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Pont Royal (Paris)

Le pont Royal est un pont français situé à Paris et traversant la Seine. C'est le troisième plus ancien pont de la ville, après le pont Neuf et le pont Marie. Ce monument fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [1].

Pont Royal
Vue du pont.
Vue du pont.
GĂ©ographie
Pays France
RĂ©gion ĂŽle-de-France
DĂ©partement Paris
Commune Paris
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 48° 51′ 39″ N, 2° 19′ 49″ E
Fonction
Franchit la Seine
Caractéristiques techniques
Type Pont en arc
Longueur 110 m
Largeur 17 m
Matériau(x) Pierre
Construction
Construction 1685-1689
Inauguration 1689
Concepteur Jules Hardouin-Mansart
Maître(s) d'œuvre François Romain
Maître d'ouvrage Louis XIV
Entreprise(s) Jacques IV Gabriel
Historique
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1939)

Situation et accès

Il relie la rive droite au niveau du pavillon de Flore à la rive gauche entre la rue du Bac et la rue de Beaune. Il a pour voisins, en amont, le pont du Carrousel, et en aval, la passerelle Léopold-Sédar-Senghor. Il donne accès, du côté sud, à la promenade Édouard-Glissant et à la promenade Marceline-Loridan-Ivens, et, du côté nord au quai Aimé-Césaire.

Ce site est desservi par la station de métro Tuileries.

Description

DĂ©tail des piles.
Crue de la Seine en 2018.

Le devis dressé en 1685 à partir des plans dressés par Jules Hardouin-Mansart définit les données techniques les plus importantes[2] :

  • nombre de travĂ©es et portĂ©es : 5 travĂ©es avec une arche centrale de 72 pieds (23,40 m), arches intermĂ©diaires de 69 pieds (22,42 m), et arches de rive de 64 pieds (20,80 m)[3] ;
  • niveau d'assise des piles du pont ;
  • rapport de l'Ă©paisseur des piles et de l'ouverture des travĂ©es : dans le cas du pont Royal, l'architecte a fixĂ© ce rapport Ă  5. Ce rapport dĂ©pend de l'importance de la portĂ©e des travĂ©es. Il doit permettre de dĂ©cintrer les voĂ»tes les unes après les autres, sans risque pour la stabilitĂ© des piles. L'Ă©paisseur de toutes les piles est de 14 pieds (4,55 m) ;
  • forme des voĂ»tes : sur le pont Royal, l'architecte a imposĂ© une voĂ»te en anse de panier Ă  3 centres. Ce choix va ensuite s'imposer sur tous les ponts. Les voĂ»tes sont surbaissĂ©es au tiers, soit 24 pieds pour une ouverture de 72 pieds.
  • Les matĂ©riaux Ă  utiliser :
    • pierres dures de Saint-Cloud au-dessous des basses eaux[4] ;
    • pierres dures de Bagneux pour les piles jusqu'Ă  la naissance des voĂ»tes, leurs becs et chaperons, aux tĂŞtes des voĂ»tes et Ă  leurs tympans, aux cordons de couronnement, parapets et bordures de trottoirs ;
    • pierres de Vergelet pour le corps des voĂ»tes ;
    • moellons de Vaugirard ou du faubourg Saint-Jacques pour les remplissages des voĂ»tes et des culĂ©es.
  • La composition des mortiers (Émiland Gauthey, dans son TraitĂ© des Ponts, Ă©crit que pour la construction il a Ă©tĂ© utilisĂ© pour la première fois en France des techniques qui y ont Ă©tĂ© apportĂ©es par le frère Romain) :
  • utilisation de dragues pour la rĂ©alisation du sol d'assise des piles ;
  • utilisation de caissons pour les fondations ;
  • utilisation de pouzzolane dans les mortiers.

Après celle du Pont de la Tournelle, une échelle hydrographique qui indique le niveau des plus grandes crues parisiennes est visible sur la dernière pile de chaque rive.

Le devis du pont Royal a servi de modèle pour celui du pont Jacques-Gabriel de Blois.

Les différentes phases de construction du pont ont été dessinées et gravées par Lieven Cruyl (1634 – avant 1720).

La particularité du pont Royal est la sobriété de sa décoration.

Les deux faces du pont
Ă€ gauche, le pont vu de l'aval et Ă  droite, de l'amont.
Autres vues du pont

Origine du nom

Ce pont porte ce nom car il aboutit au palais des Tuileries.

Historique

Un bac pour traverser la Seine est autorisé par lettres patentes par le roi Henri II, le [5].

Après avoir assisté à un accident du bac qui traversait la Seine dans le prolongement de la rue du Bac au cours d'une promenade, Louis XIII décida la construction d'un pont à cet emplacement[6].

Pont Rouge en 1632

Le pont Rouge.

En 1632, Pierre Pidou, secrĂ©taire de la Chambre du roi et premier commis de Louis Le Barbier, a entrepris la rĂ©alisation d'un pont en bois Ă  pĂ©age sur cet emplacement, qui sera appelĂ© « pont Sainte-Anne » (en rĂ©fĂ©rence Ă  Anne d'Autriche), « pont Rouge » (en raison de sa couleur) ou « pont Le Barbier », du nom du financier qui a Ă©tĂ© le premier promoteur immobilier de Paris Ă  traiter le avec un maĂ®tre-charpentier, Robert Chuppin, pour la somme de 50 000 livres tournois[7] - [8].

Il remplace l'ancien bac des Tuileries auquel la rue du Bac doit son nom, qui proposait la traversée depuis 1550.

Fragile, ce pont de quinze arches sera réparé une première fois en 1649, entièrement refait deux ans plus tard, incendié en 1654, emporté par les eaux en 1656.

Un banquier florentin, Lorenzo Tonti, obtient alors de Mazarin de crĂ©er une banque de spĂ©culation de 1 200 000 livres dont le bĂ©nĂ©fice devait payer la reconstruction du pont en pierre. Ce projet n'a jamais vu le jour, mais il a laissĂ© dans la langue française le mot « tontine[5] ».

Le pont est à nouveau reconstruit en 1660 en bois, consolidé en 1673 et enfin emporté par la débâcle des glaces, dans la nuit du 28 au . Madame de Sévigné rapporte cette destruction et écrit : « Le pont Rouge partait pour Saint-Cloud. » Le pont y perd huit de ses arches.

Pont Royal en 1689

Lieven Cruyl
Travaux de construction en 1686.
Batardeau pour la réalisation d'une pile.
Lieven Cruyl
Vue de la construction du pont Royal en 1687.
Cintres pour la pose de la maçonnerie des arches.
Thomas Shotter Boys, Le Pont Royal, Paris (vers 1828).

Il est remplacé entre le et le par un pont en pierre entièrement financé par le roi Louis XIV, ce qui lui vaut son nom de « pont Royal[9] ».

Le surintendant des Bâtiments du roi Louvois charge Jacques Gabriel, Jules Hardouin-Mansart et François Romain de réaliser cet ouvrage.

Chronologie[10] :

  • : devis des travaux ;
  • : adjudication des travaux Ă  Jacques IV Gabriel, architecte du roi, entrepreneur des bâtiments de Sa MajestĂ©, pour un montant de 675 000 livres. Les cautions de l'entrepreneur sont Pierre Delisle[11], architecte du roi, son beau-frère, et Pierre Cliquin, charpentier des bâtiments du roi ;
  • : date du premier paiement fait Ă  François Romain comme inspecteur gĂ©nĂ©ral du pont des Tuileries. Il avait terminĂ© les travaux du pont de Maestricht Ă  la fin de 1684 ;
  • : pose de la première pierre dans la neuvième assise de la première pile de rive droite par le prĂ©vĂ´t des marchands et les Ă©chevins de la ville de Paris ;
  • : mort de Jacques IV Gabriel. Les travaux sont continuĂ©s par sa veuve, Marie Delisle, et son frère, Pierre Delisle. Marie Delisle ne rĂ©ussit pas Ă  se faire dĂ©charger des travaux du pont ;
  • fin 1687 : les travaux de construction sont presque terminĂ©s car on sculpte les armes de France sur l'arche centrale du pont ;
  • 13 et : rĂ©ception des travaux par LibĂ©ral Bruant, architecte du roi, assistĂ© de Louis Goujon, expert jurĂ©, bourgeois de Paris ;
  • : le Conseil d'État ratifie la rĂ©ception des travaux.

Le coût final à la réception des travaux s'était monté à :

  • prix Ă  la soumission : 675 000 livres ;
  • rĂ©clamations payĂ©es Ă  l'entrepreneur : 67 171,11 livres ;
  • dĂ©penses diverses, dont les honoraires payĂ©es au frère Romain et Ă  des inspecteurs des travaux : 22 328,18 livres ;
  • coĂ»t total final : 764 500,90 livres.

Au XVIIIe siècle, c'est un lieu de prédilection pour toutes sortes de fêtes et réjouissances parisiennes.

Le , le cortège transportant les cendres de Voltaire passe par le pont.

Après la Révolution française, entre 1792 à 1804, le pont est renommé « pont National », puis « pont des Tuileries », jusqu'en 1814.

C'est là que Napoléon Bonaparte fit disposer des canons pour défendre le palais des Tuileries où siégeaient la Convention nationale et le Comité de salut public dirigé par Maximilien de Robespierre.

Pont Royal en 1852

En 1852, l'épaisseur de la clé de la travée centrale est diminuée pour limiter la raideur des accès.

En 1939, il est classé monument historique au même titre que le pont Neuf et le pont Marie.

En 2005, il fut illuminé à l'occasion de la candidature de Paris pour accueillir les Jeux olympiques d'été de 2012.

Autres vues historiques du pont

Vu par des peintres

  • Camille Pissaro, Le Pont Royal et le pavillon de Flore (1903), huile sur toile, Petit-Palais (Paris).
  • Jacques Bourotte, Pont Royal (1954), aquarelle.


Évocation littéraire

Dans un texte humoristique[12], Alphonse Allais relate — parmi d'autres faits divers loufoques, évidemment tous issus de son imagination — qu'un énorme chaland chargé de papier buvard est venu heurter une des piles du pont Royal et que, le bâtiment ayant coulé immédiatemment, l'accident a provoqué un « abaissement de 1 m 20 dans l'étiage du fleuve ».

Notes et références

  1. Notice no PA00086000, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Voir Fernand de Dartein et Jean Mesqui.
  3. Les mesures faites sur l'ouvrage rĂ©alisĂ© montre qu'il y a des diffĂ©rences qui peuvent atteindre 0,27 m, ce qui n'est pas exceptionnel pour cette Ă©poque.
  4. E. Sergent, Nature des différentes pierres employées à Paris, Traité pratique et complet de tous les mesurages, métrages, jaugeages de tous les corps, Paris, Eugène Lacroix éditeur, 1864, tome 2, p. 1-5. Lire en ligne.
  5. Henry-Louis Dubly, p. 152.
  6. Pierre Lavedan, Histoire de l'urbanisme Ă  Paris, Paris, Hachette, 1975, p. 177.
  7. Jean Delay, Avant Mémoire I. D'une minute à l'autre, Paris, Gallimard, coll. « Folio », no 2327, 1992 (ISBN 978-2-070384518), p. 190-191.
  8. Évelyne Saint-Paul, « Le quai Malaquais au XVIIIe siècle : formation d'un paysage urbain », Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, 1986, p. 44. Lire en ligne.
  9. Alice Camus, « Le Pont-Royal, 1685 », sur http://www.carnavalet.paris.fr/fr/accueil (consulté le ).
  10. Voir Fernand de Dartein.
  11. Pierre Delisle est le neveu de François Mansart, le cousin de Jules Hardouin. Tous les deux ont été élevés par leur oncle et ont ajouté son nom aux leurs pour être connus sous le nom de Pierre Delisle-Mansart et Jules Hardouin-Mansart.
  12. Faits-divers et d'été, présent dans le recueil Vive la vie !, 1892.

Bibliographie

  • Françoise Courbage, « Pont Royal », dans Les Ponts de Paris, Action artistique de la Ville de Paris, 1999 (ISBN 2-913246-05-2), p. 213-214.
  • Fernand de Dartein, Le Pont-Royal sur la Seine Ă  Paris, tirĂ© Ă  part du volume II des Études sur les ponts en pierre remarquables par leur dĂ©coration antĂ©rieurs au XIXe siècle, Paris, Librairie polytechnique Ch. BĂ©ranger, 1907. Lire en ligne.
  • Henry-Louis Dubly, Ponts de Paris Ă  travers les siècles, Paris, Henry Veyrier, 1973 (ISBN 2-85199-102-7), p. 152-159.
  • Jean Mesqui, Le Pont en France avant le temps des ingĂ©nieurs, Paris, Picard, 1986 (ISBN 2-7084-0322-2), p. 143, 146, 154-156, 182, 184, 210, 215.
  • Marcel Prade, Les Ponts monuments historiques, Poitiers, Librairie ancienne Brissaud, 1988 (ISBN 2-902170-54-8), p. 335-336.

Dessins et gravures

  • Profondeur de la rivière de Seine Ă  l'endroit ou l'on doit bastir le pont des Thuileries, 1685, voir.
  • Livinus Cruyl, Construction du pont Royal, 1686, voir.
  • Livinus Cruyl, Construction du pont Royal, 1687, voir.
  • Le Louvre et le palais des Tuileries depuis le pont Royal, 17.., voir.
  • Vue des rives de la Seine, prise au-dessous du Pont Royal, 17.., voir.
  • Translation des centres de Voltaire, 1791, voir.

Annexes

Article connexe

Liens externes

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