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Bataille du Hartmannswillerkopf

La bataille du Hartmannswillerkopf ou bataille du Vieil-Armand est une bataille de la Première Guerre mondiale. Elle a lieu du 19 janvier 1915 au 8 janvier 1916 sur le Hartmannswillerkopf, une montagne des Vosges (956 mètres d’altitude) situĂ©e maintenant dans le dĂ©partement du Haut-Rhin, en Alsace, rĂ©gion française, mais Ă  l'Ă©poque sur le territoire allemand.

Bataille du Hartmannswillerkopf / bataille du Vieil-Armand
Description de cette image, également commentée ci-après
Les pentes du Hartmannswillerkopf en 1915.
Informations générales
Date du au
Lieu Hartmannswillerkopf, France
Issue Progression française jusqu'au sommet géographique (957m), puis stabilisation de la ligne de front
Belligérants
Drapeau de la France FranceDrapeau de l'Empire allemand Empire allemand
Forces en présence
3e armée française
66e division d'infanterie
29e brigade d'infanterie
Pertes
(estimation) 15 000 morts et 50 000 blessĂ©s(estimation) 15 000 morts et 50 000 blessĂ©s

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CoordonnĂ©es 47° 51′ 40″ nord, 7° 09′ 40″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Haut-Rhin
(Voir situation sur carte : Haut-Rhin)
Bataille du Hartmannswillerkopf / bataille du Vieil-Armand
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Bataille du Hartmannswillerkopf / bataille du Vieil-Armand
GĂ©olocalisation sur la carte : Alsace
(Voir situation sur carte : Alsace)
Bataille du Hartmannswillerkopf / bataille du Vieil-Armand

Cette bataille se déroule sur un front secondaire du conflit mais la violence des combats et la rigueur du climat des hautes-Vosges l’ont rendue aussi terrifiante que celles plus célèbres de la Marne, de Verdun ou de la Somme. Ainsi ce conflit a donné à la montagne du Hartmannswillerkopf le surnom de « Vieil-Armand » et les abréviations usuelles de « HWK » ou « HK », mais on l’a également appelé « la mangeuse d’hommes »…

Contexte

Au tout début de la Première Guerre mondiale, le plan français prévoit une offensive par le sud de l’Alsace. Les troupes françaises obtiennent alors de rapides succès et parviennent même à conquérir Mulhouse par deux fois, dès le et le . Après les défaites en Lorraine, les Français se replient et abandonnent définitivement Mulhouse le . Le front en Alsace se stabilise ensuite pour le restant de la guerre sur une ligne Pfetterhouse - Altkirch - Thann - Hartmannswillerkopf - Munster - Col du Linge - Col du Bonhomme. À partir du mois de , l'armée française commence à s’intéresser au Hartmannswillerkopf qui, par sa position avancée dans la plaine d’Alsace et sa situation sur la ligne de front, constitue un excellent observatoire à partir duquel on peut aisément surveiller la plaine de Cernay à Rouffach en passant par Mulhouse.

Description du champ de bataille

La bataille se dĂ©roule dans les derniers contreforts du sud des Vosges. On trouve d'ouest en est le sommet du Molkenrain d'altitude 1 125 mètres occupĂ© par les Français Ă  partir du , puis le col du Silberloch et enfin le massif du Hartmannswillerkopf. Ce dernier dĂ©bouche sur la plaine d'Alsace par plusieurs avancĂ©es, on trouve du nord au sud une première avancĂ©e appelĂ©e « cuisse gauche », puis la « cuisse droite » ou « Aussichtfelsen » (rocher panorama) et le « Rehfelsen ». Ces trois avancĂ©es se rejoignent sur le Hartmannswillerkopf haut de 956 mètres.
Plus au Sud, dominant Wattwiller, se trouve le sommet du Hirtzenstein (572 m) qui fera l'objet de nombreux combats au cours de cette bataille.

DĂ©roulement de la bataille

Premiers combats

Le des patrouilles allemandes du Landwehr Infanterie Regiment 123 (Ldw. Inf. Rgt. 123), une unité de réserve, effectuent des reconnaissances dans les forêts autour du Hartmannswillerkopf et signalent l’absence d’ennemis mais le une patrouille du 69e régiment d’infanterie allemand (Inf. Rgt.) tombe sur des Français. Des tirs sont échangés et trois Allemands sont blessés. Le jour de Noël, les chasseurs alpins du 28e BCA (Bataillon de Chasseurs Alpins) occupent le plateau du « Silberloch » et installent un poste avancé occupé par trente hommes à l’ouest du sommet. Il s’agit là de la première position permanente sur le Hartmannswillerkopf.

Le le Ldw. Inf. Rgt. 123 commence à installer un poste d’observation occupé par quarante hommes à l’est du sommet tout en ignorant la présence des Français à proximité.

Le , une patrouille de reconnaissance allemande se dirige vers l’ouest et essuie des tirs français. Le poste d’observation allemand est ensuite attaqué à son tour. Les Allemands envoient une nouvelle patrouille en reconnaissance et un des soldats qui la compose, le Wehrmann (soldat) Maximilian Ott de la 8e compagnie du Ldw. Inf. Rgt. 123, est tué. Il est la première victime allemande du Hartmannswillerkopf ; des milliers d’autres soldats vont connaître le même sort durant les mois qui suivent.

Le , la 8e compagnie du Ldw. Inf. Rgt. 123 et des éléments du Landsturmbataillon Heidelberg tentent de prendre en tenaille le poste occupé par les chasseurs alpins mais ils échouent car des renforts français arrivent depuis le Silberloch.

Le , l’artillerie allemande intervient pour la première fois à 10 h 40 pour préparer un nouvel assaut et, à 13 h 30, le Ldw. Inf. Rgt. 123 attaque la position française mais toujours sans succès. En effet, les tireurs français embusqués dans les arbres (surnommés Baumaffen, soit « singes arboricoles », par les Allemands) font subir de lourdes pertes aux Allemands. Ceux-ci comptent 34 tués et 81 blessés ce jour-là et, à la suite de ce nouvel échec, ils font appel à des unités d’active plus aguerries pour conquérir le sommet.

Le , le 1. Rheinische Inf. Rgt. Nr. 25 conquiert le Hirtzenstein, un promontoire rocheux situĂ© Ă  570 m d’altitude, en contrebas du versant sud du Hartmannswillerkopf, et considĂ©rĂ© comme Ă©tant une position essentielle Ă  occuper pour permettre la prise du sommet. 42 chasseurs alpins du 28e BCA sont faits prisonniers et les Allemands tentent un nouvel assaut pour prendre le sommet. Diverses unitĂ©s prennent part Ă  cette attaque, dont des Ă©lĂ©ments des Ldw. Inf. Rgt. 119 et 123, le bataillon de chasseurs du 14. GroĂźherzoglich-Mecklenburgische Jägerbataillon et des Uhlans de la 42e brigade de cavalerie (ces derniers Ă©taient en fait des cavaliers mais ils ont Ă©tĂ© employĂ©s ici comme des fantassins). La position de la 1re compagnie du 28e BCA, aux ordres du lieutenant Canavy, est assiĂ©gĂ©e mais les Allemands ne parviennent pas Ă  la prendre malgrĂ© des assauts rĂ©pĂ©tĂ©s. Des Ă©lĂ©ments des 13e et 27e BCA se portent au secours de leurs camarades isolĂ©s mais ils ne rĂ©ussissent pas Ă  les dĂ©livrer. Le commandant BarriĂ©, Ă  la tĂŞte du 13e BCA, est tuĂ© durant ces combats. Les Allemands jettent alors de nouvelles unitĂ©s dans la bataille, des Ă©lĂ©ments du Inf. Rgt. Nr. 84 ("von Manstein"), le 1. ThĂĽringische Inf. Rgt. 31 et les 89. Schweriner Grenadiere.

Le , les Français tentent une nouvelle fois de briser l’encerclement de leur position avancĂ©e par des attaques massives des 18e, 27e et 53e BCA. Les deux camps subissent de lourdes pertes mais les Allemands obtiennent l’avantage grâce Ă  l’intervention inattendue d’un Minenwerfer (mortier) moyen. Cette arme, que les Allemands sont parvenus Ă  hisser sur le haut de la montagne en lui faisant gravir des pentes raides et verglacĂ©es, tire près de vingt obus de 50 kg sur la position française. Le , le bombardement redouble et l’abri du lieutenant est touchĂ©. Les Français cèdent alors et les survivants se rendent. Les Allemands font honneur aux courageux vaincus et c’est « l’arme Ă  l’épaule » que ceux-ci dĂ©filent dans les rues de Mulhouse en se rendant en captivitĂ©[1].

Le sommet est alors aux mains des Allemands mais les deux camps comptent plus de mille morts et ce n’est que le début, la bataille pour le « HWK » ne fait que commencer. Dès lors, les deux parties consolident leurs positions respectives. Des abris sont taillés dans la roche, des dépôts de munitions et des postes de secours sont érigés. Français et Allemands construisent aussi des routes d’accès au champ de bataille ; ces derniers ont même construit deux téléphériques pour faciliter le ravitaillement des premières lignes. Rien que du côté allemand, plus de mille ouvriers participent aux travaux de construction et plus de 170 ânes et mulets sont utilisés pour transporter les charges lourdes. Ceci démontre la grande importance qui était alors accordée au Hartmannswillerkopf.

Attaques françaises du printemps 1915

Le , après une préparation d’artillerie soutenue, les 7e, 13e et 53e BCA attaquent les positions allemandes mais ils sont repoussés par le Rheinische Inf. Rgt. 161, des éléments du Landsturmbataillon Mannheim et du 2. Schwadron Ulanen 11.

Le , après de nouveaux tirs de préparation d’artillerie sur le secteur Jägertanne tenu par la 3e compagnie du Inf. Rgt. 161, le 13e BCA conquiert la position allemande et anéantit ses occupants. Des contre-attaques menées par d’autres compagnies du Inf. Rgt. 161 ainsi que du Inf. Rgt. 25 échouent. 200 tués, blessés et disparus sont comptabilisés dans le camp allemand.

Le une nouvelle tentative allemande de reconquérir la position Jägertanne échoue.

Le le 13e BCA attaque à nouveau en direction du sommet. Il est relevé le [2] par le 152e régiment d’infanterie (RI).

Le rocher fortifié Unterer Rehfelsen en 2008.

Le , après une prĂ©paration d’artillerie d’une durĂ©e de quatre heures effectuĂ©e par 57 pièces, le 152e RI conquiert le col entre le Molkenrain et le Hartmannswillerkopf et arrive jusqu’à 150 m du sommet. Les Inf. Rgt. 25 et Res. Inf. Rgt. 75 contre-attaquent plusieurs fois ce mĂŞme jour ainsi que les jours suivants mais toujours sans aboutir. Les Allemands se doutent Ă©galement que les Français ne se contenteront pas de ce succès partiel et ils ont bien raison… En effet, dès le , après une nouvelle prĂ©paration d’artillerie d’une durĂ©e de trois heures et demie, le 152e RI, renforcĂ© par des Ă©lĂ©ments des 7e, 13e, 15e, 27e, 28e et 53e BCA, attaque en direction du sommet et anĂ©antit les restes du Inf. Rgt. 25. Les Français prennent ensuite Ă©galement le rocher « Panorama » (ou Aussichtsfelsen ou « rocher HellĂ© ») et progressent vers le nord jusqu’au Bischofshut puis jusqu’au dernier virage de la route d’acheminement allemande (Serpentinenstrasse). Les positions fortifiĂ©es du Rehfelsen supĂ©rieur et moyen, en contrebas du rocher « Panorama », sont Ă©galement conquis par les assaillants français. Le restant des dĂ©fenseurs allemands, des Ă©lĂ©ments du Landw. Inf. Rgt. 15, du Res. Inf. Rgt. 75, du Inf. Rgt. 25 et des Ulanen 11 et Ulanen 15 s’accrochent aux pentes Ă  l’est de la montagne et parviennent Ă  tenir la position fortifiĂ©e du Rehfelsen infĂ©rieur (Unterer Rehfelsen). Le succès remportĂ© par les Français ce jour-lĂ  leur permet Ă  prĂ©sent de surveiller la plaine Ă  l’est du « HWK » jusqu’à la zone situĂ©e autour de Cernay et de prendre sous le feu de leur artillerie les infrastructures stratĂ©giques essentielles pour les Allemands que sont la ligne de chemin de fer Mulhouse-Colmar et les routes qui mènent au champ de bataille. Il est donc d’importance primordiale pour les Allemands de regagner les territoires perdus mais, dans un premier temps, ils se concentrent sur la mission de stopper la progression française car, si ces derniers parviennent Ă  occuper la totalitĂ© de la montagne, une reconquĂŞte deviendra impossible. Pour arriver Ă  leurs fins, les Allemands doivent d’abord remplacer le restant de leurs troupes complètement Ă©puisĂ©es par des unitĂ©s fraĂ®ches.

Le , deux nouveaux bataillons allemands gagnent le front : le II. Ldw. Inf. Rgt. 40 et le II. Ldw. Inf. Rgt. 126. Le Inf. Rgt. 25, qui ne compte plus qu’une infime partie de ses effectifs théoriques, est retiré du front. Mais, conséquence de leur progression rapide, les Français doivent déplacer une grande partie de leur artillerie vers l’avant à travers les pentes enneigées, ce qui donne du répit aux Allemands qui en profitent pour s’enterrer dans le sol gelé du versant est du Hartmannswillerkopf.

Le , le détachement d’armée des Vosges devient la VIIe armée française commandée par le général Maud’Huy[3].

Le , les Français tentent de prendre la position fortifiée du Rehfelsen inférieur et de percer les lignes allemandes entre cet endroit et le sommet du « HWK » mais la tentative échoue de peu. De leur côté, les Allemands reçoivent des renforts qui arrivent des Flandres et de Champagne : le Garde Jäger Bataillon et le Garde Schützen Bataillon. Les jours suivants, de violents combats très coûteux en vies humaines éclatent régulièrement en divers secteurs du Hartmannswillerkopf tandis que les Allemands préparent leur contre-offensive pour la reconquête du rocher « Panorama » et du sommet.

Le , le Ldw. Inf. Rgt. 87 rejoint à son tour le Hartmannswillerkopf pour renforcer l’offensive allemande imminente.

Le , le R.I.R.75 tente, après un tir de préparation d’artillerie d’une heure, d’attaquer les positions françaises en remontant le versant est mais cette tentative, insuffisamment préparée, échoue lamentablement. Les Allemands retiennent la leçon et vont préparer le prochain assaut avec encore plus de rigueur.

À cause du brouillard, l’assaut prévu le du R.I.R.75 est annulé.

Soldats allemands sur les pentes dévastées du Hartmannswillerkopf en 1915

Le , le R.I.R.75 stationné à Guebwiller est à nouveau mis en alerte, mais la météo défavorable empêche une nouvelle fois la contre-attaque allemande.

Le , après un tir de préparation d’artillerie d’une durée de deux heures, le R.I.R.75, le Res.Jäger Bataillon 8 et une partie des Garde Jäger et du Ldw.Inf.Rgt. 56 attaquent les positions françaises vers 18 heures. Les troupes d’assaut sont épaulées par des unités du génie. Ces unités parviennent à reconquérir le Rehfelsen supérieur ainsi que le rocher « Panorama ». Près de mille soldats français du 152e RI et du 57e Régiment d´Infanterie Territoriale (R.I.T.) sont encerclés près du sommet et faits prisonniers. Bien que les Allemands aient déjà dépassé le sommet à divers endroits, ils se retirent derrière lui car le sommet est à présent devenu intenable pour les deux camps à cause de la présence massive de l’artillerie. De ce fait, la zone du sommet devient un no man’s land et le restera jusqu’à la fin du mois de décembre.

La ligne de front passe maintenant du sommet jusqu’au Rehfelsen inférieur et jusqu’au Hirtzenstein, tous deux occupés par les Allemands. Les forêts, jadis si denses, ont à présent disparu ; des majestueux sapins des Vosges, il ne reste plus que quelques troncs déchiquetés qui pointent vers le ciel. Les tirs incessants de l’artillerie ont transformé la montagne en un désert de roches, de boue et d’arbres abattus.

Français et Allemands s’enterrent à nouveau, consolident leurs positions respectives et tentent, avec des attaques-éclair d’artillerie et d’infanterie de rendre la vie de l’ennemi aussi dure que possible durant tout l’été. Pendant ce temps, des batailles plus violentes ont alors lieu plus au nord, près de Metzeral et au col du Linge, où les Français essayent, également en vain, de percer les lignes allemandes en direction de Colmar.

  • Ligne de front du Sundgau, 1914–1918
    Ligne de front du Sundgau, 1914–1918
  • Attaque française du 22 mars 1915
    Attaque française du
  • Attaque française du 26 mars 1915
    Attaque française du
  • Attaque allemande du 25 avril 1915
    Attaque allemande du

Attaques allemandes du mois de septembre 1915

Le , les Allemands utilisent pour la première fois des lance-flammes au Hartmannswillerkopf. Cette arme terrible, mise en œuvre par des soldats du Garde Pionier Bataillon, est utilisée pour appuyer un assaut du 14. Jäger dans la zone du Bischofshut, sur le versant nord du « HWK ».

Le , le 334e Régiment d'infanterie prend position sur l'Hartmannswillerkopf. Le , à 5 heures du matin, après un bombardement et des jets de liquides enflammés, un bataillon de Garde-Schutzen, le 8e bataillon de chasseurs allemand et le 56e régiment de Landwehr lancent une attaque et atteignent le sommet. Le lendemain , après un violent bombardement de l'artillerie française, le 334e Régiment d’infanterie et le 15e bataillon de chasseurs à pied (BCP) reprennent le Hartmannswillerkopf. Le 334e Régiment d’infanterie est relevé par le 229e RI le .

Les combats de décembre 1915

  • Attaque française du 21 dĂ©cembre 1915
    Attaque française du
  • Contre-attaque allemande du 22 dĂ©cembre 1915
    Contre-attaque allemande du
  • Positions Françaises et Allemandes au Vieil-Armand, 1916–1918
    Positions Françaises et Allemandes au Vieil-Armand, 1916–1918
Le fortin allemand Rohrburg en 2010.

Le Ă  9 heures du matin, l’artillerie française entame un tir de prĂ©paration d’une puissance inĂ©galĂ©e jusque-lĂ  dans ce secteur du front. Plus de 300 pièces d’artillerie et de mortiers dĂ©versent près de 25 000 obus pendant plus de cinq heures sur les positions allemandes qui subissent d’énormes pertes. Du cĂ´tĂ© allemand, ce sont Ă  ce moment-lĂ  le 14. Jäger, le R.I.R. 78 et le Ldw. Inf. Rgt. 99 qui occupent les premières lignes. Lorsque les 27e et 28e BCA attaquent le Hirtzenstein vers 14 h 15, les Français ne rencontrent quasiment plus de rĂ©sistance. Au Rehfelsen infĂ©rieur, le 23e RI et le 15e bataillon de chasseurs Ă  pied (BCP) Ă©chouent une nouvelle fois dans leur tentative pour conquĂ©rir celui-ci. Par contre, le 152e RI rĂ©ussit Ă  prendre les fortins Rohrburg et Grossherzog, tous deux situĂ©s entre le sommet et le rocher « Panorama », avant de foncer sans rencontrer beaucoup de rĂ©sistance jusqu’à l’avant-dernier virage de la route d’acheminement allemande (Serpentinenstrasse). Sur le flanc gauche, d’autres unitĂ©s du 152e RI et du 5e BCP parviennent Ă©galement Ă  pĂ©nĂ©trer profondĂ©ment les lignes allemandes. Les Allemands s’attendaient depuis un certain temps dĂ©jĂ  Ă  une offensive gĂ©nĂ©rale française mais ils sont tout de mĂŞme terrassĂ©s et complètement pris au dĂ©pourvu par la violence de celle-ci. Les dĂ©fenseurs jettent tous les hommes disponibles dans la bataille et parviennent Ă  stopper les Français Ă  seulement 150 m de leur poste de commandement. Les Français ne se rendent pas compte qu’ils sont si près de percer les lignes allemandes et de pouvoir foncer vers la plaine. Les pertes importantes qu’ils ont subies, la tombĂ©e de la nuit, le manque de communication entre les diffĂ©rentes unitĂ©s et l’incertitude sur la situation gĂ©nĂ©rale qui en rĂ©sulte permettent aux Allemands d’éviter de justesse une dĂ©faite totale. Ces derniers ont perdu 800 morts et blessĂ©s ainsi que 1 400 prisonniers ce jour-lĂ . Pour renforcer leurs effectifs et reconquĂ©rir au plus vite les positions perdues, des bataillons supplĂ©mentaires de la 8. Reserve-Jäger, stationnĂ©s Ă  Soultz et Ă  Buhl, ainsi que les 40. Ldw. Inf. Rgt. et 56. Ldw. Inf. Rgt., stationnĂ©s dans la rĂ©gion de Mulhouse, sont mis en alerte et transfĂ©rĂ©s au plus vite au front du Hartmannswillerkopf en train et en marche forcĂ©e.

Dès le lendemain, le , les Allemands contre-attaquent et parviennent Ă  reprendre presque toutes les positions du Hirtzenstein perdues la veille. Ce sont Ă  prĂ©sent les Français qui sont surpris par la rapiditĂ© de la rĂ©action allemande. Le 152e RI est encerclĂ© au sommet de la montagne par le Res. Jäger Btl. 8 et presque entièrement anĂ©anti. Environ 600 Français sont tuĂ©s et 1 500 sont faits prisonniers mais la bravoure de ces soldats est aussi reconnue par les Allemands qui leur ont donnĂ© le surnom de « diables rouges » (en rĂ©fĂ©rence Ă  leur pantalon de couleur garance). Les Allemands occupent Ă  nouveau une grande partie de leurs positions du jour prĂ©cĂ©dent mais le « HWK » est recouvert de cadavres… Les combats ont Ă  prĂ©sent de plus en plus lieu dans le secteur situĂ© au sud du Hartmannswillerkopf, vers le Rehfelsen infĂ©rieur et le Hirtzenstein.

Le , le 12e BCA conquiert des parties du Rehfelsen inférieur après un tir de préparation d’artillerie de deux heures mais un petit secteur, tenu par trente hommes encerclés du R.I.R.74 qui se défendent avec acharnement, parvient à résister à l’assaut.

Le , une contre-attaque des Garde-Jäger, destinée à libérer les soldats encerclés et à reconquérir la montagne, échoue. Le général français Marcel Serret, commandant en chef de la 66e division d’infanterie, est touché à la cuisse par un éclat d’obus. Il est amputé le jour suivant et meurt des suites de sa blessure le suivant.

Le , le bataillon des Garde-Jäger parvient à reprendre les positions perdues autour du Rehfelsen inférieur et à libérer les hommes du R.I.R. 74, épuisés après deux jours de combats sans ravitaillement. Les jours suivants, de violents combats font rage quotidiennement pour quelques mètres de terrain. Les duels d’artillerie et de corps à corps se suivent.

Le , les Allemands ouvrent un tir de préparation d’artillerie d’une durée de cinq heures pour préparer leur assaut vers le Hirtzenstein. L’assaut, effectué par le Anhaltinisch-Dessauische Inf. Rgt. 188 ainsi que le Märkische Inf. Rgt. 189 (renforcé par des unités spéciales d’assaut et de génie), réussit. Les Français tentent une contre-attaque mais échouent. C’était la dernière grande offensive sur le front du Hartmannswillerkopf. Dès lors, les Français et les Allemands se retrouvent face-à-face en occupant presque exactement les mêmes positions que le .

De Ă  la fin de la guerre

Cette photo de 2010 illustre la situation entre 1916 et 1918 : au premier plan se situe une tranchée française et, au fond, la "Feste Dora" dans les lignes allemandes. Une vingtaine de mètres à peine les séparent.

À partir de cette ultime grande offensive et jusqu’à la fin de la guerre, les deux camps campent dans leurs positions respectives, très proches les unes des autres, tout en continuant de se harceler mutuellement, faisant presque quotidiennement de nouvelles victimes.

Le , 63 hommes du Württembergische Ldw. Inf. Rgt. 124 sont tués d’un coup lorsque le dépôt de munitions d’un mortier lourd creusé dans une galerie explose pour raisons inexpliquées. Les dépouilles des Wurtembergeois, qui attendaient là avant de monter à l’assaut, se trouvent toujours dans cette galerie dont l’entrée a été bétonnée juste après cet accident

Le , des troupes américaines relèvent une partie des troupes françaises du Hartmannswillerkopf.

Le , le dernier soldat allemand à être tué au Hartmannswillerkopf[1] est l’officier Weckerle, lorsqu’une patrouille du Ldw. Inf. Rgt. 124 qui se trouve dans ce secteur du front depuis le est prise sous le feu des Français.

Le , soit quatre jours après l’armistice, l’arrière-garde du Ldw. Inf. Rgt. 124 quitte définitivement le Hartmannswillerkopf.

Bilan

Le cimetière militaire du Silberloch.

Aujourd’hui, personne ne sait dire exactement combien de victimes a fait la bataille du Hartmannswillerkopf. Certaines sources plus anciennes parlaient de 60 000 morts mais ce nombre paraĂ®t aujourd’hui exagĂ©rĂ©. Actuellement, on retient plutĂ´t le bilan d’environ 15 000 morts dans chaque camp et environ trois Ă  quatre fois plus de blessĂ©s. Les morts reposent aujourd’hui dans le cimetière militaire français du Silberloch, dans les cimetières militaires français et allemand de Cernay et de Guebwiller ainsi que dans divers plus petits cimetières des alentours.

L’issue de la bataille est également discutable d’un point de vue purement militaire car, après plus d’un an d’âpres combats qui ont fait des milliers de victimes, les deux camps ennemis occupaient à peu près les mêmes positions qu’au début de la bataille, ce qui perdura jusqu’à la fin de la guerre.

MĂ©morial du Hartmannswillerkopf

Le champ de bataille aujourd'hui

La Victoire de Hartmannswillerkopf - Bourdelle.
Vestiges d’une tranchée et la croix sommitale.
Vestige de l'intérieur d'une tranchée au Vieil Armand

On peut distinguer deux parties distinctes sur le site du Hartmannswillerkopf aujourd’hui : d’une part le monument national constitué de la crypte et du cimetière militaire du Silberloch, d’autre part le champ de bataille avec ses vestiges et ses monuments.

Dans la crypte se trouve un ossuaire qui renferme les restes d’environ 12 000 soldats inconnus ainsi que des armes et Ă©quipements rĂ©cupĂ©rĂ©s sur le champ de bataille. Le cimetière comprend 1 264 tombes de soldats français identifiĂ©s ainsi que six fosses communes. Sur le champ de bataille se trouvent de nombreux vestiges des combats (tranchĂ©es, abris et fortins bĂ©tonnĂ©s) ainsi que des monuments dont les deux les plus cĂ©lèbres sont la croix sommitale illuminĂ©e en bĂ©ton armĂ© de 20 m de haut et le monument en bronze du 152e RI. Au niveau des vestiges d’époque, on constate l’emploi massif du bĂ©ton armĂ© du cĂ´tĂ© allemand alors que les tranchĂ©es françaises sont plus sommaires, ce qui traduit la volontĂ© dĂ©fensive de leur territoire par les premiers et la logique offensive des derniers qui considĂ©raient donc que leurs ouvrages n'Ă©taient que provisoires. De nombreux ouvrages restent Ă©galement visibles aux alentours du Hartmannswillerkopf, du cĂ´tĂ© des anciennes positions allemandes essentiellement (tranchĂ©e de la « Suisse Lippique » ou la « cantine Zeller », par exemple).

En août 2017, un historial franco-allemand présentant les évènements qui l'ont marqué a ouvert ses portes sur le site[4].

Bibliographie

  • GĂ©nĂ©ral de Pouydraguin, La bataille des Hautes-Vosges, Payot, , 208 p.
  • Thierry Ehret, 1914-1918, autour du Hartmannswillerkopf, Steinbrunn-le-Haut, Éditions du Rhin, , 206 p. (ISBN 2-86339-045-7)
  • A. Wirth, Les Combats Du Hartmannswillerkopf ( Vieil-Armand ) 1914-1918, ComitĂ© du Monument National du Hartmannswillerkopf, , 46 p.
  • 14-18, L’Alsace au cĹ“ur de la guerre, SociĂ©tĂ© Alsacienne de Publications, , 48 p.

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. 14-18, L’Alsace au cœur de la guerre, p. 25, Société Alsacienne de Publications, 2008
  2. Max Schiavon, Les combats héroïques du capitaine Manhès : Carnets inédits d'un chasseur alpin (1915-1916), Paris, Pierre de Taillac, , 341 p. (ISBN 978-2-36445-052-3), Hartmannswillerkopf
  3. 14-18, L’Alsace au cœur de la guerre, p. 19, Société Alsacienne de Publications, 2008
  4. « L'Historial franco-allemand de la Grande Guerre », sur memorial-hwk.eu (consulté le )
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