AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Luis Carrero Blanco

Luis Carrero Blanco nĂ© le Ă  Santoña (Cantabrie) et mort assassinĂ© le Ă  Madrid, est un homme d'État et amiral espagnol, prĂ©sident du gouvernement du au .

Luis Carrero Blanco
Illustration.
Luis Carrero Blanco en 1967.
Fonctions
Président du gouvernement d'Espagne
–
(6 mois et 11 jours)
Chef de l'État Francisco Franco
Prédécesseur Francisco Franco
Successeur Torcuato Fernåndez-Miranda (intérim)
Carlos Arias Navarro
Vice-président du gouvernement
–
(5 ans, 10 mois et 18 jours)
Chef de l'État Francisco Franco
Président du gouvernement Francisco Franco
Prédécesseur Agustín Muñoz Grandes
Successeur Torcuato FernĂĄndez Miranda
Sous-secrétaire de la Présidence
–
(16 ans et 4 jours)
Chef de l'État Francisco Franco
Président du gouvernement Francisco Franco
Prédécesseur Aucun
Successeur Aucun
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Santoña (Espagne)
Date de décÚs
Lieu de décÚs Madrid (Espagne)
Nature du décÚs attentat politique
SĂ©pulture CimetiĂšre de Mingorrubio (Madrid)
Nationalité Espagnole
Parti politique FET de las JONS
Profession Marin militaire
Religion Catholicisme

Signature de Luis Carrero Blanco

Luis Carrero Blanco
Présidents du gouvernement d'Espagne

Homme fort du régime franquiste, il est tué par le groupe indépendantiste basque ETA quelques mois aprÚs avoir été nommé chef du gouvernement par le dictateur espagnol Francisco Franco.

Biographie

Origines et formation

Issu d’une famille de militaires, premier fils de Camilo Carrero GutiĂ©rrez (1879-1936), lieutenant-colonel de l’armĂ©e, Carrero Ă©tudie au Colegio Manzanedo de Santoña puis rejoint l’école navale de San Fernando en 1918[1]. Entre 1920 et 1921, il effectue un stage en AmĂ©rique du sud Ă  bord d’un croiseur. Il participe ensuite Ă  la Guerre du Rif (1924-1926). En 1935, il est nommĂ© professeur Ă  la Escuela de Guerra Naval (École de guerre navale) de Madrid[2].

Guerre Civile et Seconde guerre Mondiale

En 1936, quand Ă©clate la Guerre d'Espagne, il se trouve derriĂšre les lignes rĂ©publicaines dans son Ă©cole de Madrid. Pour Ă©viter d'ĂȘtre arrĂȘtĂ© par les forces gouvernementales aprĂšs l'Ă©chec du soulĂšvement de la caserne de la Montana, il se rĂ©fugie dans les ambassades mexicaine puis française. Il doit ensuite traverser le front afin de rejoindre le « camp des rebelles », oĂč il sert dans la marine pendant tout le conflit, occupant divers postes : officier sur le cuirassĂ© Alfonso XIII, commandant du destroyer Huesca et du sous-marin General Sanjurjo (GS) (de classe General Mola (GM), mais en rĂ©alitĂ© italien, de classe Archimede, cĂ©dĂ© par Mussolini aux franquistes).

En , il quitte le commandement de son sous-marin pour dĂ©barquer aux Ăźles Canaries et devenir chef d’état-major de la division des croiseurs, poste qu’il occupe jusqu’à la fin du mois d'. Juste avant la fin du conflit, il devint chef des opĂ©rations de l’état-major gĂ©nĂ©ral de la Marine.

Armoireries du Premier Duc de Carrero Blanco

AprĂšs la victoire franquiste et le dĂ©but de la dictature de Francisco Franco, il devient l'un de ses plus proches collaborateurs et le directeur des opĂ©rations navales. En 1940, sollicitĂ© par le ministre de la Marine Moreno Fernandez, il Ă©crit un rapport restĂ© cĂ©lĂšbre, qui prĂ©conise alors la neutralitĂ© espagnole. Il se dĂ©clare opposĂ© Ă  l'entrĂ©e de l'Espagne aux cĂŽtĂ©s de l'Axe durant la Seconde Guerre mondiale, contrairement aux Phalangistes, lui-mĂȘme Ă©tant de sensibilitĂ© monarchiste[3]. Cette position se concrĂ©tisera une fois devenu l’homme de confiance du dictateur Franco.

Grand ami du géneral français Maxime Weygand, il était le principal contact des Forces françaises libres (FFL) en Espagne et à ce titre n'hésita pas à informer ou aider la Résistance française. Il renseignait notamment les FFL et les Forces françaises de l'intérieur (FFI) sur la fiabilité des maquisards espagnols engagés auprÚs de la Résistance française, bien qu'ils savait pertinemment que parmi ceux-ci se cachaient des éléments douteux. Il n'hésitait pas à faire nommer par le gouvernement franquiste certains Espagnols engagés auprÚs des Français, dont le capitaine Buiza.

CarriĂšre politique sous le gouvernement de Franco

Luis Carrero Blanco (au centre), en compagnie de Franco (Ă  sa gauche), 1963.

Ministre en 1957, vice-amiral en 1963 puis amiral en 1966, il est vice-prĂ©sident du gouvernement de 1967 Ă  1973. ParticuliĂšrement proche de Franco, il cherche Ă  museler la Phalange et Ă  Ă©carter la possibilitĂ© d'un rĂ©gime totalitaire dans lequel cette derniĂšre aurait le monopole. Politiquement, il ne s'attache clairement Ă  aucun parti, mĂȘme si ses opinions catholiques trĂšs conservatrices le rapprochent de l’Opus Dei, qu’il favorise lors du remaniement gouvernemental de 1956. Il est vu comme hostile Ă  la dĂ©mocratie libĂ©rale et atteint sa plus haute position en Ă©tant nommĂ© prĂ©sident du gouvernement le 6 juin 1973, faisant de lui le successeur de Franco et le positionnant comme son probable futur hĂ©ritier politique[4] - [2].

Assassinat

Carrero Blanco est assassinĂ© Ă  Madrid le dans un attentat perpĂ©trĂ© par quatre membres de l'ETA, organisation indĂ©pendantiste basque d'extrĂȘme-gauche, qui font exploser une bombe[5], situĂ©e dans un tunnel creusĂ© sous la rue Claudio Coello, au passage de sa Dodge Dart GT 3700, lors de son retour de la messe Ă  laquelle il avait assistĂ© dans l'Ă©glise Saint-François-de-Borgia (es). La voiture, non conçue pour rĂ©sister Ă  une attaque, s'envole dans l'explosion de la charge de 75 kg de dynamite par-dessus le toit de la maison jĂ©suite jouxtant l'Ă©glise et retombe dans son jardin intĂ©rieur. Outre Luis Carrero Blanco qui dĂ©cĂšde quelques heures plus tard Ă  la clinique Francisco Franco, le chauffeur et un officier sont tuĂ©s dans l'attentat. Le vĂ©hicule, qui n'a pas Ă©tĂ© dĂ©sintĂ©grĂ© et est restĂ© d'un seul tenant, est conservĂ© par le MusĂ©e de l'ArmĂ©e Ă  l'Alcazar de TolĂšde.

Cet attentat (surnommĂ© OperaciĂłn Ogro, « l'Ogre » Ă©tant le surnom donnĂ© Ă  Carrero Blanco par ses opposants) constitue le principal coup portĂ© par l'ETA Ă  la dictature franquiste. Dans le communiquĂ© revendiquant l'attentat, l'ETA explique que Carrero Blanco a Ă©tĂ© choisi comme cible parce qu'il constituait un Ă©lĂ©ment essentiel Ă  l'Ă©quilibre du franquisme — le rĂ©cit de la prĂ©paration de l'attentat par des membres de l'ETA sera publiĂ© dans un livre, longtemps interdit et clandestin : OpĂ©ration Ogro[6].

À la suite de l'attentat, les observateurs estiment que la mort de Blanco, symbole du franquisme et principal homme de confiance du chef de l'État, ruine toute chance pour le Franquisme de se perpĂ©tuer aprĂšs la mort de Franco. Cette idĂ©e fait rapidement son chemin dans l'opinion publique europĂ©enne puis espagnole, y compris dans les rangs du franquisme et de la famille royale.

Dans la culture espagnole

Plaque commémorative sur le lieu de l'attentat.
Monument commémoratif à Santoña.

La violence de l'explosion qui a coĂ»tĂ© la vie Ă  Carrero Blanco a donnĂ© naissance Ă  un slogan largement scandĂ© par les opposants au franquisme, avant et mĂȘme aprĂšs la mort de Franco : « Et hop ! Franco, plus haut que Carrero ! ».

Quant aux chansonniers de l'époque, ils plaisantent volontiers sous le manteau en posant avec malice la devinette : « Qui est né sur terre, a vécu sur les mers et est mort dans les airs ? », en référence à son grade d'amiral et aux circonstances de l'attentat.

De leur cĂŽtĂ©, de nombreux chauffeurs de taxi priĂ©s de rejoindre la rue de l'attentat demandent volontiers en retour « ÂżA quĂ© altura? », jeu de mots oĂč « altura » signifie Ă  la fois l'emplacement dans la rue (« À quel niveau ? ») et la hauteur. Une boutade populaire fait Ă©galement de Carrero Blanco « le premier astronaute espagnol »[7].

Au cinéma

  • En 2010, dans son film Balada triste qui traite, entre autres, du franquisme qui a dirigĂ© l'Espagne durant trente-six ans, Álex de la Iglesia mĂȘle l'histoire et la fiction : le personnage principal, Javier le clown triste (Carlos Areces), assiste Ă  l'attentat contre Blanco et est accusĂ© Ă  tort d'y avoir participĂ©.

ƒuvres

Sous son nom

  • La Victoria del Cristo de Lepanto
  • Arte naval militar. Tomo segundo. El buque de guerra (de la galera al portaaviones).
  • España y el mar, Ed, Nacional, 1941
  • Lepanto (1571-1971), Salvat Editorial/Alianza editorial, 1971.

Sous le pseudonyme de Juan de la Cosa

  • La gran baza soviĂ©tica
  • Las modernas Torres de Babel
  • Comentarios de un espanol. Las tribulaciones de don Prudencio. Diplomacia subterranea.
  • España ante el mundo. (Proceso de un aislamiento), Publicaciones Españolas, 1975.

Notes et références

  1. « authentification », sur www.universalis-edu.com (consulté le )
  2. (es) Javier Tusell, Carrero : la eminencia gris del régimen de Franco, Madrid, Themas de Hoy, , 478 p. (ISBN 84-7880-347-5)
  3. Philippe Nourry, Juan Carlos, , 496 p. (ISBN 979-10-210-0198-5, lire en ligne), p. 39.
  4. Canal, J., Baby, S., Luis, J., Michonneau, S., Yusta, M., Histoire de l'Espagne Contemporaine De 1808 Ă  nos jours, Armand Colin, , 342 p. (ISBN 978-2-200-61460-7)
  5. Un article du Monde libertaire no 1509 (20 mars 2008), intitulĂ© « État et ETA », parle d'une tonne de TNT.
  6. Julen Agirre, Opération Ogro, comment et pourquoi nous avons exécuté Carrero Blanco, Seuil, 1974
  7. « Dans l'herbe tendre: Histoire de fantÎme espagnol : l'astronaute a encore frappé », sur Dans l'herbe tendre, (consulté le )

Voir aussi

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.