-dessous duquel il faut protĂ©ger l'environnement est de 1 rad/jour (0.4 mSv/h) pour les animaux aquatiques et les plantes terrestres, et 0.1 rad/jour (42 ”Sv/h) pour les animaux terrestres ; les Ă©tudes disponibles montrant qu'en dessous de ces dĂ©bits de doses il n'y a pas d'effet mesurable aux populations de plantes et d'animaux[33].
  • Des souris exposĂ©es Ă  0,0002 cGy/min (0,12 mGy/h) pendant cinq semaines ne montrent pas d'effet dĂ©tectable sur l'ADN[34], bien que la dose totale (0.1 Gy) entraĂźne des dommages dĂ©tectables quand elle est reçue en une seule fois.
  • Au contact d'un minerai d'uranium d'une activitĂ© de 20 000 dĂ©sintĂ©grations par seconde (20 kBq, soit de l'ordre d'un gramme d'uranium) on subit un dĂ©bit de dose de 79 ”Sv/h[35].
  • Niveau de radiation dĂ©tectĂ© dans certains lieux Ă  radioactivitĂ© naturelle Ă©levĂ©e[36] : sur la plage de sable noir de monazite de Guarapari au BrĂ©sil (131 ÎŒSv/h)[37] ou dans certaines maisons de Ramsar en Iran (130ÎŒGy/h)[38].
100 mSv/an
11 Â”Sv/h
  • Limites des zones contrĂŽlĂ©es vertes : de 7.5 ”Sv/h Ă  25 ”Sv/h.
  • L'exposition de la population aux rayonnements naturels est supĂ©rieure Ă  100 mSv/an dans de larges rĂ©gions comme le Kerala en Inde (expositions de l'ordre de 10 Ă  32 mSv/an)[39] ou dans les quartiers Ă  radioactivitĂ© naturelle Ă©levĂ©e de la ville de Ramsar en Iran (exposition moyenne de 10 mSv/an mais pouvant atteindre 260 mSv/an dans certaines habitations)[40] - [41].
  • Des cultures cellulaires placĂ©es dans un dĂ©bit de 0,13 cGy j−1 (54 Â”Gy h−1) manifestent une rĂ©action transitoire dĂ©tectable[42].
  • Des souris exposĂ©es Ă  une irradiation de neutrons de mGy j−1 pendant six mois prĂ©sentent des troubles de la mĂ©moire[43].
  • Irradiation dans la station spatiale internationale : 170 mSv/an[18] soit 20 Â”Sv h−1.
10 mSv/an
1,1 Â”Sv/h
  • Des souris exposĂ©es Ă  un dĂ©bit de dose de 0,05 mGy/jour (2 ”Sv/h) pendant 400 jours ne montrent pas de diffĂ©rence par rapport au groupe tĂ©moin non exposĂ©[27].
  • Des souris exposĂ©es Ă  des dĂ©bits de dose de 0.032 ÎŒGy/min, 0.65 ÎŒGy/min et 13 ÎŒGy/min prĂ©sentent des changements dans l'expression des gĂšnes[44].
  • La limite annuelle pour les personnels exposĂ©s aux États-Unis est de 50 mSv/an (publication 26 de la CIPR, 1977)[45] - [46].
  • Les limites pour les personnels exposĂ©s sont de 20 mSv sur douze mois glissants en France, 20 mSv par an en Suisse, et 50 mSv par an sans pouvoir excĂ©der 100 mSv par pĂ©riode de 5 ans au Canada (recommandation 60 de la CIPR, 1991)[47] - [48] - [49].
  • L’inhalation de la fumĂ©e par une personne consommant 1,5 paquets de cigarettes par jour conduit Ă  des doses au systĂšme trachĂ©obronchial de l’ordre de 80 mSv/an[23] (outre le dĂ©pĂŽt de goudrons cancĂ©rigĂšnes), du fait du polonium naturellement prĂ©sent dans le tabac[50]. Un fumeur de 30 cigarettes par jour s'expose par sa prĂ©sence dans la fumĂ©e Ă  l'Ă©quivalent de dose de 300 radiographies pulmonaires par an[51].
  • Il faut conserver sur soi plusieurs kg d'uranium pour s'exposer Ă  un dĂ©bit de 50 mSv/an[52].
  • Une contamination au sol de 1MBq/m2 en cĂ©sium-137 entraĂźne un dĂ©bit de dose de quelques dizaines de mSv par an (1.5 Ă  4 ”Sv/h)[53]
  • Le seuil de rĂ©fĂ©rence Ă©dictĂ© par l’Union EuropĂ©enne en dessous duquel une exposition Ă  des rayonnements est en pratique nĂ©gligeable du point de vue de la protection contre les rayonnements et n'impose pas de dĂ©claration est de 1 ÎŒSv/h[54]
mSv/an
110 nSv/h
  • Limite autorisĂ©e pour l'exposition du public aux rayonnements artificiels, exposition justifiant une zone surveillĂ©e radiologique : de 2,5 Ă  7,5 ”Sv/h, soit plus de 80 ÎŒSv par mois, ou mSv par an (Code de la santĂ© publique, Article R1333-8). Elle Ă©tait de 5 mSv/an en 1998[17].
  • L’irradiation naturelle (rayons cosmiques, radioĂ©lĂ©ments naturels prĂ©sents dans l’organisme et la croĂ»te terrestre) varie en France entre 1,5 mSv/an et 6 mSv/an[55]. L'exposition moyenne aux radiations naturelles dans le monde est estimĂ©e de l'ordre de 2,5 mSv/an[56].
  • Une contamination au sol de 37kBq/m2 en cĂ©sium-137 (1 Ci/km2), soit la limite des zones qualifiĂ©es de « polluĂ©es » par des retombĂ©es nuclĂ©aires, entraĂźne un dĂ©bit de dose de l'ordre de mSv par an (50 Ă  150 nSv/h)[53].
  • L'irradiation ambiante horaire mesurĂ©e en France varie selon les lieux entre 40 nSv/h (bassins sĂ©dimentaires) et 300 nSv/h (massifs granitiques), avec une valeur moyenne sur le territoire de 90 nSv/h[57].
  • L'exposition annuelle due aux examens mĂ©dicaux est en moyenne de 1 mSv/an[40].
  • La CIPR propose pour le radon un coefficient de conversion de 1 millisievert par an pour 66 Bq/m3 (ce coefficient est en cours de rĂ©Ă©valuation)[58].
  • La conservation Ă  domicile d’un bloc de minerai d'uranium de kg d’une activitĂ© de 1,5 MBq induit un dĂ©bit de dose de 0,4 ”Sv/h. Sur la base d’une exposition journaliĂšre de 12h Ă  une distance de m de l’échantillon, l’ordre de grandeur de la dose efficace sera de 1,75 mSv/an[59].
100 Â”Sv/an
11 nSv/h
  • Pour l’évaluation de la performance du stockage des dĂ©chets radioactifs en couche gĂ©ologique profonde, la dose reçue doit ĂȘtre infĂ©rieure Ă  0,25 mSv par an (limite retenue par l'Andra) dans le scĂ©nario le plus pĂ©nalisant[60].
  • Les recommandations de l’OMS sur les critĂšres de potabilitĂ© de l’eau de boisson sont que la dose reçue du fait de la prĂ©sence d’un radionuclĂ©ide dans l’eau de boisson ne dĂ©passe pas 0.1 mSv/an[61].
  • L'auto-irradiation du fait de la radioactivitĂ© naturelle du corps humain induit une exposition de 0,2 mSv/an. Cette dose prĂ©sente la caractĂ©ristique d’ĂȘtre Ă  peu prĂšs constante, quelle que soit la corpulence de l’individu et la rĂ©gion gĂ©ographique[40].
  • L'irradiation naturelle par les rayons cosmiques au niveau de la mer est d'environ 32 nSv/h (≈0,3 mSv/an).
  • L'irradiation reçue au voisinage du centre de stockage de l'Aube (CSFMA), pour une personne passant 24h/24 Ă  la clĂŽture, 365 jours par an, est Ă©valuĂ©e Ă  0,14 mSv/an[62].
10 Â”Sv/an
1,1 nSv/h
  • L'exposition moyenne liĂ©e Ă  la production d’électricitĂ© par Ă©nergie nuclĂ©aire (extraction et traitement de l’uranium, fonctionnement des rĂ©acteurs, rejets et dĂ©chets) correspondant Ă  une exposition de l’ordre de 0,01 Ă  0,02 mSv par an[40].
”Sv/an
0,11 nSv/h
  • L'exposition moyenne due aux essais nuclĂ©aires en atmosphĂšre (sur toute la population mondiale) a Ă©tĂ© de 0,005 mSv/an et l’accident de Tchernobyl a conduit Ă  une exposition moyenne de 0,002 mSv/an[40]. Des personnes Ă  proximitĂ© immĂ©diate ont Ă©videmment Ă©tĂ© davantage irradiĂ©es.
<1 Â”Sv/an
<0,11 nSv/h
  • L’Andra a Ă©valuĂ© l’impact maximal que pourrait recevoir un habitant sĂ©journant en permanence Ă  proximitĂ© du Centre de stockage de Morvilliers (TFA), du fait des Ă©ventuels rejets. La dose de radioactivitĂ© que serait susceptible de recevoir cet habitant serait de l’ordre de 0,01 microsievert par an[63].
  • Le 4 avril 2011, lorsque les retombĂ©es en France mĂ©tropolitaine en provenance de Fukushima ont atteint leur maximum, elles ont ajoutĂ© seulement 0,02 nSv/h Ă  la radioactivitĂ© ambiante, un niveau bien trop faible pour ĂȘtre dĂ©tectĂ©[57].

ProgrĂšs des connaissances en radiobiologie

Études des moyennes et fortes doses

Nécrose des doigts d'un radiologue du début du XXe siÚcle, causée par l'exposition répétée aux fortes radiations.

De nombreuses Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques ont permis d'estimer les effets stochastiques (principalement l'apparition leucĂ©mies Ă  court terme et de cancers Ă  long terme) des rayonnements ionisants pour des expositions entre 200 millisieverts et 5 sieverts. Il n'y a guĂšre de contestation sur le fait que ces doses produisent des effets observables, et ces effets suivent le plus souvent une loi linĂ©aire, c'est-Ă -dire que le risque de dĂ©velopper un cancer croĂźt proportionnellement aux doses reçues[64]. Certaines exceptions sont cependant connues, par exemple l’observation des cancers osseux induits par le radium 226 (Radium girls[65]) et des cancers du foie induits par le Thorotrast, ou les leucĂ©mies induites Ă  Hiroshima et chez les patients traitĂ©s par l’iode radioactif[40].

À partir des donnĂ©es sur les survivants des bombardements atomiques au Japon, il a Ă©tĂ© statistiquement Ă©tabli qu'une exposition Ă  un rayonnement de 2 sieverts (rayonnement gamma, uniformĂ©ment rĂ©parti sur le corps, et reçu en quelques secondes) conduit Ă  doubler le risque de mourir d'un cancer, c'est-Ă -dire engendre un « risque relatif » de deux[66]. C'est ce chiffre, associĂ© Ă  l'idĂ©e d'une relation linĂ©aire entre dose et effet, qui est Ă  la base de la « rĂšgle » qu'une exposition Ă  100 mSv conduit Ă  un risque relatif de 1.05, ou encore (du fait que le risque « naturel » est de l'ordre de 20 %) qu'une exposition Ă  100 mSv entraĂźne une probabilitĂ© de 1 % de provoquer un cancer.

Ces Ă©tudes ne permettent d'estimer que les effets de doses supĂ©rieures ou Ă©gales Ă  100 mSv chez l'adulte, reçues avec des dĂ©bits de dose Ă©levĂ©s. L’extrapolation des effets des fortes doses Ă  ceux des faibles doses ne reflĂšte absolument pas la rĂ©alitĂ©[67]. L'extrapolation de ces constantes et de ce modĂšle linĂ©aire en dessous de cette limite est l'objet du dĂ©bat sur les faibles doses. Étudier les effets liĂ©s Ă  de faibles expositions chroniques est donc primordial.

Limites statistiques des études épidémiologiques

Taille de la cohorte (supposĂ©e suivie sur toute la durĂ©e de vie) nĂ©cessaire pour dĂ©tecter directement les effets statistiques de faibles doses d'irradiation, en fonction de la dose. Pour les dĂ©cĂšs par cancer radio-induit, des doses de l'ordre du cGy demandent une cohorte d'environ 50 000 personnes.

En effet, il n'est pas possible d'observer les Ă©ventuels effets de faibles doses d'irradiation, car des cancers apparaissent spontanĂ©ment dans la population, avec une certaine moyenne (ligne de base), et des variations alĂ©atoires autour de cette moyenne (bruit statistique). Pour qu'un excĂšs de cancer radio-induit soit observable, il doit ĂȘtre nettement supĂ©rieur Ă  ces variations alĂ©atoires ; en d'autres termes, le rapport signal sur bruit doit ĂȘtre suffisant. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, le signal croĂźt proportionnellement Ă  la taille N de la population alors que le bruit des fluctuations, proportionnel Ă  l'Ă©cart-type, croĂźt avec la racine carrĂ©e de N; le rapport signal/bruit s'amĂ©liore donc comme la racine carrĂ©e de la taille N de la cohorte.

Ainsi, sur la base du modĂšle linĂ©aire sans seuil, 500 personnes exposĂ©es suffisent , thĂ©oriquement, Ă  dĂ©tecter (8 fois sur 10) les effets d'une dose de 1 000 mSv. Pour dĂ©tecter les effets d'une dose dix fois moindre (100 mSv),il faut une population exposĂ©e d'au moins 50 000 personnes. Et pour 10 mSv il faudrait une cohorte 100 fois plus grande (soit 5 millions de personnes exposĂ©es)[18].

En 2001, Maurice Tubiana et l'AcadĂ©mie de mĂ©decine (2001) estimaient « important de remarquer que l'incidence des cancers dans la plupart des populations exposĂ©es Ă  de faibles supplĂ©ments de doses de radiation n’a pas Ă©tĂ© trouvĂ©e augmentĂ©e et que, dans la plupart des cas, cette incidence semble avoir Ă©tĂ© rĂ©duite »[40] (cette apparente rĂ©duction Ă©tant cependant plus faible que l'Ă©cart statistiquement significatif attendu).

En 2005, sur le plan Ă©pidĂ©miologique, le fait qu’il n’y a pas de preuve d’un effet cancĂ©rogĂšne pour des doses infĂ©rieures Ă  100 mSv[55] n'est pas contestĂ©. « Les Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques disponibles ne dĂ©cĂšlent aucun effet pour des doses infĂ©rieures Ă  100 mSv, soit qu’il n’en existe pas, soit que la puissance statistique des enquĂȘtes ait Ă©tĂ© insuffisante pour les dĂ©tecter »[25]. En effet, un problĂšme mĂ©thodologique est que les cohortes exposĂ©es (et suivies sur un temps assez long pour dĂ©tecter des effets tels que des cancers) atteignent rarement 100 000 individus. Ceci a longtemps limitĂ© les chercheurs Ă  l'Ă©tude des doses supĂ©rieures ou Ă©gales Ă  ≈100 mSv. Le nombre de cohortes suivies augmentant avec le temps, un moyen de dĂ©passer ces limitations liĂ©es Ă  la taille des cohortes est la mĂ©ta-analyse (qui agrĂšgent les donnĂ©es provenant de plusieurs cohortes)[68].

Puis en 2009, une Ă©tude[2] conduite par 6 chercheurs allemands s’est donnĂ© comme objectif d’évaluer les preuves de risques de cancer induits par des dĂ©bits de dose faibles et modĂ©rĂ©s mais cumulĂ©es (exposition chronique). Ce travail s’est appuyĂ© sur les principales Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques alors disponibles sur l'incidence du cancer et les risques de mortalitĂ© dus Ă  de telles expositions (publiĂ©es de 2002 Ă  2007), et sur la mise Ă  jour de l'Ă©tude du registre national britannique pour les travailleurs exposĂ© aux radiation. Pour chaque Ă©tude les auteurs ont comparĂ© le risque pour les mĂȘmes types de cancer chez les survivants de la bombe atomique (Ă  doses Ă©gales et avec la mĂȘme proportion de sexe et en tenant compte de l'Ăąge moyen atteint et de l'Ăąge moyen Ă  l'exposition)[2]. Les Ă©tudes prĂ©sentaient toutes des limitations rendant leurs rĂ©sultats Ă  eux-seuls non significatifs (puissance statistique insuffisante, Ăąge de fin de suivi encore jeune
), mais selon les auteurs puis d’autres chercheurs[69] une conclusion peut nĂ©anmoins ĂȘtre tirĂ©e de leur analyse combinĂ©e : les estimations de relation dose-effet sont positives dans toutes les Ă©tudes (ou Ă©gale Ă  zĂ©ro dans une Ă©tude). Et pour 7 de ces 13 Ă©tudes, la relation dose-effet a Ă©tĂ© estimĂ©e statistiquement significative. Enfin, l'excĂšs de risque relatif par dose Ă©tait comparable Ă  la valeur correspondante pour les survivants de la bombe atomique. Les auteurs ont conclu que les donnĂ©es disponibles « ne confirment pas que le risque de cancer par exposition chronique Ă  des dĂ©bits de dose faibles et modĂ©rĂ©s est plus faible que pour les survivants de la bombe atomique », ajoutant que « ce rĂ©sultat remet en question les valeurs de risque de cancer actuellement supposĂ©es pour les expositions professionnelles » ; autrement dit : les Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques ne peuvent dĂ©tecter un Ă©ventuel risque liĂ© aux faibles doses d’irradiation, mais elles sont pareillement incapables d’exclure l’existence d'un tel risque.

CancérogenÚse

Étapes de la carcinogenùse.
Selon les modĂšles disponibles en 2006, aux États-Unis, sur 100 personnes, 46 dĂ©velopperont un cancer durant leur vie. D'aprĂšs le modĂšle linĂ©aire sans seuil, si ces 100 personnes sont exposĂ©es Ă  une dose de 100 mSv, il y aura parmi ces 100 personnes un cancer de plus.

Dans le modĂšle monoclonal Ă  Ă©tapes multiples de la cancĂ©rogenĂšse, on pensait que le cancer Ă©tait l'aboutissement d'une succession de mutations spĂ©cifiques d'une cellule unique, indĂ©pendamment de son environnement : ce modĂšle monocellulaire relativement simple Ă©tait une condition importante pour justifier une relation dose-effet de type linĂ©aire sans seuil. Des Ă©tudes plus rĂ©centes remettent en cause ce schĂ©ma classique : en rĂ©alitĂ©, l'Ă©volution tumorale d'une cellule mutĂ©e se heurte Ă  des mĂ©canismes efficaces de dĂ©fense Ă  l’échelle du tissu et de l’organisme, par un processus faisant intervenir des relations complexes entre la cellule mutĂ©e et les cellules environnantes.

Au niveau du tissu, les mĂ©canismes qui interviennent dans l’embryogenĂšse (et pour diriger la rĂ©paration tissulaire aprĂšs une agression) semblent jouer un rĂŽle pour contrĂŽler la prolifĂ©ration d’une cellule, mĂȘme quand celle-ci est devenue autonome. Ce mĂ©canisme pourrait expliquer l’absence d’effets cancĂ©rigĂšnes aprĂšs contamination par de faibles quantitĂ©s de radioĂ©lĂ©ments Ă©metteurs α (phĂ©nomĂšne dans lequel un petit nombre de cellules ont Ă©tĂ© fortement irradiĂ©es mais sont environnĂ©es par des cellules saines) avec l’existence, dans ce cas, d’un seuil chez l’homme comme chez l’animal[25]. L'effet biologique des irradiations ne paraĂźt pas dĂ©terminĂ© par le nombre de mutations Ă©lĂ©mentaires qu'elles crĂ©ent, mais plutĂŽt par la charge qu'elle font peser sur le systĂšme de rĂ©paration de l'ADN[70] :

« Vu le mécanisme en plusieurs étapes de la carcinogenÚse, on ne sait pas si la linéarité dose-effet pour la lésion primaire complexe de l'ADN et les lésions cellulaires fixées, qui sont critiques, entraßne une relation dose-effet linéaire en ce qui concerne les cancers induits par l'exposition aux rayonnements»[71].

Mécanismes de réparation

Effets des rayonnements ionisants sur l'ADN : influence du TLE.

L'idĂ©e d'une loi linĂ©aire s'appuie initialement sur l'observation des ruptures de l'ADN provoquĂ©es par les radiations ionisantes. On observe en effet que le nombre de ruptures est directement proportionnel Ă  la dose, sans effet de seuil : il y a un effet possible dĂšs le premier rayonnement. Cette observation de base n'est pas contestĂ©e, mais doit ĂȘtre complĂ©tĂ©e par l'Ă©tude du devenir de ces ruptures Ă  travers les mĂ©canismes que la cellule met en Ɠuvre pour rĂ©parer l'ADN.

Dans la vie normale de la cellule, l'ADN est en permanence attaqué par des composés trÚs réactifs, les radicaux oxygénés produits par le métabolisme cellulaire[72]. Une premiÚre ligne de défense contre ces attaques est la présence de molécules qui neutralisent les espÚces réactives oxygénées, les antioxydants: les vitamines C et E, le glutathion, la catalase, la superoxyde dismutase,...

Mais les antioxydants ne font pas tout, et l'ADN a d'autres ennemis (perte de bases, déamination, dimérisation des thymines par les rayons ultra-violets...). Finalement, les cellules subissent en permanence de nombreuses ruptures de l'ADN, qu'elle doivent en permanence réparer. La réparation de l'ADN fait intervenir les enzymes les plus remarquables que l'on connaisse[73] : « les ruptures simple brin sont réparées en quelques secondes ou minutes ; la plupart des autres lésions sont réparées en quelques heures. »

L'Ă©tude de l'effet des rayonnements ionisants sur les dommages de l'ADN montre que les dommages constatĂ©s sont de mĂȘme nature que ceux que subissent spontanĂ©ment les cellules, mais dans des proportions diffĂ©rentes. L'exposition d'une cellule Ă  des rayonnements ionisants crĂ©Ă© moins de lĂ©sions isolĂ©es et davantage de groupes de lĂ©sions (lĂ©sions en grappe), ce qui augmente la proportion de cassures double brin et de ponts ADN/ADN et ADN/protĂ©ine[71].

Dommage ADNLésions spontanées/cellule/jLésions radio-induites/Gy
Réparation de l'ADN : DNA ligase I réparant des dommages causés à un chromosome
Cassures simple brin10 000 Ă  55 0001000
Perte de base12 600Non Ă©valuĂ©e
Dommage de base3 2002 000
Cassure double brin840
pont ADN/ADN830
pont ADN-proteinequelques150
sites multilésésNon évaluéquelques

L'existence d'un systĂšme de rĂ©paration n'est pas en soi une objection Ă  l'hypothĂšse linĂ©aire. Les effets stochastiques des rayonnements sont la consĂ©quence lointaine des erreurs de rĂ©paration, et il n'y a pas de raison de supposer que ces erreurs disparaissent en dessous d'un certain seuil : Ă  partir du moment oĂč un taux d'erreur existe, les erreurs du systĂšme se produiront en proportion de la dose.

Cependant, l'existence de ces agressions permanentes sur l'ADN montre que la question de l'effet des rayonnements ionisants ne se limite pas à créer des cassures double brin « normales », qui dérÚglent ensuite le fonctionnement de la cellule. On estime en effet que les radicaux libres, les molécules ionisées ou excitées naturellement présents dans la cellule provoquent des ruptures équivalentes à ce que provoquerait une dose de radiation de 200 mGy par jour (soit 8.3 mGy par heure)[74]. De toute évidence, ce n'est ni la dégradation de l'ADN ni sa correction par le systÚme de réparation de l'ADN qui peuvent entraßner des conséquences biologiques significativement différentes d'un fonctionnement cellulaire normal : si c'était le cas, le taux de cancer observé naturellement serait beaucoup plus élevé qu'il ne l'est en réalité. Les rayonnements ionisants produisent donc nécessairement un signal spécifique, qui oriente le systÚme de réparation vers un fonctionnement différent de son fonctionnement naturel.

Il semble que ce signal spécifique corresponde au fait que dans le cas des lésions provoquées par un rayonnement ionisant, plusieurs dégradations de l'ADN tendent à se concentrer sur de petits segments d'ADN, alors qu'elles se répartisent aléatoirement quand l'agression est le fait d'agents internes à la cellule[75]. De ce fait, une dose suffisante de rayonnements ionisants est nécessaire pour activer ces systÚmes de réparation à partir d'un premier seuil, lesquels perdront ensuite leur efficacité quand la dégradation dépasse un certain seuil.

Effets sur la fertitlité et le sex-ratio

Selon une étude[76], l'exposition in utero à de faibles doses d'irradiation est aussi une préoccupation. On constate depuis plusieurs décennies que le nombre de naissances, mais aussi le sex-ratio à la naissance sont statistiquement significativement modifiés à proximité des installations nucléaires[76]. La modification du sex-ratio montre qu'il ne s'agit pas ou pas uniquement d'effets liés à une volonté de ces personnes de faire moins d'enfants.

Ce constat avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© fait aprĂšs la pĂ©riode des essais nuclĂ©aires atmosphĂ©riques, et aprĂšs la catastrophe de Tchernobyl. Une Ă©tude rĂ©cente (2019) s'est intĂ©ressĂ©e aux changements dans le nombre de naissances allant de pair avec des changements significatifs dans les sex-ratios autour des installations nuclĂ©aires (dans un rayon de 35 km oĂč les habitants courent plus de risque d'ĂȘtre exposĂ© Ă  de faibles doses d'irradiation) ; ce travail s'est appuyĂ© sur le dĂ©nombrement annuel des naissances par commune et par sexe, mis Ă  jour de 2016 en France et en 2017 en Allemagne[76].

  • En France en 2000 autour du Centre de stockage de l'Aube, dans un rayon de 35 km autour de cette installation, le nombre de naissance est moindre qu'attendu statistiquement, et le sex-ratio Ă  la naissance est anormalement "favorable" aux garçons (Il y a 3,44% de garçons nĂ©s en moins, pour 8,44% de naissances de filles en moins)[76].
  • En Allemagne, la diffĂ©rence dans le taux de natalitĂ© est encore plus marquĂ©e en pĂ©riphĂ©rie (trĂšs urbanisĂ©e) de la centrale nuclĂ©aire de Philippsburg avec 5,56% de garçons en moins, et 6,92% de filles en moins[76].

Ces chiffres confirment et précisent des observations plus anciennes. Les auteurs de l'étude invitent donc à « intensifier la recherche biophysique sur les mécanismes d'exposition et les voies d'exposition aux rayonnements ionisants naturels ou artificiels, y compris le rayonnement neutronique et d'activation neutronique. La recherche biologique et épidémiologique renforcée devrait viser à clarifier les conséquences génétiques et cancérogÚnes associées au niveau de la population »[76].

Effets non linéaires

Les travaux rĂ©cents sur la rĂ©paration de l'ADN montrent que certains systĂšmes intracellulaires qui gouvernent la rĂ©paration ne sont dĂ©clenchĂ©s qu'au-dessus d'un seuil d'irradiation[55]. À partir du moment oĂč ces mĂ©canismes de rĂ©paration sont activĂ©s par une irradiation suffisante, le mĂ©tabolisme cellulaire est modifiĂ©, et la rĂ©ponse de la cellule aux irradiations ultĂ©rieures change de nature. La diminution aprĂšs une premiĂšre irradiation Ă  faible dose de la radiosensibilitĂ© in vivo et in vitro est bien Ă©tablie (phĂ©nomĂšne d’adaptation)[55] - [16].

Sous ce seuil, les dĂ©fauts crĂ©Ă©s par les faibles doses et dĂ©bits de dose ne sont pas rĂ©parĂ©s. On constate expĂ©rimentalement une hypersensibilitĂ© individuelle des cellules aux trĂšs faibles doses, l'effet macroscopique de cette hypersensibilitĂ© Ă©tant plus que compensĂ© par la faiblesse de la dose. Cette hypersensibilitĂ©, qui ne se manifeste plus pour des dĂ©bits de dose importants, montre que la nature de la rĂ©action cellulaire dĂ©pend de la dose. Elle montre Ă©galement que certains effets, qui n'apparaissent qu'Ă  faible dose, sont donc nĂ©cessairement sous-estimĂ©s par la loi linĂ©aire sans seuil, mĂȘme s'il n'est pas possible de dĂ©terminer si ces effets sont nocifs pour l'organisme dans son ensemble.

L'effet Ă  long terme dĂ©pend donc de la dose et du dĂ©bit de dose : pour de nombreux gĂšnes, la transcription des gĂšnes cellulaires est modifiĂ©e par des doses beaucoup plus faibles (de l’ordre du mSv) que celles pour lesquelles on observe une mutagenĂšse ; et donc selon la dose et le dĂ©bit de dose ce ne sont pas les mĂȘmes gĂšnes qui sont transcrits[77].

  • Pour de trĂšs faibles doses d'irradiation (<10 mSv), les lĂ©sions ne sont pas rĂ©parĂ©es et le contrĂŽle qualitĂ© de la cellule fonctionne en tout ou rien. Les lĂ©sions sont Ă©liminĂ©es par la disparition des cellules, soit directement par apoptose (suicide cellulaire programmĂ© par l'apparition d'un gĂ©nome anormal), soit au moment d'une mitose ultĂ©rieure (l'anomalie gĂ©nĂ©tique empĂȘchant la division cellulaire, mais pas son fonctionnement). Pour ces faibles doses et dĂ©bits de doses, les anomalies sont suffisamment rares pour que l'Ă©limination des cellules anormales n'entraĂźne pas d'effet somatique sur le tissu.
  • Des doses un peu plus Ă©levĂ©es endommagent un nombre notable de cellules, et sont donc susceptibles de causer des lĂ©sions tissulaires. Pour des doses comprises entre 10 et 100 mSv, les systĂšmes de rĂ©paration de l’ADN sont activĂ©s. La rĂ©paration permet alors la survie cellulaire, mais peut gĂ©nĂ©rer des erreurs. Le nombre de rĂ©parations fautives mutagĂšnes est petit mais son importance relative, par unitĂ© de dose, croĂźt avec la dose et le dĂ©bit de dose.

Par la suite, une mutation sera transmise lors de la division cellulaire, mais l'Ă©volution de la cellule anormale dĂ©pendra de son environnement : le processus de cancĂ©rogenĂšse se heurte Ă  des mĂ©canismes efficaces de dĂ©fense Ă  l’échelle du tissu et de l’organisme, qui doivent eux-mĂȘmes ĂȘtre mis en dĂ©faut pour qu'un cancer apparaisse.

Il faut enfin tenir compte de facteurs tels que la sensibilité génétique individuelle et du caractÚre interne ou externe de l'exposition[78].

Effets épigénétiques

Des invertĂ©brĂ©s exposĂ©s Ă  de faibles doses de rayonnements prĂ©sentent des anomalies transmissibles sur plusieurs gĂ©nĂ©rations. Une question Ă©tait de savoir s'il s'agit d’une mutation gĂ©nĂ©tique (qu’on ne trouve pas toujours) ou s'il pouvait s’agir d’un effet Ă©pigĂ©nĂ©tique (processus induisant une modification de l’expression de certains gĂšnes sans impliquer de modification de l'ADN)[79]. L'IRSN, parmi d'autres, a cherchĂ© Ă  le savoir : Il note (en 2019) que des altĂ©rations d’ADN entraĂźnant des variations de l’information gĂ©nĂ©tique ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©crites, mais que dans le cas d’une faible irradiation, une modifications de la mĂ©thylation de l’ADN – processus Ă©pigĂ©nĂ©tique n’affectant pas la sĂ©quence – a effectivement mises en Ă©vidence in situ chez des grenouilles et des pins sylvestres vivant dans les zones contaminĂ©es par la catastrophe de Tchernobyl et par celle de Fukushima[79].
Et plus récemment en laboratoire le phénomÚne a été observé chez des daphnies exposées à un faible rayonnement gamma[80].

Effet « bystander » et adaptatifs

Un effet de proximité (en anglais, « bystander » désigne celui qui assiste à un accident) a été identifié dans certaines expériences, en particulier des thérapies anti-tumorales[81].

On sait depuis quelques annĂ©es que la rĂ©ponse d'un tissu exposĂ© Ă  des radiations est coordonnĂ©e, faisant intervenir des rĂ©ponses adaptatives y compris de la part de cellules qui n'avaient pas Ă©tĂ© elles-mĂȘmes irradiĂ©es. Les mĂ©canismes impliquĂ©s sont encore mal compris, mais on ne dĂ©tecte pas de relation dose-effet simple aux faibles doses. Les cellules qui dĂ©clenchent une mort programmĂ©e par apoptose ne sont pas nĂ©cessairement celles qui ont Ă©tĂ© irradiĂ©es (!) et des irradiations peuvent dĂ©clencher des instabilitĂ©s du gĂ©nome, persistant sur plusieurs gĂ©nĂ©rations cellulaires[82] - [83].

Ce domaine est Ă  peine explorĂ©[84], mais il est clair que si l'effet d'une faible dose d'irradiation est une rĂ©ponse globale du tissu, la relation dose-effet peut prĂ©senter des seuils et des hystĂ©rĂ©sis, et aussi bien ĂȘtre en forme de "J" avec effet de seuil ou en forme de "n" avec une sur-rĂ©action aux faibles doses. La seule chose certaine est que, si cet effet est gĂ©nĂ©ralisĂ© et possĂšde un impact suffisant, la logique justifiant le modĂšle linĂ©aire sans seuil, qui prĂ©suppose entre autres l'addition de rĂ©ponses indĂ©pendantes de chaque cellule isolĂ©e, n'a pas de justification rĂ©elle, ce qui interdirait d'extrapoler aux faibles doses d'irradiation les effets observĂ©s aux doses plus fortes.

DĂ©bat sur l'effet des faibles doses

Partisans et opposants à l'hypothÚse linéaire sans seuil

Représentation schématique de différentes extrapolations de l'excÚs relatif de risque vers les faibles doses d'irradiation, toutes compatibles, en principe, avec les données épidémiologiques sur les fortes doses.
(a) Extrapolation linéaire.
(b) Supralinéaire en n (pente diminuant avec la dose).
(c) Courbe en J (pente augmentant avec la dose).
(d) Linéaire à effet de seuil.
(e) HormÚse, effet bénéfique des faibles doses.

Les premiĂšres normes en matiĂšre de radioprotection fixaient une limite de 0,2 rad/jour (soit 2 mGy/jour); et personne n'a jamais constatĂ© de problĂšme de santĂ© induit dans le respect de cette limite[85]. Cette norme initiale a Ă©tĂ© remise en cause dans les annĂ©es 1950, non pas sur la base de rĂ©sultats scientifiques nouveaux, mais dans le but politique de provoquer l'arrĂȘt des essais nuclĂ©aires atmosphĂ©riques, en jouant sur la peur qu'inspirent les faibles doses d'irradiation[85] - [86] - [87]

L'utilisation du modĂšle linĂ©aire (plus exactement du modĂšle linĂ©aire-quadratique) sans seuil[88] est soutenue depuis les annĂ©es 1970 par la grande majoritĂ© des comitĂ©s d'experts en Ă©pidĂ©miologie et en radioprotection[89] : le National Research Council (NRC) de l'AcadĂ©mie des sciences ou le National Council on Radiation Protection and Measurements (en) (NCRP) aux États-Unis[72] - [90], le ComitĂ© scientifique des Nations Unies pour l'Ă©tude des effets des rayonnements ionisants aux Nations unies[8]. Ce modĂšle est Ă©galement soutenu, ou au moins acceptĂ© en vertu du principe de prĂ©caution, par de grandes agences officielles de santĂ© publique : la Health Protection Agency (en) britannique[91], l'Environmental Protection Agency amĂ©ricaine[92], la Commission canadienne de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire[93].

Cependant, le consensus sur l'utilisation de ce modĂšle dans le domaine de la radioprotection ne signifie pas qu'il correspond Ă  la vĂ©ritĂ©. La position de l'Organisation mondiale de la santĂ© sur la modĂ©lisation des agents cancĂ©rigĂšnes en gĂ©nĂ©ral est plus nuancĂ©e[94] : « Le choix du modĂšle d'extrapolation dĂ©pend de l'Ă©tat actuel de nos connaissances sur les mĂ©canismes de la cancĂ©rogenĂšse, et il n'existe pas de mĂ©thode mathĂ©matique universelle qui puisse ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme parfaitement adaptĂ©e Ă  ce problĂšme. »

Concernant les Ă©metteurs de rayons X et Îł, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'OMS considĂšre que[95] : « En l'absence de donnĂ©es fiables sur les effets des faibles doses, on suppose frĂ©quemment que l'extrapolation aux faibles doses devrait ĂȘtre linĂ©aire et sans seuil. Cette hypothĂšse demeure controversĂ©e, certains opposant qu'il y a en rĂ©alitĂ© un seuil, d'autres opposant que les risques rĂ©els sont plus Ă©levĂ©s que ceux prĂ©vus par une relation linĂ©aire, alors que d'autres encore font valoir que de faibles expositions pourraient ĂȘtre bĂ©nĂ©fiques. »

À l'opposĂ©, le modĂšle linĂ©aire sans seuil a Ă©galement ses opposants, et en premier lieu l'industrie nuclĂ©aire. En effet, si la dose la plus infime peut ĂȘtre dangereuse, aucune mesure de protection n'est jamais suffisante, et les coĂ»ts s'envolent en proportion. Des coĂ»ts de la radioprotection Ă  ceux de l'enfouissement des dĂ©chets en passant par la question des rejets[96], de la reconnaissance des cancers radio-induits comme maladies professionnelles[97] - [98] - [99] Ă  l'indemnisation des habitants exposĂ©s aux retombĂ©es d'essais nuclĂ©aires (les downwinders (en))[100] - [101], les enjeux financiers sont Ă©normes[102].

À titre d'exemple, un dĂ©bat fait rage aux États-Unis depuis plusieurs dĂ©cennies entre diffĂ©rentes agences gouvernementales sur l'objectif de dĂ©contamination Ă  viser pour les anciens sites des essais nuclĂ©aires dans le Nevada. En effet, les coĂ»ts de dĂ©contamination s'Ă©lĂšvent Ă  35 millions de dollars si l'on veut ramener la radioactivitĂ© ambiante Ă  1 mSv/an, 100 millions de dollars pour descendre Ă  0,25 mSv/an et atteignent 1 milliard de dollars si l'on vise un objectif idĂ©al de 50 ÎŒSv/an[103]. On s'en doute aisĂ©ment, les associations professionnelles de l'industrie nuclĂ©aire sont fortement opposĂ©es au modĂšle linĂ©aire sans seuil[104] - [105], et financent activement des recherches qui pourraient dĂ©montrer que les faibles doses sont inoffensives voire bĂ©nĂ©fiques[106] - [107].

Au fur et à mesure de son usage, le modÚle linéaire sans seuil a aussi soulevé des questions parmi les physiciens responsables de sa mise en pratique. En effet, appliquer le principe ALARA est un travail sans fin et peu gratifiant : quand on a atteint les limites réglementaires à 20 mSv/an, on doit optimiser pour viser 15, puis 10, puis 5, et ainsi de suite. Au fur et à mesure que le risque théorique diminue, sur la base d'un modÚle théorique d'extrapolation dont personne ne peut garantir s'il est juste, certains se demandent si ces budgets et ce travail sont réellement justifiés. Cette préoccupation a été trÚs explicitement exprimée en 1979 par l'un des principaux opposants au modÚle linéaire sans seuil, le physicien nucléaire B. L. Cohen[108] :

« On estime que rĂ©duire la limite d'exposition d'un facteur dix coĂ»terait Ă  l'industrie nuclĂ©aire 500 millions de dollars par an, et ne rĂ©duirait mĂȘme pas la dose collective ; cela ne ferait que redistribuer cette dose sur davantage de personnes. Mais mĂȘme si cela permettait de supprimer toute exposition, on pourrait difficilement justifier de dĂ©penser 500 millions de dollars pour sauver 10 vies quand on peut sauver une vie pour chaque tranche de 25 000$ investis dans un programme de dĂ©pistage mĂ©dical ou pour chaque tranche de 100 000$ investis en dispositifs de sĂ©curitĂ© sur les voitures ou les autoroutes. »

Dans le prolongement de ces considérations, quelques associations professionnelles de radiophysiciens, et en premier la Health Physics Society américaine, ont officiellement pris parti contre l'utilisation du modÚle linéaire sans seuil en dessous de 50 mSv[109] - [110] - [111]. En France ce modÚle est aussi contesté depuis la fin des années 1990 par deux Académies :

Rapport conjoint des académies françaises

ApprouvĂ© en 2005 Ă  la quasi-unanimitĂ© par les AcadĂ©mie des sciences et AcadĂ©mie de mĂ©decine françaises, il affirme qu'« il n’est pas justifiĂ© d’utiliser une relation linĂ©aire sans seuil (RLSS) pour estimer le risque cancĂ©rogĂšne des faibles doses. » (...) « la relation linĂ©aire sans seuil peut constituer un outil pragmatique utile pour fixer les rĂšgles de la radioprotection pour des doses supĂ©rieures Ă  une dizaine de mSv ; mais, n’étant pas fondĂ©e sur des concepts biologiques correspondant Ă  nos connaissances actuelles, elle ne peut pas ĂȘtre utilisĂ©e sans prĂ©caution pour estimer par extrapolation l’effet des faibles et surtout des trĂšs faibles doses (< 10 mSv). » Issu d'un groupe de travail emmenĂ© par les professeurs AndrĂ© Aurengo et Maurice Tubiana[25], ce rapport fait grand bruit dans le dĂ©bat sur les faibles doses en contestant les conclusions du National Research Council et de la Commission internationale de protection radiologique. Le rapport conclut que les travaux rĂ©cents en radiobiologie et en carcinogenĂšse suggĂšrent l’existence d'une relation dose-effet non linĂ©aire, avec un seuil de dose sous lequel aucun effet n'est constatĂ©, voire montrent un effet d'hormĂšse.

Ce modĂšle se fonde en effet sur deux hypothĂšses implicites, qui sont :

  1. la constance de la probabilité de mutation (par unité de dose) quels que soient la dose et le débit de dose ;
  2. l'indépendance des cellules dans le tissu, qui permet au processus de cancérogenÚse, aprÚs avoir été initié dans une cellule, d'évoluer indépendamment des cellules environnantes.

Mais un organisme diffÚre d'un dosimÚtre ou d'une pellicule photographique en deux points : la relation dose-effet n'est pas nécessairement linéaire, elle peut comporter des seuils sous lesquels la nature ou l'efficacité des mécanismes de défense peut changer radicalement ; et surtout une cellule ou un organisme pluricellulaire sont des systÚmes complexes régulés, capables dans une certaine mesure de se réparer et de maintenir leur fonctionnement malgré des perturbations internes ou externes.

On savait que l’efficacitĂ© de la rĂ©paration de l'ADN est meilleure Ă  faible dĂ©bit de dose, mais les AcadĂ©mies considĂšrent ici qu'en montrant l’ampleur de ces diffĂ©rences, on a maintenant enlevĂ© tout fondement scientifique aux extrapolations des fortes doses vers les faibles doses[25]. Les donnĂ©es expĂ©rimentales montrent que l’efficacitĂ© des systĂšmes de rĂ©paration varie selon la dose ou du dĂ©bit de dose, en raison de divers mĂ©canismes (activation des systĂšmes de rĂ©paration, arrĂȘt temporaire du cycle, augmentation de l’efficacitĂ© de la rĂ©paration quand le nombre de lĂ©sion est petit, etc.)[55].

La remise en cause de la validitĂ© des hypothĂšses sur lesquelles se fonde l'approche linĂ©aire sans seuil ne signifie pas qu'il n'y a pas d’effet cancĂ©rogĂšne pour des faibles doses, et de fait, les donnĂ©es ne permettent pas d’exclure un effet cancĂ©rogĂšne. Cependant, cet effet peut ĂȘtre beaucoup plus faible par unitĂ© de dose que ce que prĂ©dit la thĂ©orie linĂ©aire sans seuil. Il pourrait par exemple exister une relation dose-effet sans seuil mais non linĂ©aire avec une baisse considĂ©rable de l’efficacitĂ© pour des doses infĂ©rieures Ă  une dizaine de mSv, et un effet trivial pour des doses de l’ordre d’un mSv ou infĂ©rieures[55]. Certains supposent mĂȘme que la superposition d'effets Ă  seuil pourrait conduire Ă  des effets d'hormĂšse, oĂč de petites irradiations auraient en rĂ©alitĂ© des effets bĂ©nĂ©fiques sur la santĂ©.

Le débat officiellement ouvert par les académies françaises en 2005 continue donc[55] - [112]. En 2005, juste aprÚs ce rapport, une étude épidémiologique du Centre international de recherche sur le cancer a porté sur plus de 400 000 travailleurs du nucléaire exposés à des faibles doses de radiations, mais pas aux doses trÚs faibles habituelles en radiodiagnostic (médiane : 19 mSiev)[113]. Des articles pour ou contre le modÚle linéaire sans seuil continuent à paraßtre réguliÚrement sans qu'aucun des camps change significativement de position[64] - [114] - [115] - [116].

HypothĂšse d'un effet d'hormĂšse

Effet d'hormÚse par la superposition (courbe C) d'une réponse positive à seuil (A) et d'une réponse négative linéaire sans seuil (B), dominante aux fortes doses.

D'aprĂšs le rapport des acadĂ©mies françaises[25], « la mĂ©ta-analyse qui a Ă©tĂ© faite des rĂ©sultats de l’expĂ©rimentation animale montre dans 40 % de ces Ă©tudes une diminution de la frĂ©quence spontanĂ©e des cancers chez les animaux aprĂšs de faibles doses, observation qui avait Ă©tĂ© nĂ©gligĂ©e car on ne savait pas l’expliquer. » Ces rĂ©sultats ne sont pas compatibles avec une loi linĂ©aire sans seuil, mais suggĂšrent au contraire un effet d'hormĂšse (effet inverse d’un agent qui est toxique Ă  fortes doses mais a un effet favorable protecteur Ă  petites doses)[117] - [118].

Les radiations de l'ordre du mGy ont globalement un double effet sur les cellules et leur ADN. D'une part, il y a une faible probabilité pour que l'ADN soit endommagé, et cette probabilité croßt avec la dose. L'autre effet découle de la réponse adaptative de la cellule contre tout dommage important de l'ADN, quelle qu'en soit la source. Si des cellules exposées à une faible dose (1 cGy) de rayons X sont ultérieurement exposées à une forte dose (1 Gy), on n'observe que la moitié des ruptures d'ADN normalement observées à cette forte dose[119]. Cette protection adaptative stimule le systÚme de protection et de réparation de la cellule. La réponse apparaßt en quelques heures, et peut durer plusieurs jours voire des mois. Elle sature puis décroßt fortement au-delà de doses d'une centaine de mGy, et n'apparaßt plus au-delà de 500 mGy[120].

À faible dose d'irradiation, l'avantage provenant de cette rĂ©ponse adaptative pourrait l'emporter sur les dommages primaires induits sur l'ADN : une irradiation ponctuelle de l'ordre du cGy stimulerait la radiorĂ©sistance et diminuait l'effet d'autres doses.

Selon certains experts tels que G. Meyniel (1998) « ce faisceau de présomptions de plus en plus serré et étoffé montre qu'aujourd'hui, compte tenu des données épidémiologiques et des conditions expérimentales objectives, il est nécessaire d'informer la société afin de tenter de dédramatiser les dangers d'exposition aux faibles doses»[121].

Régions à radioactivité naturelle élevée

Dans ces régions, généralement désignées par les acronymes anglais HLNRA (High Levels of Natural Radiation Areas) ou HBRA (High Background radiation Areas), l'environnement est source d'une exposition annuelle supérieure à 5 mSv/an (soit deux fois l'exposition annuelle moyenne, toutes sources confondues dans le monde (2,4 mSv)[36].

Ainsi Ă  Ramsar (Iran), les habitants des quartiers Ă  haute radioactivitĂ© (environ 2 000 personnes) subissent des doses pouvant dĂ©passer 100 mSv/an, avec une moyenne de 10 mSv/an et un maximum estimĂ© Ă  260 mSv/an[122]. À quarante ans, un habitant de la cinquantaine de maisons oĂč la dose atteint 100 mSv/an a reçu une dose cumulĂ©e supĂ©rieure Ă  4 sieverts ; selon le modĂšle linĂ©aire sans seuil, ils devraient dĂ©clarer 20 % de cancers en plus (par rapport Ă  des habitants normalement exposĂ©s). Rien de tel n'est observĂ©[123] - [124]. Mais la cohorte concernĂ©e est beaucoup trop petite, et il n'y a pas de donnĂ©es fiables sur l'Ă©pidĂ©miologie du cancer de cette population[124] - [125] - [126]. Une Ă©tude cas-tĂ©moins constate par ailleurs Ă  Ramsar un taux de stĂ©rilitĂ© fĂ©minine trois fois plus Ă©levĂ© que dans le groupe tĂ©moin retenu, mais le taux d'Ă©tudes universitaires est aussi trois fois plus Ă©levĂ©, ces deux facteurs Ă©tant significativement corrĂ©lĂ©s[127].

La rĂ©gion de Yangjiang (Chine) est plus radioactives que la moyenne, Ă  cause de sables contenant de la monazite (un minerai de thorium). PrĂšs de 80 000 personnes sont exposĂ©es Ă  un dĂ©bit de dose d'environ 6.4 mSv/an, soit 4 mSv/an au-dessus de la moyenne mondiale. Elle a fait l'objet d'Ă©tudes rĂ©pĂ©tĂ©es[128]. L'Ă©tude statistique de l'excĂšs relatif de cancer ne montre pas lĂ  d'effet statistiquement significatif. Le taux de cancer tend mĂȘme Ă  ĂȘtre plus faible que la moyenne. Une Ă©tude (2000) sur 125 079 sujets comparĂ©s Ă  un groupe tĂ©moin sur 1,7 million d'hommes/annĂ©e et 1003 dĂ©cĂšs par cancer, a trouvĂ© un risque relatif de 0,99 (intervalle de confiance : 0,87 Ă  1,14,) soit aucune augmentation de risque, le risque calculĂ© en appliquant la LNT se situant lui Ă  1,2, donc au-dessus de l'intervalle de confiance[129]. Mais l'interprĂ©tation de ces rĂ©sultats doit ĂȘtre prudente, car l'Ă©tude est de type « Ă©cologique » sans mesure individuelle de l'exposition aux radiations et des diffĂ©rences faibles de style de vie en particulier sur le nombre de fumeurs ou le taux d'infection peuvent ĂȘtre l'explication de l'Ă©cart[130].

Les études menées dans les régions HBRA montrent souvent des anomalies microbiologiques mais sans élévation significative du risque de cancer, ce qui contredit le modÚle linéaire sans seuil[131] - [132]. La prise en compte de ces résultats reste compliquée par le manque de données épidémiologiques fiables dans des régions situées dans des pays émergents ou en développement.

Étude des liquidateurs de Tchernobyl

Les quelque 600 000 liquidateurs qui Ă©taient intervenus sur le site de la catastrophe de Tchernobyl reçurent en moyenne une dose de l'ordre de 100 millisieverts (de 10 Ă  500 mSv)[133].

L'incidence des cancers (hors thyroïde) ne semble pas significativement différente chez les liquidateurs et dans le reste de la population : des études signalent une légÚre augmentation des cancers chez les liquidateurs et d'autres études concluent à une légÚre diminution[134] - [135]. Les cancers de la thyroïde pourraient avoir augmenté parmi les liquidateurs, mais on n'a pas trouvé de relation dose-effet probante (il semble cependant y avoir une relation au temps de séjour dans les territoires contaminés)[136].

L'incidence des leucĂ©mies a augmentĂ© chez les liquidateurs (l’annĂ©e qui a suivi l'accident), mais les premiers rĂ©sultats d'ensemble manquaient de cohĂ©rence du point de vue de la relation dose-effet[137] - [138] - [139]. L'absence de relation dose-effet pourrait ĂȘtre due aux imprĂ©cisions sur le suivi dosimĂ©trique : en reconstruisant a posteriori la dosimĂ©trie des liquidateurs plutĂŽt qu'en utilisant les chiffres des registres officiels, les auteurs retrouvent bien une corrĂ©lation statistique entre dose absorbĂ©e et risque de leucĂ©mie[140].

Si les premiÚres études indiquaient plutÎt un « effet travailleur sain », les liquidateurs semblent sur le long terme souffrir d'autres maux, principalement de cataractes radio-induites, de problÚmes cardiovasculaires et de troubles psychologiques (syndrome post-traumatique, dépression, suicide)[141] - [142]. Pour les problÚmes cardiovasculaires, le doute persiste entre une éventuelle origine radio-induite et un lien avec un mode vie à risque (alcoolisme, tabagisme, surpoids)[143].

DĂ©bat sur le radon

Étude Ă©cologique contestĂ©e du Pr. Cohen sur le taux de mortalitĂ© par cancer du poumon en fonction du taux moyen de radon domestique. Comparaison entre l'hypothĂšse linĂ©aire sans seuil (droite pointillĂ©e) et les donnĂ©es expĂ©rimentales. On observe un taux d'autant plus faible de cancers que le taux de radon est Ă©levĂ©.

Le Pr Cohen Ă©tait physicien Ă  l'UniversitĂ© de Pittsburgh, spĂ©cialisĂ© dans la gestion et l'enfouissage des dĂ©chets nuclĂ©aires. Dans les annĂ©es 1980, il teste le modĂšle linĂ©aire sans seuil en comparant le taux de cancer du poumon et l'exposition au radon pour 1601 comtĂ©s couvrant prĂšs de 90 % de la population des États-Unis[144]. Il montre que le risque relatif de cancer du poumon diminue quand le taux de radon augmente. Ceci contredit le modĂšle linĂ©aire sans seuil testĂ© (le modĂšle BEIR IV de 1988), l'Ă©cart atteignant 20 Ă©carts types. Cette Ă©tude examine l'effet possible de 54 facteurs socioĂ©conomiques et 7 variables gĂ©ographiques ou climatiques, sans identifier de variable explicative. Des observations similaires ont pu ĂȘtre faites en France[145] ou dans d'autres pays durant les annĂ©es 1990.

Peut-on pour autant affirmer qu'il existe un effet d'hormĂšse ? En thĂ©orie, Ă  partir d'une Ă©tude Ă©cologique, non car mĂȘme quand l'effet de certains facteurs explicatifs potentiels a Ă©tĂ© Ă©cartĂ© (ici, le tabac et le niveau de vie), la nature mĂȘme de l'Ă©tude ne permet pas de garantir que tous les facteurs explicatifs potentiels ont Ă©tĂ© pris en compte. Mais selon le Pr. Cohen[144], mĂȘme si son existence reste logiquement possible, le portrait robot d'un facteur explicatif bĂ©nĂ©fique agissant par accident Ă  l'inverse de la concentration en radon serait trĂšs contraignant :

  • Il doit ĂȘtre trĂšs corrĂ©lĂ© avec le cancer du poumon, Ă  un niveau comparable Ă  celui du tabagisme, mais n'a pas encore Ă©tĂ© identifiĂ© ;
  • Il doit ĂȘtre fortement et nĂ©gativement corrĂ©lĂ© avec le niveau ambiant de radon ;
  • Il ne doit ĂȘtre corrĂ©lĂ© avec aucune des 54 variables socio-Ă©conomiques examinĂ©es par l'Ă©tude ;
  • Il doit rester valide dans de nombreuses rĂ©gions gĂ©ographiques, indĂ©pendamment de l'altitude ou du climat.

Si l'on admet les rĂ©sultats de cette Ă©tude, l'explication naturelle du rĂ©sultat statistique est que la stimulation d'un mĂ©canisme biologique par le radon fait plus que compenser l'induction de cancers annoncĂ©e par la thĂ©orie, et que le radon agit en pratique comme un agent protecteur, rĂ©duisant le risque de cancer dans la gamme des faibles doses et de faibles dĂ©bits de dose[146]. De ce fait, ces rĂ©sultats jettent le doute sur le bien-fondĂ© des politiques de lutte contre le radon, mises en place par ailleurs, ce qui conduit Ă  un dĂ©bat. AprĂšs plus de 20 ans de dĂ©bat (aux États-Unis surtout), de nombreux experts et organismes officiels considĂšrent que le raisonnement du Pr Cohen est incorrects, parmi lesquels le National Research Council et l'Environmental Protection Agency[147] - [148], le Centre international de recherche sur le cancer de l'OMS[149], etc. En Europe, la plupart des recommandations officielles sur le radon ignorent les travaux de Cohen.

Ces Ă©tudes statistiques sont dites Ă©tudes Ă©cologiques car elles comparent des populations supposĂ©es prĂ©senter les mĂȘmes caractĂ©ristiques mais vivant dans des milieux diffĂ©rents. Elles s'opposent aux Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques de cohortes (oĂč une population particuliĂšre, choisie pour ĂȘtre reprĂ©sentative, est identifiĂ©e a priori et suivie dans le temps), qui sont beaucoup plus prĂ©cises, mais bien plus coĂ»teuses. Il est reconnu en Ă©pidĂ©miologie que des Ă©tudes de type Ă©cologique ne peuvent pas servir de base Ă  des relations dose-effet, parce qu'elles ne permettent pas d'accĂ©der aux doses individuellement reçues, et que l'effet rĂ©el d'une dose moyenne n'est gĂ©nĂ©ralement pas le mĂȘme que l'effet moyen d'une dose rĂ©elle : des phĂ©nomĂšnes de non-linĂ©aritĂ© et/ou de couplage entre facteurs peuvent conduire Ă  des effets trĂšs diffĂ©rents de l'effet rĂ©el, pouvant aller jusqu'Ă  l'inverser. C'est entre autres sur ces bases que la communautĂ© des Ă©pidĂ©miologues rejette les Ă©tudes Ă©cologiques, arguant que par nature ces Ă©tudes n'autorisent pas de conclusion fiable[150] - [151].

Cohen a toujours considéré avoir correctement pris en compte d'éventuels biais statistiques, notamment ceux liés au tabagisme, un biais réguliÚrement invoqué par la communauté des épidémiologues, qui montrent sur des modÚles théoriques qu'il peut facilement conduire à une inversion des résultats[152] - [153] - [154] - [149] - [155] - [156] - [157].

Cependant, le Pr Cohen considÚre que l'argument avancé par les épidémiologues est incorrect[158] - [159] - [160] car son étude vise à mettre à l'épreuve l'hypothÚse linéaire sans seuil, non à évaluer l'effet cancérigÚne du radon et un effet d'hormÚse éventuel. L'hypothÚse linéaire sans seuil revient précisément à dire que le risque de cancer est directement proportionnel à la dose reçue. On peut alors montrer mathématiquement que dans cette hypothÚse particuliÚre, la dose moyenne détermine directement le risque moyen, parce que -par hypothÚse- un effet non linéaire a été exclu dans ce cas. Par conséquent, selon le Pr Cohen, si l'hypothÚse linéaire sans seuil est correcte, une étude écologique doit trouver le résultat annoncé ; et comme le résultat annoncé n'est pas trouvé, c'est bien que l'hypothÚse linéaire sans seuil est incorrecte. Le Pr Cohen en conclut que si l'on ne peut pas dire quel est l'effet réel (puisqu'une étude écologique ne le permet pas), on peut affirmer que l'hypothÚse linéaire sans seuil est invalide pour les faibles doses d'irradiation.

En rĂ©sumĂ©, pour le Pr. Cohen[144], « l'existence d'un tel facteur explicatif hypothĂ©tique est irrĂ©aliste » ; pour ses dĂ©tracteurs, le facteur explicatif est simplement une prise en compte incorrecte du tabagisme et du dĂ©placement des populations dans l'Ă©tude de Cohen. En particulier pour le CIRC[149], des rĂ©sultats comparables dans 3 Ă©tudes ont Ă©tĂ© invalidĂ©s une fois des donnĂ©es plus prĂ©cises prises en compte, 8 Ă©tudes de cas sur des mineurs et l'exposition rĂ©sidentielle au radon donnent des valeurs incompatibles avec son rĂ©sultat pour des niveaux d'exposition Ă©quivalents, en sorte que[161] « le poids des Ă©lĂ©ments de preuve disponibles montrent que les analyses Ă©cologiques de Cohen peuvent ĂȘtre Ă©cartĂ©es ». Une nouvelle Ă©valuation du risque radon a conclu que le risque augmente pour une exposition domestique infĂ©rieure Ă  200 Bq/m3 durant 25 ans, concluant que le radon est le 2e facteur de risque aprĂšs le tabac[162]

Constructions contaminées de Taïwan

À TaĂŻwan, dans les annĂ©es 1980, des constructions neuves sont Ă©difiĂ©es avec de l'acier de recyclage fortement contaminĂ© au cobalt 60 (de demi-vie 5,2714 ans), exposant environ dix mille personnes Ă  des doses moyennes de 400 mSv (avec pour les 10 % les plus exposĂ©s un dĂ©bit de dose dĂ©passant souvent largement 15 mSv/an). En 2004, une Ă©tude estime que d'aprĂšs le modĂšle linĂ©aire sans seuil on aurait dĂ» observer pour cette population sur les 20 derniĂšres annĂ©es environ 232 cancers mortels spontanĂ©s plus un excĂšs de 70 cancers mortels radio-induits, mais qu'on observe seulement 7 cancers en tout et pour tout, donc seulement 3 % du chiffre attendu. Les auteurs concluent que l'exposition chronique Ă  des faibles radiations amĂ©liore les dĂ©fenses naturelles (hormĂšse) contre le cancer[163], contrairement Ă  ce que l'hypothĂšse LNT (Linear No-Threshold model; loi linĂ©aire sans seuil) aurait conduit Ă  attendre[164]. Cependant, pour dĂ©terminer le taux "thĂ©orique" de cancer, les auteurs de cette Ă©tude n'avaient pas analysĂ© l'effet de la distribution des Ăąges des rĂ©sidents, Ă  laquelle ils n'avaient pas accĂšs, et qu'ils avaient supposĂ© ĂȘtre identique Ă  celle de la population de Taiwan.

En 2006, des travaux plus approfondis ont portĂ© sur une cohorte de 7 271 habitants, 141 ont dĂ©veloppĂ© un cancer ou une leucĂ©mie, dont 95 sont prises en compte pour une Ă©tude statistique. Le nombre de cancers observĂ©s (141 en tout, 95 retenus dont 82 cancers solides) est plus Ă©levĂ© d'un facteur 10 comparĂ© au chiffre de 7 cancers mortels publiĂ© par l'AEC. Les auteurs observent que tous cancers solides confondus, le risque est effectivement significativement abaissĂ© parmi les habitants par rapport Ă  une population normale, avec 82 cancers retenus contre 110 attendus. Cependant, ils observent que les habitants des immeubles contaminĂ©s ont un risque significativement Ă©levĂ© pour le cancer de la thyroĂŻde et marginalement Ă©levĂ© pour les leucĂ©mies (hors LeucĂ©mie lymphoĂŻde chronique)[165]. Les auteurs concluent que l'Ă©tude initiale n'a pris en compte que des statistiques incomplĂštes, n'a pas correctement ajustĂ© ses chiffres Ă  la constitution de la cohorte, et que le dĂ©lai par rapport Ă  l'exposition est encore trop court pour ce type d'Ă©tude[166].

En 2008, les rĂ©sultats Ă©pidĂ©miologiques sur les habitants des immeubles contaminĂ©s sont complĂ©tĂ©s par une estimation du risque radio-induit pour une exposition de 100 mSv, fondĂ©e sur l'Ă©tude de 117 cancers retenus parmi 165 cas observĂ©s. Que ce soit tous cancers confondus ou tous cancers solides confondus, on n'observe pas d'accroissement significatif du risque global de cancer. Par contre, le risque de leucĂ©mie est significativement reliĂ© Ă  la dose, et une relation dose-rĂ©ponse pourrait ĂȘtre prĂ©sente pour le cancer du sein[167].

Les habitants ont aussi développé des effets non cancéreux[168] :

  • anomalies cytogĂ©nĂ©tiques et du systĂšme immunitaire[169] ;
  • le cristallin d'enfants ayant grandi dans ces immeubles continue Ă  s'opacifier progressivement (Ă©volution vers une cataracte radio-induite), plus d'une dĂ©cennie aprĂšs leur relogement[170] ;
  • le dĂ©veloppement physique des garçons ayant subi une exposition supĂ©rieure Ă  60 mSv a Ă©tĂ© ralenti, avec une relation dose-effet significative[171].

Enjeux sur la politique sanitaire

Doses collectives

L'utilisation la plus polĂ©mique de la loi linĂ©aire sans seuil consiste Ă  calculer le nombre de cancers provoquĂ©s par une trĂšs faible dose de radiation Ă  laquelle est exposĂ©e une trĂšs grande population. En thĂ©orie, la relation linĂ©aire sans seuil permet de calculer une dose collective, exprimĂ©e en personnes·sieverts, oĂč une faible dose est multipliĂ©e par la population qui la subit. Dans l'hypothĂšse linĂ©aire, en effet, on obtiendra le mĂȘme rĂ©sultat en exposant vingt millions de personnes Ă  un microsievert, ou vingt mille personnes Ă  un millisievert, ou vingt personne Ă  un sievert : dans tous les cas, la dose collective de vingt personnes·sievert conduira Ă  un cancer supplĂ©mentaire (Ă  raison de 5 % de cancer par sievert)[172]. Typiquement, si la population française (de 60 millions d'habitants) est exposĂ©e Ă  une radioactivitĂ© moyenne de 2,5 millisievert par an (l'exposition moyenne aux radiations naturelles), et qu'une exposition aux rayonnements provoque un excĂšs de cancers de 5 % de cancers par sievert, cette exposition provoque globalement 60 Ă— 106 × 2,5 Ă— 10−3 × 5 % = 7 500 cancers par an, c'est-Ă -dire 2,3 % des cancers observĂ©s.

En 1973, le comitĂ© de l'AcadĂ©mie des Sciences amĂ©ricaines spĂ©cialisĂ© dans l'Ă©tude des effets biologiques des radiations (BEIR) avait estimĂ© que la radioactivitĂ© naturelle pouvait induire 6 000 morts par cancers par an aux États-Unis (soit environ le double, si on prend en compte les cancers non mortels Ă  cette Ă©poque), mais ce type d'Ă©valuation peut ĂȘtre rĂ©Ă©valuĂ© si l'on tient compte de modĂšles plus rĂ©cents[72].

Le rapport conjoint de l'acadĂ©mie des sciences et de l'acadĂ©mie de mĂ©decine d'avril 2005[25] a Ă©tĂ© publiĂ© en rĂ©action Ă  une Ă©tude (2004) de l’estimation de la part de cancers attribuables au radiodiagnostic[173] construite sur l'hypothĂšse de linĂ©aritĂ© sans seuil de la relation entre le risque de cancer et la dose de radiations ionisantes. Cette Ă©tude concluait que 0,6 % Ă  3 % des cancers seraient attribuables au radiodiagnostic, mais si la relation linĂ©aire sans seuil n’est pas fondĂ©e, ces estimations ne seraient que des constructions de l’esprit[55].

Le dilemme est manifeste si l'on prend par exemple le cas de la présence domestique du radon. D'aprÚs les études disponibles, et sur la base du modÚle linéaire sans seuil, il est considéré comme la deuxiÚme cause de cancer du poumon aprÚs le tabagisme, responsable de 5 à 12 % de ces cancers, et causant entre 1000 et 3000 morts par an en France[174] - [175] - [176] - [177] - [178], entre autres parce que les faibles doses d'irradiation correspondantes concernent une trÚs grande population. Dans cette logique, il est logique de vouloir diminuer autant que possible le radon des immeubles et habitations[179] - [180] - [181] - [182]. Si l'effet inverse suggéré par les travaux du Pr. Cohen n'était pas seulement un artefact statistique, une telle politique serait en réalité néfaste à la population.

Évaluation bĂ©nĂ©fice / risque en radiologie mĂ©dicale

Radiographie dentaire (1950).

Environ 50 millions d’examens radiologiques sont effectuĂ©s en France chaque annĂ©e qui dĂ©livrent en moyenne 1 millisievert par an Ă  chaque Français. Selon la fonction utilisĂ©e, on peut dĂ©duire, soit qu’ils pourraient induire quelques milliers de cancers, soit qu’ils ne prĂ©sentent aucun danger significatif[25].

L’évaluation du rapport entre bĂ©nĂ©fice et risque est imposĂ©e en radiologie par la directive europĂ©enne 97-43. Les risques Ă©ventuels dans la gamme de dose des examens radiologiques (0,1 Ă  5 mSv ; jusqu’à 20 mSv pour certains examens) doivent ĂȘtre estimĂ©s en tenant compte des donnĂ©es radiobiologiques et de l’expĂ©rimentation animale. Cependant, selon les opposants au modĂšle linĂ©aire sans seuil, les mĂ©canismes biologiques sont diffĂ©rents pour des doses infĂ©rieures Ă  quelques dizaines de mSv et pour des doses supĂ©rieures. L’usage d’une relation empirique qui n’est validĂ©e que pour des doses supĂ©rieures Ă  200 mSv pourrait donc, en surĂ©valuant les risques, faire renoncer Ă  des examens susceptibles d’apporter au malade des informations utiles[25] - [55]. Elle pourrait aussi en radioprotection conduire Ă  des conclusions erronĂ©es.

Le risque dépend de l'ùge du patient puisqu'il est à distance : un scanner multicoupe à 80 ans n'a pratiquement aucun risque (le patient a toute chance de mourir d'autre chose dans les quarante ans à venir). Ce n'est pas le cas chez un adolescent.

Coûts de décontamination

Les dĂ©cideurs confrontĂ©s au problĂšme des dĂ©chets radioactifs ou au risque de contamination doivent rĂ©examiner la mĂ©thodologie utilisĂ©e pour Ă©valuer les risques des trĂšs faibles doses et des doses dĂ©livrĂ©es avec un trĂšs faible dĂ©bit[25]. Si les effets des faibles doses d'irradiation sur la santĂ© n'Ă©taient pas seulement faibles (donc difficiles Ă  identifier) mais nuls ou pratiquement nuls en dessous d’un niveau qui resterait Ă  dĂ©finir (hypothĂšse de seuil), de nombreux pans des politiques publiques dans ce domaine n’auraient pas de justification scientifique et seraient Ă  revoir entiĂšrement[55].

Faibles doses, Ă©lectronique et nanotechnologies

L'effet des faibles doses Ă  Ă©chelle nanomĂ©trique intĂ©resse aussi le domaine de la microĂ©lectronique (dont pour les dĂ©tecteurs Ă©lectroniques qui ne doivent pas donner de mesures biaisĂ©es par la radioactivitĂ© elle-mĂȘme).

La miniaturisation des composants les rend en effet plus sensibles à des modifications intervenant à l'échelle atomique et susceptibles de produire des erreurs dans le fonctionnement de certaines puces électroniques, systÚmes de mémoires ou logiciels les utilisant.

Une expĂ©rience a Ă©tĂ© conduite avec du matĂ©riel Intel dans un milieu trĂšs pauvre en radiation au fond d'une cavitĂ© creusĂ©e dans une profonde couche de sel pour l'entreposage de dĂ©chets radioactifs[183] (Ă  prĂšs de 500 mĂštres de profondeur sous le dĂ©sert de Chihuahua aux États-Unis), de maniĂšre Ă  ĂȘtre le moins exposĂ© au rayonnement ambiant (alpha notamment), solaire et cosmique (neutrons surtout). Il s'agissait aussi de vĂ©rifier si les faibles radiations Ă©mises par les matĂ©riaux tels que ceux de la carte-mĂšre ou le silicium des puces Ă©taient responsables de ces petites erreurs, et en quelle proportion. Le fonctionnement d'une SRAM 45nm a ainsi Ă©tĂ© testĂ© durant un an, faisant conclure Ă  Intel que plus de 90 % des particules ionisantes causant ces petites erreurs dans le fonctionnement des puces viennent de l'environnement et non du silicium, ce qui repose la question du blindage Ă©lectromagnĂ©tique des matĂ©riels sensibles[184].

Recherche

En Juin 2022, une Ă©tude (parrainĂ©e par le DOE) conclue par un rapport[185] des AcadĂ©mies nationales des sciences, d'ingĂ©nierie et de mĂ©decine concluent que « la recherche sur les effets sur la santĂ© des rayonnements Ă  faible dose aux États-Unis est limitĂ©e et fragmentĂ©e, manquant de leadership, de coordination centrale et d'un programme stratĂ©gique global[1] ».
Alors que cette recherche Ă©tait gĂ©rĂ©e dans le passĂ© par le Bureau des sciences du DĂ©partement amĂ©ricain de l'Ă©nergie, l'attention du bureau a Ă©tĂ© rĂ©orientĂ©e[1]. Selon ce rapport : 100 millions de dollars par an seraient nĂ©cessaires dans les 15 ans, pour financer un Programme et une infrastructure de recherche coordonnĂ© d'Ă©tude sur les « impacts de l'exposition Ă  de faibles doses de rayonnement sur la santĂ© humaine ». Ce programme pourrait « tirer parti des rĂ©centes percĂ©es scientifiques - telles qu'une plus grande puissance de calcul, la recherche gĂ©nĂ©tique et les systĂšmes de partage de donnĂ©es - que les recherches prĂ©cĂ©dentes n'ont pas fait », pour amĂ©liorer les approches Ă©pidĂ©miologiques et biologiques, rĂ©Ă©valuer les risques de cancer, de maladies cardiovasculaires, de troubles neurologiques et d'autres maladies et la recherche d'Ă©ventuels liens de causalitĂ© entre faibles doses et certains problĂšmes de santĂ©, en tenant compte des effets des doses de rayonnement, des dĂ©bits de dose, des types de rayonnement et de la durĂ©e d'exposition[1]. « Les 5 millions de dollars allouĂ©s au programme de rayonnement Ă  faible dose du DOE en 2021 et 2022 ne sont mĂȘme pas suffisants pour lancer un programme de recherche fĂ©dĂ©ral coordonnĂ© », prĂ©cise ce rapport[1].

Notes et références

  1. « U.S. Needs New $100 Million Research Program to Study Health Effects of Exposure to Low Doses of Radiation, Says New Report », sur www.nationalacademies.org (consulté le )
  2. Jacob P, RĂŒhm W, Walsh L, Blettner M, Hammer G & Zeeb H (2009) Is cancer risk of radiation workers larger than expected?. Occupational and environmental medicine, 66(12), 789-796.
  3. 1 Sv = 1 Gy pondéré en fonction des rayonnements en cause et en fonction des tissus exposés
  4. Rapport UNSCEAR 2000, Comité scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants, Rapport à l'Assemblée générale, avec annexes scientifiques, 2000 A/55/46, ISSN 0255-1381 (2000)
  5. (en) Richard Wakeford and E Janet Tawn, The meaning of low dose and low dose-rate (Editorial), Journal of Radiological Protection 30(1):1-3 (2010)
  6. (en) What is a low dose of radiation?, Frequently Asked Questions about Health Effects of Low Doses of Radiation, DOE Low Dose Radiation Research Program
  7. (en) G. J. Köteles, The Low Dose Dilemma, CEJOEM 4(2):103-113 (1998)
  8. (en) UNSCEAR 2000 REPORT Vol. II, Sources and effects of inoizing radiation, Annexe G: Biological Effects at Low Radiation Doses, Comité scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants
  9. [PDF] Recommendations 2007 de la Commission Internationale de Protection Radiologique, Publication CIPR 103, 2009.
  10. (en) Radiation Risk in Perspective, Position Statement of the Health Physics Society, juillet 2010
  11. Mieux comprendre les faibles doses, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
  12. Les faibles doses, Unité Protection sanitaire contre les rayonnements ionisants et toxiques nucléaires (Prositon), Commissariat à l'énergie atomique
  13. LNT = Linear No-Threshold (Loi linéaire sans seuil)
  14. http://sfp.in2p3.fr/Debat/debat_energie/Nucleaire/Radioactivite/tabac.html#_Toc423492386
  15. Article R1333-86, Code de la santé publique, Version en vigueur au 9 novembre 2007, consulté sur Légifrance
  16. O. RIGAUD, La radioadaptation : aspects cellulaires et molĂ©culaires d’une rĂ©ponse aux faibles doses de radiations ionisantes, Radioprotection 1998 Vol. 33, no 4, pages 389 Ă  404.
  17. Ethique et imagerie médicale. A. Bonnin, Claude Broussouloux, Jean-Paul Convard ; Elsevier Masson, 1998 (ISBN 2225830967 et 9782225830969) (sur Google)
  18. Brenner DJ., Doll R., Goodhead DT. et al : Cancer risk attributable to low doses of ionizing radiation : Assessing what we really know. Proc. Natl. Acad. Sci USA, 2003, 100, 13761-13766.
  19. [PDF] Avis de l'Académie Nationale de Médecine sur l'exposition aux faibles doses (22 juin 1999), rapport par Maurice Tubiana et André Aurengo.
  20. Document du CEA
  21. Rapport parlementaire sur les incidences environnementales et sanitaires des essais nucléaires effectués par la France, assemblée nationale, 2001.
  22. (en) Committee to Assess Health Risks from Exposure to Low Levels of Ionizing Radiation, Health Risks from Exposure to Low Levels of Ionizing Radiation : BEIR VII Phase 2 : BEIR_VII.pdf, The national academies press, (ISBN 0-309-53040-7, DOI 10.17226/11340, lire en ligne [PDF]), p. 4
  23. Voir Risques et effets des rayonnements ionisants, rapport principal de la commission AmpĂšre.
  24. ArrĂȘtĂ© du 15 mai 2006 relatif aux conditions de dĂ©limitation et de signalisation des zones surveillĂ©es et contrĂŽlĂ©es et des zones spĂ©cialement rĂ©glementĂ©es ou interdites compte tenu de l’exposition aux rayonnements ionisants, ainsi qu’aux rĂšgles d’hygiĂšne, de sĂ©curitĂ© et d’entretien qui y sont imposĂ©es, Thierry LAHAYE, MinistĂšre de l’emploi, de la cohĂ©sion sociale et du logement, Direction gĂ©nĂ©rale du travail, prĂ©sentation aux CinquiĂšmes rencontres des personnes compĂ©tentes en radioprotection, Rungis, le 15 & 16 mars 2007
  25. La relation dose-effet et l’estimation des effets cancĂ©rogĂšnes des faibles doses de rayonnements ionisants, rapport commun de l'AcadĂ©mie des sciences et de l'AcadĂ©mie nationale de MĂ©decine - Mars 2005. Éditions NuclĂ©on, diffusion par EDP sciences.
  26. Tanooka H. Threshold dose-response in radiation carcinogenesis: an approach from chronic beta-irradiation experiments and a review of non-tumor doses. Int J Radiat Biol 2001;77:541-551. Cité par .
  27. Yoichi Oghiso, Satoshi Tanaka, Ignacia B. Tanaka III, Fumiaki Sato (2008) Experimental studies on the biological effects of low-dose-rate and low-dose radiation, International Journal of Low Radiation, Vol.5, no 1 (résumé)
  28. Takai D, Abe A & Komura J.I (2019) Chronic exposure to gamma irradiation at low-dose rates accelerates blood pressure decline associated with aging in female B6C3F1 mice. International journal of radiation biology, 95(3), 347-353 (résumé).
  29. Effets des radiations, Roland Masse
  30. Effect of continuous low intensity radiation on successive generations of the albino rat, Sidney O. Brown, Genetics 50: 1101-1113 November 1964.
  31. Chromosome aberration frequencies and chromosome instability in mice after long-term exposure to low-dose-rate γ-irradiation, Kimio Tanakaa, Atsushi Kohdaa, Takuo Toyokawab, Kazuaki Ichinohea, Yoichi Oghisoa, Mutation Research 657 (2008) 19–25.
  32. DOE-STD-1153-2002, a graded approach for evaluating radiation doses to aquatic and terrestrial biota.
  33. Voir Ă©galement ICPR 108 - International Commission on Radiological Protection (2008): Environmental Protection: The Concept and Use of Reference Animals and Plants; ICRP Publication 108; Annals of the ICRP, 38 No. 4-6.
  34. Integrated Molecular Analysis Indicates Undetectable DNA Damage in Mice after Continuous Irradiation at ~400-fold Natural Background Radiation. Environ Health Perspect. 2012 Apr 26
  35. Situation radiologique dans l'environnement des anciens sites miniers du Lodevois (HĂ©rault), Bruno Chareyron, CRIIRAD, septembre 2004
  36. D Laurier, JM Martin, et Ph Hubert, Etudes épidémiologiques dans des zones à haut niveau de radioactivité naturelle, IPDN, octobre 2000
  37. D'aprĂšs
  38. D'aprĂšs .
  39. High levels of natural radiation Report of an international conference in Ramsar
  40. [PDF] Irradiation mĂ©dicale, dĂ©chets, dĂ©sinformation : un avis de l’AcadĂ©mie de mĂ©decine. Guy de ThĂ© et Maurice Tubiana. CommuniquĂ© du 4 dĂ©cembre 2001
  41. Sohrabi M (1990) Recent radiological studies of high level natural radiation areas of Ramsar, ICHLNR 39, pp. 39–47.
  42. Influence of A Continuous Very Low Dose of Gamma-Rays on Cell Proliferation, Apoptosis and Oxidative Stress, Laetitia Lacoste-Collin, Suzanne Jozan, Veronica Pereda, Monique Courtade-SaĂŻdi, Dose-Response, 13:1, 2015.
  43. New concerns for neurocognitive function during deep space exposures to chronic, low dose rate, neutron radiation, eNeuro 5 August 2019, ENEURO.0094-19.2019; DOI: https://doi.org/10.1523/ENEURO.0094-19.2019.
  44. Microarray Analysis of Differentially Expressed Genes in the Kidneysand Testes of Mice after Long-term Irradiationwith Low-dose-rate γ-rays Keiko TAKI et al, J. Radiat. Res., 50, 241–252 (2009).
  45. 10 CFR 20.1201, Occupational dose limits for adults, United Stated Nuclear Regulatory Commission, version en vigueur depuis le 21 mai 1991
  46. William D. Travers, Processes for revision of 10 CFR part 20 regarding adoption of ICRP recommendations on occupational dose limites and dosimetric models and parameters, lettre aux membres de la Commission de rĂ©glementation nuclĂ©aire, 2 aoĂŒt 2001
  47. Code du travail, articles R4451-12 Ă  R4451-17, version en vigueur depuis le 5 juillet 2010
  48. Ordonnance 814.501 sur la radioprotection du 22 juin 1994, Conseil fédéral suisse, version en vigueur au 1er janvier 2012
  49. RĂšglement sur la radioprotection (DORS/2000-203), MinistĂšre de la justice canadien, version en vigueur depuis le 18 septembre 2007
  50. Radon Trickery, World Nuclear University.
  51. Jean-Michel Bader, Le secret du polonium 210 dans la fumée de cigarette, Le Figaro.fr, 28 août 2008.
  52. D'aprÚs le service de protection radiologique des armées (SPRA), 2000.
  53. Report DRPH/2010-010, IRSN 2011.
  54. Directive 96/29/Euratom du Conseil du 13 mai 1996, fixant les normes de base relatives à la protection sanitaire de la population et des travailleurs contre les dangers résultant des rayonnements ionisants.
  55. [PDF] Controverse : les faibles doses de radiations ionisantes sont-elles carcinogĂ©niques ? in Bulletin ÉpidĂ©miologique Hebdomadaire no 15-16/2006 (18 avril 2006) : Exposition aux radiations ionisantes d’origine mĂ©dicale (les auteurs prĂ©cisent que « Les sources les plus importantes » de leur enquĂȘte sont CnamTS et SAE-Drees et concernent des activitĂ©s de soins externes des Ă©tablissements qui font en France l’objet d’un remboursement par les Caisses d’assurance maladie, tout en contribuant Ă  l’activitĂ© de l’établissement.
  56. Estimation du Comité scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR, 2000)
  57. Analyse de l’impact de l’accident de Fukushima en France (mĂ©tropole et DROM-COM) Ă  partir des rĂ©sultats de la surveillance renforcĂ©e de la radioactivitĂ© de l’environnement, IRSN, Rapport DEI/2011-01, janvier 2012
  58. D'aprĂšs .
  59. L'exposition radiologique des personnes du public aux stériles miniers, fiche IRSN, février 2009.
  60. Examen critique du programme de recherche de l'ANDRA pour déterminer l'aptitude du site de Bure au confinement géologique des déchets à haute activité et à vie longue, IEER Technical Reports (décembre 2004)
  61. Guidelines for drinking-water quality, third edition, World Health Organization 2006.
  62. RĂ©sultats de la surveillance de l’environnement, RĂ©sultats 2nd semestre 2008.
  63. Fiche Andra Quels effets sur la santé?
  64. Little et al., Risks associated with low doses and low dose rates of ionizing radiations: Why Linearity May Be (Almost) the Best We Can Do, Radiology 251:6-12, 2009
  65. NTIS - 'Radium in Humans, A Review of U.S. Studies, R.E. Rowland, Argonne National Laboratory, 1994, NTIS document number DE95006146
  66. Pierce DA, Shimizu Y, Preston DL, Vaeth M, Mabuchi K (1996) Studies of the mortality of atomic bomb survivors. Report 12, Part I. Cancer: 1950-1990. Radiat Res 146: 1-27
  67. Recherche sur les effets des faibles doses, IRSN, 2013
  68. Daniels R.D, A meta-analysis of leukaemia risk from protracted exposure to low-dose gamma radiation, Occupational and Environmental Medicine 68:457-464.
  69. exemple dans Les avancées de la connaissance épidémiologique sur les faibles doses ; Dominique Laurier ; Société française de radioprotection (SFRP) ; CongrÚs national de radioprotection, Reims, 16-18 Juin 2015
  70. Molecular biology, epidemiology, and the demise of the linear no-threshold (LNT) hypothesis (Biologie molĂ©culaire, Ă©pidĂ©miologie et la fin de la relation linĂ©aire sans seuil), Myron Pollycove & Ludwig E. Feinendegen, Comptes Rendus de l’AcadĂ©mie des Sciences - Series III - Sciences de la Vie ; Volume 322, Issues 2-3, February-March 1999, Pages 197-204 AccĂšs par Elsevier
  71. W. Burkart et al., Damage pattern as a function of radiation quality and other factors (CaractĂ©ristiques des lĂ©sions provoquĂ©es dans les structures cellulaires, en fonction de la qualitĂ© du rayonnement et des autres facteurs), Comptes Rendus de l’AcadĂ©mie des Sciences - Series III - Sciences de la Vie Volume 322, Issues 2-3, February-March 1999, Pages 89-101 Paris, pp. 89–101
  72. (en) Committee to Assess Health Risks from Exposure to Low Levels of Ionizing Radiation, National Research Council, Health Risks from Exposure to Low Levels of Ionizing Radiation : BEIR VII – Phase 2, Washington, DC, National Academy Press, (ISBN 0-309-53040-7, prĂ©sentation en ligne, lire en ligne)
  73. Biophysique (p. 62 & suivantes), Pierre Galle, Raymond Paulin, Elsevier Masson, 2000 (ISBN 2-225-85636-2).
  74. Radiation and Health, Thormod Henriksen & Biophysics group at UiO, 2013.
  75. CellulÀr och molekylÀr respons pÄ lÄga doser av joniserande strÄlning
  76. Scherb H, Kusmierz R & Voigt K (2019) Secondary sex ratio and trends in the associated gender-specific births near nuclear facilities in France and Germany: Update of birth counts. Reproductive Toxicology, 89, 159-167.
  77. D'aprĂšs La relation dose-effet et l’estimation des effets cancĂ©rogĂšnes des faibles doses de rayonnements ionisants. Maurice Tubiana et AndrĂ© Aurengo, Rapport Ă  l'AcadĂ©mie nationale de mĂ©decine, octobre 2004.
  78. Azzam E.I (2019) What does radiation biology tell us about potential health effects at low dose and low dose rates. Journal of Radiological Protection (résumé).
  79. voir l'article Transmission génétique ou épigénétique ? de la page 5, de la [www.irsn.fr/FR/IRSN/Publications/Magazine-Reperes/archives/Documents/IRSN_magazine-reperes42-201906.pdf revue repÚre de l'IRSN, no 42], juin 2019
  80. ThĂšse de Marie Trijau faite au Laboratoire d’écotoxicologie des radionuclĂ©ides (Leco) : Trijau, M. (2018). Approche molĂ©culaire et mĂ©caniste de la rĂ©ponse transgĂ©nĂ©rationnelle lors d'une irradiation gamma chronique chez le cladocĂšre Daphnia magna (Doctoral dissertation, Aix-Marseille)
  81. D'aprĂšs Effet bystander, Institut de Physiologie et Biologie Cellulaires- UMR 6187 U. Poitiers & C.N.R.S.
  82. Mothersill, Seymour, Radiation-induced bystander effects: Relevance for radiation protection of human and non-human biota, Radioprotection 2005 Vol. 40, no 3, pages 297 Ă  306.
  83. The radiation-induced bystander effect, Oleg V. Belyakov
  84. 2000: Chenal C; Legue F; Nourgalieva K; Brouazin-Jousseaume V; Durel S; Guitton N, Exposition of humans to low doses and low dose rate irradiation : an urgent need for new markers and new models in Radiatsionnaia biologiia, radioecologiia / Rossiiskaia akademiia nauk 2000;40(5):627-9.
  85. Commentary on Fukushima and Beneficial Effects of Low Radiation, Jerry M. Cuttler, Dose-Response (Prepress)
  86. Muller’s Nobel lecture on dose–response for ionizing radiation: ideology or science?, Edward J. Calabrese, Archives of Toxicology, DOI 10.1007/s00204-011-0728-8
  87. How a ‘Big Lie’ Launched The LNT Myth and The Great Fear of Radiation, Interview Dr Edward Calabrese, 21st Century Science & Technology, Fall 2011.
  88. « laradioactivite.com/fr/site/pa
 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).
  89. Radiation in Medicine: A Need for Regulatory Reform, Appendix K, Committee for Review and Evaluation of the Medical Use Program of the Nuclear Regulatory Commission, Institute of Medicine, National Academy Press (1996)
  90. Evaluation of the Linear-Nonthreshold Dose-Response Model for Ionizing Radiation, National Council on Radiation Protection and Measurements, Report No 136 (2001)
  91. S F Mobbs et al., Risks from ionising radiation: an HPA viewpoint paper for Safegrounds, JOURNAL OF RADIOLOGICAL PROTECTION 31:289–307 (2011)
  92. « EPA accepts the recommendations in the BEIR VII and ICRP Reports to the effect that there is strong scientific support for LNT and that there is no plausible alternative at this point. However, research on low dose effects continues and the issue of low dose extrapolation remains unsettled. » Source : EPA Radiogenic Cancer Risk Models and Projections for the U.S. Population, U.S. Environmental Protection Agency, rapport EPA 402-R-11-001, avril 2011
  93. Faible niveau de rayonnement : Comment le modÚle linéaire sans seuil assure la sécurité des Canadiens, Commission canadienne de sûreté nucléaire, 16 décembre 2009
  94. « The choice of the extrapolation model depends on the current understanding of the mechanisms of carcinogenesis, and no single mathematical procedure can be regarded as fully appropriate for low-dose extrapolation. » Source: Air Quality Guidelines for Europe, Second Edition, WHO Regional Publications, European Series, No. 91, World Health Organization, Regional Office for Europe, Copenhagen (2000)
  95. « In the absence of reliable data on the effects of low doses, it is often assumed that extrapolation to low doses should be linear and without a threshold. This assumption remains controversial, some people contending that a threshold does exist, others contending that the risks are higher than those estimated from a linear relationship and still others contending that low exposures may be beneficial. » Source: IARC MONOGRAPHS ON THE EVALUATION OF CARCINOGENIC RISKS TO HUMANS VOLUME 75, Ionizing Radiation, Part 1: X- and Gamma (γ)-Radiation, and Neutrons, Centre international de recherche sur le cancer, Organisation mondiale de la santé (2000)
  96. A. Rannou et P. Gourmelon, Eléments de réflexion sur le risque sanitaire posé par le tritium, Livre blanc sur le tritium, Autorité de sûreté nucléaire (2009)
  97. Guidelines for Determining the Probability of Causation and Methods for Radiation Dose Reconstruction Under the Employees Occupational Illness Compensation Program Act of 2000, 42 CFR Parts 81 and 82, Final Rules, Department of Health and Human Services, loi du 2 mai 2002
  98. Mark J. Parascandola, Spheres of influence - compensating for cold-war cancers, Environmental Health Perspectives 110(7):A404-A407 (2002)
  99. Steve Wing and David Richardson, Use of A-bomb survivor studies as a basis for nuclear worker compensation (Letter), Environmental Health Perspectives 110(12):A739 (2002)
  100. Marshall Islands Nuclear Claims Tribunal, Republic of the Marshall Islands
  101. Janet Burton Seegmiller, Nuclear Testing and the Downwinders, Utah History to Go
  102. Kenneth L. Mossman, The LNT Debate in Radiation Protection: Science vs. Policy, Dose-Response (Prepress), 2011
  103. RADIATION STANDARDS: Scientific Basis Inconclusive, and EPA and NRC Disagreement Continues, GAO/RCED-00-152, United States General Accounting Office, juin 2000
  104. Les faibles doses de rayonnement - Introduction, Société française d'énergie nucléaire
  105. Technical Brief for ANS Position Statement on the Health Effects of Low-Level Radiation, American Nuclear Society, avril 1999
  106. Carl J. Johnson, Funding of Radiation Protection Standards Research, Letters to the editor, American Journal of Public Health 69(2):181 (1979)
  107. Rudi H. Nussbaum, Manipulating Public Health Research: The Nuclear and Radiation Health Establishments (commentary), International Journal of Occupational and Environmental Health 13(3):328–330 (2007)
  108. « It is estimated that reducing the maximum allowable exposure by a factor of ten would cost the nuclear industry about $500 million per year and would not reduce total population exposures in man-rem, that is, it would merely distribute it among more people. But even if it would eliminate all exposures, it would be difficult to justify spending $500 million to save 10 lives when our society can save a life for every $25,000 spent on medical screening programs and for every $100,000 spent on highway or automobile safety devices. » Source: BL Cohen, On cancer and low level radiation : what is the misunderstanding all about? (commentary), Bulletin of the atomic scientists 35(2):53-56, février 1979
  109. Risk Assessment - Position Statement of the Health Physics Society, Health Physics Society, adoptée en juillet 1993, version révisée d'avril 1995
  110. Rudi H. Nussbaum, The linear no-threshold dose-effect relation: Is it relevant to radiation protection regulation?, Medical Physics 25(3):291-299 (1998)
  111. Donald Higson, The Australasian Radiation Protection Society's Position Statement on Risks from Low Levels of Ionizing Radiation, Dose-Response 5:299–307 (2007)
  112. Colin G. Orton et William R. Hendee, Controversies in Medical Physics: a Compendium of Point/Counterpoint Debates, American Association of Physicists in Medicine, College Park, février 2008
  113. Cardis E, Vrijheid M, Blettner M et al. Risk of cancer after low doses of ionising radiation: retrospective cohort study in 15 countries. BMJ 2005; 331:77.
  114. Jerome S. Puskin, Perspective on the Use of LNT for Radiation Protection and Risk Assessment By The U.S. Environmental Protection Agency, Dose-Response 7(4):284–291, 2009
  115. Maurice Tubiana et al., The Linear No-Threshold Relationship Is Inconsistent with Radiation Biologic and Experimental Data, Radiology 251:13-22, 2009
  116. Vaiserman, A., Koliada, A., & Socol, Y. (2019) Hormesis Through Low-Dose Radiation. In The Science of Hormesis in Health and Longevity (pp. 129-138). Academic Press (résumé).
  117. Edward J. Calabrese and Linda A. Baldwin, Hormesis as a biological hypothesis, Environmental Health Perspectives 106(Suppl. 1):357–362, 1998
  118. L E Feinendegen, Evidence for beneïŹcial low level radiation effects and radiation hormesis, The British Journal of Radiology, 78:3–7, 2005
  119. The adaptive response in radiobiology: evolving insights and implications, S Wolff, Environ Health Perspect. 1998 February; 106(Suppl 1): 277–283.
  120. Evidence for beneficial low level radiation effects and radiation hormesis, L E Feinendegen, British Journal of Radiology (2005) 78, 3-7.
  121. PhénomÚne adaptatif : hormesis, G. Meyniel, Doyen honoraire de la Faculté de Médecine - Clermont-Ferrand, Revue de l'ACOMEN, 1998, vol.4, no 4
  122. High Levels of Natural Radiation in Ramsar, Iran Mortazavi1 & Karam
  123. High natural background radiation areas in Ramsar, Iran: can inhabitants feel safe? International Journal of Low Radiation 2006 - Vol. 3, No.2/3 pp. 171 - 177
  124. Cancer incidence in areas with elevated levels of natural radiation, S.M.J. Mortazavi, M. Ghiassi-Nejad, P.A. Karam, T. Ikushima, A. Niroomand-Rad, J.R. Cameron, International Journal of Low Radiation 2006 - Vol. 2, No.1/2 pp. 20 - 27.
  125. (en) M. Ghiassi-nejad, S. M. J. Mortazavi, J. R. Cameron, A. Niroomand-rad et P. A. Karam, « Very high background radiation areas of Ramsar, Iran: preliminary biological studies », Health Physics, vol. 82, no 1,‎ , p. 87-93 (rĂ©sumĂ©, lire en ligne)
  126. (en) Alireza Mosavi-Jarrahi, Mohammadali Mohagheghi, Suminori Akiba, Bahareh Yazdizadeh, Nilofar Motamedi et Ali Shabestani Monfared, « Mortality and morbidity from cancer in the population exposed to high level of natural radiation area in Ramsar, Iran », International Congress Series, vol. 1276,‎ , p. 106–109 (rĂ©sumĂ©)
  127. (en) Y. Tabarraie, S. Refahi, M.H. Dehghan et M. Mashoufi, « Impact of High Natural Background Radiation on Woman's Primary Infertility », Research Journal of Biological Sciences, vol. 3, no 5,‎ , p. 534-536 (rĂ©sumĂ©, lire en ligne)
  128. Voir le numéro spécial de Journal of Radiation Research Vol. 41 (2000), SUPPL High Background Radiation Area in China
  129. Cancer mortality in the high background radiation areas of Yangjiang, China during the period between 1979 and 1995., Tao Z, Zha Y, Akiba S, Sun Q, Zou J, Li J, Liu Y, Kato H, Sugahara T, Wei L. J Radiat Res, 41: SUPPL., 31– 41 (2000)
  130. Health Physics Society, Answer to Question #1254 Submitted to "Ask the Experts"
  131. Jolyon H Hendry et al., Human exposure to high natural background radiation: what can it teach us about radiation risks?, Journal of Radiological Protection Volume 29(2A):A29–A42, 2009
  132. John D. Boice Jr. at al., Low-dose-rate epidemiology of high background radiation areas, Radiation Research 173(6):849–854, 2010
  133. Chernobyl’s Legacy: Health, Environmental and Socio-Economic Impacts. The Chernobyl Forum: 2003–2005 - Second revised version. IAEA Division of Public Information
  134. Ivanov V, Ilyin L, Gorski A, Tukov A, Naumenko R. (2004) Radiation and epidemiological analysis for solid cancer incidence among nuclear workers who participated in recovery operations following the accident at the Chernobyl NPP. J. Radiat. Res. (Tokyo) |45, 41-44
  135. UNSCEAR 2008 Report to the General Assembly with Scientific Annexes, VOLUME II, Annex D: Health effects due to radiation from the Chernobyl accident, UNSCEAR 2008
  136. Hatch M et al., The Chernobyl Disaster: Cancer following the Accident at the Chernobyl Nuclear Power Plant, Epidemiologic Reviews 27(1):56-66, 2005
  137. La relation dose-effet et l’estimation des effets cancĂ©rogĂšnes des faibles doses de rayonnements ionisants. Maurice Tubiana et AndrĂ© Aurengo, Rapport Ă  l'AcadĂ©mie nationale de mĂ©decine, octobre 2004. p. 26.
  138. Richard Wakeford, The silver anniversary of the Chernobyl accident. Where are we now? (editorial), Journal of Radiological Protection, 31(1):1–7, 2011
  139. Victor K Ivanov, Lessons from Chernobyl and prognosis for Fukushima: radiological consequences, Journal of Radiological Protection 32(1):N55–N58, 2012
  140. A.Ye. Romanenko et al., The Ukrainian-American study of leukemia and related disorders among Chornobyl cleanup workers from Ukraine: III. Radiation risks, Radiation Research 170(6):711-720, 2008
  141. Cardis E et Hatch M (2011), The Chernobyl Accident—An Epidemiological Perspective, Clinical Oncology 23(4):251-260
  142. Bertho J.M (2011), Tchernobyl, 25 ans aprÚs : Un bilan des effets sanitaires dans les territoires contaminés, IRSN, DRPH/SRBE, Laboratoire de radiotoxicologie expérimentale, Présentation au HuitiÚme congrÚs national de radioprotection « SFRP 2011 », Tours, 21, 22 & 23 juin 2011
  143. Groupe d'experts de la Commission Européenne (2011) Recent scientific findings and publications on the health effects of Chernobyl, Radiation Protection No 170, Summary report, Working Party on Research Implications on Health and Safety Standards of the Article 31
  144. Cohen B.L Test of the linear no-threshold theory of radiation carcinogenesis in the low dose, low dose rate region. Health Phys 68:157-174 (1995).
  145. « Le radon », sur Futura (consulté le ).
  146. D'aprĂšs Nonlinearity of Radiation Health Effects, Myron Pollycove, U.S. Nuclear Regulatory Commission, Washington, DC (February 1998).
  147. EPA Assessment of Risks from Radon in Homes, United States Environmental Protection Agency, EPA 402-R-03-003, juin 2003
  148. Health effects of exposure to radon: BEIR VI, National Research Council, National Academy Press, Washington, 1998
  149. (en) Ionizing Radiation, Part 2 : Some Internally Deposited Radionuclides, vol. 78, World Health Organization, International Agency for Research on Cancer, coll. « IARC Monographs on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans », (lire en ligne)
  150. Voir par exemple l'argument présenté par J H Lubin, The potential for bias in Cohen's ecological analysis of lung cancer and residential radon Jay H Lubin 2002 J. Radiol. Prot. 22 141-148, et Reply to Cohen's letter on 'The potential for bias in Cohen's ecological analysis of lung cancer and residential radon' 2002 J. Radiol. Prot. 22 307-309
  151. Fundamental Flaws of Hormesis for Public Health Decisions, Kristina A. Thayer, Ronald Melnick, Kathy Burns, Devra Davis, and James Huff, Environmental Health Perspectives Volume 113, Number 10, October 2005
  152. Stidley et Samet, Assessment of Ecologic Regression in the Study of Lung Cancer and Indoor Radon, American Journal of Epidemiology 139(3):312-322, 1994
  153. Lubin et Boice Jr, Lung Cancer Risk From Residential Radon: Meta-analysis of Eight Epidemiologic Studies, Journal of the National Cancer Institute 89(1):49-57, 1997
  154. Lagarde et Pershagen, Parallel Analyses of Individual and Ecologic Data on Residential Radon, Cofactors, and Lung Cancer in Sweden, American Journal of Epidemiology 149(3):268-274, 1999
  155. Mustafa Al-Zoughool et Daniel Krewski, Health effects of radon: A review of the literature, International Journal of Radiation Biology 85(1):57-69, 2009
  156. Duncan C. Thomas, Statistical methods in environmental epidemiology, Oxford University Press, 2009
  157. Michelle C. Turner, Radon and Lung Cancer in the American Cancer Society Cohort, Cancer Epidemiology Biomarkers & Prevention 20:438-448, 2011
  158. Test of the Linear-No Threshold Theory: Rationale for Procedures
  159. Cohen B (1990) Ecological versus case-control studies for testing a linear-no threshold dose-response relationship. |International Journal of Epidemiology, 19: 680– 684. (rĂ©sumĂ© / accĂšs payant pour l'article entier
  160. Cohen B.L (2001) Radon exposure and the risk of lung cancer, Letter to the Editor, J. Radiol. Prot. 21 64-65.
  161. « The weight of evidence is that the ecological analyses of Cohen can be rejected », source (en) Ionizing Radiation, Part 2 : Some Internally Deposited Radionuclides, vol. 78, World Health Organization, International Agency for Research on Cancer, coll. « IARC Monographs on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans », (lire en ligne)
  162. Clement C.H, Tirmarche M, Harrison J.D, Laurier D, Paquet F, Blanchardon E & Marsh J.W (2010) Lung cancer risk from radon and progeny and statement on radon. Annals of the ICRP, 40(1), 1-64.
  163. Is Chronic Radiation an Effective Prophylaxis Against Cancer?, Chen WL, Luan YC, Shieh MC, et al., Journal of American Physicians and Surgeons Volume 9 Number 1 Spring 2004.
  164. Effects of Cobalt-60 Exposure on Health of Taiwan Residents Suggest New Approach Needed in Radiation Protection, Dose Response. 2007; 5(1): 63–75.
  165. (en) Hwang SL, Guo HR, Hsieh WA, Hwang JS, Lee SD, Tang JL, Chen CC, Chang TC, Wang JD, Chang WP, « Cancer risks in a population with prolonged low dose-rate Îł-radiation exposure in radiocontaminated buildings, 1983 – 2002 », International Journal of Radiation Biology, vol. 82, no 12,‎ , p. 849-858 (rĂ©sumĂ©)
  166. « Their analysis did not consider risk factors like attained age, sex, age at initial exposure et al. [
] The average follow-up period since initial exposure was still too short to observe the development of the whole spectrum of cancers in this cohort. » Source: ibidem
  167. (en) Su-Lun Hwang, Jing-Shiang Hwang, Yi-Ta Yang, Wanhua A. Hsieh, Tien-Chun Chang, How-Ran Guo, Mong-Hsun Tsai, Jih-Luh Tang, I-Feng Lina, Wushou Peter Chang, « Estimates of Relative Risks for Cancers in a Population after Prolonged Low-Dose-Rate Radiation Exposure: A Follow-up Assessment from 1983 to 2005 », Radiation Research, vol. 170,‎ , p. 143-148 (rĂ©sumĂ©)
  168. SynthĂšse des articles scientifiques, CEA, 2004
  169. Cytogenetic effect of chronic low-dose, low-dose-rate Îł-radiation in residents of irradiated buildings, The Lancet, Volume 350, Issue 9074, Pages 330 - 333, 2 August 1997
  170. (en) Wanhua Annie Hsieh, I-Feng Lin, Wushou P. Chang, Wei-Li Chen, Yea H. Hsu, Muh-Shy Chen, « Lens Opacities in Young Individuals Long after Exposure to Protracted Low-Dose-Rate Îł Radiation in 60Co-Contaminated Buildings in Taiwan », Radiation Research, vol. 173, no 2,‎ , p. 197-204 (rĂ©sumĂ©)
  171. Physical heights of children with prolonged low dose-rate Îł-radiation exposure in radiocontaminated buildings, International journal of radiation biology ISSN 0955-3002/
  172. Faibles doses de radioactivité : une révolution dans la radioprotection, Emmanuel Grenier, Fusion no 77, 1999.
  173. Berrington dG & Darby S (2004) Risk of cancer from diagnostic X-rays: estimates for the UK and 14 other countries. Lancet ;363:345-51.
  174. Le Radon, MinistÚre chargé de la santé,
  175. Impact sanitaire du radon domestique : de la connaissance Ă  l’action. Institut de veille sanitaire, Bulletin EpidĂ©miologique Hebdomadaire 15 mai 2007 / no 18-19.
  176. Radon et cancer, Organisation mondiale de la santé, Aide-mémoire no 291, mise à jour en octobre 2009
  177. Fiche repùre : radon et cancer, État des connaissances au 10 octobre 2011, Institut national du cancer
  178. Sources et effets du radon, Unité Protection sanitaire contre les rayonnements ionisants et toxiques nucléaires (Prositon), Commissariat à l'énergie atomique
  179. Le radon, Autorité de sûreté nucléaire, mis à jour le 15 décembre 2011
  180. Que faut-il savoir du radon ?, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
  181. Le radon, Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail, 2008
  182. Avis sur les projets de dĂ©cret et d’arrĂȘtĂ©s relatifs Ă  la protection des personnes contre le risque liĂ© au radon dans les bĂątiments, Haut Conseil de la santĂ© publique, 17 mars 2010
  183. Waste Isolation Pilot Plant (WIPP)
  184. Tom Foremski, Intel Is Investigating Server Errors Caused By Background Radiation ; Silicon valley watcher ; 2011-08-15
  185. [https://www.nap.edu/resource/26434/Low-Dose_Radiation_Highlights.pdf Faits marquants du rapport des Académies nationales des sciences, de l'ingénierie et de la médecine

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.