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Cardabiodon

Cardabiodon (littĂ©ralement « dent de Cardabia ») est un genre Ă©teint de grands requins lamniformes ayant vĂ©cu durant le CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur (âges CĂ©nomanien et Turonien), il y a entre 95 et 91 millions d'annĂ©es. Il fait partie des Cardabiodontidae, une famille de lamniformes caractĂ©risĂ©e par des structures dentaires spĂ©cifiques. Le genre compte deux espèces, Cardabiodon ricki et Cardabiodon venator, dont les restes fossiles ont Ă©tĂ© dĂ©couverts en Australie, en AmĂ©rique du Nord, en Angleterre et au Kazakhstan. Il s'agissait probablement d'un requin antitropical qui habitait les ocĂ©ans tempĂ©rĂ©s nĂ©ritiques et hauturiers situĂ©s entre 40° et 60° de palĂ©olatitude, comme le requin-taupe commun actuel.

Cardabiodon
Description de cette image, également commentée ci-après
Dents holotypes et paratypes de Cardabiodon venator.
99.6–83.6 Ma
12 collections

Genre

† Cardabiodon
Siversson (d), 1999

Espèces de rang inférieur

  • † C. ricki (type) Siverson, 1999
  • † C. venator Siverson & Lindgren, 2005

Synonymes

  • † Pseudoisurus tomosus GlĂĽckman, 1957
  • † Cretolamna woodwardi Williamsen et al., 1993

Mesurant jusqu'Ă  5,5 m de longueur et d'un profil plutĂ´t trapu, Cardabiodon figurait parmi les plus grands requins de son temps. Il Ă©tait probablement un prĂ©dateur au sommet de son Ă©cosystème et utilisait probablement ses grandes dents robustes et ses capacitĂ©s de nage rapide pour s'attaquer Ă  une variĂ©tĂ© de proies, notamment des plĂ©siosaures, des ichtyosaures et d'autres gros poissons.

Découverte et dénomination

Schéma montrant les différences morphologiques dentaires de Cardabiodon ricki (B) et Cardabiodon venator (A).
Comparaison des caractéristiques dentaires et des plages temporelles des spécimens types de C. ricki (B) et C. venator (A).

Cardabiodon a Ă©tĂ© dĂ©crit en 1999 par le palĂ©ontologue Mikael Siversson (d) Ă  partir de fossiles dĂ©couverts dans le bassin sud de Carnarvon du Gearle Siltstone, Ă  Cardabia (en), une ferme d'Ă©levage de bĂ©tail situĂ©e en Australie-Occidentale[1]. Ce site est datĂ© de l'âge CĂ©nomanien du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur, il y a entre 96 et 94,7 millions d'annĂ©es[2]. Ce spĂ©cimen, cataloguĂ© WAM 96.4.45, consistait en un ensemble d'une centaine de dents et de quinze vertèbres et reprĂ©sentait un requin subadulte. Des fouilles ultĂ©rieures sur le mĂŞme site ont collectĂ© quatre autres dents appartenant au mĂŞme spĂ©cimen[3].

Siversson a reconnu le spĂ©cimen comme holotype d'un nouveau genre et lui a attribuĂ© le nom scientifique Cardabiodon ricki. Le nom gĂ©nĂ©rique Cardabiodon combine le nom du lieu originaire de la trouvaille, Cardabia, et le terme en grec ancien ὀδών / odáą“n « dent », le tout signifiant « dent de Cardabia ». L'Ă©pithète spĂ©cifique de l'espèce type, ricki, rend hommage Ă  Rick French, le propriĂ©taire de la ferme de Cardabia[1]. En 2005, la deuxième espèce, C. venator, a Ă©tĂ© dĂ©crite Ă  partir de spĂ©cimens types comptant un total de 37 dents, collectĂ©es sur un site du membre Fairport des schistes de Carlile, situĂ©s dans le Montana, une formation gĂ©ologique datĂ©e de 92 Ă  91 millions d'annĂ©es. L'Ă©pithète spĂ©cifique de cette espèce, venator, est un mot latin signifiant « chasseur », ce qui fait rĂ©fĂ©rence Ă  la position prĂ©sumĂ©e de C. venator en tant que superprĂ©dateur, ou en tout cas proche du sommet de la chaine alimentaire[2].

Avant la description de Cardabiodon par Siverson, ses dents avaient été décrites sous deux noms désormais synonymes. Une description avait été faite en 1957 par le paléontologue soviétique Leonid Glickman, dans laquelle il décrivait le taxon Pseudoisurus tomosus, sur la base de quatre dents provenant de l'oblast de Saratov, en Russie européenne[4]. Plus tôt, en 1894, Arthur Smith Woodward avait décrit un ensemble de vingt-cinq dents datant du Crétacé, découvertes autour de Maidstone, en Angleterre, sous le nom 'Lamna appendiculata' (Cretolamna appendiculata)[5]. En 1977, le paléontologue Jaques Herman a estimé que ce dernier représentait une nouvelle espèce, qu'il a nommée Cretolamna woodwardi[6]. En 1996, Siverson a fusionné Cretolamna woodwardi et Pseudoisurus tomosus, jugeant que leurs spécimens types référencés représentaient la même espèce[7]. En 1999, Siverson a réévalué la taxonomie de Pseudoisurus tomosus, en concluant que ses syntypes avaient été perdus, ce qui en faisait un nomen dubium. Il constatait également que Cretolamna woodwardi représentait en fait le mélange de deux genres distincts de requins, ce qui semblait être également le cas de Pseudoisurus tomosus. Le premier a été renommé Cardabiodon ricki (qu'il avait déjà décrit en utilisant le spécimen WAM 96.4.45), et le second a été renommé Dwardius woodwardi[1].

Description

Morphologie

Vues sous plusieurs angles de vertèbres du spécimen holotype de Cardabiodon ricki.
Vues des vertèbres de l'holotype de C. ricki, avec des flèches et des points pointant vers les anneaux de croissance.

C. ricki aurait mesurĂ© jusqu'Ă  5,5 m de longueur, d'après la comparaison de ses vertèbres avec celles du grand requin blanc moderne, tandis que C. venator aurait atteint m d'après la taille de ses dents[3], ce qui fait de Cardabiodon l'un des plus grands requins connus[1]. Le registre fossile de ce taxon est très mince : il comprend des dents, des vertèbres et des Ă©cailles. Cette raretĂ© est usuelle car le squelette cartilagineux des requins se fossilise difficilement. Les vertèbres peuvent parfois se conserver quand elles sont durcies par calcification[8].

La peau de Cardabiodon est recouverte d'Ă©cailles placoĂŻdes Ă©mailoĂŻdes en forme de larme, revĂŞtues de 6 Ă  8 rainures parallèles, qui possèdent chacune une structure appelĂ©e kneel. Chez un individu mesurant 2,5 Ă  3,8 m de long, ces Ă©cailles varieraient de 0,3 Ă  0,7 mm dans les dimensions maximales. Les Ă©cailles avec rainures et kneels permettent de rĂ©duire la trainĂ©e hydrodynamique et d'augmenter la vitesse de nage, ce qui est un trait frĂ©quent chez les lamniformes. Cardabiodon Ă©tait donc probablement capable de nager vite et de traquer des proies rapides[8].

Le corps et les lamelles radiales, les deux couches les plus externes d'une vertèbre chez les lamniformes, permettent d'estimer le poids de l'animal en fonction de sa longueur, selon une relation mathématique établie sur la base des requins actuels. Les vertèbres de Cardabiodon sont de constitution robuste, plus épaisses que celles d'autres grands requins appartenant au même groupe, ce qui suggère que Cardabiodon était à longueur égale significativement plus lourd et plus trapu, bien qu'aucune estimation de son poids n'ait encore été publiée. Sa colonne vertébrale est rigide et en forme de fuseau, ce qui serait peu flexible mais efficace pour une nage rapide[3].

Denture

Schéma reconstituant la denture de la manndibule de Cardabiodon ricki.
Denture inférieure reconstituée de l'holotype de C. ricki.

Cardabiodon possède les caractéristiques dentaires de base d'un requin lamniforme[3]. Sa denture est dite hétérodonte, ce qui signifie que la mâchoire contient des dents différenciées[1]. Les dents de Cardabiodon sont caractérisées par des racines fortement bilabiales, des couronnes robustes, qui sont soit presque symétriquement dressées, soit incurvées de manière distale, des cols de dents visibles et larges (bourlette), des bords tranchants non dentelés et des mini-cuspides latérales (petites cuspides émaillées qui apparaissent à la base de la couronne de la dent)[1] - [2] - [8] - [9]. La face linguale, c'est-à-dire la face des dents tournée vers la langue, présente une racine massivement convexe avec de petits pores nutritifs[9]. La face labiale de la couronne, c'est-à-dire tournée vers l'extérieur, présente une protubérance[10].

Les dents de Cardabiodon sont de taille moyenne par rapport Ă  la taille de son corps[8] - [11]. Les plus grands exemplaires de dents documentĂ©s chez C. ricki proviennent de l'holotype[N 1]. Ses dents antĂ©rieures mesurent jusqu'Ă  3,67 cm de hauteur, tandis que ses premières dents postĂ©rieures et infĂ©rieures mesurent jusqu'Ă  3,98 cm de hauteur. Les dents de C. venator sont lĂ©gèrement plus petites, la plus grande connue Ă©tant une dent antĂ©rieure mesurant 3,26 cm de hauteur, mais elles sont toutefois bien plus Ă©paisses. C. venator a Ă©galement des mini-cuspides latĂ©rales nettement plus courtes que C. ricki[2].

Siverson a reconstituĂ© en 1999 la formule dentaire de C. ricki sur la base des 104 dents de l'holotype[1]. Il l'a rĂ©visĂ©e en 2015 après avoir conclu qu'il avait surestimĂ© le nombre de dents manquantes dans la mandibule[3]. La formule dentaire proposĂ©e est S2.A2.I1.LP14 | S1.A2.I1.LP12[N 2] - [3] - [8]. Cela signifie que Cardabiodon possède quatre types de dents, Ă  savoir (d'avant en arrière) : symphysaires, antĂ©rieures, intermĂ©diaires et latĂ©ropostĂ©rieures. La denture de Cardabiodon serait unique parmi les requins. Sur la mandibule, la taille des dents augmenterait brusquement et culminerait Ă  la première dent latĂ©ropostĂ©rieure, ce qui s'Ă©loignerait de la structure dentaire gĂ©nĂ©rique des Lamniformes, oĂą la taille des dents diminue progressivement d'avant vers l'arrière (Ă  l'exception des petites dents symphysaires et intermĂ©diaires)[3]. Les dents infĂ©rieures seraient Ă©galement plus larges que les dents de la mâchoire supĂ©rieure, contrairement aux autres lamniformes oĂą c'est l'inverse[8]. L'arc de morsure de la mandibule de l'holotype de C. ricki a Ă©tĂ© estimĂ© Ă  74,6 cm[3].

Une autre formule dentaire a été proposée à partir d'un ensemble de dents isolées, identifiées comme Cardabiodon sp. et trouvées dans les schistes de Carlile, au Kansas, à savoir S1?.A2.I1.LP6 | S1?.A2.I1?.LP8. Cette dernière formule se veut plus cohérente avec la structure dentaire générique des lamniformes, tandis que celle de Siverson est mise en doute en raison de ses fortes divergences avec les autres représentants du groupe. Les deux formules restent hypothétiques puisqu'elles se fondent toutes deux sur un ensemble de dents isolées[8].

Classification et Ă©volution

Parmi les requins lamniformes, dont il partage les caractères communs vertĂ©braux et dentaires, Cardabiodon possède une structure dentaire unique. Pour cette raison, Siverson a crĂ©Ă© la famille des Cardabiodontidae, oĂą il l'avait placĂ© en compagnie d'un requin fossile du CĂ©nozoĂŻque, Parotodus[1]. Cependant, il est revenu par la suite sur ce choix, notamment en raison du gros Ă©cart temporel entre les deux taxons (environ 60 millions d'annĂ©es)[2]. Un autre requin du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur, Dwardius, dont les dents ressemblent beaucoup Ă  celles de Cardabiodon, peut ĂŞtre placĂ© chez les Cardabiodontidae[13], Ă  moins qu'il s'agisse du mĂŞme taxon[10]. Siverson a confirmĂ© l'existence de deux genres distincts en notant des tendances Ă©volutives contraires, telles que la diminution progressive des mini-cuspides latĂ©rales chez Cardabiodon au fil du temps, contre l'augmentation progressive de celles-ci chez Dwardius, mais a admis la proximitĂ© des deux taxons[11]. La position phylogĂ©nĂ©tique prĂ©cise des Cardabiodontidae parmi les Lamniformes reste Ă  Ă©tablir[2].

Les chercheurs ont dĂ©couvert qu'une dent de C. ricki, collectĂ©e dans des gisements de l'Alberta et datĂ©e d'environ 93 millions d'annĂ©es, prĂ©sentait des caractĂ©ristiques habituellement trouvĂ©es chez C. venator, suggĂ©rant une possible relation anagĂ©nĂ©tique entre les deux espèces[10] - [3].

Bien que les Cardabiodontidae ne contiennent Ă  ce jour que les deux genres Cardabiodon et Dwardius[13], plusieurs fossiles non dĂ©crits datĂ©s de pĂ©riodes antĂ©rieures pourraient ĂŞtre attribuĂ©s Ă  cette famille. Le plus notable d'entre eux comprend un ensemble de dents d'un mĂŞme individu et de très grandes vertèbres datĂ©es de l'âge Albien, vers 105 millions d'annĂ©es, provenant de la formation de Toolebuc (en), au Queensland, en Australie, et qui appartiennent Ă  un spĂ©cimen dont la longueur est estimĂ©e entre 8 et 9 m[14]. Dans une discussion sur un blog, Siverson note que ses dents sont moins robustes que celles d'autres grands requins du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur, tels que Cretoxyrhina. Il suggère une tendance Ă©volutive des Cardabiodontidae marquĂ©e par une rĂ©duction de la taille et de la longueur du corps, une rĂ©duction du nombre de dents, mais une augmentation de la robustesse des dents (y compris de la racine dentaire) et un Ă©largissement de la couronne, avec une rĂ©duction des mini-cuspides latĂ©rales[12].

Paléobiologie

Vue sous deux côtés d'une dent d'un juvénile de Cardabiodon ricki.
Dent d'un C. ricki juvénile du Haycock Marl d'Australie-Occidentale.

Comme tous les lamniformes, Cardabiodon dĂ©veloppait chaque annĂ©e un anneau de croissance dans ses vertèbres, ce qui permet aux palĂ©ontologues de calculer l'âge d'un spĂ©cimen Ă  sa mort. Cependant, on n'a pu faire que peu de ces mesures en raison de la raretĂ© des vertèbres bien conservĂ©es. La croissance de C. ricki a Ă©tĂ© calculĂ©e sur la base des vertèbres de trois individus prĂ©adultes et d'une dent isolĂ©e de nouveau-nĂ©[3]. Par rapport aux donnĂ©es connues sur Cretoxyrhina mantelli et Archaeolamna kopingensis, les vertèbres de C. ricki suggèrent que sa longueur totale Ă  la naissance Ă©tait infĂ©rieure Ă  celle des deux autres requins, entre 41 et 76 cm. Il grandissait Ă  un rythme moyen de 29,9 cm par an, intermĂ©diaire entre le rythme nettement plus rapide de Cretoxyrhina mantelli, de 40,7 cm par an, et le rythme plus lent d'Archaeolamna kopingensis, de 6,2 cm par an[15]. Les trois vertèbres fossiles prĂ©sentent treize anneaux de croissance, ce qui signifie que les individus ont vĂ©cu jusqu'Ă  l'âge de treize ans. Cependant, un taux de croissance plus lent que Cretoxyrhina mantelli suggère une durĂ©e de vie potentielle supĂ©rieure Ă  treize ans, les trois spĂ©cimens Ă©tudiĂ©s ayant eu une mort prĂ©maturĂ©e. Autour du cinquième au septième anneau de croissance chez les trois spĂ©cimens, on constate un changement de rythme de croissance, suggĂ©rant que C. ricki aurait atteint la maturitĂ© sexuelle vers l'âge de cinq Ă  sept ans[3].

Paléoécologie

Distribution antitropicale

Des fossiles de Cardabiodon ont Ă©tĂ© trouvĂ©s au Canada, dans le Midwest des États-Unis, en Angleterre, en Australie-Occidentale[3], et au Kazakhstan[1]. On attribue Ă  Cardabiodon une rĂ©partition antitropicale, car ces gisements se situaient tous Ă  l'Ă©poque entre 40° et 60° de latitude, Ă  l'image de l'aire de rĂ©partition du requin-taupe commun actuel, qui ne vit qu'entre 30° et 60° de latitude. Une Ă©tude de 2010 confirme que les plages de tempĂ©rature dans ces deux aires Ă©taient presque les mĂŞmes. L'Ă©tude rĂ©vèle Ă©galement que les fossiles de Cardabiodon trouvĂ©s les plus hauts en latitude datent de juste avant la pĂ©riode la plus chaude du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur, qui commence il y a environ 93 millions d'annĂ©es, phase connue sous le nom d'optimum thermique du CĂ©nomanien-Turonien (en). Ceci suggère une extension de la distribution du requin vers le nord due Ă  la hausse des tempĂ©ratures[10].

La tempĂ©rature de surface de la mer oĂą vivait Cardabiodon est estimĂ©e entre 17,5 et 24,2 °C[10]. Cardabiodon aurait nĂ©anmoins pu se dĂ©placer d'un hĂ©misphère Ă  l'autre en empruntant des eaux plus profondes et donc plus froides. On l'observe chez les requins pèlerins actuels, une autre espèce antitropicale, qui migre entre les hĂ©misphères en suivant des chemins plus frais dans les eaux tropicales profondes, oĂą les tempĂ©ratures sont similaires Ă  la plage de tempĂ©ratures normale du requin pèlerin. Bien qu'aucun fossile de Cardabiodon n'ait Ă©tĂ© trouvĂ© en dehors de son aire de rĂ©partition prĂ©sumĂ©e, cette proposition est Ă©tayĂ©e par la prĂ©sence de dents de Cardabiodon dans des dĂ©pĂ´ts en eau profonde dans les latitudes les plus basses de son aire de rĂ©partition[10].

Habitat

Carte du monde au Crétacé inférieur, montrant les différents sites où les fossiles de Cardabiodon ont été trouvés.
Carte du monde au Crétacé inférieur montrant les sites qui ont livré des fossiles de Cardabiodon.

Cardabiodon vivait probablement en haute mer, mais dans des eaux modérément profondes, comme les mers intérieures ou la zone néritique. La majorité de ses fossiles connus proviennent d'Amérique du Nord[3], où les fossiles de C. venator ont été trouvés principalement dans la moitié sud de la voie maritime intérieure de l'Ouest, qui avait un climat tempéré un peu plus chaud que la moitié nord[16]. Cardabiodon a traversé l'optimum climatique du Cénomanien-Turonien[10], qui a entraîné une modification de l'environnement et l'apparition et la radiation évolutive de nouvelles formes comme les mosasaures[16].

Les sites du Cénomanien de la voie maritime intérieure de l'Ouest ont livré de nombreux fossiles de vertébrés marins, qu'un superprédateur comme Cardabiodon aurait pu attaquer. Ceux-ci incluent de nombreux requins, notamment des lamniformes comme Cretodus, Cretalamna, Protolamna (en), Cretoxyrhina et Squalicorax, ainsi que des hybodontes comme l'énigmatique Ptychodus et Hybodus, de grands poissons osseux, tels que Protosphyraena, Pachyrhizodus, Enchodus et Xiphactinus, des proto-oiseaux marins comme Pasquiaornis (en) et Ichthyornis, des reptiles marins tels que les élasmosauridés et les plésiosaures polycotylidés, le pliosaure Brachauchenius, les tortues marines protostegidés et des squamates aquatiques tels que Coniasaurus crassidens[16].

Le site de Gearle Siltstone, en Australie-Occidentale, était principalement dominé par Cretalamna, mais d'autres requins tels que Squalicorax, Archaeolamna, Paraisurus (en), Notorhynchus (en), Leptostyrax (en) et Carcharias étaient présents, ainsi que des pliosaures dont a trouvé des restes fragmentaires[17]. Dans d'autres parties de l'Australie-Occidentale vivaient au Cénomanien des ichthyosaures, comme Platypterygius[18].

Les faunes benthiques étaient rares à cette époque, en particulier dans les eaux plus septentrionales habitées par Cardabiodon. Cela était principalement dû à des niveaux d'oxygène plus faibles[16], causés par l'évènement du Cénomanien-Turonien, qui a conduit à l'extinction de pas moins de 27 % des invertébrés marins[19].

Zone de naissance

Comme de nombreux requins actuels, Cardabiodon utilisait des zones d'alevinage pour donner naissance à ses petits, de préférence dans des eaux peu profondes qui offrent une protection naturelle contre les prédateurs. Une zone des schistes de Carlile, dans le Montana, a été identifiée comme site d'alevinage en raison de l'abondance des fossiles de juvéniles de Cardabiodon[2]. D'autres sites de la voie maritime intérieure de l'Ouest, notamment la formation de Kaskapau (en), dans le nord-ouest de l'Alberta, et la formation de Greenhorn, dans le centre du Kansas, ont également livré des fossiles de juvéniles[20]. Ceux-ci étant largement absents ailleurs, cela a conduit à suggérer que la voie maritime intérieure de l'Ouest dans son ensemble aurait pu servir de zone d'alevinage pour Cardabiodon[3].

Notes et références

Notes

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Cardabiodon » (voir la liste des auteurs).
  1. Sur un blog, Siverson affirme que les plus grandes dents de Cardabiodon trouvĂ©es sont jusqu'Ă  15 % plus grandes que celles de l'holotype[12]. Cependant, ces Ă©lĂ©ments n'ont pas Ă©tĂ© officiellement publiĂ©s dans la littĂ©rature scientifique.
  2. Ceci est basé sur l'interprétation de Dickerson et al. (2012), qui utilise une terminologie plus courante[8].

Références

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  2. (en) Mikael Siverson et Johan Lindgren, « Late Cretaceous sharks Cretoxyrhina and Cardabiodon from Montana, USA », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 50, no 2,‎ , p. 301-314 (résumé, lire en ligne [PDF])
  3. (en) Michael G. Newbrey, Mikael Siverson, Todd D. Cook, Allison M. Fotheringham et Rebecca L. Sanchez, « Vertebral Morphology, Dentition, Age, Growth, and Ecology of the Large Lamniform Shark Cardabiodon ricki », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 60, no 4,‎ , p. 877-897 (DOI 10.4202/app.2012.0047 Accès libre, S2CID 56258221)
  4. (ru) Leonid S. Glickman, « Genetic relations of the Lamnidae and Odontaspidae and new genera of lamnids from the Upper Cretaceous », Trudy Geologicheskogo Muzeia Akademiia Nauk SSSR, vol. 1,‎ , p. 110-117
  5. (en) Arthur S. Wooward, « Notes on the sharks' teeth from British Cretaceous formations », Proceedings of the Geologists' Association, vol. 13, no 6,‎ , p. 190-200 (DOI 10.1016/S0016-7878(94)80009-4, S2CID 130309655, lire en ligne [PDF])
  6. Jaques Herman, Les Sélaciens des terrains néocrétacés & paléocènes de Belgique & des contrées limitrophes : éléments d'une biostratigraphie intercontinentale, Bruxelles, Service géologique de Belgique, , 401 p. (OCLC 612294375)
  7. (en) Mikael Siverson, « Lamniform sharks of the mid Cretaceous Alinga Formation and Beedagong Claystone, Western Australia », Palaeontology, vol. 39, no 4,‎ , p. 813-849 (résumé, lire en ligne [PDF])
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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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