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Eugène de Rastignac

Eugène de Rastignac est un personnage romanesque d'Honoré de Balzac, dont les aventures débutent dans Le Père Goriot, et dont l'évolution va se poursuivre dans un nombre considérable de romans de La Comédie humaine.

Eugène de Rastignac
Personnage de fiction apparaissant dans
La Comédie humaine.

Rastignac avec Vautrin dans la cour de la pension Vauquer (Le Père Goriot).
Rastignac avec Vautrin dans la cour de la pension Vauquer (Le Père Goriot).

Origine AngoulĂŞme, Drapeau de la France France
Sexe Masculin
Entourage Madame de Beauséant, sa cousine, Delphine de Nucingen sa maîtresse, Horace Bianchon
Ennemi de Dutangrin

Créé par Honoré de Balzac
Romans Le père Goriot, La Maison Nucingen

Né en 1798, il est le fils ainé de nobles peu fortunés, vivant des revenus de la vigne, à Ruffec, près d'Angoulême, il a deux sœurs. Il s'installe à Paris pour suivre des études de droit. C'est un jeune homme ambitieux, qui regarde la « bonne société » avec des yeux à la fois surpris et envieux et qui va se montrer prêt à tout pour parvenir à ses fins. Élégant, bien éduqué, brun aux yeux bleus, il fait chavirer les femmes du monde ce qui va faciliter son ascension sociale.

Il est, avec Vautrin et Lucien de Rubempré (avec lequel il partage l’âge et la région d'origine) l'un des principaux personnages récurrents qui structurent la Comédie humaine[1].

Adolphe Thiers, alors jeune libéral, aurait servi de modèle à Balzac. En effet, comme Thiers, Eugène de Rastignac épouse la fille de sa maîtresse. Aujourd'hui, le terme de « Rastignac » désigne un arriviste, un « jeune loup aux dents longues ».

Chronologie de Rastignac dans La Comédie humaine

Plus que tout autre personnage, nous pouvons suivre le parcours et l’évolution d'Eugène de Rastignac, seule sa jeunesse à Angoulême ne fait pas l'objet d'un épisode romanesque.

  • 1819 : Le Père Goriot (Ă©crit en 1835). Rastignac, jeune Ă©tudiant de 22 ans (en fait, il a 21 ans d’après sa mère, Rastignac se vieillit d’un an lors d’une conversation avec sa cousine, madame de BeausĂ©ant), confrontĂ© au cynisme des uns (dont Vautrin) et aux duperies des autres, devient amant de Delphine de Nucingen. Après la mort du père Goriot, il pousse son cĂ©lèbre cri « Ă€ nous deux maintenant ! », que Balzac complète par un ironique : « Et pour premier acte du dĂ©fi qu'il portait Ă  la SociĂ©tĂ©, Rastignac alla dĂ®ner chez madame de Nucingen. » Le cri d'un arriviste.
  • 1821-1822 : Illusions perdues (Ă©crit de 1836 Ă  1843). Rastignac, devenu expert en luttes d’influence, louvoie dans la sociĂ©tĂ©. Il sait aussi bien Ă©liminer ceux qui le gĂŞnent que se mettre dans le sillage des hommes qui montent.
  • 1822 : Le Cabinet des Antiques (Ă©crit en 1833)[2]. Rastignac est devenu membre Ă  part entière du monde des « rouĂ©s parisiens », ces meneurs de la sociĂ©tĂ© qu’il admirait tant lors de son arrivĂ©e Ă  Paris.
  • 1823 : Étude de femme (paru en fĂ©vrier 1830, publiĂ© en volume en 1831, remaniĂ© pour la dernière fois en 1842). Rastignac est alors âgĂ© de 25 ans, selon Bianchon, narrateur de cette nouvelle qui montre son ami tentĂ© par la marquise de Listomère, dans une histoire amoureuse qui restera sans suite.
  • 1828 : L'Interdiction (Ă©crit en 1836). Rastignac a commencĂ© Ă  profiter, aux cĂ´tĂ©s de Nucingen, il a dĂ©jĂ  quatorze mille livres de rente, a dotĂ© et mariĂ© ses sĹ“urs et songe Ă  quitter Delphine au profit d’une femme fortunĂ©e, la marquise d'Espard. Il reste fidèle aux « mercredis » de CĂ©lestine Rabourdin, salon oĂą il retrouve Lucien de RubemprĂ©, Horace Bianchon et un certain nombre d'intellectuels parisiens.
  • 1829-1831 : La Peau de chagrin (Ă©crit en 1831). Rastignac a grandement Ă©voluĂ© : il est aujourd’hui dĂ©sabusĂ©, cynique, joueur, « viveur », Ă  la limite de la dĂ©bauche et de l’autodestruction.
  • 1833-1836 : La Maison Nucingen (Ă©crit en 1837). L’action de ce livre se situe en 1836 mais une conversation entre quatre journalistes rĂ©vèle l’ascension de Rastignac : encore sans le sou en 1827, Rastignac a rompu en 1833 avec Delphine de Nucingen mais travaille toujours avec son mari qui l’associe Ă  des opĂ©rations frauduleuses et lui permet de gagner quatre cent mille francs et de se constituer une rente de quarante mille livres. Il est en passe, en 1836, de devenir ministre, pair de France, etc.
  • 1840 : Le DĂ©putĂ© d'Arcis (commencĂ© en 1847, inachevĂ© Ă  la mort de Balzac, puis paru en 1854 grâce au concours dĂ©vouĂ© de Charles Rabou qui s’acquitte lĂ  d’une promesse faite Ă  Balzac avant sa mort). Rastignac est pour la seconde fois ministre, il vient d’être fait comte et suit les traces de Nucingen. Il a Ă©pousĂ© en 1839 la fille de Delphine et du baron de Nucingen. Le comte Maxime de Trailles, relation de Rastignac, dĂ©finit ainsi son parcours : « Vous avez fini par Ă©pouser l’unique hĂ©ritière des millions de Nucingen, et vous l’avez bien gagné… vingt ans de travaux forcĂ©s ! »
  • 1845 : Les ComĂ©diens sans le savoir (Ă©crit en 1845). Rastignac a 48 ans. Le caricaturiste Jean-Jacques Bixiou dit de lui : « Il a trois cent mille livres de rentes, il est pair de France, le roi l’a fait comte, c’est le gendre de Nucingen, et c’est un des deux ou trois hommes d’État enfantĂ©s par la RĂ©volution de juillet ; mais le pouvoir l’ennuie quelquefois, et il vient rire avec nous… »

On le retrouve Ă©galement dans les romans suivants :

Notes et références

  1. « Rastignac » [html], sur Etudier, ? (consulté le )
  2. samedi 2 novembre 1833 : « Aujourd'hui, inventé péniblement Le Cabinet des Antiques, tu liras cela quelque jour. J'en ai écrit 17 feuillets de suite. Je suis très fatigué. » Cf. correspondance avec Évelyne Hańska (Ewelina Hańska).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (fr) Françoise Aubert, « Aristocratie et noblesse : Balzac ou le “complexe Rastignac” », Studi dell’Instituto Linguistico, 1982, no 5, p. 91-101.
  • (en) Alexander Fischler, « Rastignac-Telemaque: The Epic Scale in Le Père Goriot », Modern Language Review, 1968, no 63, p. 840-848.
  • (fr) Nicole Mozet, « Rastignac, ce n’est pas moi... : Lecture romanesque et diffĂ©rence des sexes », Compar(a)ison, 1993, no 1, p. 75-81.
  • (fr) B. Reizov, « Rastignac et son problème », Europe, 1966, no 447-448, p. 223-230.
  • (fr) Lawrence R. Schehr, « Rapports Ă©crits : les lettres de la famille Rastignac », Balzac, pater familias, Claudie Bernard, Éd., Franc Schuerewegen, Ă©d. et intro., Amsterdam, Rodopi, 2001, p. 73-83.
  • (pl) Justyna Trzcinska, « Rastignac w krainie czarĂłw: O mowie przedmiotĂłw w powiesci Kazimierza Brandysa Obywatlele », Ruch Literacki, septembre-, no 42 (5 [248]), p. 587-605.

Liens externes

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