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Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux

Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux — orthographié également « Larévellière » ou « La Revellière » — est un homme politique français, né le à Montaigu et mort le à Paris. Il exerça son activité pendant la période de la Révolution. Député à la Convention nationale et au Conseil des Anciens, il fut un des cinq premiers Directeurs du Directoire.

Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux
Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux,
toile de François Gérard (détail), 1798, Musée des Beaux-Arts d'Angers.
Biographie
Naissance
Décès
(à 70 ans)
Paris
Sépulture
Nationalité
Activité
Enfant
Ossian La Revellière-Lépeaux (d)
signature de Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux
Signature
Vue de la sépulture.

Biographie

Né dans une famille de propriétaires terriens du Poitou (son père est juge des traites)[2], le jeune Louis-Marie fut l'élève d'un prêtre brutal[3] qui lui administrait des coups de bâtons. Il en garda des séquelles (visibles à son dos bossu) et surtout une profonde aversion pour la religion catholique. Il fut mis alors par ses parents au collège de Beaupréau en Maine-et-Loire, où se trouvait déjà son frère aîné, et acheva ses études chez les Oratoriens d'Angers, puis à l'université d'Angers, où il acquiert une licence de droit (1775). Un moment avocat au Parlement de Paris, il retourne en Anjou, où il s'intéressa surtout à la botanique en professant à la Société des Botanophiles puis en dirigeant le Jardin des plantes d'Angers (1789); et où il épousa le 13 février 1791 Jeanne Boyleau de Chandoiseau[2].

Élu du Tiers état de l'Anjou aux États généraux de 1789, il est député de l'Assemblée constituante, administrateur du département de Maine-et-Loire ; il fait partie du Club des jacobins, mais le quitte après la fuite de Varennes ().

Élu à la Convention nationale (1792), il siège auprès des girondins. Il vote la mort sans conditions au procès de Louis XVI. Il vote en faveur de la mise en accusation de Marat[4] et en faveur du rétablissement de la Commission des Douze[5]. Il est élu suppléant de la Commission de Salut public[6] puis dixième membre du Comité de Salut public mais n'y siège pas, aucun suppléant n'ayant été prévu[7].

Invoquant des raisons de santé, il donne sa démission le [8] qui n'est pas acceptée. Il n'est pas remplacé. Il revient siéger à la faveur du décret du 18 ventôse an III () qui réintègre les députés girondins déclarés hors-la-loi. Il est élu membre de la Commission des Onze chargée de la rédaction de la Constitution de l'an III[9]. Il préside la Convention entre le 2 et le 16 thermidor.

Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux en tenue de Directeur, gravure de François Bonneville, Paris, BnF, département des estampes et de la photographie, 1796.

Membre du Conseil des Cinq-Cents, il est élu Directeur le . Il raconte son installation, accompagné des autres Directeurs, au Petit Luxembourg, qui avait servi de prison, à un moment où régnait à Paris le dénuement le plus terrible : « Les dragons à cheval qui les escortaient « montaient en mauvais souliers et en bas de laine percés, au lieu de bottes ». Lorsqu’ils pénétrèrent dans le palais, « nous trouvâmes, se souvient-il, tous les appartements littéralement nus : il n’y avait pas de meubles de quelque nature que ce fût. […] Nous nous réfugiâmes dans un petit cabinet. Le concierge Dupont nous y fit placer une petite table boiteuse dont un pied était rongé de vétusté, et quatre chaises, le tout lui appartenant. Il nous prêta aussi quelques bûches car le temps était assez froid[10] ».

Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux,
toile de François Gérard, 1798, Musée des Beaux-Arts d'Angers.
Buste de Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux par le sculpteur David d'Angers.

Au Directoire, Louis-Marie de la Révellière-Lépeaux s'occupe surtout des questions culturelles et religieuses : corédaction de la constitution civile du clergé, création de l'Institut de France, diffusion de la théophilanthropie, religion rationnelle, et du culte décadaire. Il prépare avec Paul Barras et Jean-François Reubell le coup d'État du 18 fructidor an V () contre les deux autres Directeurs : Barthélémy et Carnot. Il est décidé d'envoyer à Cayenne plus de 330 hommes, les "Déportés de Fructidor". Ce sont des monarchistes, des journalistes et des prêtres réfractaires français et belges. Ils partiront de Rochefort, parmi eux André-Daniel Laffon de Ladebat, François Barbé-Marbois, Pichegru et Ange Pitou.

En politique extérieure, il se montre hostile à la papauté mais s'oppose à toute idée d'unification de l'Italie, où il craint la domination des Jacobins. Lors du coup d'État du 30 prairial an VII, il doit démissionner sous la pression de Barras et de Sieyès, les Conseils l'estimant responsable des défaites de la France.

Il vit encore vingt-cinq ans, sans aucune activité politique. Il meurt le et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (39e division).

Portrait

La Révellière-Lépeaux fut jugé sévèrement par ses contemporains en raison notamment de la succession des coups d'État du Directoire dans lesquels il est impliqué. Il n'en demeure pas moins un observateur averti et lucide sur son époque. À ce titre, ses Mémoires conservent un grand intérêt, néanmoins partial, sur le Directoire et la période révolutionnaire.

Le 12 floréal an V, après avoir lu un exposé sur le culte et les cérémonies civiles à l'Académie des sciences morales et politiques, Talleyrand lui fit remarquer : « Je n'ai qu'une observation à vous faire. Jésus-Christ, pour fonder sa religion, a été crucifié et est ressuscité. Vous auriez dû tâcher d'en faire autant »[11].

L'historien Emmanuel de Waresquiel brosse un portrait peu amène de La Révellière : « [...] hypocrite, petit bossu, adepte de la théophilanthropie, une drôle de religion inventée par lui, anticlérical et vaniteux [...][12] ».

Postérité

Une rue porte son nom dans la commune de Bellevigne-en-Layon et la ville de Montaigu a donné son nom à une place dans le centre-ville. Sur cette place avait été érigée en 1886 un buste en bronze rendant hommage à La Revellière-Lépeaux. Cette sculpture fut fondue entre 1941 et 1945 par le régime de Vichy, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux. En 1954, une réplique en résine d'après le buste de David d'Angers vient remplacer l'original détruit[13].

Notes et références

  1. « http://hdl.handle.net/10079/fa/beinecke.larevell »
  2. http://recherche-archives.vendee.fr/ark:/22574/vta18a375cf173144f2
  3. Adolphe Robert, Edgard Bourloton, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français comprenant tous les membres des assemblées françaises et tous les ministres français actifs du 1er mai 1789 au 1er mai 1889, Bourloton éditeur, 1891, 5 volumes, t.3, p. 594-596
  4. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 70.
  5. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 522. Catégories
  6. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 60, séance du 26 mars 1793, p. 581.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 61, séance du 7 avril 1793, p. 397.
  8. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 72, séance du 13 août 1793, p. 127. Catégories
  9. Gazette nationale ou le Moniteur Universel n°217 du 7 floréal an III (26 avril 1795), Convention nationale, séance du 4 floréal (23 avril), p. 3.
  10. Louis Vialatte, Paris, des origines à la Libération, Paris, Société universitaire d'éditions et de librairie, , 160 p., p. 65
  11. https://www.asmp.fr/travaux/dossiers/directoire_VIII.htm
  12. Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand : Le prince immobile, Fayard, 2003, p. 208
  13. (en) « À nos Grands Hommes - La monumentalité en cartes postales : Monument… », sur musee-orsay.fr (consulté le ).

Voir aussi

Publications

  • Les Mémoires de La Revellière-Lépeaux ont été éditées par R. D. D'Angers (Paris, 3 vol., 1895). T1
  • Réflexions sur le Culte, sur les Cérémonies civiles et sur les Fêtes Nationales, lues à l'Institut, le 12 floréal an V de la république, dans la séance de la classe des sciences morales et politiques, Paris, 1797.
  • Notice du Patois vendéen - éditions Dugast-Matifeux 1867 ; Lecture en ligne - Archives de la Vendée

Bibliographie

  • Étienne Charavay, La Révellière-Lépeaux et ses mémoires, 1895
  • Albert Meynier, Un représentant de la bourgeoisie angevine à l'Assemblée nationale constituante et à la Convention nationale, Germain & G. Grassin, imprimeurs-libraires, Angers, 1905, 539 p.
  • Hubert Janeau, Le vendéen La Révellière-Lépeaux, membre du Directoire (1753-1824), collection études d'histoire révolutionnaire, chez l'auteur, Poitiers, 1951, 145p.
  • Adolphe Robert, Edgard Bourloton, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français comprenant tous les membres des assemblées françaises et tous les ministres français actifs du au , Bourloton éditeur, 1891, 5 volumes, t.3, p. 594-596
  • Auguste Kuscinski, Dictionnaire des Conventionnels, Paris, Rieder, 1917, article "La Revellière-Lépeaux"

Liens externes

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