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Types de personnages de la Comédie humaine

Les personnages de La ComĂ©die humaine d'HonorĂ© de Balzac sont, suivant les dĂ©comptes[1], au nombre de 4 000 Ă  6 000. Un millier d'entre eux ont des liens familiaux (leur arbre gĂ©nĂ©alogique est reprĂ©sentĂ© de façon monumentale, Ă  la Maison de Balzac, sur un panneau de plus de 14 m).

Parmi les nombreux personnages de La Comédie humaine, on distingue quelque 573 personnages dits « reparaissants » (c'est-à-dire que l'on trouve dans plusieurs des romans de La Comédie humaine), caractÚres forts qui représentent à eux seuls un groupe social, un type sociologique.

Ces ensembles sociaux, nĂ©s de l’observation de Balzac et recomposĂ©s par son imagination, sont souvent inspirĂ©s de plusieurs sources. Selon ses propres dĂ©clarations, l’auteur de La ComĂ©die humaine se voulait « le secrĂ©taire de son Ă©poque », et son Ɠuvre devait « faire concurrence Ă  l’état civil[2] ». Il fit bien plus que cela : « Il rĂ©inventa la sociĂ©tĂ© de son Ă©poque de façon Ă  ce qu’elle soit comprise. » Selon Louis Chevallier, dans sa prĂ©face aux Paysans, « Balzac, Tocqueville, Proudhon, tels sont les grands tĂ©moins de la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle [
]. MalgrĂ© l’indignation de Michelet qui ne voyait lĂ  que “peinture de genre” [
][3] ».

Procession de dignitaires projetant chacun une ombre cocasse
Illustration de Grandville dans le journal satirique La Caricature oĂč Ă©crit Balzac en 1830. (source : « Gallica »).

Nicole Mozet, dans son ouvrage La Ville de province dans l'Ɠuvre de Balzac, considĂšre que Balzac a pris plaisir Ă  produire des difficultĂ©s onomastiques Ă  surmonter. Loin de reproduire la technique du thĂ©Ăątre et de l'ancien roman, il est en complĂšte rupture, en particulier dans Le Cabinet des Antiques, en jouant par exemple sur la dĂ©sinence d'Esgrigny, devenue d'Esgrignon[4].

L'Ă©crivain fait Ă©galement appel aussi Ă  la morphopsychologie : certains personnages portent sur eux leur destin. Dans Une tĂ©nĂ©breuse affaire, le rĂ©gisseur Michu, personnage qui nettoie son fusil au dĂ©but du roman et qui sera guillotinĂ©, est dĂ©crit ainsi : « Son cou trĂšs court appelle le couperet[5]. », et d'aprĂšs Jacques Noiray, la conformation fĂ©minine des hanches de Lucien Chardon, serait l'indice d'une tendance Ă  l'homosexualitĂ© (qu'il pratiquera peut-ĂȘtre avec Jacques Collin).

Les financiers

Ces gens sont impitoyables en affaire. L’exemple type est le baron de Nucingen dans La Maison Nucingen. Pitoyable en amour, il appartient au cercle de la haute banque qui fait la pluie et le beau temps dans le monde de la finance. On peut citer aussi les frĂšres Keller dans CĂ©sar Birotteau et dans Le Cabinet des Antiques.

Sans doute inspirĂ© par les aventures du banquier Beer LĂ©on Fould, pĂšre d’Achille Fould, qui Ă©vita le dĂ©shonneur et se tira haut la main d’une situation douteuse, Balzac a composĂ© un type de banquier qui rĂ©unit aussi les aspects de grandes figures de la finance de son Ă©poque : Jacques Laffitte, Georges Humann[6] et les Rothschild. Il existe d'ailleurs une Ă©trange similitude entre Beer LĂ©on Fould et le baron de Nucingen, dĂ©montrĂ©e par les minutieuses recherches aux Archives nationales d'Anne-Marie Meininger[7].

Balzac Ă©voque leurs exploits notamment dans La Maison Nucingen, Une fille d'Ève, EugĂ©nie Grandet, La Duchesse de Langeais[8]. L’auteur a aussi dĂ©voilĂ© au lecteur nĂ©ophyte les calculs et les extravagances d’un milieu dont on retrouve les caractĂ©ristiques presque identiques moins de deux siĂšcles plus tard[9].

Les lorettes

Jeune danseuse, Degas.
Jeune danseuse, Degas.

Femmes jeunes prostituĂ©es par leur mĂšre, actrices entretenues par plusieurs hommes Ă  la fois, reprĂ©sentĂ©es entre autres par Coralie, maĂźtresse de Lucien de RubemprĂ© dans Illusions perdues, Florine (Une fille d'Ève), Aquilina (La Peau de chagrin) ou Esther dans Splendeurs et misĂšres des courtisanes. Le plus souvent, il s'agit d'adolescentes, et les barbons vont les chercher Ă  l’OpĂ©ra (Les Petits Bourgeois, CĂ©sar Birotteau) ; d’oĂč leur surnom de « rats ». AprĂšs avoir menĂ© grand train, festoyant le plus souvent au Rocher de Cancale[10], elles finissent souvent ruinĂ©es, « Ă  l'hĂŽpital », sont assassinĂ©es comme Paquita dans La Fille aux yeux d'or, ou meurent d'amour, telles Esther dans Splendeurs et misĂšres des courtisanes ou Coralie dans Illusions perdues. À l'exception de Florine qui devient la maĂźtresse du poĂšte Nathan, et de Claudine Chaffaroux qui se tirera d'affaire en devenant d'abord une artiste cĂ©lĂšbre, puis comtesse du Bruel dans Un prince de la bohĂšme oĂč elle vivra de plus un grand amour avec le comte Ruscoli de la PalfĂ©rine, la plupart des lorettes sont victimes de la prostitution adolescente[11].

Les marchandes Ă  la toilette

Elles tiennent boutique de fripes, rachĂštent aux courtisanes ruinĂ©es ou aux nobles dames dans le besoin leurs bijoux, robes, colifichets. Elles servent aussi de mĂšre maquerelle et procurent des jeunes filles fraĂźches Ă  de vieux barbons comme Camusot (Splendeurs et misĂšres des courtisanes). La plus cĂ©lĂšbre est madame de Saint-EstĂšve, la « tante « de Vautrin qu’elle essaie de faire Ă©vader de prison (Splendeurs et misĂšres des courtisanes).

La noblesse parisienne

Comtesse , Ingres (1845).

De vieille souche, elle est prĂ©sente dans deux quartiers de Paris : la noblesse du faubourg Saint-Germain tient le haut du pavĂ© et les rĂȘnes du pouvoir, reprĂ©sentĂ©e par Antoinette de Langeais, tyrannique envers son entourage, mĂ©prisante pour la noblesse de province plus modeste (Le Cabinet des Antiques[12]) ; la noblesse de la chaussĂ©e d’Antin est moins cotĂ©e, mais encore trĂšs puissante, reprĂ©sentĂ©e par la comtesse de SĂ©risy, maĂźtresse de Lucien de RubemprĂ© dans Splendeurs et misĂšres des courtisanes[13], ainsi que par Diane de Maufrigneuse, la marquise d'Espard ou la vicomtesse de BeausĂ©ant.

Le faubourg Saint-Germain détient sur la chaussée d'Antin un avantage d'antériorité. C'est là que les plus anciens blasons, donc les titres les plus justifiés et enviés, ont leur « siÚge ».

Les femmes y rÚgnent en maßtre malgré les lois qui leur sont défavorables (dans l'absolu, elles n'ont aucun droit, mais elles les prennent à leur façon). Ce sont elles, les Grandlieu, Chaulieu, Rochefide, Maufrigneuse, Troisville (prononcer Tréville) qui peuvent, par leur mariage, faire passer un simple général d'Empire, fils de tapissier « du faubourg Saint-Antoine au faubourg Saint-Germain » (le comte de Montcornet dans Les Paysans).

Si des hommes de haute noblesse comme le marquis d'Ajuda-Pinto (Le PĂšre Goriot) apparaissent « en toile de fond », ils sont actifs en tant que compagnons, sĂ©ducteurs (La Femme abandonnĂ©e), financiers de ces dames (le baron de Nucingen, le comte Hugret de SĂ©risy), mais rarement entraĂźnĂ©s dans des intrigues qui les projettent sur le devant de la scĂšne balzacienne au mĂȘme titre que les dandys arrivistes. On pourrait presque dire que la gent masculine de haut rang fait un peu « tapisserie » dans La ComĂ©die humaine, tandis que les nobles dames se perdent en intrigues, liaisons et supercheries de toutes sortes. Ces nobles dames parisiennes proprement redoutables sont d'ailleurs redoutĂ©es de la noblesse de province qui les fuit[14].

Les négociants et profiteurs de guerre

Grands projets par TraviĂšs.

Jean-Joachim Goriot, dans Le PÚre Goriot est un profiteur de guerre, roué en affaire, aveuglé par son amour paternel, ruiné par ses filles ; c'est le seul exemplaire de ce type dans La Comédie humaine.

Le docteur Rouget dans La Rabouilleuse et Un mĂ©nage de garçon, est un homme malin et tyrannique qui a su profiter de la RĂ©volution française pour s’enrichir. Il a, de plus, Ă©pousĂ© l’aĂźnĂ©e de la famille Descoings, nĂ©gociants qui ont fait fortune grĂące Ă  l’achat de biens nationaux, comme de nombreux personnages de La ComĂ©die humaine qui ont spĂ©culĂ© pendant les troubles sociaux, tel le pĂšre Grandet, dans EugĂ©nie Grandet[15].

Les voituriers-transporteurs

Diligence transportant aussi le courrier.
DĂ©part de la diligence, dessin de George Cruikshank (1818).

Le pĂšre Pierrotin et ses coucous (sorte de diligence). C’est un homme gĂ©nĂ©reux et actif, dont les affaires vont prospĂ©rer quand il aura acquis des diligences plus rapides (Un dĂ©but dans la vie).

Les criminels

Jean-FrĂ©dĂ©ric Taillefer, assassin dans L'Auberge rouge, est le pĂšre de Victorine Taillefer qu’il dĂ©shĂ©rite dans Le PĂšre Goriot, et il complote avec Jacques Collin (Vautrin).

Le bagnard Vautrin, alias Jacques Collin, alias l’abbĂ© Carlos Herrera, a l’art du dĂ©guisement et du complot ourdi pour « faire de l’argent ». Il veut faire la fortune de Lucien de RubemprĂ©, mais ne rĂ©ussit qu’à le conduire Ă  la mort dans Splendeurs et misĂšres des courtisanes. Dans Le PĂšre Goriot, il a tout d’abord jetĂ© son dĂ©volu sur EugĂšne de Rastignac pour l’entraĂźner dans un complot criminel et faire sa fortune. Sans succĂšs, trĂšs ambitieux, ce dernier n’accepte pourtant pas d’ĂȘtre complice d’un crime.

Le dandy Maxime de Trailles, voyou de haut vol, ruine Anastasie de Restaud (fille du pùre Goriot), Sarah van Gobseck (petite-niùce de Jean-Esther van Gobseck) ; il appartient au terrible clan des Treize qui ne recule devant rien dans l’Histoire des Treize.

Jacqueline Collin est la redoutable tante et complice de Jacques Collin. Elle a un rĂŽle important dans Splendeurs et misĂšres des courtisanes et apparaĂźt dans le diptyque Les Parents Pauvres.

Par ailleurs, Paccard est l'assistant de Jacques Collin.

Théodore Calvi est un forçat qui a aidé Jacques Collin à s'évader. Il apparaßt dans Splendeurs et misÚres des courtisanes.

Dannepont, dit La Pouraille, est un bandit apparaissant dans Splendeurs et misùres des courtisanes. Il est coupable de l’assassinat du couple Crottat.

Sélérier, surnommé Fil-de-Soie, le Rouleur, l'Auvergnat et le PÚre Rouleau est un bandit dont Jacques Collin se méfie.

Riganson, dit Le Biffone, est un bandit, et le concubin de la Biffe.

Les ecclésiastiques

L'abbé Bonnet, soutien moral de Véronique Graslin dans Le Curé de village, l'abbé François Birotteau, éternelle victime dans Le Curé de Tours, mais aussi consolateur de madame de Mortsauf dans Le Lys dans la vallée. L'abbé Brossette, mal considéré des paysans, mais reçu dans les meilleures maisons dans Les Paysans et Béatrix, le moine défroqué Rigou dans Les Paysans, l'abbé Gudin encourageant les chouans dans Les Chouans, le vidame de Pamiers, soutien inconditionnel de sa cousine Antoinette de Langeais dans La Duchesse de Langeais, l'abbé Loraux, vicaire de l'église Saint-Sulpice dans Un début dans la vie et consolateur d'Agathe Bridau dans La Rabouilleuse.

Les petits bourgeois de province

Cf. Le Curé de Tours, Ursule Mirouët.

La bonne société de province

Noblesse et bourgeoisie confondues, elle est représentée par mademoiselle Cormon et son entourage dans La Vieille Fille, et aussi par madame des Grassins, à Saumur, dans Eugénie Grandet.

Les commerçants

Monsieur Guillaume, marchand drapier de Paris dans La Maison du chat-qui-pelote, CĂ©sar Birotteau et FĂ©lix Gaudissart dans Histoire de la Grandeur et de la dĂ©cadence de CĂ©sar Birotteau. Ils ont en commun le bon sens et une vision rĂ©aliste des choses. Mais, tandis que monsieur Guillaume « reste Ă  sa place » de drapier prospĂšre et se mĂ©fie de toute manifestation de l’imagination, CĂ©sar Birotteau, qui est aussi un inventeur et possĂšde un certain gĂ©nie, sombre dans des chimĂšres spĂ©culatives et se ruine parce qu’il a voulu se hausser « au-dessus de sa condition ». Birotteau est le type mĂȘme du nĂ©gociant probe qui, dĂ©clarĂ© en faillite, tiendra Ă  rembourser intĂ©gralement sa dette, intĂ©rĂȘts et capital. Il sera pour cette raison applaudi par ses pairs en Bourse. Il en meurt, devenant une sorte de saint martyr du nĂ©goce[16]. CĂ©sar Birotteau n’est pas unique en son genre dans La ComĂ©die humaine. Nombreux sont les inventifs qui rĂȘvent de dĂ©couvertes fulgurantes et qui laissent leur fortune dans l'aventure, tel Balthazar ClaĂ«s dans La Recherche de l'absolu, qui a plutĂŽt sa place dans les scientifiques.

Les gens de robe honnĂȘtes

Caricature d’avocats d’HonorĂ© Daumier.

MaĂźtre Derville, dĂ©fenseur du colonel Chabert dans Le Colonel Chabert, s’occupe du dossier du vieux grognard et fait de son mieux pour que le vieil homme soit dĂ©dommagĂ©, bien qu’il soit en mĂȘme temps l’avouĂ© de Rose Chapotel, ex-Madame Chabert.

Le juge Jean-Jules Popinot (L'Interdiction) a soigneusement enquĂȘtĂ© sur la marquise d'Espard qui veut faire mettre son mari sous tutelle, sous des prĂ©textes fallacieux. Alors qu'il s’apprĂȘte Ă  faire un rapport honnĂȘte qui n’est pas favorable Ă  la plaignante, la marquise le fait dessaisir du dossier, qui va ĂȘtre repris par le juge Camusot, beaucoup moins correct.

On peut citer aussi le trĂšs honnĂȘte mais naĂŻf juge Blondet, « pĂšre » officiel du journaliste Émile Blondet. Cet homme cultive des fleurs, ignore tout des complots et rend la justice avec la plus grande droiture. Cependant, il se laisse abuser par des manigances complexes dans Le Cabinet des Antiques, oĂč il s’agit de tirer Victurnien d'Esgrignon du mauvais pas dans lequel il s’est mis en produisant des faux en Ă©criture.

Les gens de robe douteux

Avocats de Daumier.

Ils sont innombrables, des notaires douteux dans Ursule MirouĂ«t aux notaires calculateurs et peu fiables reprĂ©sentĂ©s par maĂźtre Roguin, dans La Rabouilleuse, EugĂ©nie Grandet et CĂ©sar Birotteau. Il y a aussi les avouĂ©s et les juges ambitieux qui servent les intĂ©rĂȘts des puissants. Parmi eux se dĂ©tache la figure du juge Camusot, homme assoiffĂ© de pouvoir, qui veut se hisser dans les plus hautes sphĂšres de la sociĂ©tĂ©. On le voit prendre parti pour la venimeuse marquise d’Espard dans L'Interdiction. La famille Camusot de Marville est Ă  son image, dans Le Cousin Pons, elle humilie un parent « pauvre », avant de dĂ©couvrir que ce pauvre-lĂ  possĂšde des trĂ©sors sous forme de collections d’objets. Camusot a « commencĂ© » sa foudroyante carriĂšre sur les conseils de sa femme, dans Le Cabinet des Antiques, en soutenant le jeune d’Esgrignon accusĂ© de faux en Ă©criture, ceci pour se concilier les bonnes grĂąces de la duchesse Diane de Maufrigneuse, future princesse de Cadignan, et s’attirer ainsi les faveurs royales. Devenu Camusot de Marville, c’est lui qui juge Lucien de RubemprĂ© et Carlos Herrera dans Splendeurs et misĂšres des courtisanes.

MĂ©decins et scientifiques

  • Horace Bianchon, le mĂ©decin le plus compĂ©tent et le plus humain. ÉlĂšve de Desplein, il est encore Ă©tudiant dans Le PĂšre Goriot. Il apparaĂźt ensuite dans environ 50 Ɠuvres de La ComĂ©die humaine dont il est un des personnages les plus importants.
  • Le docteur Denis Minoret et son ami le docteur Bouvard[17], adepte des thĂ©ories de FrĂ©dĂ©ric-Antoine Mesmer sur le magnĂ©tisme. Ursule MirouĂ«t est une jeune fille dont Minoret est le parrain et tuteur. Minoret s'opposera d'abord aux thĂ©ories de Mesmer avant de venir consulter Bouvard et d'assister Ă  une de ses dĂ©monstrations.
  • Le docteur Benassis, bienfaiteur de l'humanitĂ© dans Le MĂ©decin de campagne.

Sur les questions scientifiques et mĂ©dicales, Balzac s'est Ă©galement inspirĂ© des thĂ©ories du philosophe et voyant Emanuel Swedenborg, pour SĂ©raphĂźta. Les travaux et recherches d'Alexis Didier (1826-1886) sur le somnambulisme magnĂ©tique — qui fut le plus renommĂ© dans cet art paranormal — et les thĂ©ories de Mesmer sur le magnĂ©tisme sont largement dĂ©veloppĂ©s dans Louis Lambert[18], de mĂȘme que celles de Franz Joseph Gall, crĂ©ateur de la phrĂ©nologie, dont il a lu L'Anatonomie et la physiologie du systĂšme nerveux. Convaincu comme Johann Kaspar Lavater que le caractĂšre d'un personnage s'exprime dans ses traits (physiognomonie), il applique cette thĂ©orie Ă  la description physique de ses personnages, tel Michu, le dĂ©vouĂ© rĂ©gisseur de domaine des Simeuses, dans Une tĂ©nĂ©breuse affaire[19].

On retrouve aussi dans les propos de nombreux personnages scientifiques des allusions Ă  Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, que Balzac admirait, ainsi que l'influence du chimiste Antoine Lavoisier sur Balthazar ClaĂ«s, dans La Recherche de l'absolu[20].

Médecins et scientifiques de La Comédie humaine sont tous plus ou moins obsédés par leurs recherches au point de négliger leur entourage, exception faite d'Horace Bianchon qui est à la fois un convive et un narrateur excellent (La Grande BretÚche), et du docteur Minoret qui oublie ses anciennes lunes pour ne plus penser qu'à l'avenir d'Ursule, sa pupille[21].

Les poĂštes

Le poĂšte parisien qu'est le baron Melchior de Canalis, trĂšs imbu de lui-mĂȘme dans Modeste Mignon, apparaĂźt aussi dans BĂ©atrix. Le poĂšte Raoul Nathan, qui figure dans presque toutes les ScĂšnes de la vie parisienne, personnifie l’intellectuel Ă  carriĂšre foudroyante et qui nourrit des ambitions politiques.

Les Ă©crivains

Daniel d'Arthez dans Les Secrets de la princesse de Cadignan et Lucien de Rubempré dans Illusions perdues.

Les peintres, sculpteurs, musiciens

Autoportrait au gilet vert, EugĂšne Delacroix (1837).

Balzac Ă©tait un dĂ©crypteur d’ñmes artistiques. On dirait qu’il s’est littĂ©ralement plongĂ© dans l’étude des artistes, jusqu’à tenter de vivre lui-mĂȘme leurs sensations et leurs douleurs. À la fois passionnĂ© par les mystĂšres de la peinture, de la sculpture, de la musique et de la crĂ©ation sous toutes ses formes, il offre de vĂ©ritables « Ă©tudes philosophiques » Ă  travers les portraits du peintre Joseph Bridau, dans La Rabouilleuse et Un dĂ©but dans la vie, Bridau dont on a dit qu’il incarnait peut-ĂȘtre le peintre EugĂšne Delacroix qu’HonorĂ© de Balzac admirait. Il y a aussi le vieux peintre Frenhofer dans Le Chef-d'Ɠuvre inconnu qui fascina Pablo Picasso, le peintre Hippolyte Schinner dans La Bourse, le peintre aristocrate de La Maison du chat-qui-pelote, le sculpteur Wenceslas Steinbock dans La Cousine Bette, le sculpteur Sarrasine dans Sarrasine, Gambara, le musicien fou dans Gambara, et l’opĂ©ra italien dans Massimilla Doni dont l’histoire se dĂ©roule Ă  Venise autour d'une Ɠuvre de Rossini, MosĂš in Egitto. Dans chacun de ces textes, Balzac expose les mille facettes et faces cachĂ©es de l’art lyrique, de la composition musicale, de la peinture ou de la sculpture, avec une justesse qui Ă©tonne encore de nos jours les spĂ©cialistes de ces arts. Beaucoup de peintres contemporains comme Pablo Picasso, Pierre Alechinsky ou Pol Bury ont d’ailleurs Ă©tĂ© fascinĂ©s par La ComĂ©die humaine au point de produire des livres illustrĂ©s Ă  partir de ces textes. Mais Balzac dĂ©nonce aussi les « modes » issues des mƓurs bourgeoises qui entretiennent des peintres ratĂ©s comme Pierre Grassou, au service de leurs caprices dĂ©coratifs, et qui poussent Grassou Ă  ne faire que des copies de maĂźtre. L'on peut aussi noter Charles, pensionnaire externe de la Maison-Vauquer, dans Le PĂšre Goriot.

Les libraires

Le plus reprĂ©sentatif est Dauriat dans Illusions perdues. Sa boutique est situĂ©e au Palais-Royal. C’est Ă  la fois un Ă©diteur « Ă  la mode » chez qui il est bon de publier, un propriĂ©taire de revue et un marchand de livres. Il refuse les poĂ©sies de l’inconnu Lucien de RubemprĂ©, mais les achĂšte lorsque Lucien « prend le pouvoir » dans la presse et fait paraĂźtre un article au vitriol sur Raoul Nathan (un de ses auteurs). Le chantage presse-Ă©dition s’exerce chez lui comme partout dans le milieu. Dans Splendeurs et misĂšres des courtisanes, il se dĂ©cide Ă  mettre en vente le manuscrit de Lucien, Les Marguerites, qu’il gardait sous le coude, parce que, dĂ©sormais, l’auteur a acquis dans la presse et dans les salons la notoriĂ©tĂ© qui convient. Le livre est vendu en quelques jours.

Il y a aussi les libraires-requins comme Barbet, Ă  la fois escompteur et usurier. L'on peut aussi signaler Doguereau, libraire-Ă©diteur qui pratique la vieille maniĂšre, apparaissant aussi dans Illusions perdues, ainsi que Vidal et Porchon, libraires-commissionnaires, ou encore Fendant et Cavalier, libraires, fripons Ă  demi.

Les journalistes

Caricature de Louis-Philippe Ier dans Le Charivari.

Arrivistes et peu scrupuleux, ils ont compris qu’ils dĂ©tiennent, avec la presse, un pouvoir Ă©norme sur le monde du spectacle, de la littĂ©rature et de la politique. Les directeurs de thĂ©Ăątre les redoutent, ils les « achĂštent » en leur distribuant des places gratuites qu’ils peuvent ensuite revendre. Les libraires (qui sont aussi Ă©diteurs) dĂ©pendent d’une bonne ou d’une mauvaise critique que les journalistes sont capables de leur « vendre » contre un certain nombre d’exemplaires gratuits dont ils feront commerce. Lucien de RubemprĂ©, dans Illusions perdues, dĂ©couvre avec un mĂ©lange d’effroi et de ravissement ce pouvoir qu’il peut exercer Ă  sa guise : son manuscrit refusĂ© est finalement publiĂ© lorsqu’il se fait critique littĂ©raire. Émile Blondet fait partie de ce cercle-lĂ . Fils illĂ©gitime d’un prĂ©fet, mais officiellement fils d’un juge honnĂȘte, il acquiert Ă  Paris un pouvoir qui dĂ©passe l’imagination du pĂšre Blondet restĂ© en province, dans Le Cabinet des Antiques. Il est le mentor de Lucien de RubemprĂ© dans Illusions perdues.

Les directeurs de journaux

Andoche Finot est un entrepreneur en journalisme que l'on voit apparaĂźtre dans CĂ©sar Birotteau alors qu'il Ă©crit un prospectus pour Anselme Popinot. On le voit rĂ©apparaĂźtre de nombreuses fois dans La ComĂ©die humaine (La Rabouilleuse, Illusions perdues), oĂč il emploie de nombreux autres personnages.

Les femmes de lettres

Félicité des Touches dans Béatrix et dans Autre étude de femme est un hommage assez appuyé à George Sand dont Balzac était un admirateur sincÚre.

Balzac renforce cet hommage avec le personnage de Dinah de La Baudraye, dans La Muse du département, qu'il montre comme étant une pùle copie de la femme de lettres, mélangeant adultÚre et littérature.

Les femmes d’ñge mĂ»r

Portrait de femme de Victor Mottez (1837), illustrant la couverture de La Femme de trente ans.

Par femme d'« Ăąge mĂ»r », on entendait Ă  l’époque une femme de trente ans environ, c’est-Ă -dire ayant dĂ©jĂ  « une expĂ©rience de la vie ». C’est l’ñge des dĂ©ceptions amoureuses (La Femme abandonnĂ©e), de la dĂ©saffection conjugale (La Femme de trente ans)[22], des amours extraconjugales malheureuses (Honorine), des tentatives d’autonomie ratĂ©es (La Muse du dĂ©partement, fausse femme de lettres), mais aussi celui d’une deuxiĂšme vie avec un homme plus jeune : madame de Bargeton dans Illusions perdues, la princesse de Cadignan dans Les Secrets de la princesse de Cadignan.

Balzac a dĂ©jĂ  mis Ă  jour le « bovarysme », la perversitĂ© nĂ©e de l’ennui (Lady Dudley dans Le Lys dans la vallĂ©e), ainsi que l’ennui nĂ© d’une rigiditĂ© de mƓurs (Étude de femme) et la vertu admirable de Blanche de Mortsauf dans Le Lys dans la vallĂ©e, dont le modĂšle lui a Ă©tĂ© fourni par Laure de Berny. Il est donc entrĂ© dans la peau des femmes comme il l’a fait pour les artistes, en vivant lui-mĂȘme leurs Ă©mois. Il faut dire qu’il les Ă©tudiait de trĂšs prĂšs, ayant eu un nombre incalculable de liaisons avec des femmes pratiquement toujours plus ĂągĂ©es que lui, seule la comtesse Hanska n’ayant que deux ans de moins[23]. On a dit qu'il avait inventĂ© le bovarysme[24].

Les régisseurs de domaine

Monsieur Moreau, rĂ©gisseur de monsieur de SĂ©risy dans Un dĂ©but dans la vie. Personnage rouĂ© qui espĂšre tirer profit de la propriĂ©tĂ© de SĂ©risy en montant une affaire embrouillĂ©e par notaire interposĂ©. Mais il sera surpris par une visite inattendue du propriĂ©taire qui vient lui couper l’herbe sous le pied.

Michu, rĂ©gisseur du domaine de Gondreville dans Une tĂ©nĂ©breuse affaire. FidĂšle jusqu’à la mort Ă  ses « anciens » maĂźtres, lui, le jacobin mariĂ© Ă  la fille d’un montagnard, il se sacrifie pour les familles de Simeuse et de Hauteserre et finit sur l’échafaud.

Les concierges

Que ce soient des hommes ou des femmes, ils peuvent ĂȘtre redoutables, telle madame Cibot, dans Le Cousin Pons, ou serviles et aux ordres des puissants, comme dans Ferragus, et rarement dĂ©sintĂ©ressĂ©s ou bienveillants. Il faut dire qu’ils vivent dans des conditions peu reluisantes, souvent dans des immeubles sordides.

Les femmes ambitieuses

Les plus représentatives sont les filles du pÚre Goriot. D'origine roturiÚre, Anastasie de Restaud et Delphine de Nucingen ont l'ambition de parvenir dans les salons les plus fermés. Ces deux personnages antipathiques réussissent au prix du sacrifice de leur pauvre pÚre.

Dans une moindre mesure, madame de Bargeton, provinciale de petite noblesse, compte sur Lucien de Rubempré pour briller dans le « grand monde ». Sa déception est vive lorsque sa parente, la marquise d'Espard, trÚs « lancée », lui ouvre les yeux sur la voie à suivre. Madame de Bargeton abandonne sur l'heure Lucien et se raccroche à monsieur du Chùtelet pour entrer dans le monde. Sa réussite est toutefois en dessous de ses ambitions car elle n'a pas la hargne des filles du pÚre Goriot (Illusions perdues, Splendeurs et misÚres des courtisanes).

Les dandys arrivistes

Le nom d'EugĂšne de Rastignac (dans presque tous les romans) est passĂ© dans le vocabulaire courant ou, par antonomase, il dĂ©signe une personne ambitieuse. Sa formule, prononcĂ©e du haut de la colline du cimetiĂšre du PĂšre-Lachaise, est une des rĂ©pliques les plus connues de La ComĂ©die humaine. On la trouve sous diffĂ©rentes versions : « À nous deux Paris », « À nous deux maintenant ». C'est « le cri de ralliement » des provinciaux venus Ă  Paris pour faire carriĂšre. Son acolyte le plus proche est le comte Henri de Marsay (Autre Ă©tude de femme, Le PĂšre Goriot). Rastignac rĂ©ussit tout : son mariage, sa fortune, sa carriĂšre politique ; on prĂ©cise dĂ©jĂ  « qu'il a un visage d'ange » dans Étude de femme, oĂč il sĂ©duit involontairement une femme vertueuse.

Henri de Marsay est la deuxiĂšme figure, aprĂšs Rastignac, des « dandys-lions »[25] qui se partagent le pouvoir dans la haute sociĂ©tĂ© parisienne de La ComĂ©die humaine. AprĂšs avoir ruinĂ© Delphine de Nucingen (Le PĂšre Goriot), malmenĂ© Diane de Maufrigneuse, tentĂ© d'arracher Paquita Ă  la marquise de San-RĂ©al, contribuĂ© au « coup de force » du gĂ©nĂ©ral de Montriveau contre Antoinette de Langeais, il devient respectable ministre et excellent politique, utilisant Maxime de Trailles (criminel celui-lĂ ), avec lequel il a en commun l'appartenance au clan des Treize, dans Le DĂ©putĂ© d'Arcis, pour des tĂąches d'espionnage. On dĂ©couvre le cruel de Marsay, fils illĂ©gitime de Lord Dudley, dans le rĂŽle attendrissant du premier amoureux déçu et marquĂ© Ă  vie par la trahison d'une femme : Autre Ă©tude de femme. Malade et proche de la mort dans Une tĂ©nĂ©breuse affaire, on ne connaĂźtra jamais la fin exacte de son parcours. Il aura donnĂ© de bons conseils Ă  Paul de Manerville dans Le Contrat de mariage et se sera acharnĂ© sur le naĂŻf Victurnien d’Esgrignon dans Le Cabinet des Antiques.

Beaux, ambitieux, sĂ©duisants, ces hommes acquiĂšrent par les femmes l’argent et le pouvoir politique. Ils sont souvent entretenus par des actrices ou des danseuses (les lorettes) qui extorquent pour eux l'argent de leurs protecteurs financiers (Esther entretient Lucien de RubemprĂ© avec l'argent du baron Nucingen dans Splendeurs et misĂšres des courtisanes) ou par des femmes de haut rang qui se ruinent pour eux.

Servantes et valets

Servante, Vilhelm Hammershoi (1903).

Redoutables comme Europe et Asie qui tiennent littĂ©ralement Esther en cage, aux ordres de Vautrin dans Splendeurs et misĂšres des courtisanes, elles peuvent ĂȘtre compatissantes comme la servante de Coralie dans Illusions perdues. Les maĂźtres d’hĂŽtel et valets hautains, chargĂ©s de mĂ©priser les gens importuns, deviennent flagorneurs dĂšs qu’ils ont affaire Ă  un personnage important (femme ou homme), ceci dans presque toutes les Ɠuvres de La ComĂ©die humaine. Il y a des exceptions, servantes ou serviteurs dĂ©licats comme le maĂźtre d’hĂŽtel de La Femme abandonnĂ©e qui devine, Ă  un mouvement, un simple regard, les dĂ©sirs de cette femme fragile. Il y a aussi, dans cette catĂ©gorie que FĂ©licien Marceau nomme « le peuple », la grande Nanon du pĂšre Grandet[26]. Ce sont eux, les valets et les servantes, qui reprĂ©sentent les prolĂ©taires dont Balzac ne donne qu'occasionnellement une description dans le Paris-enfer de La Fille aux yeux d'or[26], avec un chiffre de population des ouvriers (trois cent mille individus) confirmĂ© par AndrĂ© Wurmser dans La ComĂ©die inhumaine[26].

Les militaires

Bataille d’Eylau (dĂ©tail), 1808.

Ils ont globalement un rapport avec la retraite de Russie, la BĂ©rĂ©sina et NapolĂ©on. Ainsi, le gĂ©nĂ©ral de Montriveau, dans Autre Ă©tude de femme, retrace un Ă©pisode horrible de la retraite de Russie. C’est ce mĂȘme gĂ©nĂ©ral qui poursuit la duchesse de Langeais jusque dans un monastĂšre espagnol, aprĂšs l'avoir menacĂ©e de la marquer au fer rouge.

Plus représentatif des gloires et défaites de Napoléon : Hyacinthe Chabert dans Le Colonel Chabert, vieux grognard laissé pour mort sur le champ de bataille d'Eylau. Il tente de retrouver sa place dans le monde parisien sans y parvenir et finit dans un hospice sous un numéro anonyme.

On retrouve aussi des militaires de ce type dans : Adieu, rĂ©cit qui dĂ©crit encore la campagne de Russie et la folie d’une femme de militaire sauvĂ©e de justesse au passage de la BĂ©rĂ©sina[27] - [28].

Les employés de bureau

Cf. La Cousine Bette, Les Employés ou La Femme supérieure.

Les usuriers

Jean-Esther van Gobseck dans Gobseck et dans Le PĂšre Goriot.

Les paysans

Dans Les Paysans et Les Chouans, ce qui donne l'impulsion au roman paysan.

Les associations secrĂštes

On peut citer l’association redoutable des Treize, dans Histoire des Treize, destinĂ©e Ă  servir les ambitions de jeunes loups, ainsi que l’association secrĂšte de madame de La Chanterie dans L'Envers de l'histoire contemporaine, qui, au contraire, vient en aide aux dĂ©munis selon des rites et des mĂ©thodes voisines de la secte.

La police, ses espions et ses « indics »

Joseph Fouché.

Joseph FouchĂ© a pour principal Ă©missaire Corentin et l'espionne de celui-ci, Marie de Verneuil, dans Les Chouans. On retrouve encore Corentin et FouchĂ© complotant contre NapolĂ©on, pourchassant les Ă©migrĂ©s (les sang-bleu) dans Une tĂ©nĂ©breuse affaire. Le sommet de l'excellence dans la description du fonctionnement de la police est atteint dans Splendeurs et misĂšres des courtisanes. On y voit agir non seulement Corentin (sous le nom de « monsieur de Saint-Germain»), bras droit de FouchĂ©, mais aussi son armĂ©e de sbires parmi lesquels le pĂšre Peyrade dĂ©guisĂ© en vieillard inoffensif. Peyrade payera trĂšs cher sa collaboration puisqu'on enlĂšve sa fille pour la violer et la lui rendre Ă  demi folle. Parmi les sbires les plus actifs de Corentin qui apparaĂźt encore dans Splendeurs et misĂšres des courtisanes, Bibi-Lupin est seul capable de reconnaĂźtre Vautrin, formidablement dĂ©figurĂ© Ă  l'acide, sous les oripeaux de l'abbĂ© Carlos Herrera. À la fin de ce roman, le mĂȘme Vautrin deviendra l’adjoint de Bibi-Lupin (peut-ĂȘtre pour assouvir sa vengeance contre Corentin). Au nombre des espions de Corentin, il faut compter Ă©galement Contenson, chargĂ© de surveiller les faits et gestes du baron de Nucingen dans Splendeurs et misĂšres des courtisanes. Le nom du chef de la sĂ»retĂ© venu arrĂȘter Trompe-la-mort, alias Jacques Collin, alias Vautrin, alias Carlos Herrera, Ă  la fin du PĂšre Goriot est prĂ©cisĂ©ment Bibi-Lupin. Par ailleurs, Jacques Collin devient l'un des policiers les plus haut placĂ©s de la police française, Ă  la fin de Splendeurs et misĂšres des courtisanes[29].

Bibliographie générale

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  • Pierre-Georges Castex, Roland Chollet, RenĂ© Guise et Nicole Mozet, HonorĂ© de Balzac : Ɠuvres diverses, t. 1, Paris, Gallimard, coll. « PlĂ©iade » (no 364), , 1904 p. (ISBN 2-07-010664-0, prĂ©sentation en ligne).
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Notes et références

  1. Chiffre donné par Judith Meyer-Petit, Généalogie des personnages de « La Comédie humaine », édition de la Maison de Balzac, Paris Musées, 1994, p. 2 (ISBN 2-87900-194-3).
  2. Voir : Honoré de Balzac.
  3. Louis Chevallier, préface des Paysans, Gallimard, coll. « Folio classique », 2006, p. 9-23.
  4. Nicole Mozet 1982, p. 164.
  5. Castex et al 1978, p. 503.
  6. Hans BĂ€ckvall (Le Charabia « tudesque » dans l'Ɠuvre de Balzac, Moderna SprĂ„k, 1970, p. 392) a soulignĂ© les similitudes entre le baron de Nucingen et ce ministre des Finances : tous deux originaires d'Alsace, ils partagent Ă©galement une mĂȘme condition de parvenu trop vite enrichi sous l'Empire, de financier implacable Ă©levĂ© Ă  la pairie sous le rĂšgne de Louis-Philippe.
  7. Préface à La Maison Nucingen, Gallimard, coll. « Folio classique », Paris, 1989, section « Origine et fortune de Fould » (ISBN 2070380521), p. 41-49, notes p. 59-60.
  8. Anne-Marie Meininger et Pierre Citron, Index des personnes réelles dans « La Comédie humaine », Gallimard, t. XII, La Pléiade, 1991, p. 1726 et 1816.
  9. Paul Louis, Les Types sociaux chez Balzac et Zola, Éditions du monde moderne, 1925.
  10. Restaurant qui subsiste encore Ă  Paris, rue Montorgueil.
  11. Maurice Samuels, « Metaphors of Modernity: Prostitutes, Bankers, and Other Jews in Balzac’s Splendeurs et misĂšres des courtisanes », Romanic Review, mars 2006, no 2, vol. 97, p. 169-84.
  12. Nadine Satiat, introduction au Cabinet des Antiques, Gallimard, coll. « Folio classique », Paris, 2002 (ISBN 2070402800), p. 24-25.
  13. Jean Forest, L'Aristocratie balzacienne, Paris, José Corti, 1973, p. 27.
  14. Madeleine Fargeaud, introduction à Béatrix, Gallimard, coll. « Folio classique », 1999 (ISBN 2070371239), p. 10-11.
  15. Sybille Tucker, introduction à Eugénie Grandet, Nathan, coll. « Nathan Poche », Paris, 1986, p. 19-20.
  16. Préface d'André Wurmser, Gallimard, « Folio classique », Paris, 2006 (ISBN 2070367037).
  17. Que Minoret combattra avant de lui rendre hommage (Ursule Mirouët, Gallimard, coll. « Folio classique », 1981, p. 95-96.
  18. Introduction à « Louis Lambert », Paris, Gallimard, coll. « Folio classique », 1980 (ISBN 2070371611), p. 8.
  19. Hachette, coll. « Le Livre de poche classique », Paris, 1963, p. 16-18.
  20. Préface de Raymond Abellio, Paris, Gallimard, coll. « Folio classique », 2006 (ISBN 2070367398), p. 8-14.
  21. Docteur Flavien Bonnet-Roy, Balzac, les médecins, la médecine et la science, Les Horizons de France, 1944.
  22. Kristina Wingard, Les ProblÚmes des couples mariés dans « La Comédie humaine », Uppsala, Almqvist, 1978, p. 131.
  23. Ceci avait crĂ©Ă© des hĂ©sitations et des difficultĂ©s au moment oĂč celle-ci dut se faire Ă©tablir un passeport pour venir Ă©pouser Balzac Ă  Paris. Elle s’était toujours rajeunie de quelques annĂ©es. AndrĂ© Maurois, PromĂ©thĂ©e ou la vie de Balzac, op. cit.
  24. Pierre Barbéris, introduction à La Femme de trente ans, Gallimard, coll. « Folio Classique », p. 14.
  25. Classification de Félicien Marceau dans Balzac et son monde, Gallimard, coll. « Tel », 1970, éd. revue et augmentée en 1986, p. 71.
  26. Balzac et son monde, Gallimard, coll. « Tel », 1986, p. 578-579.
  27. Saint-Paulien (écrivain), Napoléon-Balzac et l'empire de La Comédie humaine, Albin-Michel, 1979, p. 312
  28. Michel Arrous, Paul Noirot, Dominique Feinterie, « Les batailles Napoléoniennes de Balzac dans : Napoléon, de l'histoire à la légende », Maisonneuve et Larose, 2000, p. 100, 101, 102 (ISBN 2706814381)
  29. On trouvera tous ces détails dans l'Index des personnages fictifs, t. XII de La Pléiade, 1981. Personnages par ordre alphabétiques p. 1243-1588, passim.

Voir aussi

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