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Bataille de Messines (1917)

La seconde bataille de Messines, du 7 juin 1917 au est une offensive de la 2e armée britannique du général Plumer près de la ville de Messines en Flandre occidentale belge pendant la Première Guerre mondiale contre la IVe armée allemande dirigée par le général von Armin sur le front occidental.

Bataille de Messines
Description de cette image, également commentée ci-après
Théâtre des opérations, 7-14 juin 1917.
Informations générales
Date -
Lieu Ville de Messines, au sud d'Ypres (Belgique)
Issue Victoire alliée rapide et totale
Forces en présence
IIe armée
9 divisions, 72 tanks
IVe armée
5 divisions
Pertes
17 000 hommes20 000 hommes
dont 7 500 prisonniers
65 canons
94 mortiers
300 mitrailleuses

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CoordonnĂ©es 50° 45′ 45″ nord, 2° 53′ 43″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Bataille de Messines

Après l'échec de l'offensive du général Nivelle au Chemin des Dames en avril et mai 1917, les troupes françaises sont secouées par une série de mutineries modifiant les plans stratégiques franco-britanniques pour l'année 1917. L'armée britannique déclenche l'offensive de Messines pour forcer l'armée allemande à déplacer des réserves vers la Flandre et ainsi réduire la pression sur les troupes françaises. L'objectif tactique de cette bataille est de capturer les positions allemandes sur la colline de Messines afin de priver la IVe armée allemande des positions dominantes du sud du saillant d'Ypres. Cette bataille est le prélude d'une opération plus ambitieuse, menée par l'armée britannique au cours de l'été et de l'automne 1917, visant la capture de la crête de Passchendaele puis la percée du front jusqu'à la frontière hollandaise afin de capturer la côte belge.

La 2e armĂ©e britannique est formĂ©e de cinq corps d'armĂ©e, trois d'entre eux sont impliquĂ©s dans l'attaque, et les deux autres sont positionnĂ©s sur le flanc nord et ne participent pas Ă  l'attaque. La 2e armĂ©e dispose d'un dernier corps d'armĂ©e de la rĂ©serve gĂ©nĂ©rale. Les troupes allemandes sont au cours des combats renforcĂ©es par une division provenant d'Ypres. La bataille dĂ©bute par l'explosion de 19 mines dĂ©truisant les dĂ©fenses allemandes de première ligne, suivie d'un barrage roulant qui permet l'avancĂ©e des troupes britanniques appuyĂ©es par des chars, des troupes de cavalerie et des avions et la capture de la colline de Messines.

Contexte militaire sur le front Ouest

Croquis cartographique du plateau de Gheluvelt lors des batailles d'Ypres de 1917.

Dès 1916, les Britanniques prévoient de repousser l'armée allemande de la côte belge pour les empêcher d'utiliser les ports côtiers comme bases de sous-marins et limiter les attaques de navires marchands et de navires de transports de troupes dans la Manche et la mer du Nord. Le lieutenant-général Herbert Plumer recommande au maréchal Douglas Haig de capturer la crête de Messines qui fait partie de l'arc sud du saillant d'Ypres avant l'opération principale de prise du plateau de Gheluvelt plus au nord. Les opérations dans les Flandres ne sont pas réalisées en 1916 en raison de l'offensive allemande à Verdun et du déclenchement de la bataille de la Somme. En avril 1917, après les faibles résultats de la bataille du Chemin des Dames dirigée par le général Robert Nivelle, l'armée française est affaiblie moralement entraînant des mutineries. Nivelle est remplacé à la tête de l'armée française par Philippe Pétain qui temporise.

Haig décide, malgré l'affaiblissement des Français, la capture de la crête de Messines-Wytschaete par la 2e armée. Cette attaque va attirer les troupes allemandes loin des armées françaises sur l'Aisne et la capture de la crête de Messines va permettre aux Britanniques d'avoir une position stratégique sur le flanc sud du saillant d'Ypres. Cette capture raccourcit la ligne de front et prive les Allemands d'observatoires des positions britanniques plus au nord. Les Britanniques peuvent maintenant observer le versant sud de la crête de Menin à l'ouest du plateau Gheluvelt, en vue d'une plus grande offensive dans le saillant d'Ypres.

La ligne de front autour d'Ypres a peu changĂ© depuis la fin de la deuxième bataille d'Ypres des 22 avril au . Depuis cette bataille, les Britanniques tiennent la ville, tandis que les Allemands tiennent la crĂŞte de Messines-Wytschaete au sud, les crĂŞtes infĂ©rieures Ă  l'est et le terrain plat vers le nord. Le front d'Ypres forme un saillant dans les lignes allemandes, mais il est nĂ©gligĂ© par les observateurs d'artillerie allemands. Les Britanniques ont peu de possibilitĂ© d'observation des lignes arrières allemandes et des vallĂ©es Ă  l'est des crĂŞtes. Les crĂŞtes du saillant d'Ypres sont situĂ©es au nord et Ă  l'est de Messines. La plus haute crĂŞte est Ă  80 mètres (264 pieds) au-dessus niveau de la mer passe « Clapham Junction » Ă  l'extrĂ©mitĂ© ouest du plateau de Gheluvelt haut de 65 mètres (213 pieds) Ă  4 kilomètres (2,5 miles) d'Ypres. Une autre crĂŞte, haute de 50 mètres, Ă  Passchendaele situĂ©e Ă  8,9 km (5,5 miles) d'Ypres. Le nord du saillant est une plaine formĂ©e d'argile, de sable et de limon oĂą se trouvent les villages de Hooge et de Zonnebeke. La crĂŞte de Messines est drainĂ©e par de nombreux ruisseaux, des canaux et des fossĂ©s, qui ont besoin d'entretien rĂ©gulier. Depuis 1914, une grande partie de l'Ă©vacuation est dĂ©truite mĂŞme si certaines parties ont Ă©tĂ© restaurĂ©es par les « sociĂ©tĂ©s de drainage des terres » amenĂ©es d'Angleterre. La zone est considĂ©rĂ©e par les Britanniques comme plus sèche que les parties du front Ă  Loos-en-Gohelle, Givenchy et Plugstreet Wood plus au sud.

Préparatifs de la bataille

Préparation de l'offensive britannique

La 2e armĂ©e conçoit un plan d'artillerie centralisĂ© très sophistiquĂ©, comparable Ă  celui Ă©tabli pour la bataille d'Arras en avril 1917. La prĂ©cision de l'artillerie britannique est amĂ©liorĂ©e par l'utilisation d'observateurs sur le terrain, des donnĂ©es mĂ©tĂ©orologiques, de nouvelles cartes très prĂ©cise Ă  l'Ă©chelle 1:10 000 et par l'Ă©talonnage des armes Ă  feu. L'analyse et la dĂ©tection de l'artillerie allemande devient systĂ©matique grâce Ă  l'utilisation de nouvelles techniques d'analyses sonores et d'Ă©tudes de la lumière Ă©mise lors de la mise Ă  feu. Ces observations sont ensuite centralisĂ©es Ă  la direction de la 2e armĂ©e britannique au château de Locre. Au , seules douze batteries d'artillerie ont pour tâche de contre-battre les canons allemands. Ce nombre augmente pour atteindre dans les 10 derniers jours prĂ©cĂ©dant l'attaque 438 batteries. Après cette bataille, l'Ă©tude du terrain a montrĂ© que 90 % des positions d'artillerie allemande ont Ă©tĂ© identifiĂ©es et touchĂ©es par l'artillerie britannique. Le renseignement de la 2e armĂ©e identifie, grâce aux photographies aĂ©riennes, de nouvelles positions d'artillerie Ă  amĂ©nager par les troupes du gĂ©nie au sein des lignes allemandes pour y positionner de l'artillerie et pouvoir l'utiliser au cours de la bataille.

Dès 1916, les Britanniques commencent une guerre des mines sous la crĂŞte de Messines-Wijtschate occupĂ©e par les Allemands. Cette lutte souterraine est rendue très complexe par la prĂ©sence de nombreuses nappes phrĂ©atiques. En mars 1916, deux gĂ©ologues militaires aident les mineurs dans la rĂ©alisation des galeries. Les troupes du gĂ©nie creusent les sapes dans une couche d'« argile bleue » situĂ©e entre 24 et 37 m (80 et 120 pieds) sous la surface, les galeries atteignent une longueur de 5 453 mètres (5 964 yards) sous la ligne de front de la crĂŞte. Les troupes allemandes ne restent pas inactives, par des contre-mines elles tentent de perturber le travail des troupes du gĂ©nie britannique. Les mineurs allemands trouvent la sape de « la ferme de la petite Douve » et la dĂ©truisent Ă  l'aide de camouflet. Les Britanniques dĂ©tournent l'attention des mineurs allemands des galeries les plus profondes en rĂ©alisant de nombreuses attaques de diversions Ă  des profondeurs plus faibles. Les troupes du gĂ©nie britannique, canadien, australien et nĂ©o-zĂ©landais rĂ©alisent 22 mines chargĂ©es de 455 tonnes d'explosif ammonal. La mise en place de ces mines se justifie car les Britanniques savent l'importance pour les Allemands de la crĂŞte de Messines-Wijtschate. Un document, pris sur un prisonnier allemand, reçu par Haig le , indique que « le saillant doit ĂŞtre tenu Ă  tout prix ». Au cours de la semaine prĂ©cĂ©dant l'attaque, 2 230 canons et obusiers bombardent les tranchĂ©es allemandes pour couper les fils tĂ©lĂ©phoniques, dĂ©truire des points fortifiĂ©s et pour contre-battre l'artillerie allemande forte de 630 canons, Ă  l'aide de 3 561 530 obus.

En mai, les 11e (en) et 24e divisions britanniques (en) et la 4e division australienne sont dĂ©placĂ©es d'Arras, pour devenir les divisions de rĂ©serve des corps de la 2e armĂ©e en prĂ©vision de l'attaque de la crĂŞte de Messines. Soixante-deux des nouveaux chars Mark IV arrivent en mai et sont cachĂ©s au sud-ouest d'Ypres. 300 avions britanniques provenant de la 2e brigade sont dĂ©placĂ©s d'Arras vers le nord dans la zone d'action de la 2e armĂ©e. Pour optimiser l'utilisation de l'artillerie, des observations directes et photographiques sont rĂ©alisĂ©es par douze puis dix-huit avions de reconnaissance. L'application stricte des procĂ©dures de radiophonie sans fil permet de rĂ©duire la distance minimale entre les avions d'observation. Cette distance passe de 910 mètres (1 000 yards) lors de la bataille d'Arras d'avril Ă  370 mètres (400 yards) Ă  Messines. Le , les premiers rĂ©glages d'artillerie dĂ©butent, il est prĂ©vu de rallonger la durĂ©e du bombardement de deux jours pour contre-battre efficacement les batteries allemandes. Le bombardement principal a lieu Ă  partir du , avec un seul jour de mauvais temps avant l'attaque. Les escadrilles d'observation sont employĂ©es dans un premier temps pour la dĂ©tection des batteries allemandes puis pour des « vols de bombardements » pour attaquer les batteries et les tranchĂ©es. Ces vols deviennent des vols de « contact-patrouille » pour observer les positions des troupes britanniques une fois l'assaut commencĂ©. Le barrage est stoppĂ© momentanĂ©ment le pour permettre aux observateurs aĂ©riens britanniques d'identifier les batteries allemandes cachĂ©es. Une nouvelle interruption le permet l'identification d'un plus grand nombre de batteries allemandes cachĂ©es.

Ligne du front avant la bataille de Messines des 7 au 14 juin 1917.

La 25e division d'infanterie commence ses prĂ©paratifs entre la route Wulverghem-Messines et la route Wulverghem-Wytschaete sur un front de 1 100 mètres (1 200 yards). Ce front se rĂ©duit par la suite Ă  640 mètres (700 yards) sur la crĂŞte de Messines situĂ©e Ă  2 700 mètres (3 000 yards) derrière neuf lignes dĂ©fensives allemandes. Les troupes de la 25e division doivent franchir une colline pour atteindre la vallĂ©e de Steenbeek, rĂ©aliser l'ascension de la crĂŞte de Messines pour atteindre les fermes des quatre Huns, la ferme du milieu sur la crĂŞte principale et la ferme Lumm sur le flanc gauche de l'attaque. Les emplacements de l'artillerie divisionnaire de la 25e division et de la 112e brigade d'artillerie sont construits, l'artillerie de campagne de la division de la garde est positionnĂ©e sur des emplacements cachĂ©s. Entre le 12 et le 30 avril puis du 11 mai au 6 juin, des voies d'accès, des abris et des tranchĂ©es de liaison sont construits. Dans la nuit du 30 mai au 31 mai, une tranchĂ©e est creusĂ©e, complĂ©tĂ©e par des tranchĂ©es de communication et de barbelĂ©s Ă  140 mètres des lignes allemandes. Des ponts et des Ă©chelles sont livrĂ©s deux jours avant l'attaque pour franchir les tranchĂ©es. Plus de 12 000 mètres (13 000 yards) de câble tĂ©lĂ©phonique sont posĂ©s Ă  2,1 mètres (7 pieds) de profondeur pour rĂ©sister Ă  l'artillerie allemande.

De nombreux postes de mitrailleuses sont crĂ©Ă©s pour rĂ©aliser un barrage. Des fosses sont construites pour protĂ©ger les mules chargĂ©es de transporter les charges de 2 000 cartouches aux troupes avancĂ©es. Trois compagnies du gĂ©nie et un bataillon de pionniers sont gardĂ©s en rĂ©serve, pour reconstruire les routes et remettre en dĂ©fense les positions capturĂ©es. L'artillerie divisionnaire prĂ©pare un barrage roulant dont le chronomĂ©trage est adaptĂ© Ă  l'avance des unitĂ©s d'infanterie. Un barrage fixe est prĂ©vu Ă  1 400 mètres (1 500 yards) derrière les lignes allemandes. Les obusiers de 4,5 pouces (en), de 6 pouces (en) et de 8 pouces (en) sont chargĂ©s du barrage roulant et placent leurs tirs Ă  moins de 270 mètres (300 yards) des troupes attaquantes puis allongent la portĂ©e des tirs de 270 mètres. Les canons 18-pounder sont chargĂ©s de dĂ©truire des objectifs spĂ©cifiques avant de participer au barrage d'artillerie. Les canons de l'artillerie de la Garde rejoignent le barrage roulant le jour de l'attaque Ă  4 h 50 du matin. Ă€ partir de 7 h 00, les pièces de la 112e brigade d'artillerie de campagne commencent les tirs de barrage derrière les premières lignes allemandes capturĂ©es pour soutenir les troupes britanniques lors des contre-attaques allemandes supposĂ©es dĂ©buter Ă  11 h.

La 47e division d'infanterie (en) attaque avec deux brigades, chacune renforcée d'un bataillon de la brigade de réserve, de part et d'autre du canal Ypres-Comines. De nombreuses mitrailleuses sont disposées pour déclencher des barrages de feu défensifs et offensifs, des détachements de signalisations sont organisés pour faire avancer l'infanterie. Un ballon d'observation est réservé aux messages par lampe de signalisation sur la ligne de front en cas de coupure des lignes téléphoniques ou du décès des messagers-coureurs. En face de la 142e brigade, des batteries de mortiers de tranchées sont positionnées, les lignes allemandes étant trop proches des troupes britanniques pour réaliser un bombardement par l'artillerie de campagne. À la fin de mai, les deux brigades d'attaque commencent leur préparation à l'attaque à Steenvoorde. Grâce aux photographies de reconnaissance, le champ de bataille est reproduit à l'arrière avec les différentes positions de mitrailleuses, de barbelés. Cet entraînement doit permettre de limiter les pertes et de pouvoir capturer au plus vite des compagnies allemandes et les centres de commandement des bataillons. La 140e brigade est soutenue par quatre tanks, elle a pour tâche de prendre le Château Blanc et la partie adjacente de la « Damstrasse ». De son côté la 142e brigade doit attaquer les terrils et la rive gauche du canal. Le , l'artillerie britannique entame la phase intense de bombardement préparatoire pour détruire les tranchées et les défenses accessoires, les deux brigades réintègrent le front entre le 4 et le 6 juin pour l'attaque.

Les avions de chasse britanniques doivent obtenir la maĂ®trise du ciel des premières lignes jusqu'Ă  la ligne de ballons d'observation allemands situĂ©e 9 100 mètres (10 000 yards) en arrière pour empĂŞcher les avions d'observation allemands de franchir la ligne de front. Depuis la bataille d'Arras, de nouveaux avions britanniques sont mis en service, le chasseur Bristol F.2, le Royal Aircraft Factory S.E.5 et le triplan Sopwith. Ces nouveaux appareils ont des performances comparables aux chasseurs allemands Albatros D.III et Halberstadt D.II. Au cours de la semaine prĂ©cĂ©dant l'attaque, de nombreuses patrouilles aĂ©riennes sont rĂ©alisĂ©es quotidiennement Ă  des altitudes comprises entre 3 700 mètres (12 000 pieds) et 4 600 mètres (15 000 pieds). La domination aĂ©rienne britannique est telle qu'aucun avion n'est abattu par la chasse allemande jusqu'au dĂ©but de l'attaque. Le , les avions d'observation sont en mesure de diriger les tirs d'artillerie des trois corps d'armĂ©e impliquĂ©s dans la bataille. Une seconde ligne de dĂ©fense anti-aĂ©rienne est formĂ©e, elle a pour rĂ´le de dĂ©tecter la position des avions d'observation allemand et de guider par radio les chasseurs britanniques sur ces positions. Ă€ partir de juin 1917, chaque armĂ©e britannique dispose d'un « poste de contrĂ´le » de deux « stations de guidage » et une « station d'avion d'interception ». Ces diffĂ©rents groupements sont reliĂ©s par tĂ©lĂ©phone au quartier gĂ©nĂ©ral de l'armĂ©e de l'air, aux diffĂ©rentes escadrilles d'avions de chasse, au commandant des forces anti-aĂ©riennes et Ă  l'artillerie lourde.

Les nouveaux moyens de communication permettent de réagir rapidement lors de tentatives de bombardement allemand, d'attaquer plus rapidement les avions d'observation et de localiser les batteries d'artillerie allemandes. Du au , la 2e brigade reçoit 47 appels par le biais de messages radio, elle abat un avion allemand, en endommage sept autres et permet de stopper 22 tirs d'artillerie allemands. Des patrouilles aériennes sont réalisées sur le front sur une ligne Ypres-Roulers-Menin, de grandes formations d'avions britanniques et allemands s'affrontent dans de longs combats lorsque des renforts aériens allemands commencent à arriver dans la région. Des vols longues portées de bombardements et de reconnaissance sont concentrés sur les aérodromes occupés par les Allemands, les gares. La 100e escadrille du RFC, spécialisée dans les bombardements de nuit, attaque des trains autour de Lille, Courtrai, Roulers et de Comines. Deux escadrilles sont utilisées pour l'appui aérien rapproché et l'attaque au sol du champ de bataille et des aérodromes allemands.

Plan d'attaque britannique

Bataille de Messines – carte d'état-major recadrée.
Soldats britanniques en 1917.

Les Britanniques prĂ©voient d'avancer sur un front de 16 000 mètres (17 000 yards) entre Saint-Yves et l'est du mont Sorrel vers la ligne Oosttaverne pour une profondeur maximale de 2 700 mètres (3 000 yards). L'assaut est sĂ©parĂ© en trois objectifs intermĂ©diaires Ă  atteindre, chaque nouvel objectif est attaquĂ© par des troupes fraĂ®ches. Dans l'après-midi une avancĂ©e au-delĂ  de la crĂŞte doit ĂŞtre rĂ©alisĂ©e. L'attaque est menĂ©e par trois corps d'armĂ©e de la 2e armĂ©e du gĂ©nĂ©ral Herbert Plumer. Le 2e corps de l'ANZAC (en) est situĂ© sur le sud-est et doit progresser de 730 mètres (800 yards), le 9e corps au centre doit attaquer sur un front de 4 600 mètres (5 000 yards) pour atteindre une largeur de 1 800 mètres. Le 10e corps d'armĂ©e est situĂ© au nord sur une ligne de front de 1 100 mètres (1 200 yards). Les corps d'armĂ©e planifient leurs attaques sous la supervision du commandant de l'armĂ©e, en se basant sur les analyses de la bataille de la Somme et les succès de la bataille d'Arras. Un grand soin est pris pour la planification des contre-batteries, l'horaire du barrage roulant d'artillerie et le barrage de tirs indirects des mitrailleuses.

Les positions de l'artillerie allemande et la seconde (« Höhen ») ligne de dĂ©fense allemande ne sont pas visibles pour les observateurs terrestres britanniques. Pour observer la contre-pente de la crĂŞte de Messines, plus de 300 avions de la 2e brigade de la RFC sont concentrĂ©s. Huit ballons captifs sont positionnĂ©s derrière les lignes britanniques, Ă  une altitude comprise entre 910 et 1 500 mètres (entre 3 000 pieds et 5 000 pieds). Le major-gĂ©nĂ©ral G. McK. Franks, le commandant de l'artillerie de la 2e armĂ©e britannique coordonne l'artillerie des corps d'armĂ©e et l'artillerie divisionnaire notamment pour la contre-batterie. Le quartier gĂ©nĂ©ral du corps d'artillerie lourde, les sièges des diffĂ©rentes artilleries divisionnaires, les escadrons RFC, le centre des ballons et les stations sans fil sont reliĂ©s au château de Locres par câbles enterrĂ©s. Un officier d'Ă©tat-major est chargĂ© Ă  la tĂŞte d'une Ă©quipe des actions de contre-batteries sur l'artillerie allemande. Une rĂ©union quotidienne regroupant les services de contre-batterie de divisions et de corps rassemble mĂ©thodiquement les rapports de la journĂ©e produits par l'aviation d'observation, les ballons, les observateurs en première ligne. Chaque corps est responsable d'une aire de contre-batterie, qui est divisĂ©e en zones attribuĂ©es Ă  des groupes spĂ©cifiques d'artillerie lourde. La zone attribuĂ©e aux groupes d'artillerie lourde est elle-mĂŞme divisĂ©e en carrĂ©s attribuĂ©s aux batteries d'artillerie. Cette organisation permet d'ĂŞtre plus rĂ©actif en cas d'identification de nouvelles batteries d'artillerie allemande.

Chaque corps d'armĂ©e impliquĂ© dans l'attaque organise sa propre artillerie lourde au sein du plan de l'armĂ©e selon les conditions locales. Le 2e corps de l'ANZAC crĂ©e quatre groupes de contre-batteries formĂ©s d'un groupe d'artillerie lourde. Le 9e corps d'armĂ©e organise quatre groupes similaires et cinq groupes de bombardement. Sur ces cinq groupes, trois groupes sont associĂ©s aux trois divisions d'attaque, les deux groupes restant forment une rĂ©serve aux ordres du commandant de corps d'artillerie lourde. Un officier d'artillerie lourde de la 2e armĂ©e est dĂ©tachĂ© dans chaque centre de commandement de l'artillerie divisionnaire. Une fois l'attaque dĂ©clenchĂ©e, il prend le commandement de l'artillerie lourde. L'organisation de l'artillerie de campagne varie Ă©galement selon les corps d'armĂ©e. Dans le 9e corps d'armĂ©e, chaque brigade d'infanterie dispose d'un agent de liaison d'artillerie et de deux sous-groupes l'un formĂ© de six canons 18-pounder et de six batteries d'obusier de 4,5 pouces. Les artilleurs de l'artillerie de siège excĂ©dentaires sont employĂ©s Ă  remplacer les artilleurs blessĂ©s et dĂ©placer l'artillerie pour pouvoir ĂŞtre engagĂ©e et enrayer les futures tentatives allemandes de contre-attaques. Les officiers observateurs d'artillerie progressent en mĂŞme temps que la première attaque sur la crĂŞte pour retourner l'artillerie allemande restĂ©e sur place pour permettre aux divisions de rĂ©serve de progresser au-delĂ  de la ligne Oosttaverne et pour identifier l'artillerie allemande cachĂ©e ou l'artillerie allemande progressant dans le no man's land.

Le major-gĂ©nĂ©ral G. McK. Franks prĂ©voit de neutraliser les canons allemands sur les 8 200 mètres (9 000 yards) du front d'attaque. Sur le front principal et les flancs de l'attaque des Anglais de 16 000 mètres (17 000 yards), 169 canons allemands sont localisĂ©s par 42 canons britanniques (25 % du total allemand) ont Ă©tĂ© mis de cĂ´tĂ©. Chacun des 299 canons allemands identifiĂ©s au fur et Ă  mesure de l'attaque est engagĂ© par un canon britannique, cette formule nĂ©cessite 341 canons et obusiers britanniques pour la contre-batterie. Tous les 41 mètres, sur le front de l'attaque, sont placĂ©s des obusiers moyens ou lourds soit 378 pièces, dont 38 canons et obusiers super-lourds reprĂ©sentant 5 % de l'artillerie totale et les pièces d'artillerie de campagne sont utilisĂ©s pour les barrages fixes et roulants. Franks conçoit un calendrier de bombardement et ajoute un barrage de mitrailleuses par tirs indirects. 756 canons moyens et lourds sont rĂ©partis en quarante groupes et les 1 510 canons de campagne et obusiers sont rĂ©partis entre les 64 brigades d'artillerie au sein des divisions d'attaque et les 33 brigades d'artillerie de campagne, sont rĂ©partis entre les trois corps d'attaque. 130 635 tonnes de munition sont livrĂ©es pour la bataille, soit 1 000 obus pour chaque canon de canons 18-pounder, 750 obus par obusier de 4,5 pouces, 500 coups pour chaque pièce moyenne et lourde. 120 000 obus de gaz et 60 000 obus fumigènes pour les canons de campagne de 18-pounder sont utilisĂ©s lors de la bataille.

Les deux tiers des canons canons 18-pounder sont utilisĂ©s pour le barrage roulant d'obus devant l'infanterie, tandis que le reste des canons de campagne et d'obusiers de 4,5 pouces rĂ©alisent un barrage fixe Ă  640 mètres (700 yards) quand l'infanterie arrive Ă  370 mètres (400 yards) le barrage est dĂ©placĂ© de 640 mètres. Chaque division dispose de quatre batteries d'artillerie de campagne, qui peuvent ĂŞtre retirĂ©es du barrage sur ordre du commandant de la division pour engager des cibles locales. Les batteries de campagne des trois divisions de rĂ©serve sont mises en place sur des positions camouflĂ©es, Ă  proximitĂ© du front britannique. Une fois un objectif pris par l'infanterie le barrage roulant est stoppĂ© Ă  environ 140 mètres devant la ligne pour permettre de mettre en dĂ©fense la ligne conquise. Durant cette pĂ©riode, le rythme de tir baisse Ă  un coup par minute et par pièce, permettant aux canons et aux artilleurs de prendre du repos avant de reprendre sa pleine intensitĂ© quand le barrage se dĂ©place Ă  nouveau. L'artillerie lourde et super-lourde doit tirer sur les positions d'artillerie allemandes et les zones arrière. 700 mitrailleuses sont chargĂ©es de rĂ©aliser un barrage par des tirs indirects au-dessus des troupes offensives.

D'après les plans établis, les mines doivent exploser à 3 h 00, suivi de l'attaque des neuf divisions sur la crête. La ligne bleue (le premier objectif) doit être occupée 1 h 40 après le début de l'opération, cette conquête est suivie d'une pause de deux heures. 3 h 40 après le déclenchement de l'attaque, l'infanterie britannique doit atteindre la ligne noire (deuxième objectif) et la mettre en défense jusqu'à 8 heures du matin, soit 5 heures après le début de l'attaque. Les troupes de renforts doivent atteindre la ligne noire pour attaquer la ligne Oosttaverne qu'elles doivent conquérir 10 heures après le déclenchement des opérations. Dès que la ligne noire est capturée tous les canons doivent bombarder la ligne Oosttaverne, mener des opérations de contre-batterie et placer un barrage fixe au-delà de la ligne noire. Tous les tanks opérationnels sont réunis et 24 sont gardés en réserve pour soutenir l'avancée de l'infanterie sur la ligne Oosttaverne.

Préparatifs défensifs allemands

La première ligne de dĂ©fense allemande passe en avant de la crĂŞte de Messines, Ă©vite la colline d'Haubourdin (Colline 63), passe ensuite au de la vallĂ©e de la Douve et par le mont Kemmel, Ă  4 600 mètres (5 000 yards) Ă  l'ouest de Wijtschate, cette organisation s'avère obsolète. La construction d'une nouvelle ligne qui intègre les principes rĂ©visĂ©s de dĂ©fense tirĂ©s des expĂ©riences de la bataille de la Somme est entamĂ©e en fĂ©vrier 1917. Elle est appelĂ©e ligne Flandern I. La première section est commencĂ©e 9,6 km derrière la crĂŞte de Messines, elle s'Ă©tend du Nord de la Lys Ă  Linselles et de Wervik Ă  Beselare dans une zone favorable pour les observations d'artillerie. Au cours du mois d'avril, le marĂ©chal Rupprecht et son chef d'Ă©tat-major, le gĂ©nĂ©ral von Kuhl, rĂ©flĂ©chissent Ă  un retrait allemand sur la 3e ligne (ligne Warneton) pour anticiper une attaque britannique. Les commandants des divisions sont opposĂ©s au retrait, ils considèrent que les contre-mines allemandes ont contre-carrĂ© les menaces britanniques en sous-sol et que les travaux sur la ligne Warneton ne sont pas suffisamment avancĂ©s pour un retrait sans risques. La nature de la crĂŞte interdit les observations des artilleurs britanniques, le canal Ypres-Comines et la Lys limitent l'espace disponible en cas de contre-attaque. En cas de prise de la crĂŞte, les observateurs britanniques pourraient guider correctement les tirs d'artillerie et rendre le terrain impraticable et trop dangereux pour les troupes allemandes aussi loin que la ligne Flandern I situĂ©e 9,6 km derrière. En cas de retrait allemand, les pentes de la colline de Menin, une zone essentielle dans la dĂ©fense allemande des Flandres, jusqu'Ă  prĂ©sent inaccessibles aux observateurs le seraient. Rupprecht rĂ©examine la 3e ligne de dĂ©fense appelĂ©e (Warneton) et la ligne de dĂ©fense supplĂ©mentaire Sehnen (appelĂ©e « ligne Oosttaverne » pour les Britanniques) entre la ligne de Warneton et la 2e ligne (Hohen) et abandonne l'idĂ©e du retrait.

Face Ă  la 2e armĂ©e de Plumer, les Allemands opposent le groupe Wijtschate formĂ© de trois divisions du 19e corps d'armĂ©e (de), dirigĂ© par le gĂ©nĂ©ral Maximilian von Laffert. Ce groupe qui tient la crĂŞte, fait partie de la IVe armĂ©e commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Sixt von Armin. Au dĂ©but de mai, la XXIVe division allemande est ajoutĂ©e Ă  la garnison de la crĂŞte. La XXXVe division d'infanterie et la IIIe division bavaroise forment la rĂ©serve du groupe Wijtschate, elles sont considĂ©rablement renforcĂ©es par de l'artillerie, des munitions et des avions. La partie du front allemand la plus vulnĂ©rable est l'extrĂ©mitĂ© nord de la crĂŞte de Messines oĂą elle rencontre la colline de Menin. Le commandement allemand limite la largeur de front de 2 400 mètres (2 600 yards) tenu par la CCIVe division d'infanterie (WĂĽrttemberg). La XXIVe division d'infanterie, plus au sud, contrĂ´le 2 600 mètres (2 800 yards) et la IIe division d'infanterie 3 700 mètres (4 000 yards) autour de Wijtschate. Au sud-est du front la XLe division d'infanterie tient une ligne de front de 4 400 mètres (4 800 yards) de part et d'autre de la Douve. La première ligne est Ă©tablie en profondeur, les fortifications sont rĂ©parties jusqu'Ă  un demi-mile derrière la ligne de front. Ă€ la fin du mois de mai les effets des tirs d'artillerie britanniques sont si violents que les XXIVe et XLe divisions sont remplacĂ©es par la XXXVe division et la IIIe division bavarois. La VIIe division et la Ire division de rĂ©serve de la Garde deviennent les divisions de rĂ©serve du groupe Wijtschate au dĂ©but du mois du juin. La relève de la IIe division d'infanterie est prĂ©vue pour les 7 et 8 juin.

Les rĂ©giments allemands tiennent entre 640 et 1 100 mètres (700-1 200 yards) de première ligne avec un bataillon en première ligne, un second bataillon en soutien et un 3e bataillon en rĂ©serve Ă  une distance de 4,8 km Ă  6,4 km Ă  l'arrière du front. Le bataillon en ligne a trois compagnies dans le premier système dĂ©fensif sur des lignes de dĂ©fenses appelĂ©es « IA », « IB » et « IC » et la dernière compagnie du bataillon est placĂ©e sur la ligne intermĂ©diaire Ă  Sonne associĂ©e avec une compagnie du bataillon de soutien immĂ©diatement disponible pour une contre-attaque entre la première ligne et la seconde ligne (Höhen) sur la ligne de crĂŞte faĂ®tière. Les trois autres compagnies du bataillon de soutien Ă  l'abri dans la 2e ligne (Höhen). Environ 32 postes de mitrailleuses rĂ©gimentaires sont dispersĂ©s sur le secteur autour de la zone dĂ©fensive. La dĂ©fense allemande est mobile, le rĂ´le des Stosstrupps placĂ©s dans la ligne « IC » est de mener des contre-attaques pour reprendre « IA » et « IB ». En cas de repli, les bataillons de soutien doivent alors avancer pour reprendre le terrain perdu exceptĂ© sur la colline de Spanbroekmolen qui doit ĂŞtre dĂ©fendue Ă  tout prix.

Le bombardement britannique prĂ©liminaire dĂ©bute le 8 mai et devient plus intense Ă  partir du 23 mai. Les parapets de dĂ©fenses et les abris en bĂ©ton de part et d'autre de la crĂŞte sont dĂ©molis. La supĂ©rioritĂ© aĂ©rienne permet Ă  l'aviation britannique d'observer les dĂ©fenses allemandes, malgrĂ© les efforts dĂ©fensifs du Cirque Richthofen. Ă€ partir du 26 mai, les garnisons allemandes avancent de 46 mètres (50 yards) dans les trous d'obus du no-man's land, Ă  l'aube et retournent la nuit dans leurs abris. Lorsque les abris ont Ă©tĂ© dĂ©truits, les trous d'obus sont occupĂ©s de manière permanente. Les compagnies de la seconde ligne (Höhen) se replient derrière la crĂŞte. Ă€ la fin de mai, les bataillons en première ligne sont relevĂ©s tous les deux jours au lieu de tous les cinq du fait du bombardement britannique. Certaines troupes allemandes sur la crĂŞte ont un faible moral Ă©tant convaincus de l'imminence d'une attaque synchronisĂ©e avec l'explosion des mines selon les dires d'un prisonnier capturĂ© le 6 juin. Le 1er juin le bombardement britannique devient plus intense, chaque position dĂ©fensive allemande sur la pente est nivelĂ©e.

L'effort de la Luftstreitkräfte atteint son maximum entre le 4 et le 5 juin, quand un avion allemand observe 74 sites de contre-batteries. Les Britanniques identifient 62 avions d'observation allemands chacun escortés par sept chasseurs pour diriger des tirs d'artillerie contre la 2e armée. Les observations des avions d'observation britanniques sur la contre-pente est moins efficace que dans les premières lignes. Les villages Messines et Wijtschate sont démolis ainsi que les lignes « Höhen » et « Sehnen », des positions de mitrailleuses restent intactes malgré le bombardement. Les tirs d'artillerie à longue distance sur Comines, Warneton, Wervik, les carrefours, les voies ferrées et les ponts causent beaucoup de dégâts, un certain nombre de dépôts de munitions sont détruits.

Bataille

Seconde Armée

Tranchée allemande détruite et soldats tués par l'explosion d'une des mines. 10 000 tués et disparus ont été attribués à ces mines.
Le Lone Tree Crater ou Pool of Peace, l'un des cratères creusé par une explosion de mine, en 2009.

Au niveau météorologique, entre le 15 mai et le 9 juin, le temps évolue de « passable » à « beau » à l'exception des 16, 17 et 29 mai qui sont « très mauvais ». À partir du 4 juin, le temps passe au « beau », avec des brumes matinales. Le jour J de l'attaque est fixé au 7 juin et l'heure H à 3 h 10 du matin. Un orage éclate durant la nuit précédant l'attaque, à minuit le ciel s'éclaircit à nouveau. À 2 h 00, des avions britanniques volent au-dessus des lignes allemandes, pour camoufler le bruit des chars se rendant sur leurs positions d'attaques. À 3 h 00, les troupes britanniques atteignent furtivement leurs positions de départ, sauf pour certaines troupes au 2e corps d'armée de l'ANZAC (en). Les tirs nocturnes de routine de l'artillerie britannique cessent environ une demi-heure avant l'aube. À 3 h 10 du matin, les mines commencent à exploser. Après les explosions, l'artillerie britannique entame un tir d'efficacité. Le barrage roulant est mis en place et les tirs de contre-batterie sont déclenchés sur les positions connues de l'artillerie allemande avec des obus à gaz. Les neuf divisions britanniques d'attaque et les trois divisions en réserve commencent leur avance. L'artillerie allemande réagit par un tir de barrage qui tombe sur les tranchées britanniques vides.

Premier objectif, ligne bleue

Le 2e corps d'armĂ©e de l'ANZAC (en) est placĂ© face Ă  la partie sud de la crĂŞte et au village de Messines. La 3e division d'infanterie australienne placĂ©e Ă  droite est dĂ©sorganisĂ©e par un bombardement allemand au gaz sur le bois de Ploegsteert (« Plugstreet ») aux alentours de minuit faisant 500 victimes au cours de la marche d'approche, mais l'attaque entre Saint-Yves et la Douve commence Ă  l'heure. Les 9e et 10e brigades d'infanterie bĂ©nĂ©ficient des effets de l'explosion de quatre mines sur les tranchĂ©es 122 et 127, qui forment des cratères de 61 mètres (200 pieds) de large et 6,1 mètres (20 pieds) de profondeur. Les cratères formĂ©s perturbent les formations d'attaque de l'infanterie australienne, qui se fondent dans une seule vague avant de se reformer Ă  mesure de leur avance. La division nĂ©o-zĂ©landaise Ă©vite le bombardement au gaz allemand et passe la colline 63. Les deux brigades traversent le lit assĂ©chĂ© de la rivière Steenebeke et s'emparent de la ligne de front allemand sans difficultĂ©s bien que la mine de la petite Ferme de Douve n'ait pas explosĂ© puis avancent vers le village de Messines. Ă€ la gauche du corps, la 25e division a ses lignes de dĂ©part 550 mètres (600 yards) derrière la ligne de la division nĂ©o-zĂ©landaise. Elle rattrape son retard aidĂ©e par l'explosion de la mine de la ferme de l'Ontario.

Ă€ la droite du 9e corps d'armĂ©e britannique, la 36e division d'infanterie attaque avec la 107e brigade soutenue par l'explosion de trois mines Ă  Kruisstraat et par l'explosion de la mine principale de Spanbroekmolen Ă  730 mètres (800 yards) plus au nord. L'attaque de la 109e brigade Ă  gauche du front de la 36e division est aidĂ©e par l'explosion de la mine de Peckham Chambre. La zone dĂ©vastĂ©e est franchie sans rĂ©sistance, les survivants allemands sont sonnĂ©s par les explosions de mines. La 16e division d'infanterie (en) attaque entre la ferme de Maedelstede et la route reliant Vierstraat Ă  Wytschaete. Les explosions des mines de Maedelstede et des deux mines du Petit Bois dĂ©vastent les points dĂ©fensifs allemands encore intacts, les mines du Petit Bois de gauche sont dĂ©clenchĂ©es avec une douzaine de secondes de retard entraĂ®nant des pertes dues aux retombĂ©es des explosions parmi les troupes d'attaque britanniques. Sur la gauche du 9e corps, la 19e division d'infanterie, au nord de la route entre Vierstraat et Wytschaete, attaque avec deux brigades dans les restes du Grand Bois et Bois Quarante. L'explosion des trois mines de Hollandscheschuur permet Ă  l'infanterie britannique de s'emparer du saillant allemand « Nez Nag », les allemands survivants se replient ou se rendent.

Le 10e corps doit progresser de 640 mètres (700 yards) jusqu'Ă  la crĂŞte puis de 550 mètres (600 yards) sur la crĂŞte elle-mĂŞme. Cette progression permet aux observateurs d'artillerie britanniques au sol d'avoir de nouvelles vues des positions allemandes au nord sur le versant sud du plateau Gheluvelt et l'arrière de Zandvoorde. Les dĂ©fenses allemandes sont renforcĂ©es par un doublement de la garnison d'infanterie par rapport au standard sur les autres parties du front. La concentration de l'artillerie allemande autour de Zandvoorde rend une attaque britannique dans cette zone très pĂ©rilleuse, mais les tirs britanniques de contre-batterie ont permis d'Ă©liminer la presque totalitĂ© de l'artillerie allemande qui ne rĂ©pond Ă  l'attaque qu'en retard et de façon sporadique. Dans la nuit du 6 au 7 juin, les barbelĂ©s de la première ligne britannique sont coupĂ©s pour permettre aux troupes de se rĂ©unir dans le no man's land, prĂŞtes Ă  attaquer Ă  3 h 10. La 41e division d'infanterie attaque avec deux brigades après l'explosion d'une mine dans le saillant de Saint-Éloi. Ses principaux obstacles sont les dĂ©combres de l'explosion de la mine. Les 47e et 23e divisions d'infanterie forment le flanc dĂ©fensif gauche de l'attaque. Elles avancent sur la crĂŞte et entre le canal d'Ypres-Comines et la voie ferrĂ©e, au-delĂ  des fourreaux de mines de Caterpillar et de la colline 60. Les bordures du canal et de la voie ferrĂ©e sont un dĂ©dale de tranchĂ©es, mais la 47e division d'infanterie franchit les 270 mètres (300 yards) de la position du front allemand en 15 minutes, en collant au barrage roulant. L'infanterie allemande se rend le long du chemin. Le sol gorgĂ© d'eau dans la vallĂ©e au sud du mont oblige les deux brigades de la 23e division d'infanterie d'avancer de part et d'autre de la vallĂ©e jusqu'Ă  atteindre le sommet.

Dans les zones d'explosion des mines, l'infanterie britannique trouve de nombreux soldats allemands morts, blessĂ©s ou choquĂ©s. L'attaque balaie les quelques points dĂ©fensifs allemands encore actifs, obligeant les Allemands Ă  se retirer prĂ©cipitamment sur les lignes dĂ©fensives en arrière. Environ 80 000 Britanniques avancent vers le sommet de la pente, soutenus par le bombardement roulant qui projette beaucoup de fumĂ©e et de poussières empĂŞchant les observations des dĂ©fenseurs allemands. Le barrage roulant avance de 91 mètres (100 yards) toutes les deux minutes permettant aux troupes britanniques de dĂ©border les fortifications allemandes et les nids de mitrailleuses. Quand les Allemands rĂ©sistent, ils sont engagĂ©s par des grenades Ă  fusil, des fusils-mitrailleurs Lewis et des mortiers de tranchĂ©e. Les mĂŞmes techniques de combat employĂ©es avec succès sur la crĂŞte de Vimy en avril sont appliquĂ©es pour l'attaque de Messines. L'accent est mis sur le « ratissage » du terrain conquis, pour s'assurer que les troupes allemandes contournĂ©es ne pourraient engager des troupes britanniques de soutien. La fumĂ©e et la poussière nĂ©cessitent l'utilisation de la boussole, la première ligne allemande est atteinte dans les 35 minutes allouĂ©es, ainsi que la ligne Sonne, Ă  mi-chemin Ă  la 2e ligne allemande (Höhen) sur l'arĂŞte. Les deux bataillons de soutien des brigades d'attaque collent aux troupes d'attaque pour ĂŞtre en place pour le deuxième objectif de l'attaque Ă  460 et 730 mètres plus loin. La prĂ©cision du barrage britannique est conservĂ©e, les tentatives de contre-attaque allemandes sont Ă©touffĂ©es. Quand l'infanterie britannique s'approche de la 2e ligne allemande, la rĂ©sistance s'intensifie.

Second objectif, ligne noire

Dans la zone d'attaque du 2e corps de l'ANZAC (en), la 3e division australienne consolide le flanc dĂ©fensif sud de l'attaque, en reliant les diffĂ©rents cratères de la tranchĂ©e 122 et repousse plusieurs contre-attaques allemandes hâtives. Le flanc gauche de la division se fixe sur un point fortifiĂ© allemand capturĂ©. La division nĂ©o-zĂ©landaise attaque le village de Messines, le bastion sud des dĂ©fenses allemandes de la crĂŞte de Messines. Le village est fortifiĂ© par une ligne pĂ©riphĂ©rique de tranchĂ©es et dans le village par cinq casemates et des caves fortifiĂ©es Ă  l'Ă©preuve de l'artillerie. Deux postes de mitrailleuses au bord du village sont Ă©vacuĂ©s par les Allemands, mais le feu provenant de la ferme Swayne Ă  370 mètres (400 yards) du village bloque l'avance alliĂ©e jusqu'Ă  l'arrivĂ©e d'un tank qui permet la prise de la ferme et la capture de 30 soldats allemands. Les NĂ©o-ZĂ©landais pĂ©nètrent dans les tranchĂ©es extĂ©rieures derrière le barrage roulant qui ralentit et progresse seulement de 91 mètres (100 yards) en 11 minutes. La garnison allemande dĂ©fend le village avec une grande dĂ©termination mais se rend lorsque le commandant du village est capturĂ©. La 25e division d'infanterie conquiert la route Messines-Wytschaete sur la crĂŞte de la colline, au nord de la division nĂ©o-zĂ©landaise, avec peu d'opposition, sauf Ă  « Hell Farm » qui est nĂ©anmoins capturĂ©.

Dans la zone du 9e corps d'armée, l'artillerie a détruit les fils de fer barbelé et les points fortifiés de la ligne allemande. La 36e division d'infanterie capture les restes de la ferme Bogaert et des deux bois l'entourant. Plus au nord, l'artillerie britannique bombarde en permanence les postes défensifs allemands connus dans le bois de Wytschaete et le Grand Bois, ils ont détruit par un bombardement incendiaire réalisés par des projectors Livens dans la nuit du 3 au 4 juin. Les 16e (en) et 19e divisions d'infanterie (en) parviennent à s'emparer des restes calcinés des deux bois. L'objectif des deux divisions est atteint juste après 5 h excepté dans la zone de l'Hospice où une force allemande résiste malgré les risques d'encerclement jusqu'à 6 h 48.

Dans la zone du 10e corps d'armĂ©e, les positions allemandes (appelĂ©es Dammstrasse) qui s'Ă©talent de la route Saint-Éloi au Château Blanc sont capturĂ©es par la 41e division d'infanterie après une longue lutte. La 47e division d'infanterie attaque le Château Blanc en profitant de la fumĂ©e produite par les obus fumigènes et incendiaires tirĂ©s sur les positions allemandes plus au nord le long du canal de Comines. La garnison allemande rĂ©siste et repousse deux attaques, avant de se rendre après un bombardement au mortier de tranchĂ©e Ă  7 h 50. Le flanc dĂ©fensif sur la partie nord du 10e corps d'armĂ©e est tenu par la 23e division d'infanterie qui progresse de 270 mètres (300 yards) en vingt minutes. Les forces allemandes du saillant de Zwarteleen au sud du mont Sorrel rĂ©sistent aux assauts des deux brigades avant d'ĂŞtre forcĂ©es de se rendre par des tirs de grenades Ă  fusils.

Juste après 5 h 00 tous les « seconds objectifs intermĂ©diaires » britanniques (la première tranchĂ©e ligne et la 2e ligne allemande Höhen sur le sommet de la crĂŞte) sont pris. Les diffĂ©rents documents allemands rĂ©cupĂ©rĂ©s sur le champ de bataille montrent que le commandement allemand a sous-estimĂ© l'effet des mines, de l'artillerie et des tactiques d'infanterie britanniques : les Allemands s'attendaient Ă  une attaque de la crĂŞte mais pensaient pouvoir tenir la ligne jusqu'Ă  l'arrivĂ©e des divisions Eingreif de renforts pour les contre-attaques. L'objectif suivant est la tranchĂ©e en arrière de la 2e ligne « Höhen » allemande derrière la ligne de crĂŞte Ă  370-460 mètres (400-500 yards). Une pause de deux heures permet la sĂ©curisation du terrain conquis et aux bataillons britanniques gardĂ©s en seconde ligne de se dĂ©placer vers l'avant. Durant cette pĂ©riode, l'artillerie Ă©tablit un barrage fixe de canons 18-pdrs Ă  270 mètres (300 yards) devant les lignes capturĂ©es, l'artillerie lourde est quant Ă  elle prĂŞte Ă  riposter aux tirs allemands ou Ă  rĂ©aliser un barrage ponctuel selon les besoins. Les bĂŞtes de traits et les hommes apportent des fournitures dĂ©fensives (fil de fer barbelĂ©, sacs) pour sĂ©curiser le terrain capturĂ© sous la direction des troupes du gĂ©nie. Ă€ 7 h 00 le bombardement de protection augmente en intensitĂ© et recommence sa progression se dĂ©plaçant de 91 mètres (100 yards) toutes les trois minutes. L'attaque est relancĂ©e, les divisions emploient les bataillons dĂ©jĂ  engagĂ©s mais certains d'entre elles commencent Ă  utiliser les bataillons de leur 3e brigade. La plupart des chars encore opĂ©rationnels sont dĂ©passĂ©s par l'infanterie mais certains continuent leur action de soutien.

Bataille de Messines, plan d'attaque du 2e corps d'armée de l'ANZAC.

Les bataillons de rĂ©serve de la division nĂ©o-zĂ©landaise sont lancĂ©s dans la bataille et dĂ©passent les bataillons impliquĂ©s dans la première attaque. Ces nouveaux bataillons avancent de part et d'autre de Messines oĂą plusieurs secteurs dĂ©fensifs allemands tiennent encore. Un centre de commandement de l'artillerie allemande Ă  Blauwen Molen, situĂ© Ă  460 mètres (500 yards) au-delĂ  de Messines, est capturĂ©. Un tank fait irruption dans un point fortifiĂ© Ă  la ferme de Fanny et provoque la reddition d'une centaine de soldats allemands. La brigade de rĂ©serve de la 25e division d'infanterie poursuit la progression vers le nord, sauf au niveau de la ferme Lumm qui est finalement prise avec l'aide des troupes de l'aile droite de la 36e division d'infanterie. AidĂ© par deux chars, le reste de la 36e division avance Ă  droite du village Wytschaete et capture un centre de commandement d'un bataillon allemand. Wytschaete a Ă©tĂ© fortifiĂ© comme Messines mais les bombardements spĂ©ciaux dĂ©butĂ©s le 3 juin ont dĂ©moli le village. Deux bataillons de la 16e division dĂ©bordent les lignes allemandes, sur la gauche la brigade de rĂ©serve de la 19e division d'infanterie occupe la zone comprise entre les villages de Wytschaete au bois d'Oosttaverne avec peu de rĂ©sistance.

Le 10e corps d'armĂ©e a plus de difficultĂ©s Ă  atteindre certains de ses objectifs finaux. La perte de Château Blanc dĂ©sorganise les dĂ©fenseurs allemands et permet Ă  la 41e division d'infanterie au sud de franchir facilement le sommet et d'atteindre la pente arrière de la colline Ă  460 mètres (500 yards) derrière les lignes donnant sur le versant oriental de la colline et la vallĂ©e de Roozebeke. La 41e division capture de nombreux prisonniers aux bois de Denys et de Ravine. Au nord du canal, la 47e division d'infanterie a pour objectif la capture d'un terril de 370 mètres de long (400 yards) dĂ©fendu par plusieurs nids de mitrailleuses allemandes. Les attaques britanniques prennent pied Ă  la base du terril avec de fortes pertes dues Ă  la prĂ©sence des mitrailleuses du terril et du bois plus au nord. Finalement Ă  9 h 0 0l'infanterie se retire pour permettre un nouveau bombardement de la zone de 14 h 30 Ă  18 h 55. Ă€ 19 h 00, une nouvelle attaque du bataillon de rĂ©serve est lancĂ©e. La 23e division subit quant Ă  elle beaucoup de pertes dues aux tirs de mitrailleuses provenant du terril, elle rĂ©ussit Ă  s'emparer le soir du bois nord.

Au centre de l'attaque, à 8 h 40, une compagnie de chaque bataillon, soutenue par huit chars et des patrouilles de cavalerie, suit le barrage roulant jusqu'à la ligne d'observation à plusieurs centaines de mètres en contrebas de la pente est de la crête. La plupart des troupes allemandes rencontrées se rendent rapidement, sauf au bois d'Oosttaverne où ils résistent davantage. L'aviation britannique prend part également à la bataille en mitraillant au sol les troupes allemandes. Le deuxième objectif (la « ligne d'observation ») des fermes de Bethléem au sud de Messines et de la ferme de Despagne au bois d'Oosttaverne est atteint avec peu de pertes. Des marqueurs au sol sont mis en place pour les trois divisions pour l'attaque prévue dans l'après-midi et la zone conquise est fortifiée. Les planificateurs britanniques de l'assaut ont prôné la fortification du terrain conquis sur la crête et une pause dans l'offensive. Ils ont considéré que les pertes britanniques pour la prise du premier objectif intermédiaire (ligne bleue) pourraient atteindre 50 % de l'effectif engagé et 60 % au niveau de la crête (ligne noire). En réalité, le nombre de victimes britanniques est beaucoup plus faible que prévu. Les troupes d'assaut et de renforts commencent alors à s'entasser sur la crête et à subir des pertes sensibles par les tirs de mitrailleuses et de l'artillerie à longue portée allemande. Les planificateurs britanniques considèrent comme probable la contre-attaque de deux divisions allemandes Eingreif placées derrière la crête à partir de 11 h. Afin d'éviter de rencontrer ces troupes en terrains découverts, les positions défensives sont consolidées pour bloquer les tentatives allemandes. Les batteries d'artillerie non utilisées des trois divisions de réserve ajoutent leurs feux au barrage de protection devant l'infanterie pour le densifier sans que les Allemands le remarquent.

Objectif final (ligne Oosttaverne)

La planification prévoit une pause de cinq heures pour vaincre les divisions allemandes Eingreif, avant la reprise de l'avance des troupes britanniques vers la ligne Oosttaverne (Sehnen). Après que les rapports sur l'état du terrain sont parvenus à Plumer, il est décidé de prolonger la pause de deux heures, jusqu'à 15 h 10. Des pièces d'artillerie rejoignent les batteries masquées près de la ligne de front et d'autres sont déplacées le plus loin possible dans le no man's land. 146 mitrailleuses sont préparées sur la face visible de la crête pour tirer un barrage au-dessus des troupes, chaque division place seize mitrailleuses supplémentaires sur la ligne de front sur le versant oriental. Les 24 chars en réserve commencent à avancer à 10 h 30 pour rejoindre les flancs du 2e corps de l'ANZAC (en) et 9e corps. Les chars restant de l'attaque du matin sur le front du 10e corps, sont regroupés puis participent aux attaques à partir de Damm et du Denys Woods.

La 4e division australienne poursuit l'attaque du 2e corps d'armĂ©e de l'ANZAC, la brigade de droite doit atteindre les zones de rassemblement avant 11 h 30. La brigade avance sur un terrain Ă  dĂ©couvert, sous le feu des mitrailleuses et de l'artillerie allemande qui provoquent des pertes sensibles Ă  la brigade. La brigade de gauche prĂ©venue des pertes de la brigade de droite n'avance qu'Ă  partir de 13 h 40. Le barrage roulant est dĂ©clenchĂ© Ă  15 h 10 et avance Ă  la vitesse de 91 mètres (100 yards) toutes les 3 minutes. La brigade de droite avance de 1 800 mètres (2 000 yards) vers la ligne Oosttaverne, entre la Douve au nord de Blauwepoortbeek. Les mitrailleuses allemandes placĂ©es dans les casemates renforcĂ©es de la ligne Oosttaverne causent de nombreuses victimes, mais avec le soutien de trois chars, les Australiens atteignent les casemates, Ă  l'exception de celles situĂ©es au nord de la route Messines-Warneton. Une fois leur ligne de dĂ©fense conquise, les survivants allemands ont tentĂ© de battre en retraite Ă  travers le barrage britannique qui s'est fixĂ© 270 mètres (300 yards) derrière la ligne Oosttaverne. La brigade de gauche est bloquĂ©e dans sa progression Ă  460 mètres (500 yards) de la ligne Oosttaverne par des tirs sur son flanc droit provenant de casemates allemandes situĂ©es au nord de la route Messines-Warneton jusqu'Ă  la Blauwepoortbeek. Ces tirs provoquent des pertes sensibles au sein de cette unitĂ©. Le bataillon australien de gauche ignore que la 33e brigade de la 11e division au nord a du retard, il vire vers le nord-est pour tenter de prendre contact avec la brigade près de la ferme Lumm. Cette ferme est prise par le bataillon australien qui tourne la position en passant par l'Ă©peron de Wambeke. Cet objectif est facilement accessible, mais il est situĂ© au ruisseau de Wambeek soit 910 mètres (1 000 yards) au nord de la position prĂ©vue. Les unitĂ©s australiennes Ă©tendent alors leur ligne de front vers le nord jusqu'Ă  Estaminet Polka pour essayer de se lier avec la 33e brigade. Cette dernière, accompagnĂ©e de quatre chars, entre en contact avec les troupes australiennes Ă  16 h 30. La brigade prend les fermes de Joye et de Van Hove au-delĂ  des objectifs prĂ©vus pour faire taire les mitrailleuses tirant sur elle.

Sur le front du 9e corps, la 33e brigade de la 11e division d'infanterie reçoit l'ordre d'avancer sur la ferme Vandamme Ă  9 h 25, mais l'ordre est communiquĂ© avec retard et la brigade se regroupe Ă  proximitĂ© de la ferme de Rommens qu'Ă  partir de 15 h 50 pour la moitiĂ© des effectifs, l'autre partie ayant encore une heure de retard. Pour compenser le retard, le commandant du 9e corps ordonne Ă  la 57e brigade de la 19e division en rĂ©serve, de prendre Ă  sa charge la partie du front de la ligne Oosttaverne entre la ferme de Van Hove au village Oosttaverne ainsi que le bois de Bug. Finalement, seuls 1 100 mètres (1 200 yards) de front sont sous la responsabilitĂ© de la 33e brigade. Les ordres du commandant du 9e corps arrivent avec retard au commandant de la 19e division qui demande un report. Finalement, la 57e brigade est envoyĂ©e en première ligne sans attendre la 33e brigade. Les troupes ont comme ordre de descendre la pente et de coller au barrage. Elles arrivent Ă  prendre les objectifs en 20 minutes du fait de la faible opposition allemande et rencontrent les Australiens Ă  Estaminet Polka.

Les deux brigades de la 24e division formant la rĂ©serve du 10e corps, sont lancĂ©es dans la bataille et atteignent Dammstrasse dans le temps imparti Ă  temps. Les deux brigades ont facilement atteint leurs objectifs, les bois Bug et de Rose, la ferme Verhaest, sans grande opposition allemande et capturent de nombreux points fortifiĂ©s. Elles capturent 289 Allemands et six canons de campagne avec seulement six victimes, elles avancent de 730 mètres (800 yards) le long de la vallĂ©e de Roozebeek et capturent le bois de la Ravine Bois sans difficultĂ© sur le flanc gauche. Le bataillon gauche progresse moins que les autres, il doit soutenir les troupes de la 47e division restant sous les feux de mitrailleuses. Tous les objectifs finaux de l'offensive britannique sont pris exceptĂ© les rives du canal Ypres-Comines et 910 mètres (1 000 yards) de la ligne Oosttaverne Ă  la jonction du 9e corps et du 2e corps de l'ANZAC. MalgrĂ© un bombardement intense jusqu'Ă  18 h 55, les troupes allemandes sur la rive du canal repoussent une nouvelle attaque d'infanterie. Le bataillon de rĂ©serve employĂ© pour cette attaque subit le feu de l'artillerie allemande durant le positionnement des troupes pour l'attaque. De nouvelles tentatives sont rĂ©alisĂ©es en utilisant des mitrailleuses lourdes qui permettent quelques avancĂ©es mais l'arrivĂ©e de renforts allemands stoppe les attaques. La situation britannique près de Blauwepoortbeek s'aggrave, des troupes allemandes sont vues se rassembler Ă  la ferme de Steingast, près de la route de Warneton. Un tir barrage dĂ©fensif (ou barrage SOS) tombe sur la 12e brigade australienne positionnĂ©e 230 mètres (250 yards) au-delĂ  de son objectif. Les Australiens rĂ©ussissent Ă  arrĂŞter la contre-attaque allemande avec des tirs d'armes lĂ©gères, mais de nombreux survivants se replient spontanĂ©ment pour se mettre Ă  l'abri sur la crĂŞte. Ă€ la nuit tombĂ©e, les observateurs d'artillerie nĂ©o-zĂ©landais, pensant que tous les Australiens se sont repliĂ©s sur la crĂŞte, dĂ©clenchent un barrage au plus près de la ligne d'observation pour Ă©viter les contre-attaques allemandes. Le bombardement tombe sur le reste des Australiens, qui se retirent avec de nombreuses pertes, laissant la partie sud de la ligne Oosttaverne et la zone de Blauwepoortbeek inoccupĂ©es. Un barrage dĂ©fensif (barrage SOS) est dĂ©clenchĂ© en avant du 9e corps et arrĂŞte une contre-attaque allemande de la vallĂ©e Roozebeke mais de nombreux obus tombent trop courts, prĂ©cipitant un autre retrait informel. Le barrage se rapproche de la ligne d'observation, rajoutant des pertes britanniques jusqu'Ă  22 h 00, heure de l'arrĂŞt effectif du bombardement. L'infanterie britannique occupe Ă  nouveau les positions. Le 8 juin Ă  3 h 00 du matin, les opĂ©rations de reprise de la ligne Oosttaverne sont entamĂ©es dans la zone du 2e corps d'armĂ©e de l'ANZAC.

Opérations aériennes

Afin de suivre la progression de l'infanterie, deux avions d'observation sont employés en permanence pour chaque corps d'armée. Les observateurs tracent facilement les nouvelles positions des troupes expérimentées qui allument des fusées éclairantes et agitent des tissus pour attirer l'attention. Certaines troupes, mal formées et inexpérimentées, ne coopèrent pas craignant de se faire remarquer également par les Allemands. Les avions d'observation doivent voler dangereusement bas pour identifier les troupes. Quatre d'entre eux sont abattus dans la journée. Bien que l'observation aérienne ne soit pas dans le cas présent indispensable, la vitesse à laquelle les rapports d'observations sont livrés a permis d'améliorer la liaison entre la ligne de front et les commandants supérieurs. Du côté allemand, l'infanterie se camoufle, obligeant les avions britanniques à réaliser des identifications visuelles directes. Les rapports et la mise à jour des cartes sont régulièrement réalisés au niveau des divisions et des corps d'armée pour permettre un bon suivi des troupes. Pendant la pause sur la crête, un observateur signale que la ligne Oosttaverne est faiblement occupée. À 14 h, un observateur dans un ballon indique qu'un barrage allemand lourd est déclenché devant le 2e corps d'armée de l'ANZAC. Une patrouille d'avion rapporte une forte concentration d'infanterie allemande dans la région du village de Messines. Cette contre-attaque allemande est dispersée par des tirs d'artillerie à partir de 14 h 30. Chaque escadrille maintient un avion en permanence en vol pour diriger le déclenchement de barrage d'artillerie si la présence de troupes allemandes est avérée. En fait lors de cette bataille, la vitesse de progression des troupes britanniques a empêché les contre-attaques allemandes de s'organiser. Les observateurs d'artillerie ont appelé 398 fois pour déclencher des tirs de contre-batterie de zone après l'identification de la position de canons allemands. Finalement 165 appels ont réellement permis de bloquer l'artillerie allemande. Les observateurs d'artillerie du 8e corps ont pu déclencher des tirs sur la ligne Oosttaverne et sur l'artillerie allemande opposée au 10e corps.

Quatorze chasseurs ont réalisé des mitraillages au sol à basse altitude en avant de l'infanterie britannique sur les lignes arrières allemandes. Leurs objectifs sont les regroupements de troupes, les nids de mitrailleuses, les lignes de transports. Les attaques aériennes se déroulent toute la journée pour une perte de deux avions britanniques. Au cours de cette journée, les escadrilles mitraillent les aérodromes allemands de Bisseghem et de Marcke près de Courtrai tandis que des escadrilles de bombardement de jour bombardent les aérodromes allemands à Ramegnies à Chin, à Coucou, à Rumbeke et à Bisseghem. Les rapports d'observation indiquant la concentration de troupes allemandes autour de Quesnoy-Warneton conduisent un chasseur à décoller et attaquer en quelques minutes les troupes allemandes. Les chasseurs allemands ont vainement tenté d'intercepter les avions britanniques d'observation. Ces avions d'observation sont protégés par des patrouilles de chasseurs, un seul avion britannique est abattu par un avion allemand au cours de la journée. À la nuit tombée, les spécialistes des bombardements de nuit du 100e Squadron du RFC bombardent les gares de Warneton, de Menin et de Courtrai. Le 8 juin, une reconnaissance aérienne est réalisée sur l'extrémité nord de du front du 2e corps d'armée de l'ANZAC pour clarifier les positions des troupes britanniques.

Contre-attaques de la IVe armée allemande

Ă€ 2 h 50 le 7 juin, le bombardement d'artillerie britannique cesse. Redoutant un assaut d'infanterie immĂ©diat, les dĂ©fenseurs allemands prennent position sur les lignes avancĂ©es. Ă€ 3 h 10, les mines explosent, tuant environ 10 000 soldats allemands et dĂ©truisant la plupart des organisations dĂ©fensives avancĂ©es bloquant les survivants des onze bataillons allemands de première ligne qui sont rapidement dĂ©passĂ©s et capturĂ©s. Lors des explosions, les troupes de première ligne allemandes sont choquĂ©es par le souffle. Au mĂŞme moment, l'artillerie britannique reprend ses tirs. Une partie des Stosstruppen (« Stormtroops ») sur la ligne « Ic » ont pu contre-attaquer mais sont rapidement dĂ©passĂ©s. Sur la ligne Sonne, tenue normalement par la moitiĂ© des bataillons de soutien, les troupes sont rĂ©duites Ă  environ 100 hommes et six mitrailleuses pour les 730 mètres (800 yards) de la ligne de front. La fumĂ©e et la poussière du barrage britannique limitent la visibilitĂ© Ă  91 mètres (100 yards). Certains dĂ©fenseurs allemands ont pensĂ© que les silhouettes Ă©taient des soldats allemands en retraite et non des soldats britanniques. Ils sont alors dĂ©passĂ©s par les troupes britanniques et doivent se rendre. Après une pause, les Britanniques continuent leur avance vers la ligne Höhen, dĂ©fendue par l'autre moitiĂ© des bataillons de soutien, une compagnie de chaque bataillon de rĂ©serve et 10-12 mitrailleuses par secteur rĂ©gimentaire. MalgrĂ© l'aube, les dĂ©fenseurs allemands ne peuvent voir correctement les hommes se dirigeant vers leurs tranchĂ©es. La poussière, la fumĂ©e limitent leur champ vision. Les Allemands sont bombardĂ©s par l'artillerie et mitraillĂ©s par l'aviation britannique. La dĂ©fense allemande s'effondre sur la partie sud de la ligne de front et laisse Ă  dĂ©couvert le flanc gauche de chaque unitĂ© plus au nord, les forçant Ă  se retirer de la ligne Sehnen (Oosttaverne). Certaines unitĂ©s allemandes organisĂ©es dans Wijtschate et près de Saint-Éloi, tiennent espĂ©rant ĂŞtre relevĂ©es en vain. La garnison de la Kofferberg rĂ©siste 36 heures.

position de la 204e division sur le front de la crĂŞte de Messines.

Le général Von Laffert le commandant du groupe de divisions Wijtschate, a prévu que lors d'une attaque britannique, les deux divisions de Eingreif situées derrière la crête de Messines devaient atteindre la ligne Höhen (seconde) avant les Britanniques. Les divisions atteignent les zones de rassemblement près de Gheluvelt et Warneton en 7 heures. La 7e division d'infanterie doit se déplacer de Zandvoorde à Hollebeke et attaquer, à travers le canal de Comines vers Wijtschate, le flanc nord des troupes britanniques. La 1re division de réserve de la Garde doit passer par Warneton à l'est de Messines, puis avancer autour de du village de Messines pour reprendre le système défensif. Les deux divisions d'Eingreif sont retardées dans leur progression, leurs éléments nouvellement arrivés ne connaissent pas suffisamment le terrain, de plus ces deux divisions n'ont pas été formées aux nouvelles techniques de contre-attaques. La 7e division d'infanterie est bombardée par l'artillerie britannique durant son parcours vers le canal de Comines. Au cours du trajet, une partie de la division est détournée, pour renforcer les restes des divisions de premières lignes occupant des postes défensifs autour de Hollebeke. Lorsque le reste de la division arrive sur ses objectifs, il découvre que les troupes britanniques occupent déjà les positions de la ligne Sehnen (Oosttaverne). La 1re division de réserve de la Garde est lourdement bombardée lors du franchissement de la ligne Warneton (troisième). La division atteint Messines vers 15 h 00 et subit de plein fouet la reprise du barrage roulant britannique et doit se replier sur la ligne Sehnen (Oosttaverne) quand les troupes britanniques commencent à avancer vers leur prochain objectif. Laffert envisage dans un premier temps un retrait supplémentaire, puis finalement ordonne que la ligne de défense soit au contact des nouvelles positions britanniques. Une fois le front fixé, l'artillerie allemande réagit avec une grande précision sur les nouvelles positions alliées et inflige des pertes importantes à l'infanterie britannique. 90 % des pertes de la 25e division d'infanterie britannique proviennent de l'artillerie allemande.

Bilan et suites de la bataille

Opérations ultérieures

Évolution du front dans le secteur d'Ypres durant l'année 1917.

À 3 h 00 le 8 juin, l'attaque britannique est renouvelée pour occuper la ligne Oosttaverne de la Douve à la route de Warneton. Les troupes britanniques rencontrent quelques garnisons allemandes vite débordées. L'artillerie allemande au sud de la Lys bombarde lourdement en réaction le versant sud de la crête et cause des pertes considérables aux troupes de l'ANZAC positionnées sur la pente. Un bataillon de réserve est envoyé pour renforcer le 49e bataillon australien près de Blauwepoortbeek pour l'attaque de la route de Warneton à 3 h 00, mais le bataillon n'arrive pas à temps. À 4 h 00, le commandant de la 4e division australienne, le major-général William Holmes, arrive et clarifie la situation. La 33e brigade de la 11e division d'infanterie reçoit l'ordre de se déplacer et de relever le 52e bataillon australien. Ce dernier doit en soirée se déplacer vers le sud pour rejoindre le 49e bataillon australien pour l'attaque sur Blauwepoortbeek. Les observateurs d'artillerie localisés sur la crête ont pris le déplacement du 52e bataillon australien pour une contre-attaque allemande et ont appelé un tir de barrage. Dans le même temps les observateurs allemands dans la vallée voient les troupes de la 33e brigade se déplacer et les prennent pour des troupes d'attaque, ils demandent alors un tir de barrage. Le terrain est fortement bombardé par les artilleries des deux armées pendant deux heures, ce qui cause de nombreuses pertes. L'attaque prévue est reportée au 9 juin.

Chaque division dispose sur la crĂŞte d'observateurs d'artillerie pouvant ordonner des tirs de barrages dĂ©fensifs pour Ă©viter le retour des troupes allemandes. L'attaque a provoquĂ© l'imbrication des troupes britanniques. En allant occuper leurs positions prĂ©vues, plusieurs d'entre elles ont essuyĂ© des tirs amis. Ces bombardements fratricides prennent fin le 9 juin, lorsque la division nĂ©o-zĂ©landaise et les 16e (en) et 36e divisions d'infanterie sont retirĂ©es du front et mises en rĂ©serve et que l'organisation classique d'occupation des tranchĂ©es du 2e corps d'armĂ©e de l'ANZAC est rĂ©tablie. Le 10 juin, l'attaque vers le bas de Blauwepoortbeek est finalement dĂ©clenchĂ©e mais rencontre une forte rĂ©sistance de la XIe division d'infanterie allemande du groupe d'Ypres venue en renfort. La 3e division australienne progresse de 550 mètres (600 yards) de part et d'autre de la rivière la Douve, et consolide son emprise sur Tatched Cottage, qui tient le flanc droit de la nouvelle position de Messines. Les Allemands Ă©vacuent le secteur de la Blauwepoortbeek Ă  l'aube du 11 juin. Les observations britanniques de la ligne Oosttaverne tenue par les Allemands constatent une faiblesse dĂ©fensive. Plumer ordonne une nouvelle poussĂ©e sur la pente. Le 14 juin, le 2e corps d'armĂ©e de l'ANZAC a pour objectif de faire avancer le flanc droit du bois Plugstreet Ă  la ferme des Trois Tilleuls et sur la colline 20. Un autre objectif est de progresser de 910 mètres (1 000 yards) vers l'Ă©peron Gapaard et la ferme de la Croix. Le 9e corps est chargĂ© de la prise de la Ferme Joye et du hameau Wambeke et d'aligner sa ligne de front sur celle des Australiens Ă  la ferme de Delporte. Le 10e corps doit capturer Spoil Bank et les zones adjacentes. L'attaque britannique est devancĂ©e par une retraite allemande dans la nuit du 10 au 11 juin. Le 14 juin, les avant-postes britanniques sont Ă©tablis sans rĂ©sistance.

L'assaut, mĂ©ticuleusement planifiĂ© et bien exĂ©cutĂ©, a permis la prise des objectifs fixĂ©s en moins de douze heures. La combinaison des tactiques Ă©laborĂ©es sur la Somme et Ă  Arras, l'emploi des mines, la recherche des positions d'artillerie allemande, les barrages d'artillerie, les chars, les avions et l'emploi de petites unitĂ©s tactiques a permis Ă  l'infanterie d'avancer par infiltration lorsqu'elle Ă©tait confrontĂ©e Ă  des dĂ©fenses allemandes intactes. Bien organisĂ©, le ratissage après le passage des troupes de première ligne a empĂŞchĂ© les troupes allemandes de tirer dans le dos de celles-ci. Les Britanniques ont fait 7 354 prisonniers et capturĂ© 48 canons, 218 mitrailleuses et 60 mortiers de tranchĂ©e. L'attaque permet de sĂ©curiser la partie sud du saillant d'Ypres pour les actions ultĂ©rieures ou « OpĂ©ration du Nord ». Laffert, le commandant du groupe Wijtschate, est limogĂ© deux jours après la bataille.

Lors de la préparation de la bataille de Messines, Haig évoque avec Plumer la possibilité d'une exploitation rapide de la bataille en lançant les 2e et 8e corps d'armée autour du lac de Bellewaarde soutenus par l'artillerie de la 2e armée. Plumer lui annonce que le transfert de l'artillerie prendra environ trois jours. Le 8 juin, des patrouilles des 2e et 8e corps signalent la présence d'une forte résistance chez les troupes allemandes. Haig exhorte Plumer d'attaquer immédiatement, mais Plumer lui annonce un délai de trois jours pour pouvoir organiser les troupes. Haig transfert les deux corps à la 5e armée et donne des instructions à Gough pour planifier la capture de la zone autour de Stirling Castle. Le 14 juin Gough indique que l'opération mettrait ses troupes dans un saillant et qu'il prendrait la région dans le cadre de l'offensive principale de l'été. De plus le 13 juin, les avions allemands commencent leurs attaques de jour sur Londres et le sud-est de l'Angleterre, ce qui nécessite le redéploiement de l'aviation britannique.

Pertes

En 1941, Bean a dĂ©nombrĂ© dans les registres australiens les pertes de la bataille. Le 2e corps de l'ANZAC enregistre pour la pĂ©riode du 1er au 14 juin 4 978 pertes pour la division nĂ©o-zĂ©landaise, 3 379 pertes pour la 3e division australienne et 2 677 pertes pour la 4e division australienne. En utilisant les chiffres provenant de la Reichsarchiv, Bean a notĂ© les pertes allemandes : du 21 au 31 mai, 1 963 pertes ; du 1er au 10 juin, 19 923 pertes dont 7 548 disparus ; du 11 au 20 juin, 5 501 pertes et du 21 au 30 juin, 1 773 pertes. L'explosion initiale des mines, en particulier de la mine qui a crĂ©Ă© le cratère de Lone Tree, explique le nombre Ă©levĂ© de pertes et de disparus du 1er au 10 juin. En 1948, les auteurs de « History of the Great War » ont dĂ©nombrĂ© 12 391 pertes pour le 2e corps d'armĂ©e de l'ANZAC ; 5 263 pertes pour le 9e corps ; 6 597 pertes pour le 10e corps ; 108 pertes pour le 2e corps et 203 pertes pour le 8e corps soit un total de 24 562 pertes pour la pĂ©riode du 1er au 12 juin. L'historique de la 25e division d'infanterie indique un nombre de 3 052 pertes et celui de la 47e division 2 303 pertes. Pour les Allemands, les auteurs de « History of the Great War » dĂ©nombrent 21 886 pertes dont 7 548 disparus entre le 21 mai et le 10 juin. En utilisant les ratios de pertes des groupes d'Ypres, de Wijtschate et de Lille provenant de l'histoire officielle allemande, les auteurs considèrent que les pertes allemandes sont en fait 30 % supĂ©rieures car les blessĂ©s lĂ©gers susceptibles de reprendre leur poste n'auraient pas Ă©tĂ© comptabilisĂ©s. Cette hypothèse a Ă©tĂ© critiquĂ©e depuis. En 2007, J. Sheldon propose un chiffre de 22 988 pertes pour la IVe armĂ©e allemande du 1er au 10 juin 1917.

Point de vue sur la bataille de Messines

Les analystes militaires et les historiens ont des points de vue différents sur l'importance stratégique de la bataille, mais la plupart reconnaissent le succès tactique et opérationnel britannique.

En 1919, Ludendorff a écrit que la victoire britannique avait coûté cher à l'armée allemande et vidé les réserves allemandes. Hindenburg a indiqué que les pertes à Messines avaient été « très lourdes » et qu'il regrettait que la crête n'ait pas été évacuée avant l'attaque britannique ; en 1922 von Kuhl considère que cette bataille est l'une des pires tragédies allemandes de la guerre.

En 1920, Haig, dans ses notes, décrit le succès du plan britannique, l'organisation mais s'abstient de trop mettre en avant les résultats considérant qu'il s'agit d'un succès préliminaire à l'offensive principale à Ypres.

En 1930, Liddell Hart pense que le succès de la bataille de Messines a accru les attentes pour la troisième bataille d'Ypres et que les tentatives pour appliquer les mêmes tactiques ont échoué, les objectifs des deux batailles étant différents.

En 1938, Lloyd George appelle la bataille « l'apéritif ». De son côté en 1939, GC Wynne juge que la bataille de Messines est un « succès éclatant », éclipsé par la tragédie finale de la bataille de Passchendaele. L'historien officiel la considère comme « grande victoire » en 1948.

En 1997, Prior et Wilson considère la bataille comme un « succès remarquable », tempéré par la décision de reporter l'exploitation de la bataille sur le plateau Gheluvelt. Ashley Ekins évoque la bataille comme une grande victoire, coûteuse en vie humaine en particulier pour l'infanterie du 2e corps d'armée de l'ANZAC, comme le suggère Christopher Pugsley en se référant à l'expérience de la division néo-zélandaise. De son côté Heinz Hagenlücke considère cette bataille comme un grand succès britannique, la perte de la crête a eu un effet sur le moral des Allemands pire que le nombre de victimes. Jack Sheldon qualifie la bataille de « victoire importante » pour les Britanniques et un « désastre » pour l'armée allemande, la contraignant à une « longue période d'attente anxieuse ».

Les résultats des recherches en 1996 et 2001 suggèrent que la consolidation des voies d'approvisionnement britanniques sur la crête, dévastée par les mines et des millions d'obus, la mise en défense de la ligne Oosttaverne et l'achèvement des préparatifs d'approvisionnement plus au nord, dans la région de la 5e armée étaient nécessaires avant le commencement de la troisième bataille d'Ypres et est la principale raison de la pause opérationnelle des mois de juin et juillet.

Ce n'est donc pas un hasard si Plumer déclare à son état-major avant la bataille de Messines

« Gentlemen, we may not make history tomorrow, but we shall certainly change the geography. »
« Messieurs, nous n'écrirons peut-être pas l'Histoire demain, mais nous changerons certainement la géographie. »

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) C.E.W. Bean, The Official History of Australia in the War of 1914–1918: Volume IV: The Australian Imperial Force in France, 1917, vol. 4, St Lucia, Queensland, University of Queensland in association with the Australian War Memorial, (ISBN 0-702-21710-7, lire en ligne).
  • (en) United States Army, American Expeditionary Forces, Intelligence Section, Histories of Two Hundred and Fifty-one Divisions of the German Army which Participated in the War (1914–1918), Washington, Government Print Office, (ISBN 5-87296-917-1, lire en ligne).

Filmographie

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