Croisade des pastoureaux de 1320
La Croisade des pastoureaux de 1320[alpha 1] est une insurrection populaire, engagée sans l'appui des puissants et même contre eux. Une semblable croisade populaire a eu lieu en 1251.
Le terme « pastoureaux » désigne les bergers[1]. L'événement, contemporain du règne de Philippe V, est aussi connu sous le nom de révolte des pastoureaux, ou seconde Croisade des pastoureaux.
DĂ©roulement
À la suite d’un pèlerinage au Mont-Saint-Michel, des groupes de jeunes paysans de Normandie[2] sont touchés par les prêches enflammés d’un bénédictin apostat et d’un prêtre interdit pour sa conduite, qui les ont convaincus de l’urgence du « Saint Voyage » pour aller combattre les infidèles. Par bandes entières, ces pastoureaux convergent vers Paris où ils entrent le [alpha 2]. Cinq jours plus tard, averti de ce mouvement incontrôlé et subversif, Jean XXII lance l’excommunication contre tous ceux qui se croisent sans l’autorisation pontificale.
Après quelques pogroms, ils se laissent convaincre de quitter Paris recrutant sur leur passage de nouveaux adeptes. Au début du mois de juin, les pastoureaux traversèrent la Saintonge et le Périgord, qu’ils dévastent et pillent. De plus en plus nombreux, ils entrent en Guyenne. Arrivés dans l’Agenais, ils se divisent en deux groupes. Le premier traverse les Pyrénées par le chemin de Saint-Jacques pour continuer ses massacres en Espagne[alpha 3]. Le second groupe remonta la vallée de la Garonne, massacrant cagots[alpha 4] et juifs.
Mis au courant du carnage, Pierre Raymond de Comminges, que Jean XXII venait de nommer archevêque de Toulouse, écrit au pape pour lui demander aide et conseil. Le pape accuse alors le roi de France Philippe V d’irresponsabilité et s’étonne, auprès de son légat Gaucelme de Jean, « que la prévoyance royale ait négligé de réprimer les excès et le pernicieux exemple des pastoureaux, qu’on devrait plutôt appeler loups, rapaces et homicides, dont les procédés offensent gravement la Majesté Divine, déshonorant le pouvoir royal et préparant, pour tout le royaume, des dangers inexprimables si on ne les arrête pas ».
Ce qui n’empêche point, le , les pastoureaux de s’en prendre aux juifs d’Albi et de Toulouse. Quatre jours plus tard, ils sont aux portes de Carcassonne où l’armée royale les attend. Placée sous le commandement d’Aimeric de Cros, le sénéchal du Languedoc, elle a le soutien des troupes du jeune Gaston II de Foix-Béarn, alors âgé de douze ans. Les pastoureaux sont écrasés.
Les rescapés du massacre s’enfuient vers la région de Narbonne. Les consuls, avertis par le sénéchal, mettent leur cité en état de défense[alpha 5]. Le pape écrit à l’archevêque de Narbonne Bernard de Farges pour qu’il fasse de même. Les routes et les cols sont barrés et l’on pend systématiquement les chemineaux, les fuyards et tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un pastoureau, éradiquant le mouvement durant l’[alpha 6].
Annexes
Bibliographie
- Dictionnaire universel d'histoire Bouillet (Hachette-Paris 1867)
- Jacques Dubourg, Les Croisades des pastoureaux, Les dossiers d'Aquitaine, Bordeaux, 2015
- Sous la direction de Bernhard Blumenkranz, Histoire des Juifs en France, Privat, Éditeur, Toulouse, 1972
- Marie Moreau-Bellecroix Les trois pastoureaux. roman ; ill., Pierre Joubert. - Paris : P. TĂ©qui, 1999 - (collection DĂ©fi ; 5). (ISBN 978-2-7403-0635-2)
- Georges Passerat, La Croisade des pastoureaux, La louve, 2006
- David Nirenberg, Violence et minorités au Moyen Âge, Paris, 2001.
Articles connexes
- Croisade des enfants (expédition)
- Septième croisade
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Notes et références
Notes
- Cette graphie traditionnelle, avec une majuscule au mot « Croisades », est une exception typographique, comme cela est rappelé dans les conventions typographiques propres à la présente encyclopédie.
- Les pastoureaux arboraient les armes de Louis Ier de Clermont, en Beauvaisis, premier duc de Bourbon. Originaire de Normandie, ils se réclamaient non seulement du duc mais voulurent qu’il prît leur tête contre les infidèles. Ce que le petit-fils de Louis IX se garda bien de faire.
- Ces pastoureaux entrèrent dans Jaca puis ils tuèrent sauvagement les juifs de Montclus avant de se diriger vers Pampelune, capitale de la Navarre. Jacques II d'Aragon mit fin à leurs sinistres exploits en envoyant son fils Alphonse les anéantir.
- Les cagots, dits aussi gafets ou crestiaas, étaient des réprouvés installés de part et d’autre des Pyrénées. Accusés d’être congénitalement atteint de la lèpre, ils vivaient dans des villages ou des quartiers à part.
- Aimeric de Cros avait envoyé aux consuls de Narbonne une missive expliquant : « Que plusieurs de ceux qu’on nommait pastoureaux, sachant la capture qui venait d’être faite de plusieurs d’entre eux, avaient pris la fuite et tâchaient de se sauver du côté de Narbonne pour se soustraire à la peine qu’ils avaient si justement méritée par les actions qu’ils avaient commises contre la majesté royale ; qu’ainsi il leur adjoignait d’apporter toute la diligence possible pour se saisir de leurs personnes ».
- Philippe de Valois conduisit, en , les dernières bandes de pastoureaux au siège de Verceil contre Galeazzo Visconti, fils du potentat de Milan.
Références
- Pages 226-227 d'un ouvrage consultable en ligne
- Article Pastoureaux de l'Encyclopédie Universalis