1,3-Diméthyl-2-imidazolidinone
La 1,3-dimĂ©thyl-2-imidazolidinone, ou DMI, est une urĂ©e cyclique Ă noyau imidazolidine homologue de la dimĂ©thylpropylĂšne urĂ©e (DMPU). Elle se prĂ©sente comme un liquide incolore hygroscopique Ă l'odeur caractĂ©ristique, difficilement inflammable, entiĂšrement miscible avec l'eau. Elle est utilisĂ©e comme solvant aprotique Ă point d'Ă©bullition Ă©levĂ© (de 224 Ă 226 °C) fortement polaire trĂšs stable Ă la fois chimiquement et thermiquement, ce qui en fait un milieu rĂ©actionnel intĂ©ressant pour les rĂ©actions devant se dĂ©rouler Ă des tempĂ©ratures supĂ©rieures Ă 180 °C[4]. Elle est miscible avec pratiquement tous les solvants organiques et, en raison de sa constante diĂ©lectrique (37,60 F mâ1) et de son moment dipolaire (4,05 Ă 4,09 D) Ă©levĂ©s[5], dissout de nombreux composĂ©s organiques et minĂ©raux[6]. Elle peut donc ĂȘtre utilisĂ©e Ă la place de l'hexamĂ©thylphosphoramide (HMPA), qui est cancĂ©rogĂšne[7]. Elle peut Ă©galement ĂȘtre utilisĂ©e en remplacement du N,N-dimĂ©thylformamide (CH3)2NCHO (DMF) ou du dimĂ©thylsulfoxyde (CH3)2SO (DMSO) en prĂ©vention d'une plus grande toxicitĂ© ou d'une moindre stabilitĂ© thermique ou chimique.
1,3-Diméthyl-2-imidazolidinone | |
Structure de la 1,3-diméthyl-2-imidazolidinone | |
Identification | |
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Nom UICPA | 1,3-diméthylimidazolidin-2-one |
No CAS | |
No ECHA | 100.001.187 |
No CE | 201-304-8 |
No RTECS | NJ0660000 |
PubChem | 6661 |
SMILES | |
InChI | |
Apparence | liquide incolore hygroscopique à l'odeur caractéristique[1] |
Propriétés chimiques | |
Formule | C5H10N2O |
Masse molaire[2] | 114,145 7 ± 0,005 4 g/mol C 52,61 %, H 8,83 %, N 24,54 %, O 14,02 %, |
Propriétés physiques | |
T° fusion | 8 °C[1] |
T° ébullition | 224 à 226 °C[1] |
Miscibilité | entiÚrement miscible avec l'eau[1] |
Masse volumique | 1,056 g·cm-3[1] à 20 °C |
T° d'auto-inflammation | 305 °C[1] |
Point dâĂ©clair | 95 °C[1] |
Limites dâexplosivitĂ© dans lâair | 1,3 % et 8,4 % en volume[1] |
Pression de vapeur saturante | 20 Pa[1] à 25 °C |
Précautions | |
SGH[1] | |
Danger |
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NFPA 704[3] | |
Ăcotoxicologie | |
DL50 | > 300 à 2 000 mg·kg-1[1] (souris, oral) |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
Production
La 1,3-diméthyl-2-imidazolidinone est produite industriellement en faisant réagir du phosgÚne COCl2 avec la 1,2-diméthyléthylÚnediamine (DMEDA)[8] :
Il est possible d'obtenir un produit avec une puretĂ© de 99,5 % et un rendement de 92,1 % en ajustant finement les paramĂštres rĂ©actionnels tels que le pH (maintenu Ă 7,3), la tempĂ©rature et le dosages des rĂ©actifs. Le phosgĂšne, toxique, peut Ă©galement ĂȘtre remplacĂ© par du dioxyde de carbone[6] CO2 ou de l'urĂ©e OC(NH2)2 comme sources de carbonyle tout en maintenant une grande puretĂ© et un bon rendement[4] :
Le produit intermédiaire subit une décomposition thermique dans la 1,3-diméthyl-2-imidazolidinone, qui agit comme solvant à point d'ébullition élevé, de sorte que cette réaction fait partie du processus de production dans rupture de processus en assurant un produit de trÚs grande pureté (plus de 99,9 %) avec un trÚs bon rendement (98 %). La pureté de la 1,3-diméthyl-2-imidazolidinone obtenue dépend fortement de celle de la 1,2-diméthyléthylÚnediamine utilisée au départ, qui contient souvent des sous-produits ayant des points d'ébullition trÚs voisins.
La 1,2-diméthyl-2-imidazolidinone a été proposée comme « puits de carbone » en faisant réagir le dioxyde de carbone supercritique scCO2 avec la 1,2-diméthyléthylÚnediamine en présence de silicates mésoporeux de type MCM-41 à 300 °C sous 16 MPa dans un processus continu de maniÚre quantitative[9] ; les conditions de réactions sont cependant consommatrices d'énergie et ne sont pas celles qui sont privilégiées pour un procédé respectueux de l'environnement.
Applications
Comme solvant
Stable en prĂ©sence d'acides et de bases mĂȘme aux tempĂ©ratures Ă©levĂ©es, la 1,3-dimĂ©thyl-2-imidazolidinone convient comme solvant pour alcalis qui, lorsqu'ils sont mĂ©langĂ©s avec des tensioactifs et des alcools, sont de bons agents de nettoyage pour les surfaces mĂ©talliques ou en verre. Elle forme des solutions ou des dispersions stables avec les colorants et les pigments qui amĂ©liorent leur stabilitĂ© lors du stockage ainsi que leurs propriĂ©tĂ©s d'application sur les matĂ©riaux. Une solution de naphtalĂ©niure de sodium Na+[C10H8]â dans la 1,3-dimĂ©thyl-2-imidazolidinone convient pour la gravure de surfaces en polytĂ©trafluoroĂ©thylĂšne (PTFE) pour un meilleur mouillage avec des adhĂ©sifs ou une meilleure connexion avec des surfaces mĂ©talliques.
Comme d'autres amides liquides tels que le N,N-dimĂ©thylformamide (DMF), la N-mĂ©thyl-2-pyrrolidone (NMP) ou la dimĂ©thylpropylĂšne urĂ©e (DMPU), la 1,3-dimĂ©thyl-2-imidazolidinone peut ĂȘtre utilisĂ©e comme dĂ©capant, et gĂ©nĂ©ralement avec d'autres amines et solvants polaires comme la diglycolamine (de) HOCH2CH2OCH2CH2NH2 pour traiter des rĂ©sines photosensibles.
Comme milieu réactionnel
La 1,3-diméthyl-2-imidazolidinone (notée DMEU dans la réaction ci-dessous) a servi de solvant avec un catalyseur ruthénium-rhodium, de l'imidazole comme ligand et de l'iodure de lithium LiI comme promoteur a permis la synthÚse de l'acide acétique CH3COOH par hydrocarboxylation du méthanol CH3OH avec du CO2 et de l'hydrogÚne H2 à 200 °C[10] :
Cette mĂ©thode, qui emploie des catalyseurs coĂ»teux â dodĂ©cacarbonyle de triruthĂ©nium Ru3(CO)12 et acĂ©tate de rhodium(II) Rh2(CH3COO)4 â pour un rendement d'Ă peine 70 % est cependant loin d'ĂȘtre aussi compĂ©titive que le procĂ©dĂ© Monsanto de carbonylation du mĂ©thanol.
L'alcool 3-phĂ©noxybenzylique (de), prĂ©curseur important des insecticides pyrĂ©thrinoĂŻdes, peut ĂȘtre produit avec un rendement 88 % par rĂ©action d'Ullmann sur de l'alcool 3-hydroxybenzylique (de) avec du chlorobenzĂšne C6H5Cl dans la 1,3-dimĂ©thyl-2-imidazolidinone en prĂ©sence de carbonate de potassium K2CO3 et de quantitĂ©s catalytiques de 8-hydroxyquinolĂ©ine avec du chlorure de cuivre(I) CuCl, alors que les mĂȘmes conditions de rĂ©action ne donnent qu'un rendement 21 % dans le DMF et de 58 % dans le DMSO[11].
L'échange d'halogÚnes sous forme d'une substitution nucléophile aromatique sur des composés aromatiques pauvres en lectrons, comme le 4-chloronenzonitrile, est possible avec le fluorure de potassium dans la 1,3-diméthyl-2-imidazolidinone à 290 °C dans un réacteur étanche sous pression avec une rendement de 91 % en 4-fluorobenzonitrile (de)[12].
L'acide risĂ©dronique et l'acide zolĂ©dronique, deux bisphosphonates utilisĂ©s principalement contre l'ostĂ©oporose, peuvent ĂȘtre produits avec de bons rendements en solution homogĂšne dans la 1,3-dimĂ©thyl-2-imidazolidinone[13] ; ci-dessous la synthĂšse de l'acide zolĂ©dronique :
Notes et références
- Entrée « 1,3-Dimethyl-2-imidazolidinone » dans la base de données de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au travail) (allemand, anglais), accÚs le 13 mars 2021 (JavaScript nécessaire)
- Masse molaire calculĂ©e dâaprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- « Fiche du composé 1,3-Dimethyl-2-imidazolidinone, 98% », sur Alfa Aesar (consulté le ).
- (en) Hideki Mizuta, Masazumi Takaoka et Teruyuki Nagata pour Mitsui Chemicals Inc, Brevet U.S. 5872260 : High purity 1,3-dialkyl-2-imidazolidinone and preparation process of same, déposé le 5 août 1996, publié le 16 février 1999, sur Google Patents.
- (en) Joseph Rosenfarb, Hugh L. Huffman Jr. et Joseph A. Caruso, « Dielectric constants, viscosities, and related physical properties of several substituted liquid ureas at various temperatures », Journal of Chemical and Engineering Data, vol. 21, no 2,â , p. 150-153 (DOI 10.1021/je60069a034, lire en ligne)
- (de) Barbara J. Barker, Joseph Rosenfarb et Joseph A. Caruso, « Harnstoffe als Lösungsmittel in der chemischen Forschung », Angewandte Chemie, vol. 91, no 7,â , p. 560-564 (DOI 10.1002/ange.19790910707, lire en ligne)
- (en) Chi -Chu Lo et Pei -Min Chao, « Replacement of carcinogenic solvent HMPA by DMI in insect sex pheromone synthesis », Journal of Chemical Ecology, vol. 16,â , p. 3245-3253 (PMID 24263426, DOI 10.1007/BF00982095, lire en ligne)
- (en) Teruyuki Nagata, Nobuyuki Kajimoto, Masaru Wada, Hitoshi Nakayama et Tadao Yamada pour Mitsui Chemicals Inc, Brevet U.S. 4668793 : Process for producing 1,3-dimethyl-2-imidazolidinone, déposé le 1er novembre 1984, publié le 26 mai 1987, sur Google Patents.
- (en) Tsunetake Seki, Yoshiaki Kokubo, Shinichiro Ichikawa, Tomoyuki Suzuki, Yoshihito Kayakia et Takao Ikariya*a, « Mesoporous silica-catalysed continuous chemical fixation of CO2 with N,NâČ-dimethylethylenediamine in supercritical CO2: the efficient synthesis of 1,3-dimethyl-2-imidazolidinone », Chemical Communications, vol. 2009, no 3,â , p. 349-351 (DOI 10.1039/B817879H, lire en ligne)
- (en) Qingli Qian, Jingjing Zhang, Meng Cui et Buxing Han, « Synthesis of acetic acid via methanol hydrocarboxylation with CO2 and H2 », Nature Communications, vol. 7,â , article no 11481 (PMID 27165850, PMCID 4865843, DOI 10.1038/ncomms11481, Bibcode 2016NatCo...711481Q, lire en ligne)
- (en) OI Ryu, Shimakawa Chitoshi et Takenaka Shinji, « Ullmann Ether Synthesis in DMI. Preparation of m-Phenoxybenzyl Alcohol », Chemistry Letters, vol. 17, no 5,â , p. 899-900 (DOI 10.1246/cl.1988.899, lire en ligne)
- (en) Hiroshi Suzuki et Yoshikazu Kimura, « Synthesis of 3,4-difluorobenzonitrile and monofluorobenzonitriles by means of halogen-exchange fluorination », Journal of Fluorine Chemistry, vol. 52, no 3,â , p. 341-351 (DOI 10.1016/S0022-1139(00)80348-6, lire en ligne)
- (en) Joana Baptista et Zita Mendes, Brevet U.S. 20090326227A1 : Process for the preparation of biphosphonic acids and salts thereof, déposé le 6 novembre 2006, publié le 31 décembre 2009, sur Google Patents.