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Jean BĂ©renger (homme politique)

Le comte Jean Bérenger est un homme politique français. Né à Tréminis[1] prÚs de Mens[2] en IsÚre le , il est mort à Saint-Germain-en-Laye le [3].

Jean BĂ©renger
Le comte BĂ©renger au Conseil d'État.
Fonctions
Pair de France
-
Président du Tribunat
-
Membre du Conseil des Cinq-Cents
-
Conseiller d'État
Titre de noblesse
Comte
Biographie
Naissance

Mens (Chateau-Bas, Tréminis, dans le canton de Mens)
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
Mens (IsĂšre)
Nationalité
française
Activité
PĂšre
MĂšre
Angélique Alloard
Conjoint
Claudine-Elisabeth Saussac
Enfant
Jules BĂ©renger (d)
Autres informations
Propriétaire de
Distinction
signature de Jean BĂ©renger
Signature

Biographie

Une éducation protestante, inspirée par la Philosophie des LumiÚres

Jean BĂ©renger est le fils de Jean BĂ©renger (1730-1813), « ministre » au dĂ©sert huguenot, surnommĂ© le Pasteur Colombe ou encore le « Martyr »[4]. PrĂ©sident du Consistoire du DauphinĂ©, proscrit, il a vĂ©cu plus de quarante ans dans la clandestinitĂ©. C'est au sud de Grenoble, Ă  TrĂ©minis, dans les environs de Mens, considĂ©rĂ© alors comme la petite GenĂšve des Alpes qu'il nait. Peu avant sa naissance, le , son pĂšre, une fois de plus condamnĂ© Ă  mort, vient d’ĂȘtre brĂ»lĂ© en effigie sur la place Grenette Ă  Grenoble. Sa mĂšre AngĂ©lique, fervente militante et admiratrice de John Locke, a Ă©tĂ© elle aussi inquiĂ©tĂ©e pour sa religion. Jean leur doit son instruction et ses convictions.

BĂ©renger « pĂšre » a Ă©tĂ© formĂ© au sĂ©minaire français de Lausanne, une Ă©cole de combat, financĂ©e par des princes et riches protestants Ă  travers l'Europe, pour remplacer les AcadĂ©mies protestantes, fermĂ©es Ă  la RĂ©vocation de l’édit de Nantes. Il y a appris le grec, le latin, la philosophie et la thĂ©ologie ; un enseignement marquĂ© par la philosophie des LumiĂšres, dans lequel une place importante est donnĂ©e Ă  la « raison »[5]. De cette Ă©cole, qui formera Ă  peine cinq ou six Ă©lĂšves par an, sortira une Ă©lite faite d'hommes comme Rabaut Saint-Etienne : dĂ©fenseur de « la libertĂ© de la pensĂ©e et des opinions » dans la DĂ©claration des Droits de l'homme et du citoyen de 1789 ou AndrĂ© Jeanbon, qui fera adopter Ă  la France son drapeau Bleu, blanc, rouge.

Le jeune Jean BĂ©ranger apprend aussi Ă  assouplir le fer sous le marteau du forgeron, Ă  manier le rabot du menuisier, l'instrument du tourneur, le marteau du tailleur de pierre ; il se livre chaque jour Ă  la culture du jardin de son pĂšre[6] et Ă©tudie la mĂ©decine, l'une des rares carriĂšres qui lui est ouverte, ses convictions religieuses l'empĂȘchant de pouvoir prĂ©tendre Ă  un emploi public.

L'Édit de tolĂ©rance () met fin Ă  la proscription des protestants.

La Terreur : fuite, puis arrestation pour « fédéralisme »

AprĂšs la JournĂ©e du 10 aoĂ»t 1792, la RĂ©volution, entre dans sa phase dictatoriale et arbitraire. BĂ©renger considĂšre alors que les bornes de la libertĂ© lĂ©gale sont franchies, et conforme ses votes et ses actes politiques Ă  cette conviction au sein de conseil. En bon huguenot, il est prĂȘt Ă  toutes les luttes pour conserver le pouvoir de dĂ©cision local. Au printemps 1793, il lance mĂȘme la proposition de faire arrĂȘter Dubois-CrancĂ©, Antoine Louis Albitte, Jean-Pierre Gauthier, envoyĂ©s par la Convention contre les Girondins[6]. Ils veulent obliger l'assemblĂ©e du dĂ©partement Ă  s'incliner.

Il est inscrit sur la liste des suspects[7] - [8] - [9]. Il lui est interdit de s'Ă©loigner de Grenoble sans autorisation expresse, sous peine d'emprisonnement[10].

Exposé à d'inévitables poursuites, Bérenger qui a démissionné la veille, part de Grenoble, à pied, le sac sur le dos ; il se rend à l'armée des Pyrénées, auprÚs de l'un de ses amis, ancien élÚve de l'école de médecine de Montpellier, et qui avait un commandement supérieur dans cette armée. De là, il regagne Paris et renoue avec la clandestinité de la tradition du Désert, en se fondant dans l'anonymat, en trouvant un modeste emploi d'aide-pharmacien à l'HÎtel Dieu, tout en se rendant réguliÚrement sur la place de la Révolution.

Une circonstance inattendue le dĂ©termine toutefois Ă  sortir volontairement de cet asile : une loi est promulguĂ©e, rendant les chefs de famille responsables de l'absence de ceux de leurs enfants dont ils ne peuvent pas justifier l'Ă©loignement. Ceux-ci sont rĂ©putĂ©s Ă©migrĂ©s. Ne voulant pas que son pĂšre, pourchassĂ© tant d'annĂ©es par les dragons, soit rattrapĂ© par la justice, BĂ©renger se rend. Il est arrĂȘtĂ© en possession d'un faux passeport Ă  Lons-le-Saunier, incarcĂ©rĂ© Ă  la Conciergerie de Grenoble puis transfĂ©rĂ© Ă  la prison de Sainte-Marie d'en Haut oĂč il sera incarcĂ©rĂ© six mois[11] - [12] et s'attend Ă  ĂȘtre conduit Ă  l’échafaud, lorsqu'on vient lui annoncer qu'il est libre : le coup d'État du 9 thermidor le sauve.

Conseil des Cinq Cents : l'homme en dehors des partis

Jean BĂ©renger, comte d'empire (1767-1850).

Un indépendant

C'est en tant que dĂ©putĂ© de l'IsĂšre qu'il est envoyĂ© en 1797[13] - [14] au Conseil des Cinq-Cents dont il se trouve ĂȘtre le membre le plus jeune[15]. Il arrive dans cette assemblĂ©e, nommĂ© par l'opposition. Son mandat, il le tient de la rĂ©action, mais lui-mĂȘme, proscrit pour ses opinions, fugitif, plus tard incarcĂ©rĂ© comme suspect, a en son cƓur un profond dĂ©dain pour le parti dominant. L'Ă©tude de sa participation aux affaires le montre, dĂšs ses dĂ©buts, avec le caractĂšre indĂ©pendant. BĂ©renger ne s'engage avec aucun parti, combattant ce qui lui parait injuste sans regarder de trop prĂšs Ă  la couleur du drapeau sur lequel il tire, prenant la parole dans les comitĂ©s; Ă  la tribune, dans la plupart des questions pendantes que soulĂšve l'Ă©tat de nos finances, que provoque la situation politique, ou mĂȘme qui rentrent dans les hautes apprĂ©ciations de l'organisation administrative, de l'instruction publique, de l'Ă©conomie politique, etc.

RĂ©sister Ă  un Directoire qui se durcit

Au, lendemain de la journée du 18 fructidor an V de la République, la politique du Directoire devient plus dictatoriale.

Durant ses quatre annĂ©es d'existence, le Directoire est confrontĂ© Ă  des poussĂ©es et complots royalistes, mais aussi jacobins. Les Ă©lections annuelles sont Ă©galement autant de dĂ©saveux pour l'exĂ©cutif qui doit recourir Ă  plusieurs reprises Ă  des coups d’État pour ne pas mettre en danger le rĂ©gime (notamment celui du 18 fructidor an V, contre la majoritĂ© royaliste nouvellement Ă©lue). Le 18 fructidor marque une profonde rupture. La politique modĂ©rĂ©e laisse place Ă  une politique rĂ©pressive, Ă  des coups d'État Ă  rĂ©pĂ©tition et Ă  une censure accrue. Une nouvelle vague anti-royaliste et anti-Ă©migrĂ©s va rapidement s'installer ainsi qu'une nouvelle terreur anticlĂ©ricale. Dans les trois mois qui prĂ©cĂšdent ce coup d’État, les partis dans une agitation Ă  peine contenue, se prĂ©parent Ă  une lutte devenue imminente.

Le 24 messidor, () le député Duplantier dépose une proposition pour contingenter les sociétés populaires (de 19 à 40 membres maximum selon la taille de la ville), dont le nombre se multiplie dans une direction plutÎt républicaine que monarchiste, Bérenger, combat cette motion sur le fondement du respect dû à la liberté et au droit de réunion[16].

Un autre jour (), un député de la gauche, Leclerc des Vosges, lance, dans Le journal montagnard de François-Martin Poultier (l'Ami des Lois), tout dévoué au Directoire, un article incendiaire et anarchiste qui, dans un rapport de force avec l'exécutif, vise à exciter la haine contre la représentation nationale et la menacer. Bérenger dénonce courageusement à la tribune, face à face, et le député auteur de l'article, et le journaliste Poultier.

Le 18 thermidor an V, peu avant le coup d’État, le dĂ©putĂ© Henri Fargues propose au Conseil l'envoi d'un message au Directoire pour l'avertir du danger dont la patrie est menacĂ©e (caveant consules). C'est la foire d'empoigne. Dans une scĂšne de dĂ©sordre ou une foule de membres s’écrient, « Oui ! Oui !! Sauvons la patrie !! », le prĂ©sident Boulay refuse de mettre aux voix la proposition dĂ©clarant la patrie en danger. Augereau, ne se possĂ©dant plus, court vers lui, l’air menaçant, semble ĂȘtre prĂȘt Ă  l'attaquer lorsque BĂ©renger, bouillant de jeunesse et d’ardeur, le repousse vigoureusement en faisant barrage de son corps ; la tribune est Ă©vacuĂ©e et le calme par degrĂ© se rĂ©tablit. BĂ©renger monte Ă  la tribune et s'oppose au message ; il sait que l'adoption de cette mesure aura pour consĂ©quence une concentration de pouvoir aux mains du Directoire qu'il veut Ă  tout prix Ă©viter. Boulay et BĂ©renger par leur rĂ©sistance Ă©vitent un double pĂ©ril, de la fureur du jacobinisme et de la rĂ©action des royalistes, ou comme on disait alors, les « Russes » du corps lĂ©gislatif. S’ils avaient cĂ©dĂ©, le premier parti triomphait et ses excĂšs auraient pu amener le dĂ©ploiement d’une force extraordinaire pour servir la contre-rĂ©volution, et peut-ĂȘtre l’invasion des hordes ennemies sur la France.

Le Directoire pense qu'en soutenant le culte thĂ©ophilanthrope, une religion mĂšre autour de laquelle devra se dĂ©velopper un syncrĂ©tisme de toutes les autres religions, il pourra affaiblir le catholicisme. Avec le retour des religieux rĂ©fractaires et des Ă©migrĂ©s, des mouvements de vengeance spontanĂ©e de familles de victimes de la Terreur et de catholiques fanatiques se dĂ©veloppent au cours de l'annĂ©e 1795. L'an IV est marquĂ© par une renaissance du pĂ©ril prĂȘtre. La RĂ©publique est agitĂ©e par la Terreur blanche, par les prĂȘches de prĂȘtres rĂ©fractaires hostiles Ă  la RĂ©publique, par un faible soutien de la part des prĂȘtres constitutionnels.

Le 7 fructidor an V, BĂ©renger, dĂ©fenseur de la laĂŻcitĂ© et de la libertĂ© de culte, s'oppose avec Ă©nergie Ă  la consĂ©cration de cette nouvelle religion d'État inventĂ©e par le tout puissant Louis-Marie de La RĂ©velliĂšre-LĂ©peaux, l'un des cinq Directeurs du Directoire, corĂ©dacteur de la Constitution civile du clergĂ©. DĂšs cette Ă©poque, BĂ©renger distingue nettement les affaires de la foi, domaine personnel et inviolable de chacun, des affaires d'Églises dans l'État. Ce n'est nullement le rĂŽle des Conseils de s'immiscer dans la conscience du peuple.

Il combat avec succĂšs la proposition faite d’éliminer du Conseil des Cinq-Cents, Jean-FrĂ©dĂ©ric Hermann, au motif qu’il est parent d’émigrĂ©s. Il s'oppose catĂ©goriquement Ă  la loi des otages contre les parents des Ă©migrĂ©s.

Le Directoire s'acharne contre la libertĂ© d'opinion : mandats d'arrĂȘt contre les journalistes, journaux supprimĂ©s pour dĂ©lit de conspiration, les feuilles dĂ©vouĂ©es au Directoires se chargeant d’ailleurs de faire la police par ses dĂ©nonciations. BĂ©renger dĂ©fend la libertĂ© de la presse contre Berlier qui veut la cadenasser toujours davantage.

BĂ©renger se montre toujours, sans s'inquiĂ©ter du nombre et de la qualitĂ© des adversaires qu'il rencontre en face. On le voit constamment n'ayant d'autre soin que de soutenir les opinions qu'il croit utiles au dĂ©veloppement de la prospĂ©ritĂ© de l'État et vrais principes au premier rang desquels, pour BĂ©renger, il y a les LibertĂ©s publiques. Le 19 vendĂ©miaire an VI (), il appelle par exemple l'attention du Conseil sur le meilleur mode d'Ă©ducation pour la jeunesse, et les idĂ©es les plus saines sont Ă©mises sur ce sujet au sein d'une assemblĂ©e trop ardemment troublĂ©e par les prĂ©occupations politiques pour donner suite Ă  cette importante communication.

En 1798, il s’intĂ©resse Ă  l’organisation de l’ École polytechnique. Surtout, il est dĂ©jĂ  considĂ©rĂ© comme un augure des finances publiques et de l'Ă©conomie, qu'il intervienne Ă  l'occasion de la monnaie de billon, contre l'emprunt forcĂ©[17] ou lors du dĂ©bat ouvert par FrĂ©dĂ©ric Hermann, en l'an VI, sur le projet de crĂ©er des fabriques nationales pour le tabac comme ressource financiĂšre, et contre lequel on le voit s'Ă©lever, par respect pour la libertĂ© de l'industrie.

Dans ses notes personnelles, le comte Bérenger résumera ainsi le Directoire : « manque d'autorité de l'exécutif, fiction de la séparation des pouvoirs, lutte incessante entre les Conseils et les Directeurs... »[18].

Coup d'État du 18 Brumaire : la motion « BĂ©renger »

C'est dans ce contexte que Jean BĂ©renger va contribuer au coup d'État du 18 brumaire, se rangeant au cĂŽtĂ© de Bonaparte. C'est lui en effet qui fait rĂ©diger et voter par le Conseil des Cinq-Cents l'acte d'acceptation du coup d'État[19].

Le jour mĂȘme, Ă  Saint-Cloud[20], le succĂšs n'apparaĂźt pas certain. RĂ©sistance des Cinq-Cents, hĂ©sitation des troupes, Bonaparte ayant perdu tout sang-froid, « tout allant de travers ce jour-lĂ  », suivant l'expression de Jean-Baptiste Bernadotte.

Dans la nuit du 18 au 19 brumaire, les conciliabules bonapartistes se rĂ©unissent Ă  Paris. BĂ©renger retrouve Ă  l’hĂŽtel de Breteuil, Talleyrand, Joseph FouchĂ©, Lucien Bonaparte, Cabanis, l'abbĂ© SieyĂšs, Gaudin, Daunou, car une fraction du parti de Madame de StaĂ«l s'est rĂ©unie Ă  Bonaparte. Tout doit ĂȘtre prĂȘt pour le lendemain ; la nuit entiĂšre est consacrĂ©e Ă  la rĂ©daction de toutes les piĂšces qui doivent servir Ă  assurer le succĂšs de leur entreprise[21].

Le lendemain 19 brumaire Ă  12 h 30, Lucien Bonaparte, prĂ©sident du Conseil des Cinq-Cents, ouvre la sĂ©ance. Des Jacobins prennent la parole. On crie : « Point de dictature ! À bas les dictateurs ! Vive la Constitution ! ». L'un d'eux fait dĂ©cider que tous les dĂ©putĂ©s devront prĂȘter serment de « fidĂ©litĂ© Ă  la Constitution de l'an III ».

Salle des Cinq Cents Ă  Saint-Cloud.

À 15 h 30, Bonaparte tient un discours maladroit. Il proteste de son dĂ©vouement Ă  la libertĂ©. On lui demande de nommer les conspirateurs. Il rĂ©pond en disant sa confiance dans le Conseil des Anciens et sa mĂ©fiance envers le Conseil des Cinq-Cents. Il termine en menaçant de faire appel aux soldats. Son discours est trĂšs mal perçu par les dĂ©putĂ©s, qui l'accusent de vouloir instaurer la dictature. Dans les heures suivantes, dans un grand dĂ©sordre, certains dĂ©putĂ©s demandent la mise hors la loi de NapolĂ©on Bonaparte, d'autres, qu'on lui retire son commandement des troupes, d'autres enfin, que Lucien Bonaparte reprenne la prĂ©sidence pour mettre aux voix le « hors la loi ».

À 21 heures, Lucien Bonaparte reprend la prĂ©sidence mais le tumulte continue. RemontĂ© au fauteuil, il ouvre la sĂ©ance en dĂ©clarant la chambre lĂ©galement constituĂ©e. Jean BĂ©renger prend aussitĂŽt la parole, et comme par un coup de poker, va prononcer et faire voter la motion d’ordre de ralliement qui fera basculer l'histoire.

BĂ©renger trace le tableau des dangers qu'avaient courus dans cette journĂ©e la reprĂ©sentation nationale, Bonaparte et la libertĂ© ; il fait ensuite ressortir les avantages d'une victoire Ă  laquelle on devait la fin de la RĂ©volution, et obtient sans peine cette dĂ©claration unanime, que Bonaparte, ses gĂ©nĂ©raux, ses troupes avaient bien mĂ©ritĂ© de la patrie[22] - [23]. Extrait : « Gloire et reconnaissance Ă  Bonaparte, aux gĂ©nĂ©raux, Ă  l’armĂ©e, qui ont dĂ©livrĂ© le corps lĂ©gislatif de ses tyrans sans verser une goutte de sang (
). La journĂ©e du 19 brumaire est celle du peuple souverain, de l’égalitĂ©, de la libertĂ©, du bonheur et de la paix. Elle terminera la RĂ©volution, et fondera la RĂ©publique, qui n’existait encore que dans le cƓur des rĂ©publicains ».

La nuit, aprĂšs cette victoire, le soir, les conjurĂ©s eux-mĂȘmes rĂ©digent tous les actes pour sanctionner le mouvement militaire qui avait expulsĂ© de leurs fonctions les reprĂ©sentants dans la journĂ©e du 19 brumaire. Dans l'orangerie de Saint-Cloud, les initiĂ©s au complot dĂ©libĂšrent Ă  eux seuls comme une assemblĂ©e lĂ©gale[24], la nuit, Ă  la lueur de quelques bougies, ici lĂ  posĂ©es sur des bancs. Les membres principaux des deux Conseils prĂ©sents sont notamment : MM. Cabanis, BĂ©renger, Boulay (de la Meurthe), Chazal, Lucien Bonaparte, ChĂ©nier, CreuzĂ©-Latouche, Daunou, Gaudin, CrĂ©tet , etc.[25].

Une commission pour la rĂ©vision de la Constitution est formĂ©e ; une commission consulaire exĂ©cutive, composĂ©e de SieyĂšs, NapolĂ©on Bonaparte et Roger Ducos, hĂ©rite du pouvoir directorial ; les trois Consuls prĂȘtent serment dans les deux conseils d'ĂȘtre fidĂšles « Ă  la souverainetĂ© du peuple, Ă  la RĂ©publique unie et indivisible, Ă  la libertĂ©, Ă  l'Ă©galitĂ© et au systĂšme reprĂ©sentatif ». Jean BĂ©renger intĂšgre aussitĂŽt, avec des hommes comme Cabanis, Lucien Bonaparte et Daunou, la commission extraordinaire des vingt-cinq membres de cette assemblĂ©e qui est chargĂ©e d'approuver « les mesures lĂ©gislatives que nĂ©cessitent les conjonctures nouvelles ». Cette Commission , dite « intermĂ©diaire » va exercer le pouvoir lĂ©gislatif jusqu’au 4 nivĂŽse, An VIII. Elle siĂšge d’abord aux Tuileries, puis au Petit Luxembourg, et va rĂ©diger la Constitution de l’An VIII, signĂ©e le 22 frimaire an VIII ()[26].

Le 3 nivÎse, M. Bérenger prend de nouveau les choses en main. C'est lui qui se charge de démontrer aux membres des conseils législatifs, qu'ils doivent se rallier :

Extraits de la RĂ©solution BĂ©renger :

  • « le premier consul doit se hĂąter de se saisir de la puissance. Nous sommes pressĂ©s au dehors, dit-il, par la guerre Ă©trangĂšre; au dedans, la chouannerie fait des progrĂšs alarmants. Nous avons la paix intĂ©rieure et extĂ©rieure Ă  conquĂ©rir, et nous ne saurions y parvenir qu'avec le rĂ©gime constitutionnel. La nation l'attend avec impatience l'enthousiasme public va reproduire les beaux jours de 1789 soutenu de l'assentiment du peuple, le gouvernement deviendra cher Ă  nos alliĂ©s, terrible Ă  nos ennemis, et maĂźtre des traitĂ©s. La loi du 19 brumaire fixe au premier ventĂŽse la rĂ©union du corps lĂ©gislatif; mais le salut de la patrie ne souffre point d'ajournement ! »[27].
  • « La voix publique nous presse d’accĂ©lĂ©rer cet instant dĂ©sirĂ©. L’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et le nĂŽtre, nos vƓux et ceux de la nation appellent l’heureuse Ă©poque qui doit terminer la RĂ©volution, et fixer irrĂ©vocablement les hautes destinĂ©es du plus grands de tous les peuples ».
  • BĂ©renger soumet alors au vote sa Loi qui fixe au lendemain l'inauguration du pacte constitutionnel[28].

Le Lendemain 4 nivĂŽse, Bonaparte, CambacĂ©rĂšs et Lebrun, les second et troisiĂšme consuls, pouvaient entrer immĂ©diatement au pouvoir, aprĂšs avoir prĂ©sentĂ© au Peuple la Constitution de l’an VIII en terminant par ces mots : « Citoyens, la rĂ©volution est fixĂ©e aux principes qui l'ont commencĂ©e; elle est finie »[29] !

Président du Tribunat

NapolĂ©on visitant le Tribunat au Palais ÉgalitĂ© (aujourd'hui Palais Royal).

Ce haut fait durant le coup d'État du 18 brumaire vaut Ă  Jean BĂ©renger d'intĂ©grer le Tribunat au mĂȘme titre que des hommes comme Benjamin Constant, Daunou, Defermon, Gaudin[30] - [31]. BĂ©renger se rapproche d'un coreligionnaire, Benjamin Constant, avec lequel il continuera de correspondre, aprĂšs le dĂ©part en 1803 de l'homme de Lettres pour l'Allemagne, comme en tĂ©moignent les Journaux intimes de l'Ă©crivain[32].

NommĂ© secrĂ©taire, puis le [33], prĂ©sident du Tribunat, BĂ©renger inspire une grande confiance Ă  ses collĂšgues. Le prĂ©sident du Tribunat est nommĂ© par l’empereur sur la prĂ©sentation de trois candidats par le Tribunat[34].

TĂ©moin des pĂ©rils qu'avait courus la France dans la derniĂšre pĂ©riode de la durĂ©e de la constitution de l'an III, il prĂȘte son concours au gouvernement nouveau qui cherche Ă  rĂ©organiser toutes les branches de l'administration publique. BĂ©renger demeure cependant intraitable quant Ă  la question essentielle du redressement des finances de l'État quitte Ă  s'opposer Ă  Bonaparte.

Benjamin Constant lors d'une séance au Tribunat.

Dans un discours au tribunat le 17 ventĂŽse an IX BĂ©renger invite les Ă©lus Ă  rejeter le projet de loi pour la perception des contributions Ă  cause de son insuffisance pour forcer le gouvernement Ă  entreprendre les rĂ©formes demandĂ©es l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, rĂ©formes toujours Ă©ludĂ©es : « Je crois vous avoir dĂ©montrĂ©, dit-il, que nous n'avons point de finances, que nos lois sur cette matiĂšre sont en contravention perpĂ©tuelle avec les principes, et l'intĂ©rĂȘt tant public que particulier; que l'insuffisance des recettes multiplie les dĂ©penses, altĂšre l'ordre et la morale publique, dĂ©prave l'administration, ruine la nation et oppose un obstacle invincible au rĂ©tablissement du crĂ©dit (
) ».

Cette opposition, de la part d'un homme aussi respectĂ© que BĂ©renger, jette un embarras sĂ©rieux dans la marche des affaires. Le premier Consul s'en irrite ; il s'en plaint un jour sĂšchement Ă  BĂ©renger lui-mĂȘme, lui disant qu'il le rencontrait « toujours, rĂ©sistant Ă -tout ». BĂ©renger, avec calme, lui rĂ©pondit : « Soit ! Mais, citoyen Premier Consul, vous le savez ! On ne peut s'appuyer que sur ce qui rĂ©siste ».

Étendre la domination française dans les nouveaux territoires

Bonaparte le nomme au Conseil d'administration de la Guerre par dĂ©cret du 17 ventĂŽse an X. En effet, l’Empereur organise rĂ©guliĂšrement des « conseils d’administration », rĂ©unissant autour de lui ministres et hauts fonctionnaires sur un problĂšme particulier. Un ministĂšre de l’Administration de la guerre vient ainsi s’ajouter au ministĂšre de la Guerre (1802).

En ces temps difficiles oĂč il faut rĂ©tablir l'ordre, Ă  la suite d'Ă©vĂ©nements qui depuis 1793 s'Ă©taient succĂ©dĂ© sans interruption, il y a beaucoup Ă  faire pour rĂ©organiser l'administration de la guerre. Jean BĂ©renger concourt Ă  cette Ɠuvre et s'y fait de nouveau remarquer du premier Consul. NapolĂ©on va donc songer Ă  lui pour une nouvelle mission.

AprĂšs sa victoire Ă  la bataille de Marengo, NapolĂ©on procĂšde Ă  des annexions, dictĂ©es par des raisons stratĂ©giques et Ă©conomiques. Pour s’assurer des cols des Alpes, le , le canton du Valais est dĂ©tachĂ© de la RĂ©publique helvĂ©tique et, le , est officialisĂ©e l'annexion du PiĂ©mont, jusqu'alors occupĂ© militairement. De mĂȘme, en prenant possession, Ă  la fin de 1802, du duchĂ© de Parme et de la ville de Plaisance qui, pourtant ne seront officiellement annexĂ©es qu'en 1808, NapolĂ©on entend exclure les marchandises anglaises du continent europĂ©en et, si possible de les remplacer par des marchandises françaises.

Il confie à Bérenger des missions en Piémont, en Suisse, en Italie, soit pour liquider les comptes d'anciennes administrations, soit pour procéder à l'organisation d'administrations nouvelles dans des pays sur lesquels venait s'étendre la domination française[35].

Accessoirement, il ne manque pas de lui demander de « surveiller » les héros de la Grande Armée comme André Masséna par exemple, le héros de la Bataille de Rivoli dont Napoléon soupçonne qu'il se livre au pillage systématique[36].

Un demi-siùcle au Conseil d'État

Nomination par Bonaparte, Premier Consul, de BĂ©renger (1767-1850) au Conseil d'État.

Le 26 nivĂŽse an IX, cherchant un homme capable de diriger la police « sans mollesse et sans haine », NapolĂ©on envisage le nom de BĂ©renger pour remplacer Joseph FouchĂ© qu’il ne trouvait pas assez « appliquĂ© » : « Il faut pour ce poste du talent, du dĂ©vouement et de la fidĂ©litĂ© »[37].

Convaincu que ce protestant, avec sa probitĂ© sĂ©vĂšre, peut rendre service Ă  l'État, Bonaparte le nomme finalement Conseiller d'Ă©tat Ă  vie, le 24 vendĂ©miaire an X[38]. Il prĂȘte serment Ă  la Malmaison le 8 vendĂ©miaire de la mĂȘme annĂ©e[39]. Ses collĂšgues s’appellent BarbĂ© de Marbois, Bernadotte, Portalis, Bourrienne, Defermon, Joseph Bonaparte, Gouvion Saint Cyr


BĂ©renger va exercer ses talents au Conseil d'État pendant 45 ans, sans presque aucune interruption.

L’article 52 de la Constitution du 22 frimaire an VIII () instituait le Conseil d’État avec une double mission administrative (participer Ă  la rĂ©daction des textes les plus importants) et contentieuse (rĂ©soudre les litiges liĂ©s Ă  l’administration). ChoyĂ© par NapolĂ©on, le Conseil d’État aura une activitĂ© trĂšs importante sous le Consulat et le Ier Empire (1799-1814). C’est Ă  lui que l’on doit notamment la prĂ©paration des codes napolĂ©oniens. Jean BĂ©renger siĂšge Ă  la section finance mais s'implique dans tous les domaines, notamment la rĂ©daction du Code civil.

ParallĂšlement, en 1806, Jean BĂ©renger est nommĂ© Ă  la tĂȘte de la Caisse d'Amortissement, l'ancĂȘtre de la Caisse des dĂ©pĂŽts et consignations.

ƒuvre lĂ©gislative, administrative et institutionnelle

Au sein du Conseil d’État, qui Ă  cette Ă©poque, a l'initiative des lois, Jean BĂ©renger prend une part considĂ©rable aux travaux de prĂ©paration du Code civil[40], du Code de procĂ©dure civile, du Code de commerce, du Code d'instruction criminelle, du Code pĂ©nal et de toutes les lois qui successivement promulguĂ©es en France.

Ami de Nicolas François Mollien[41], il est considĂ©rĂ© par ses contemporains comme la « lumiĂšre du conseil d'État », notamment en matiĂšre de finances[42]. Les lois s'Ă©laborent au Conseil d'État en prĂ©sence de l'Empereur. BĂ©renger raconte que celui-ci « laissait souvent Ă©chapper, dans la discussion au Conseil d'État, l'expression a fortiores, sans que personne fĂ»t tentĂ© de rire, mĂȘme intĂ©rieurement, de l'Ă©normitĂ© du solĂ©cisme, parce qu'au sentiment de la puissance du maĂźtre se joignait celui de la supĂ©rioritĂ© du gĂ©nie »[43].

Contre l'hérédité du pouvoir

En 1802, Bonaparte devient un monarque absolu sans en avoir le titre (Constitution de l'an X). Lors de la discussion sur le consulat Ă  vie, BĂ©renger fait partie des cinq conseillers qui ne votent pas la rĂ©solution. Deux ans plus tard, en 1804, Bonaparte veut instaurer une nouvelle lĂ©gitimitĂ© dynastique pour clore la RĂ©volution et couper court aux complots royalistes. Il interroge tous les conseillers individuellement[25] : BĂ©renger s’oppose lĂ  encore au projet de Bonaparte. Il est des rares qui font valoir qu’avec l'hĂ©rĂ©ditĂ©, il ne reste plus rien de l'Ă©tat rĂ©publicain pour l’obtention et la conservation duquel la France a Ă©puisĂ© ses trĂ©sors, et sacrifiĂ© des millions d'hommes. Le systĂšme hĂ©rĂ©ditaire et monarchique exposera tous les hommes qui ont plus ou moins contribuĂ© Ă  la RĂ©volution Ă  la risĂ©e et au mĂ©pris de ses ennemis, en lui faisant reconstruire de ses propres mains l'Ă©difice qu'ils avaient renversĂ©[44].

De mĂȘme, devenu pair de France, BĂ©renger est-il contre l'hĂ©rĂ©ditĂ© des pairs au grand dam du comte Louis-Mathieu MolĂ© qui voit le protestant ĂȘtre ralliĂ© par Royer-Collard, Guizot et Barante[45] ; ce qui fera dire plus tard Ă  Casimir Bonjour : « il fut regardĂ© comme obstacle par les uns, comme oracle par les autres »[46].

Pour la laïcité

BĂ©renger refuse de lĂ©gifĂ©rer Ă  outrance sur des points qui n’exigent pas de lĂ©gislation. Cette volontĂ© de ne pas tout codifier prend un relief particulier quand il s’agit du droit familial. Pour lui, le droit doit ĂȘtre une Ă©numĂ©ration de moyens lĂ©gislatifs de garantir une sociĂ©tĂ© tranquille et de libertĂ©. En aucun cas, le droit ne peut prĂ©tendre Ă©riger en dogme des principes qui ne soient pas purement lĂ©gislatifs : en bref, le droit ne doit pas devenir un catĂ©chisme. En ce sens, BĂ©renger est dĂ©jĂ  Ă  cette Ă©poque laĂŻc, au sens moderne du terme[47].

Lors des travaux du Conseil d'État, BĂ©renger est contre la consĂ©cration, dans le Code civil, du dogme de l'indissolubilitĂ© du mariage : « Nos lois politiques en ramenant parmi nous la libertĂ© des consciences, l'assirent sur la base de la libertĂ© des cultes. Ces deux principes posĂ©s, il en rĂ©sulta la division du pouvoir civil et du pouvoir religieux ; celui-ci devint, Ă  l'exemple de tous les pouvoirs du mĂȘme genre, l'accessoire et l'ornement du premier, mais il cessa d'y ĂȘtre identifiĂ© » ; « La morale de la religion proscrit le divorce et la polygamie mais la loi civile n'est pas obligĂ©e de se plier Ă  tous les prĂ©ceptes de la morale religieuse ; s'il en Ă©tait autrement les lois ecclĂ©siastiques deviendraient les seules lois de l'État parce qu'il n'est rien que la morale ne rĂšgle par ses prĂ©ceptes »[48]. Et de conclure : « la moralitĂ© n'est point intĂ©ressĂ©e au maintien d'une union mal assortie ».

Pour le suffrage universel

Enfin, François Guizot rapporte dans ses MĂ©moires pour servir Ă  l'histoire de mon temps que BĂ©renger, « esprit quasi-rĂ©publicain sous l’Empire », soutiendra « avec une subtilitĂ© ingĂ©nieuse et forte, le suffrage universel (
) ».

Pour la liberté de la presse

La libertĂ© de la presse est la grande affaire de BĂ©renger. Il l'a dĂ©fendue au Conseil des Cinq-Cents, durant le Directoire. Il rĂ©dige par ailleurs de nombreux Ă©crits sur cette question. À ses yeux, « la libertĂ© de la presse n'est rien sans la libertĂ© des opinions » [...] « Il y a des opinions qui font un crime d'autres opinions ». BĂ©renger s'oppose Ă  tous les tenants des « systĂšmes prohibitifs qui ne servent qu'Ă  ranimer les curiositĂ©s et Ă  faire regorger les bibliothĂšques de livres interdits ». Aux religieux qui rĂ©clament le dĂ©lit de blasphĂšme, il rĂ©pond que le clergĂ© n'a qu'Ă  suivre l'exemple des apĂŽtres pour que le nombre des croyants augmente tous les jours. Toute prohibition risquerait de mettre les physiciens, les naturalistes, les historiens et la plupart des gens de lettres aux prises avec les tribunaux ecclĂ©siastiques. Le mal que cette pratique a fait Ă  la religion doit ĂŽter l'envie d'y revenir. Aux philosophes qui font volontiers le sacrifice des religions rĂ©vĂ©lĂ©es mais qui ne veulent pas qu'on touche Ă  la religion naturelle, comprise comme base nĂ©cessaire de l'ordre public, il adresse la mĂȘme mise en garde[18].

Refondation de la Cour des comptes

Un double de ce tableau du comte Bérenger était exposé aux Palais des Tuileries. Il a brûlé dans l'incendie volontaire des Communards du 23 mai 1871.

AprÚs la Révolution, le Bureau de comptabilité créé par la Constituante, transformé en Commission de la comptabilité sous la Convention, n'a ni l'autorité, ni les moyens de garantir la régularité des fonds publics. Pour compléter l'organisation financiÚre du gouvernement, il manquait une institution propre à donner de suffisantes garanties sur le maniement des deniers publics. Au retour de Tilsitt, Napoléon Bonaparte va créer un corps unique centralisé de contrÎle des comptes publics, avec la Loi du . L'établissement de la Cour des comptes et l'adoption d'un code commercial furent les actes législatifs les plus importants de 1807.

Le , Jacques Defermont et Jean BĂ©renger sont chargĂ©s de « prĂ©senter au nom de Sa MajestĂ©, le projet de loi portant crĂ©ation d’une cour des Comptes au Corps lĂ©gislatif ». L’exposĂ© des motifs est prĂ©sentĂ© le . La discussion du projet de loi, lui-mĂȘme est remise au [49]. La Loi adoptĂ©e, c'est Jean BĂ©renger (1767-1850) qui va alors rĂ©diger et dĂ©poser Ă  l'Empereur, le dĂ©cret impĂ©rial no 2801 du sur l'organisation de la Cour des comptes, signĂ© au Palais de Fontainebleau.

Au Conseil d'Ă©tat, il y avait eu d'Ăąpres discussions devant NapolĂ©on, pour savoir si la nouvelle Cour jugerait ou ne jugerait pas les ordonnateurs, c'est-Ă -dire si elle irait jusqu'Ă  dĂ©cider que les ordonnateurs, c'est-Ă -dire les ministres, avaient bien ou mal administrĂ©, en un mot, ou n'avaient pas Ă©tĂ© dispensateurs intelligents, Ă©conomes et habiles de la fortune publique. Aller jusque-lĂ , c'Ă©tait donner Ă  des magistrats qui devaient ĂȘtre inamovibles pour ĂȘtre indĂ©pendants le moyen, et, avec le moyen, la tentation d'arrĂȘter la marche du gouvernement lui-mĂȘme, en leur permettant de s'Ă©lever du jugement des comptes au jugement des agents suprĂȘmes du pouvoir. Le gouvernement eĂ»t abdiquĂ© son autoritĂ© en faveur d'une juridiction inamovible, dĂšs lors invincible dans ses Ă©carts. Il fut donc rĂ©solu que la nouvelle Cour des Comptes ne jugerait que les comptables, jamais les ordonnateurs ; et, pour plus de sĂ»retĂ©, il fut Ă©tabli que ses dĂ©cisions, loin d'ĂȘtre sans appel, pourraient ĂȘtre dĂ©fĂ©rĂ©es au Conseil d'État, juridiction souveraine, Ă  la fois impartiale et... « imbue de l'esprit de gouvernement' ».

Restait Ă  rĂ©gler l'organisation de la nouvelle Cour. On voulut proportionner le nombre de ses membres Ă  l'Ă©tendue de sa tĂąche. D'abord, pour que l'examen auquel elle se livrerait fĂ»t rĂ©el, et ne devĂźnt pas une simple homologation du travail exĂ©cutĂ© dans les bureaux des finances, on institua, sous le nom de conseillers rĂ©fĂ©rendaires, une premiĂšre classe de magistrats n'ayant pas voix dĂ©libĂ©rative, aussi nombreux que la multiplicitĂ© des comptes l'exigerait, et chargĂ©s de vĂ©rifier chacun de ces comptes, les piĂšces comptables sous les yeux. Ils devaient soumettre le rĂ©sultat de leur travail Ă  la haute magistrature des Conseillers-maĂźtres qui seuls auraient voix dĂ©libĂ©rative, et seraient divisĂ©s en trois chambres de sept membres chacune, six conseillers et un vice-prĂ©sident. Il fut Ă©tabli que, suivant la gravitĂ© des questions, les trois chambres se rĂ©uniraient en une seule assemblĂ©e, sous la prĂ©sidence d'un premier prĂ©sident qui, avec un procureur gĂ©nĂ©ral, devait ĂȘtre Ă  la tĂȘte de la compagnie, lui donner l'impulsion et la direction. Ce corps respectable, devait prendre rang immĂ©diatement aprĂšs la Cour de cassation ; et recevoir les mĂȘmes traitements[50].

Promoteur et patron de l'ancĂȘtre de la Caisse des dĂ©pĂŽts

Archives du comte BĂ©renger Ă  la Caisse d'amortissement, ancĂȘtre de la Caisse des dĂ©pĂŽts et consignations.

Lorsque Bérenger commence le chantier de la Loi créant la Cour des Comptes et celui du décret impérial de 1807 sur son organisation, il est depuis peu de temps affairé par de nouvelles attributions : celles de Directeur général de la Caisse d'Amortissement.

Directeur général de la Caisse d'amortissement

Dans un discours au Conseil des Cinq-Cents du 9 messidor an V, BĂ©renger avait Ă©voquĂ© l’idĂ©e de la crĂ©ation d’une caisse d’amortissement () : « une des mesure les plus urgentes quant Ă  la dette publique : se sĂ©parer du service journalier des arriĂ©rĂ©s, et affecter celui-ci Ă  une caisse d’amortissement »[18].

Il est exaucĂ© trois ans plus tard; cette caisse, ancĂȘtre de la Caisse des dĂ©pĂŽts et consignations, est crĂ©Ă©e en 1800. Elle est situĂ©e rue de l’Oratoire. C'est en mĂȘme temps une caisse de garantie et de dĂ©pĂŽt. Son rĂŽle est de garantir le paiement des obligations en souffrance, de contribuer Ă  l'amortissement de la dette et, accessoirement, de concourir Ă  l'Ă©tablissement de la Banque de France en prenant de ses actions pour un montant de cinq millions, soit prĂšs de la moitiĂ© de son capital initial.

« NapolĂ©on en matiĂšre financiĂšre, allie un grand bon sens et mĂȘme quelques Ă©clairs de gĂ©nie, Ă  une quasi-nullitĂ© thĂ©orique et un goĂ»t excessif pour la simplicitĂ© qu'il assimile Ă  l'ordre ». Il sĂ©pare la gestion de l'État (TrĂ©sor public) de la gestion militaire, comme s'il voulait sĂ©parer son propre budget de celui de la Nation. De plus, il a la capacitĂ© d'ĂȘtre dans les petites choses aussi minutieux et pointilleux qu'il est audacieux dans les grandes : craignant toujours d'ĂȘtre volĂ©, par tous ceux qu'il englobe dans la catĂ©gorie des « fripons », il contrĂŽle tout dans le moindre dĂ©tail de comptabilitĂ© et s'entoure, de ces domaines plus qu'aucun autre, de collaborateurs scrupuleusement intĂšgres.

Face à cette volonté de tout régenter, Mollien, Louis et Bérenger, font corps pour s'opposer discrÚtement à l'Empereur lorsque ce dernier fait fausse route. C'est le cas notamment lorsque Napoléon décide de faire circuler les bons de la Caisse d'amortissement, recréant ainsi une monnaie de papier dont la valeur n'est plus fondée sur rien.

Financement de la Grande Armée

BĂ©renger conservera cette fonction pendant la plus grande partie de l'empire, recevant une abondante correspondance de l'empereur qui, comme Ă©voquĂ©, s'implique quotidiennement dans les affaires financiĂšres du pays, et plus encore dans le financement Ă  travers l'Europe, de sa Grande ArmĂ©e. C'est d'ailleurs Ă  ce mĂȘme poste, qu'en , en lien avec Vivant Denon, BĂ©renger se charge de l'Ă©rection de l’Arc de triomphe en hommage Ă  ses troupes. L'Empereur, prĂ©voit un million pour cet objet sur les contributions de la Grande ArmĂ©e. Chaque mois, BĂ©renger devra dĂ©bloquer cinquante mille francs pour l'architecte et quinze mille francs pour les travaux d'art et de sculpture[51] - [52].

Un Ă©conomiste de l'École anglaise

Lettres patentes et armoiries du comte BĂ©renger.

Ses principes Ă©conomiques ? Rigueur de la gestion du trĂ©sor public, contrĂŽle par l’exĂ©cutif des fonds de l’État, - car les finances sont un moyen de gouvernement -, et en matiĂšre fiscale, mĂ©fiance envers les systĂšmes contraignants qui alourdissent les frais de perception et risquent de tarir la source des richesses: « une contribution est d'autant plus avantageuse qu'elle occasionne moins de dĂ©penses et qu'elle laisse Ă  l'agriculture, au commerce et aux arts une plus grande libertĂ© ». « La vĂ©ritable richesse d'un pays se mesure Ă  la vitalitĂ© de son Ă©conomie, et non Ă  l'entassement de numĂ©raire dans les caisses de l'État »[18]. Au yeux de ses contemporains, BĂ©renger passe pour un penseur de l'Ă©conomie : « un Ă©conomiste de l'Ă©cole anglaise », selon le comte MolĂ© ; en clair, un partisan des thĂ©ories dĂ©fendues Ă©galement en France par un autre huguenot du mĂȘme Ăąge : Jean-Baptiste Say[53].

AprĂšs avoir prĂȘtĂ© serment le 7 vendĂ©miaire Ă  la Malmaison, BĂ©renger est fait comte d'Empire par lettres patentes du [54].

Louis XVIII et la lettre de l'Orpheline du Temple

Sous la Restauration, Louis XVIII le nomme à la direction générale des impÎts indirects le .

Le lendemain du jour oĂč le comte BĂ©renger est installĂ© dans ses fonctions de directeur gĂ©nĂ©ral, un auguste personnage, Marie-ThĂ©rĂšse de France, duchesse d’AngoulĂȘme, surnommĂ©e « Madame Royale », le premier enfant de Louis XVI et Marie-Antoinette, entraĂźnĂ© par son cƓur, lui Ă©crit pour lui demander cinq directions importantes en faveur de ses compagnons d'exil. M. BĂ©renger rĂ©pond que « le quart environ de son personnel venait d'ĂȘtre supprimĂ© par suite de la rĂ©duction de nos frontiĂšres, que les premiĂšres places vacantes appartiendraient naturellement aux employĂ©s du mĂȘme coup sans affectation, et qu'aprĂšs eux viendraient les candidats recommandĂ©s avec tant d'instance ». Le lendemain nouveau message : on notifie au directeur gĂ©nĂ©ral qu'il faut des emplois aux personnes indiquĂ©es et qu'il leur en faut sur-le-champ[6].

À cette notification, voici sa rĂ©ponse : « Madame la duchesse, j'ai l'honneur d'informer Votre Altesse Royale qu'il n'y a de place Ă  donner dans mon administration que la mienne ».

Les affaires ne devaient point se terminer là. Quelques jours aprÚs, il parait dans la feuille officielle une ordonnance royale portant nomination des cinq candidats aux postes les plus élevés des contributions indirectes. AussitÎt que M. Bérenger en a connaissance, il demande sa voiture, se rend aux Tuileries et donne au roi sa démission en la motivant. Un moment surpris, Louis XVIII se frotte le front et dit en souriant : « Calmez-vous, Bérenger ! Il ne faut pas que deux amis se brouillent pour si peu de chose ; il y aura demain un erratum au Moniteur ».

Pair de France sous Louis Philippe

Bérenger est à présent élevé au grade de Commandeur de la Légion d'honneur et Louis-Philippe le nomme pair de France le [55].

Bien que le rĂ©gime constitutionnel, en reportant la discussion et le vote des lois dans le sein des chambres, ait modifiĂ© la part d'action que le Conseil d'État avait exercĂ©e jusqu'alors dans la prĂ©paration des lois, il reste toujours aux membres du Conseil d'État un rĂŽle considĂ©rable Ă  remplir au sein des chambres elles-mĂȘmes, sous le titre de Commissaire du Roi, chargĂ©s de soutenir les projets de loi dont la prĂ©sentation est rĂ©servĂ©e au gouvernement.

Le comte Bérenger est, l'un des premiers et forme tandem avec son ami, le Baron Louis, nommé à cinq reprises ministre des Finances, sous les deux Restaurations et la monarchie de Juillet. Leur collaboration contribue à poser les vrais principes de la participation des chambres au rÚglement des budgets.

Il prend sa retraite du Conseil d'État le [56], date à laquelle il a 78 ans.

Jugement de ses contemporains

« Il me faut pourtant de l'opposition ici. Monsieur de Bérenger, vous avez la parole dit Napoléon 1er avant sa chute »[57].

Impression confirmĂ©e par Stendhal, l'auteur du roman Le Rouge et le Noir, simple auditeur au Conseil d'Ă©tat, d'une quinzaine d'annĂ©es le cadet de BĂ©renger mais Dauphinois comme lui. Ces messieurs partagent un grand ami, Louis Crozet[58] et BĂ©renger a sĂ©journĂ© dans les mĂȘmes geĂŽles que ChĂ©rubin Beyle, le pĂšre de Stendhal durant la Terreur. Dans La vie de NapolĂ©on, Stendhal relate Ă  propos du Protestant : « Il y avait au Conseil d’État des tĂȘtes du Midi qui s’animaient, allaient fort loin, et souvent ne se payaient pas de mauvaises raisons : le comte BĂ©renger par exemple. L’empereur n’en gardait aucune rancune ; au contraire... »[59].

L’international Weekly Miscellany of New York du , Ă©crira Ă  sa mort : « Parmi les grands Français disparus ces derniers mois, le Comte BĂ©renger, conseiller de l'Empereur, rĂ©putĂ© pour son indĂ©pendance d’esprit et ses trĂšs hautes qualitĂ©s administratives ». Le vicomte de Cormenin, pĂšre du suffrage universel (DĂ©cret du ) et filleul de la pauvre « Madame de Lamballe », Ă©crira quant Ă  lui dans Des Orateurs, au chapitre intitulĂ© de l'Ă©loquence dĂ©libĂ©rative : « Je n'ai jamais rencontrĂ© dans nos cirques parlementaires d'orateur plus insinuant et de lutteur plus hardi. Quelque Ă©puisĂ©e que fĂ»t une thĂšse, il y trouvait une lance nouvelle. Quelque solide sur pied que parĂ»t une argumentation, il savait par quelque trĂ©buchet la faire trĂ©bucher. C'Ă©tait comme un sillon qu'il s'ouvrait dans le champ de la discussion la plus aride, la plus obscure, et qui laissait toujours aprĂšs soi une trace lumineuse ! Je n'ai jamais vu dans le Conseil d'État ou dans les chambres de plus rude dialectique ni de plus vif emportement dans les causes gĂ©nĂ©reuses. C'Ă©tait un diamant de la plus belle eau ! »

Pour François Guizot, membre de l'AcadĂ©mie française, plusieurs fois ministre, en particulier des Affaires Ă©trangĂšres de 1840 Ă  1848, prĂ©sident du Conseil en 1847 et pĂšre de l’école primaire : « Au conseil d’état, la politique prenait plus de place et s’y produisait avec plus de libertĂ© et d’éclat qu’à aucune autre Ă©poque. (
) . J’ai entendu lĂ , le comte BĂ©renger, esprit indĂ©pendant et querelleur, quasi-rĂ©publicain sous l’Empire, soutenir avec un subtilitĂ© ingĂ©nieuse et forte, le suffrage universel et les divers degrĂ©s d’élection contre l’élection directe et le droit Ă©lectoral concentrĂ© »[60].

Pour Casimir Bonjour : « les contemporains de notre orateur dauphinois, assignĂšrent Ă  M. BĂ©renger une si belle place, dans les discussions solennelles et approfondies, que soulevĂšrent l'Ă©dification de nos Codes au Conseil d'État. » [...] Quant Ă  l'Ă©poque de sa jeunesse, BĂ©renger se fit remarquer, selon Bonjour « comme Ă©conomiste, comme financier, mais surtout comme homme de cƓur »[18]. « Il fut obstacle pour les uns , oracle pour les autres ».

Pour FĂ©lix Martin RĂ©al, dĂ©putĂ© de l'IsĂšre de 1830 Ă  1834, conseiller d’État en 1837 : « Parmi les hommes du DauphinĂ© dont la RĂ©volution de 1789 a mis la valeur en lumiĂšre, l’un des plus remarquables est certainement Jean BĂ©renger.(
) Pendant plus de cinquante ans, (il) a pris part Ă  l'administration gĂ©nĂ©rale de notre pays, et s'est trouvĂ© mĂȘlĂ© aux plus grands Ă©vĂ©nements de notre Ă©poque »[57].

Pour Étienne-Denis Pasquier, prĂ©fet de police sous l'Empire, ministre (Justice, Affaires Ă©trangĂšres), prĂ©sident de la Chambre des dĂ©putĂ©s des dĂ©partements sous la Restauration puis de la Chambre des pairs sous la Monarchie de Juillet, BĂ©renger Ă©tait « un homme fort distinguĂ©, excellent administrateur, ayant une grande autoritĂ© dans le Conseil, (
) assez portĂ© Ă  dĂ©fendre, avec les ressources d’un incontestable talent les idĂ©es les plus paradoxales. Le fond de ses opinions Ă©tait le «rĂ©publicanisme» »[61].

Pour Michel Chevalier, Ă©conomiste saint-simonien, titulaire de la chaire d'Ă©conomie politique au CollĂšge de France, conseiller Ă©conomique de NapolĂ©on III, artisan du traitĂ© franco-anglais de libre-Ă©change de 1860 (« traitĂ© Cobden-Chevalier »), crĂ©ateur de la sociĂ©tĂ© d'Ă©tudes pour le tunnel sous la Manche (1880) : « BĂ©renger (Ă©tait) un des hommes les plus Ă©clairĂ©s et les plus honorables que le conseil d’état eĂ»t dans son sein »[62]. « Une intelligence Ă©levĂ©e, et l'un des hommes de son temps les plus versĂ©s dans l’économie. (Ses) rapports (auraient) leur place dans un recueil de documents lĂ©gislatifs et dans une anthologie Ă©conomique. J'ai eu l'honneur d'ĂȘtre le collĂšgue de M. BĂ©renger au conseil d'État Je l'ai vu plusieurs fois prendre part aux dĂ©libĂ©rations, et j'ai Ă©tĂ© tĂ©moin du respect si bien mĂ©ritĂ© avec lequel sa parole Ă©tait Ă©coutĂ©e »[63].

Pour Alfred Nettement, journaliste et historien royaliste : « BĂ©renger Ă©tait « la LumiĂšre » du Conseil d’état en matiĂšre de finances ». Si Louis XVIII ne le choisit pas comme ministre des finances, c’est en raison de « son caractĂšre trop entier »[64].

Pour Alexandrine Bonaparte, Princesse de Canino, veuve de Lucien Bonaparte : « BĂ©renger reste avec les Boissy-d'Ânglas, les Boulay de la Meurthe, les ChĂ©nier, les Daunou une notabilitĂ© parlementaire, dont les discours sont restĂ©s des modĂšles d'Ă©loquence et de patriotisme. Un membre distinguĂ© de cette opposition libĂ©rale et modĂ©rĂ©e, dont s'honorera toujours la reprĂ©sentation nationale française »[65].

Propriétaire du futur Levallois-Perret

La Planchette Ă  Levallois, maison de campagne du comte BĂ©renger.

Paris

BĂ©renger est passĂ© dans le DauphinĂ©, pour embrasser son vieux pĂšre, sa vieille mĂšre qu'il n'a pas vus depuis 8 ans ! Il y rencontre l'une de ses cousines germaines, (Claudine-Elisabeth Saussac, parentes des familles protestantes de Nyons, qui se sont lancĂ©es dans l'industrie de la savonnerie, au dĂ©but du rĂšgne de Louis XV). BĂ©renger trouve chez mademoiselle Saussac toutes les qualitĂ©s qui promettent et peuvent assurer une union bien assortie[66]. Il l'Ă©pouse Ă  Valence. Son contrat de mariage est datĂ© du 1 800 : il a alors trente-trois ans.

À Paris, le couple habite rue Taitbout et bientĂŽt, 20 rue d'Enfer prĂšs du Jardin du Luxembourg[67]. Cependant, pour le confort sa femme, qui attend LĂ©ontine son troisiĂšme enfant, BĂ©renger projette d'investir Ă©galement dans une maison Ă  la campagne. Il compte laisser sa famille au vert et n'habiter Ă  Paris que les jours oĂč son travail l'y retient.

La campagne

Parc de la Planchette, dont certains marronniers ont été plantés par les petits-enfants du comte Jean.
La comtesse BĂ©renger (1773- 1828).

Les époux jettent leur dévolu sur une propriété à la limite de Neuilly et Clichy, au lieu-dit La Planchette à l'emplacement du futur village de Levallois qui n'existe pas encore. L'acte de vente est signé en 1806[68] - [69]. Sur ce vaste terrain, figure une belle dépendance d'un ancien chùteau. Vingt ans aprÚs l'achat de cette maison, une des filles de Bérenger, épouse de l'agent de change Henri Lhuillier, acquiert l'une des dépendances de la ferme de Courcelles avec une maison et deux hectares de terrain.

La famille BĂ©renger se retrouve ainsi Ă  la tĂȘte du plus gros domaine de la rĂ©gion. Nicolas Levallois commencera le morcellement de la propriĂ©tĂ© Ă  compter de sa mort en 1850. Il faudra plus d'un demi-siĂšcle pour achever le dĂ©membrement.

Dans la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle, les filles du Comte cĂšdent 34 000 mĂštres carrĂ©s de terrain, puis une autre partie dans le prolongement des rues de Courcelles (rue du PrĂ©sident-Wilson) et Gide (Paul-Vaillant-Couturier).

Au dĂ©but du XXe siĂšcle, la petite fille du comte Jean BĂ©renger), lotit les dix hectares restant. À la veille de la PremiĂšre guerre mondiale, elle morcelle deux hectares, un demi autre hectare est achetĂ© par la Ville qui permet la crĂ©ation du groupe scolaire Jean-JaurĂšs.

En 1924, la municipalité communiste tolÚre difficilement l'existence d'une telle enclave privée au beau milieu de la ville, exproprie les héritiers Bérenger puis crée l'actuelle place de Verdun. Quant à la maison familiale, elle deviendra le Club de la Planchette, une maison pour retraités. Le Parc devient public dÚs l'expropriation de 1924.

La robe de la Comtesse Bérenger : un des derniers vestiges du Sacre de Napoléon

Bérenger est sur les premiers bancs des gradins situés à droite du trÎne.
Robe de la contesse BĂ©renger au Sacre.
La comtesse BĂ©renger meurt Ă  55 ans, 22 ans avant son Ă©poux.

En 1804, Jean Bérenger, hostile à l'hérédité du pouvoir, est malgré tout invité aux cérémonies du sacre de Napoléon Ier qui se déroulent le dimanche à Notre-Dame de Paris en présence du pape Pie VII[70].

Dans la nef de Notre Dame, il est sur les premiers bancs des gradins situĂ©s Ă  droite du trĂŽne. Son Ă©pouse est dans les tribunes, au mĂȘme titre que toutes les femmes des grands Dignitaires.

Cette robe et cette traßne de cour constituent parmi les derniers vestiges du sacre. Elles ont été présentées pour l'exposition Les Trésors de la Fondation Napoléon. Dans l'intimité de la Cour impériale, qui s'est tenue pour le bicentenaire de la cérémonie, du au au Musée Jacquemart-André à l'initiative de la Fondation Napoléon[71]. Depuis lors, elles sont réguliÚrement exposées dans divers musées en France comme à travers le monde.

Descendance et parentĂšle

Le comte Jules BĂ©renger, nĂ© en 1803, fils du conseiller d'État Jean BĂ©renger, premier protestant Ă  intĂ©grer la Cour des comptes avec Odier.
Le comte BĂ©renger (1767-1850) et ses enfants, Jules, LĂ©ontine et Jenny.

Le comte Bérenger a eu trois enfants : Jules, Jenny et Léontine. Il perdit sa femme le , et cette perte laissa dans son intérieur un vide que rien ne put remplir. Madame Saussac, sa belle-mÚre, qui a survécu à sa fille, est décédée le .

Le baron Jules BĂ©renger (1803-1867), sera le premier protestant magistrat Ă  la Cour des comptes. La cour jusque lĂ  n’avait pas admis de protestants dans son sein : institution vĂ©nĂ©rable de l’Ancien RĂ©gime, elle rĂ©pugnait aux nouveautĂ©s. En 1834, cependant, deux rĂ©formĂ©s, fils de familles influentes, Jules BĂ©renger et Auguste Alfred Odier (1802-1870), fils du banquier et pair de France, Antoine Odier (1766-1853), sont nommĂ©s conseillers rĂ©fĂ©rendaires[72].

Le baron Jules Bérenger[73] épouse Catherine Sophie de Courpon[74], fille du préfet de Vendée, François de Courpon[75].

Les comtes Jean et Jules BĂ©renger sont les aĂŻeux en ligne directe du magistrat Ă  la Cour des comptes et auteur Pierre-Patrick Kaltenbach (1936-2014).

L'hommage de Louis-Napoléon Bonaparte

Le comte Bérenger repose au pied de la montagne surnommée le Bonnet de Calvin dans le cimetiÚre protestant du village de Mens (IsÚre) appelé autrefois, la Petite GenÚve des Alpes, village prÚs duquel il était né et dans lequel son pÚre avait vécu plus de 40 ans dans la clandestinité...

BĂ©renger meurt le . Il est enterrĂ© Ă  Saint-Germain-en-Laye, avant d'ĂȘtre rapatriĂ© au cimetiĂšre de Mens (IsĂšre), ce village oĂč il Ă©tait nĂ© et oĂč son pĂšre avait vĂ©cu une large partie de sa vie dans la clandestinitĂ©.

Le prĂ©sident Louis-NapolĂ©on Bonaparte, futur empereur NapolĂ©on III, enverra ses officiers d’ordonnance Ă  ses obsĂšques pour honorer la mĂ©moire de cet ancien serviteur de son oncle[76].

Notes et références

  1. Fiche identité sur Léonore
  2. C'est son propre pÚre, Jean Bérenger, dit le Pasteur Colombe, qui rédige son acte de naissance et le fait baptiser le 13 avril.
  3. Acte de décÚs AD78 p. 353/483
  4. Gallica
  5. Le séminaire de Lausanne (1726-1812)
  6. Bulletin de la SociĂ©tĂ© de statistique, des sciences naturelles et des arts industriels du dĂ©partement de l'IsĂšre, SociĂ©tĂ© scientifique du DauphinĂ©. Éditeur : [s.n.] (Grenoble). Identifiant : (ISSN 2022-1312)
  7. « Vers mai/juin 1793, on apprit que la Convention dĂ©libĂ©rant sous la pression des partisans de la Commune, avait dĂ©crĂ©tĂ© l’arrestation des Girondins. Cette nouvelle provoqua Ă  Grenoble une vive rĂ©action en faveur des idĂ©es modĂ©rĂ©es. Les personnalitĂ©s Ă©lues par les assemblĂ©es primaires du dĂ©partement se rĂ©unirent le 20 juin et prirent le titre d’assemblĂ©e des dĂ©lĂ©guĂ©s immĂ©diats de la section du peuple français. La mission qui leur incombait Ă©tait difficile et dangereuse. Dubois CrancĂ© et d’Albitte dĂ©noncĂšrent une tentative de fĂ©dĂ©ralisme, cette explosion de l’indignation publique », in Histoire de Grenoble, Auguste Prudhomme (1850-1916), A. Gratier (Grenoble), 1888
  8. ChĂ©rubin Beyle, le pĂšre de Stendhal est lui aussi sur la liste des suspects depuis le 23 avril. Il fera un sĂ©jour Ă  Sainte Marie d’En Haut, in La jeunesse de Stendhal : Grenoble, 1783-1799, Paul Arbelet, É. Champion, 1919
  9. La suspension de BĂ©renger figure Ă  l’article 2 de l’arrĂȘtĂ© qui fut adressĂ© au directoire du dĂ©partement le 29 juin 1793. Bulletin, Volume 5 de la SociĂ©tĂ© scientifique du DauphinĂ©, page 86
  10. Article 7 de l'arrĂȘtĂ© Volume 5 de la SociĂ©tĂ© scientifique du DauphinĂ©, page 87
  11. Registres d’écrou de la conciergerie (L 675), Archives dĂ©partementales de l’IsĂšre, Registre des mandats de dĂ©pĂŽt et la conciergerie (L 683-684), Archives dĂ©partementales de l’IsĂšre
  12. Tous les prisonniers de Sainte-Marie étaient obligés de travailler. Le dimanche comme les autres jours, ils devaient remplir leur tùche, autrement, on leur retranchait les vivres. Ils chÎmaient juste le décadi, jour de repos de la République. In : Notice sur le couvent de Sainte-Marie-d'en-Haut, par le chevalier Radulph de Gournay, A. Merle (Grenoble), 1862.
  13. BĂ©renger n’a pu se prĂ©senter Ă  la premiĂšre Ă©lection du 29 vendĂ©miaire en IV ; il n’a alors que 28 ans et le seuil d’éligibilitĂ© est fixĂ© Ă  30 ans
  14. Aux élections de vendémiaire, An IV
  15. A cette Ă©poque, Jean BĂ©renger habite, entre le Louvre et la place des Victoires, dans le 1er arrondissement de Paris : 66 rue du Coq-HĂ©ron
  16. Histoire parlementaire de la Révolution française ou Journal des..., Volume 37, Philippe-Joseph-Benjamin Buchez, Pierre-Célestin Roux-Lavergne
  17. Il s’agissait d’un emprunt forcĂ© de cent millions Ă©tabli sur la classe aisĂ©e des citoyens. La taxe Ă©tait progressive, les nobles devaient payer une cotisation double, les parents d'Ă©migrĂ©s une cotisation triple.
  18. Jean BĂ©renger (1767-1850). Du dĂ©sert Ă  la vie publique, Nathalie Bolgert, MĂ©moire de maĂźtrise sous la direction de J. M. Mayeur, UniversitĂ© Paris IV (U.E.R d’histoire)
  19. Jean-Charles Sournia, La médecine révolutionnaire (1789-1799), Payot, , p. 48
  20. « Le 16 brumaire au soir, SieyĂšs et Bonaparte convinrent que le conseil des Anciens, feignant la dĂ©couverte d'une conspiration, dĂ©crĂ©terait la translation du Corps lĂ©gislatif Ă  Saint-Cloud, sous la garde du gĂ©nĂ©ral Bonaparte. Cette translation, Ă©viterait l'action tumultueuse des masses des faubourgs parisiens. Le 17 brumaire au matin, le dĂ©cret de translation fut rĂ©digĂ© ; on arrĂȘta que l'exĂ©cution en serait confiĂ©e au gĂ©nĂ©ral Bonaparte, et qu'il disposerait de la garde du Corps lĂ©gislatif sans le concours d'autres troupes, circonstance qui eĂ»t fait avorter le mouvement, si BĂ©renger n'avait obtenu de ses collĂšgues que Bonaparte aurait aussi sous ses ordres la 17e division militaire» ». In, Histoire de NapolĂ©on, de sa famille et de son Ă©poque : au point de vue de l'influence des idĂ©es napolĂ©oniennes sur le monde, Tome 3, par Émile BĂ©gin, Plon frĂšres, Paris, 1853-1854.
  21. L'Europe pendant le Consulat et l'Empire de Napoléon, Tome 1, Baptiste Capefigue, Pitois-Levrault et Cie, Paris, 1840
  22. In Histoire de NapolĂ©on, de sa famille et de son Ă©poque : au point de vue de l'influence des idĂ©es napolĂ©oniennes sur le monde, Tome 3, par Émile BĂ©gin, Plon frĂšres, Paris, 1853-1854
  23. Texte de sa rĂ©solution, in extenso, pages 226/227 de l’Histoire parlementaire de la RĂ©volution française, ou Journal des assemblĂ©es nationales depuis 1789 jusqu'en 1815 : contenant la narration des Ă©vĂ©nements... prĂ©cĂ©dĂ©e d'une introduction sur l'histoire de France jusqu'Ă  la convocation des États-GĂ©nĂ©raux, Tome 38, par P.-J.-B. Buchez et P.-C. Roux, Paulin, Paris, 1834-1838
  24. « Cinq-Cents » et « Anciens » adoptent par un vote la chute du Directoire : « Il n'y a plus de Directoire et ne sont plus membres de la représentation nationale, pour les excÚs et les attentats auxquels ils se sont constamment portés et notamment le plus grand nombre d'entre eux dans la séance de ce matin, les individus ci-aprÚs nommés (suit une liste de 61 noms). Le Corps législatif crée provisoirement une commission exécutive composée des citoyens SieyÚs, Roger Ducos, ex-directeurs, et Bonaparte, général, qui porteront le nom de consuls de la République française. Cette commission est investie de la plénitude du pouvoir directorial et spécialement chargée d'organiser l'ordre dans toutes les parties de l'administration, de rétablir la tranquillité intérieure ci, de procurer une paix honorable et solide [...]. Le Corps législatif s'ajourne au 1er, ventÎse prochain [...]. Avant sa séparation et séance tenante, chaque conseil nommera dans son sein une commission composée de vingt-cinq membres. Ces commissions statueront, avec la proposition formelle et nécessaire de la commission consulaire exécutive, sur tous les objets urgents de police, de législation et de finances. Elles sont encore chargées de préparer un code civil (loi du 19 brumaire an VII). Une proclamation au peuple fut également rédigée au nom du Conseil des Cinq-Cents ».
  25. L'Europe pendant le Consulat et l'Empire de Napoléon, Tome 2, par Baptiste Capefigue, Pitois-Levrault et Cie, Paris, 1840.
  26. Précis historique des assemblées parlementaires et des hautes cours de justice en France de 1789 à 1895, d'aprÚs les documents officiels, par Léon Muel, janvier 1896, Guillaumin, Paris, 1896
  27. Jean Bérenger, Corps législatif. Commission du Conseil des cinq cents. Rapport... sur la mise en activité de la Constitution : séance du 2 nivose, an VIII, , 12 p. (lire en ligne)
  28. Mémoire pour servir à l'histoire de France sous le gouvernement de Napoléon Buonaparte et pendant l'absence de la maison de Bourbon, Volume 3, J.-B. Salgues, L. Fayolle (J.-G. Dentu), Paris, 1814-1826.
  29. L'Univers, T. 2, Ph. Le Bas, Firmin-Didot frĂšres, Paris, 1840-1843
  30. Sur les débats au Tribunat : Archives parlementaires de 1787 à 1860 : recueil complet des débats, Assemblée nationale
  31. Archives : cahier contenant la liste des tribuns avec leur signature
  32. Journaux intimes de Benjamin Constant, Paris, Gallimard, 1852
  33. Biographie des hommes vivants ou Histoire par ordre alphabétique de la vie publique de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs actions ou leurs écrits, Louis-Gabriel Michaud, 1817-1819
  34. Les cent membres du Tribunat sont nommĂ©s par le SĂ©nat sur la liste des notabilitĂ©s nationale. Il est installĂ© au Palais ÉgalitĂ© (Palais Royal). Le traitement annuel d’un tribun est de 15 000 francs (in PrĂ©cis historique des assemblĂ©es parlementaires et des hautes cours de justice en France de 1789 Ă  1895, d'aprĂšs les documents officiels, par LĂ©on Muel, janvier 1896, Guillaumin, Paris, 1896
  35. Il est notamment chargĂ© de liquider la dette publique en PiĂ©mont juin-juillet (1805) et Ă  Parme (octobre-novembre 1805), in Jean BĂ©renger (1767-1850). Du dĂ©sert Ă  la vie publique, Nathalie Bolgert, MĂ©moire de maĂźtrise sous la direction de J. M. Mayeur, UniversitĂ© Paris IV (U.E.R d’histoire)
  36. Lettre de NapolĂ©on au gĂ©nĂ©ral Dejean (Haag prĂšs Wels, 2 novembre 1805) : « Monsieur Dejean, je ne sais pourquoi vous avez envoyĂ© en Italie le commissaire des guerres MassĂ©na : je vous l'avais dĂ©fendu. Il s'est dĂ©jĂ  trĂšs-mal conduit. Donnez-lui l'ordre de se rendre Ă  Paris. Lorsqu'il y sera arrivĂ©, demandez-lui la justification de sa conduite. Si M. BĂ©renger est encore sur les lieux, qu'il aille y faire un tour, (
) »
  37. Histoire de NapolĂ©on, de sa famille et de son Ă©poque : au point de vue de l'influence des idĂ©es napolĂ©oniennes sur le monde, Tome 3, par Émile BĂ©gin, Plon frĂšres, Paris, 1853-1854, p. 22
  38. Bérenger donne sa démission du Tribunat le 6 vendémiaire :
  39. Journal de Paris, 10 vendémiaire an 10 (2 octobre 1801)
  40. Esprit du Code NapolĂ©on, tirĂ© de la discussion, ou ConfĂ©rence... du projet de Code civil, des observations des tribunaux, des procĂšs-verbaux du Conseil d'État, des observations du Tribunat, des exposĂ©s de motifs, Jean-Guillaume LocrĂ©, Imprimerie impĂ©riale, Paris, 1805-1807.
  41. Mémoires d'un ministre du Trésor public, 1780-1815, Tome 2, par François-Nicolas Mollien, H. Fournier, Paris, 1845.
  42. Histoire de la restauration, Volume 1, Alfred Nettement, 1860, p. 358.
  43. La Révolution française, revue historique du Centre d'études de la Révolution française, Institut d'histoire de la Révolution française, Charavay frÚres, Paris, 1913.
  44. Antoine Claire Thibaudeau, MĂ©moires sur le Consulat, 1799 Ă  1804, par un ancien conseiller d'État, Paris, Ponthieu, 1827, p. 457 et suiv..
  45. Archives parlementaires, 2e série, tome 73, 24 décembre 1831.
  46. Allocution de Casimir Bonjour aux obsĂšques de BĂ©renger, Le Constitutionnel du 8 avril 1850.
  47. Nathalie Bolgert, Du dĂ©sert Ă  la vie publique, mĂ©moire de maĂźtrise sous la direction de Jean-Marie Mayeur, UniversitĂ© Paris IV (U.E.R d’histoire), p. 45.
  48. Esprit du Code NapolĂ©on, tirĂ© de la discussion, ou ConfĂ©rence... du projet de Code civil, des observations des tribunaux, des procĂšs-verbaux du Conseil d'État, des observations du Tribunat, des exposĂ©s de motifs, T. 3, par J.-G. LocrĂ©, Imprimerie impĂ©riale, Paris, 1805-1807.
  49. La Décade philosophique, littéraire et politique, Juillet, aout, septembre 1807, Bureau de la Revue philosophique, Rue du Vieux Colombier, Paris, p. 511
  50. NapolĂ©on : recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins, discours sur les matiĂšres civiles et politiques, etc., formant une histoire de son rĂšgne Ă©crite par lui-mĂȘme, Tome 4, accompagnĂ©e de notes historiques par M. Kermoysan, F. Didot frĂšres, fils et Cie, 1853-1865.
  51. Vivant Denon : Directeur des musĂ©es sous le Consulat et l'Empire correspondance (1802-1815), Éditions de la RĂ©union des musĂ©es nationaux, Paris, 1999
  52. Lettre du 5 juin 1806 de Vivant Denon Ă  M. BĂ©ranger : « Monsieur le Directeur gĂ©nĂ©ral, Le dĂ©cret impĂ©rial du 26 fĂ©vrier 1806, qui ordonne l'Ă©rection d'un arc de triomphe Ă  la gloire des armĂ©es, porte : Article X : « Il sera pris un million pour cet objet sur les contributions provenant de la Grande ArmĂ©e. La caisse d'amortissement tiendra chaque mois, Ă  dater du 1er mars, une somme de cinquante mille francs Ă  la disposition de notre architecte et celle de quinze mille francs Ă  la disposition du directeur de notre musĂ©e pour les travaux d'art et de sculpture ». Je vous prie, Monsieur le Directeur gĂ©nĂ©ral, de me faire savoir si le payement des trois mois qui sont Ă©chus au 1er juin peut m'ĂȘtre fait et quelle formalitĂ© j'ai Ă  remplir pour toucher cette somme de quarante-cinq mille francs ». Le directeur gĂ©nĂ©ral du musĂ©e NapolĂ©on Ă  M. BĂ©renger, conseiller d'État, directeur de la caisse d'amortissement. Éditions de la RĂ©union des musĂ©es nationaux, Paris, 1999. 915 5 juin 1806 Archives des musĂ©es nationaux, registre *AA5 p. 233.
  53. Le marquis de Noailles. Le comte Molé, 1781-1855, Paris, Champion, 1922, tome 1, p. 71.
  54. RĂšglement d'armoiries : De sable au chevron d'or accompagnĂ© de quatre besants d'argent, 3 et 1 ; au franc-quartier des comtes conseillers d'État
  55. Dezobry et Bachelet, Dictionnaire de biographie, t. 1, Ch.Delagrave, 1876, p. 275.
  56. Dictionnaire historique et biographique de la révolution et de l'empire, 1789-1815. Ouvrage rédigé pour l'histoire générale, 1899.
  57. Felix Réal, dans le Bulletin de la société de statistique, des sciences naturelles et des arts industriels du département de l'IsÚre, 1861.
  58. Louis Crozet, polytechnicien, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, marié en 1816 à Mens (IsÚre), bourg d'origine du comte Bérenger.
  59. Vie de Napoléon, Stendhal, Payot.
  60. F. Guizot, MĂ©moire pour servir Ă  l’histoire de mon temps, Tome 1, 1858-1867, 8 vol.
  61. Histoire de mon temps. MĂ©moires du chancelier Pasquier, 1893-1895 (6 vol.)
  62. Revue des deux mondes, Volume 4, 1856
  63. De la baisse probable de l'or, des conséquences commerciales et sociales qu'elle peut avoir et des mesures qu'elle provoque, Michel Chevalier, Capelle, Paris, 1859
  64. Histoire de la restauration, Volume 1, 1860, p. 358.
  65. Appel à la justice des contemporains de feu Lucien Bonaparte, en réfutation des assertions de M. Thiers, dans son Histoire du Consulat et de l'Empire, par Mme la princesse de Canino, veuve Lucien Bonaparte, Garnier frÚres, Paris, 1845
  66. Elle est née à Rioux dans la DrÎme en septembre 1773, morte le 28 juillet 1828 à La Planchette). Depuis la mort de son pÚre, elle habite Valence avec sa mÚre. Plus d'informations sur les familles de Nyons :
  67. BĂ©renger habite au 66 rue du Coq HĂ©ron prĂšs de la Place des Victoires Ă  son arrivĂ©e Ă  Paris. Au dĂ©but de l'empire, on le retrouve au no 20 de la Rue Taitbout et ce, jusqu'Ă  la mort de son Ă©pouse. Dans les annĂ©es 1835, aprĂšs un sĂ©jour chez son fils Jules, au 42 rue Laffitte, traverse la Seine pour s'installer au 20 de la rue d'Enfer, qui fut aussi l'adresse de la marĂ©chale Lannes puis de Royer-Collard ! Cette rue d'Enfer sera absorbĂ©e par le prolongement du boulebard Saint Michel (SĂ©bastopol Ă  l'Ă©poque) jusqu'Ă  la rue de l'AbbĂ©-de-L'ÉpĂ©e par Haussmann :
  68. Minutier central des notaires. N° 15 : minutes de l’étude maĂźtre Chodron, notaire de BĂ©renger.
  69. [Pour 51 000 francs, mais la valeur de ce bien montera en flĂšche pour atteindre 100 000 francs Ă  la mort de BĂ©renger en 1850.]
  70. http://www.histoire-empire.org/persos/berenger/berenger.html
  71. « Robe et traßne de cour de Madame Bérenger - napoleon.org », sur napoleon.org (consulté le ).
  72. Bulletin de la sociĂ©tĂ© de statistique du dĂ©partement de l’IsĂšre, 1861, p. 308.
  73. Transmission des dotations majorataires accordĂ©es Ă  Jean BĂ©renger, comte de l'Empire, par dĂ©cret du 16 janvier 1810, autorisĂ©e en faveur de son fils unique, Jean-Pierre-Paul-Jules BĂ©renger, par arrĂȘtĂ© ministĂ©riel du 3 septembre 1850.
  74. Mariage de Jules Berenger sur familysearch.org
  75. NĂ© Ă  Blaye en Gironde, mort Ă  PlombiĂšres (Vosges), le 29 juin 1847, il a Ă©tĂ© sous la Restauration, sous-prĂ©fet dans le Tarn et prĂ©fet de VendĂ©e. En quittant la carriĂšre administrative, il entra dans la Compagnie des agents de change et en Ă©tait devenu syndic. Il Ă©tait officier de la LĂ©gion d’honneur. Sa femme, Sophie-Rosalie-Madeleine Gamba de Questinghen, est nĂ©e Ă  Dunkerque le 17 septembre 1789 et morte Ă  Paris le 2 novembre 1835
  76. « Several famous frenchman have left the world within a few weeks. Quatremere de Quincy, who was in the first rank of archĂŠology and ĂŠsthetics, died at the age of ninety-five; Count Mollien, the famous financier—often a minister—at eighty-seven; Baron Meneval, so long the private, confidential, all-trusted private secretary of Napoleon, between seventy and eighty; Count Berenger, one of the Emperor's Councillors and Peers, conspicuous for the independence of his spirit, as well as administrative qualifications, was four-score and upward. The obsequies of these personages were grand ceremonials. President Napoleon sent his carriages and orderly officers to honor the [pg 141] remains of the old servants of his uncle. This class might be thought to have found an elixir of life, in their devotion to the Emperor or his memory. A few of them survive, like Marshal Soult, wonders of comfortable longevity », International weekly miscellany of Literature, Art, and Science, Vol. I, no 5, New York, 29 juillet 1850.

Voir aussi

Bibliographie

  • Conseil des Cinq-Cents. Opinion de BĂ©renger sur le second projet de rĂ©solution prĂ©sentĂ© par la Commission des finances : sĂ©ance du 9 messidor an V
  • Conseil des Cinq-Cents.Opinion de BĂ©renger sur l'impĂŽt du tabac : sĂ©ance du 19 fructidor an VI
  • Conseil des Cinq-Cents.Opinion de BĂ©renger, sur le sel, considĂ©rĂ© comme matiĂšre imposable : sĂ©ance du 11 pluviĂŽse an VII
  • Conseil des Cinq-Cents.Rapport fait au nom d'une commission spĂ©ciale chargĂ©e d'examiner les opĂ©rations de l'assemblĂ©e Ă©lectorale du dĂ©partement d'Indre-et-Loire. SĂ©ance du 25 florĂ©al. an VII
  • Conseil des Cinq-Cents.Motion d'ordre faite par BĂ©renger, concernant le gĂ©nĂ©ral Bonaparte, les gĂ©nĂ©raux et l'armĂ©e sous ses ordres : sĂ©ance du 19 brumaire an VIII
  • Commission constituante au lendemain du 18 Brumaire : Rapport fait par BĂ©renger et projet de rĂ©solution, sur la mise en activitĂ©Ì de la Constitution an VIII
  • Tribunat : Rapport et projet de rĂ©solution prĂ©sentĂ©s par BĂ©renger sur les contributions directes. SĂ©ance du 9 frimaire an VIII
  • Tribunat : Observations sur la discussion du projet de loi portant Ă©tablissement de tribunaux d'exception Tribunat. SĂ©ance du 14 pluviĂŽse IX
  • Philippe Le Bas, France, Dictionnaire encyclopĂ©dique, vol. 2, 1840, p. 387
  • Antoine-Vincent Arnault, Biographie nouvelle des contemporains (1787-1820), 1827, p. 365
  • Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siĂšcle, Vol.2, 1865, p. 571
  • Michel BruguiĂšre, La premiĂšre Restauration et son budget, 1969, p. 44
  • Marc Bouvet, Le Conseil d'État sous la Monarchie de Juillet, 2001, p. 432
  • Bulletin de la SociĂ©tĂ© de statistique, des sciences naturelles et des arts industriels du dĂ©partement de l'IsĂšre, 1838, BibliothĂšque nationale de France, dĂ©partement Collections numĂ©risĂ©es, 2008-49025.
  • Le dix-huit brumaire, ou Tableau des Ă©vĂšnements qui ont amenĂ© cette journĂ©e, des moyens secrets par lesquels elle a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e, des faits qui l'ont accompagnĂ©e, et des rĂ©sultats qu'elle doit avoir ([Reprod.]), par M. V. Lombard, Garnery, Paris, 1799.
  • Paschal Grousset, Les Origines d'une dynastie. Le Coup d'État de brumaire an VIII, Ă©tude historique, A. Le Chevalier, Paris, 1869
  • LĂ©once de Brotonne, Les sĂ©nateurs du consulat et de l'empire, 1974, p. 208
  • Les Français peints par eux-mĂȘmes, Tome 3, 1876-1878 (4 vol), p. 366
  • FĂ©lix RĂ©al, Le Comte BĂ©renger, in Bulletin de la SociĂ©tĂ© de statistique, des sciences naturelles et des arts industriels du dĂ©partement de l'IsĂšre, SociĂ©tĂ© scientifique du DauphinĂ©, 1861
  • Philippe-Joseph-Benjamin Buchez, Pierre-CĂ©lestin Roux-Lavergne, Histoire parlementaire de la RĂ©volution française ou Journal des..., Volume 37
  • Nathalie Bolgert, Du dĂ©sert Ă  la vie publique, MĂ©moire de maĂźtrise sous la direction de J. M. Mayeur, UniversitĂ© Paris IV (U.E.R d’histoire) / analyse des correspondances et notes du Comte BĂ©renger.
  • Jean-Charles Sournia, La mĂ©decine rĂ©volutionnaire (1789-1799), Payot, 1989, p. 48
  • M. V. Lombard, Le dix-huit brumaire, ou Tableau des Ă©vĂšnements qui ont amenĂ© cette journĂ©e, des moyens secrets par lesquels elle a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e, des faits qui l'ont accompagnĂ©e, et des rĂ©sultats qu'elle doit avoir ([Reprod.]), Garnery, Paris, 1799
  • Louis-Gabriel Michaud, Biographie des hommes vivants ou Histoire par ordre alphabĂ©tique de la vie publique de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs actions ou leurs Ă©crits, 1817-1819
  • Jean-Guillaume LocrĂ©, Esprit du Code NapolĂ©on, tirĂ© de la discussion, ou ConfĂ©rence... du projet de Code civil, des observations des tribunaux, des procĂšs-verbaux du Conseil d'État, des observations du Tribunat, des exposĂ©s de motifs, Imprimerie impĂ©riale, Paris, 1805-1807
  • François-Nicolas Mollien, MĂ©moires d'un ministre du TrĂ©sor public, 1780-1815, Tome 2, H. Fournier, Paris, 1845.
  • Alfred Nettement, Histoire de la restauration, Volume 1, 1860, p. 358
  • La RĂ©volution française, revue historique du Centre d'Ă©tudes de la RĂ©volution française, Institut d'histoire de la RĂ©volution française, Charavay frĂšres (Paris), 1913
  • La DĂ©cade philosophique, littĂ©raire et politique, Bureau de la Revue philosophique, Paris, juillet-, p. 511
  • M. Kermoysan, NapolĂ©on : recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins, discours sur les matiĂšres civiles et politiques, etc., formant une histoire de son rĂšgne Ă©crite par lui-mĂȘme, Tome 4, accompagnĂ©e de notes historiques, F. Didot frĂšres, fils et Cie (Paris), 1853-1865
  • Antoine-Clair Thibaudeau, MĂ©moires sur le Consulat, 1799 Ă  1804, par un ancien conseiller d'État, Ponthieu (Paris), 1827, p. 457 et suiv.
  • Dezobry et Bachelet, Dictionnaire de biographie, t. 1, Ch.Delagrave, 1876, p. 275.
  • Ernest Daudet, Les grands Ă©pisodes de la monarchie constitutionnelle. Le ProcĂšs des ministres (1830) : d'aprĂšs les piĂšces officielles et des documens inĂ©dits, A. Quantin, Paris, 1877
  • CĂ©line Borello, « Jean BĂ©renger », in Patrick Cabanel et AndrĂ© EncrevĂ© (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 Ă  nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 244-245 (ISBN 978-2846211901)

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