Juan VigĂłn
Juan VigĂłn Suero-DĂaz (Colunga, 1880 - Madrid, 1955) Ă©tait un militaire, homme politique, enseignant, haut fonctionnaire et auteur espagnol.
Juan VigĂłn Suero-DĂaz | ||
Juan VigĂłn photographiĂ© par JalĂłn Ăngel en 1930. | ||
Naissance | Colunga |
|
---|---|---|
DĂ©cĂšs | (Ă 74 ans) Madrid |
|
AllĂ©geance | Royaume dâEspagne ; Camp rebelle ; Espagne franquiste |
|
Arme | Armée de terre | |
Grade | Lieutenant-général | |
AnnĂ©es de service | Juillet 1900 â?Octobre 1948 | |
Commandement | ArmĂ©e du Centre (camp rebelle) ; ArmĂ©e du Nord (camp rebelle) ; Ătat-major franquiste |
|
Conflits | Guerre du Rif ; Guerre civile espagnole |
|
Faits d'armes | Campagne du Nord ; Bataille de Teruel ; Bataille de lâĂbre ; Campagne de Catalogne |
|
Distinctions | MĂ©daille militaire (1937) ; Grand croix de lâordre de Saint-HermĂ©nĂ©gilde (1941) ; Grand croix de lâordre du MĂ©rite militaire (1943) |
|
Hommages | Grand croix de lâordre dâAlphonse X le Sage (1952) | |
Autres fonctions | Ministre de lâArmĂ©e de lâair (juin 1940-juillet 1945) ; Directeur de lâĂcole supĂ©rieure de lâarmĂ©e ; Membre du Conseil du royaume ; PrĂ©sident de la Commission de lâĂ©nergie nuclĂ©aire ; PrĂ©sident de lâInstitut national de technique aĂ©ronautique ; Vice-prĂ©sident du Conseil de lâĂ©conomie nationale |
|
Famille | FrĂšre de Jorge VigĂłn Suero-DĂaz | |
Ă lâissue dâune formation militaire de haut niveau (gĂ©nie militaire, brevet dâĂ©tat-major), VigĂłn fut versĂ© dans des unitĂ©s du gĂ©nie tant en mĂ©tropole que dans des zones de combat au Maroc, avant dâenseigner dans des acadĂ©mies militaires et de faire office (de 1924 Ă 1931) de prĂ©cepteur pour les princes royaux. Monarchiste et catholique, il opta, au dĂ©but du biennat rouge (1931â?933) de la Seconde RĂ©publique rĂ©cemment proclamĂ©e, pour le dĂ©part Ă la retraite, mais accepta nĂ©anmoins, sous le biennat noir, lâinvitation Ă apporter son concours Ă la rĂ©pression de la RĂ©volution asturienne dâ?time class="nowrap" datetime="1934-10" data-sort-value="1934-10">octobre 1934.
Ă lâ?a href="Soul%C3%A8vement_nationaliste_des_17_et_18_juillet_1936_en_Espagne.html" title="SoulĂšvement nationaliste des 17 et 18 juillet 1936 en Espagne">Ă©clatement de la guerre civile en , il rallia le camp nationaliste, aida, comme chef dâĂ©tat-major, Ă redĂ©finir la stratĂ©gie rebelle, et eut une part importante dans la conquĂȘte de la corniche cantabrique dĂ©but 1937, dans les batailles de Teruel et de lâ?a href="Bataille_de_l'%C3%88bre.html" title="Bataille de l'Ăbre">Ăbre en 1938, et dans lâ?a href="Offensive_de_Catalogne.html" title="Offensive de Catalogne">offensive de Catalogne (fin 1938âdĂ©but 1939). De 1940 Ă 1945, il exerça comme ministre de lâArmĂ©e de lâair, mais, naguĂšre germanophile, fut sacrifiĂ© dans lâimmĂ©diat aprĂšs-guerre, quand il sâagit pour le rĂ©gime franquiste de faire bon visage, en faisant oublier ses accointances avec le nazisme. Il remplit ensuite plusieurs hautes fonctions administratives (prĂ©sident de la Commission de lâĂ©nergie nuclĂ©aire et de lâInstitut national de technique aĂ©ronautique, etc.) et fut membre du Conseil du Royaume.
Biographie
PremiĂšres annĂ©es et carriĂšre dâenseignant
Juan VigĂłn vint au monde en 1880 Ă Colunga, dans la province dâ?a href="Asturies.html" title="Asturies">Oviedo[1], et avait pour pĂšre Braulio VigĂłn Casquero, historien et anthropologue reconnu, originaire de Mieres, professeur Ă lâInstitut royal Jovellanos Ă GijĂłn, rĂ©cipiendaire de la mĂ©daille du MĂ©rite de lâ?a href="Acad%C3%A9mie_royale_d'histoire.html" title="AcadĂ©mie royale d'histoire">AcadĂ©mie royale d'histoire, et pour mĂšre Rosario SuerodĂaz Montoto, native de Colunga. Le , alors ĂągĂ© de seize ans, il rĂ©solut de mettre ses pas dans ceux de son grand-pĂšre paternel, officier de la Garde civile, et entra sur concours Ă lâAcadĂ©mie dâingĂ©nieurs de Guadalajara, oĂč il eut pour condisciples Eduardo BarrĂłn y Ramos de Sotomayor et Emilio Herrera Linares. En , porteur du grade de lieutenant, il fut versĂ© dans le 1er rĂ©giment de sapeurs-mineurs, en garnison Ă Logroño, sollicita en novembre dâĂȘtre mutĂ© Ă GijĂłn, revint en Ă Logroño, mais fut bientĂŽt dĂ©placĂ© Ă nouveau vers GijĂłn[2].
AprĂšs la dissolution de son rĂ©giment en 1905, il prit du service dans celui des pontonniers, Ă©tabli Ă Saragosse. En , il monta au grade de capitaine par effet dâanciennetĂ© et reçut une affectation Ă Valladolid, au 6e rĂ©giment mixte du gĂ©nie[2].
En aoĂ»t de la mĂȘme annĂ©e 1906, il participa au concours dâentrĂ©e Ă lâĂcole supĂ©rieure de guerre en vue dâobtenir le diplĂŽme dâĂtat-major. AprĂšs achĂšvement du programme dâĂ©tudes thĂ©oriques, il accomplit en les stages pratiques nĂ©cessaires Ă lâobtention dudit diplĂŽme, dâabord dans la ville de Ceuta au Maroc, puis Ă Madrid et Ă Ibiza. En , en mĂȘme temps quâĂ©tait reconnu son aptitude au service dâĂ©tat-major, il se vit accorder six mois de congĂ© pour faire un voyage Ă Buenos Aires, oĂč il contracta mariage en octobre avec MarĂa Esther SĂĄnchez Pertierra[2].
En , il fut affectĂ© au 5e rĂ©giment mixte du gĂ©nie, situĂ© Ă San SebastiĂĄn, dâoĂč il fut mutĂ© en vers le rĂ©giment mixte du gĂ©nie de Ceuta et placĂ© Ă la tĂȘte de la compagnie de sapeurs dĂ©tachĂ©e Ă TĂ©touan. Pendant son bref sĂ©jour dans le protectorat du Maroc, il rĂ©alisa divers travaux de campagne, dont notamment lâamĂ©nagement dâun ensemble de routes destinĂ©es Ă faciliter la dĂ©fense de la ville et le mouvement des colonnes qui combattaient El Raisuni, et indirectement, le transport et le commerce[2] - [3].
Revenu ensuite au rĂ©giment mixte dâingĂ©nieurs de San SebastiĂĄn, il se signala en 1913 par lâĆuvre historique quâil accomplit au sujet des fortifications de cette ville et du siĂšge quâelle subit en 1813, ce qui lui valut dâĂȘtre nommĂ© chevalier de lâ?a href="Ordre_d'Alphonse_XII.html" title="Ordre d'Alphonse XII">ordre civil dâAlphonse XII.
Pendant la guerre du Rif, il retourna au Maroc, oĂč il obtint la croix du MĂ©rite militaire en rĂ©compense de son action lors de lâassaut de Koudia es-Seriya[4]. En , il retourna Ă San SebastiĂĄn et se rĂ©intĂ©gra dans son ancien rĂ©giment, qui avait pris nom de 1er rĂ©giment de sapeurs[2].
Ă partir du , VigĂłn enseigna comme professeur auxiliaire Ă lâAcadĂ©mie dâingĂ©nieurs de Guadalajara, oĂč il Ă©tait titulaire des cours dâ?a href="Strat%C3%A9gie_militaire.html" title="StratĂ©gie militaire">Art militaire, de Communications militaires, de GĂ©ographie militaire et dâ?a href="Histoire_militaire.html" title="Histoire militaire">Histoire militaire. En , il fut destinĂ© Ă lâĂ©tat-major central, oĂč il fut promu commandant en septembre par effet dâanciennetĂ©, et Ă partir de cumula son poste dâenseignant avec la charge de membre de la Commission de rĂ©daction du rĂšglement des services de campagne[2].
En , il monta par anciennetĂ© au grade de lieutenant-colonel sans changer dâaffectation. Quatre annĂ©es plus tard, une fois rempli le dĂ©lai fixĂ© pour pouvoir occuper le poste dâaide de camp du roi, en lâespĂšce dâ?a href="Alphonse_XIII.html" title="Alphonse XIII">Alphonse XIII, celui-ci, lui ayant trouvĂ© toutes les qualitĂ©s requises, le dĂ©signa pour prĂ©cepteur du prince des Asturies, Alphonse de Bourbon, et des infants don Jaime, don Juan et don Gonzalo, tout en le rattachant Ă sa Maison militaire. En , VigĂłn cessa dâĂȘtre prĂ©cepteur du prince des Asturies et de lâinfant don Jaime, mais poursuivit sa mission auprĂšs de leurs deux frĂšres cadets[2].
DeuxiĂšme RĂ©publique
En 1931, Ă la suite de la proclamation de la DeuxiĂšme RĂ©publique, ses opinions monarchistes poussĂšrent VigĂłn Ă quitter lâ?a href="Forces_arm%C3%A9es_espagnoles.html" title="Forces armĂ©es espagnoles">armĂ©e en se prĂ©valant de la loi Azaña sur les dĂ©parts volontaires Ă la retraite[5]. En septembre de la mĂȘme annĂ©e, aprĂšs avoir passĂ© quatre mois en Suisse en compagnie de la famille royale, il Ă©lut domicile avec sa femme et ses neuf enfants Ă Caravia, hameau Ă proximitĂ© de Colunga, dans les Asturies, oĂč sa femme avait continuĂ© de rĂ©sider. En , quand la colonne navarraise en provenance de Bilbao et dĂ©pĂȘchĂ©e sur la ville dâ?a href="Oviedo.html" title="Oviedo">Oviedo pour y rĂ©primer la rĂ©volte ouvriĂšre traversa les environs de Caravia, le commandant en chef de ladite colonne, le lieutenant-colonel Solchaga, le pria de se joindre Ă eux en tant que chef dâĂ©tat-major[2]. Par son action â?discrĂšte mais dĂ©cisive â? VigĂłn aida alors Ă la reprise en mains militaire dâOviedo[6]. AprĂšs que la colonne se fut cantonnĂ©e Ă Langreo, VigĂłn, lieutenant-colonel en retraite, sâen retourna chez lui en novembre[2].
Il devint, aux cĂŽtĂ©s de son frĂšre Jorge â?/span> gĂ©nĂ©ral de brigade et futur ministre des Travaux publics dans le huitiĂšme gouvernement de l'Ătat espagnol (1957-1962) â?/span>, lâun des membres le plus en vue de lâ?a href="Uni%C3%B3n_Militar_Espa%C3%B1ola.html" title="UniĂłn Militar Española">UniĂłn Militar Española, association fondĂ©e au lendemain du coup dâĂtat avortĂ© du , et considĂ©rĂ©e gĂ©nĂ©ralement comme le pendant de droite des Juntas de Defensa[7].
Guerre civile
Au dĂ©but de , la victoire Ă©lectorale du Front populaire porta VigĂłn Ă dĂ©mĂ©nager avec sa famille pour Buenos Aires, avec lâintention de se fixer dĂ©finitivement en Argentine[2], oĂč il avait des intĂ©rĂȘts de famille. Cependant, en juillet, quand il eut appris quâune bonne part de ses confrĂšres sâĂ©taient rebellĂ©s en armes contre le gouvernement de Front populaire, il prit le chemin du retour et se transporta, en passant par Lisbonne en aoĂ»t, en un peu plus dâune vingtaine de jours (en ce compris le voyage par mer), vers Burgos, oĂč il eut une rencontre avec le gĂ©nĂ©ral Mola, qui lui ordonna de se rendre Ă Pampelune et de sâintĂ©grer dans lâĂ©tat-major de la colonne du colonel Beorlegui, laquelle faisait mouvement vers IrĂșn et San SebastiĂĄn pour sâen emparer[8] - [2]. Cet objectif atteint en , VigĂłn, promu colonel en , fut nommĂ© chef dâĂ©tat-major des Brigades navarraises rĂ©cemment crĂ©Ă©es, et Ă partir de dâoctobre Ă©labora Ă ce titre un plan dâaction oĂč la faiblesse de lâennemi et sa scission en deux zones Ă©taient habilement exploitĂ©es. LâarmĂ©e du Nord commença son offensive le par lâattaque de la Biscaye, qui se solda par la dĂ©faite des troupes envoyĂ©es par le gouvernement basque contre la province dâ?a href="Province_d'%C3%81lava.html" title="Province d'Ălava">Ălava, suivie de l'invasion de la province de Santander, puis enfin de la prise des Asturies. Cette campagne permit donc au camp nationaliste et Ă VigĂłn â?/span> placĂ© sous les ordres de Mola, puis, aprĂšs la mort accidentelle de celui-ci en juin, de DĂĄvila â?/span> de se rendre maĂźtre de toute la corniche cantabrique en l'espace de quelques mois. Les Brigades navarraises furent la principale force de choc dans cette campagne du Nord, et tant Mola que DĂĄvila durent reconnaĂźtre que la victoire Ă©tait due pour une grande part Ă la direction et planification des opĂ©rations du colonel VigĂłn[2]. En reconnaissance de son commandement lors de lâoffensive depuis le fleuve Deba jusquâĂ?la prise de GijĂłn, VigĂłn obtint la mĂ©daille militaire[9] - [2] et, sitĂŽt aprĂšs la conquĂȘte de la Cantabrie, son ascension au grade de gĂ©nĂ©ral[10] - [2].
Tout au long de la Guerre civile, il poursuivit sa discrĂšte, mais dĂ©cisive mission de « supercommandant en chef » (superjefe) de lâĂ©tat-major du gĂ©nĂ©ral DĂĄvila ou de celui du gĂ©nĂ©ral Franco. Lâ?a href="Histoire_militaire.html" title="Histoire militaire">historien militaire MartĂnez de Campos souligne Ă propos du travail de reconnaissance prĂ©cĂ©dant lâoffensive contre la Ceinture de fer de Bilbao :
« Le colonel VigĂłn conseille. Il nâĂ©tait pas le commandant en chef, pas mĂȘme chef dâĂ©tat-major... Il Ă©tait seulement â?span> ainsi que lui-mĂȘme le disait lorsquâon lâinterrogeait â?âJuan VigĂłnâ?span class="mw-ref reference" id="cite_ref-11">[11]. »
Quand en , lâoffensive contre Madrid Ă©choua Ă la suite de la dĂ©faite de Guadalajara, VigĂłn sut convaincre Franco sur deux points : la nĂ©cessitĂ© de mettre un terme Ă lâautonomie des volontaires italiens (CTV), et lâabandon de lâobsession de vouloir conquĂ©rir Madrid. Ricardo de la Cierva note :
« Sâen Ă©tant convaincu, grĂące en partie Ă lâinsistance des gĂ©nĂ©raux Juan VigĂłn et KindelĂĄn, Franco dĂ©cide, dans un premier temps, de supprimer la relative autonomie du CTV, quâil intĂ©grera dĂ©sormais pleinement dans son armĂ©e et, en deuxiĂšme lieu, dâabandonner lâobsession sur Madrid et de diriger toutes ses forces opĂ©rationnelles et de rĂ©serve vers la sous-zone rĂ©publicaine du Nord. Cette dĂ©cision des plus perspicaces, prise Ă la suite des dĂ©boires du Jarama et de Guadalajara, lui permettra la conquĂȘte dĂ©finitive de la supĂ©rioritĂ© matĂ©rielle et stratĂ©gique, et avec elles, de remporter la victoire. Câest lĂ la dĂ©cision militaire la plus importante de toute la guerre dâEspagne et de toute la vie militaire de Franco[12]. »
En effet, VigĂłn (et avec lui dâautres hauts commandants ainsi que les chefs de la lĂ©gion Condor) s'Ă©tait avisĂ© que le front de Madrid Ă©tait dĂ©fendu par un fort nombre de combattants rĂ©publicains, Ă©quipĂ©s de nouvelles armes soviĂ©tiques et dĂ©tenant la supĂ©rioritĂ© aĂ©rienne, et Ă©tait dâopinion quâil fallait en prioritĂ© porter ses efforts sur la zone nord, qui possĂ©dait la majeure partie de lâ?a href="Industrie_lourde.html" title="Industrie lourde">industrie lourde, des mines de charbon et de fer, une population qualifiĂ©e et lâindustrie dâarmement, et dont la conquĂȘte pourrait renverser lâĂ©quilibre des forces[13].
En , sitĂŽt conquises les Asturies, et aprĂšs que les Brigades navarraises eurent Ă©tĂ© reconfigurĂ©es en divisions autonomes, DĂĄvila dĂ©cida de nommer VigĂłn chef dâĂ©tat-major de lâarmĂ©e du Nord[2]. Ă ce titre, VigĂłn mit sur pied lâarmĂ©e du Centre, dont le quartier-gĂ©nĂ©ral fut Ă©tabli dĂ©but dĂ©cembre Ă Medinaceli et qui rĂ©unissait un trĂšs puissant contingent opĂ©rationnel constituĂ© dâunitĂ©s qui avaient combattu dans le Nord, de forces africaines et des Italiens. Le duc de la Torre, compagnon dâarmes et commandant en chef de lâartillerie, le qualifiait de « super-chef dâĂ©tat-major », avec mission dâassister, voire de supplĂ©er â?/span> si besoin Ă©tait â?/span> son supĂ©rieur immĂ©diat[14]. VigĂłn se transporta donc, en mĂȘme temps que le quartier-gĂ©nĂ©ral, Ă Medinaceli pour y prĂ©parer lâopĂ©ration prĂ©vue contre Guadalajara. Le gouvernement rĂ©publicain ayant eu vent des plans franquistes, VigĂłn opta pour une attaque-surprise Ă Teruel, ce qui eut pour effet que le principal thĂ©Ăątre dâopĂ©ration devint dĂ©sormais et jusquâĂ?la fin de la guerre les zones de la MĂ©diterranĂ©e[2]. La reconquĂȘte de Teruel par les RĂ©publicains en entraĂźna la reconstitution de lâarmĂ©e du Nord, Ă laquelle VigĂłn fut affectĂ©, intervenant alors dans la bataille d'Alfambra, dans lâ?a href="Offensive_d'Aragon.html" title="Offensive d'Aragon">offensive d'Aragon[15], dans la bataille de l'Ăbre, et enfin dans lâ?a href="Offensive_de_Catalogne.html" title="Offensive de Catalogne">offensive de Catalogne, opĂ©ration Ă lâissue de laquelle cette armĂ©e disparut, VigĂłn restant ensuite attachĂ© au quartier-gĂ©nĂ©ral jusquâĂ?la fin de la Guerre civile. Une fois encore, VigĂłn fit figure dâexcellent directeur dâopĂ©ration et les victoires remportĂ©es Ă Alfambra et Ă Teruel, ainsi que la vertigineuse exploitation de lâavantage obtenu au nord et au sud de lâ?a href="%C3%88bre.html" title="Ăbre">Ăbre par laquelle lâarmĂ©e du Nord perça respectivement jusquâĂ?LĂ©rida et jusquâau littoral mĂ©diterranĂ©en, sont dues dans une large mesure Ă son savoir-faire[2].
Sous le franquisme
Franco, trĂšs reconnaissant Ă VigĂłn de son action, le rattacha Ă son quartier-gĂ©nĂ©ral de Burgos, oĂč il resta jusquâĂ?ce que Franco eut dĂ©cidĂ© le de remplacer son cabinet de guerre par un nouveau gouvernement et, du mĂȘme coup, de dĂ©composer le ministĂšre de la DĂ©fense nationale en trois ministĂšres distincts, ceux de lâarmĂ©e de Terre, de la Marine et de lâArmĂ©e de lâair, et dâinstituer dans la foulĂ©e, afin dâassurer la coordination entre les trois armes, un Haut Ătat-major, dont lâorganisation et la mise en marche, puis la direction furent confiĂ©es au gĂ©nĂ©ral VigĂłn, qui se voyait ainsi investi dâun rĂŽle dâune extraordinaire importance[16] - [2]. La mĂȘme charge Ă©chut ensuite Ă Francisco MartĂn Moreno quand VigĂłn fut dĂ©signĂ© pour remplacer Juan YagĂŒe comme ministre de lâArmĂ©e de lâair en [17], poste que VigĂłn occupera jusquâau , date Ă laquelle vint le remplacer le gĂ©nĂ©ral Eduardo GonzĂĄlez-Gallarza.
Seconde Guerre mondiale
Entre-temps, dĂšs avant sa nomination comme ministre, câest Ă Juan VigĂłn quâavait Ă©tĂ© confiĂ©e la premiĂšre action exploratoire destinĂ©e Ă aligner plus complĂštement lâEspagne sur le IIIe Reich, et oĂč VigĂłn aurait Ă exposer aux Allemands les problĂšmes militaires de lâEspagne[18]. Le , Ă la faveur de son voyage officiel en Allemagne, Franco le missionna personnellement de remettre Ă Hitler[19] une lettre le fĂ©licitant pour « les succĂšs obtenus », mais en lâÂ?span> excusant de ne pouvoir dĂ©clarer la guerre, car en ce cas, les alliĂ©s ne tarderaient pas Ă sâemparer des Canaries » ; en mĂȘme temps, Juan VigĂłn faisait part, pour la premiĂšre fois, du dĂ©sir de lâEspagne dâavoir sous sa tutelle la totalitĂ© du Maroc. L'historien Luis SuĂĄrez FernĂĄndez note :
« Ce mĂȘme jour, dans un chĂąteau en Belgique, Adolf Hitler, exultant de joie, recevait la visite de lâenvoyĂ© spĂ©cial de Franco, Juan VigĂłn â?monarchiste catholique, comme le dĂ©crivaient ses propres services de renseignements â? porteur dâune lettre en date du . Devant le maĂźtre de lâEurope, le gĂ©nĂ©ral espagnol eut Ă dĂ©ployer, pour la premiĂšre fois, le jeu pĂ©rilleux des demandes Ă deux facettes, celle des revendications territoriales susceptibles de conduire Ă une nouvelle configuration des sphĂšres dâinfluence en MĂ©diterranĂ©e et en Afrique, et celle des grands besoins en armes, vĂ©hicules, carburants et vivres. [...] Pour la premiĂšre fois, VigĂłn reçut de Hitler une dĂ©claration en bonne et due forme : lâAllemagne voulait que lâEspagne entre en guerre, afin de contribuer ainsi Ă lâĂ©dification de lâEurope nouvelle[20]. »
LâexpĂ©rience de son entrevue avec Hitler conduisit VigĂłn Ă postuler devant Franco la nĂ©cessitĂ© de soutenir le marĂ©chal PĂ©tain de sorte que la France puisse conserver ses colonies, trĂšs convoitĂ©es alors par lâ?a href="Italie_fasciste.html" title="Italie fasciste">Italie de Mussolini. Deux jours plus tard, Franco limogea du poste de ministre de lâArmĂ©e de lâair le gĂ©nĂ©ral YagĂŒe, chef de file de la faction germanophile (laquelle prĂ©conisait un changement de rĂ©gime et militait en faveur de lâentrĂ©e en guerre de lâEspagne) et le bannit dans son village natal de San Leonardo, dans la province de Soria, et ce en raison dâun diffĂ©rend de YagĂŒe avec RamĂłn Serrano SĂșñer, beau-frĂšre de Franco et alors tout-puissant[21]. Pour le remplacer, Franco arrĂȘta son choix sur VigĂłn â?/span> certes monarchiste traditionnaliste, mais plus discret et circonspect que son prĂ©dĂ©cesseur â?/span>, quâil Ă©leva au rang de gĂ©nĂ©ral de division pour mĂ©rites de guerre, et quâil maintint Ă ce poste ministĂ©riel jusquâĂ?la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette nomination fut ressentie comme un coup dur par le clan des aviateurs, des opinions politiques desquels VigĂłn se mĂ©fiait, en particulier de celles de KindelĂĄn, chef efficace de la force aĂ©rienne nationaliste durant la Guerre civile, mais notoirement partisan dâun changement de rĂ©gime en faveur de la monarchie[2].
Le et le , VigĂłn eut deux entretiens en face Ă face avec lâamiral Wilhelm Canaris, oĂč furent abordĂ©s quelques aspects de lâ?a href="Op%C3%A9ration_Felix.html" title="OpĂ©ration Felix">opĂ©ration Felix et oĂč VigĂłn se vit offrir le concours de parachutistes allemands en vue dâune attaque contre Gibraltar. Cependant, le ministre espagnol lui communiqua que lâEspagne nâavait pas fait le moindre prĂ©paratif en ce sens[22]. Tant Juan VigĂłn que Carlos MartĂnez de Campos signalĂšrent Ă Canaris que la seule Ă©ventualitĂ© oĂč Franco serait prĂȘt Ă admettre des contingents allemands sur le sol espagnol Ă©tait lâoccurrence dâune invasion alliĂ©e directe.
Avant de quitter le territoire espagnol pour aller sâentretenir Ă Bordighera avec Mussolini, Franco remit les pleins pouvoirs Ă un triumvirat composĂ© de JosĂ© Enrique Varela, Juan VigĂłn et Esteban Bilbao, tous trois monarchistes traditionalistes, et non germanophiles[23]. Si quelque imprĂ©vu devait survenir, lâEspagne aurait Ă ĂȘtre dirigĂ©e par eux dans la rĂ©sistance contre les Allemands[24]. Dâautre part, lors de la premiĂšre sĂ©ance du Conseil des ministres tenue le , Juan VigĂłn affirma devant Franco la nĂ©cessitĂ© de nommer un prĂ©sident de gouvernement[25].
Face Ă la conflagration mondiale, VigĂłn Ă©tait favorable Ă ce que ne soient menĂ©es que des actions politiques compatibles avec la neutralitĂ© espagnole de façon Ă Ă©viter lâintervention des Ătats-Unis, Ă ce que lâEspagne renonce Ă ses prĂ©tentions sur le Maroc français, et Ă ce que les routes commerciales soient maintenues ouvertes. Ces arguments avaient lâappui de lâarmĂ©e et furent dĂ©veloppĂ©s par Ă©crit Ă lâintention du Caudillo[26]. Luis SuĂĄrez FernĂĄndez relate :
« En rĂ©union du Conseil des ministres, Serrano SĂșñer expliqua quels Ă©taient ses projets de riposte aux manĆuvres de Darlan : lâEspagne devait sâunir plus Ă©troitement Ă lâItalie pour rĂ©sister aux pressions allemandes et françaises et pour sâassurer une partie dĂ©cisive en Afrique du Nord. Toutefois, le gĂ©nĂ©ral VigĂłn, ministre de lâArmĂ©e de lâair, qualifia dâĂ©tourdie cette proposition : se transformer en satellite de lâItalie ne rĂ©solvait rien, et pouvait en rĂ©action provoquer le blocus britannique, ce qui nous pousserait Ă la guerre, dans laquelle, Ă nâen pas douter, nous subirions le mĂȘme sort que les Italiens en Abyssinie ou en GrĂšce ; nous ne devons, conclut VigĂłn, nous laisser entraĂźner dans la guerre par personne[27]. »
Dans les premiers mois de son mandat, VigĂłn eut essentiellement Ă tĂąche de dresser, au moyen de visites dans les diffĂ©rentes bases, un Ă©tat de situation de la force aĂ©rienne. Ayant constatĂ© le dĂ©plorable Ă©tat de celle-ci, il se proposa de la rĂ©nover et mit au rebut de nombreux matĂ©riels remontant Ă la Guerre civile, en leur substituant les aĂ©ronefs alliĂ©s qui, pour quelque raison, sâĂ©taient vus forcĂ©s dâatterrir sur le sol ou dans les eaux territoriales espagnols, et acquit en outre des avions de fabrication nationale, Ă©tant donnĂ© lâimpossibilitĂ© dâen acquĂ©rir Ă lâĂ©tranger Ă cause de la guerre mondiale. Ă cet effet, il suscita une montĂ©e en puissance de lâ?a href="Secteur_a%C3%A9ronautique_et_spatial.html" title="Secteur aĂ©ronautique et spatial">industrie aĂ©ronautique espagnole, notamment par lâengagement de lâĂtat espagnol dans lâentreprise Construcciones AeronĂĄuticas, S. A. (acronyme CASA), Ă raison dâun tiers des actions, et fonda lâ?i>Institut national de technique aĂ©ronautique (INTA), puis plus tard la Direction gĂ©nĂ©rale de protection des vols, chargĂ©e dâinstaller et de mettre en Ćuvre des auxiliaires de navigation, jusque-lĂ quasi inexistants en Espagne. Promu lieutenant-gĂ©nĂ©ral et nommĂ© procureur aux Cortes en 1943, il crĂ©a lâ?i>AcadĂ©mie gĂ©nĂ©rale de lâAir, quâil implanta dans une ancienne base aĂ©ronavale de la province de Murcie, structura lâarmĂ©e de lâAir en rĂ©gions et en zones aĂ©riennes, et institua le Corps de spĂ©cialistes, afin de sâassurer de pouvoir disposer de mĂ©caniciens compĂ©tents. Sous son mandat, on envoya combattre contre lâ?a href="Union_sovi%C3%A9tique.html" title="Union soviĂ©tique">Union soviĂ©tique les dĂ©nommĂ©es Escadrilles bleues â?/span> par analogie Ă la Division bleue â?/span>, comme contrepartie de lâaide apportĂ©e Ă Franco par la LĂ©gion Condor pendant la Guerre civile. La compagnie Iberia fut nationalisĂ©e et intĂ©grĂ©e dans lâ?i>Institut national de lâindustrie (INI). Dâautre part, la construction fut lancĂ©e Ă Madrid dâun colossal siĂšge ministĂ©riel, dans le style herreriano, Ă lâemplacement de la Prison modĂšle dĂ©truite[2].
Positionnement monarchiste et immédiat aprÚs-guerre mondiale
Au dĂ©but de la guerre mondiale, la tentation Ă©tait pour les uns dâemboĂźter le pas Ă la marche triomphale des nazis et des fascistes, et pour les autres dâaffirmer les valeurs catholiques de rĂ©sistance. Les retombĂ©es du conflit mondial Ă©taient en Espagne, comme le note AndrĂ©e Bachoud, caricaturalement provinciales, et il nâĂ©tait pas rare que les dĂ©saccords entre phalangistes et monarchistes aboutissent Ă un duel. Il arriva ainsi que JosĂ© MarĂa PemĂĄn, directeur de lâ?a href="Acad%C3%A9mie_royale_espagnole.html" title="AcadĂ©mie royale espagnole">AcadĂ©mie, fit lâĂ©loge du dĂ©putĂ© monarchiste Calvo Sotelo Ă lâoccasion de lâanniversaire de son assassinat, mais que le frĂšre de JosĂ© Antonio Primo de Rivera, Miguel Primo de Rivera, prĂ©sent dans la salle, sâen offusqua, jugeant que cet Ă©loge trop fervent dâun monarchiste conservateur faisait de lâombre Ă son frĂšre, et provoqua PemĂĄn en duel. Des figures de premier plan, tels VigĂłn et Alonso Vega, acceptĂšrent dâĂȘtre les tĂ©moins de PemĂĄn. Cependant, lâaffaire finalement tourna court, car Franco sâinterposa pour Ă©viter le scandale[28].
VigĂłn faisait partie des monarchistes qui dans un premier temps cherchĂšrent lâappui de lâ?a href="Allemagne_nazie.html" title="Allemagne nazie">Allemagne pour contraindre Franco Ă restaurer la monarchie, avant de tourner ensuite le regard vers la Grande-Bretagne. Certaines personnalitĂ©s, comme VigĂłn et YagĂŒe, avaient mĂȘme jonglĂ© avec lâidĂ©e dâÂ?span> une monarchie phalangiste » appuyĂ©e par lâAllemagne comme meilleure solution aux divisions politiques du pays[29].
AprĂšs que les Allemands eurent eu connaissance de lâintention de Franco de restaurer la monarchie, Von Ribbentrop adressa au ministre de lâArmĂ©e de lâair, rĂ©putĂ© porte-parole de Juan de Bourbon, une invitation Ă titre individuel. Serrano SĂșñer sây opposa, et VigĂłn dut dĂ©cliner lâinvitation de son homologue Goering[30].
LâannĂ©e 1943 fut celle des impatiences monarchistes. Juan VigĂłn Ă©tait sans doute le plus caractĂ©risĂ© parmi les membres militaires du parti RenovaciĂłn Española[31], indĂ©fectiblement fidĂšles au Caudillo, au mĂȘme titre que nombre dâautres monarchistes. Au lendemain de la chute de Mussolini, le , la presse internationale annonça la mise en place en Espagne dâun directoire militaire, qui aurait pour mission de restaurer la monarchie et oĂč figureraient plusieurs gĂ©nĂ©raux, dont Juan VigĂłn[32]. Dans les milieux traditionalistes, le possible retour de la monarchie libĂ©rale Ă la façon de 1874 dĂ©clencha lâalarme, et dix-sept personnalitĂ©s Ă©minentes du carlisme rĂ©digĂšrent et signĂšrent un manifeste qui, par le truchement du gĂ©nĂ©ral VigĂłn, parvint aux mains de Franco[33].
Dans lâimmĂ©diat aprĂšs-guerre, Franco dut, dans lâespoir dâamadouer les grandes puissances victorieuses, consentir Ă un virage de sa politique et provoqua le dĂ©part en douceur de certaines personnalitĂ©s par trop emblĂ©matiques du rapprochement du franquisme avec le fascisme et le nazisme[34]. Aussi, en , Ă lâoccasion du remaniement ministĂ©riel destinĂ© Ă constituer un gouvernement plus prĂ©sentable aux yeux des vainqueurs de la guerre mondiale, VigĂłn sâavisa-t-il que lâheure Ă©tait venue de transmettre son dĂ©partement, bien consolidĂ©, Ă un aviateur, et recommanda Ă Franco pour le remplacer le gĂ©nĂ©ral Eduardo GonzĂĄlez Gallarza, chef dâĂ©tat-major de lâArmĂ©e de lâair depuis 1939 et pionnier de lâaviation espagnole[2]. Outre VigĂłn, passĂšrent aussi Ă la trappe Arrese, Lequerica, Primo de Rivera et AunĂłs, trop marquĂ©s par leur germanophilie[34].
VigĂłn passa Ă diriger lâĂcole supĂ©rieure de lâarmĂ©e et en fut Ă nouveau nommĂ© chef du Haut Ătat-major, fonction quâil cumula avec celle de directeur de ladite Ă©cole jusquâĂ?sa mise en disponibilitĂ© en , date Ă laquelle il fut dĂ©signĂ© pour siĂ©ger au Conseil du royaume. En 1951, Ă©levĂ© au grade de lieutenant-gĂ©nĂ©ral, il ajouta Ă ses fonctions antĂ©rieures celles de prĂ©sident de la Commission de lâĂ©nergie nuclĂ©aire (Junta de EnergĂa Nuclear) et de lâInstitut national de technique aĂ©ronautique (INTA), de vice-prĂ©sident du Conseil de lâĂ©conomie nationale, et de membre du Conseil national du Mouvement, postes quâil occupa jusquâĂ?sa mort en 1955[2].
RestĂ© loyal Ă Franco, il se vit rĂ©compensĂ© en 1955, Ă titre posthume, par lâoctroi du titre nobiliaire de marquis de VigĂłn, dont hĂ©rita son fils Juan RamĂłn VigĂłn SĂĄnchez, gĂ©nĂ©ral de division de lâarmĂ©e de terre. Ses restes furent inhumĂ©s dans le cimetiĂšre de Caravia, dans les Asturies[2].
Accord de 1953 avec les Ătats-Unis
AprĂšs la victoire Ă©lectorale dâ?a href="Dwight_D._Eisenhower.html" title="Dwight D. Eisenhower">Eisenhower le , lâEspagne et les Ătats-Unis signĂšrent en un accord dont les aspects militaires avaient Ă©tĂ© nĂ©gociĂ©s par Juan VigĂłn et par le gĂ©nĂ©ral amĂ©ricain August W. Kissner. Ledit accord impliquait, pour le cas oĂč se produirait une guerre entre les Ătats-Unis et lâ?a href="Union_sovi%C3%A9tique.html" title="Union soviĂ©tique">Union soviĂ©tique, lâabandon de la traditionnelle neutralitĂ© espagnole, dĂ©sormais jugĂ©e hors-saison[35]. Durant ces nĂ©gociations, le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres, avec Ă sa tĂȘte Alberto MartĂn-Artajo, se trouva totalement marginalisĂ©, VigĂłn faisant office en effet de principal interlocuteur et Carrero Blanco de courroie de transmission de ce qui se parlementait au Pardo. Par la suite, VigĂłn eut la charge aussi de superviser lâarrivĂ©e du matĂ©riel et du personnel amĂ©ricain en Espagne[2].
Ă noter que par cet accord, les Ătats-Unis ne sâengageaient quâĂ?appuyer les capacitĂ©s dĂ©fensives de lâEspagne, notamment par la fourniture de matĂ©riel militaire, en Ă©change de quoi lâEspagne sâobligeait pour une pĂ©riode de dix ans Ă permettre lâutilisation dâune sĂ©rie de bases aĂ©riennes et navales sur son territoire, librement mobilisables en cas dâagression soviĂ©tique. Pour autant, la dĂ©fense mutuelle nâĂ©tait pas garantie, vu quâil nâĂ©tait pas prĂ©vu que lesdites bases soient activĂ©es en cas dâattaque directe contre le pays qui les hĂ©bergeait. De surcroĂźt, lâEspagne devait renoncer au principe de territorialitĂ© de ses lois pĂ©nales et accepter que les dĂ©lits commis par les militaires amĂ©ricains Ă lâintĂ©rieur ou Ă lâextĂ©rieur des bases soient du ressort exclusif de la juridiction amĂ©ricaine[2].
Inculpation posthume de crimes contre lâhumanitĂ© et de dĂ©tention illĂ©gale
En 2008, Juan VigĂłn fut lâun des 35 hauts gradĂ©s du franquisme mis en accusation par lâ?a href="Audience_nationale.html" title="Audience nationale">Audience nationale dans le cadre de la procĂ©dure engagĂ©e par le juge Baltasar GarzĂłn pour dĂ©lits prĂ©sumĂ©s dâincarcĂ©ration illĂ©gale et de crimes contre l'humanitĂ© commis au cours de la guerre civile et des premiĂšres annĂ©es du rĂ©gime de Franco. Toutefois, le juge dĂ©clara Ă©teinte la responsabilitĂ© pĂ©nale de VigĂłn, aprĂšs quâil eut reçu notification de son dĂ©cĂšs dĂ»ment certifiĂ©, survenu prĂšs de cinquante ans auparavant[36] - [37]. Lâinstruction de cette affaire fut Ă ce point polĂ©mique que GarzĂłn vint Ă ĂȘtre inculpĂ© lui-mĂȘme de prĂ©varication et dut passer en jugement ; cependant, il fut acquittĂ© par le Tribunal suprĂȘme[38].
Ăcrits
- (es) Manual pråctico de fortificación de campaña, Madrid, Imprenta del Memorial de Ingenieros del Ejército, , 118 p..
- (es) Historia de las fortificaciones de San SebastiĂĄn. Sitio de San SebastiĂĄn, San SebastiĂĄn/Zarauz, Ediciones del Excmo. Ayuntamiento de la Ciudad de San SebastiĂĄn/Talleres TipogrĂĄficos Icharopena, , 360 p. (lire en ligne) (en collaboration avec Juan Olavide et Braulio Albarellos).
RĂ©compenses
- MĂ©daille militaire (1937)[39] ;
- Grand croix de lâordre d'Isabelle la Catholique (1941)[40] ;
- Grand croix de lâordre de Saint-HermĂ©nĂ©gilde (1941)[41] ;
- Grand croix de lâordre du MĂ©rite militaire (1943)[42] ;
- Grand croix du trÚs distingué ordre royal de Charles III (1945)[43] ;
- Grand croix (avec distinction blanche) de lâordre du MĂ©rite aĂ©ronautique (1947)[44] ;
- Grand croix de lâordre dâAlphonse X le Sage (1952)[45].
Références
- (es) « Ha muerto el teniente general VigĂłn », ABC, Sevilla,â?/span> , p. 35 (lire en ligne).
- (es) F. Puell de la Villa, « Juan VigĂłn Suero-DĂaz », sur Diccionario biogrĂĄfico español, Madrid, AcadĂ©mie royale d'histoire, (consultĂ© le ).
- R. Casas de la Vega (1998), p. 140.
- Real Orden du 8 février 1916.
- Décret du 25 avril 1931 relatif aux départs à la retraite volontaires.
- R. Casas de la Vega (1998), p. 24.
- R. de la Cierva (1997), p. 871.
- R. Casas de la Vega (1998), p. 25 & 334.
- Ordonnance du 24 septembre 1937, BOE, no 345.
- DĂ©cret du , no 342.
- C. MartĂnez de Campos y Serrano (1970), p. 82.
- R. de la Cierva (1997), p. 985.
- (es) Stanley Payne et JesĂșs Palacios, Franco : Una biografĂa personal y polĂtica, Barcelona, Espasa, , 813 p. (ISBN 978-84-670-0992-7), p. 225-226
- C. MartĂnez de Campos y Serrano (1970), p. 124.
- Hugh Thomas le décrit comme « assesseur » de Franco, dans : La guerra civil española, p. 676.
- L. SuĂĄrez FernĂĄndez (2005), p. 127.
- F. AlĂa Miranda & Ă. R. del Valle Calzado (2008), p. 1083.
- S. G. Payne (2008), p. 119.
- L. SuĂĄrez FernĂĄndez (2005), p. 162-163.
- L. SuĂĄrez FernĂĄndez (2005), p. 164-165.
- L. SuĂĄrez FernĂĄndez (2005), p. 166 & 170.
- L. SuĂĄrez FernĂĄndez (2005), p. 170-171.
- Opinion non partagée par Hugh Thomas, qui considÚre Vigón comme germanophile, cf. La guerra civil española, p. 448.
- L. SuĂĄrez FernĂĄndez (2005), p. 191.
- S. G. Payne (2008), p. 316.
- VigĂłn Ă Franco, , archives de la Fondation nationale Francisco Franco, liasse 41, no 33.
- L. SuĂĄrez FernĂĄndez (2005), p. 164-169.
- Andrée Bachoud, Franco, ou la réussite d'un homme ordinaire, Paris, Fayard, , 530 p. (ISBN 978-2213027838), p. 209
- S. Payne & J. Palacios (2014), p. 335.
- L. SuĂĄrez FernĂĄndez (2005), p. 216-217.
- R. de la Cierva (1997), p. 1045-1046.
- L. SuĂĄrez FernĂĄndez (2005), p. 250.
- L. LĂłpez RodĂł (1976), p. 680-684.
- A. Bachoud (1997), p. 266.
- L. SuĂĄrez FernĂĄndez (2005), p. 434-435.
- (es) « Juzgado central de instrucciĂłn NÂș 005 Audiencia Nacional », El PaĂs, Madrid,â?/span> (lire en ligne).
- Document : Acte par lequel le juge GarzĂłn cesse lâinstruction dans lâaffaire du franquisme..
- (es) JosĂ© Yoldi et Julio M. LĂĄzaro, « El Supremo considera que GarzĂłn errĂł, pero no prevaricĂł, y lo absuelve », El PaĂs, Madrid,â?/span> (lire en ligne).
- SecretarĂa de Guerra : « Medalla Militar.- Orden.- Concede la Medalla Militar al Coronel de Ingenieros D. Juan VigĂłn SuĂĄrez-DĂaz, expresando mĂ©ritos contraĂdos », Bulletin officiel de l'Ătat, no 345,â?/span> , p. 3608-3609 (ISSN 0212-033X, lire en ligne).
- Jefatura del Estado : « Decretos de 6 de enero de 1941 por los que se concede la Gran Cruz de la Orden de Isabel la CatĂłlica a los Excmos. Sres. D. Salvador Moreno FernĂĄndez, Ministro de Marina; D. Juan VigĂłn SuerodĂaz, Ministro del Aire; D. Esteban Bilbao Eguia, Ministro de Justicia; D. JosĂ© Larraz LĂłpez, Ministro de Hacienda; D. Demetrio Carceller Segura, Ministro de Industria y Comercio; D. JoaquĂn Benjumea Burin, Ministro de Agricultura; D. JosĂ© Ibåñez MartĂn, Ministro de EducaciĂłn Nacional, y a D. Pedro Gamero del Castillo, Ministro Vicesecretario del Partido », Bulletin officiel de l'Ătat, no 8,â?/span> , p. 156-157 (ISSN 0212-033X, lire en ligne).
- Ministerio del EjĂ©rcito : « Decreto por el que se concede la Gran Cruz de San Hermenegildo al Excmo. Sr. General de DivisiĂłn don Juan VigĂłn Suerodiaz », Bulletin officiel de lâĂtat, no 36,â?/span> , p. 866 (ISSN 0212-033X, lire en ligne).
- Ministerio del EjĂ©rcito : « Decretos por los que se concede la Gran Cruz de la Orden del MĂ©rito Militar, con distintivo blanco, al General de DivisiĂłn don Juan VigĂłn SuerodĂaz, Ministro del Aire: a don Blas PĂ©rez GonzĂĄlez, Ministro de la GobernaciĂłn; a don Demetrio Carceller Segura, Ministro de Industria y Comercio: a don JosĂ© Antonio GirĂłn de Velasco, Ministro de Trabajo, y a don Alfonso Peña Boeuf, Ministro de Obras PĂșblicas », Bulletin officiel de l'Ătat, no 8,â?/span> , p. 262 (ISSN 0212-033X, lire en ligne).
- Presidencia del Gobierno : « Decretos de 20 de julio de 1945 por los que se concede la Gran Cruz de la Muy Distinguida Orden de Carlos III a don JosĂ© FĂ©lix de Lequerica y Erquiza, don Carlos Asensio Cabanillas, don Salvador Moreno FernĂĄndez, don Juan VigĂłn SuerodĂaz, don Eduardo AunĂłs PĂ©rez, don Demetrio Carceller Segura, don Miguel Primo de Rivera y Saenz de Heredia, don Alfonso Peña Boeuf y don Jose Luis de Arrese Magra », Bulletin officiel de lâĂtat, no 202,â?/span> , p. 521-522 (ISSN 0212-033X, lire en ligne).
- Ministerio del Aire : « Decreto de 28 de marzo de 1947 por el que se concede la Gran Cruz del MĂ©rito AeronĂĄutico, con distintivo blanco, al excelentĂsimo señor Teniente General don Juan VigĂłn SuerodĂaz », Bulletin officiel de lâĂtat, no 107,â?/span> , p. 2256 (ISSN 0212-033X, lire en ligne).
- Ministerio de EducaciĂłn Nacional : « Decreto de 28 de marzo de 1952 por el que se concede la Gran Cruz de la Orden Civil de Alfonso X el Sabio a don Juan VigĂłn SuerodĂaz », Bulletin officiel de lâĂtat, no 92,â?/span> , p. 1486 (ISSN 0212-033X, lire en ligne).
Bibliographie
- (es) Francisco AlĂa Miranda et Ăngel RamĂłn del Valle Calzado, La Guerra Civil en Castilla-La Mancha, 70 años despuĂ©s, Ediciones de la Universidad de Castilla-La Mancha, (ISBN 978-84-8427-555-8, lire en ligne)
- (es) Rafael Casas de la Vega, Seis Generales de la guerra civil : Vidas paralelas y desconocidas, Madrid, Editorial FĂ©nix, (ISBN 84-88787-24-3)
- (es) Ricardo de la Cierva, Historia total de España. Del hombre de Altamira al rey Juan Carlos. Lecciones amenas de historia profunda, Madrid, Fénix, (ISBN 84 88787-20-0)
- (es) Laureano LĂłpez RodĂł, La larga marcha a la monarquĂa, Barcelona, Noguer,
- (es) Carlos MartĂnez de Campos y Serrano, Ayer. Segunda Parte, Madrid, Instituto de Estudios PolĂticos,
- (es) Stanley Payne, Franco y Hitler. España, Alemania, la Segunda Guerra Mundial y el Holocausto, Madrid, Esfera, (ISBN 978-84-9734-709-9)
- (es) Luis SuĂĄrez FernĂĄndez, Franco, Barcelone, Ariel, (ISBN 84-344-6781-X)
- (es) Fernando Puell, Historia del Ejército en España, Madrid, Alianza, .
Liens externes
- (es) ArteHistoria, « VigĂłn SuerodĂaz, Juan », Junta de Castilla y LeĂłn
- (es) F. Puell de la Villa, « Juan VigĂłn Suero-DĂaz », sur Diccionario biogrĂĄfico español, Madrid, AcadĂ©mie royale d'histoire, (consultĂ© le )