AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Pierre Augereau

Charles Pierre François Augereau[note 1], né le à Paris et mort le à La Houssaye-en-Brie (Seine-et-Marne)[1], est un général français puis maréchal d'Empire et duc de Castiglione.

Brillant divisionnaire pendant la premiĂšre campagne d'Italie, Augereau déçoit NapolĂ©on durant les guerres napolĂ©oniennes par son attitude aussi bien au combat qu'envers la personne de l'Empereur. À Sainte-HĂ©lĂšne, ce dernier lui reproche particuliĂšrement son comportement pendant la campagne de France oĂč, commandant de l'armĂ©e de Lyon, le marĂ©chal ne rĂ©ussit pas Ă  battre les troupes autrichiennes qui lui sont opposĂ©es et s'attire plus tard ce sĂ©vĂšre jugement du souverain : « Depuis longtemps, chez lui, le marĂ©chal n’était plus le soldat ; son courage, ses vertus premiĂšres, l’avaient Ă©levĂ© trĂšs haut hors de la foule : les honneurs, les dignitĂ©s, la fortune, l’y avaient replongĂ©. Le vainqueur de Castiglione eĂ»t pu laisser un nom cher Ă  la France ; mais elle rĂ©prouvera la mĂ©moire du dĂ©fectionnaire de Lyon. »

Jeunesse

Augereau, par H. Rousseau (dessin), E. Thomas (gravure).

Augereau est issu d'une famille modeste : son pÚre, Pierre Augereau, est d'abord jeune domestique puis maçon[2] - [note 2], et sa mÚre, Marie-JosÚphe Kreslin, d'origine allemande, est marchande de fruits au faubourg Saint-Marceau, à Paris[note 3]. Il ne reçoit qu'une éducation trÚs sommaire[note 4] - [3].

L'exil

Cas unique parmi les marĂ©chaux de NapolĂ©on, Augereau sert dans l'armĂ©e prussienne oĂč il combat contre l'Empire ottoman et l'Autriche. Devenu sergent, il dĂ©serte et rĂ©ussit Ă  rejoindre les frontiĂšres de la Saxe, entraĂźnant son peloton avec lui. Pendant les annĂ©es 1788-1791, on le retrouve au service de l'armĂ©e de Naples, puis au Portugal. Les Ă©vĂ©nements de la RĂ©volution française le font rentrer en France vers la fin de 1792.

Soldat de la RĂ©volution

Farouche jacobin, il s'engage dans la Garde nationale et devient sergent. NommĂ© capitaine puis lieutenant-colonel, il participe Ă  la rĂ©pression de la rĂ©volte des Chouans en Bretagne. Puis il rejoint l'armĂ©e des PyrĂ©nĂ©es, sous les ordres au gĂ©nĂ©ral Jean-Antoine Marbot (1754-1800), oĂč il est rapidement promu gĂ©nĂ©ral de division le . Sa division se distingue encore plus lorsqu'elle est transfĂ©rĂ©e Ă  l'armĂ©e d'Italie en 1795, oĂč elle participe Ă  la bataille de Loano[4].

Campagne d'Italie

Augereau au pont d’Arcole, par Charles ThĂ©venin.

En 1796, sous les ordres de Bonaparte, il s'illustre Ă  la bataille de Montenotte et Ă  la bataille de Millesimo puis lors de la prise du chĂąteau de Cosseria le . Pendant la bataille du pont de Lodi le , le mouvement tournant de ses troupes contribue Ă  la victoire. Mais c'est surtout Ă  Castiglione le , qu'il se couvre de gloire. La veille de la bataille, alors que l'armĂ©e française se trouve dans une position critique, il est le seul, en conseil de guerre, Ă  prĂ©coniser l'attaque. Le lendemain, ses manƓuvres et sa valeur sont pour beaucoup dans l'Ă©clatant succĂšs remportĂ© par l'armĂ©e d'Italie et son gĂ©nĂ©ral en chef[5]. Il est aussi prĂ©sent, le , Ă  Arcole, oĂč il s’élance sur le pont Ă  la tĂȘte de ses troupes. Bonaparte apprĂ©cie Augereau au point de le dĂ©signer pour apporter les drapeaux pris Ă  l'ennemi au Directoire[6] - [note 5]. Augereau en retire une gloire personnelle qui vise Ă  Ă©clipser celle de Bonaparte.

ÉloignĂ© de l’armĂ©e, Augereau se livre Ă  toutes les intrigues politiques dont Paris est le thĂ©Ăątre. Il participe ainsi au coup d'État du 18 fructidor () qui Ă©carte les conseillers suspectĂ©s de sympathies monarchistes. En remerciement, il est nommĂ© commandant de l'armĂ©e de Sambre-et-Meuse, puis de l'armĂ©e du Rhin. Il se fait Ă©lire dĂ©putĂ© de la Haute-Garonne au Conseil des Cinq-Cents oĂč il siĂšge Ă  gauche. Jacobin, il manifeste son hostilitĂ© au coup d'État du 18 Brumaire mais finit cependant par se rallier Ă  Bonaparte qui lui confie le commandement de l'armĂ©e française en Batavie le , et commandant des troupes gallo-bataves le . L’annĂ©e suivante, il est remplacĂ© par Victor, et reste sans commandement pendant un certain temps. Il recommence alors ses attaques contre le gouvernement consulaire.

Franc-maçon en 1801, il est membre de la loge « Les Enfants de Mars » à La Haye.

Guerres napoléoniennes

Maréchal Pierre Augereau, duc de Castiglione par Robert LefÚvre.

Son ardeur républicaine finit par se calmer lorsque Napoléon Ier le nomme maréchal d'Empire le , grand officier de la Légion d'honneur, duc de Castiglione et grand-croix de l'ordre de Charles III d'Espagne[7].

Commandant du VIIe corps de la Grande ArmĂ©e l'annĂ©e suivante, il est affectĂ© en Autriche et en Allemagne mais ne prend pas part Ă  la bataille d'Austerlitz. En 1806, il participe Ă  la campagne d'Allemagne, il se distingue le Ă  IĂ©na, oĂč il bat le corps saxon de Zezschwitz (de) et Ă©crase le corps de renfort prussien de RĂŒchel venu trop tard au secours de l’armĂ©e prusso-saxonne, puis Ă  la bataille de Golymin, contre les Russes, le . Au dĂ©but de l'annĂ©e 1807, il tombe malade et doit se faire attacher sur son cheval lors de la bataille d'Eylau le . Alors qu’il doit attaquer le centre russe, son corps d’armĂ©e se perd dans une tempĂȘte de neige. Les soldats français sont dĂ©cimĂ©s par les canons ennemis, et NapolĂ©on doit faire intervenir la cavalerie de Murat et la Garde impĂ©riale pour combler le vide laissĂ© par le 7e corps. BlessĂ© au bras, Augereau rentre en France. Le , il reçoit le titre de duc de Castiglione[6].

Il sert ensuite en Espagne oĂč il fait preuve de cruautĂ© lors de la campagne de Catalogne (siĂšge de GĂ©rone) en 1809. Ses premiĂšres victoires Ă  la tĂȘte de l'armĂ©e de Catalogne sont bientĂŽt suivies de dĂ©faites.

L’empereur renvoie Augereau dans ses terres mais le rappelle pour la campagne de Russie de 1812 oĂč il lui confie le XIe corps de la Grande ArmĂ©e en Allemagne (corps de rĂ©serve). Le marĂ©chal est prĂ©sent lors de la dĂ©faite française Ă  Leipzig, du 16 au . Sa dĂ©fense acharnĂ©e lui fait regagner la faveur de NapolĂ©on.

En , pendant la campagne de France, Augereau reçoit le commandement du corps d’armĂ©e postĂ© Ă  Lyon. Ses ordres prĂ©voient la levĂ©e de 60 000 hommes, mais il ne trouve que 800 Ă  900 hommes armĂ©s sur place, une ville peu fortifiĂ©e, presque dĂ©pourvue de vivres et de munitions. Les Autrichiens du gĂ©nĂ©ral Ferdinand von Bubna und Littitz ont pris GenĂšve le , MĂącon le . Les autoritĂ©s locales de Lyon, par crainte du dĂ©sordre et des reprĂ©sailles autrichiennes, refusent d'armer la population[8]. Augereau parvient Ă  rassembler 14 000 hommes contre les 60 000 Autrichiens du prince Philippe de Hesse-Hombourg et il livre plusieurs combats de retardement mais aprĂšs la bataille de Limonest (), Ă  court de ressources, il cĂšde Ă  la demande des Ă©diles qui craignent la destruction de Lyon et Ă©vacue la citĂ© dans la nuit du 21 au pour se replier sur Valence[9]. Cette retraite lui vaut d'ĂȘtre qualifiĂ© par NapolĂ©on Ă  Sainte-HĂ©lĂšne de « dĂ©fectionnaire de Lyon »[10]. Le , il lance une proclamation oĂč il enjoint Ă  ses soldats d’adopter la cocarde blanche des Bourbons et dĂ©nonce NapolĂ©on comme un tyran.

Louis XVIII le fait pair de France et chevalier de Saint-Louis. Au retour de Napoléon de l'ßle d'Elbe, Augereau publie, le 1815, un ordre du jour pompeux en faveur de l'Empereur mais celui-ci biffe son nom de la liste des maréchaux, le qualifiant de « traßtre à la France » et le laissant sans emploi. N'ayant pas été employé pendant les Cent-Jours, Augereau reprend ses fonctions à la Chambre des pairs au retour du roi[11]. Il se retire dans sa propriété de La Houssaye-en-Brie[12].

Il y meurt peu aprĂšs, sans descendance, d’une hydropisie. Son corps est inhumĂ© au cimetiĂšre du PĂšre-Lachaise (59e division) Ă  Paris.

Distinctions

Famille

Adélaïde Joséphine de Bourlon de Chavange, сomtesse de Sainte-Aldegonde par François Meuret.

Il épouse en premiÚres noces Joséphine-Marie-Marguerite-Gabrielle Grach (1766-1806) à Naples en 1788, sans descendance. Le , il épouse en secondes noces Adélaïde Joséphine de Bourlon de Chavange (1789-1869) à La Houssaye-en-Brie, sans descendance. Sa seconde femme est nommée dame du palais de l'impératrice, par décret du . Elle se remariera, aprÚs la mort du maréchal, au comte Charles Camille de Sainte-Aldegonde.

Son frÚre cadet, le général et baron d'Empire Jean-Pierre Augereau (1772-1836) n'hérite pas de la pairie du duc de Castiglione, laquelle meurt en la personne du maréchal.

Honneurs et postérité

Notes et références

Notes

  1. « Sa taille, ses maniĂšres, ses paroles, lui donnaient l'air d'un bravache ; ce qu'il Ă©tait loin d'ĂȘtre quand une fois il se trouva gorgĂ© d'honneurs et de richesses, lesquelles d'ailleurs il s'adjugeait de toutes mains et de toutes les maniĂšres. » C'est ainsi que NapolĂ©on, prisonnier sur l'Ăźle Sainte-HĂ©lĂšne, juge le marĂ©chal qui a matĂ© la poussĂ©e royaliste du 18 fructidor, rĂ©prouvĂ© le projet du 18 Brumaire, exposĂ© sa vie sur les champs de batailles de l'Empereur et dĂ©noncĂ© NapolĂ©on comme un tyran en 1814.
  2. Pour C. Mullié, ouvrier maçon.
  3. Augereau n’avait point d’instruction. Comme MassĂ©na et Brune, c’était un dĂ©prĂ©dateur intrĂ©pide. « Il dut sa mauvaise conduite Ă  son peu de lumiĂšres et Ă  son mauvais entourage. » (MĂ©morial de Sainte-HĂ©lĂšne.)
  4. « Les limites du personnage apparaissent crĂ»ment dans ses maniĂšres triviales, et son instruction insuffisante, dĂ©fauts que ses parents, d'origine fort modeste, n'avaient pu corriger. En outre, son goĂ»t immodĂ©rĂ© des rapines et son amour des richesses trop rapidement acquises et fort fastueusement Ă©talĂ©es, lui ont donnĂ© une dĂ©testable rĂ©putation. » Gotteri 1990, p. 28
  5. Le Directoire lui donna celui avec lequel il s’était Ă©lancĂ©, Ă  la suite de Bonaparte, sur le pont d’Arcole.

Références

  1. Michel Cadé, « Augereau (Charles, Pierre, François) », dans Nouveau Dictionnaire de biographies roussillonnaises 1789-2011, vol. 1 Pouvoirs et société, t. 1 (A-L), Perpignan, Publications de l'olivier, , 699 p. (ISBN 9782908866414)
  2. Ph. Le Bas, L'Univers : histoire et description de tous les peuples
 – France, Dictionnaire EncyclopĂ©dique, Éd. Firmin Didot FrĂšres, Paris, 1840, p. 452.
  3. Capelle et Demory 2008, p. 29.
  4. Biographie du Maréchal Augereau.
  5. Jean-Baptiste Antoine Marcellin de Marbot, Mémoires, S.l., Mercure de France, coll. « Le temps retrouvé », , 2 volumes (ISBN 978-2-7152-2296-0 et 978-2-7152-2297-7).
  6. Capelle et Demory 2008, p. 30.
  7. (en) Charles Frederick Partington, The British cyclopĂŠdia of biography, (lire en ligne), p. 137.
  8. .Jean Guerre-Dumolard, Campagnes de Lyon en 1814 et 1815, 1816, p. 24 Ă  46.
  9. .Jean Guerre-Dumolard, Campagnes de Lyon en 1814 et 1815, 1816, p. 46 Ă  93.
  10. Gotteri 1990, p. 28.
  11. « Augereau, duc de Castiglione, (Pierre-François-Charles) », dans Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Histoire gĂ©nĂ©alogique et hĂ©raldique des pairs de France : des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princiĂšres de l'Europe, prĂ©cĂ©dĂ©e de la gĂ©nĂ©alogie de la maison de France, vol. VI [dĂ©tail de l’édition] (lire en ligne), p. 11-16.
  12. ChĂąteau de La Houssaye sur le site Napoleon & Empire.

Bibliographie

  • « Pierre Augereau », dans Charles MulliĂ©, Biographie des cĂ©lĂ©britĂ©s militaires des armĂ©es de terre et de mer de 1789 Ă  1850, [dĂ©tail de l’édition].
  • Alfred Barbou, Les gĂ©nĂ©raux de la RĂ©publique, Paris, Jouvet et Cie, coll. « BibliothĂšque instructive », , « Augereau », p. 178-201
  • Nicole Gotteri, Grands dignitaires, ministres et grands officiers du Premier Empire : autographes et notices biographiques, Nouvelles Éditions Latines, , 264 p. (lire en ligne).
  • BĂ©atrice Capelle et Jean-Claude Demory, MarĂ©chaux d'Empire, Paris, E/P/A, , 287 p. (ISBN 978-2-85120-698-5), « Augereau, un duc nĂ© rue Mouffetard ».
  • Jean Guerre-Dumolard, Campagnes de Lyon en 1814 et 1815, Lyon, 1816 .
  • Michel CadĂ©, « Augereau (Charles, Pierre, François) », dans Nouveau Dictionnaire de biographies roussillonnaises 1789-2011, vol. 1 Pouvoirs et sociĂ©tĂ©, t. 1 (A-L), Perpignan, Publications de l'olivier, , 699 p. (ISBN 9782908866414)

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.