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Marcel Serret

Marcel Serret (Bléneau, – Moosch, ), est un officier général français. C'est l'un des 42 généraux français morts au combat durant la Première Guerre mondiale.

Marcel Serret
Fonction
Commandant de régiment (d)
66e division d'infanterie
Ă  partir de
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  48 ans)
Moosch
SĂ©pulture
Nationalité
Allégeance
Formation
Activité

Biographie

Né aux Luneaux[Note 1] dans l'Yonne, il est le fils d'un agriculteur, Émile Jean-Baptiste Serret et de Marie Louise Dieudonné[2].

Il intègre l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1885 (promotion de l'Annam)[3]. En 1887, il sort 29e sur 394 élèves et choisit les chasseurs à pied. Il est nommé sous-lieutenant le puis lieutenant le au 8e bataillon de chasseurs à pied. Le lieutenant Serret intègre l'École de guerre le . Il en sort breveté le . Le , il est affecté à l'état-major de l'armée.

Il se marie à Saint-Mihiel le avec Émilie Marguerite Larmarque d'Arrouzat[4]. De cette union naît une fille, Renée (1901-1976).

Il est promu capitaine le et intègre le 18e bataillon de chasseurs à pied le . Le capitaine Serret est mis hors-cadre pour être détaché comme officier d'ordonnance du ministère de la Guerre à partir du . Il est promu chef de bataillon le au 35e régiment d'infanterie. Il prend le commandement du 17e bataillon de chasseurs à pied le à Rambervillers. En 1912, il est attaché militaire, commandant les services de renseignements militaires depuis l'ambassade de France en Allemagne.

Première Guerre mondiale

Lors de la mobilisation française, il est à Berlin. Le , rentré en France par le Danemark, le lieutenant-colonel Serret prend le commandement d'un groupe de trois bataillons de chasseurs. Le , il est promu colonel et chef d’état major du 1er corps d’armée.

Monument élevé à la mémoire du général Serret à l'endroit où il fut mortellement blessé.
Le général Serret (gauche) au sommet du Schnepfenried mi-avril 1915.

Le , il prend le commandement d'un groupe de cinq bataillons de chasseurs alpins (7e, 13e, 14e, 24e, 27e BCA) qui font partie de la 66e division d'infanterie (DI) du général Guerrier. Le , le colonel Serret est nommé général de brigade, commandant par intérim la 66e DI qui se bat à l'Hartmannswillerkopf, dans les Vosges.

« Le , il se produit une grande attaque sur l'Hartmannswillerkopf et le jour suivant l'ambulance 3/58 de Moosch accueille le général Serret blessé au genou. Un chirurgien de l'ambulance pratique l'amputation mais celle-ci ne semble pas faite assez haut car la gangrène continue à progresser. Il faudrait réopérer mais il est déjà trop tard et le général décédera le . »

— Dr Paul Georges, Mémoires de jeunesse et de guerre.

Il est cité à l'ordre de l'armée :

« A conduit une série d'opérations avec une énergie magnifique et une habileté consommée. Officier général de la plus haute valeur, d'une grande bravoure, d'une activité inlassable. A montré toutes ses qualités dans la longue lutte qui s'est déroulée dans le secteur de sa division. Officier général d'une valeur exceptionnelle et de la plus haute distinction. Commande depuis plus de onze mois une division d'élite dont il a su porter le moral au degré le plus élevé par son activité de tous les instants, son ardeur guerrière, sa foi dans le succès et l'élévation de ses sentiments. A fait preuve d'une éclatante bravoure et d'une entière compréhension de ses devoirs de chef en se portant, sous un feu d'artillerie extrêmement violent, jusqu'aux tranchées de première ligne pour juger personnellement de la situation et se montrer à ses troupes. A été très grièvement blessé et amputé de la jambe droite. »

Témoignage du capitaine Manhès le , la veille de la mort du général Serret :

« Vers 7 h, sous la pluie du ciel et la grĂŞle des marmites, je reconnais les emplacements de dĂ©part pour l'opĂ©ration que je fais ce soir (…) Au cours de cette reconnaissance, je rencontre le gĂ©nĂ©ral Serret, visiblement fatiguĂ© au physique comme au moral, errant comme une âme en peine, paraissant nettement chercher la marmite. Nous nous asseyons un moment au bord d'un trou d'obus et le gĂ©nĂ©ral promène son regard sur l'effroyable tableau qui s'Ă©tend devant nous, un regard d'une indicible tristesse, dĂ©sespĂ©rĂ©. Puis il me regarde longuement et me dit simplement : « Mon pauvre petit ! Â». Sa prĂ©sence me cause une pĂ©nible angoisse. Nous sommes Ă  deux pas de l'ennemi, deux pas Ă  peine dĂ©fendus, sans la moindre organisation. Je le lui ai dit et j'ajoute : "Mon gĂ©nĂ©ral, votre place n'est pas ici, je vous en supplie, allez-vous-en ! Les Allemands attaquent sans cesse, ne leur donnez pas la joie de prendre le commandant de la 66e division. Et puis, mĂŞme s'ils n'attaquent pas ou si leur attaque Ă©choue une fois de plus, voyez cet effroyable marmitage : ne vous faites pas tuer ici oĂą vous n'avez rien Ă  faire ! Peuh ! La mort, il y a des moments oĂą elle est Ă  souhaiter, elle serait la bienvenue … Quelle aventure, mon pauvre ami, quelle terrible aventure ! - Mon gĂ©nĂ©ral, elle Ă©tait Ă  prĂ©voir telle. Pourquoi l'avoir engagĂ©e ? Ne croyez-vous pas que c'Ă©tait pure folie ? - Eh ! oui, sans aucun doute. Mais il est si difficile d'ĂŞtre assurĂ© avant l'Ă©vĂ©nement du dĂ©roulement de ce dernier. La guerre comme la vie sont des choses tellement incertaines et si dĂ©cevantes ! (…) Quelques minutes de silence, elles m'ont semblĂ© des siècles. Le gĂ©nĂ©ral me regarde dans les yeux avec une Ă©pouvantable expression d'affection intense et d'immense tristesse. Puis il hausse les Ă©paules et avec un geste d'infinie lassitude, il se lève et s'en va lentement vers l'arrière et, Ă  5 ou 600 m de lĂ , disparaĂ®t dans un boyau qui a Ă©tĂ© rĂ©tabli cette nuit. Cet homme est vraiment un beau soldat, il a une âme de feu, un cĹ“ur ardent et gĂ©nĂ©reux. Qu'il est dommage que le sens du rĂ©el lui ait trop souvent manquĂ© jusqu'Ă  prĂ©sent. »

— Pierre Manhès , Les combats héroïques du capitaine Manhès - carnets inédits d'un chasseur alpin (1915-1916)[5].

Officier de la LĂ©gion d'honneur en , il est promu en commandeur Ă  titre posthume Ă  effet du [6].

Reconnu « mort pour la France »[7], il est inhumĂ© Ă  la nĂ©cropole nationale de Moosch[8] parmi 593 soldats français tuĂ©s dans les combats des Hautes-Vosges[9].

DĂ©corations

Décorations françaises

Décorations étrangères

Officier de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare Officier de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare (Italie, 1909)

Postérité

Musée Serret.

En 1919, la caserne Von Seeckt de Metz est rebaptisé en l'honneur du général Serret.

Son nom est inscrit au monument des Généraux morts au Champ d'Honneur 1914-1918 de l'église Saint-Louis à l'Hôtel des Invalides de Paris[10].

L'Amtsgericht[Note 2] de Saint-Amarin, transformé en ambulance militaire française durant la Première Guerre mondiale, est devenu le musée Serret en 1973[11].

Notes et références

Notes

  1. Hameau de la commune de Bléneau.
  2. Tribunal de première instance sous l'Empire allemand. 47° 52′ 32″ N, 7° 01′ 47″ E

Références

Voir aussi

Bibliographie

  • Henry Bordeaux, Vie et mort du gĂ©nĂ©ral Serret, Paris, Plon, , 277 p. (BNF 34181992).
  • GĂ©rard GĂ©hin et Jean-Pierre Lucas, Dictionnaire des gĂ©nĂ©raux et amiraux français de la Grande Guerre (1914-1918), vol. L-Z, t. 2, Paris, Archives & Culture, , 699 p. (ISBN 978-2-35077-070-3, BNF 41384629).

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