AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Megacephalosaurus

Megacephalosaurus eulerti

Megacephalosaurus
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Vue sous plusieurs angles du crùne catalogué FHSM VP-321, représentant le spécimen holotype de Megacephalosaurus eulerti.
93.5–89.3 Ma
↓
2 collections

Genre

† Megacephalosaurus
Schumacher (d), Carpenter & Everhart (d), 2013

EspĂšce

† Megacephalosaurus eulerti
Schumacher (d), Carpenter & Everhart (d), 2013

Synonymes

Megacephalosaurus est un genre Ă©teint de grands pliosaures ayant vĂ©cu durant le dĂ©but du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur (Turonien) dans ce qui est aujourd’hui l'AmĂ©rique du Nord. Une seule espĂšce est connue, Megacephalosaurus eulerti, dĂ©crite en 2013 Ă  partir de fossiles dĂ©couverts dans des formations gĂ©ologiques du Kansas. Le nom scientifique de l'animal, qui signifie « lĂ©zard Ă  grande tĂȘte », fait rĂ©fĂ©rence Ă  la taille du crĂąne qui est la plus grande connue de tous les pliosauridĂ©s du continent amĂ©ricain, pouvant atteindre jusqu'Ă  1,75 m de longueur. Megacephalosaurus est l'un des plus grands reptiles marins de son temps, avec une taille estimĂ©e entre 6 et m de long. Son museau allongĂ© et la forme de ses dents suggĂšrent qu'il prĂ©fĂ©rait se nourrir de proies de petite taille.

Les seuls fossiles actuellement connus de Megacephalosaurus sont deux crĂąnes, trois cĂŽtes et une vertĂšbre. Les sites oĂč ils furent trouvĂ©s et leur datation montrent que l'animal a vĂ©cu dans la voie maritime intĂ©rieure de l'Ouest, une ancienne mer qui divisait en deux le continent nord-amĂ©ricain du nord au sud durant une grande partie du CrĂ©tacĂ©. Les premiers fossiles connus furent d'abord interprĂ©tĂ©s comme provenant d'un grand spĂ©cimen du pliosaure Ă©troitement apparentĂ© Brachauchenius lucasi, avant que des rĂ©visions ultĂ©rieurs ne confirment que les restes appartiennent en fait Ă  un taxon distinct. DatĂ© entre 94 et 93 millions d'annĂ©es, Megacephalosaurus figure parmi les derniers pliosaures connus avant leur extinction.

DĂ©couverte et historique

Identification initiale comme Brachauchenius

Le , au cours d'une collecte de dents de requins fossiles, deux frĂšres adolescents, nommĂ©s Frank et Robert Jennrich, dĂ©couvrent le premier crĂąne fossile de Megacephalosaurus, prĂšs de la localitĂ© de Fairport (en), situĂ©e dans le Kansas, aux États-Unis. Le crĂąne est retrouvĂ© Ă  l'envers et complĂštement Ă©crasĂ© au sein d'une mince couche. Reconnaissant l'importance de leur dĂ©couverte, les deux frĂšres contactent le palĂ©ontologue George F. Sternberg et le conduisent au fossile Ă  l'automne 1950. Sternberg identifie la formation gĂ©ologique comme Ă©tant probablement la formation de Greenhorn ou celle de Graneros (en), Ă  l'aide d'un fossile voisin de Xiphactinus. Les trois hommes, avec l'aide d'un Ă©leveur de vaches local nommĂ© Jim Rouse, exhument le crĂąne vers la fin octobre de la mĂȘme annĂ©e. Otto C. Eulert, le propriĂ©taire du terrain sur lequel le fossile a Ă©tĂ© trouvĂ©, fait don du spĂ©cimen au MusĂ©um d'histoire naturelle de Sternberg. Ce fossile est par la suite cataloguĂ© sous le nom de code FHSM VP-321. Sternberg Ă©crivit Ă  Eulert le qu'il pensait initialement que le fossile provenait d'un grand mosasaure, avant de rapidement changer d'avis en faveur d'un plĂ©siosaure. AprĂšs s'ĂȘtre entretenu avec Samuel Paul Welles et d'autres palĂ©ontologues lors de la rĂ©union de 1950 de la SociĂ©tĂ© de palĂ©ontologie des vertĂ©brĂ©s Ă  Albuquerque, au Nouveau-Mexique, Sternberg identifie FHSM VP-321 comme Ă©tant un spĂ©cimen de Brachauchenius lucasi, une espĂšce de pliosauridĂ© datant du dĂ©but du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur. Bien que d'autres Ă©lĂ©ments fossiles du mĂȘme spĂ©cimen aient Ă©tĂ© collectĂ©s lors des fouilles, Sternberg n'exposait en 1951 dans son musĂ©e que le crĂąne et la partie gauche de la mandibule, montĂ©s sur un mĂȘme support[1] - [2].

L'identification du supposĂ© crĂąne de Brachauchenius, cataloguĂ© FHSM VP-321, resta incontestĂ©e durant des dĂ©cennies. MĂȘme une Ă©tude rĂ©alisĂ©e en 1996 par Kenneth Carpenter sur le crĂąne montĂ© l'identifiait toujours comme tel, car les caractĂ©ristiques des cĂŽtĂ©s dorsaux du crĂąne, qui Ă©taient alors les seules parties visibles, restaient des caractĂ©ristiques de Brachauchenius[3].

Réexamen et réidentification

En novembre 2003, Robert Jennrich conduit des palĂ©ontologues du musĂ©e Sternberg au lieu d'origine oĂč lui et son frĂšre ont dĂ©couvert le fossile en 1950[1]. Les scientifiques s'aperçoivent alors que ce site n'appartient pas Ă  la formation de Greenhorn ou Ă  celle de Graneros, comme Sternberg le supposait initialement, mais plutĂŽt au membre de Fairport Chalk des schistes de Carlile, datĂ© d'environ 92,9 millions d'annĂ©es[1] - [4]. Les palĂ©ontologues commencent Ă  douter de l'identification de FHSM VP-321 lorsqu'en 2007, le conservateur du musĂ©e Sternberg, Mike Everhart, dĂ©couvre des photos du dessous du crĂąne prises avant son montage, qui rĂ©vĂšlent des caractĂ©ristiques du dessous diffĂ©rentes de celles trouvĂ©es sur d'autres crĂąnes de Brachauchenius. Pour rĂ©soudre cette question, FHSM VP-321 est retirĂ© de son support, et Everhart collabore avec les palĂ©ontologues Bruce A. Schumacher et Kenneth Carpenter dans une Ă©tude incluant l'examen du dessous du crĂąne. PubliĂ©e en 2013, elle rĂ©vĂšle que le crĂąne prĂ©sente plusieurs caractĂ©ristiques uniques qui le distinguent de Brachauchenius et les chercheurs en concluent que FHSM VP-321 appartient Ă  un genre distinct de pliosaures. L'Ă©tude rĂ©attribue le fossile au nouveau taxon Megacephalosaurus eulerti, le nom gĂ©nĂ©rique Ă©tant formĂ© sur le grec ancien ÎŒÎ­ÎłÎ±Ï‚ / mĂ©gas, « grand », ÎșÎ”Ï†Î±Î»Îź / kephalᾗ, « tĂȘte », et ÏƒÎ±áżŠÏÎżÏ‚ / saĂ»ros, « lĂ©zard », pour donner « lĂ©zard Ă  grande tĂȘte », en rĂ©fĂ©rence Ă  la taille imposante du crĂąne. L'Ă©pithĂšte spĂ©cifique rend hommage Ă  Otto C. Eulert pour le don du spĂ©cimen fossile[1].

L'histoire du crĂąne paratype cataloguĂ© UNSM 50136 n'Ă©tait pas claire lorsqu'il a Ă©tĂ© examinĂ© pour la premiĂšre fois par Schumacher dans une Ă©tude de 2008. Lorsqu'il est rĂ©cupĂ©rĂ© des collections du musĂ©e de l'universitĂ© du Nebraska Ă  Lincoln pour Ă©tude, il n'y a Ă©trangement aucune information contextuelle, ni aucun enregistrement concernant le fossile. L'une des seules informations sur le crĂąne Ă©tait que le spĂ©cimen provenait du Kansas, conduisant Schumacher Ă  supposer qu'il provenait peut-ĂȘtre du musĂ©e Sternberg, d'oĂč il aurait Ă©tĂ© obtenu par l'universitĂ© du Nebraska au cours d'un Ă©change de fossiles[5]. Aucune donnĂ©e stratigraphique n'a Ă©tĂ© enregistrĂ©e pour USNM 50136, mais des analyses sur un morceau de matrice extrait du fossile ont identifiĂ© des assemblages de nannofossiles qui sont associĂ©s aux dĂ©pĂŽts calcaires de la formation de Greenhorn, datĂ©e probablement d'environ 93,9 millions d'annĂ©es au plus tĂŽt[4]. Schumacher en conclut qu'USNM 50136 reprĂ©sentait une espĂšce ayant des affinitĂ©s avec Brachauchenius et qu'il pourrait soit Ă©largir la dĂ©finition du taxon, soit appartenir Ă  une espĂšce entiĂšrement nouvelle, et attribua provisoirement le fossile Ă  l'appellation aff. Brachauchenius lucasi[5]. Lorsque le spĂ©cimen FHSM VP-321 a Ă©tĂ© attribuĂ© Ă  un genre distinct, USNM 50136 a alors Ă©tĂ© jugĂ© conspĂ©cifique et considĂ©rĂ© comme paratype du nouveau taxon[1] - [2].

D'autres fossiles actuellement attribués à Brachauchenius pourraient en fait appartenir à Megacephalosaurus. Par exemple, Everhart exprime la possibilité qu'UNSM 112437, un crùne partiel collecté dans les schistes de Graneros, soit en fait un autre représentant possible de Megacephalosaurus[2].

Description

Moulage reconstituant le crĂąne holotype de Megacephalosaurus.
Crùne reconstitué de M. eulerti, basé sur le spécimen FHSM VP-321.

Deux spécimens fossiles sont attribués à Megacephalosaurus à ce jour. Le spécimen holotype est FHSM VP-321, qui se compose d'un crùne presque complet, de trois cÎtes cervicales et d'une vertÚbre cervicale. Le deuxiÚme spécimen, le paratype USNM 50136, se compose d'un crùne partiel contenant des parties de l'os maxillaire et de certains os crùniens[1] - [2].

Le crĂąne de Megacephalosaurus est le plus grand connu parmi les pliosaures d'AmĂ©rique du Nord. Le crĂąne de FHSM VP-321 mesure 1,5 m de long sur la ligne mĂ©diane et la longueur du cĂŽtĂ© gauche de la mandibule mesure 1,71 m[2] - [3]. UNSM 50136, bien qu'incomplet, est encore plus grand que FHSM VP-321 et on estime qu'il devait atteindre jusqu'Ă  1,75 m. D'aprĂšs les fossiles connus d'autres pliosaures, le crĂąne reprĂ©sente probablement un cinquiĂšme Ă  un quart de la longueur totale de l'animal, ce qui permet d'estimer celle-ci entre 6 et 9 m pour Megacephalosaurus[1] - [2].

Le museau est trĂšs allongĂ©, reprĂ©sentant environ les deux tiers de la longueur totale du crĂąne. Il se rĂ©trĂ©cit en largeur Ă  son extrĂ©mitĂ© et comporte un petit rostre de cm situĂ© avant les premiĂšres dents. L'os dentaire, qui supporte les dents infĂ©rieures, occupe environ les deux tiers de la longueur totale de la mandibule. Le maxillaire comporte 22 dents fonctionnelles du cĂŽtĂ© droit et 23 dents du cĂŽtĂ© gauche. Quatre des paires les plus en avant sont situĂ©es sur le prĂ©maxillaire tandis que les autres sont situĂ©es sur le maxillaire. Contrairement Ă  certains pliosaures tels que Liopleurodon ou Pliosaurus, les dents du maxillaire de Megacephalosaurus ne diminuent pas en taille vers la base du crĂąne et sont toutes de grande taille. Une paire de petites fosses mesurant moins de cm de long est prĂ©sente juste avant la paire de dents fonctionnelles la plus en avant. Les chercheurs pensent que ces fosses reprĂ©sentent des alvĂ©oles dentaires rĂ©siduelles qui contenaient autrefois une paire de dents supplĂ©mentaire chez les taxons ancestraux mais qui ont Ă©tĂ© perdues chez Megacephalosaurus. Presque tous les pliosaures ont cinq paires de dents sur le prĂ©maxillaire et cette caractĂ©ristique de rĂ©duction Ă  quatre paires est rare parmi les pliosaures[note 1], ce qui laisse penser que cette rĂ©duction aurait Ă©tĂ© un caractĂšre dĂ©rivĂ© des pliosaures du CrĂ©tacĂ©. Les mandibules portent vingt-trois paires de dents fonctionnelles. Seules les cinq paires les plus en avant sont relativement grandes, toutes les dents suivantes devenant progressivement plus petites Ă  mesure qu'elles se rapprochent de la base du dentaire. Les sixiĂšme Ă  quinziĂšme dents de la mandibule sont considĂ©rĂ©es comme de taille intermĂ©diaire, et toutes les dents postĂ©rieures sont considĂ©rĂ©es comme petites[1] - [7].

Les dents sont de forme conique, se terminant par une extrĂ©mitĂ© pointue. Elles sont lĂ©gĂšrement incurvĂ©es vers la langue et sont Ă©loignĂ©es de la ligne mĂ©diane de la mĂąchoire. Elles sont de grande taille : les plus grandes connues chez Megacephalosaurus mesurent jusqu'Ă  environ 4,5 cm en hauteur de couronne. L'Ă©mail dentaire prĂ©sente de petites crĂȘtes longues, fines et convexes, appelĂ©es crĂȘtes apicobasales, qui vont de la base de la couronne Ă  la pointe. Environ la moitiĂ© de ces crĂȘtes, au nombre de 13 Ă  16 par cm sur toute la circonfĂ©rence de la couronne, atteignent toute la longueur de celle-ci[7]. La fonction des crĂȘtes apicobasales sur les dents serait d'amĂ©liorer la prĂ©hension et la perforation des proies lors de la morsure[8].

Les cĂŽtes ont une forme similaire Ă  celles des pliosaures typiques du Jurassique. Cependant, les cĂŽtes de Megacephalosaurus sont Ă  double tĂȘte, ce qui signifie que la tĂȘte de la cĂŽte est structurĂ©e pour se fixer en deux points d'une vertĂšbre. Il s'agit d'une caractĂ©ristique unique parmi les pliosaures du CrĂ©tacĂ©. Des cĂŽtes Ă  double tĂȘte sont toutefois prĂ©sentes chez certains pliosaures du Jurassique et on pensait auparavant que cette caractĂ©ristique avait disparu avec leur extinction[1].

Classification

Dessin reconstituant Megacephalosaurus eulerti, basé sur les pliosauridés apparentés.
Reconstitution de Megacephalosaurus eulerti.

Megacephalosaurus appartient Ă  la sous-famille des Brachaucheninae, qui rassemble les Pliosauridae du CrĂ©tacĂ©. Les analyses phylogĂ©nĂ©tiques des pliosaures du CrĂ©tacĂ© connus les ont systĂ©matiquement attribuĂ©s Ă  cette sous-famille, ce qui laissait penser qu'elle Ă©tait la seule Ă  avoir survĂ©cu aprĂšs le Jurassique. Cependant, cela peut ĂȘtre l'effet des lacunes du registre fossile, trĂšs discontinu Ă  ce jour pour les pliosaures au CrĂ©tacĂ© infĂ©rieur. Les dĂ©couvertes rĂ©centes de dents de pliosaures du CrĂ©tacĂ© infĂ©rieur, prĂ©sentant des caractĂ©ristiques distinctes des Brachaucheninae, remettent maintenant en question l'hypothĂšse et suggĂšrent qu'au moins une autre lignĂ©e aurait traversĂ© la limite Jurassique-CrĂ©tacĂ©[7] - [9].

Les genres de Brachaucheninae sont variables et une seule caractéristique commune est connue, à savoir la possession de dents de forme quelque peu circulaire plutÎt que de dents pleines ou triÚdres observées chez certains pliosaures du Jurassique. Parmi les caractéristiques dérivées partagées par la plupart des Brachaucheninae, on trouve la forme du crùne adaptée à la saisie de proies plus petites (comme un museau allongé, un rostre gracile et des dents de taille constante). Cependant, il existe des exceptions notables comme Kronosaurus, qui possÚde des dents ayant chacune une forme différente[9]. Sur la base de ces divergences, une étude réalisée en 2018 émet l'hypothÚse que le trait des dents de taille constante aurait évolué indépendamment trois fois au sein des Brachaucheninae : chez Luskhan, chez Stenorhynchosaurus, et dans un clade comprenant Megacephalosaurus et Brachauchenius[7].

Une premiÚre tentative de classification phylogénétique comprenant un spécimen de Megacephalosaurus avait été réalisée dans une étude publiée en 2012. Le spécimen FHSM VP-321 (alors non encore réattribué) était placé dans un clade en position basale par rapport à Brachauchenius et Kronosaurus[10]. En 2013, Benson produisit une étude qui tentait une autre analyse phylogénétique prenant en compte la nouvelle description de FHSM VP-321 faite peu avant par Schumacher et al.. Cette fois, l'étude plaçait FHSM VP-321 dans un clade polytomique partagé avec Brachauchenius et un spécimen de pliosaure catalogué DORK/G/1-2 (douteusement désigné sous le nom de « Polyptychodon »), avec un groupe externe constitué de Kronosaurus. Dans une autre analyse de consensus strict, l'étude plaçait FHSM VP-321 dans un clade polytomique qui comprenait Pliosaurus et Gallardosaurus[11]. Une autre étude publiée en 2015 donnait des résultats phylogénétiques similaires sous une méthode de consensus strict[12]. Madzia et al. ont tenté en 2018 de multiples analyses phylogénétiques avec différentes méthodes de consensus. Toutes les méthodes de consensus strict placent Megacephalosaurus dans un clade polytomique partagé avec Brachauchenius, Kronosaurus et le spécimen DORK/G/1-2, tandis que certaines méthodes de consensus majoritaire placent Megacephalosaurus dans un clade partagé avec DORK/G/1-2, en position dérivée par rapport à Kronosaurus et basale par rapport à Brachauchenius[7].

Le cladogramme simplifié du clade Thalassophonea ci-dessous est basée d'aprÚs Madzia et al. (2018)[7] :

Paléoécologie

Megacephalosaurus figure parmi les derniers pliosaures connus avant leur extinction[7]. Il vivait dans la voie maritime intĂ©rieure de l'Ouest, une mer qui s'Ă©tendait sur les grandes plaines de l'AmĂ©rique du Nord et qui la sĂ©parait en deux du nord au sud au cours du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur[1]. Le registre fossile indique que l'animal Ă©tait prĂ©sent lors de l'Ă©vĂšnement de la limite CĂ©nomanien-Turonien, un Ă©pisode marquĂ© par une importante extinction de la faune mondiale, peut-ĂȘtre causĂ©e par une forte augmentation du volcanisme sous-marin. L'Ă©mission massive de CO2 aurait provoquĂ© une forte hausse des tempĂ©ratures et une acidification des ocĂ©ans, provoquant un Ă©vĂ©nement anoxique mondial et une extinction massive Ă  hauteur de 26 % de la faune marine[13]. MalgrĂ© cela, les assemblages de vertĂ©brĂ©s de la voie maritime intĂ©rieure de l'Ouest restent stables tout au long de l'Ă©vĂšnement, car de nombreux taxons ont Ă©tĂ© trouvĂ©s aussi bien dans les dĂ©pĂŽts qui prĂ©cĂšdent que dans ceux qui suivent l'Ă©pisode[14].

Les assemblages fossiles des parties d'Ăąge Turonien de la formation de Fairport et des schistes de Greenhorn sont considĂ©rĂ©s comme modestes au regard du nombre d'espĂšces rĂ©pertoriĂ©es, mais prĂ©sentent nĂ©anmoins une grande diversitĂ© Ă©cologique. Les requins constituent la majoritĂ© des vertĂ©brĂ©s, dont les genres Cretoxyrhina et Squalicorax sont les plus courants. Les autres types de requins prĂ©sents incluent de nombreux lamniformes, comme Cretolamna, Cardabiodon, Cretodus, Archaeolamna, l'Ă©nigmatique durophage Ptychodus et l'odontaspididĂ© Johnlongia (en). Plusieurs poissons osseux sont Ă©galement connus. Beaucoup de leurs fossiles sont trop fragmentaires pour pouvoir ĂȘtre correctement identifiĂ©s, mais les taxons du Turonien connus incluent, sans ĂȘtre exhaustif, Enchodus, Pachyrhizodus et les ichtyodectidĂ©s Ichthyodectes et Xiphactinus. Bien que cohĂ©rente dans la faune, l'abondance de fossiles de poissons de la formation de Fairport et des schistes de Greenhorn de l'Ăąge Turonien est nettement infĂ©rieure Ă  celle des gisements plus anciens, comme un gisement antĂ©rieur des schistes de Greenhorn, situĂ© sous la limite CĂ©nomanien-Turonien, qui contient des centaines, voire des milliers de fossiles de poissons. Cependant, il pourrait s'agir d'un cas de biais de collecte[14].

Parmi les reptiles marins figurent les plĂ©siosaures (incluant le polycotylidĂ© Trinacromerum, des pliosauridĂ©s tels que Megacephalosaurus lui-mĂȘme, Brachauchenius et des Ă©lasmosaures indĂ©terminĂ©s), les tortues marines, le crocodylomorphe Terminonaris, le squamate marin Coniasaurus et des mosasaures plioplatecarpinĂ©s, qui ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans la formation de Fairport et/ou dans les schistes de Greenhorn[14] - [15] - [16]. Le Turonien marque Ă©galement le dĂ©but de la radiation Ă©volutive des mosasaures, chevauchant la pĂ©riode d'existence de Megacephalosaurus, lesquels auraient donc cohabitĂ©[2] - [14].

Megacephalosaurus a traversĂ© la limite CĂ©nomanien-Turonien et a donc survĂ©cu Ă  l'Ă©vĂšnement anoxique[4] - [1]. Seuls trois taxons de pliosaures connus sont dans ce cas : Megacephalosaurus, Brachauchenius et Polyptychodon. Ces trois genres disparaissent au cours du Turonien, marquant ainsi l'extinction des pliosaures[7] - [17]. Les chercheurs pensent que cette disparition pourrait ĂȘtre liĂ©e Ă  la montĂ©e des polycotylidĂ©s, qui se diversifient rapidement Ă  peu prĂšs au mĂȘme moment[16].

Notes et références

Notes

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Megacephalosaurus » (voir la liste des auteurs).
  1. Cette disposition Ă  quatre paires de dents sur le prĂ©maxillaire est documentĂ©e aussi chez Kronosaurus, Brachauchenius, Acostasaurus (en) et Sachicasaurus (en)[6].

Références

  1. Schumacher, Carpenter et Everhart 2013, p. 613-628.
  2. (en) M. J. Everhart, « Brachauchenius » [archive du ] AccÚs libre [html], sur Oceans of Kansas,
  3. (en + de) K. Carpenter, « A review of the short-necked plesiosaurs from the Cretaceous of the Western Interior, North America », Neues Jahrbuch Fur Geologie Und Palaontologie-abhandlungen, vol. 201, no 2,‎ , p. 259-287 (DOI 10.1127/njgpa/201/1996/259, S2CID 134211454, lire en ligne AccĂšs libre [PDF])
  4. (en) James G. Ogg et Linda A. Hinnov, « Chapter 27 - Cretaceous », dans Felix M. Gradstein, James G. Ogg, Mark D. Schmitz et Gabi M. Ogg, The Geologic Time Scale, Oxford, Elsevier, , 1144 p. (ISBN 978-0-444-59425-9, DOI 10.1016/B978-0-444-59425-9.00027-5, S2CID 127523816), p. 793-853
  5. (en) B. A. Schumacher, « On the skull of a pliosaur (Plesiosauria; Pliosauridae) from the Upper Cretaceous (Early Turonian) of the North American Western Interior », Transactions of the Kansas Academy of Science, vol. 111, no 3 & 4,‎ , p. 203-218 (DOI 10.1660/0022-8443-111.3.203, JSTOR 20476362, S2CID 86751839, lire en ligne [PDF])
  6. (en) M. PĂĄramo-Fonseca, C. D. Benavides-Cabra et I. E. GutiĂ©rrez, « A new large Pliosaurid from the Barremian (Lower Cretaceous) of SĂĄchica, BoyacĂĄ, Colombia », Earth Sciences Research Journal, vol. 22, no 4,‎ , p. 223-238 (DOI 10.15446/esrj.v22n4.69916, S2CID 135054193, lire en ligne [PDF])
  7. (en) D. Madzia, S. Sachs et J. Lindgren, « Morphological and phylogenetic aspects of the dentition of Megacephalosaurus eulerti, a pliosaurid from the Turonian of Kansas, USA, with remarks on the cranial anatomy of the taxon », Geological Magazine, vol. 156, no 7,‎ , p. 1-16 (DOI 10.1017/S0016756818000523, Bibcode 2019GeoM..156.1201M, S2CID 133859507)
  8. (en) M. R. McCurry, A. R. Evans, E. M. G. Fitzgerald, C. R. McHenry, J. Bevitt et N. D. Pyenson, « The repeated evolution of dental apicobasal ridges in aquatic-feeding mammals and reptiles », Biological Journal of the Linnean Society, vol. 127, no 2,‎ , p. 245-259 (DOI 10.1093/biolinnean/blz025 AccĂšs libre, S2CID 145874334)
  9. (en) N. G. Zverkov, V. Fischer, D. Madzia et R. B. J. Benson, « Increased pliosaurid dental disparity across the Jurassic-Cretaceous transition », Palaeontology, vol. 61, no 6,‎ , p. 825-846 (DOI 10.1111/pala.12367, S2CID 134889277)
  10. (en) R. B. J. Benson, H. F. Ketchum, D. Naish et L. E. Turner, « A new leptocleidid (Sauropterygia, Plesiosauria) from the Vectis Formation (Early Barremian–early Aptian; Early Cretaceous) of the Isle of Wight and the evolution of Leptocleididae, a controversial clade », Journal of Systematic Palaeontology, vol. 11, no 2,‎ , p. 233-250 (DOI 10.1080/14772019.2011.634444, S2CID 18562271, lire en ligne)
  11. (en) R. B. J. Benson, M. Evans, A. S. Smith, J. Sassoon, S. Moore-Faye, H. F. Ketchum et R. Forrest, « A Giant Pliosaurid Skull from the Late Jurassic of England », PLOS ONE, vol. 8, no 5,‎ , e65989 (PMID 23741520, PMCID 3669260, DOI 10.1371/journal.pone.0065989 AccĂšs libre, Bibcode 2013PLoSO...865989B)
  12. (en) A. Cau et F. Fanti, « High evolutionary rates and the origin of the Rosso Ammonitico Veronese Formation (Middle-Upper Jurassic of Italy) reptiles », Historical Biology, vol. 28, no 7,‎ , p. 952-962 (DOI 10.1080/08912963.2015.1073726, S2CID 86528030, lire en ligne)
  13. (en) A. C. Kerr, « Oceanic plateau formation: A cause of mass extinction and black shale deposition around the Cenomanian-Turonian boundary? », Journal of the Geological Society, vol. 155, no 4,‎ , p. 619-626 (DOI 10.1144/gsjgs.155.4.0619, Bibcode 1998JGSoc.155..619K, S2CID 129178854)
  14. (en) A. P. McIntosh, K. Shimada et M. J. Everhart, « Late Cretaceous marine vertebrate fauna from the Fairport Chalk Member of the Carlile Shale in southern Ellis County, Kansas, U.S.A. », Transactions of the Kansas Academy of Science, vol. 19, no 2,‎ , p. 222-230 (DOI 10.1660/062.119.0214, JSTOR 24887795, S2CID 88452573, lire en ligne)
  15. (en) K. N. Bice, K. Shimada et J. I. Kirkland, « Late Cretaceous Marine Fishes from the Upper Greenhorn Limestone in Southeastern Nebraska », Transactions of the Kansas Academy of Science, vol. 116, nos 1–2,‎ , p. 22-26 (DOI 10.1660/062.116.0104, JSTOR 42637225, S2CID 86584094, lire en ligne)
  16. (en) L. B. Albright, D. D. Gillette et A. L. Titus, « Plesiosaurs from the Upper Cretaceous (Cenomanian–Turonian) Tropic Shale of southern Utah, part 1: new records of the pliosaur Brachauchenius lucasi », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 27, no 1,‎ , p. 31-40 (DOI 10.1671/0272-4634(2007)27[31:PFTUCC]2.0.CO;2, JSTOR 4524665, S2CID 128994726, lire en ligne)
  17. (en) D. Madzia, « A reappraisal of Polyptychodon (Plesiosauria) from the Cretaceous of England », PeerJ, vol. 4,‎ , e1998 (PMID 27190712, PMCID 4867712, DOI 10.7717/peerj.1998 AccĂšs libre)

Voir aussi

Articles connexes

Publication originale

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.