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Bataille de la Marne (1918)

La seconde bataille de la Marne, parfois appelée bataille de Reims, est une série d'offensives allemandes et de contre-offensives alliées, qui se sont déroulées dans le Nord-Est de la France du au , avec des événements décisifs du au .

Seconde bataille de la Marne
Description de cette image, également commentée ci-après
Première période : offensives allemandes
(du 27 mai au 18 juillet 1918).
Informations générales
Date du au
Lieu Marne
Issue Victoire décisive des Alliés
Forces en présence
1 160 000 hommes rĂ©partis en :

Drapeau de la France 44 divisions
Drapeau des États-Unis 8 divisions
Drapeau du Royaume-Uni 4 divisions
Drapeau de l'Italie 2 divisions
et disposant de :
408 mitrailleuses lourdes
360 batteries d'artillerie

346 chars de combat
1 300 000 hommes rĂ©partis en :

Drapeau de l'Empire allemand 52 divisions



et disposant de :
609 mitrailleuses lourdes

1 047 batteries d'artillerie
Pertes
125 000 hommes168 000 hommes
3 300 mitrailleuses
500 canons
35 000 prisonniers

Première Guerre mondiale

Batailles

Offensive du printemps :

CoordonnĂ©es 49° 05′ nord, 3° 40′ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Seconde bataille de la Marne
GĂ©olocalisation sur la carte : Champagne-Ardenne
(Voir situation sur carte : Champagne-Ardenne)
Seconde bataille de la Marne
GĂ©olocalisation sur la carte : Marne
(Voir situation sur carte : Marne)
Seconde bataille de la Marne

Cet épisode de la Première Guerre mondiale s'est soldé par une victoire décisive des Alliés.

Contexte et prélude

Libérées du front de l’Est par le traité de Brest-Litovsk, les divisions d'infanterie allemandes sont amenées rapidement par le chemin de fer pour renforcer le front de l'Ouest, en vue d'une offensive que l'Empire allemand souhaite décisive.

Offensive Michael

Operation Michael (sur le front de l'Aisne et de la Marne), opération allemande du printemps 1918 appelée également bataille de l'Empereur.

L'« opĂ©ration Michael » commença le matin du en Picardie, par un bombardement d'artillerie assez court mais extrĂŞmement violent. Avant que les dĂ©fenseurs britanniques Ă©tourdis ne puissent rĂ©agir, des Ă©quipes spĂ©ciales de troupes d'assaut allemandes sortirent du brouillard et de la fumĂ©e pour attaquer ou contourner les points stratĂ©giques des lignes. Pris par surprise, dĂ©bordĂ©s et submergĂ©s, les dĂ©fenseurs reculèrent sur tout le front, une large brèche s'ouvrit, permettant aux Allemands d'avancer de plus de 50 km. Plus de 160 000 Britanniques furent mis hors de combat.

Mais la percée ne réussit pas, parce qu'Erich Ludendorff, qui ne rencontrait pourtant que peu d'opposition sur sa gauche, continua à concentrer ses réserves devant Arras, où la résistance britannique devint de plus en plus forte. Malgré les appels désespérés de Haig, Foch refusa d'engager ses réserves restreintes. Haig dut faire venir d'urgence des renforts du Royaume-Uni et le QG britannique dut retirer des divisions d'autres théâtres d'opérations.

Ce n'est que le que Ludendorff songea brusquement aux possibilités qui se présentaient du côté de la Somme, pour effectuer une percée rapide et décisive en direction de Paris, mais il était trop tard. Deux jours auparavant, les Alliés s'étaient mis d'accord pour confier au général Foch le commandement unique sur le front occidental. Un de ses premiers actes de commandement fut d'employer une partie de ses maigres réserves pour boucher la dangereuse brèche sur la Somme. Au début d'avril 1918, l'offensive Michael était arrêtée dans la région de Montdidier.

Offensives allemandes du 27 mai au 18 juillet 1918

Offensive dans l’Aisne

Troupes françaises sous le commandement du général Gouraud, avec leurs mitrailleuses parmi des ruines d'une église près de la Marne, repoussant les Allemands. 1918.

Ludendorff concentre 42 divisions sous le commandement de von Boehn, chef de la VIIe armée, qui tient le front entre Pontoise-lès-Noyon et Berry-au-Bac. L'aile gauche de la VIIe armée est prolongée par 4 divisions de la Ire armée (von Below) qui occupent le secteur de Berry-au-Bac à Reims et prendront part à l'attaque.

Le 27 mai, l’offensive allemande se déclenche près de l’Aisne, à partir du Chemin des Dames, où, l’année précédente, les Français avaient échoué dans une attaque meurtrière. La préparation d’artillerie commence par des tirs d’obus à gaz, puis devient mixte, mais avec plus de cinquante pour cent d’obus toxiques. Après le , 5 autres divisions seront encore engagées, soit au total 47 divisions, correspondant à près de 60 françaises.

L'école de Belleau après la bataille.

L’offensive s’arrĂŞte dix jours plus tard en raison de l'Ă©puisement des assaillants, mais ceux-ci ont avancĂ© de 45 km, pris Château-Thierry et sont Ă  70 km de Paris. Ils devaient absolument tâcher de rectifier leurs lignes, en conquĂ©rant du terrain entre les deux saillants importants près d'Arras et de Reims (ce dernier tenu avec tĂ©nacitĂ© par le gĂ©nĂ©ral Petit et sa 134e D.I.), et un autre plus petit le long de la Lys. Ils appliquèrent d'abord leur effort aux deux zones qui encadraient Compiègne, en attaquant par les deux flancs le . Mais leur offensive Ă©tait assez mal organisĂ©e et ils durent subir eux-mĂŞmes des attaques au gaz moutarde, de sorte que les troupes françaises, bien secondĂ©es par la 2e division d’infanterie amĂ©ricaine Ă  Bois-Belleau et Ă  Vaux, purent rĂ©sister.

Friedensturm

Chars Mark IV britanniques aux mains des Allemands entre l'Aisne et la Marne.

Pressés d'en finir et hypnotisés, comme en 1914, par Paris qu'ils menacent à la fois par la vallée de l'Oise au nord, par les vallées de l'Ourcq et de la Marne à l'est, les Allemands décident une nouvelle offensive, plus formidable encore. C'est le « Friedensturm » ou « offensive de la paix ».

Ludendorff projette, par une attaque frontale, de séparer les armées alliées du nord de celles de l'est, en tournant d'une part, Verdun par Sainte-Menehould et la vallée de l'Aisne supérieure, d'autre part, Reims et la montagne de Reims par la vallée de la Marne.

Pendant toute la journée du , malgré les épais rideaux de fumée qui les dissimulent, les avions alliés repèrent les ponts jetés sur la Marne et les bombardent à faible altitude. Ils en détruisent plusieurs et précipitent les troupes et les convois dans la rivière.

Ensuite, ils attaquent à la mitrailleuse les troupes qui ont débouché sur la rive sud. Trente passerelles moins vulnérables sont installées. Malgré un léger avantage tactique acquis au sud-ouest de Reims et sur la Marne, l'offensive de Ludendorff a complètement échoué en Champagne. Renonçant à tourner Reims par l'est, il cherche à déborder la montagne de Reims par le sud.

Il tente une manœuvre périlleuse, dictée autant par la témérité que par la méconnaissance des ressources des alliés qu'il croit épuisées, et s'acharne en direction d'Épernay. Ludendorff jette ses troupes sans compter, s'efforçant ainsi d'atteindre le but fixé. Il lance par cinq fois, en cinq endroits différents, de grosses attaques, mais dans l'ensemble, il est repoussé.

En effet, auparavant, entre le 11 et le , le 2e corps d'armĂ©e italien s'Ă©tait dĂ©ployĂ© le long de la rivière Ardre (Marne), intĂ©grĂ© dans la Ve armĂ©e française. Le gĂ©nĂ©ral Albricci Ă©tablit son Ă©tat-major Ă  Hautvillers. Ă€ partir du , lors des violents combats de Bligny, les troupes italiennes parviennent Ă  stopper l'offensive au prix de 4 000 morts et 4 000 prisonniers, empĂŞchant l'armĂ©e allemande de s'emparer de son objectif sur ce secteur du front, Ă  savoir la ville d'Épernay. Dans la vallĂ©e de l'Ardre, Ludendorff doit mĂŞme se dĂ©fendre contre des retours offensifs.

Les contre-offensives alliées du 18 juillet au 6 août

Les contre-offensives alliées.

Au moment même où les divisions allemandes se massent vers le flanc est de la poche, l'équivalent de 21 divisions alliées se hâtent vers le flanc ouest à partir de la forêt de Villers-Cotterêts.

Le colonel Grasset, dans l'ouvrage « la Grande guerre racontée par les combattants », édition 1922, donne un descriptif intéressant des troupes alliées qui se sont élancées à partir du pour la seconde bataille de la Marne :

« Les 26e, 69e, 167e, 168e, 169e, 164e, 418e, 265e, 72e, 91e, 136e, 23e, 42e, 128e, 48e, 70e, 71e, 9e, 11e, 20e, 8e, 110e, 208e, 133e, 152e, 170e, 174e, 409e régiments d'infanterie française ; les 1er, 4e, 8e, 9e zouaves français ; les 7e, 8e, 9e tirailleurs algériens ; les 1er et 4e mixtes zouaves-tirailleurs ; les 2e, 4e, 41e, 43e, 59e bataillons de chasseurs à pied ou alpins français ; les régiments marocains, malgaches et russes, ainsi que la 1re division d'Infanterie américaine, la Big red one, se ruent à l'assaut. Enfin les nouveaux chars Renault FT sont employés pour la première fois et rencontrent le succès partout où ils sont engagés. »

En deux jours, le nombre des prisonniers dĂ©passe 17 000 hommes et 360 canons ont Ă©tĂ© capturĂ©s. Surpris, les Allemands engagent 4 divisions de renfort au centre. Vers 18 heures, ils ont repris Vierzy, mais sans le garder. Les AlliĂ©s sont Ă  moins de 15 kilomètres de la gare de Fère-en-Tardenois, l’unique voie ferrĂ©e Ă©tant sous le feu de l'artillerie. Le 20, les Allemands prĂ©lèvent des divisions sur les armĂ©es voisines et engagent la 5e division de la Garde contre l'armĂ©e Degoutte, deux divisions et des Ă©lĂ©ments retirĂ©s de la Marne, contre l'armĂ©e Mangin.

Malgré ces renforts, le la gare est prise par les Alliés et le tout le terrain est repris. Les chars d’assaut ont prouvé leur efficacité : grâce à eux, pour la première fois de la guerre, l'offensive reprend l'avantage face à la défense qui avait enlisé le front pendant plus de trois ans.

Offensive de Mangin (Xe armée) entre l'Oise et l'Ourcq

Offensive de Degoutte (VIe armée) entre l'Ourcq et la Marne

Cette offensive du général Degoutte s'appuie sur 9 divisions dont 3 américaines

Offensive de de Mitry (IXe armée) au sud de la Marne

L'offensive menée sous les ordres du général Antoine de Mitry s'est déroulée comme suit :

  • : introduction de la IXe armĂ©e sur le front entre Festigny-les-Hameaux Ă  droite et Vaux Ă  gauche
  • : engagement dans la deuxième bataille de la Marne : offensive vers la Marne
  • : franchissement de la Marne
  • : retrait du front

Offensive de Berthelot (Ve armée) à l'ouest de Reims

Cette offensive du général Berthelot repose sur 16 divisions dont 2 italiennes et 3 américaines

  • au : progression au nord de la Marne, combats sur l’Ardre et Ă  l’ouest de Reims

Bilan

Le décret du , nommant le général Foch maréchal de France, motivait cette nomination par le simple résumé des résultats obtenus dans la deuxième victoire de la Marne :

« ... Paris dĂ©gagĂ©, Soissons et Château-Thierry reconquis de haute lutte, plus de 200 villages dĂ©livrĂ©s, 35 000 prisonniers allemands, 700 canons allemands capturĂ©s, 3 300 mitrailleuses allemandes capturĂ©es, les espoirs hautement proclamĂ©s par l’ennemi avant son attaque Ă©croulĂ©s, les glorieuses armĂ©es alliĂ©s jetĂ©es dans un seul Ă©lan victorieux des bords de la Marne aux rives de l’Aisne, tels sont les rĂ©sultats d’une manĹ“uvre aussi admirablement conçue par le haut commandement français que superbement exĂ©cutĂ©e par des chefs et des soldats incomparables. »

Mais, le nouveau maréchal pense déjà à réduire les saillants de Montdidier et de la Lys et va engager la troisième bataille de Picardie.

MĂ©daille et diplĂ´me

  • TARDENOIS 1918, SACONIN 1918, BREUIL 1918 sont inscrits sur le drapeau des rĂ©giments citĂ©s lors de cette bataille.
  • DiplĂ´me de la bataille de la Marne dĂ©cernĂ© au lieutenant-colonel BrĂ©bant du 48e R.I., les honneurs Ă  nos morts, signĂ© gĂ©nĂ©ral Joffre, gĂ©nĂ©ral Foch.
    Diplôme de la bataille de la Marne décerné au lieutenant-colonel Brébant du 48e R.I., les honneurs à nos morts, signé général Joffre, général Foch.

Lieux de mémoire

Texte commémoratif sur le monument américain de Château-Thierry.
  • Belleau (Aisne), l'ensemble du bois est dĂ©diĂ© Ă  la bataille homonyme, avec un mĂ©morial dans une clairière au centre du bois ainsi qu'un musĂ©e qui se trouve dans le centre du village..
  • Château-Thierry (Aisne), l'impressionnant monument amĂ©ricain surplombe la ville et comporte une carte et un descriptif de la seconde bataille de la Marne. Le descriptif du monument est toutefois critiquable, exaltant uniquement la gloire des soldats amĂ©ricains. Pas loin de vingt divisions françaises ont participĂ© activement Ă  la contre-attaque du 18 au . 200 000 soldats français ont Ă©tĂ© tuĂ©s ou blessĂ©s du 15 au .
  • Dormans (Marne) :
    • dans le cimetière, la statue d'un poilu bleu horizon dĂ©fie les annĂ©es et l'oubli. Il veille sur les deux tombes mitoyennes de RenĂ© Guibert de la classe 1915 et AndrĂ© Faille de la classe 17. Les 1 500 soldats inconnus reposent dans l'ossuaire oĂą a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e de la terre de Dachau et de Monte Cassino.
    • Derrière le château, le mĂ©morial des batailles de la Marne commĂ©more les Ă©vĂ©nements. Sur le livre d'or, quelqu'un a Ă©crit cette phrase : « Les seuls combats perdus sont ceux que l'on abandonne. »

Références et sources

Références

    Sources

    Voir aussi

    Articles connexes

    Bibliographie

    Liens externes

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