Accueil🇫🇷Chercher

Jacquerie

Le terme jacquerie désigne la Grande Jacquerie de 1358, et, par extension, de nombreuses révoltes paysannes dans l'Occident médiéval et dans l'Europe d'Ancien Régime. Il est aussi utilisé pour désigner des révoltes paysannes de la période révolutionnaire et, de façon analogue, en sciences politiques pour désigner tout soulèvement paysan.

Jacqueries antiques

Jacqueries médiévales

En France

Ailleurs

Jacqueries modernes

  • 1489 : RĂ©volte anti-seigneuriale, en Basse-Bretagne (PlougĂ©, Quimper-Corentin...),
  • 1492 : Jacquerie du Faucigny,
  • 1493 : Alsace, des bourgmestres de SĂ©lestat soutiennent une rĂ©volte paysanne,

Jacqueries du XVIe siècle

Selon Boris Porchnev, on peut repérer au XVIe siècle trois grandes vagues de jacqueries :

  1. 1520-1550 : la plus célèbre, celle des pitauds,
  2. 1570-1590 : les soulèvements favorables à la Ligue catholique, notamment celle des gautiers en Perche, Maine et Normandie,
  3. 1590-1600 : les soulèvements des partisans du roi, les croquants.

Ailleurs

Jacqueries sous Richelieu (1624-1642)

La période du ministère de Richelieu est celle qui a vu se développer le nombre le plus important de graves révoltes. L'engagement de la France dans la guerre de Trente Ans fait beaucoup augmenter les impôts, et de plus dans cette guerre, la France combat la très catholique couronne d'Espagne et est alliée à des puissances protestantes du nord.

De plus, le renforcement du pouvoir royal et du centralisme est contesté, tout comme la politique fiscale du cardinal, intervenant dans un contexte économique difficile.

Les révoltes sont une grave opposition à la guerre et à des impôts trop élevés. On y voit apparaître les cris de : « vive le roi sans gabelle ».

La répression est inégale selon qu’elle soit dirigée par les officiers locaux (faible) ou par les troupes royales (rapide et exemplaire).

Ces révoltes ne menacent pas réellement l’État car elles n'ont pas véritablement de programme cohérent, mais sont une forte opposition à la politique de Richelieu. Les plus graves sont celles des croquants dans le Sud-Ouest et de la Révolte des va-nu-pieds de Normandie.

  • 1634 : RĂ©volte des Croquants du Quercy,
  • 1639 : RĂ©volte des va-nu-pieds, en Normandie,
  • 1639 : RĂ©voltes paysannes, en Auvergne, Rouergue, DauphinĂ©, VallĂ©e du RhĂ´ne, Languedoc : chertĂ© du blĂ©, taxes, impĂ´t royal triplĂ©,

Jacqueries du temps de la Fronde (1648-1653)

Autre fronde, celle des paysans en 1648-1649, antimilitaire et antifiscale. On souhaite une décentralisation et une autogestion locale.

Jacqueries sous Louis XIV (1650-1715)

Au XVIIe siècle, les paysans vivent presque exclusivement des produits de la terre qu'ils cultivent, ou au moyen d’achats et d’échanges limités aux voisins immédiats. Ils ont une vie simple. Survient-il une mauvaise année, une calamité agricole, de la grêle, des inondations, et les récoltes sont compromises. Si les récoltes sont mauvaises, c’est d’abord une hausse des prix, puis, très rapidement, une disette.

Contrairement à une opinion très répandue, l’histoire de ces misères commence très tôt dans le règne de Louis XIV. La famine s’abat sur la France en 1662 ; on assiste à un exode rapide des paysans vers la ville, où ils cherchent du secours et envahissent les hospices. D’autres calamités viennent accabler les paysans ; les épidémies déciment les populations affaiblies par le manque de nourriture, et la charge des impôts, la gabelle (impôt sur le sel), le papier timbré apparaissent comme un insurmontable fardeau imposé par l’État.

La plupart des soulèvements populaires qui ont troublé le royaume, surtout le Sud-Ouest, de 1624 à 1670, ont été provoqués par ces pressions fiscales. Ce sont les laboureurs, les fermiers, les gros métayers qui se soulèvent le plus volontiers. La jacquerie française du XVIIe siècle n'est pas une action désespérée.

Les révoltes sont innombrables et généralement réprimées avec une extrême dureté :

  • en 1662, la rĂ©volte des Lustucru dans le Boulonnais se solde par l'exĂ©cution de quatre meneurs et l’envoi de quatre cents rebelles aux galères.
  • en 1664, Jean-Baptiste Colbert ayant Ă  nouveau imposĂ© la gabelle aux pays rĂ©dimĂ©s, en Gascogne, un aventurier, Bernard d'Audijos, prend le commandement des rĂ©voltĂ©s et tient tĂŞte pendant deux ans Ă  l’armĂ©e royale. Quand il est enfin pris, le roi, devant sa popularitĂ©, n’ose pas sĂ©vir, le gracie et le nomme colonel.
  • un des plus graves soulèvements est la jacquerie vivaraise de 1670, dite RĂ©volte de Roure, au Vivarais. Un inconnu avait fait courir une rumeur : un Ă©dit allait crĂ©er de nouvelles taxes plus vexatoires encore que celles qui existaient. Une Ă©meute grossit Ă  Aubenas et aux environs. Les pillages commencent. Les rĂ©voltĂ©s trouvent un chef en la personne d'Anthoine du Roure. Aux pillages succèdent les incendies et les meurtres. Les « Rourois » ont soulevĂ© une nouvelle jacquerie. Cette rĂ©volte se termine en dĂ©faite, suivie d’une rĂ©pression sanglante. Du Roure est arrĂŞtĂ© et exĂ©cutĂ©.
  • en 1675, les nouvelles taxes levĂ©es pour la guerre de Hollande provoquent la rĂ©volte du papier timbrĂ© (dont le nom provient de la mise en vigueur en 1674 d’un Ă©dit inappliquĂ© de 1655, selon lequel tout acte susceptible d'ĂŞtre prĂ©sentĂ© en justice devait ĂŞtre dĂ©sormais rĂ©digĂ© sur du papier timbrĂ© pour pouvoir ĂŞtre enregistrĂ©) :
    • en 1674, en Guyenne, plusieurs villes se rĂ©voltent. La rĂ©pression est particulièrement dure : Bordeaux doit loger deux cent neuf compagnies d’infanterie et de cavalerie Ă  ses frais ;
    • l’augmentation des droits d’octroi soulève la fureur populaire au Mans ;
    • la Bretagne avait rachetĂ© deux millions de livres les droits sur le tabac et la vaisselle d’étain. Or, depuis l’union de la France et de la Bretagne en 1532, tout nouvel impĂ´t doit ĂŞtre acceptĂ© par les États de Bretagne. Ces taxes provoquèrent un vif mĂ©contentement, principalement Ă  Rennes, Ă  Nantes et en Cornouaille : elles y amenèrent la rĂ©volte antifiscale des Bonnets Rouges, en 1675. Les paysans prirent les armes, dirigĂ©s par SĂ©bastien Le Balp. Des nobles furent maltraitĂ©s, des châteaux incendiĂ©s, des villes menacĂ©es, des bureaux de timbre et de tabac saccagĂ©s. Les rĂ©voltĂ©s exprimèrent leurs revendications dans des Codes paysans. Ils rĂ©clamaient l’adoucissement et parfois la suppression des droits seigneuriaux ;
    • les droits des vins Ă  Mâcon en 1680.

Ailleurs

Vers la fin des Jacqueries ?

La dernière grande révolte est celle des tard-avisés en 1707. Les révoltes se calment après 1702. Au XVIIIe siècle, on assiste à une fin des grandes guerres paysannes pour plusieurs raisons :

  • on multiplie les petits impĂ´ts indirects, moins visibles et donc moins douloureux,
  • la religion et l’État se rapprochent très fortement, les curĂ©s sont plus dociles, les paysans rejettent la violence de masse.
  • c’est un siècle de croissance agricole, qui voit monter un relatif individualisme paysan.

Mais les révoltes n’ont pas disparu, elles s’effectuent à plus petite échelle, elles évoluent vers des contestations antiseigneuriales.

Les jacqueries reprennent peu avant la Révolution française avec la guerre des farines. Pendant la Révolution, les paysans vont jouer un rôle majeur, notamment pendant la Grande Peur.

XIXe siècle

XXe siècle

XXIe siècle

Annexes

Bibliographie

  • GĂ©rard Walter, Histoire des paysans de France,Paris, Flammarion, 1963, 521 p.
  • Emmanuel Le Roy Ladurie, Paysans du Languedoc, 1966,
  • Maurice Dommanget, La Jacquerie, Paris, Maspero, 1971,
  • Boris Porchnev, Les Soulèvements populaires en France de 1623 Ă  1648, SEVPEN, Paris, 1972,
  • Robert Fossier, L'histoire Ă©conomique et sociale du Moyen Ă‚ge occidental, 1999
  • Le Peuple français, NumĂ©ro spĂ©cial n°1, 1974, 120 p.
  • (en) Samuel Kline Cohn, Lust for liberty: the politics of social revolt in medieval Europe, 1200 – 1425 ; Italy, France, and Flanders, Harvard University Press, Cambridge, 2006.
  • Fabrice Mouthon, Les communautĂ©s rurales en Europe au Moyen Ă‚ge. Une autre histoire politique, Presses universitaires de Renne, Rennes 2014 (ISBN 978-2-7535-2927-4)
  • Édouard Lynch, Insurrections paysannes. De la terre Ă  la rue. Usages de la violence au XXe siècle, Ă©ditions VendĂ©miaire, 2019.

Littérature

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. « Gilets jaunes : "Jacquerie", un terme condescendant et péjoratif », sur France Culture, (consulté le )
  2. « Les « gilets jaunes » : une jacquerie française », sur Revue politique et parlementaire,
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.