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Jean Mathieu Philibert SĂ©rurier

Jean Mathieu Philibert Sérurier, né le à Laon dans la province d'Île-de-France et mort le à Paris, est un officier général français, maréchal d'Empire.

Ayant commencé sa carrière sous l'Ancien Régime, il participe à la guerre de Sept Ans. Sa carrière est très lente, et il n'est que lieutenant-colonel lorsqu’éclate la Révolution française. Il est alors nommé général de brigade, puis général de division à l'armée d'Italie. Sous les ordres de Bonaparte, il se distingue à la bataille de Mondovi et assiège victorieusement Mantoue lors de la première campagne d'Italie. Apprécié du général en chef pour son intégrité et sa droiture morale, il ne participe pas à la campagne d'Égypte et est fait prisonnier par les Autrichiens à Verderio en 1799. Napoléon, de retour, ne lui en tient pas rancune, et Sérurier assiste passivement au coup d'État du 18 Brumaire.

Le Premier consul, puis l'Empereur le récompense en le nommant gouverneur des Invalides en 1803 et maréchal d'Empire honoraire l'année suivante. Trop âgé pour faire campagne, Sérurier ne participe à aucune des campagnes de l'Empire et continue d'administrer l'hôtel des Invalides jusqu'à la chute de Napoléon. Le , lors de la bataille de Paris, il ordonne la destruction des drapeaux conquis par la France dans la cour des Invalides. Le maréchal, déjà nommé comte de l'Empire par l'Empereur, devient pair de France à la Restauration. Il meurt discrètement rue Duphot, à Paris, en 1819. Dans ses Mémoires, le maréchal Marmont le décrit comme « aimant bien, probe, désintéressé, homme de devoir et de conscience ». Bon divisionnaire, les performances de Sérurier sur le champ de bataille font l'objet d'évaluations mitigées, mais il est surnommé « la Vierge d'Italie » pour ses vertus morales et sa répugnance à participer au pillage des territoires conquis.

Biographie

Jeunesse et début de carrière

Jean Mathieu Philibert Sérurier naît le à Laon, dans une famille de petite noblesse champenoise. Son père, Mathieu-Guillaume, est maître-taupier des haras royaux et propriétaire de la seigneurie de Saint-Gobert, tandis que sa mère, Élisabeth Danye, est la fille d'un magistrat de la ville. Jean est le frère cadet de Marie-Élisabeth, née en , et le deuxième des neuf enfants du couple Sérurier. À partir de ses huit ans, son éducation s'effectue sous la houlette de son oncle et de son grand-oncle, qui lui enseignent, outre les leçons de morale et de religion, les rudiments d'histoire, de latin et de mathématiques[1].

Jean connaît une enfance heureuse[2]. À l'âge de douze ans, il décide de s'orienter vers une carrière militaire et obtient son brevet de lieutenant à la milice provinciale de Laon le . Un autre de ses oncles, le capitaine Antoine-Philibert Danye, s'attelle à l'instruction du jeune officier jusqu'en , date à laquelle Sérurier passe à la milice de Soissons, avant de réintégrer son unité d'origine peu après. Il participe la même année à sa première campagne dans le Bas-Rhin, et reçoit sa première blessure près de Ruremonde, où il est atteint d'un coup de baïonnette[3].

De la guerre de Sept Ans Ă  la campagne de Corse

Il suit une carrière lente, devenant enseigne au régiment d'infanterie d'Aumont le . L'année suivante, son unité fait campagne en Allemagne, dans le corps du maréchal de Broglie, où elle est engagée à la bataille de Warburg. Lors d'une attaque, Sérurier est sérieusement blessé à la mâchoire par un coup de feu, lui laissant une cicatrice qui perdure jusqu'à la fin de sa vie. Sa conduite est récompensée par les épaulettes de lieutenant qu'il reçoit le . Le nouveau promu est alors au Portugal avec son unité, sans avoir l'occasion de se distinguer. Le régiment d'Aumont regagne la France puis est passé en revue par le maréchal de Ségur qui note à propos de Sérurier : « point de condition, mais sujet d'espérance »[4].

Rétrogradé au rang de sous-lieutenant instructeur pendant six ans, Sérurier ne recouvre son ancien grade qu'en et, trois ans plus tard, embarque pour la Corse où le régiment d'Aumont est placé sous les ordres du comte de Marbeuf. Commandant un peloton de chasseurs à pied, il prend part aux opérations contre les indépendantistes corses et ne revient en France qu'après quatre années passées sur l'île. Son unité vaque de garnison en garnison tandis que lui-même, pourtant bien noté, végète toujours dans le grade de lieutenant. Ce n'est que le que Sérurier est nommé capitaine[5]. Il est décoré de l'ordre royal de Saint-Louis en sur recommandation de son colonel, et même proposé au grade de major. Cependant, en dépit de nombreuses tentatives et du soutien de ses supérieurs, la demande adressée au ministère de la Guerre n'aboutit pas. En 1787, Sérurier adresse au ministre un mémoire relatif à ses états de service, mais une fois encore, il n'obtient aucune réponse[6].

De guerre lasse, le capitaine demande sa mise à la retraite en , ce qui n'empêche pas les officiers de son régiment de continuer à plaider sa cause. Ils sont cette fois entendus : Sérurier est nommé major au Médoc infanterie le , après trente-quatre ans passés sous les armes[7].

1789-1793

Portrait d'un officier militaire d'Ancien Régime, de face, portant la perruque poudrée et revêtu d'un uniforme blanc à revers cramoisis, avec une épaulette à franges sur l'épaule gauche.
Jean Mathieu Philibert Sérurier, lieutenant-colonel au 68e de ligne en 1792, Frédéric Delanoe, 1835.

La même année, la Révolution française éclate. Des troubles naissent dans plusieurs villes de France et notamment à Perpignan, où le régiment de Touraine s'est révolté contre son colonel. De son côté, le , Sérurier, eu égard à son ancienneté, est promu lieutenant-colonel au régiment de Médoc, à la tête duquel il se rend à Perpignan pour y maintenir l'ordre. Des tensions se répandent toutefois au sein-même de Médoc infanterie et le , un groupe de soldats s'introduit dans la demeure de Sérurier et s'empare de la caisse ainsi que des drapeaux. Cet événement fait grand bruit au sein de l'administration civile et militaire. Aucune sanction n'est cependant prise contre les coupables, les mouvements contestataires s'étant estompés[8].

L'année 1792 est ponctuée par un complot mené par un officier français visant à livrer Perpignan aux Espagnols. La conspiration manque de s'étendre aux 20e et 70e de ligne, mais l'attitude des lieutenants-colonels Desbordes et Sérurier apaise la situation et fait échouer le complot. Malgré sa bonne conduite, ses origines aristocratiques le desservent face à ces soldats patriotes. Une partie des officiers du 70e régiment émigre, et il semble que Sérurier ait songé à faire de même d'après ce qu'en dit Las Cases dans le Mémorial de Sainte-Hélène :

« Sérurier et Hédouville cadet marchaient de compagnie pour émigrer en Espagne ; une patrouille les rencontre ; Hédouville, plus jeune, plus leste, franchit la frontière et va végéter misérablement en Espagne. Sérurier, obligé de rebrousser dans l'intérieur et s'en désolant, devint maréchal […]. »

— Emmanuel de Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, page 275[9].

Sérurier reste donc en France. Il est nommé colonel du 70e de ligne en après la mort de son commandant, Meunier. Au début du mois de septembre, il est cassé de son grade sans motif explicite puis remplacé par le colonel Willot. Sérurier, apprenant la nouvelle, « aurait pris le fusil et la giberne et fait le service dans les rangs des soldats » jusqu'à ce qu'il soit replacé à la tête de son unité en octobre. À cette époque, le 70e tient garnison dans le Midi et participe aux affrontements contre les Austro-Sardes. Le colonel doit faire face non seulement aux dissensions entre officiers et soldats mais également au manque de discipline et d'entraînement. Il bénéficie toutefois de la confiance de son supérieur, le général Brunet. Ce dernier le charge d'enlever Isola aux Piémontais, opération qui est menée avec succès par Sérurier le [10]. Profitant de la situation, Brunet lance le une attaque générale sur le camp des Fourches et confie à Sérurier le commandement de l'aile gauche. Celle-ci, chargée d'enlever le col de Raous, est tenue en échec et oblige les Français à stopper leur offensive. Le , nouvelle tentative, nouveau revers : la colonne Sérurier mène plusieurs assauts infructueux sur le massif de l'Authion et doit se replier avec le reste de l'armée[11].

Le colonel du 70e de ligne, « qui, disait-on, avait montré une grande valeur à la tête des colonnes », est à ce moment remarqué par Paul Barras qui intervient en sa faveur auprès du Comité de Salut public et lui obtient le grade de général de brigade à l'armée d'Italie le [12].

1793-1794

Photographie en contre-plongée d'un col de haute montagne par beau temps, avec une route serpentant à flanc de colline. En arrière-plan, une chaîne de montagnes.
Le col du Finestre, dont SĂ©rurier s'empare le .

En , l’armĂ©e sarde tente de reprendre le comtĂ© de Nice. L’aile droite française parvient Ă  contenir l’offensive ennemie mais sur la gauche, SĂ©rurier doit cĂ©der du terrain et abandonne la rive est de la VĂ©subie pour se retirer sur Utelle le . RemplacĂ© au commandement de l’aile gauche trois jours plus tard par le gĂ©nĂ©ral Dugommier, SĂ©rurier se rend Ă  Entrevaux pour y prendre la tĂŞte de l’aile droite de l’armĂ©e des Alpes, mais son attitude lors des derniers combats et son sang noble lui valent d’être arrĂŞtĂ© peu après. Les citoyens de Laon adressent alors aux autoritĂ©s une pĂ©tition attestant du patriotisme de SĂ©rurier et ce dernier est rapidement rĂ©intĂ©grĂ© dans ses fonctions sur ordre des reprĂ©sentants en mission et du ministre de la Guerre Bouchotte, ce dernier considĂ©rant en outre les motifs de l’arrestation peu justifiĂ©s. L’arrivĂ©e de l’hiver au mois de dĂ©cembre met un terme aux combats et la division SĂ©rurier est transfĂ©rĂ©e Ă  l’armĂ©e d’Italie dont elle forme l’aile gauche[13]. En , SĂ©rurier est accusĂ© d’écouter des chants aristocratiques et de ne pas faire preuve d’assez de vigueur dans la lutte contre les dĂ©sertions, mais Ă  nouveau, Bouchotte et les reprĂ©sentants Ă  l’armĂ©e lui renouvellent leur confiance[14]. Le , les troupes françaises commandĂ©es par le gĂ©nĂ©ral Dumerbion prennent l’offensive et occupent Oneille. Ă€ droite s’avance la colonne principale, soit 20 000 hommes sous MassĂ©na, tandis que les divisions Macquard et Garnier forment respectivement le centre et la gauche du dispositif. SĂ©rurier, Ă  la tĂŞte d'une brigade de la division Garnier, reprend Isola et s'empare sans difficultĂ© du col du Finestre[15]. Le 24, MassĂ©na bat le gĂ©nĂ©ral Colli-Marchi lors de la bataille de Saorge. Il y a 2 800 tuĂ©s ou blessĂ©s du cĂ´tĂ© sarde contre 1 500 chez les Français[16]. Ă€ la suite de cette victoire, Macquard se rend maĂ®tre de Saorge et du col de Tende pendant que MassĂ©na occupe la petite ville d’Ormea dans la vallĂ©e du Tanaro. SĂ©rurier participe ultĂ©rieurement Ă  une opĂ©ration menĂ©e Ă  la fin du mois de juin dans la vallĂ©e de la Stura[17].

En , les Austro-Sardes se dirigent sur Carcare afin de couper l’armĂ©e française de GĂŞnes et de ses approvisionnements. Le 15, sur les recommandations de son chef de l’artillerie, NapolĂ©on Bonaparte, Dumerbion dĂ©cide de rĂ©agir. DĂ©tachant SĂ©rurier Ă  Vinadio et Macquard Ă  Limone Piemonte afin de faire diversion, le gĂ©nĂ©ral ordonne Ă  MassĂ©na de passer Ă  l’attaque et, le , ce dernier, avec 18 000 hommes, dĂ©fait les 8 000 soldats du comte Olivier de Wallis Ă  la bataille de Dego. Les Austro-Sardes Ă©chappent Ă  l’encerclement mais doivent abandonner le port de Vado Ligure aux Français. Chaudement recommandĂ© au ComitĂ© de salut public par ses supĂ©rieurs, SĂ©rurier est Ă©levĂ© au grade de gĂ©nĂ©ral de division le . Il remplace alors temporairement MassĂ©na, tombĂ© malade, au commandement de sa division[18].

1795

Portrait d'un général de la période révolutionnaire revêtu d'un uniforme à large échancrure, portant les cheveux poudrés à l'ancienne mode, le visage et le regard tourné sur la gauche, le buste et le bras droit sur la droite.
Le général Barthélemy Louis Joseph Schérer, nommé commandant de l'armée d'Italie en .

Le , le gĂ©nĂ©ral SchĂ©rer est nommĂ© commandant en chef de l'armĂ©e d'Italie Ă  la place de Dumerbion, ce dernier ayant dĂ» quitter le service pour raisons de santĂ©. SchĂ©rer prend SĂ©rurier en estime, le jugeant comme « un très bon officier, dĂ©vouĂ© Ă  ses devoirs ; son patriotisme a Ă©tĂ© attaquĂ© du temps d’HĂ©bert et de ses consorts, mais il est sorti vainqueur de toutes ces accusations. De mon point de vue, il est digne du poste qu'il occupe Ă  la droite de l'armĂ©e active ». La promotion de SĂ©rurier n’est toutefois confirmĂ©e que le [19]. Le gĂ©nĂ©ral Joseph Nikolaus De Vins, qui commande les forces austro-sardes, attaque les lignes françaises le . La plupart des assauts sont repoussĂ©s, mais quelques positions tombent nĂ©anmoins au pouvoir des assaillants. Les Français tentent vainement de les reprendre et, Ă  compter du , c’est finalement tout le dispositif qui rĂ©trograde en direction de Borghetto Santo Spirito. Une nouvelle ligne de dĂ©fense est Ă©tablie, avec les 14 000 soldats de MassĂ©na sur la cĂ´te et les 6 000 hommes de SĂ©rurier Ă  Ormea[20].

Le , SĂ©rurier informe ses supĂ©rieurs qu’il a Ă©tĂ© contraint d’évacuer partiellement une position stratĂ©gique importante, provoquant la consternation au sein du quartier gĂ©nĂ©ral. Plus tard dans la journĂ©e, il rĂ©dige un autre rapport dans lequel il indique qu'un de ses brigadiers, le gĂ©nĂ©ral Pelletier, a repris la position. Curieusement, cet incident n'a aucune consĂ©quence fâcheuse sur sa carrière, puisque SĂ©rurier est nommĂ© peu après commandant de l'aile gauche Ă  la place de Garnier[21]. Dans la soirĂ©e du , son quartier gĂ©nĂ©ral Ă  Saint-Martin-VĂ©subie est entourĂ© par l'ennemi. Bien qu’il ne dispose Ă  ce moment que de 318 soldats, SĂ©rurier rĂ©siste toute la nuit, et le lendemain matin, lance une contre-attaque qui met en fuite ses adversaires, capturant 86 d’entre eux. Le commandant ennemi, un Ă©migrĂ©, le chevalier Bonnaud, se suicide. Bon soldat, SĂ©rurier est aimĂ© de ses hommes et il s’attache en toute circonstance Ă  traiter les populations civiles avec respect. La facilitĂ© de son caractère lui permet d’entretenir de bonnes relations entre les troupes de l’armĂ©e d’Italie et celles de l'armĂ©e des Alpes stationnĂ©e Ă  proximitĂ©. Le gĂ©nĂ©ral Kellermann, qui dirige les deux armĂ©es, Ă©crit quant Ă  lui Ă  propos du combat remportĂ© par SĂ©rurier : « c'est au calme et au courage de cet excellent officier qu’est dĂ» le succès de cette glorieuse journĂ©e »[22].

Les 23 et 24 novembre 1795 est livrĂ©e la bataille de Loano[23]. SchĂ©rer dĂ©ploie sur la droite Augereau et ses 6 961 hommes, MassĂ©na au centre avec 13 276 hommes et SĂ©rurier sur la gauche avec 5 155 hommes. Ce dernier a pour ordre d’attaquer les Austro-Sardes sur leur flanc droit tandis que MassĂ©na est chargĂ© de percer au centre et d'envelopper l’aile gauche avec le soutien d'Augereau. Par chance pour les Français, le comte de Wallis, le vaincu de Dego, a remplacĂ© De Vins au commandement en chef des troupes alliĂ©es le . Ce jour-lĂ , l'attaque menĂ©e par SĂ©rurier contre le col San Bernardo Ă©choue mais contribue Ă  fixer sur place la division piĂ©montaise de Colli, permettant Ă  MassĂ©na et Augereau de dĂ©faire l’armĂ©e austro-sarde[24], qui se retire après avoir perdu 3 000 tuĂ©s ou blessĂ©s, 4 000 prisonniers, 48 canons et cinq drapeaux. Les pertes françaises s’élèvent Ă  2 500 tuĂ©s ou blessĂ©s et 500 prisonniers. Les premières neiges incitent rapidement les deux armĂ©es Ă  se retirer dans leurs quartiers d'hiver[23]. Les troupes françaises, mal nourries et dans un Ă©tat matĂ©riel dĂ©plorable, se rebellent et la mĂ©sentente commence Ă  rĂ©gner entre les gĂ©nĂ©raux. En mauvais termes avec SchĂ©rer, SĂ©rurier menace de quitter son poste[25], et le , sa division refuse d'obĂ©ir aux ordres[26].

Les campagnes d'Italie

« Sérurier, né dans le département de l'Aisne, était major d'infanterie à l'époque de la Révolution ; il avait conservé toutes les formes et la rigidité d'un major. Il était fort sévère sur la discipline et passait pour aristocrate, ce qui lui a fait courir bien des dangers au milieu des camps, et surtout dans les premières années. Il a remporté la bataille de Mondovi et pris Mantoue. Il a eu l'honneur de voir défiler devant lui le maréchal Wurmser. Il était brave, intrépide de sa personne, mais peu heureux. Il avait moins d'élan que Masséna et Augereau ; mais il les dépassait par la moralité de son caractère, la sagesse de ses opinions politiques et la sûreté de son commerce. Il eut l'honorable mission de porter au Directoire les drapeaux pris au prince Charles. »

— Napoléon Ier, Mémorial de Sainte-Hélène.

1796

Schéma montrant le théâtre des opérations en Italie entre les armées françaises et austro-sardes en 1796, avec indication des localités remarquables et de la position des différents corps. En bas à droite, la mer Méditerranée.
Situation des armées française et austro-sarde avant le début de la campagne d'Italie, le 10 avril 1796.

Ă€ l’issue de la campagne d’hiver, SchĂ©rer remanie son dispositif, qui sera celui avec lequel l’armĂ©e d’Italie dĂ©butera la campagne de 1796. MassĂ©na est au sud, sur la cĂ´te, avec deux divisions, puis, en remontant au nord, se trouvent Augereau sur la Bormida, SĂ©rurier sur le Tanaro, Macquard au col de Tende et enfin Garnier Ă  l’extrĂŞme gauche[27]. Le , le gĂ©nĂ©ral NapolĂ©on Bonaparte arrive au quartier gĂ©nĂ©ral pour prendre le commandement de l’armĂ©e d’Italie[28]. Ă€ cette date, SĂ©rurier a 53 ans, dont 40 annĂ©es de service ; son âge, sa santĂ© et ses blessures le poussent Ă  solliciter une pension de retraite, mais après avoir rencontrĂ© Bonaparte, il se ravise et dĂ©cide de rester[29]. Bonaparte, comme l’a plus tard racontĂ© MassĂ©na, ne fait pas initialement grande impression sur ses subordonnĂ©s ; alors, coiffant son chapeau, il se met Ă  les interroger prĂ©cisĂ©ment sur l’état de l’armĂ©e et c’est alors que les gĂ©nĂ©raux dĂ©couvrent qu’ils ont affaire Ă  un vĂ©ritable chef[30]. Dans un premier temps, Bonaparte dĂ©cide de concentrer les divisions d’Augereau et de MassĂ©na, soit 20 000 hommes, près de Carcare, nĹ“ud central qui relie les troupes piĂ©montaises Ă  leurs alliĂ©s du Saint-Empire. La division de SĂ©rurier reçoit l’ordre de rallier le gros des troupes en cours de route vers Ceva[31]. Sa division se compose Ă  ce moment des 39e, 69e et 85e demi-brigades d’infanterie de ligne, pour un total de 9 448 hommes[32].

Portrait du général Napoléon Bonaparte en 1796, revêtu d'un uniforme brodé et ceint d'une écharpe tricolore, s'apprêtant à franchir un pont, le visage tourné vers la droite et le buste élancé en avant, brandissant un étendard de la main gauche et tenant son sabre de la main droite.
Le général Napoléon Bonaparte, commandant en chef l'armée d'Italie en 1796.

Lors de la campagne de Montenotte, qui se dĂ©roule du 11 au , les Français battent successivement leurs adversaires Ă  Montenotte, Millesimo et Dego[33]. Ă€ Ceva, les Sardes du gĂ©nĂ©ral Colli repoussent Augereau mais l’arrivĂ©e de la division SĂ©rurier les oblige Ă  se replier vers l’ouest[34]. Dans sa retraite, Colli ordonne au gĂ©nĂ©ral Dichat de Toisinge de dĂ©fendre San Michele Mondovì avec 8 000 hommes et 15 canons. Le , SĂ©rurier arrive devant la localitĂ© et forme sa division en deux brigades, l’une commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Fiorella, l’autre par le gĂ©nĂ©ral Guieu, ainsi qu’une rĂ©serve placĂ©e directement sous ses ordres. La rivière Corsaglia Ă©tant infranchissable en raison d’une crue provoquĂ©e par la fonte printanière, l’attaque française est rapidement bloquĂ©e. Un pont laissĂ© sans surveillance par les Sardes est cependant dĂ©couvert par les tirailleurs de Guieu et ces derniers Ă©tablissent rapidement une tĂŞte de pont sur la rive ouest, permettant au reste de la division de s’emparer de San Michele. Les soldats français, affamĂ©s et mal payĂ©s, se mettent alors Ă  piller la ville. Une compagnie de grenadiers suisses au service des Sardes en profite pour reconquĂ©rir une partie de la localitĂ©. En dĂ©but d’après-midi, une contre-attaque gĂ©nĂ©rale dirigĂ©e par Colli dĂ©loge la division SĂ©rurier de San Michele, la brigade Guieu parvenant nĂ©anmoins Ă  se maintenir sur la rive ouest. Cet Ă©chec coĂ»te environ 600 hommes aux Français, contre seulement 300 chez les Sardes[35].

Les troupes piémontaises se retirent sur Mondovi dans la nuit du , mais les Français décèlent rapidement la manœuvre et rattrapent leurs adversaires en milieu de matinée devant le village de Vicoforte. La bataille de Mondovi qui s’engage le voit les brigades Guieu, Fiorella et Dommartin prendre Vicoforte et mettre en déroute les Sardes. Du côté piémontais, Dichat est tué tandis que le général Stengel, à la tête de la cavalerie française, est mortellement blessé. Mondovi se rend en fin d’après-midi. Il n’y a aucun pillage mais la ville doit fournir de larges quantités de nourriture à l’armée française[36]. Marmont a rapporté dans ses mémoires le comportement de Sérurier lors de cet affrontement : « former ses troupes en trois colonnes, se mettre à la tête de celle du centre, se faire précéder par une nuée de tirailleurs et marcher au pas de charge, l’épée à la main, à dix pas en avant de sa colonne, voilà ce qu’il exécuta. Beau spectacle que celui d’un vieux général résolu, décidé, et dont la vigueur était ranimée par la présence de l’ennemi ! Je l’accompagnai dans cette attaque, dont le succès fut complet »[37]. La signature de l’armistice de Cherasco le consacre la défaite du royaume de Sardaigne et le met définitivement hors-jeu pour la suite des opérations[38].

En , Bonaparte charge SĂ©rurier d’effectuer une dĂ©monstration devant Valenza avec sa division pendant que le gros des troupes franchit le PĂ´ près de Piacenza[39]. Après la bataille de Lodi, Bonaparte modifie l’organisation de l’armĂ©e d’Italie qui compte Ă  prĂ©sent une rĂ©serve de cavalerie et quatre divisions d’infanterie, dont une sous les ordres de SĂ©rurier[40]. Au cours de la bataille de Borghetto, le , ses soldats font diversion sur le cours supĂ©rieur du Mincio pendant que l’attaque principale se dĂ©roule Ă  Valeggio contre l’armĂ©e impĂ©riale de Beaulieu[41]. Le , la division SĂ©rurier, forte de 4 700 hommes, prend position au nord de la forteresse de Mantoue. Le , SĂ©rurier, accompagnĂ© du gĂ©nĂ©ral d’artillerie Lespinasse et du colonel du gĂ©nie Chasseloup-Laubat, effectue une reconnaissance aux abords de la forteresse. Deux jours plus tard, Bonaparte investit officiellement SĂ©rurier du siège de Mantoue avec environ 8 000 soldats[42]. Le gĂ©nĂ©ral en chef Ă©crit peu après au Directoire : « je ne vous parlerai pas de la conduite de l’intrĂ©pide gĂ©nĂ©ral SĂ©rurier, dont la rĂ©putation militaire est Ă©tablie, et Ă  qui nous devons entre autres, depuis le dĂ©but de la campagne, la victoire de Mondovi ». L’arrivĂ©e des troupes autrichiennes du gĂ©nĂ©ral Wurmser contraint cependant les Français Ă  lever le siège le après avoir enterrĂ© leurs canons, et la division SĂ©rurier se replie derrière l’Oglio[43]. SĂ©rurier contracte la malaria[44] et doit rentrer en France pour se soigner[45]. Les gĂ©nĂ©raux Fiorella et Gardanne dirigent la division en son absence Ă  la bataille de Castiglione[46]. Le , Bonaparte adresse au Directoire une note confidentielle dans laquelle il Ă©value les capacitĂ©s de ses gĂ©nĂ©raux. Ă€ propos de SĂ©rurier, il Ă©crit : « SĂ©rurier : se bat en soldat, ne prend rien sur lui ; ferme ; n’a pas assez bonne opinion de ses troupes ; est malade »[47].

1797

Scène militaire représentant l'évacuation d'une ville par une armée étirée en une large file de soldats serpentant le long d'une route, avec au centre les états-majors des deux armées ennemies discutant de la capitulation.
Reddition de Mantoue au général Sérurier le , par Hippolyte Lecomte. Sérurier est au centre, tenant à la main l'acte de capitulation.

Sa convalescence achevĂ©e, SĂ©rurier obtient un commandement Ă  Livourne mais il est heureux d’apprendre par un courrier du quartier gĂ©nĂ©ral qu’il est rappelĂ© Ă  l’armĂ©e[45]. Le , il reprend la direction du siège de Mantoue Ă  la place de Kilmaine, tombĂ© malade Ă  son tour. Le corps de siège comprend Ă  cette Ă©poque 10 000 hommes rĂ©partis en deux divisions commandĂ©es par les gĂ©nĂ©raux Dumas et Dallemagne[48]. Les 14 et , Bonaparte dĂ©fait l’armĂ©e impĂ©riale du gĂ©nĂ©ral Alvinczy Ă  la bataille de Rivoli et lui inflige des pertes considĂ©rables[49]. Pendant ce temps, une colonne de secours des ImpĂ©riaux dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Provera tente de porter secours Ă  la garnison de Mantoue et livre bataille aux Français sous les murs de la ville le . Une sortie de la garnison menĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Sebottendorf rencontre d’abord du succès avant d’être refoulĂ©e par les troupes françaises de Victor. SimultanĂ©ment, Ă  La Favorite, SĂ©rurier avec 1 500 hommes tient Provera en Ă©chec et l’empĂŞche de faire sa jonction avec les dĂ©fenseurs de Mantoue. Ă€ deux heures de l’après-midi, Provera, totalement encerclĂ©, se rend Ă  SĂ©rurier avec 7 000 hommes, 22 canons, un Ă©quipage de ponts et un convoi d’approvisionnement[50]. Par la suite, SĂ©rurier entre en conflit avec le gĂ©nĂ©ral Dumas, furieux d’avoir Ă©tĂ© rabaissĂ© au rang de simple divisionnaire après avoir commandĂ© des armĂ©es de la RĂ©publique. Ne se sentant pas reconnu Ă  sa juste valeur, Dumas adresse une lettre de protestation abusive au gĂ©nĂ©ral Berthier, chef d’état-major de l’armĂ©e d’Italie, et est destituĂ© de ses fonctions par Bonaparte[51]. Le , le gĂ©nĂ©ral Wurmser entame des pourparlers avec SĂ©rurier en vue de la capitulation de Mantoue, qui devient effective le avec la signature de la convention de reddition par les deux gĂ©nĂ©raux. Wurmser, son Ă©tat-major, ses gĂ©nĂ©raux, 700 soldats et six pièces d’artillerie sont autorisĂ©s Ă  regagner le Saint-Empire mais le reste de la garnison, soit 16 324 hommes, prend le chemin de la captivitĂ©[52].

Scène montrant au premier plan un général à cheval accompagné de son état-major donnant un ordre à un de ses officiers en lui désignant une position au loin. En arrière-plan, de larges colonnes de soldats se dirigent sur le lieu des combats, perceptibles par de la fumée. Tout au fond, une montagne.
La bataille de Valvasone, le , par Prosper Lafaye.

En prĂ©vision de la campagne du printemps 1797, Bonaparte articule son armĂ©e en huit divisions et confie le commandement de la 3e Ă  SĂ©rurier, qui a sous ses ordres 6 543 soldats[53]. Lors de la bataille de Valvasone, le , Bonaparte inflige un sĂ©rieux revers Ă  l’arrière-garde de l’archiduc Charles[54]. La division SĂ©rurier n’est pas engagĂ©e mais participe les jours suivants Ă  l’avancĂ©e gĂ©nĂ©rale des troupes françaises dont elle constitue l’aile droite, les divisions Bernadotte et Guieu formant respectivement le centre et la gauche. Le , Bernadotte attaque Gradisca d'Isonzo mais ses troupes sont repoussĂ©es. La division SĂ©rurier, contournant l’obstacle par le sud, parvient quant Ă  elle Ă  s’établir sur les hauteurs en arrière de la ville, provoquant la reddition de la garnison[55]. Les Français capturent l’équivalent de quatre bataillons d’infanterie des ImpĂ©riaux, soit 2 500 hommes, ainsi que 10 canons et huit drapeaux[54]. Alors que Bernadotte continue de progresser vers l’est, la division Guieu, suivie par celle de SĂ©rurier, se dirige au nord Ă  la poursuite de la colonne autrichienne du gĂ©nĂ©ral Adam Bajalics von Bajahaza. Ă€ cette pĂ©riode, SĂ©rurier doit momentanĂ©ment s'absenter pour cause de maladie et il transmet le commandement de sa division au gĂ©nĂ©ral Chabot[56]. PiĂ©gĂ© entre les troupes de MassĂ©na et de Guieu, Bajalics et ses 4 000 hommes sont contraints de dĂ©poser les armes Ă  l’issue de la bataille de Tarvis[57]. RĂ©tabli, SĂ©rurier reprend le commandement de sa division Ă  Graz le , et en vertu des clauses du traitĂ© de Leoben, tout juste signĂ© entre la France et le Saint-Empire, ses soldats Ă©vacuent le territoire d'Empire pour venir prendre position Ă  Sacile[58].

Bonaparte confie à Sérurier le soin de remettre au Directoire les vingt-deux drapeaux pris à l'ennemi en . Le 3, dans une lettre adressée au gouvernement, le général en chef écrit sur Sérurier qu'« il a, au cours des deux dernières campagnes, montré autant de talent que de bravoure et de patriotisme… Le général Sérurier est extrêmement sévère pour lui-même ; il l'est quelquefois pour les autres. Ami rigide de la discipline, de l'ordre et des vertus les plus nécessaires au maintien de la société, il dédaigne l'intrigue et les intrigants, ce qui lui a quelquefois fait des ennemis parmi ces hommes qui sont toujours prêts à accuser d'incivisme ceux qui veulent que l'on soit soumis aux lois et aux ordres de ses supérieurs ». Le général est reçu à Paris le dans la salle d'audience du Directoire à qui il professe sa loyauté et celle de ses soldats. Il retourne à sa division le et manque le coup d'État du 18 fructidor[59]. Le général Desaix le décrit peu après : « grand, 55 ans… probe, intègre, estimable sous tous les rapports, tourmenté par les enragés, passant pour aristocrate, mais soutenu par le général Bonaparte qui l'estime »[60]. Par le traité de Campo-Formio, la République de Venise passe presque tout entière sous la domination de la Maison d'Autriche. Sérurier, nommé gouverneur de Venise le , est chargé de l'évacuation et fait emporter vivres, munitions, armes et objets d'art. En dépit des objurgations de la population et des Impériaux, la ville est littéralement mise à sac. Quoique impopulaire et cible de nombreuses récriminations, Sérurier ne profite pas personnellement du pillage et fait de son mieux pour contenir les excès. Il s'autorise à confisquer et à vendre le sel et les biscuits de l'arsenal de Venise, ceci afin de payer ses soldats[61]. À l'armée d'Italie, des généraux comme Masséna ou Augereau se sont à l'inverse rendus célèbres pour leur appât du gain et leur tendance à s'enrichir sur le dos des populations civiles, imités en cela par de nombreux officiers subalternes[62]. Sérurier acquiert une telle réputation d'honnêteté qu'il est surnommé par ses soldats la « Vierge d'Italie »[63].

1798-1799

Portrait en buste et en noir et blanc d'un général de la période révolutionnaire, les chevaux poudrés à l'ancienne mode, le visage et le corps tourné vers la gauche, presque de profil.
Le général Sérurier en tenue révolutionnaire.

Au dĂ©but de l'annĂ©e 1798, SĂ©rurier commande par intĂ©rim les divisions françaises laissĂ©es en Italie. Ses soldats, qui attendent depuis longtemps le versement de leur solde, manifestent leur mĂ©contentement et SĂ©rurier doit faire de grands efforts pour les empĂŞcher de se mutiner[64]. Trop âgĂ© pour ĂŞtre de l'expĂ©dition d'Égypte[65], il obtient un commandement Ă  l'armĂ©e d'Angleterre vers , avec quartier gĂ©nĂ©ral Ă  Rennes. Le , il est nommĂ© inspecteur gĂ©nĂ©ral des troupes de l'intĂ©rieur, avant d'ĂŞtre transfĂ©rĂ© le Ă  l'armĂ©e d'Italie pour y servir sous les ordres de Joubert[64]. Ce dernier demande d'abord Ă  SĂ©rurier de prendre Livourne, puis modifie ses plans et lui ordonne d'envahir la rĂ©publique de Lucques[66]. La cavalerie de SĂ©rurier fait son entrĂ©e Ă  Lucques le et extorque aux habitants de grosses sommes d'argent ainsi que des effets d'habillement destinĂ©s Ă  Ă©quiper les troupes françaises. Le reste des forces de SĂ©rurier, soit 6 000 fantassins[67], arrive Ă  son tour dans la ville le . Le gĂ©nĂ©ral fait immĂ©diatement rĂ©quisitionner l'artillerie disponible et, sur ordre du Directoire, impose aux autoritĂ©s lucquoises le versement d'une contribution de deux millions de livres. L'agitation des patriotes, soutenus en secret par le Directoire, amène le Ă  la proclamation d'une « rĂ©publique dĂ©mocratique » organisĂ©e sur le modèle des rĂ©publiques sĹ“urs italiennes. SĂ©rurier rĂ©dige la nouvelle constitution et nomme les principaux membres du gouvernement. Le , il remet son commandement au gĂ©nĂ©ral Miollis pour se rendre Ă  Mantoue[68]. SchĂ©rer, qui a remplacĂ© Joubert Ă  la tĂŞte de l'armĂ©e d'Italie, donne Ă  SĂ©rurier le commandement de la division du Tyrol alignant thĂ©oriquement 8 328 hommes[69].

Lorsqu'Ă©clate la guerre de la Deuxième Coalition, SchĂ©rer n'a que 43 000 hommes Ă  opposer aux 50 700 Autrichiens du gĂ©nĂ©ral Kray stationnĂ©s Ă  VĂ©rone. Ces derniers peuvent en outre compter sur le soutien d'un corps russe de 24 551 hommes aux ordres du marĂ©chal Souvorov. EspĂ©rant battre l'armĂ©e de Kray avant que celle-ci ne fasse sa jonction avec les Russes, SchĂ©rer dĂ©cide de passer Ă  l'offensive[65]. Le , au cours de la bataille de VĂ©rone, les divisions Grenier et Delmas emportent Pastrengo au nord, pendant que SĂ©rurier, par un mouvement tournant, rĂ©ussit Ă  chasser les ImpĂ©riaux du village de Rivoli. Sur le reste du front, les Français tiennent leurs adversaires en Ă©chec devant VĂ©rone mais sont en revanche malmenĂ©s au sud Ă  Legnago[70]. Le 27, Kray bascule rapidement le gros de ses forces vers le nord pour soutenir son aile droite en difficultĂ©[71]. De son cĂ´tĂ©, SchĂ©rer modifie l'emplacement de ses divisions ce qui a pour consĂ©quence d'Ă©puiser inutilement ses soldats[72]. Le gĂ©nĂ©ral en chef ordonne finalement Ă  SĂ©rurier de progresser au nord sur VĂ©rone avec 6 000 hommes afin d'exploiter son avantage dans ce secteur, mais cette dĂ©cision vient trop tard : le , Ă  Parona, SĂ©rurier se heurte Ă  un corps de 15 000 Autrichiens et essuie une sĂ©vère dĂ©faite, perdant 600 tuĂ©s ou blessĂ©s et 1 177 prisonniers. En comparaison, les pertes de l'armĂ©e impĂ©riale ne sont que de 390 hommes[71].

Scène de combat rapproché entre soldats, à la baïonnette et au sabre, près d'un ravin, avec plusieurs hommes à terre au premier plan et un officier à cheval dressant son sabre au centre de l'image. Derrière lui, un de ses soldats tient un étendard.
Représentation par Schiavonetti de la bataille de Cassano, au cours de laquelle la division Sérurier est faite prisonnière.

Une autre bataille a lieu Ă  Magnano le et s'achève par une nette victoire des forces autrichiennes[73]. Lors de ce combat, la division SĂ©rurier aligne les 18e, 29e et 30e demi-brigades d'infanterie lĂ©gère, fortes de trois bataillons chacune, un bataillon de la 1re lĂ©gère, 180 grenadiers, 850 cavaliers et 60 artilleurs[74]. Alors que les deux armĂ©es s'avancent l'une contre l'autre, SĂ©rurier, postĂ© sur la gauche, rĂ©ussit Ă  se rendre maĂ®tre du village de Villafranca. Cependant, les divisions Victor et Grenier sont mises en dĂ©route sur le flanc opposĂ© et les Français doivent battre en retraite[75] après avoir laissĂ© sur le terrain 3 500 tuĂ©s ou blessĂ©s, 4 500 prisonniers, dix-huit canons et sept drapeaux. L'armĂ©e de Kray a perdu 6 000 hommes, dont 2 000 prisonniers[73]. Cette dĂ©faite porte un rude coup au moral des troupes et Ă  la confiance des gĂ©nĂ©raux français. Ayant appris qu'un corps de 12 000 ImpĂ©riaux s'apprĂŞte Ă  tourner son aile gauche en passant par le Tyrol, SchĂ©rer abandonne ses positions sur le Mincio non sans laisser une garnison de 12 000 soldats dans Mantoue. De nombreux contingents suisses et italiens servant dans l'armĂ©e française profitent de la retraite pour dĂ©serter[76].

Ă€ la fin du mois d', les troupes françaises, rĂ©duites Ă  28 000 hommes, se regroupent derrière la rivière Adda. L'armĂ©e, Ă©tirĂ©e sur un front de 115 km, est divisĂ©e en trois corps de modeste importance : SĂ©rurier sur la gauche, Grenier au centre et Victor sur la droite[77]. Dans la matinĂ©e du , alors que les forces austro-russes du marĂ©chal Souvorov franchissent l'Adda Ă  Brivio et Capriate San Gervasio, le gĂ©nĂ©ral Moreau remplace SchĂ©rer au commandement de l'armĂ©e d'Italie[78]. La bataille de Cassano est livrĂ©e dans la journĂ©e et s'achève sur une nouvelle dĂ©faite française[79]. Ă€ l'issue de combats fĂ©roces, les troupes de Grenier sont vaincues Ă  Trezzo et celles de Victor sont enfoncĂ©es Ă  Cassano par les Autrichiens. Les Français battent en retraite sur Milan, laissant Ă  dĂ©couvert le corps de SĂ©rurier qui s'est Ă©tabli quelque part entre Trezzo et Brivio[80]. Conscient du pĂ©ril qui menace son subordonnĂ©, Moreau tente de se porter Ă  son secours mais la supĂ©rioritĂ© numĂ©rique des Austro-Russes le contraint Ă  renoncer. SĂ©rurier, dĂ©sormais totalement coupĂ© du reste de l'armĂ©e et qui n'a reçu aucun ordre en provenance du quartier gĂ©nĂ©ral, se retranche pendant la nuit dans le village de Verderio[81] avec les 2 600 Ă  4 000 soldats dont il dispose[80]. Trouvant les Français sur sa route, le gĂ©nĂ©ral autrichien Vukassovich scinde sa division en trois colonnes et encercle la position. Vukassovich signale dans son rapport la rĂ©sistance « dĂ©sespĂ©rĂ©e » de ses adversaires, mais, Ă  court de munitions, SĂ©rurier doit capituler dans la soirĂ©e du . 243 officiers et 3 847 soldats sont faits prisonniers selon les ImpĂ©riaux[82], 2 400 selon Tuetey[83]. Les troupes de Vukassovich dĂ©plorent 2 750 hommes hors de combat, soit la moitiĂ© des pertes subies par les CoalisĂ©s Ă  Cassano[84]. L'aile gauche de SĂ©rurier restĂ©e près du lac de CĂ´me parvient quant Ă  elle Ă  s'Ă©chapper et Ă  rejoindre l'armĂ©e principale[85].

Conduit à Milan avec les autres officiers prisonniers, Sérurier est reçu par Souvorov qui lui rend son épée prise lors de sa capture et l'autorise à rentrer en France sur la promesse de ne plus reprendre les armes contre la Coalition jusqu'à la fin de la guerre[86]. Lors du dîner, après avoir vainement tenté de soutirer à son hôte des renseignements militaires[84], Souvorov s'étonne qu'un homme aussi distingué soit au service de la République française, ce à quoi Sérurier répond : « mon père, en me remettant mon épée, m'a expressément ordonné de ne m'en servir que pour la défense de mon pays »[87]. L'historien britannique Ramsay Weston Phipps considère Verderio comme le plus grand désastre de la carrière de Sérurier, expliquant que celui-ci était accoutumé à voir Bonaparte rétablir des situations compromises par de savantes manœuvres. Moreau, revoyant le général après sa libération, le blâme sévèrement pour sa conduite, mais reconnaît plus tard dans une lettre au gouvernement que la seule erreur commise par Sérurier dans cette affaire a été de se conformer un peu trop rigoureusement à ses ordres. Ce lourd échec met fin à la carrière militaire active de Sérurier[88].

Le vaincu de Verderio, rentré à Paris, est mis sur la touche par le Directoire ce qui accentue son ressentiment contre le pouvoir en place. La même année, Bonaparte revient d'Égypte. Le , il convie Sérurier chez lui, lui fait part de son projet de renverser le Directoire et parvient à convaincre le vieux soldat d'adhérer au complot. Cantonné avec la réserve de l'armée au quartier du Point-du-Jour, non loin de Saint-Cloud, il laisse faire le coup d'État du 18 brumaire[89]. Le lendemain , Bonaparte manque de peu d'être écharpé au conseil des Cinq-Cents mais son frère Lucien réussit à faire passer les contestataires pour une minorité de factieux aux yeux des soldats chargés de la protection du Conseil et ces derniers expulsent rapidement les parlementaires de la salle. Alors que se déroulent ces événements, les troupes de Sérurier arrivent à Saint-Cloud et le général s'adresse à elles en ces termes : « les misérables ! Ils ont voulu tuer le général Bonaparte. Du calme, soldats, et attendez les ordres »[90]. Ce récit donné par Phipps est toutefois contredit par Tuetey qui précise que Sérurier n'est pas intervenu à Saint-Cloud[91]. Le , quelques jours après le coup d'État, Sérurier est appelé à faire partie d'une commission militaire chargée d'étudier l'utilisation des bataillons auxiliaires[92]. En récompense de son soutien, le tout nouveau Premier consul le fait élire sénateur le . Sérurier, retiré officiellement du service actif le , devient ensuite vice-président du Sénat en 1802, puis préteur l'année suivante[93]. Le , il préside une commission visant à délimiter les frontières entre la France et la Ligurie[94]. Le suivant, le général est nommé gouverneur des Invalides, et le reste pendant toute la durée du règne de Napoléon[95].

Maréchal d'Empire et gouverneur des Invalides

Portrait à mi-cuisse d'un maréchal de Napoléon, les cheveux poudrés à l'ancienne mode, revêtu d'un uniforme arborant des épaulettes à franges, ses décorations et une écharpe rouge, le corps et le visage tourné de trois-quarts vers la gauche, les bras croisés, tenant dans la main droite son bâton de maréchal. Derrière lui, en arrière-plan, des ruines antiques.
Jean-Matthieu-Philibert, comte Sérurier (1742-1819), maréchal de France, huile sur toile de Jules Varnier, 1846, musée de l'Armée.

SĂ©rurier est Ă©levĂ© Ă  la dignitĂ© de marĂ©chal d'Empire honoraire le , peu après l'avènement du Premier Empire. Son nom apparaĂ®t aux cĂ´tĂ©s de Kellermann, Lefebvre et PĂ©rignon, tous anciens gĂ©nĂ©raux de la RĂ©publique[96]. Lors de la cĂ©rĂ©monie du sacre le , SĂ©rurier porte l'anneau de l'ImpĂ©ratrice[97]. Ă€ ces diffĂ©rents honneurs s'ajoutent la plaque de grand aigle de la LĂ©gion d'honneur en , le grand-cordon de la Couronne de fer et le titre de comte de l'Empire en . Le de la mĂŞme annĂ©e, il obtient une dotation de 20 000 francs sur la Westphalie et une autre de 20 000 francs sur l'Ă©lectorat de Hanovre. Lors du dĂ©barquement britannique Ă  Walcheren en 1809, la France est menacĂ©e d'invasion et SĂ©rurier devient commandant gĂ©nĂ©ral de la garde nationale de Paris[98]. Cependant, le titre n'est qu'honorifique, car c'est Moncey qui en assure le commandement effectif lors de la dĂ©fense de Paris, le [99].

Napoléon auprès d'un blessé dans un hôpital, entouré de ses généraux.
Napoléon Ier visitant l'infirmerie des Invalides, , par Alexandre Veron-Bellecourt. Sérurier est au premier plan, derrière l'Empereur.

Sous l'Empire, les Invalides disposent d'un certain nombre de succursales en France et en Belgique destinées à abriter un nombre croissant d'invalides de guerre. Sérurier prend rapidement conscience de la faiblesse de son autorité sur la gestion de l'hôtel. Après avoir traversé une période de découragement lors de sa prise de fonction et même proposé sa démission en 1806, le maréchal met à l'étude un projet de décret qui est publié en 1811, renforçant l'étendue de ses pouvoirs et fixant à six millions de francs le montant des revenus de l'institution[100].

Le travail de Sérurier reste cependant essentiellement honorifique. De fait, il est présent lors des nombreuses cérémonies protocolaires qui jalonnent la vie de l'institution : il assiste à la prestation de serments des récipiendaires de la Légion d'honneur en , reçoit le pape Pie VII en 1805, puis les souverains de Wurtemberg, de Saxe et de Bavière. De 1808 à 1813, le bâtiment accueille les cœurs de Vauban, Lannes, Éblé et Lariboisière, ces trois derniers étant morts au cours des guerres de l'Empire. L'hôtel abrite en outre la majorité des drapeaux pris à l'ennemi depuis le règne de Louis XIV, en plus de l'épée et des insignes de Frédéric II remises à Sérurier après la campagne de Prusse[101].

Un attroupement de soldats mettant le feu à des étendards dans la cour d'un bâtiment.
Incendie des drapeaux dans la cour d'Honneur des Invalides, le , Dujardin, d'après Émile Defrenne, musée de l'Armée.

En 1814, les armĂ©es alliĂ©es envahissent le territoire national : c'est la campagne de France. Au mois de fĂ©vrier, SĂ©rurier s'inquiète auprès de Clarke du sort des drapeaux des Invalides, mais le ministre lui rĂ©pond de s'en remettre aux ordres de NapolĂ©on. Lesdits ordres ne venant pas, rien n'est encore dĂ©cidĂ© le , Ă  l'heure oĂą les coups de canons se font entendre aux portes de la capitale. Clarke Ă©crit Ă  SĂ©rurier : « je ne doute pas que Votre Excellence n'ait dĂ©jĂ  pris des mesures conservatrices des objets prĂ©cieux qui sont Ă  l'HĂ´tel, et surtout de l'Ă©pĂ©e de FrĂ©dĂ©ric et des drapeaux conquis », pourtant aucune destination pour l'Ă©vacuation des emblèmes n'a Ă©tĂ© fixĂ©e. Ă€ neuf heures du soir, l'ordre est finalement donnĂ© de rĂ©unir les quelque 1 500 drapeaux dans la cour et d'y mettre le feu. Le marĂ©chal SĂ©rurier, son Ă©tat-major et nombre d'invalides assistent Ă  l'autodafĂ©. Les cendres sont ensuite jetĂ©es Ă  la Seine[102].

La Restauration et la mort

Sérurier vote la déchéance de Napoléon Ier au Sénat le et se rallie à Louis XVIII, qui en fait un pair de France le et le confirme à son poste de gouverneur des Invalides[103]. Il revient vers l'Empereur durant les Cent-Jours mais reste à l'écart de toute activité[104], assistant néanmoins à la cérémonie du Champ de mai[103]. La Seconde Restauration le punit en le mettant au traitement de réforme et en le relevant de ses fonctions de gouverneur des Invalides le . Il est remplacé à ce poste par le duc de Coigny. Le maréchal conserve toutefois sa pairie[105] et, en cette qualité, vote la mort au procès de Ney[103]. Fait grand-croix de l'ordre de Saint-Louis le , il retrouve son traitement entier de maréchal de France le [106].

Jean Mathieu Philibert Sérurier succombe à une paralysie du cerveau dans son appartement parisien de la rue Duphot, le , et ses obsèques ont lieu le au cimetière du Père-Lachaise[106]. Le maréchal Soult[107] et le général Pamphile de Lacroix prononcent les éloges funèbres. Sa dépouille est déposée aux Invalides en 1847[108].

Personnalité

« Sa taille était haute, son air sévère et triste, et une cicatrice à la lèvre allait bien à sa figure austère. Aimant bien, probe, désintéressé, homme de devoir et de conscience, il avait des opinions opposées à la Révolution. »

— Auguste de Marmont, Mémoires du maréchal Marmont, duc de Raguse, de 1792 à 1841, Paris, 1857, tome 1, p. 149.

Photographie ancienne d'une statue en pied d'un maréchal de Napoléon en grand uniforme, tenant son sabre de la main gauche et son bâton de maréchal de la main droite. Autour du piédestal, une grille, et en arrière-plan, un bâtiment.
Statue du maréchal Sérurier à Laon. L'ouvrage n'est pas ressemblant et se contente de donner une allure martiale au personnage[109]. La statue a été déboulonnée par les Allemands le 12 novembre 1917.

Pour son principal biographe, Sérurier représente le type accompli du divisionnaire[110]. Dans le Dictionnaire Napoléon, Jean-Paul Bertaud le juge comme un « bon capitaine sans grands talents »[111]. Ayant fait une longue carrière sous l'Ancien Régime, Sérurier en a hérité une manière rigide de concevoir la discipline et la conduite des troupes. Froid, manquant de chaleur, il ne partage pas l'ardeur révolutionnaire de ses soldats et n'acquiert pas la popularité d'un Masséna ou d'un Augereau, véritables entraîneurs d'hommes[112]. À plusieurs reprises, Bonaparte lui reproche de ne pas avoir suffisamment confiance en ses troupes[113]. Au sein de l'armée d'Italie, composée pour l'essentiel de très jeunes généraux, Sérurier fait figure d'exception et, selon Louis Tuetey, ce décalage explique en partie le manque de confiance en soi qu'il manifeste à son échelle de commandement. Sur le champ de bataille, il se montre souvent timoré, peu réceptif aux changements rapides de situation et manquant cruellement d'initiative[114]. Le désastre de Verderio est ainsi considéré comme assez caractéristique de sa conduite lorsqu'il se retrouve livré à ses propres moyens[115] et, selon Tuetey, Sérurier n'était tout simplement pas fait pour servir à l'armée d'Italie[116]. Banc lui reconnaît un caractère réfléchi et de réels talents d'organisateur, mais ajoute que ses capacités demeurent somme toute limitées[107]. Mal à l'aise dans les fonctions à hautes responsabilités et dépourvu d'envergure stratégique, il se montre en revanche meilleur en sous-ordre : ses supérieurs, Dumerbion, Schérer, Bonaparte, l'ont tous regardé comme l'un de leurs lieutenants les plus sûrs. Soldat courageux, sachant se battre et manœuvrer, Sérurier a aussi un sens aigu de la discipline et l'attention constante qu'il accorde à l'instruction de ses troupes valent à sa division la réputation d'être l'une des mieux tenues de l'armée d'Italie[117].

Mesurant 1,87 m, SĂ©rurier est dĂ©crit comme un homme au visage triste et peu sĂ©duisant, les cheveux coiffĂ©s Ă  l'ancienne mode et n'arborant ni moustache ni favoris. Modeste, il est aussi d'une grande rigueur et son sens du devoir le pousse Ă  ĂŞtre très exigeant avec ses subordonnĂ©s, Ă  qui il impose des conditions de vie aussi drastiques que les siennes[118]. Sa personnalitĂ© très rĂ©servĂ©e et ses manières, contrastant fortement avec l'exubĂ©ration propre aux gĂ©nĂ©raux de l'armĂ©e d'Italie Ă  cette Ă©poque, contribuent Ă  lui forger une rĂ©putation d'aristocrate. L'apparence qu'il donne Ă  voir conjuguĂ©e Ă  son imposante stature suscitent cependant le respect autour de sa personne[119]. SĂ©rurier est surtout connu pour sa rigoureuse intĂ©gritĂ©, Ă  laquelle il doit son surnom de « Vierge d'Italie »[120], n'ayant jamais, lors de ses divers commandements, tentĂ© d'extorquer les populations civiles Ă  des fins personnelles, contrairement Ă  une pratique alors largement rĂ©pandue[62]. Un historien britannique remarque Ă  ce sujet que si SĂ©rurier ne figure pas au panthĂ©on des grands capitaines de l'armĂ©e impĂ©riale, « sa fiabilitĂ© et son honnĂŞtetĂ© inĂ©branlable lui ont cependant permis d'accomplir de grandes choses »[121]. Lors d'un discours qu'il prononce Ă  la Chambre des pairs, Suchet le compare flatteusement Ă  Catinat, l'un des plus vertueux marĂ©chaux de Louis XIV[122]. Au dĂ©but de la campagne de 1796, il n'hĂ©site pas Ă  faire fusiller les soldats s'Ă©tant rendus coupables d'exactions contre les habitants[123]. De fait, Ă  sa mort, la fortune qu'il lègue Ă  sa veuve est si modeste que cette dernière est contrainte de solliciter une pension auprès du gouvernement[124]. Du point de vue politique, SĂ©rurier, très modĂ©rĂ© dans ses opinions, n'a jamais fait preuve d'une grande hauteur de vue, ce qui explique qu'il a soutenu sans trop de scrupules le coup d'État de Brumaire[125]. Il figure ainsi en bonne place dans le Dictionnaire des girouettes paru en 1815[126].

Descendance

Sérurier épouse à Presles-l'Évêque le , Louise-Marie-Madeleine Itasse, fille de Jacques-Antoine Itasse, greffier en chef du bailliage criminel de Laon et de Marie-Madeleine Dohy[127]. Louis Tuetey, le biographe du maréchal, écrit qu'« une sympathie réciproque les avait unis bien plutôt qu'un arrangement d'intérêt : la situation de fortune de Sérurier fut toujours modeste »[128]. La maréchale Sérurier meurt à Versailles le , sans avoir eu d'enfants[129]. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise.

Le maréchal et sa femme adoptent chacun un enfant dans leur vieillesse : Suzanne-Félicité Desprez-Sérurier (1795-1854), et Clarisse-Elisa Lanchamp (1799-1889), cette dernière héritant de la modeste fortune de Sérurier[130].

Hommages

Armoiries

Figure Blasonnement
Armes de comte de l'Empire :

De gueules, au lévrier assis d'argent ; au canton des Comtes Sénateurs brochant[134].

Armes du comte-pair de France sous la Restauration :

De gueules, au lévrier assis d'argent, colleté et terrassé de sable[135].

Notes et références

  1. Tuetey 1899, p. 1 Ă  4.
  2. Banc 2007, p. 373.
  3. Tuetey 1899, p. 4 Ă  7.
  4. Tuetey 1899, p. 7 Ă  11.
  5. Tuetey 1899, p. 11 Ă  13.
  6. Tuetey 1899, p. 13 Ă  16.
  7. Tuetey 1899, p. 16 Ă  18.
  8. Tuetey 1899, p. 22 Ă  32.
  9. Tuetey 1899, p. 40.
  10. Tuetey 1899, p. 47 Ă  59.
  11. Tuetey 1899, p. 59 Ă  61.
  12. Tuetey 1899, p. 61.
  13. Phipps 2011a, p. 102.
  14. Phipps 2011a, p. 221.
  15. Phipps 2011a, p. 224.
  16. Smith 1998, p. 74.
  17. Phipps 2011a, p. 224 et 227.
  18. Phipps 2011a, p. 234 et 235.
  19. Phipps 2011a, p. 236.
  20. Phipps 2011a, p. 243 Ă  245.
  21. Phipps 2011a, p. 248 et 249.
  22. Phipps 2011a, p. 251 et 252.
  23. Smith 1998, p. 108.
  24. Phipps 2011a, p. 262 Ă  266.
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  26. Chandler 1966, p. 54.
  27. Phipps 2011a, p. 270.
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  29. Phipps 2011b, p. 9 et 10.
  30. Phipps 2011b, p. 11 et 12.
  31. Boycott-Brown 2001, p. 219.
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Annexes

Bibliographie

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