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Pont Jacques-Gabriel

Le pont Jacques-Gabriel est un pont sur la Loire situé à Blois, dans le Loir-et-Cher, dans le centre de la France. Ce pont a été construit au XVIIIe siècle selon les plans de Jacques Gabriel, l’architecte du roi Louis XIV. Par ailleurs, il s’agit du dernier pont en dos d’âne existant sur la Loire.

Pont Jacques-Gabriel
Image illustrative de l’article Pont Jacques-Gabriel
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Centre-Val de Loire
DĂ©partement Loir-et-Cher
Commune Blois
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 47° 35′ 07″ N, 1° 20′ 15″ E
Fonction
Franchit Loire
Fonction pont-route
Caractéristiques techniques
Type pont voûté
Longueur 283 m
Largeur 15 m
Construction
Construction 1716–1724
Architecte(s) Jacques V Gabriel
Ingénieur(s) Jean-Baptiste de Règemorte, Robert Pitrou
Historique
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1937)

Situation

Le pont franchit la Loire à Blois, dans le Loir-et-Cher. Il relie les deux rives du fleuve, entre le centre-ville sur la rive droite, et l’ancien faubourg de Vienne sur la rive gauche. La Route Nationale 156 emprunte ce pont.

Histoire

La construction d’un nouveau pont

Depuis le XIe siècle, un pont de pierre constituait déjà un trait d’union entre la rive droite et Blois-Vienne. Entre le 6 et le , cet ancien pont médiéval s’écroule[1].

Dès , un nouveau pont est envisagĂ© en remplacement du prĂ©cĂ©dent. Le projet est confiĂ© Ă  l’architecte Jacques V Gabriel par le duc Philippe d’OrlĂ©ans[2]. Dès la fin 1716, un bataillon de 600 hommes du rĂ©giment de PiĂ©mont est appelĂ© sur le chantier pour en assurer la construction[2]. Le , la première culĂ©e est mise en place[2]. En 1722, la construction du pont se poursuit avec l’achèvement des 3 arches du milieu[3]. Le , après sept ans de travaux, le pont est enfin livrĂ© Ă  la circulation[2], et devient le premier grand ouvrage inaugurĂ© sous Louis XV[4]. Pour couronner le tout, un obĂ©lisque de 14,60 m de hauteur est construit sur le pont[5]. Entre 1724 et 1730, les quais entourant le pont sont finalisĂ©s[6]. En 1786, une plaque de marbre est posĂ©e sur la base de l’obĂ©lisque (aussi appelĂ© flèche). Portant un texte en latin, elle retrace l’histoire des travaux[2] - [4] :

« Ponte, turgescentis aquæ impetu et coacervatæ glaciei molibus, diruto mense februario anni 1716, novum hunc ampliorem commodiorem que fieri jussit Ludovicus XV. Absolutum est anno 1724. Inscriptio lapidi incisa est 1786, regnante Ludovico XVI, principe beneficentissimo[Trad 1]. »

Le pont sous la RĂ©volution

Le , l’entrepreneur Mormion est payé par les autorités révolutionnaires pour détruire les symboles monarchiques sculptés à la base de l’obélisque[7]. Le , les représentants du peuple Guimberteau et Levasseur font sauter la première arche du pont, côté ville, pour empêcher l’invasion de l’armée vendéenne[7]. Quelques années après, entre 1803 et 1804, l’arche rompue est refaite[7]. De plus, en 1804, le sculpteur blésois Jean-Claude Ticlet grave une nouvelle inscription sur la plaque de marbre à la demande du baron de Corbigny, préfet de Loir-et-Cher[4] - [7] :

« Ce pont commencé en 1717, achevé en 1724, fut le premier ouvrage public du règne de Louis XV. Des ordres imprudents firent commencer sa démolition en novembre 1793. Il a été rétabli par les soins de M. de Corbigny, préfet de Loir-et-Cher, l’an 1804, le premier du règne de Napoléon. »

En 1805, le conseil général veut encore modifier le pont ; il vote l’édification d’une statue de Napoléon Ier mais elle n’est finalement jamais réalisée[7]. En 1814, le pont est encore modifié. La croix et la girouette sont rétablies et on gratte sur la plaque la référence à l’Empereur[7].

Destructions et reconstructions

Le pont est détruit pendant les conflits du XIXe et du XXe siècle.

Le à 6h30 du matin, le général Peytavin fait sauter la 7e arche pour retarder l’invasion prussienne[8][9].

Entre 1910 et 1933, le pont est aménagé de rails afin de permettre le passage des lignes ①, ③ et ④ du tramway de Blois[10].

Le pont est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du [11].

 Photographie du pont après la destruction des arches lors de la retraite de l'armée allemande (1944)
Photographie du pont après la destruction des arches lors de la retraite de l’armée allemande (1944).

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le , la 2e arche est rompue à son tour par les Français pour ralentir l’invasion des armées allemandes[8]. Après le Débarquement en Normandie, le , deuxième bombardement du pont Jacques-Gabriel, de nombreuses bombes alliés et petits obus tombent dans la Loire[12] - [13]. Les dégâts s’accentuent à la Libération, le , avec la destruction des trois arches centrales minées par les Allemands notamment les Jeunesses hitlériennes au moment de leur retraite[8]. Les Allemands au sud tirent sur les murets et pilastres de l’évêché. La statue de Jeanne d’Arc est touchée. Les Forces françaises de l’intérieur leur répondent.

Le , c’est la libération de la ville de Blois[14] et, le , l’occupant quitte définitivement la ville[14]. Dix mois de travaux sont nécessaires à la reconstruction du pont. Le , une passerelle en bois est livrée à la circulation en attendant la fin des travaux[14]. Il faut finalement attendre trois ans, c’est-à-dire en 1948, pour que les dommages causés au pont pendant la guerre soient réparés[15]. Le , le ministre des Travaux publics et des transports, Christian Pineau, livre ainsi de nouveau le pont à la circulation[16].

De nos jours

En 1988, l’association des amis du vieux Blois lance une souscription pour refaire une plaque sur le pont[8]. Le , la nouvelle plaque est inaugurée[8]. Pour finir, en 2006, l’association des amis du vieux Blois redonne son éclat à la plaque par une peinture à l’or fin[8]. Y est dorénavant inscrit :

« Ce pont commencé en 1717, achevé en 1724, fût le premier ouvrage public du règne de Louis XV. Des ordres imprudents firent commencer sa démolition au mois de novembre 1793. Il a été rétabli par les soins de M. de Corbigny, préfet de Loir-et-Cher, l’an 1804, le premier du règne de Napoléon. Rompu pour interdire le passage de la Loire aux troupes allemandes en 1870 et 1940, il le fût de nouveau par l’envahisseur pour protéger sa retraite en 1944. »

Depuis 2016, le pont est de nouveau muni de deux trottoirs piétons, contre un auparavant, au détriment d’une voie de circulation automobile (dorénavant 2 contre 3 auparavant).

Architecture

Au Moyen Ă‚ge, le premier pont aurait pu ĂŞtre construit en bois. Il a en fait Ă©tĂ© construit en pierre de taille dure et en moellons assemblĂ©s par un mortier de chaux et sable, avec des piles de maçonnerie plantĂ©es dans le lit du fleuve, sans doute reliĂ©es par une passerelle de charpente[17]. Le pont, d’une longueur d’environ 320 m, atteignait m de large, non compris les parapets, et possĂ©dait 22 arches, dont la largeur moyenne variait de 10 Ă  12 m[18].

Le pont actuel comprend 11 arches, mesure 283 m de long et est surmontĂ© d’une pyramide haute de 14,60 m. Depuis sa construction, plusieurs arches ont Ă©tĂ© dĂ©truites durant les diffĂ©rents conflits de cours de l’Histoire : en 1793 pour s’opposer au franchissement par les Chouans, en 1870 pour retarder l’invasion prussienne, en juin 1940 pour retarder l’armĂ©e allemande et le 16 aoĂ»t 1944 cette fois-ci par l’armĂ©e allemande en dĂ©route qui fit sauter les trois arches centrales. Actuellement, subsistent 3 arches d’origine.

Photographies

Panorama du Pont Jaques Gabriel, Blois 2016
Panorama sur le pont et la ville.

Bibliographie

  • Pascal Nourrisson et Jean-Paul Sauvage, Blois-insolite et secret, Éditions Alan Sutton, , 152 p. (ISBN 978-2-8138-0637-6 et 2-8138-0637-4)
  • Annie Cosperec, Blois : la forme d'une ville, Paris, Imprimerie Nationale, , 406 p. (ISBN 2-11-081322-9)

Sitographie

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Traduction : « Le pont ayant été détruit en février 1716 par la ruée des eaux tumultueuses et les blocs accumulés de glace, ce nouveau pont, plus grand et plus commode, fut commandé par Louis XV. Il fut livré en 1724. Cette inscription a été taillée dans le marbre en 1786, sous le règne de Louis XVI, le plus bienfaisant des princes. »

Références

  1. Cosperec 1994, p. 281.
  2. Nourrisson et Sauvage 2013, p. 63.
  3. Cosperec 1994, p. 283.
  4. Louis-Catherine Bergevin et Alexandre Dupré, Histoire de Blois, Volume 1, Blois, Chez tous les libraires, , 679 p. (ISBN 978-1-160-10666-5, lire en ligne), partie II, chap. V (« Les ponts »), p. 405–415
  5. Nourrisson et Sauvage 2013, p. 64.
  6. Cosperec 1994, p. 284.
  7. Nourrisson et Sauvage 2013, p. 65.
  8. Nourrisson et Sauvage 2013, p. 66.
  9. P. Auteur du texte Dufresne, Les prussiens à Blois, ou Trois mois d'occupation : (10 décembre 1870-12 mars 1871) / par P. Dufresne,..., (lire en ligne)
  10. Michel Lomba, « La belle époque des tramways de Blois », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne Accès limité).
  11. Notice no PA00098391, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  12. https://www.lanouvellerepublique.fr/blois/bombardements-sur-le-pont-et-la-gare-de-blois
  13. https://musee-resistance41.fr/wp-content/uploads/2017/11/Blois-une-libe%CC%81ration-en-deux-temps.pdf
  14. Nourrisson et Sauvage 2013, p. 123.
  15. Nourrisson et Sauvage 2013, p. 26.
  16. Nourrisson et Sauvage 2013, p. 124.
  17. Cosperec 1994, p. 38.
  18. Cosperec 1994, p. 90.
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