Pont George-V
Le pont d'Orléans, dénommé pont Royal, puis pont National et, au cours de la PremiÚre Guerre mondiale, pont George-V, en l'honneur du roi du Royaume-Uni George V, est un pont voûté en maçonnerie franchissant la Loire à Orléans dans le département du Loiret en France. Il est situé à 1,2 km en aval du pont René-Thinat et 700 mÚtres en amont du pont Maréchal-Joffre, dans l'axe de la rue Royale sur la rive droite et de l'avenue Dauphine sur la rive gauche.
Pont George-V | ||||
GĂ©ographie | ||||
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Pays | France | |||
RĂ©gion | Centre-Val de Loire | |||
DĂ©partement | Loiret | |||
Commune | Orléans | |||
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques | 47° 53âČ 48âł N, 1° 54âČ 15âł E | |||
Fonction | ||||
Franchit | Loire | |||
Fonction | pont routier avec tramway | |||
Caractéristiques techniques | ||||
Type | pont en arc | |||
Longueur | 325 m | |||
Portée principale | 32,5 m | |||
Largeur | 15,20 m | |||
Matériau(x) | pierre | |||
Construction | ||||
Construction | 1751-1763 | |||
Architecte(s) | Jean Hupeau | |||
Ingénieur(s) | Jean Chopine, Jean Rondel, Robert Soyer | |||
MaĂźtre(s) d'Ćuvre | Jean Cadet de Limay | |||
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Loiret
GĂ©olocalisation sur la carte : Centre-Val de Loire
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Le XVIIIe siÚcle a été en France un ùge d'or pour la construction des ponts tant par le nombre de ceux qui furent édifiés que par les progrÚs réalisés dans l'exécution et la structure de ce type d'ouvrages. Le pont George-V figure parmi ces ouvrages remarquables.
Il a Ă©tĂ© construit de 1751 Ă 1763 selon les plans de Jean Hupeau. C'est Daniel Trudaine, conseiller d'Ătat, intendant des finances chargĂ© du dĂ©tail des Ponts-et-ChaussĂ©es de 1743 Ă sa mort en 1769, qui le fit exĂ©cuter[A 1]. Les travaux furent dirigĂ©s par Hupeau[1], assistĂ© de Robert Soyer et de deux stagiaires, Jean Cadet de Limay et François Lecreux.
XVIIIe siĂšcle : lâĂąge dâor des ponts en maçonnerie
Cette renaissance a eu pour raison majeure le mauvais Ă©tat des ponts du Moyen Ăge, le plus souvent mal fondĂ©s et de multiples fois ruinĂ©s par des crues successives. La plupart Ă©tant trĂšs dĂ©gradĂ©s et devenus trop Ă©troits pour une circulation devenue plus intense devaient ĂȘtre remplacĂ©s[A 1]. Les nouveaux ouvrages d'art se distinguĂšrent des anciens par leur soliditĂ© et le caractĂšre monumental de l'architecture. La crĂ©ation du corps des ponts et chaussĂ©es en 1716[2] puis de lâĂcole nationale des ponts et chaussĂ©es en 1747[2] ont contribuĂ© Ă ces perfectionnements.
Une évolution s'est en outre produite durant cette période. Pendant la premiÚre moitié du siÚcle, les ponts étaient en dos d'ùne trÚs prononcé et composés d'arches décroissantes du milieu vers les rives, comme le pont Jacques-Gabriel de Blois, alors qu'à partir de 1750 les pentes ont été de moins en moins accentuées et des arches d'égale longueur (pont Wilson de Tours).
La rĂ©gion centrale de la France (bassins de la Seine et de la Loire) a Ă©tĂ© particuliĂšrement privilĂ©giĂ©e. Elle a vu naĂźtre, entre autres, le pont Royal Ă Paris, qui, bien qu'Ă©difiĂ© de 1685 Ă 1687 par Jules Hardouin-Mansart annonce, par sa structure, les grands ponts du siĂšcle suivant ; le pont de Blois, construit de 1716 Ă 1724 par Jacques V Gabriel et Robert Pitrou ; le pont d'OrlĂ©ans, de 1751 Ă 1760 par Jean Hupeau et Robert Soyer ; le pont de Moulins, de 1756 Ă 1770 par Louis de RĂšgemorte ; le pont de Saumur, de 1756 Ă 1768 par Jean-Baptiste de Voglie ; le pont de Neuilly, de 1766 Ă 1769, le pont de la Concorde Ă Paris, de 1787 Ă 1791, chefs-d'Ćuvre de Jean-Rodolphe Perronet.
DĂ©nomination
DĂ©nommĂ© pont d'OrlĂ©ans pendant la construction, il prend le nom de pont Royal avec l'inauguration. Il semble, selon David Ojalvo, qu'il ait Ă©tĂ© rebaptisĂ© pont National pendant la RĂ©volution française[A 1]. Il est rebaptisĂ© pont George-V au dĂ©but de la PremiĂšre Guerre mondiale en l'honneur du roi du Royaume-Uni George V, par arrĂȘtĂ© municipal du . Fernand Rabier, maire de la ville d'OrlĂ©ans, s'exprime ainsi en sĂ©ance[3] :
« L'Administration a pensĂ© qu'il convenait de tĂ©moigner, dâune façon durable, les sentiments de reconnaissance de la ville dâOrlĂ©ans Ă lâĂ©gard des nations qui combattent aux cĂŽtĂ©s de la France pour la cause du droit et de la civilisation. Elle croit rĂ©pondre aux vĆux unanimes des OrlĂ©anais en demandant au Conseil, sans prĂ©judice des propositions qu'elle prĂ©sentera ultĂ©rieurement de donner Ă la place de la Gare le nom de place Albert Ier et au nouveau pont le nom de pont George-V »
De la discussion qui suit sont adoptés en séance les nouveaux noms suivants : pont George-V pour le pont Royal, place Albert-Ier pour la place de la Gare et pont Nicholas-II pour le nouveau Pont qui sera renommé plus tard pont Maréchal-Joffre[3].
Descriptif
Le pont Royal est composĂ© de neuf arches dâouvertures inĂ©gales dĂ©croissant faiblement du centre vers les rives. Les voĂ»tes sont en forme d'anse de panier Ă cinq centres dont le grand rayon est de 28 mĂštres environ[B 1]. Lors de sa mise en service, lâarche centrale mesure 32,48 mĂštres d'ouverture (100 pieds[4]) et celles des culĂ©es, les plus petites, 29,88 mĂštres chacune (92 pieds[4]). La longueur totale Ă©tait de 324,88 m entre culĂ©es (166 toises et 4 pieds[4]), soit 339 mĂštres, Ă©paisseur des culĂ©es comprise (chacune faisant 22 pieds dâĂ©paisseur[4]). La largeur Ă©tait de 15,20 m d'une tĂȘte Ă l'autre (chaussĂ©e, 8,90 m ; trottoirs, 2,66 m chacun ; Ă©paisseur des parapets, 0,50 m pour chacun d'eux). Deux pavillons ornaient lâextrĂ©mitĂ© sud[A 2]. Ă la suite des destructions de plusieurs arches lors de la Seconde Guerre mondiale et Ă leur reconstruction ultĂ©rieure, certaines dimensions ont lĂ©gĂšrement variĂ©.
Lâouvrage fut bĂąti en suivant la rĂšgle du cinquiĂšme, alors admise de tous, et selon laquelle les piles devaient recevoir en Ă©paisseur, le cinquiĂšme de l'ouverture des arches. Jean-Rodolphe Perronet, qui supervisa la fin des travaux de construction, contesta ultĂ©rieurement la valeur de ce principe et soutint que la soliditĂ© des ponts serait accrue si l'on rĂ©duisait les piles car ainsi on libĂ©rait davantage le passage de l'eau. Ce fut une vĂ©ritable rĂ©volution lorsqu'au pont de Neuilly (1768-1774) il fit tomber le rapport de l'Ă©paisseur des piles Ă l'ouverture des arches Ă 1/9[5].
La pente du pont d'OrlĂ©ans est trĂšs faible, moins de un centimĂštre par mĂštre, alors quâau pont de Blois elle est de 4,1 cm par mĂštre[A 2].
Le pont dispose aujourd'hui de deux voies de circulation pour automobiles, deux voies pour les tramways et d'un trottoir. à l'occasion du déconfinement en , la voie ouest du pont est transformée en piste cyclable bidirectionnelle[6].
- Arche 9, rive gauche, cÎté sud, détruite lors de la Seconde Guerre mondiale, elle a été reconstruite en 1945.
- Arche 1, rive droite, cÎté nord. La voûte qui a été épargnée lors de la Seconde Guerre mondiale est dans sa totalité en pierre d'origine.
- Ădifice situĂ© en tĂȘte sud du pont, utilisĂ© autrefois pour percevoir l'octroi.
- Avant-becs en forme dâamande, caractĂ©ristiques de la pĂ©riode du XVIIIe siĂšcle.
- La piste cyclable bidirectionnelle aménagée fin .
Construction du pont
Projet
Le vieux pont des Tourelles, pont mĂ©diĂ©val assurant l'unique franchissement de la Loire, supporte de plus en plus mal son Ăąge. En 1739, un ouragan brise la croix qui surmonte le monument Ă©levĂ© Ă la gloire de Jeanne d'Arc. La dĂ©bĂącle de 1745 fissure une de ses arches gothiques[7]. Il Ă©tait parvenu Ă un tel Ă©tat de fatigue que, en dĂ©pit des travaux de consolidation effectuĂ©s par Robert Pitrou en 1746, il Ă©tait devenu clair qu'il ne survivrait plus longtemps et que la construction d'un nouveau pont s'avĂ©rait dĂ©sormais indispensable. Ce mĂȘme Pitrou, alors inspecteur gĂ©nĂ©ral, en fut chargĂ©, mais le projet qu'il prĂ©senta le Ă l'assemblĂ©e des Ponts et ChaussĂ©es prĂ©sidĂ©e par Daniel-Charles Trudaine, souleva des objections et ne fut pas suivi[A 1]. Pitrou mourut peu de temps aprĂšs, le [B 2].
Pour le remplacer, le roi dĂ©signa Jean Hupeau[B 2]. Celui-ci Ă©tablit un projet qui plaçait le pont en face de la rue de Recouvrance, c'est-Ă -dire nettement en aval du pont projetĂ© par Pitrou. Cet emplacement ayant Ă©tĂ© jugĂ© trop Ă©loignĂ© du centre de la ville, Hupeau transforma son projet ; il dĂ©plaça son pont vers l'amont, le situant seulement Ă 80 mĂštres en aval du vieux pont. II prĂ©senta, le , ses dessins dĂ©finitifs Ă l'assemblĂ©e des Ponts-et-ChaussĂ©es[A 1]. L'adjudication des travaux Ă Jean Chopine pour la somme de 2 084 000 livres, eut lieu le [8]. C'est lâingĂ©nieur Robert Soyer qui fut chargĂ© de diriger les travaux sous la haute autoritĂ© de Hupeau.
Travaux
Les manuscrits de Robert Soyer publiĂ©s par la SociĂ©tĂ© des amis des musĂ©es d'OrlĂ©ans dans lâouvrage « Grand Livre du pont Royal » permettent de suivre lâĂ©volution du chantier, son organisation humaine et les moyens employĂ©s.
1751 : premiĂšre pierre
Les travaux prĂ©paratoires et Ă la construction des fondations de la pile 1 commencent en 1751. AprĂšs avoir dressĂ© lâalignement de lâouvrage, la construction du batardeau de la pile 1, du cĂŽtĂ© nord, est entreprise le . Celui-ci est constituĂ© d'un double rideau de palplanches en bois entre lesquelles est dĂ©versĂ©e et compactĂ©e de la terre argileuse qui fait Ă©tanchĂ©itĂ©. Des pieux de 19 pieds de longueur sont d'abord battus[B 3], grĂące Ă des sonnettes Ă tiraudes, puis des palplanches sont battues alternativement jusqu'Ă la hauteur des pieux, environ 6 pieds au-dessus de l'Ă©tiage. DĂšs le 20, de la terre a Ă©tĂ© amenĂ©e en tombereaux. La terre prise prĂšs la maison du PrĂ©fet de Troyes se roulait Ă la brouette jusqu'Ă la riviĂšre Ă 220 toises de distance, d'oĂč elle descendait en bateau et se dĂ©chargeait dans le coffre du batardeau constituĂ© par les deux rideaux de palplanches[B 3].
Le , un chapelet inclinĂ© mĂ» par le courant est activĂ©, mais l'effet est presque nul en raison du faible dĂ©bit de la Loire qui Ă©tait trĂšs basse. Le nombre de chapelets Ă bras est alors augmentĂ© et portĂ© jusqu'Ă 13, et l'eau put ĂȘtre abaissĂ©e Ă 3 pieds 9' au-dessous de son niveau[B 3].
Le 31, les travaux reprennent avec 18 chapelets et le moulin. La difficultĂ© Ă faire baisser l'eau fait penser que la branche du cĂŽtĂ© amont n'avait pas Ă©tĂ© draguĂ©e. Les ingĂ©nieurs ne disposaient pas encore dâune drague pour l'enlĂšvement des sables qui nâallait ĂȘtre inventĂ©e que lâannĂ©e suivante. Il est alors dĂ©cidĂ© de faire le long de cette branche un petit contre-bĂątardeau, et un demi-bĂątardeau du cĂŽtĂ© du quai, mais la situation n'est guĂšre amĂ©liorĂ©e[B 3].
Il est alors dĂ©cidĂ© dâaugmenter le nombre des chapelets et de diminuer leur longueur en faisant passer l'auge de dĂ©gorgement Ă travers le batardeau Ă 1 pied 1/2 au-dessus de l'Ă©tiage seulement. Ces chapelets courts sont percĂ©s Ă 6 pouces au lieu de 5 pouces de diamĂštre, et donnent beaucoup plus d'eau[B 3], ces chapelets permettant dâĂ©vacuer par heure 800 pieds cubes.
Le premier pieu de la culée est battu le . Le mouton pÚse 750 livres, et est levé par 24 hommes. Le battage est achevé le [B 4]. Le à 11 h est posée la premiÚre pierre.
1752 : fondations des piles 2, 3 et 4
LâannĂ©e 1752 est consacrĂ©e Ă la rĂ©alisation des piles 2, 3 et 4 avec de grandes difficultĂ©s pour venir Ă bout de lâeau envahissante et pouvoir battre et recĂ©per (dĂ©coupe du sommet) les pieux au sec[B 5]. Le , le chapelet inclinĂ© commence Ă Ă©puiser lâeau, avec plus dâefficacitĂ© que l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, l'eau ayant plus de dĂ©bit. Toutefois des infiltrations apparaissent dans le puisard oĂč il avait d'abord Ă©tĂ© Ă©tabli, il est donc tournĂ© de l'autre cĂŽtĂ©. Le 11, l'Ă©puisement est arrĂȘtĂ©, l'eau nâayant pu ĂȘtre baissĂ©e qu'Ă 4 pieds sous l'Ă©tiage, ou 5 pieds, sous son niveau actuel, avec 23 chapelets Ă bras, et le moulin, pour faire un petit batardeau de refend. Le , reprend l'Ă©puisement avec 23 chapelets, 2 chapelets Ă godet, le moulin, et un chapelet de la machine Ă cheval. Le 25, on fait atteler les 2 chapelets de cette machine avec 8 chevaux[B 5].
Du au , le battage de la deuxiĂšme pile est rĂ©alisĂ© avec 4 sonnetiers. Plusieurs de ces pieux du cĂŽtĂ© de l'avant-bec ne peuvent ĂȘtre mis au refus, n'ayant Ă©tĂ© enfoncĂ©s que de 16 pieds 4 pouces. On en rebat dĂšs lors 19, de 25 Ă 28 pieds de longueur, dans les intervalles. Les Ă©quipes affectĂ©es au service du mouton sont doublĂ©es pour battre sans interruption et gagner du temps. Sept volĂ©es de 25 coups durent 11 minutes, soit une cadence double par rapport Ă un travail ordinaire qui n'est que de 20 volĂ©es par heure[B 5].
Les Ă©puisements pour la fondation de cette seconde pile sont difficiles, plusieurs sources Ă©tant apparues au fond. On enveloppe alors la pile d'un petit batardeau, qu'on Ă©puise avec un trĂšs grand nombre de « baqueteurs » avec des seaux. De petits batardeaux sont Ă©galement rĂ©alisĂ©s autour des pieux Ă lâaide de sacs de grosse toile de 3 pieds environ de longueur sur autant de circonfĂ©rence remplis de terre grasse. Deux ou trois Ă©copes suffisent alors pour que le charpentier puisse travailler au sec. Les pieux peuvent ĂȘtre recĂ©pĂ©s (Ă 7 pouces 1/2 sous l'Ă©tiage). De mĂȘme la maçonnerie peut ĂȘtre Ă©levĂ©e aux deux bouts de la pile, ce qui permet de travailler plus tĂŽt le matin, lâeau Ă Ă©puiser Ă©tant moins importante[B 5].
à la mi-août, le débit de la source du milieu de la pile augmente soudainement. Il reste peu pour terminer les travaux de fondation de la pile, mais l'eau est si abondante qu'il faut tripler le travail des hommes dont on ne peut pas augmenter le nombre. C'est le 29 qu'il faut faire le plus d'efforts à l'occasion du recépage des pieux du milieu et de la fin de la pose du grillage. L'emplacement est couvert de baqueteurs (environ 150) entre lesquels on aperçoit à peine les charpentiers qui travaillent à leurs pieds[B 5].
Le battage des pieux des fondations des piles 3 et 4 se poursuit jusquâĂ la fin de 1752, en luttant toujours autant contre les importantes arrivĂ©es dâeau[B 6] - [9].
1753 : fondations des piles 5, 6 et 7 et de la culée du cÎté du faubourg
Une brĂšche ayant Ă©tĂ© laissĂ©e dans les 5e et 6e piles et ayant occasionnĂ© le creusement dâun petit canal, les travaux de comblement ne peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©s qu'Ă partir du . Les pieux d'Ă©chafaudage au-dessus de l'emplacement de la 5e pile sont ensuite battus. Cet Ă©chafaudage est composĂ© de six files de pieux de 9 Ă 10 pieds (3,25 m), espacĂ©s de 7 pouces (0,20 m), et chaque file coiffĂ©e de virures (ou bordages de bateau) en sapin. Les chapelets Ă sable roulent sur ces virures[B 7].
Le battage est rémunéré à la tùche : les pieux sont payés 35 sols chacun, à raison de 8 à 9 par jour et les palplanches de 18 à 20 pieds (6,5 mÚtres), 20 sols piÚce[B 7].
Le batardeau de la culĂ©e cĂŽtĂ© faubourg, au sud de la Loire, est rĂ©alisĂ© de juillet Ă septembre, puis le sable est draguĂ© Ă lâaide dâun chapelet Ă sable pour approfondir lâintĂ©rieur. ParallĂšlement les pieux de la pile 6 sont battus, puis recĂ©pĂ©s Ă 5 pieds 3 pouces (1,71 mĂštre) sous lâĂ©tiage[B 7].
Les batardeaux des piles 7 et 8 posent plus de difficultĂ©s pour atteindre le sol dur. Il est alors nĂ©cessaire dâallonger les pieux par des entures, des Ă©lĂ©ments en bois dâenviron 12 pieds de longueur mis bout Ă bout avec lâĂ©lĂ©ment prĂ©cĂ©dent et joints avec une frette en fer. Ainsi pour la pile 7, au lieu de descendre Ă 20 pieds (6,50 mĂštres) sous lâĂ©tiage, on descend Ă 60 (19,49 mĂštres), et pour la pile 8 Ă 42 (13,64 mĂštres) au lieu de 18 (5,85 mĂštres)[B 8].
Lâempierrement de la pile 5 commence en aoĂ»t, suivi de celui de la pile 8 en septembre. La pierre est extraite Ă 80 toises (156 mĂštres) de distance et est transportĂ©e Ă dos dâhomme dans des hottes, du type de celles utilisĂ©es pour les vendanges. Un manĆuvre met sept minutes Ă chaque voyage. Il porte 100 hottes par jour, sur la base de 600 hottes la toise cube (7,4 mĂštres cubes)[B 8].
Les pieux du mur de quai sud et de la culĂ©e sont battus en fin dâannĂ©e. Sur la culĂ©e il y a 4 sonnettes et 3 sur les murs de quai. Les premiĂšres comportent 24 tireurs et la volĂ©e de 25 coups de mouton est payĂ©e 3 deniers au sonnetier plus 30 sols Ă chaque tireur pour chaque pieu ou enture mis en fiche. Une sonnette Ă 18 tireurs est utilisĂ©e sur le mur de quai, rĂ©munĂ©rĂ©e seulement 2,3 sols la volĂ©e, et 20 sols par ouvrier et par pieu[B 9].
Les batardeaux des piles 5 et 6 sont arrachĂ©s en fin dâannĂ©e[B 9].
1754 : construction des piles
Les travaux de battage de pieux des piles 7 et 8 reprennent en juin. De mĂȘme est entrepris le percement de la rue Royale.
Un atelier de vingt hommes est affecté au déblai de la rue : douze conduisent trois camions prismatiques[Note 1] et huit sont affectés au chargement. Ils font 60 voyages chacun par jour à 150 toises de distance. Le voyage était payé 18,3 sols et produisait 10 pieds cubes de terre, évaluée 8 pieds de déblais ; ainsi la toise cube de déblai coûtait 4,1 livres. Chaque camion parcourait par jour 18 000 toises de chemin[B 10].
Les pieux des piles 7 et 8 sont battus en aoĂ»t. Trois sonnettes sont alors actives sur la pile 7 et en mĂȘme temps deux sur la pile 8. Le une crue augmente la difficultĂ©. Une soixantaine dâhommes est mise au baquetage pour enlever lâeau, puis 90 quelques jours aprĂšs. La pose de la pierre est entreprise sur ces piles en septembre. Le mĂȘme charriage des pierres Ă dos dâhommes dans des hottes est entrepris, Ă lâinstar des autres piles[B 11].
1755 Ă 1756 : construction des arches 1 Ă 4
DĂšs le mois de mars la prĂ©paration puis le montage du cintre des arches 1 et 2 est entreprise. Une Ă©pure de lâarche est Ă©tablie dans le clos des Augustins, non loin du chantier. Le cintre de lâarche 1, cĂŽtĂ© ville, est construit entre le , date du levage de la premiĂšre ferme, et le 22, soit onze jours de travail. Au mois de juin est installĂ© une grue en bois au milieu et sur le dessus de ce cintre, non sans difficultĂ©s du fait de la grande hauteur Ă laquelle il fallait lever les Ă©lĂ©ments la constituant[B 12].
Robert Soyer dĂ©crit prĂ©cisĂ©ment la manĆuvre du levage des cintres. « Ă l'Ă©gard des moises pour les monter, et les faire en mĂȘme temps couler, on fait le battement du cordage au bout le plus Ă©loignĂ© et on bride le cordage en plusieurs points qu'on lĂąche successivement quand le bout est portĂ© sur la ferme. C'est ce que les ouvriers nomment videboquet. »[B 12].
La construction de la voĂ»te peut ensuite ĂȘtre entreprise. Le cintre est dâabord chargĂ© le de voussoirs en pierre en son milieu, pour l'empĂȘcher de se relever, lorsque des pierres seraient posĂ©es aux extrĂ©mitĂ©s. Le , il ne reste plus que 17 pieds Ă fermer. Le dĂ©cintrement de lâarche 1 commence le avec 12 charpentiers[B 13]. Elle a baissĂ© de 5,9 pouces sur le cintre depuis quâelle est fermĂ©e et le cintre de 16,5 pouces[B 13].
On Îte d'abord les couchis de la clef, et les suivants de deux en deux jusqu'aux aiguilles des jambes de force, ensuite sont enlevés les autres couchis. Le 31, le tout est décintré[B 13]. La voûte est si peu soutenue par le cintre, qu'elle ne subit finalement aucun tassement lors du décintrement[B 13].
La construction des arches 2 et 3 commence en parallĂšle cette mĂȘme annĂ©e 1755[B 14]. Elles sont terminĂ©es ainsi que la quatriĂšme arche en 1756[B 15].
- Dispositif permettant le ragrément des voûtes.
- Sonnette Ă tiraudes. Engin utilisĂ© pour enfoncer les pieux par battage dâun mouton.
- Machine Ă draguer le sable dans les batardeaux.
- Chapelet Ă sable permettant de draguer le fond du fleuve.
- Chapelet permettant d'épuiser l'eau à l'intérieur du batardeau, dont on voit bien l'assemblage des palplanches.
1757 à 1759 : fin de la construction des voûtes
LâannĂ©e 1757 commence mal. Le thermomĂštre descend Ă â10 °C le et la riviĂšre est prise. La dĂ©bĂącle nâintervient que le 21, mais aucun dĂ©gĂąt nâest Ă dĂ©plorer. Les cintres des arches 5 Ă 6 sont progressivement levĂ©s. Une crue intervient le , emportant le pont de service et la grue. Une nouvelle grue arrive alors de La CharitĂ©-sur-Loire et met 40 heures pour parcourir la distance jusquâĂ OrlĂ©ans. Lâarche 7 est construite en aoĂ»t[B 16].
Le , Christophe-Gabriel Allegrain, sculpteur du roi, commence le cartouche qui dĂ©core la clĂ© de lâarche du milieu[B 17] et termine la sculpture le . De mai Ă novembre sont rĂ©alisĂ©es presque entiĂšrement les arches 8 et 9, cĂŽtĂ© faubourg. Les travaux de construction de la voĂ»te vont se poursuivre en 1759 pour sâachever formellement le sur la 8e pile[B 18].
1760 : mise Ă disposition du public
LâintĂ©rieur du pont est comblĂ© en 1760, de mĂȘme que des travaux annexes sont rĂ©alisĂ©s. Le passage est finalement ouvert au public en [B 19]. La destruction de lâancien pont des Tourelles est Ă©galement entreprise cette annĂ©e.
Madame de Pompadour, se rendant Ă son chĂąteau de Menars, prĂšs de Blois, est la premiĂšre Ă lâemprunter. On connaĂźt l'Ă©pigramme que fit naĂźtre Ă OrlĂ©ans cet Ă©vĂšnement :
« Censeurs de notre pont, vous dont lâimportance
va jusquâĂ la tĂ©mĂ©ritĂ©,
Hupeau par un seul fait vous réduit au silence :
Bien solide est son pont, ce jour il a porté
Le plus lourd fardeau de la France. »
1761 à 1763 : finitions et réception
Le commence le ragrĂ©ment et le rejointoiement du bandeau de la 9e arche. Le mur de quai du cĂŽtĂ© des Capucins est arasĂ©. Le est entrepris le battage des pieux de la digue Ă construire parallĂšlement et Ă lâaval du pont. Le terrain sâavĂšre difficile Ă draguer avec la machine du chapelet Ă sable Ă hottes du sieur de Lonce, pourtant plus perfectionnĂ©e que la machine Ă sable Ă bras utilisĂ©e pour draguer les batardeaux.
La dĂ©molition du pont des Tourelles est poursuivie au mois dâaoĂ»t, lors de lâĂ©tiage, mais ne sera achevĂ©e quâen 1762, comme dâailleurs la digue[B 20].
Alors quâil a dirigĂ© les travaux pendant les dix ans quâont durĂ© la construction de lâouvrage, Jean Hupeau meurt le . C'est son successeur, Jean-Rodolphe Perronet, accompagnĂ© de Soyer, qui prononce la rĂ©ception le et les jours suivants. Une augmentation de 586 856 livres 13 sous est enregistrĂ©e par rapport au devis initial, une partie de ce dĂ©passement devant servir au paiement de la construction des façades de la rue Royale, celle-ci ayant Ă©tĂ© percĂ©e simultanĂ©ment Ă la construction du pont[A 2].
Jean Hupeau, le concepteur
Jean Hupeau est le vĂ©ritable auteur du pont Royal, celui qui en a dessinĂ© les plans. NĂ© Ă la fin du XVIIe siĂšcle, il dĂ©bute comme architecte et devint ingĂ©nieur de la gĂ©nĂ©ralitĂ© de Riom en 1731 et plus tard, de celle de Soissons, Inspecteur des Ponts-et-ChaussĂ©es en 1742, il en devint le Premier ingĂ©nieur en 1754, en remplacement de Boffrand. Il mourut en 1763. Sa carriĂšre fut trĂšs active : il est lâauteur du pont dâOrlĂ©ans sur la Loire, de ceux de Joigny et de Cravant sur l'Yonne, de Montereau et de Mantes sur la Seine, de Trilport sur la Marne[A 2].
Robert Soyer, le directeur de travaux
En raison de ses hautes fonctions, Hupeau ne suivit que de loin les travaux du pont. C'est Robert Soyer qui eut la charge de les diriger sur place[10]. NĂ© en 1717, il fut d'abord sous-ingĂ©nieur dans la gĂ©nĂ©ralitĂ© de Tours. En 1751, Ă 34 ans, ses connaissances en mathĂ©matiques, en physique, en travaux pratiques le dĂ©signĂšrent pour ĂȘtre envoyĂ© Ă OrlĂ©ans afin de seconder Hupeau dans l'exĂ©cution du pont. Pendant plus de dix ans, il consacra toute son activitĂ© Ă la construction du pont, de la rue Royale et de la rue Dauphine. AprĂšs l'achĂšvement des travaux, il devint ingĂ©nieur inspecteur des Turcies et LevĂ©es pour le dĂ©partement d'OrlĂ©ans. Il prit sa retraite au dĂ©but de la RĂ©volution française et mourut Ă OrlĂ©ans en 1802 Ă 86 ans[A 2].
Pendant les dix-huit premiers mois, l'ingĂ©nieur Tardif fut, au mĂȘme titre que Soyer, affectĂ© Ă ces travaux, mais ensuite, Soyer resta seul[A 3] - [11].
Les Ă©lĂšves
Deux élÚves furent attachés comme stagiaires à la construction du pont. Jean Cadet de Limay d'abord, né en 1733, fut placé à Orléans en 1752 en qualité d'élÚve-ingénieur, pour suivre les fondations, sous les ordres de Hupeau et de Soyer. Il resta à ce poste pendant la durée de la construction des façades de la rue Royale. Il collabora ensuite à l'édification des ponts de Moulins, de Bourges et de Tours. Il fut nommé inspecteur général surnuméraire en 1777 et inspecteur général titulaire en 1780. Retraité en l'an IV, il devint Directeur des canaux de Briare et d'Orléans. En 1771, il avait épousé Perpétue Félicité Desfriches et était ainsi devenu le gendre du célÚbre dessinateur orléanais Aignan-Thomas Desfriches[A 3].
François Lecreux, nĂ© en 1728 Ă OrlĂ©ans, recommandĂ© par l'ingĂ©nieur Soyer, assista lui aussi aux travaux des fondations pendant l'Ă©tĂ©, de 1751 Ă 1754, alors qu'il Ă©tait Ă l'Ăcole nationale des ponts et chaussĂ©es oĂč il avait Ă©tĂ© admis en 1751. Il rĂ©digea des observations sur les procĂ©dĂ©s employĂ©s, observations dont Perronet se servit pour la rĂ©daction de son ouvrage. NommĂ© sous-ingĂ©nieur en 1755, il fut envoyĂ© dans la gĂ©nĂ©ralitĂ© de Tours, sous les ordres de Jean-Baptiste de Voglie qui l'attacha aux travaux du pont de Saumur Ă leurs dĂ©buts. En 1774, il fut nommĂ© ingĂ©nieur-en-chef. AprĂšs un bref passage Ă Paris, il reçut une affectation en Lorraine et y resta 27 ans. Il fut nommĂ© inspecteur gĂ©nĂ©ral en 1802, Ă l'Ăąge de 73 ans. Il mourut en 1812 Ă l'Ăąge de 83 ans[A 3].
Les rĂŽles de Perronet et Pitrou
Les noms de Jean-Rodolphe Perronet et de Robert Pitrou doivent ĂȘtre associĂ©s aux prĂ©cĂ©dents mĂȘme si ces deux ingĂ©nieurs n'ont pas pris part Ă la construction du pont Royal. Le projet que Robert Pitrou prĂ©senta pour le pont d'OrlĂ©ans, s'inspirait du dessin du pont de Blois. Quant au rĂŽle de Perronet aprĂšs la mort de Hupeau, il se borna Ă la rĂ©ception des travaux et au rĂšglement des dĂ©penses[A 3].
La statue de Jeanne dâArc
à la démolition du pont des Tourelles, le monument de Jeanne d'Arc a été démonté, puis installé en 1771, avec quelques modifications, à l'angle de la rue Royale et de la rue de la Vieille-Poterie. Mais, en 1793, les figures de bronze qui le composaient sont fondues pour servir à la fabrication de canons. Les Orléanais n'avaient pas pour autant perdu le culte de celle qui avait délivré leur cité lors du siÚge d'Orléans en 1429. Aussi, dÚs qu'ils le purent, songÚrent-ils à ériger un nouveau monument à sa mémoire. Le conseil municipal adressa une pétition au Premier Consul. Le 29 pluviÎse an XI () Bonaparte approuva le rétablissement d'une statue à la gloire de la Pucelle[A 3].
Ă cette Ă©poque, Jeanne d'Arc Ă©tait considĂ©rĂ©e comme une amazone furieuse et martiale. Edme-François-Ătienne Gois (1765-1836), le sculpteur Ă qui fut confiĂ©e la rĂ©alisation de ce projet, s'inspira de ces sentiments et donna Ă l'hĂ©roĂŻne l'apparence d'une guerriĂšre terrible. Il la reprĂ©senta, sur les remparts d'OrlĂ©ans, armĂ©e, cuirassĂ©e, revĂȘtue d'une longue robe flottante et coiffĂ©e d'un chapeau ornĂ© d'un panache. Cette sculpture mouvementĂ©e ne correspondait d'ailleurs pas Ă l'esthĂ©tique nĂ©o-classique du moment ; elle annonçait dĂ©jĂ le romantisme. Lorsque sa maquette fut prĂ©sentĂ©e au musĂ©e du Louvre, elle y reçut un accueil enthousiaste. Aussi le projet fut-il acceptĂ© et la fonte rĂ©alisĂ©e. La statue mesurait trois mĂštres de hauteur. Le piĂ©destal qui avait Ă peu prĂšs la mĂȘme hauteur, Ă©tait dĂ©corĂ© de quatre bas-reliefs[A 3].
Le monument fut tout d'abord installĂ© sur la place du Martroi, prĂšs de l'Ă©glise Saint-Pierre, et inaugurĂ© le . Mais, lorsqu'en 1856 la grande statue Ă©questre due Ă Denis Foyatier fut Ă©rigĂ©e au centre de cette mĂȘme place, on transfĂ©ra celle de Gois Ă l'entrĂ©e du pont Royal, cĂŽtĂ© sud. En 1940, au dĂ©but de l'occupation allemande, on la retira pour Ă©viter qu'elle soit rĂ©quisitionnĂ©e et fondue. La guerre terminĂ©e, elle retrouva sa place Ă l'extrĂ©mitĂ© du pont. Toutefois, sa situation dans l'axe de la voie constituant une gĂȘne pour la circulation, elle fut, en 1956, transfĂ©rĂ©e sur l'emplacement des Tourelles oĂč on peut la voir aujourd'hui[A 4].
Le piĂ©destal en granit rose sur lequel elle est fixĂ©e est celui sur lequel Ă©tait juchĂ©e une statue de la RĂ©publique, conçue et fondue par Louis Roguet, avant le Premier Empire. AprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©placĂ©e plusieurs fois, cette statue fut dĂ©boulonnĂ©e pendant lâOccupation et envoyĂ©e pour la rĂ©cupĂ©ration du bronze, mais le piĂ©destal fut rĂ©utilisĂ© pour porter prĂ©cisĂ©ment la statue de Jeanne dâArc[12].
Un siĂšcle de navigation
Orléans, carrefour central du commerce
Depuis l'AntiquitĂ©, la ville d'OrlĂ©ans joue un rĂŽle important dans lâĂ©conomie gĂ©nĂ©rale du commerce en France. Elle est en effet au carrefour de trois grandes routes naturelles drainant la quasi-totalitĂ© du trafic de la France centrale, en lâabsence de dĂ©veloppement du rĂ©seau routier et le rĂ©seau ferrĂ© nâĂ©tant pas encore apparu. Il sâagit dâune part des deux moitiĂ©s du cours de la Loire, la moitiĂ© supĂ©rieure, sur laquelle les produits d'origine mĂ©diterranĂ©enne descendent au fil de l'eau vers le centre de la France, et la moitiĂ© infĂ©rieure, que les chalands Ă haute voile, chargĂ©s de produits d'origine atlantique, peuvent remonter, avec l'aide du vent de la mer, jusqu'Ă OrlĂ©ans[D 1]. Dâautre part une route naturelle de terre vers le nord et donc la capitale complĂšte les deux premiĂšres routes[D 2].
La raffinerie du sucre constitue alors la plus importante industrie d'Orléans[D 3]. En 1770, il n'existait que douze raffineries, qui fournissaient 40 000 à 50 000 quintaux de sucre raffiné. Il y en avait 23 en 1785 puis 32 en 1793, et celles-ci pouvaient fournir de 160 000 à 170 000 quintaux de sucre[D 4].
Le quai Cypierre
Lors de lâinauguration du pont Royal, OrlĂ©ans est donc un important nĆud commercial en dĂ©veloppement. Câest dans ce contexte que Jean-François-Claude Perrin de Cypierre, baron de Chevilly et intendant de la gĂ©nĂ©ralitĂ© dâOrlĂ©ans, fait Ă©largir le quai entre les numĂ©ros un de la rue Royale et deux de la rue Notre-Dame-de-Recouvrance, en aval du pont, rive droite, quai qui porte depuis son nom[B 21]. Le port dâOrlĂ©ans va alors se subdiviser en deux : le port de la Poterne, en amont du pont, et le port de Recouvrance, en aval[13].
En 1771, la ville dâOrlĂ©ans commença la construction de façades Ă peu prĂšs rĂ©guliĂšres Ă partir de l'angle de la rue Royale. L'architecte de la ville dâOrlĂ©ans, Benoist Lebrun, se substitue ensuite Ă la ville dâOrlĂ©ans pour la commercialisation et la poursuite de lâamĂ©nagement des abords du quai. Il mĂšnera tant bien que mal lâopĂ©ration qui sâachĂšvera en 1812[B 22].
Apogée avec la navigation à vapeur
Avec l'apparition de la navigation Ă vapeur, le port dâOrlĂ©ans connaĂźt au dĂ©but du XIXe siĂšcle un regain d'activitĂ©, sorte de chant du cygne avant l'irrĂ©mĂ©diable dĂ©clin. DĂšs 1820, parallĂšlement aux bateaux de Loire traditionnels, des bateaux Ă aubes mus par la vapeur sillonnent le fleuve et passent sous le pont[B 23]. Plusieurs compagnies se crĂ©ent. Certaines, comme les deux compagnies des Remorqueurs de la Haute et de la Basse-Loire, se consacrent au transport de marchandises, on leur confie surtout les denrĂ©es pĂ©rissables ou les produits de luxe mĂ©ritant un transport accĂ©lĂ©rĂ©.
Lors de la mise en place de la voie ferrĂ©e Paris-OrlĂ©ans, c'est avec euphorie que l'on envisagea, dans un premier temps, une fructueuse collaboration entre les deux moyens de transport : le chemin de fer prenant Ă OrlĂ©ans le relais des Remorqueurs, les expĂ©ditions pouvaient se faire en six ou sept jours de Nantes Ă Paris. On Ă©tudia mĂȘme la possibilitĂ© de la crĂ©ation d'une gare de marchandises commune aux chemins de fer et Ă la marine. Plusieurs sites furent pressentis : l'Ăźle Charlemagne ou le quai d'Aumale en aval du port[B 23].
Les bateaux à vapeur relancent aussi le trafic des voyageurs. Vers 1840, deux grandes compagnies se font concurrence : les Inexplosibles qui desservent à la fois les villes de la Haute-Loire et Nantes et les Paquebots de Loire ou Compagnie Edel qui assurent la liaison Nantes-Orléans. Ces bateaux peuvent transporter de 100 à 150 passagers, ils sont confortablement aménagés, avec en particulier des salons et une salle à manger, et ils sont relativement sûrs[B 23].
MalgrĂ© cela, en 1846, ces deux compagnies cessent leurs activitĂ©s devant la concurrence du chemin de fer OrlĂ©ans-Tours, une troisiĂšme compagnie avec le bateau L'Ătincelle prend le relais. Vaincue Ă son tour, elle cesse, comme les Remorqueurs, son trafic en 1851[B 23] - [14].
Les guerres de 1870 et de 1939-1945
La guerre de 1870
Pendant la Guerre franco-allemande de 1870, bien que les combats aient Ă©tĂ© portĂ©s sur les bords de la Loire, les deux ponts existant alors Ă OrlĂ©ans, le pont du chemin de fer et le pont Royal, appelĂ© Ă cette Ă©poque pont National, Ă©chappĂšrent Ă la destruction alors que tous les ponts de la Loire, entre la CharitĂ©-sur-Loire et Tours, furent mis hors service sur les instructions de l'Ătat-major français[A 4]. Charles de Freycinet, qui allait plus tard ĂȘtre le grand artisan de la rĂ©novation des canaux de France et a donnĂ© son nom Ă un gabarit de voie navigable, dĂ©lĂ©guĂ© Ă la guerre en 1870â1871, mit en cause le gĂ©nĂ©ral dâAurelle de Paladines dans cette non-destruction des ponts dâOrlĂ©ans. Ce dernier rejeta alors la responsabilitĂ© sur le gĂ©nĂ©ral de Marsilly qui se dĂ©fendit dans un opuscule paru en 1872, dont le contenu fut ultĂ©rieurement confirmĂ©.
La capitulation des troupes françaises Ă Sedan le 2 septembre avec la capture de NapolĂ©on III fut dĂ©cisive pour l'issue de la guerre. Au lendemain de cette dĂ©faite, le gĂ©nĂ©ral VĂ©ronique ordonne la destruction de tous les ponts de la Loire entre La CharitĂ©-sur-Loire et Tours et la fortification de Bourges[C 1]. Le gĂ©nĂ©ral de Marsilly est chargĂ© de piloter les opĂ©rations. Lâadministration des chemins de fer devait creuser sur le pont de Vierzon une tranchĂ©e de 4 mĂštres de profondeur et de largeur, point de dĂ©part dâun dĂ©blai total de ce cĂŽtĂ©, qui permettait dâĂ©viter la destruction du pont tout en ralentissant lâennemi[C 2]. Le pont George V devait quant Ă lui recevoir trois fourneaux de mines dans lâune de ses piles qui aurait Ă©tĂ© mis Ă feu en temps opportun[C 2].
DĂšs le , les ponts de Beaugency, de Meung-sur-Loire, de ChĂąteauneuf-sur-Loire furent dĂ©truits[C 3]. Mais Ă OrlĂ©ans, alors que les ingĂ©nieurs sâaffairent Ă charger le pont en explosif, ils constatent que la population effrayĂ©e traversait en longues files la Loire, qui Ă©tait alors trĂšs basse, Ă guĂ©. Ils comprennent que la destruction nâaurait aucun effet sur lâavancĂ©e de lâennemi qui passerait lui aussi Ă guĂ© et obtiennent du prĂ©fet de Tours de surseoir Ă la destruction du pont. Le pont est sauvĂ© une premiĂšre fois[C 3].
Durant la bataille d'OrlĂ©ans, la ville est prise par les Bavarois le [C 4], puis reprise par lâarmĂ©e du gĂ©nĂ©ral dâAurelle de Paladines le qui veut en faire une base fortifiĂ©e avant de marcher sur Paris. Ă la passerelle sur pilotis quâavaient rĂ©alisĂ©e les occupants, sont rajoutĂ©s un pont sur bateaux du pays et un pont avec les pontons de lâinfanterie[C 4]. Mais le 1er dĂ©cembre, il est Ă nouveau question de retraite et le 4 il est dĂ©cidĂ© de dĂ©truire les ponts[C 5]. La Loire Ă©tant cette fois haute et charriant des glaçons, une destruction assurait un rĂ©pit de 15 jours. Les ponts sont prĂ©parĂ©s comme la premiĂšre fois mais il manquait le principal : la poudre[C 6] ; en outre les hommes de troupe avaient disparu[C 7]. La poudre arrive enfin dans la soirĂ©e du 5, mais faute dâhommes, de nuit et avec la panique de la foule qui traversait le pont, le chargement est difficile et seul le pont National est Ă©quipĂ© dâexplosifs[C 8]. Le gĂ©nĂ©ral de Marsilly attend alors lâordre de mise Ă feu, mais câest la dĂ©route gĂ©nĂ©rale et le tĂ©lĂ©graphe Ă©tant Ă©galement hors dâĂ©tat de marche, cet ordre nâarrivera jamais et les ponts resteront intacts[C 9].
La Seconde Guerre mondiale
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le pont George-V subit par contre d'importants dommages.
Le Ă 16 h, une arche du cĂŽtĂ© de la rive droite, minĂ©e par le GĂ©nie français, sauta. La description de cette opĂ©ration est donnĂ©e dans le rapport du lieutenant Albert Marchand du D.G.C. no 6[B 24]. La dĂ©cision de dĂ©truire les ponts George-V et Joffre est prise le par le colonel commandant le dĂ©pĂŽt du GĂ©nie no 6. Deux tranchĂ©es de 0,70 m de profondeur, atteignant la clĂ© de voĂ»te, sont exĂ©cutĂ©es dans la nuit du 14 au 15 sur le pont George-V. Des tranchĂ©es similaires de 0,50 m sont rĂ©alisĂ©es sur le pont Joffre, atteignant la clĂ© de voĂ»te des voĂ»telettes d'Ă©lĂ©gissement. Le travail est rendu difficile par la circulation intense des convois de rĂ©fugiĂ©s et de militaires. Dans le projet de note remis au lieutenant, la mise Ă feu ne pouvait ĂȘtre faite que sur ordre Ă©crit mais, en cas de prĂ©sence de l'ennemi, l'initiative de la mise Ă feu pouvait revenir Ă l'officier du GĂ©nie. C'est en fait ce qui se passa. Aucun ordre Ă©crit ne parvint. Le , vers 15h30, une automitrailleuse allemande apparut rue Royale et traverse le pont. Un Ă©change de tirs intervient, s'intensifiant rapidement. Ă 16 heures, la mise Ă feu est faite. Pour des raisons inconnues, un seul dispositif a fonctionnĂ©, celui de la deuxiĂšme travĂ©e, occasionnant une brĂšche d'environ 15 mĂštres[B 24].
Peu aprĂšs leur entrĂ©e dans OrlĂ©ans, les occupants rĂ©tablirent sommairement le passage par-dessus l'arche manquante en Ă©tablissant un tablier en bois. Les Ponts et ChaussĂ©es y substituĂšrent une passerelle mĂ©tallique provisoire que les Allemands baptisĂšrent pont Adolf Hitler BrĂŒcke et, pour faciliter les communications entre les deux rives du fleuve, ils firent construire en amont du pont Joffre Ă©croulĂ©, une passerelle en bois qu'ils dĂ©nommĂšrent pont Hermann-Göring, mise en service le [A 4].
Le pendant les combats de la Libération, les travées 7, 8 et 9 furent à leur tour détruites du cÎté sud[A 4] - [15].
AprÚs la Libération, aucun pont n'étant en mesure d'assurer la liaison d'une rive à l'autre, une navette de bacs fut organisée, surtout pour la circulation des marchandises, puis des passerelles en bois furent mises en place pour les piétons[A 4].
Reconstruction
La rĂ©paration dĂ©finitive des arches brisĂ©es fut effectuĂ©e Ă partir de 1946 et terminĂ©e en 1947 pour les fĂȘtes du 8-Mai. Pendant les travaux, un pont provisoire contourna le chantier pour que le passage d'un bord Ă l'autre du fleuve ne soit pas interrompu[A 4].
Les voĂ»tes des trois arches 7, 8 et 9 reconstruites en 1946 ont lâapparence extĂ©rieure des anciennes voĂ»tes mais leur corps principal est en fait en bĂ©ton armĂ© et non en pierre. Elles sont en effet composĂ©es dâun anneau central de 11,90 m de largeur en bĂ©ton armĂ© bordĂ© de deux anneaux latĂ©raux de 1,55 m de largeur, en pierre de taille, appareillĂ©s exactement comme les arches antĂ©rieures. L'Ă©paisseur de lâanneau central est de 1,10 m Ă la clef et de 1,50 m aux naissances des voĂ»tes[B 1].
Pour la construction des arcs latĂ©raux en pierre de taille, on a renoncĂ© Ă l'emploi des pierres de taille de la mĂȘme provenance que celles du pont initial (carriĂšres de Mignier et de Beaugency), pour les bandeaux et les avant et arriĂšre-becs, on a eu recours Ă la pierre de Chauvigny (Vienne) et pour les plinthes et parapets Ă la pierre d'Anstrude (Yonne). Les tympans sont en presque totalitĂ© retaillĂ©s dans la pierre de rĂ©cupĂ©ration[B 1].
La dalle supportant le passage de la chaussée est portée par les murs longitudinaux de 0,50 m d'épaisseur reposant sur les voûtes. L'existence de ces murs a permis de réaliser un dispositif permettant d'améliorer la répartition de surcharges sur la voûte, et, par conséquent, de diminuer le taux de travail de celle-ci. Il a été vérifié que l'ouvrage résisterait dans de bonnes conditions aux surcharges prévues par la circulaire du . En outre, conformément aux besoins de l'Administration de la Guerre, il a été vérifié que l'ouvrage pourrait supporter un caterpillar de 100 tonnes passant dans l'axe du pont[B 1].
Le tramway
Le premier tramway
Vingt-cinq ans aprĂšs la construction de la premiĂšre ligne de tramway en France[Note 2], une premiĂšre ligne de tramway, exploitĂ©e par la Compagnie gĂ©nĂ©rale française de tramways, est mise en service Ă OrlĂ©ans le [E 1]. En 1878, elle part des Aydes au nord pour sâarrĂȘter Ă lâextrĂ©mitĂ© sud dâOrlĂ©ans[E 1]. Le pont George-V porte alors pour la premiĂšre fois des rails sur lesquels circulent les voitures du tram, mais aucun fil Ă©lectrique ne parcourt encore lâouvrage car le matĂ©riel roulant est constituĂ© de voitures hippomobiles, câest-Ă -dire des wagons tirĂ©s par des chevaux[E 2].
Il faudra attendre le pour que la ligne soit Ă©lectrifiĂ©e et donc que des poteaux supportant des fils Ă©lectriques soient installĂ©s sur le pont Royal[E 3]. En dehors du rĂ©seau des tramways Ă©lectriques urbains, il existait en outre deux rĂ©seaux de tramways dĂ©partementaux Ă vapeur dont les voies empruntaient certains axes de la voirie orlĂ©anaise. La ligne 1 croisait ainsi Ă la tĂȘte nord du pont Royal une ligne de tramways Ă vapeur reliant la gare de Moulin de lâHĂŽpital au port du canal dâOrlĂ©ans[E 4].
Ă la tĂȘte sud du pont, la ligne 1 Ă©tait franchie, en souterrain au moyen dâun tunnel, par la ligne des tramways de Sologne se dirigeant vers Isdes[E 5]. Les premiĂšres difficultĂ©s surviennent dĂšs la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale et lâexploitation cesse dĂ©finitivement le au profit de lâautobus[E 6]. Les rails du pont George-V sont alors dĂ©montĂ©s.
Retour du tramway
Pour faire face Ă lâengorgement des voitures dans le centre et Ă lâinstar dâautres villes en France, le projet de mise en service dâun nouveau tramway renaĂźt en 1990[E 7]. Le projet est dĂ©clarĂ© dâutilitĂ© publique le [E 8]. La ligne A du tramway court alors de lâhĂŽpital de la Source au sud Ă la station Jules-Verne au nord et emprunte le pont George-V[E 9]. Sur le pont lâimplantation de la plate-forme est complexe et conduit Ă rĂ©duire la largeur dâemprise du tramway Ă 5,65 m[E 10]. Les travaux sur le pont consistent en des travaux dâĂ©tanchĂ©itĂ©, dâenfouissement des rĂ©seaux, de rĂ©alisation de la plate-forme en bĂ©ton portant les rails et enfin de pose des pavĂ©s entre les rails. Le pont garde son aspect dâorigine avec des candĂ©labres spĂ©cialement dessinĂ©s[E 11]. Ă la fin des travaux, le maĂźtre dâouvrage et le 6e cuir organisent un essai de circulation des chars sur lâouvrage le . Le pont doit en effet ĂȘtre empruntĂ© par des chars lors des fĂȘtes du 8-Mai. LâinquiĂ©tude ne porte pas sur le pont qui en tout Ă©tat de cause rĂ©siste Ă la charge, mais Ă la bonne tenue du pavage qui ne doit pas se desceller sous le passage des chenilles du char Leclerc. Lâessai est parfaitement concluant[E 12]. Le pont George-V est rouvert Ă la circulation le [D 5].
En un débat public est engagé concernant la circulation sur le pont George-V : entre piétons, cyclistes, voitures et tramway, c'est un véritable point noir à Orléans. Le maire d'Orléans propose le passage en voie unique de la ligne A du tramway ; Charles-Eric Lemaignen et Jean-Philippe Grand, conseillers municipaux, proposent de supprimer une des deux voies de circulation pour les voitures ; Elisa Pinault propose de créer une passerelle amovible en encorbellement ; et Yann Chaillou propose de bannir la circulation automobile sur pont George-V.[16] En le maire d'Orléans abandonne finalement l'idée d'une voie unique pour le tramway en proposant plutÎt de construire deux passerelles sur la Loire[17].
- Vue vers le sud et lâavenue Dauphine.
- Vue vers le nord et la rue Royale.
- Plate-forme du tramway vue Ă partir de la tĂȘte sud du pont.
- Lanterne de candélabre, spécialement dessinée pour le pont.
Crues de la Loire
Les plus grandes crues de la Loire sont celles des annĂ©es 1846, 1856 et 1866 oĂč la presque totalitĂ© du val d'OrlĂ©ans a Ă©tĂ© inondĂ©e du fait de multiples ruptures de levĂ©es. C'est la crue de 1846 qui a provoquĂ© l'inondation la plus Ă©tendue vers l'amont, jusqu'Ă Sigloy[18]. Lors des crues de 1856 et 1866, la levĂ©e a cĂ©dĂ© Ă Jargeau, Ă proximitĂ© de l'endroit de l'actuel dĂ©versoir, mais l'inondation n'est pas remontĂ©e au-delĂ d'Ouvrouer-les-Champs[18]. Dans les trois cas le niveau de lâeau dĂ©passait sensiblement le sommet des arches du pont Royal, mais aucun dĂ©gĂąt ne fut Ă dĂ©plorer sur lâouvrage.
Des Ă©chelles de crue indiquant visuellement la hauteur de lâeau par lecture directe sur une Ă©chelle graduĂ©e sont installĂ©es depuis ces annĂ©es-lĂ Ă lâamont de lâarche 1 en rive droite de la Loire et sur la pile 1. Une station hydromĂ©trique a Ă©tĂ© installĂ©e le et permet de recueillir automatiquement et numĂ©riquement les hauteurs dâeau en continu. Lâaltitude du zĂ©ro de lâĂ©chelle est de 90,48 m en cote NGF[19].
La cote de la derniÚre crue de était de 3,75 m. Depuis la construction du pont, 21 crues ont été plus importantes que celle-ci. Les cinq plus grandes ont été celles d'octobre 1907 (5,25 m), décembre 1825 (6,00 m), (6,78 m), (6,92 m) et (7,10 m)[20].
- L'Ă©chelle de crue dâOrlĂ©ans, culĂ©e rive gauche. Ă droite se trouve la sonde hydromĂ©trique qui permet de recueillir automatiquement les hauteurs dâeau.
- L'Ă©chelle de crue dâOrlĂ©ans. Les cinq derniĂšres plus grandes crues sâĂ©chelonnent entre 5,25 m () et 7,10 m (), Ă comparer aux 3,75 m de .
- Pile 1 (nord) portant des repÚres gravés de hauteurs de crues de la Loire.
- Panneau d'affichage des hauteurs d'eau de la Loire, tĂȘte nord du pont George-V.
DomanialitĂ© de lâouvrage
Le dĂ©cret du classe pour la premiĂšre fois toutes les routes de lâEmpire en routes impĂ©riales et routes dĂ©partementales. Ainsi la route reliant Paris Ă Toulouse et en Espagne, jusqu'Ă PuigcerdĂ passe par OrlĂ©ans et traversant la Loire Ă OrlĂ©ans est dĂ©nommĂ©e route impĂ©riale no 24[21]. Elle devient route nationale 20 Ă partir de 1824[22] Le pont Royal, construit par lâĂtat sur le domaine public routier national, est alors propriĂ©tĂ© de lâĂtat.
En 1905, un nouveau franchissement de la Loire est mis en service, le pont Neuf, qui deviendra plus tard le pont MarĂ©chal-Joffre, ainsi que la dĂ©viation de la route Paris-Toulouse qui contourne dĂ©sormais le centre-ville. ParallĂšlement la traversĂ©e dâOrlĂ©ans, tout en restant route nationale, est rebaptisĂ©e RN 20a. Le pont George-V reste toujours propriĂ©tĂ© de lâĂtat, mais il supporte dĂ©sormais la RN 20a.
La loi du prĂ©voit le transfert aux dĂ©partements du rĂ©seau secondaire de la voirie nationale. Le dĂ©partement du Loiret est concernĂ© par 532 km. Par dĂ©libĂ©ration du , lâancienne RN 20 traversant OrlĂ©ans, codĂ©e RN20a et courant de la RN 20 au nord Ă la route de ClĂ©ry-Saint-AndrĂ© au sud (partie sud du pont George-V), est dĂ©classĂ©e dans le domaine public dĂ©partemental et prend le nom de route dĂ©partementale 920[23]. Le pont George-V, qui fait partie de cette section, devient dĂšs lors une propriĂ©tĂ© dĂ©partementale.
Auparavant la section de la RN 20 au sud du pont George-V, lâavenue Dauphine, avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© dĂ©classĂ©e dans la voirie dĂ©partementale par arrĂȘtĂ© ministĂ©riel du [23].
Le pont George-V ne restera en fait que 25 ans de propriĂ©tĂ© dĂ©partementale. En effet lâannonce de la construction du nouveau tramway d'OrlĂ©ans dans les dĂ©libĂ©rations du syndicat intercommunal Ă vocation multiple dâOrlĂ©ans du et du amĂšne le conseil gĂ©nĂ©ral Ă sâinterroger sur le devenir de lâouvrage, sur saisine de la commune dâOrlĂ©ans.
Lâemprise du tramway dâune largeur de 6 mĂštres occupant pour tout ou partie la plate-forme de la chaussĂ©e existante, il y a lieu en effet de dĂ©finir le statut de la plate-forme ferroviaire et par extension, de la plate-forme complĂšte ouverte Ă la circulation routiĂšre et ferroviaire, afin de clarifier le mode de gestion de cette infrastructure. Ainsi, par dĂ©libĂ©ration du , la commune dâOrlĂ©ans demande au conseil gĂ©nĂ©ral de statuer sur un transfert domanial des sections devant recevoir le futur tramway. Du fait du caractĂšre Ă©volutif du projet, le transfert domanial paraissait le mode de gestion le plus adaptĂ©, permettant au nouveau gestionnaire dâavoir la maĂźtrise complĂšte des espaces publics et dây implanter ainsi tous les Ă©quipements et autres Ă©lĂ©ments dâinfrastructure liĂ©s au tramway ou Ă son environnement. Le , le conseil gĂ©nĂ©ral dĂ©libĂšre en ce sens[24].
AprĂšs enquĂȘte publique, le pont devient dĂšs lors communal.
Protection architecturale et urbanistique
Le pont et ses deux pavillons de la rive gauche ont Ă©tĂ© inscrits Ă l'inventaire supplĂ©mentaire des Monuments historiques par arrĂȘtĂ© du MinistĂšre de l'Ăducation publique et des Beaux-Arts le [25].
Le pont est situé dans le périmÚtre du val de Loire classé au patrimoine mondial de l'UNESCO[26].
Pour approfondir
Bibliographie
- Robert Pitrou, Devis d'un pont de pierre à faire sur la riviÚre de Loire, à Orléans, et des ouvrages adjacent, sur les desseins du sieur Pitrou (Signé : Pitrou), Paris,
- Robert Pitrou, Toisé et estimation du pont de pierre à construire sur la riviÚre de Loire, à Orléans, des quais de part et d'autre de ce pont (Signé : Pitrou),
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Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'architecture :
Notes et références
Notes
- Un camion prismatique est une sorte de charrette tractĂ©e par des chevaux destinĂ©e Ă Ă©vacuer les terres. Un godet est positionnĂ© sur l'essieu des roues et attelĂ© Ă un ou deux chevaux. Plusieurs godets peuvent ĂȘtre reliĂ©s entre eux.
- Le tramway moderne apparaĂźt aux Ătats-Unis en 1830 et se dĂ©veloppe rapidement dans les grandes villes. En France, câest la ligne de Paris Ă Versailles qui est ouverte la premiĂšre en 1852 par Monsieur Loubat. Le retour du tramway dâOrlĂ©ans - 1877-2000, mars 2003, p. 14.
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- p. 16
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- p. 65