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Ypres

Ypres[1] (néerlandais : Ieper, allemand : Ypern) est une ville de Belgique située en Région flamande, chef-lieu d'arrondissement en province de Flandre-Occidentale.

Ypres
(nl) Ieper
(de) Ypern
Ypres
La halle aux draps d'Ypres avec son beffroi à gauche et la cathédrale en arrière-plan à droite, vues de la Grand-Place.
Blason de Ypres
HĂ©raldique
Administration
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
RĂ©gion Drapeau de la RĂ©gion flamande RĂ©gion flamande
Communauté Drapeau de la Flandre Communauté flamande
Province Drapeau de la province de Flandre-Occidentale Province de Flandre-Occidentale
Arrondissement Ypres
Bourgmestre Emmily Talpe (Open VLD)
Majorité Open VLD, sp.a, Open Ieper, N-VA
Sièges
CD&V
Open Ieper
sp.a
N-VA
Groen
Vlaams Belang
31
10
9
5
3
2
2
Section Code postal
Ypres
Brielen
Dikkebus
Sint-Jan
Hollebeke
Voormezele
Zillebeke
Boezinge
Zuidschote
Elverdinge
Vlamertinge
8900
8900
8900
8900
8902
8902
8902
8904
8904
8906
8908
Code INS 33011
Zone téléphonique 057
DĂ©mographie
Gentilé Yprois(e)
Population
– Hommes
– Femmes
Densité
35 039 ()
49,37 %
50,63 %
266,54 hab./km2
Pyramide des âges
– 0–17 ans
– 18–64 ans
– 65 ans et +
()
19,36 %
61,00 %
19,64 %
Étrangers 5,38 % ()
Taux de chĂ´mage 6,00 % (octobre 2013)
Revenu annuel moyen 12 845 â‚¬/hab. (2011)
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 50° 51′ nord, 2° 53′ est
Superficie
– Terr. non-bâtis
– Terrains bâtis
– Divers
131,45 km2 (2021)
79,95 %
6,94 %
13,12 %
Localisation
Localisation de Ypres
Situation de la ville dans son arrondissement et la province de Flandre-Occidentale
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Ypres
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Ypres
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Ypres
Liens
Site officiel ieper.be

    Elle est situĂ©e dans le nord-ouest de la Belgique dans la rĂ©gion du Westhoek. La ville compte 35 000 habitants, ce qui en fait la sixième ville de Flandre-Occidentale. Avec Lille et les villes de l'ancien bassin minier du Nord-Pas-de-Calais en France, elle participe aussi Ă  un ensemble mĂ©tropolitain de près de 3,8 millions d'habitants, appelĂ© en France aire mĂ©tropolitaine de Lille, s'organisant autour de l'EuromĂ©tropole Lille-Courtrai-Tournai.

    Ypres est une ville historique avec un patrimoine architectural important, qui témoigne de la grandeur qu'a connue la ville au Moyen Âge, où elle fut l'une des principales cités drapières de Flandre, comme Bruges et Gand. Au XIIIe siècle Ypres comptait au rang des plus grandes villes d'Europe mais elle tomba rapidement en déclin au profit de ses voisines. Plus récemment Ypres a été au centre des tristement célèbres batailles d'Ypres Ce lien renvoie vers une page d'homonymie durant la Première Guerre mondiale, la ville et ses monuments historiques ont alors été entièrement détruits. La plupart des monuments et des maisons anciennes ont été reconstruits à l'identique après la guerre, cela a donné lieu à un engouement pour le style régional, ainsi des maisons néo-flamandes diverses (gothiques, renaissances, baroques) mais s'inspirant très fidèlement de l'ancien ont été ajoutées pour compléter harmonieusement l'ensemble, ce qui donne aujourd'hui à cette ville un cachet flamand homogène et bien affirmé, évoquant Bruges.

    Toponymie

    Représentations cartographiques de la commune
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    Avec les communes environnantes
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    1 : carte dynamique ; 2 : carte OpenStreetMap ; 3 : carte topographique ; 4 : avec les communes environnantes

    Le nom de la localité est attesté sous les formes Iprensis en 1066, Ipera en 1070 - 1093, Ipram (accusatif) en 1085, Ipre régulièrement par la suite au XIIe siècle[2].

    Il s'agit d'un transfert du nom de la rivière l'Yperlée, qui donne son nom à la ville[2]. À l’origine, il existait une petite rivière dont la source se situe près du mont Kemmel appelée Ipre ou Iepere qui signifiait « rivière aux ormes » (cf. iep).

    Histoire d'Ypres

    La ville d'Ypres a pris naissance autour d'un domaine carolingien et d'un marchĂ© Ă©loignĂ©s l'un de l'autre d'environ 600 m. Au XIe siècle, ces deux centres avaient pratiquement fusionnĂ© pour former un bourg[3] dotĂ© d'attributions administratives, puisqu'un burgrave y gouvernait la châtellenie d'Ypres au nom du comte de Flandres.

    Ce fut la ville natale de Guillaume d'Ypres, un capitaine de mercenaires qui combattit avec succès aux côtés du roi Étienne d'Angleterre contre l'impératrice Mathilde.

    Liste des châtelains d'Ypres

    Le plus ancien acte connu dans lequel le titre de châtelain d'Ypres se trouve expressément mentionné, remonte seulement à l'année 1109 : Fromold, châtelain d’Ypres, y assiste comme témoin à la donation de six arpens de terre inculte (wastine) faite par le comte Robert de Jérusalem à l'abbaye de Vormezeele[4]

    • Fulpold (supposĂ©) qui fonda vers 1072 avec sa femme Ramburge le chapitre de Zonnebeke dans les environs d'Ypres[4].
    • Thibaut I d'Ypres (Thietbold, Tetbold ou Theobald) (supposĂ©) (fils du prĂ©cĂ©dent) : Il apparaĂ®t sous le nom d'Iprensis dans diverses chartes des annĂ©es 1070, 1087. La qualification d'Iprensis ou de Ipra, donnĂ©e Ă  Thibaut dans ces chartes, porte Ă  croire qu'il Ă©tait rĂ©ellement investi de la dignitĂ© de châlelain, bien que le titre ne lui en soit attribuĂ© dans aucune pièce[4].
    • Fromold I (appelĂ© aussi Fromald et Frumold) (fils du prĂ©cĂ©dent), châtelain d'Ypres de 1109 Ă  1124[4].
    • Thibaut II (Tebbald ou Tietbald) (fils du prĂ©cĂ©dent), qui porte le titre de châtelain dès 1123 en mĂŞme temps que son père[4].
    • Anselme d'Ypres (frère du prĂ©cĂ©dent), châtelain de 1131 Ă  1147[4]
    • Baudouin I de Bailleul, châtelain d'Ypres de 1158 Ă  1176. Il tient cette dignitĂ© du chef de sa femme Agnès, fille du châtelain Anselme[4].
    • Baudouin II de Bailleul (fils du prĂ©cĂ©dent), Ă©poux de Mabilie de Bourbourg[4].
    • Mabilie de Bailleul (sĹ“ur de Baudouin II de Bailleul), châtelaine d'Ypres et de Bailleul[4].
    • Adam seigneur de Walincourt, citĂ© châtelain d'Ypres et de Bailleul en 1209 et 1211, Ă©poux de Mabilie de Bailleul, châtelaine d'Ypres et de Bailleul, sĹ“ur de Baudouin II de Bailleul[4].
    • Hugues de RĂ©thel, citĂ© comme châtelain d'Ypres et de Bailleul en 1219, 1221 et 1235. Second Ă©poux de Mabilie de Bailleul, châtelaine d'Ypres et de Bailleul[4].
    • Marguerite de Bailleul (sĹ“ur de Mabilie de Bailleul), citĂ©e comme châtelaine d'Ypres et dame de Becelaere en 1238 et 1239. DĂ©jĂ  mariĂ©e en 1227 Ă  Baudouin d'Aire qui prend lui-mĂŞme le titre de châtelain d'Ypres dans une charte de 1244[4].
    • Marguerite (ou Marie) d'Aire (fille des prĂ©cĂ©dents), mariĂ©e Ă  Jean d'Aubigny[4].
    • Hugues d'Aubigny (fils des prĂ©cĂ©dents), citĂ© comme châtelain de Bailleul et d'Ypres en 1257, 1261 et 1275[4].
    • Baudoin d'Aubigny († 1316) (fils des prĂ©cĂ©dents), châtelain en 1284. MariĂ© Ă  Agnès[4].
    • Jacques d'Aubigny, citĂ© comme châtelain en 1319[4].
    • Jean d'Aubigny († 1327)[4].
    • GĂ©rard d'Oultre, mariĂ© Ă  Jeanne d'Aubigny, qui signe avec le titre de vicomte d'Ypres le traitĂ© d'alliance entre la Flandre et le Brabant le 3 dĂ©cembre 1339. Il est le premier qui remplace le titre de châtelain d'Ypres par celui de vicomte d'Ypres[4].
    • Jean d'Oultre (fils du prĂ©cĂ©dent), citĂ© comme vicomte d'Ypres en 1379[4].

    La cité drapière médiévale

    C'est au XIIe siècle qu'Ypres devint florissante. En tant que troisième ville de Flandres (derrière Gand et Bruges), Ypres fut appelée à jouer un rôle de premier plan dans l'histoire du comté. Son marché annuel avait un rayonnement européen, et elle devint pour un temps la seconde plus importante ville de la hanse flamande de Londres[5] ; dès le début du XIIe siècle, Ypres commerçait avec Novgorod, l'Angleterre, les villes de Champagne, l'Italie et les pays du Levant[6]. C'était aussi avec Arras l'un des grands centres artisanaux de la draperie, dont le commerce était alors des plus lucratifs, et pendant tout le XIIe siècle la capitale du drap en Flandres[7]. L'artisanat du drap (de laine) atteignit son apogée vers 1250. Ypres pouvait être facilement approvisionnée avec une laine de haute qualité, qui était acheminée par bateaux sur l'Yser et l'Yperlée (qui n'est plus aujourd'hui navigable) depuis la côte où les moutons étaient élevés puis vendus sur les faubourgs[8]. Ypres rejoignit les scabini Flandriæ, une ligue de villes du nord qui, par suite de l'invasion française entre autres, se réduisit finalement à quatre membres : Gand, Bruges, Ypres et le Franc de Bruges. Ypres y conserva son droit de vote jusqu'en 1678.

    La cité drapière fut affectée par la plupart des conflits qui agitèrent le Moyen Âge, parmi lesquels la bataille des éperons d'or, la bataille de Mons-en-Pévèle, la paix de Melun qui suivit la bataille de Bouvines, la bataille de Cassel.

    Le déclin de l'artisanat du drap s'amorça, comme un peu partout en Flandre, au tournant du XIVe siècle. La ville demeura malgré tout un centre administratif et hospitalier majeur. Les premières fortifications semblent dater de 1385 : une partie en est encore visible près de la Porte de Lille (Rijselpoort). La célèbre Halle aux draps et son beffroi datent du XIIIe siècle. C'est vers cette époque qu'on précipitait, hors de la Halle aux draps, les chats, qui symbolisaient alors le Malin et la sorcellerie, sans doute pour signifier par cet acte que les transactions seraient vierges de toute action maléfique. Ce rituel est commémoré aujourd'hui par la « fête du chat » triennale.

    La concurrence avec la laine anglaise et hollandaise, la guerre avec la France, les jacqueries, le siège de la ville et un bombardement soutenu par l'armée anglaise en 1383, la grande peste de 1347 et les épisodes de disette accablèrent Ypres[9], dont la production manufacturière chuta à 50 % de ce qu'elle était en 1300[10]. La ville ne parvint pas à préserver ses débouchés commerciaux aussi bien que d'autres villes flamandes (Bruges, par exemple). L'effondrement économique et les épidémies provoquèrent l'exode de la plus grande partie des familles ouvrières au XVe siècle. La peste ravagea encore la ville à de nombreuses reprises entre le XIVe et le XVIIe siècle[11].

    L'Ă©chevinage

    La halle aux draps et l'hĂ´tel de ville d'Ypres. Gravure de 1872.

    La ville était administrée par un bailli et des échevins. Ces magistrats étaient assistés par un Grand Conseil. Les échevins, après un mandat de deux ans, devaient attendre une année avant de pouvoir présenter à nouveau leur candidature à cet office. Ils pouvaient toutefois conserver une activité politique dans l'intervalle en siégeant au Grand Conseil[12]. Au Moyen Âge, l'échevinage était pratiquement détenu par une oligarchie de quelques familles. Contrairement à d'autres villes flamandes, un mandat d'échevin pouvait être détenu par la même personne pendant plusieurs années : tant que l'on restait fidèle au comte de Flandres, la charge était pérenne.

    Le Grand Conseil était composé du bailli, des échevins, et de 27 conseillers, dont quatre représentants des quartiers, quinze représentants de la bourgeoisie et cinq représentants des artisans (tisserands et foulons essentiellement)[13]. Le collège des échevins était composé (en tout cas au XVIIe siècle) pour l'essentiel d'aristocrates, seigneurs et chevaliers, ce qui peut s'expliquer de la façon suivante : on sait qu'au cours du Moyen Âge, 75 % des échevins se consacraient au commerce et à l'artisanat ; à la chute de Charles le Téméraire, tous les échevins étaient devenus propriétaires de terres, et en 1521, les trois quarts de ces échevins vivaient de rentes foncières et des tenures. C'est ainsi que les artisans devinrent minoritaires au sein du Grand Conseil.

    Enfin il faut ajouter que, contrairement aux autres villes de Flandre, l'échevinage employait des clercs rémunérés. Ces fonctionnaires, qui devaient prêter serment, assuraient l’intérim du collège des échevins.

    RĂ©forme et Contre-RĂ©forme

    À la fin du XVe siècle, la ville commença à se repeupler. Des tisserands possédant leur propre métier à tisser s'y installèrent. Ils amenaient une nouvelle mentalité, faite de curiosité et de foi intériorisée (devotio moderna). Ces nouveaux citoyens grossirent les rangs de la vague évangélique. En 1525, les échevins de la ville mirent en application le programme politique proposé par le philosophe Juan Luis Vives, particulièrement la mise à contribution des congrégations pour le traitement social de la mendicité. Cette initiative, combattue par les Franciscains, fut finalement sanctionnée favorablement par la Sorbonne et l'empereur Charles Quint. C'est à Ypres, en 1566, que prirent naissance les premiers troubles de la Furie iconoclaste aux Pays-Bas[14]. Ce déchaînement de violence gagna rapidement les provinces du nord. Ypres, comme Bruges, tomba aux mains des calvinistes gantois en 1577. Le parti protestant conserva le pouvoir jusqu'en 1583, lorsque Farnèse envahit les Pays-Bas.

    Dès 1559, à la suite de la réorganisation ecclésiastique des Pays-Bas, Ypres était devenu siège d'un évêché, suscitant l'arrivée de plusieurs ordres religieux. Elle eut notamment pour évêque Cornelius Jansen, dit Jansenius (dont la doctrine est connue sous le nom de jansénisme), qui mourut en 1638 lors d'une épidémie de peste, en visitant ses diocésains malades[15].

    Auparavant, la ville retrouva une certaine prospérité au début du XVIIe siècle : on le voit à la recrudescence de construction d'édifices en pierre[16].

    • Ypres vers 1581-1588, avec son système de fortifications mĂ©diĂ©vales Ă  doubles douves en eau, qui ressemblait quelque peu Ă  celui de Bruges.
      Ypres vers 1581-1588, avec son système de fortifications médiévales à doubles douves en eau, qui ressemblait quelque peu à celui de Bruges.
    • Ypres et les châtellenies de sa campagne environnante dans la première moitiĂ© du XVIIe siècle.
      Ypres et les châtellenies de sa campagne environnante dans la première moitié du XVIIe siècle.
    • Le plan-relief de la ville datant de 1698-1702, conservĂ© au palais des beaux-arts de Lille, montrant les fortifications augmentĂ©es par Vauban lors de la courte pĂ©riode française.
      Le plan-relief de la ville datant de 1698-1702, conservé au palais des beaux-arts de Lille, montrant les fortifications augmentées par Vauban lors de la courte période française.

    Ce n'est qu'à ce moment qu'on songea à reprendre les fortifications de la ville. Depuis Ypres, il était facile de contrôler tous les ports du littoral flamand : Nieuport, Bruges, Ostende, Furnes, et surtout Dunkerque[17]. Les Espagnols abattirent les vieilles murailles médiévales et entourèrent la ville d'une enceinte bastionnée, ce qui n'empêcha pas les Français de s'emparer d'Ypres, d'abord en 1658[18], puis à nouveau le [19] par les traités de Nimègue.

    La prise d'Ypres par le général Pichegru en 1794 (Musée de la Révolution française).

    Le rattachement d'Ypres Ă  la France est une consĂ©quence de la bataille de la Peene livrĂ©e Ă  Noordpeene un an plus tĂ´t. Vauban, qui avait pu juger des dĂ©fauts du dispositif en place, modifia Ă  son tour profondĂ©ment les ouvrages d'enceinte : il s'agissait pour lui d'une place frontière du « PrĂ© carrĂ© ». La ville abrita dès lors une importante garnison (5 000 hommes), Ă  laquelle toutes les activitĂ©s manufacturières et commerciales Ă©taient subordonnĂ©es[20]. Il se mit en place une Ă©conomie autarcique et surtout très dĂ©pendante du contexte politique et militaire.

    Lors des traités d'Utrecht, les Provinces-Unies obtinrent le droit de garnison à Ypres et dans sept autres villes des Pays-Bas espagnols (cf. traité des Barrières).

    En 1782, l'empereur Joseph II ordonna le démantèlement des fortifications. Cette décision facilita la prise de la ville par les républicains français commandés par Pichegru le [21].

    Première Guerre mondiale

    Ypres en 1919.

    La guerre à Ypres et dans sa région

    Après les inondations de Nieuport, (front de l'Yser), les Allemands reportèrent leurs attaques sur la rĂ©gion d'Ypres en octobre 1914. Ypres Ă©tait situĂ©e au centre de la zone dite du saillant d'Ypres, une saillie en forme de demi-cercle sur la ligne de front de l'ouest. Elle fut le théâtre de plusieurs batailles extrĂŞmement sanglantes; lors de la première bataille d'Ypres en novembre 1914, pris sous les bombardements allemands, la cathĂ©drale Saint-Martin et le beffroi (halles aux draps) brĂ»lent[22]. Lors de la troisième bataille d'Ypres (bataille de Passchendaele) en juillet 1917, l'armĂ©e allemande y utilisa pour la première fois les gaz de combat contre les troupes canadiennes. Celles-ci, n'Ă©tant pas Ă©quipĂ©es pour faire face Ă  ce type d'attaque, rĂ©sistèrent malgrĂ© les dommages causĂ©s par le gaz moutarde (dès lors aussi appelĂ© « ypĂ©rite »). En avril 1918, une importante offensive allemande fut arrĂŞtĂ©e Ă  Merkem, au nord, par les Belges, et aux monts de Flandre par les Britanniques et les Français. Ă€ partir de septembre, la contre-attaque des AlliĂ©s, commandĂ©e par le marĂ©chal Foch, permit de libĂ©rer la Belgique. Plus de 300 000 AlliĂ©s dont 250 000 soldats du Commonwealth trouvèrent la mort au cours des combats. Soumise aux bombardements de l'artillerie allemande, la ville mĂ©diĂ©vale Ă©tait presque entièrement dĂ©truite Ă  l'issue de la guerre. La campagne environnant Ypres n'est qu'une vaste nĂ©cropole : on y compte quelque 170 cimetières militaires.

    La commune a été décorée le de la croix de guerre 1914-1918[23].

    L'histoire d'Ypres avec le Touquet-Paris-Plage

    Stèle se trouvant sur le jardin d'Ypres au Touquet-Paris-Plage.

    Pendant la Première Guerre mondiale, la ville d'Ypres est étroitement liée avec la ville du Touquet-Paris-Plage dans le Pas-de-Calais, France. Le comité franco-belge des réfugiés au Touquet-Paris-Plage établit, le , une liste des réfugiés belges sur laquelle figurent 49 familles de la ville d'Ypres. En mai 1915, le bourgmestre de la ville d'Ypres, René Colaert, membre fondateur de l'association des sinistrés de la Flandre occidentale, s'installe au Touquet-Paris-Plage d'où il poursuivra, avec les membres du conseil échevinal, l'administration de sa ville, organisant l'instruction des centaines d'enfants et l'assistance aux réfugiés. La villa Domrémy à l'angle sud-est des rues Saint-Jean et de Moscou accueille les services et le personnel de la ville d'Ypres. Dimanche , le Conseil municipal d'Ypres dans l'impossibilité de se réunir en Belgique tient une séance en la mairie du Touquet-Paris-Plage pour discuter de la reconstruction de sa ville et des bâtiments communaux. Cette séance extraordinaire dure de 9 h à 19 h. Quelques jours après, monsieur Colaert, le Bourgmestre, adresse à la ville du Touquet-Paris-Plage, une lettre de remerciements.

    Cette lettre trouve son prolongement dans l'appellation “Jardin d'Ypres” donnée, après délibération du conseil municipal du , au jardin public du Touquet-Paris-Plage, le [24].

    HĂ©raldique

    La ville possède des armoiries qui lui ont été octroyées le 20 octobre 1819, confirmées le 26 février 1844, changées et confirmées le 31 mars 1925 et à nouveau le 1er mars 1988.

    La double croix est le symbole le plus ancien de la ville d'Ypres et provient surement des armes de la ville avec qui elle entretient des liens très étroit, de Saint-Omer qui l'adopte en même temps après le retour des croisades de Godefroy de Saint-Omer cofondateur de l'ordre du Temple et qui ramène ce symbole des Etats Latins d'Orient. La plus ancienne utilisation de la croix date d'un sceau de la ville de 1199. Sur le sceau le plus ancien, la croix est entourée de deux aigles, d'une étoile et d'un croissant, ainsi que de deux lions de Flandre.

    Les armoiries actuelles, avec une seconde croix de vair dans la moitié inférieure appartient à la famille de Bailleul qui furent Vicomte de la ville, elles sont apparues pour la première fois sur les sceaux en 1372. Le bouclier était soutenu par deux lions de Flandre. Tous les sceaux et images postérieurs ont montré le même bouclier, cependant, parfois le bouclier est divisé, parfois la petite croix est montrée en chef.

    Les supporteurs ont changé régulièrement au cours des siècles. Le lion et la colonne actuels apparaissent à la fin du XVIIIe siècle et sont restés inchangés. Ce n'est qu'en 1988 que la colonne a été remplacée par un canon comme référence aux batailles de la Première Guerre mondiale.

    Depuis 1925, la ville est autorisée à utiliser les croix militaires françaises et britanniques autour du bouclier, qui symbolisent également les violents combats autour de la ville pendant quatre ans.

    La croix dans le chef est le symbole utilisé par la ville et a été utilisé par les citoyens d’Ypres lors de la bataille des éperons d'or le 11 juillet 1302. On ne sait pas pourquoi la ville a choisi cette croix spécifique.

    La croix dans la moitié inférieure provient des armes des burgraves, ou gouverneurs d'Ypres, la famille Belle. Cette famille a déjà utilisé cette croix au début du XIIIe siècle.

    Le lion supporteur est le lion de Flandre. Le sens de la colonne n'est pas connu.
    Blasonnement : De gueules à la croix vairée, au chef d'argent, à double croix de gueules. Le bouclier surmonté d'une couronne murale à cinq créneaux d'or maintenue par un lion du même, portant sur l'épaule droite un canon de fusil en argent. Deux bijoux, suspendus à leur ruban, partent de la base, à droite la croix de guerre française, à gauche la croix militaire anglaise.
    Source du blasonnement : Heraldy of the World[25].



    GĂ©ographie

    Ville de plaine, Ypres fut longtemps la plaque tournante du commerce entre la cĂ´te flamande distante de 60 km et ses ports de commerce (Dunkerque, Furnes, Nieuport, Ostende et Bruges avant l'ensablement) d'une part, et la route des foires de Champagne, d'autre part. Desservie par quelques grandes routes, situĂ©e au cĹ“ur d'un rĂ©seau de rivières et de canaux (la plupart impropres Ă  la navigation moderne), cette ville opulente contrĂ´lait l'accès Ă  la mer du Nord, et ce fut encore le cas au dĂ©but de la Première Guerre mondiale.

    Le musĂ©e des Beaux-Arts de la ville de Lille conserve et expose un plan-relief (9 Ă— 5 m) original de la ville d'Ypres Ă©tabli entre 1698 et 1702. Il est composĂ© de 12 tables en bois Ă  une Ă©chelle de 1/600°.

    GĂ©ologie

    L'YprĂ©sien est l'Ă©tage le plus ancien de l'ère Ă©ocène (Tertiaire). Il s'Ă©tend de 56,0 Ă  47,8 Ma. Il fut dĂ©fini par AndrĂ© Dumont en rĂ©fĂ©rence Ă  la ville d'Ypres oĂą les roches sĂ©dimentaires, l'argile yprĂ©sienne, dĂ©posĂ©es durant cet âge sont particulièrement caractĂ©ristiques.

    DĂ©mographie

    Elle comptait, au , 35 023 habitants (17 240 hommes et 17 783 femmes), soit une densitĂ© de 268,15 habitants/km2[26] pour une superficie de 130,61 km².

    Le graphique suivant reprend sa population résidente au 1er janvier de chaque année[27]

    • Source : DGS - Remarque: 1806 jusqu'Ă  1970=recensement; depuis 1971=nombre d'habitants chaque 1er janvier[28]

    Jumelage

    MĂ©dias

    L'ancien journal Le Progrès (Ypres), édité de 1841 à 1914, était un journal régional pour Ypres et son arrondissement.

    Anciennes communes faisant partie d'Ypres

    Boezinge, Brielen, Dikkebus, Elverdinge, Hollebeke, Sint-Jan, Vlamertinge, Voormezele et Zillebeke.

    Personnalités liées à la ville

    Lieux et monuments

    La Halle aux draps (Lakenhal) d'Ypres, avec son imposant beffroi. Véritable cathédrale civile, c'est l'un des plus grands monuments communaux du Moyen Âge en Europe, et aussi l'un des plus anciens (XIIIe siècle);
    DĂ©tail d'architecture des Halles aux draps.

    Musées

    • l'hospice Saint-Jean, fondĂ© Ă  1270. Le bâtiment actuel date de 1555 et fait partie des rares rescapĂ©s de la Première Guerre mondiale. Il abrite le musĂ©e municipal qui retrace l'histoire de la ville.
    • le musĂ©e de la guerre « In Flanders Field » dans les halles.
    • le musĂ©e Merghelynck (XIXe siècle) - A. Merghelynckstraat 2
    • MusĂ©e Godshuis Belle

    FĂŞtes

    Lors de la fête des Chats (Kattenfeest) qui a lieu tous les trois ans (le deuxième dimanche de mai), des animaux en peluche sont lancés du deuxième étage du beffroi. L'origine de cette fête remonterait au XVe siècle. Les chats, complices du diable et des sorcières, étaient alors jetés vivants du haut du beffroi. Depuis 1955, la manifestation est précédée du grand cortège des Chats (Kattenstoet) qui se déroule tous les trois ans.

    • Cortège des chats.
      Cortège des chats.
    • Cortège des chats.
      Cortège des chats.

    Diocèse titulaire d'Ypres

    Ypres fut le siège d'un diocèse de 1559 à 1801. Aujourd'hui ce siège n'est plus résidentiel mais titulaire.

    Galerie

    Vues de la ville

    • Pignon maniĂ©riste du Nieuwerck, contre les Halles aux Draps, abritant l’hĂ´tel de ville.
      Pignon maniériste du Nieuwerck, contre les Halles aux Draps, abritant l’hôtel de ville.
    • La Porte de Menin, intĂ©grĂ©e aux remparts. C'est un important mĂ©morial de guerre britannique.
      La Porte de Menin, intégrée aux remparts. C'est un important mémorial de guerre britannique.
    • L'intĂ©rieur gothique de la cathĂ©drale Saint-Martin, fidèlement reconstruite après la guerre.
      L'intérieur gothique de la cathédrale Saint-Martin, fidèlement reconstruite après la guerre.
    • Les maisons d'Ypres, de style nĂ©oflamand en brique.
      Les maisons d'Ypres, de style néoflamand en brique.
    • L'Ă©glise Saint-Jacques, elle aussi reconstruite, vue du beffroi.
      L'Ă©glise Saint-Jacques, elle aussi reconstruite, vue du beffroi.
    • Les remparts, entourant encore une partie importante du centre-ville. Ils sont bordĂ©s de larges plans d'eau et abritent des jardins publics boisĂ©s.
      Les remparts, entourant encore une partie importante du centre-ville. Ils sont bordés de larges plans d'eau et abritent des jardins publics boisés.

    Vues aériennes

    • Le centre-ville.
      Le centre-ville.
    • La Halle aux draps, La porte de Menin et la zone industrielle.
      La Halle aux draps, La porte de Menin et la zone industrielle.

    Références

    1. 24 JUIN 1988. - Arrêté royal déterminant l'orthographe du nom des communes
    2. Maurits Gysseling, Toponymisch Woordenboek van België, Nederland, Luxemburg, Noord-Frankrijk en West-Duitsland (vóór 1226), 1960, p. 531 (lire en ligne)
    3. Octaaf Mus, « De stedelijke ontwikkeling van de Middeleeuwen tot 1914 », dans Omtrent de vestingstad Ieper (1992, éd. par H. Stynen & J.M. Duvosquel), Bruxelles, Gemeentekrediet van België & Koning Boudewijnstichting, p. 6.
    4. Leopold August Warnkönig, Albert Eugène Gheldolf, Histoire administrative et constitutionnelle des villes et chatellenies d'Ypres, Cassel, Bailleul et Warnêton jusqu'à l'an 1305, Lacroix, Verboeckhoven, (lire en ligne), p. 182.
    5. Cf. art. « Ieper », dans « Grote Winkler Prins. Encyclopedie in 26 delen » (1990), éd. Elsevier, Amsterdam, vol. XII, p. 47. La première ville de la hanse londonienne était alors Bruges.
    6. Octaaf Mus, op. cit., p. 8.
    7. Ibid., p. 8.
    8. Cf. art. « Ieper », dans « Grote Winkler Prins. Encyclopedie », p. 47.
    9. Octaaf Mus, op. cit., p. 8-12.
    10. Octaaf Mus, op. cit., p. 13.
    11. L'expression flamande « j'ai l'air d'un mort d'Ypres » (« hij ziet eruit als de dood van Ieperen »), c'est-à-dire « je suis livide », fait allusion à l'épidémie de 1347.
    12. P. Trio, « Bestuursinstellingen van de stad Ieper (12e eeuw - 1500) », in « De gewestelijke en lokale overheidsinstellingen in Vlaanderen tot 1795 » (1997), sous la dir. de W. Prevenier et B. Augustyn, Bruxelles, Algemeen Rijksarchief, p. 335.
    13. P. Trio, ibid., p. 344.
    14. Octaaf Mus, op. cit., p. 14.
    15. Dictionnaire universel d'Histoire et de Géographie, éd. Hachette, année 1860, page 907.
    16. Octaaf Mus, op. cit., p. 15.
    17. Octaaf Mus, op. cit., p. 16.
    18. Martin Barros, Nicole Salat et Thierry Sarmant (préf. Jean Nouvel), Vauban - L’intelligence du territoire, Paris, Éditions Nicolas Chaudun et Service historique de l'armée, , 175 p. (ISBN 2-35039-028-4), p. 166.
    19. Barros et alii, p. 167.
    20. Octaaf Mus, op. cit., p. 18.
    21. Hugues Marquis, « Le général François Jarry au service de l'Angleterre (1793-1806) », Annales historiques de la Révolution française, février 2009, (no 356), p. 93-118.
    22. Cent ans de vie dans la région, Tome II : 1914-1939, La Voix du Nord éditions, n° hors série du 17 février 1999, p. 37
    23. Communes décorées de la Croix de guerre 1914-1918.
    24. Mémoires de la Société Académique du Touquet-Paris-Plage 2014-2106, édité en 2017 I.H. Montreuil (Pas-de-Calais), pages 122 et 124
    25. (en) « Ieper : Wapen - Armoiries - coat of arms - crest », sur heraldry-wiki.com, Heraldry of the World, (consulté le ).
    26. http://www.ibz.rrn.fgov.be/fileadmin/user_upload/fr/pop/statistiques/stat-1-1_f.pdf
    27. 3_Population_de_droit_au_1_janvier,_par_commune,_par_sexe_2011_2014_G_tcm326-194205 sur le site du Service Public Fédéral Intérieur
    28. http://www.ibz.rrn.fgov.be/fileadmin/user_upload/fr/pop/statistiques/population-bevolking-20190101.pdf
    29. St. George's website.
    30. Joseph Delmelle, Abbayes et béguinages de Belgique, Rossel édition, Bruxelles, p. 30.

    Sources

    Annexes

    Articles connexes

    Liens externes

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