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Ibn Battûta

Ibn Baáč­áč­Ć«áč­a (en arabe : Ű§ŰšÙ† ŰšŰ·Ù‘ÙˆŰ·Ű© ; en berbĂšre : ┎┉┙ ┏ â”Ąâ”“âŽ±â”Ÿâ”Ÿâ”“â”Ÿ), de son nom complet ÊŸAbu ÊżAbd Allah Muáž„ammad Ibn ÊżAbd Allah al-LawātÄ« aáč­-áčŹanjÄ« Ibn Baáč­áč­Ć«áč­a (ŰŁŰšÙˆ Űčۚۯ Ű§Ù„Ù„Ù‡ Ù…Ű­Ù…ŰŻ ŰšÙ† Űčۚۯ Ű§Ù„Ù„Ù‡ Ű§Ù„Ù„ÙˆŰ§ŰȘي Ű§Ù„Ű·Ù†ŰŹÙŠ ŰšÙ† ŰšŰ·ÙˆŰ·Ű©) nĂ© le Ă  Tanger et mort en 1368 (ou peut-ĂȘtre 1377) Ă  Marrakech, est un explorateur et voyageur marocain d'origine berbĂšre[1] qui a parcouru plus de 120 000 km entre 1325 et 1349[2], de l'ancien territoire du Khanat bulgare de la Volga au nord, jusqu'Ă  Tombouctou au sud, et de Tanger Ă  l’ouest jusqu'Ă  Quanzhou en ExtrĂȘme-Orient.

Ibn Battûta
Image illustrative de l’article Ibn BattĂ»ta
Ibn BattĂ»ta en Égypte, lithographie du XIXe siĂšcle de LĂ©on Benett.

Nom de naissance ŰŁŰšÙˆ Űčۚۯ Ű§Ù„Ù„Ù‡ Ù…Ű­Ù…ŰŻ ŰšÙ† Űčۚۯ Ű§Ù„Ù„Ù‡ Ű§Ù„Ù„ÙˆŰ§ŰȘي Ű§Ù„Ű·Ù†ŰŹÙŠ ŰšÙ† ŰšŰ·ÙˆŰ·Ű©
ÊŸAbu ÊżAbd Allah Muáž„ammad Ibn ÊżAbd Allah al-LawātÄ« aáč­-áčŹanjÄ« Ibn Baáč­áč­Ć«áč­a
Naissance
Tanger (Maroc)
DĂ©cĂšs
Marrakech (Maroc)
Famille Al-Lawati

PremiÚre expédition 1325
DerniÚre expédition 1355
Autres activités Géographe

Les mĂ©moires d'Ibn BattĂ»ta sont compilĂ©s par le lettrĂ© Ibn Juzayy al-Kalbi en un livre intitulĂ© ŰȘŰ­ÙŰ© Ű§Ù„Ù†ŰžŰ§Ű± في Űș۱ۧۊۚ Ű§Ù„ŰŁÙ…Ű”Ű§Ű± وŰčۏۧۊۚ Ű§Ù„ŰŁŰłÙŰ§Ű±, Tuáž„fat an-Nuáș“áș“ār fÄ« Gharāʟib al-AmáčŁÄr wa ÊżAjāʟib al-Asfār (« Cadeau prĂ©cieux pour ceux qui considĂšrent les choses Ă©tranges des grandes villes et les merveilles des voyages »[Note 1]), communĂ©ment appelĂ© « Voyages » (Ű§Ù„Ű±Ű­Ù„Ű©, Rihla). Toutefois, il faut rester prudent sur la fiabilitĂ© de quelques parties de ces Ă©crits, certains historiens doutant qu'Ibn Battuta ait rĂ©ellement effectuĂ© la totalitĂ© des pĂšlerinages et voyages relatĂ©s[3].

Biographie

Ibn Battûta est né le dans la ville de Tanger au sein d'une famille de lettrés musulmans de la tribu berbÚre des Luwata.

Dans sa jeunesse, Ibn Battuta Ă©tudie le fiqh de l'Ă©cole malikite, puis, Ă  l'Ăąge de 21 ans, il dĂ©cide d'accomplir le pĂšlerinage Ă  La Mecque. C'est le 14 juin 1325 qu'il commence son voyage[4] - [2], dont il ne reviendra que le 8 novembre 1349, aprĂšs un pĂ©riple de quelque 120 000 kilomĂštres[2]. Mais c'est pour se remettre aussitĂŽt en route : Andalousie, le Maroc et finalement le royaume du Mali. Au cours de son voyage, il accomplit six pĂšlerinages Ă  la Mecque[Note 2].

L'année qui suit son retour définitif, il reçoit du souverain mérénide Abu 'Inan l'ordre de dicter ses souvenirs à son secrétaire, Ibn Juzzay. Le travail de recension s'étend entre le 9 décembre 1355 et le mois de février.

On sait peu de choses sur sa vie aprĂšs son retour. Il ne quitta plus FĂšs[5] et mourut en 1368 ou 1377.

Les voyages

À l'origine simple pĂšlerin, musulman coutumier, Ibn BattĂ»ta voit ses dĂ©placements grandement facilitĂ© par le fait qu'il se dĂ©place en terres d'islam et, trĂšs souvent, de langue arabe. Il profite Ă©galement du dĂ©veloppement du commerce puisqu'il se joint souvent Ă  des caravanes, ou embarque sur des vaisseaux marchands musulmans. Il rencontre de nombreuses personnalitĂ©s et devient souvent leur conseiller lors de ses longs pĂ©riples.

On peut distinguer quatre périodes dans ces voyages :

Traversée de la Libye

Le , Ibn BattĂ»ta part de Tanger pour son pĂšlerinage Ă  La Mecque. Il traverse rapidement le Maghreb central (actuel AlgĂ©rie) . Il arrive Ă  Tunis sous le rĂšgne du sultan hafside AbĂ» YahyĂą AbĂ» Bakr al-Mutawakkil au moment de la fĂȘte de la fin du ramadan. Il se joint Ă  une caravane partant pour l'Arabie. De passage Ă  Tripoli, il se marie une premiĂšre fois et repart avec son Ă©pouse. En cours de chemin, un diffĂ©rend avec son beau-pĂšre le fait divorcer. Il se remarie avec une autre femme de la caravane, fille d'un lettrĂ© originaire de FĂšs.

Remontée de la vallée du Nil

En , il arrive à Alexandrie. Ibn Battûta donne une description détaillée du phare d'Alexandrie et signale qu'à son retour en 1349 il ne trouva sur ces lieux qu'un tas de ruines.

Ibn BattĂ»ta passe au Caire. Il explique alors le systĂšme fiscal local basĂ© sur la hauteur de la crue annuelle du Nil, cette crue Ă©tant le signe de rĂ©coltes plus ou moins abondantes. Il passa prĂšs des pyramides de Gizeh. À l'Ă©poque elles Ă©taient encore couvertes d'un parement de calcaire qui les rendait luisantes au soleil. Ibn BattĂ»ta raconte qu'un souverain voulut pĂ©nĂ©trer dans une pyramide en attaquant le parement calcaire avec du vinaigre chaud jusqu'Ă  ouvrir une brĂšche.

Toutefois, entre autres erreurs certaines d'ibn Battuta en la matiĂšre, figure notamment sa description des pyramides sous une forme de cĂŽne. Il se peut qu'il se soit rĂ©fĂ©rĂ© Ă  des rĂ©cits antĂ©rieurs, ou qu'il les aient confondues avec le Medracen de l'ex-Numidie ou avec le MausolĂ©e royal de MaurĂ©tanie cĂ©sarienne, les deux — dĂ©sormais fameuses — pyramides coniques antiques du Maghreb central qu'il a pu voir sur son parcours entre le Maroc et l'Égypte.

Partant du Caire, il remonte le Nil. Au passage, on apprend qu'un homme s'est enrichi en se servant des pierres des temples antiques pour construire une Ă©cole coranique. ArrivĂ© au bord de la mer Rouge, Ă  Aydhab, le conflit entre les Égyptiens du sultanat du Caire et les Bejas, l'empĂȘche de traverser et il doit faire demi-tour vers Le Caire. Dans ce chemin de retour depuis Assouan jusqu'au Caire, il semble s'attarder un peu plus Ă  chaque Ă©tape.

Traversée de la Syrie et de la Palestine

Pour cette partie du rĂ©cit, Ibn BattĂ»ta semble faire une synthĂšse de plusieurs sĂ©jours dans la rĂ©gion. D'Égypte, il monte vers Gaza et de lĂ  vers HĂ©bron, puis JĂ©rusalem. La crainte de voir les croisĂ©s revenir prendre JĂ©rusalem et s'y installer, avait fait prendre la dĂ©cision paradoxale de raser toutes les fortifications. Ibn BattĂ»ta s'Ă©merveille devant le dĂŽme du Rocher.

Ibn BattĂ»ta remonte ensuite le long de la cĂŽte mĂ©diterranĂ©enne en passant par Tyr, Sayda, Beyrouth, et fait un crochet par Damas puis revient Ă  Tripoli sur la cĂŽte. Il fait un nouveau crochet par le Krak des Chevaliers et Homs (EmĂšse) et descend le cours de l'Oronte vers Hama, « ville charmante et exquise entourĂ©e de vergers oĂč tournent des roues hydrauliques ». Se dirigeant toujours vers le nord il atteint Alep. Il s'attarde sur la description de la citadelle, citant un poĂšte : « l'Ăąpre citadelle se dresse contre ceux qui veulent la prendre avec sa haute vigie et ses flancs abrupts ». De lĂ , il retourne encore une fois vers la cĂŽte Ă  Antioche. Il redescend vers le sud jusqu'Ă  LattaquiĂ©, passe au pied de la forteresse du Marquuab qu'il dit semblable au Krak des Chevaliers, puis vers Baalbek et revient Ă  Damas pour s'y attarder car « si le paradis est sur la terre, c'est Ă  Damas et nulle part ailleurs ».

Dans la grande MosquĂ©e des Omeyyades de Damas, il dit voir le tombeau de Zacharie, le pĂšre de Jean-Baptiste, alors que Ibn Jubair (1145-1217) un siĂšcle avant lui parlait du « mausolĂ©e de la tĂȘte de Jean, fils de Zacharie », comme le veut la tradition actuelle.

Il reçoit à Damas la licence d'enseigner en 1326 et part vers La Mecque avec une caravane.

Vers La Mecque

La caravane fait halte Ă  Bosra pour quelques jours. Plus loin, il passe prĂšs « de la demeure des ThamĂ»d creusĂ©e dans des montagnes de grĂšs rouge avec des seuils sculptĂ©s et qu'on croirait construite rĂ©cemment. Les ossements cariĂ©s sont Ă  l'intĂ©rieur des demeures. » Il s'agit certainement du site de Al-Hijr (Hijra ou Hegra, aujourd'hui plus connu sous le nom de Mada'in Saleh) en Arabie saoudite oĂč la plupart des abris creusĂ©s dans la falaise n'Ă©taient pas des maisons mais des tombeaux, mais l'interprĂ©tation d'Ibn BattĂ»ta va dans le sens du Coran :

Quant aux habitants de Hijr qui avaient traité les prophÚtes de menteurs
Et qui s'étaient détournés de Nos signes, quand Nous les leurs avions fait parvenir,
se contentant de creuser leurs demeures dans le roc des montagnes en toute sécurité,
eux aussi furent saisis par le cri terrifiant au lever du jour,
et tout ce qu'ils possédaient ne leur a en rien servi[6].

Arrivé à Médine, Ibn Battûta va se recueillir sur la tombe de Mahomet. Il raconte les diverses étapes de l'agrandissement de la mosquée et des querelles que cela amena entre les divers clans de la famille. AprÚs avoir fait le tour des sites que Muhammad avait fréquentés, il repart pour La Mecque. Ibn Battûta fait une assez longue et précise description des lieux et des rites du pÚlerinage. Dix jours aprÚs la fin du pÚlerinage, il part avec une caravane en direction de l'Irak ().

Il y dĂ©crit Ă©galement la cĂ©lĂ©bration du Mawlid en disant : « Le QĂądĂź (juge) de La Mecque est le savant, l’adorateur vertueux [de AllĂąh] Najmou d-DĂźn Mouhammad fils de l’ImĂąm, du savant Mouhyi d-DĂźn At-Tabari. C’est un homme honorable qui fait preuve de beaucoup de charitĂ© et de rĂ©confort envers les visiteurs du Haram (enceinte sacrĂ©e) ; il a un excellent comportement et pratique beaucoup de tours rituelles (tawĂąf) en allant rĂ©guliĂšrement voir la Ka’bah honorĂ©e. Il distribue beaucoup de repas dans les grandes occasions, particuliĂšrement lors de la CommĂ©moration du Mawlid du Messager de AllĂąh (Ű”Ù„Ù‰ Ű§Ù„Ù„Ù‡ Űčليه ÙˆŰłÙ„Ù…). En cette occasion, il offre des repas aux ChĂ©rifiens (descendants du ProphĂšte) de La Mecque, aux notables comme aux pauvres, Ă  ceux qui travaillent au sein de La MosquĂ©e SacrĂ©e et Ă  l’ensemble des visiteurs sĂ©journant dans l’enceinte sacrĂ©e. »[7]

L'Irak

Au sein de la caravane qui ramĂšne les pĂšlerins, Ibn BattĂ»ta traverse le plateau de Nejd jusqu'Ă  Nadjaf aprĂšs un voyage d'une quarantaine de jours, oĂč il visite notamment le tombeau de `Ali, quatriĂšme calife de l'islam. Il fait le rĂ©cit de miracles ayant lieu sur ce tombeau mais il prĂ©cise ne pas y avoir assistĂ© lui-mĂȘme. Alors que la caravane repart vers Bagdad, Ibn BattĂ»ta dĂ©cide de se rendre Ă  Wasit puis descendre le cours du Tigre et d'aller Ă  al-Basra (Bassorah). LĂ , en assistant Ă  la priĂšre, il s'Ă©tonne de voir l'imam commettre des fautes de langage.

La Perse

ArrivĂ© en Perse, il se rend Ă  Ispahan en longeant les monts Zagros, puis Ă  Chiraz, une des rares villes Ă©pargnĂ©es par l'invasion mongole, oĂč il se recueille sur la tombe de RĂ»zbehĂąn et sur celle de Saadi.

Ibn Battuta, retourne en Irak oĂč il visite Bagdad, en grande partie en ruine aprĂšs le passage de l'armĂ©e de Houlagou Khan. Puis il remonte vers le nord jusqu'Ă  Tabriz, une des premiĂšres villes Ă  avoir ouvert ses portes aux Mongols, Ă©vitant le pillage de la ville, et Ă©tant devenue une des villes les plus prospĂšres de la rĂ©gion.

AprĂšs ĂȘtre revenu Ă  Bagdad, il remonte le Tigre, visite Mossoul, Cizre et enfin Mardin, situĂ©e dans l'actuelle Turquie. ArrivĂ© Ă  ce stade il fait demi-tour et revient Ă  la Mecque pour son deuxiĂšme hadj.

L'Afrique orientale, le YĂ©men et Oman

Vue des ruines de la grande mosquée de Kilwa Kisiwani.

Ibn Battuta sĂ©journe ensuite quelque temps Ă  La Mecque. Il raconte dans la Rihla ĂȘtre restĂ© dans la ville pendant trois ans : de jusqu'Ă  l'.

En quittant la Mecque, aprĂšs le hadj en 1330, il se dirigea vers le port de Djeddah sur la cĂŽte de la mer Rouge et de lĂ , prit plusieurs bateaux sur la cĂŽte. Arrivant au YĂ©men, il visita Zabid, puis la ville des hautes terres de Ta'izz oĂč il rencontra le Malik rassoulide Mujahid Nur al-Din Ali. Ibn BattĂ»ta mentionne Ă©galement la ville de Sanaa, mĂȘme s'il est peu probable qu'il y soit rĂ©ellement allĂ©. Il est plus probable qu'il soit allĂ© directement Ă  partir de Ta'izz au port d'Aden, en y arrivant Ă  peu prĂšs au dĂ©but de l'annĂ©e 1331.

À Aden, il s'embarque sur un navire, passe devant Zeilah et fut impressionnĂ© par cette ville dont il Ă©crivit qu'elle Ă©tait « « la plus sale au monde, la plus laide et la plus puante. L'odeur nausĂ©abonde qui s'en dĂ©gage vient du grand nombre de poissons qu'on y consomme et du sang des chameaux qu'on Ă©gorge dans les rues[8]. » Ne restant pas plus d'une semaine dans chaque port visitĂ©, il s'est rendu, entre autres Ă  Mogadiscio, Mombasa, Zanzibar et Kilwa. Au moment de la mousson, il retourne par bateau vers l'Arabie, visite Oman et traverse le dĂ©troit d'Ormuz avant de retourner vers la Mecque pour le hadj de 1332.

L'Anatolie

En 1333, il visite Ayasoluk (ÉphĂšse), alors capitale de l'Ă©mir Hızir d'Aydın. Il est particuliĂšrement impressionnĂ© par la mosquĂ©e principale de la ville, l'ancienne Ă©glise chrĂ©tienne de Saint-Jean, qu'il considĂšre comme une des plus belles du monde.

Asie centrale

Ibn BattĂ»ta traverse la CrimĂ©e et visite l’empire de la Horde d'or d'Özbeg. Son rĂ©cit est une source prĂ©cieuse concernant un peuple et un État qui ne se sont pas donnĂ©s la peine d’écrire leur propre histoire. La condition fĂ©minine dans les tribus turques l'Ă©tonne : « Je fus tĂ©moin, dans cette contrĂ©e, d’une chose remarquable, c’est-Ă -dire de la considĂ©ration dont les femmes jouissent chez les Turcs ; elles y tiennent, en effet, un rang plus Ă©levĂ© que celui des hommes[9]. » Ce sont les hommes qui donnent des marques de respect aux femmes : « Lorsqu’elle [l'Ă©pouse de l'Ă©mir] fut arrivĂ©e prĂšs de l’émir, il se leva devant elle, lui donna le salut et la fit asseoir Ă  son cĂŽtĂ©. » Il note que « les femmes des Turcs ne sont pas voilĂ©es ». Elles se consacrent mĂȘme aux activitĂ©s Ă©conomiques, loin d'ĂȘtre confinĂ©es aux harems : « [une femme] apportera au marchĂ© des brebis et du lait, qu’elle vendra aux gens pour des parfums[9]. »

« J’avais entendu parler de la ville de BolghĂąr. Je voulus m’y rendre, afin de vĂ©rifier par mes yeux ce qu’on en racontait, savoir l’extrĂȘme briĂšvetĂ© de la nuit dans cette ville, et la briĂšvetĂ© du jour dans la saison opposĂ©e[9]. » BolghĂąr, autrefois capitale des Bulgares de la Volga, dĂ©truite par les Mongols, se trouve Ă  cent quinze kilomĂštres au sud de Kazan, Ă  sept kilomĂštres de la rive gauche de la Volga. Pour un musulman, le respect des cinq priĂšres quotidiennes est un devoir sacrĂ© mais quid de cette contrĂ©e du bout du monde oĂč le temps se dĂ©rĂšgle ? « Lorsque nous eĂ»mes fait la priĂšre du coucher de soleil, nous rompĂźmes le jeĂ»ne [du ramadan] ; on appela les fidĂšles Ă  la priĂšre du soir, tandis que nous faisions notre repas. Nous cĂ©lĂ©brĂąmes cette priĂšre, ainsi que les priĂšres terĂąwih, al-chafah, al-witr, et le crĂ©puscule du matin parut aussitĂŽt aprĂšs. »

Autre problĂšme, plus tard dans l'annĂ©e, alors que l'hiver est survenu, sur la steppe glacĂ©e comment faire ses ablutions rituelles quand tout gĂšle ? « Je faisais mes ablutions avec de l’eau chaude, tout prĂšs du feu, mais il ne coulait pas une goutte d’eau qui ne gelĂąt pas Ă  l’instant. Lorsque je me lavais la figure, l’eau, en touchant ma barbe, se changeait en glace, et si je secouais ma barbe, il en tombait une espĂšce de neige. L’eau qui dĂ©gouttait de mon nez se gelait sur mes moustaches[9]. »

Il traverse ensuite l'Asie centrale pour rejoindre l'Inde. Parti de SaraĂŻ, capitale de la Horde d'Or, il passe successivement par SaraĂŻtchik au nord de l'embouchure de l'Oural, traverse le Khwarezm, atteint Gurgandj, l’actuelle Kounia-Ourguentch, situĂ©e sur le delta de l’Amou-Daria, fleuve qu'il remonte vers Boukhara, « le maudit TenkĂźz, le Tatar, l’aĂŻeul des rois de l’IrĂąk, l’a dĂ©vastĂ©e. Actuellement ses mosquĂ©es, ses collĂšges et ses marchĂ©s sont ruinĂ©s, Ă  l’exception d’un petit nombre. Ses habitants sont mĂ©prisĂ©s. » AprĂšs une longue digression sur les luttes intestines des dynasties mongoles dans la rĂ©gion, Ibn BattĂ»ta poursuit : « Lorsque j’eus fait mes adieux au sultan ThermachĂźrĂźn, je me dirigeai vers la ville de Samarkand, une des plus grandes, des plus belles et des plus magnifiques citĂ©s du monde. Elle est bĂątie sur le bord d’une riviĂšre nommĂ©e riviĂšre des Foulons, et couverte de machines hydrauliques, qui arrosent des jardins[9]. » La ville est l'ombre de sa splendeur passĂ©e : « Il y avait aussi sur le bord du fleuve des palais considĂ©rables et des monuments qui annonçaient l’élĂ©vation de l’esprit des habitants de Samarkand. La plupart sont ruinĂ©s, et une grande partie de la ville a Ă©tĂ© aussi dĂ©vastĂ©e. Elle n’a ni muraille ni portes[9]. » Il poursuit vers Termez qui a subi le mĂȘme sort que Samarcande de la part des armĂ©es de Gengis Khan.

« Nous passĂąmes ensuite le fleuve DjeĂŻhoĂ»n, pour entrer dans le Khorassan, et, Ă  compter de notre dĂ©part de Termez et du passage du fleuve, nous marchĂąmes un jour et demi, dans un dĂ©sert et des sables oĂč il n’y a aucune habitation, jusqu’à la ville de Balkh[9]. » Il poursuit ensuite vers HĂ©rat, « la plus grande des citĂ©s encore florissantes dans le Khorassan ». qu'il quitte pour Sarakhs via Torbat-e Djam puis Tus, patrie du cĂ©lĂšbre imam Al-GhazĂąlĂź d’oĂč il poursuit, pieux musulman, vers le tombeau d’Ali ar-Rida Ă  Mechhed. À Nishapur, Battuta est sous le charme de cette ville « appelĂ©e le Petit Damas, Ă  cause de la quantitĂ© de ses fruits, de ses jardins et de ses eaux, ainsi qu’à cause de sa beautĂ©. Quatre canaux la traversent, et ses marchĂ©s sont beaux et vastes. Sa mosquĂ©e, admirable, est situĂ©e au milieu du marchĂ©, et touche Ă  quatre collĂšges, arrosĂ©s par une eau abondante et habitĂ©s par beaucoup d’étudiants qui apprennent la jurisprudence et la maniĂšre de lire le Coran. »

De lĂ , il rejoint Pervan puis Ghaznah, capitale du sultan belliqueux Mahmoud, fils de SubuktigĂźn. Il traverse ensuite le dĂ©sert du Cholistan, « qui s’étend l’espace de quinze journĂ©es de marche (
), par la grĂące de Dieu, notre caravane arriva saine et sauve Ă  Pendjab, c’est-Ă -dire au fleuve du Sindh (
), Ă  la fin de Dhou al-hijja, et nous vĂźmes briller cette mĂȘme nuit la nouvelle lune de mouharram de l’annĂ©e 734 », soit le .

L'épopée indienne du long voyage d'Ibn Battûta peut commencer.

L'Inde

La description de l’Inde constitue la partie centrale des Voyages d’Ibn BattĂ»ta, aussi bien par son volume — elle couvre presque le tiers de l’ensemble de l’ouvrage — que par les informations. Dans la partie centrale de son rĂ©cit indien, notre voyageur se transforme en historien et chroniqueur de sultanat de Delhi durant la domination de Mouhammed ibn TughlĂ»q.

Les Maldives, Ceylan et le Bengale

Le sultan de Delhi, FĂźrĂ»z ShĂąh TughlĂ»q envoie une ambassade Ă  l'empereur de Chine Togoontomor, ambassade Ă  laquelle se joint Ibn Battuta. Mais Ă  cause des alĂ©as de la mer ce fut un dĂ©sastre, la plupart des prĂ©sents offerts par Tughluk (cent chevaux arabes, toiles, or, esclaves
) ainsi que les ambassadeurs disparurent sous l'eau. Ibn Battuta est l'un des rares survivants, il craint la colĂšre du sultan de Delhi et dĂ©cide donc de partir aux Maldives. Dans ces Ăźles il devient cadi (juge), puis il se marie avec plusieurs filles de vizirs. Cela va faire croire au vizir Abd Allah qu'il recherche des alliances politiques pour prendre le pouvoir. Il est donc « invitĂ© » Ă  quitter les Ăźles. Il laisse derriĂšre lui plusieurs femmes et un garçon.

Sa destination suivante est Ceylan (l'actuel Sri Lanka). Il veut visiter la deuxiĂšme montagne de cette Ăźle, le pic d'Adam (2 243 m). Ce pic possĂšde une trace sculptĂ©e sur un rocher : pour les chrĂ©tiens c'est le pied de saint Thomas, pour les musulmans celui d'Adam. Ainsi, ce voyage fut pour Battuta une sorte de pĂšlerinage.

De retour sur le sous-continent indien, il est dĂ©pouillĂ© par des pirates hindous de tous les cadeaux que lui avait offert le sultan idolĂątre de Ceylan, Airy Chacarouaty (perles, pierres prĂ©cieuses, esclaves
). ArrivĂ© au Bengale, il se retrouve pris dans une rĂ©volte dirigĂ©e par les sultans de cette rĂ©gion contre le sultanat de Delhi. Battuta dĂ©cide de s'en aller au plus vite pour ne pas Ă©veiller des soupçons auprĂšs de la cour de Delhi. Il se dirige donc vers la Chine pour tenter d'expliquer Ă  son empereur le tragique incident de l'ambassade[10].

Sumatra et la Chine

En 1346, Ibn Battûta aborde Samudra, capitale du sultanat de Pasai dans le nord de l'ßle indonésienne de Sumatra.

La mosquée de Quanzhou témoigne de l'importante communauté musulmane de la ville dans le passé.

La mĂȘme annĂ©e, Ibn BattĂ»ta fait voile vers la Chine[Note 3] de la dynastie Yuan.

Lors du voyage, il aurait dĂ©barquĂ© et sĂ©journĂ© durant quelques jours au lĂ©gendaire royaume de CaĂŻloĂ»cary, qui se situerait aux Philippines ou dans l'ancien royaume de Champā et qui avait la particularitĂ© d'ĂȘtre dirigĂ© par des femmes[11], dont Urduja.

ArrivĂ© en Chine, Ibn BattĂ»ta s'Ă©tonne, comme Marco Polo avant lui, de l'avancĂ©e de la civilisation chinoise. La houille est une nouveautĂ© : « Tous les habitants de la Chine et du Khitha emploient comme charbon une terre ayant la consistance ainsi que la couleur de l’argile de notre pays. On la transporte au moyen des Ă©lĂ©phants, on la coupe en morceaux de la grosseur ordinaire de ceux du charbon chez nous, et l’on y met le feu. Cette terre brĂ»le Ă  la maniĂšre du charbon, et donne mĂȘme une plus forte chaleur[10]. » Les billets de banque provoquent sa surprise : « Ils [les Chinois] vendent et ils achĂštent au moyen de morceaux de papier, dont chacun est aussi large que la paume de la main, et porte la marque ou le sceau du sultan[10] ». La porcelaine de Chine ne lui est pas inconnue : il note qu'elle est meilleur marchĂ© que la poterie dans son pays et il dĂ©crit son processus de production : « On ne fabrique pas en Chine de porcelaine, si ce n’est dans la ville de ZeĂŻtoĂ»n[12] et de SĂźn-calĂąn. Elle est faite au moyen d’une terre tirĂ©e des montagnes qui se trouvent dans ces districts[10] ». À KhansĂą[13], la laque provoque son envie : « il y a les plats ou assiettes, qu’on appelle dest ; elles sont faites avec des roseaux, dont les fragments sont rĂ©unis ensemble d’une maniĂšre admirable ; on les enduit d’une couche de couleur ou vernis rouge et brillant. Ces assiettes sont au nombre de dix, l’une placĂ©e dans le creux de l’autre ; et telle est leur finesse que celui qui les voit les prend pour une seule assiette. Elles sont pourvues d’un couvercle, qui les renferme toutes. On fait aussi de grands plats, avec les mĂȘmes roseaux. Au nombre de leurs propriĂ©tĂ©s admirables sont celles-ci : qu’ils peuvent tomber de trĂšs haut sans se casser ; que l’on s’en sert pour les mets chauds, sans que leur couleur en soit altĂ©rĂ©e, et sans qu’elle se perde[10]. »

Les Yuan ont mis en place un État policier (dont Marco Polo avant Ibn Battuta notait la cruautĂ©) : « On m’a assurĂ© que l’empereur avait donnĂ© l’ordre aux peintres de faire notre portrait ; ceux-ci se rendirent au chĂąteau pendant que nous y Ă©tions ; qu’ils se mirent Ă  nous considĂ©rer et Ă  nous peindre, sans que nous nous en fussions aperçus. C’est, au reste, une habitude Ă©tablie chez les Chinois de faire le portrait de quiconque passe dans leur pays. La chose va si loin chez eux Ă  ce propos que, s’il arrive qu’un Ă©tranger commette quelque action qui le force Ă  fuir de la Chine, ils expĂ©dient son portrait dans les diffĂ©rentes provinces, en sorte qu’on fait des recherches, et en quelque lieu que l’on trouve celui qui ressemble Ă  cette image, on le saisit[10]. » Plus surprenant, pour notre voyageur, est l'administration tatillonne et efficace dans son contrĂŽle des Ă©changes avec le monde extĂ©rieur : « Ils ordonnent ensuite [aprĂšs le dĂ©compte des personnes] au patron du bĂątiment de leur dicter en dĂ©tail tout ce que la jonque contient en fait de marchandises, qu’elles soient de peu de valeur ou d’un prix considĂ©rable. Alors tout le monde dĂ©barque, et les gardiens de la douane siĂšgent pour passer l’inspection de ce que l’on a avec soi. S’ils dĂ©couvrent quelque chose qu’on leur ait cachĂ©, la jonque et tout ce qu’elle contient deviennent propriĂ©tĂ© du fisc[10]. »

Retour au pays

Ibn Battuta quitte la Chine, il reste deux mois Ă  Samudra (-) et repart pour l’Inde qu'il quitte rapidement pour Zafar, au sud de l’Arabie, dans la deuxiĂšme quinzaine du mois d’. Il passe en territoire iranien et traverse la province de Lar pour arriver Ă  Chiraz. le voit Ă  Bagdad d'oĂč il repart pour Damas.

La peste noire s'est dĂ©clarĂ©e. Le chroniqueur raconte : « dans les premiers jours du mois de rabü’ premier de l’annĂ©e 749 de l’hĂ©gire[14], la nouvelle nous parvint Ă  Alep que la peste s’était dĂ©clarĂ©e Ă  Gaza, et que le nombre des morts, en un seul jour, y avait dĂ©passĂ© le nombre de mille. Or je retournai Ă  Homs, et trouvai que l’épidĂ©mie y Ă©tait ; le jour de mon arrivĂ©e il y mourut trois cents personnes environ. Je partis pour Damas (
) le nombre des morts y avait atteint deux mille quatre cents dans un jour. »

Ibn BattĂ»ta arrive au Caire au cours du rĂšgne (1347-1351) du malik baharite Nasir Hasan et repart aussitĂŽt pour La Mecque afin d’accomplir un dernier pĂšlerinage. De lĂ , il retourne au Caire au dĂ©but de l’annĂ©e 1349 et rentre dans son pays ayant appris, comme il le dit, que « notre maĂźtre, le commandeur des croyants, le dĂ©fenseur de la religion, celui qui met sa confiance dans le MaĂźtre des mondes, je veux dire AboĂ» ’InĂąn (que le Dieu trĂšs haut le protĂšge !), avait, avec le secours divin, rĂ©uni les choses dispersĂ©es, ou rĂ©parĂ© les malheurs de la dynastie mĂ©rinide et dĂ©livrĂ© par sa bĂ©nĂ©diction les pays du Maghreb du danger dans lequel ils s’étaient trouvĂ©s[10] », louange assez peu exacte et trĂšs courtisane : la rĂ©union du Maghreb est l'Ɠuvre du pĂšre d'AboĂ» ’InĂąn que celui-ci vient de chasser du pouvoir.

L'Andalousie

AprĂšs quelque temps passĂ©s Ă  Tanger, Ibn BattĂ»ta repart en voyage vers al-Andalus — l'Espagne musulmane. Alphonse XI menaçant d'envahir Gibraltar, Ibn BattĂ»ta rejoint un groupe de musulmans de Tanger avec l'intention de se battre pour dĂ©fendre ce port. Par chance pour eux, la peste noire avait tuĂ© le roi peu avant leur arrivĂ©e (en ) et Ibn BattĂ»ta peut alors voyager en sĂ©curitĂ©. Il visite le royaume de Valence et termine son pĂ©riple Ă  Grenade.

Quittant l'Espagne, il dĂ©cide de visiter son Maroc natal. Il s'arrĂȘte Ă  Marrakech, alors presque une ville fantĂŽme, Ă  la suite de l'Ă©pidĂ©mie de peste et poursuit vers FĂšs, la capitale du royaume des MĂ©rinides, et par ailleurs siĂšge de la Quaraouiyine, l'un des plus importants centres du savoir de l'Ă©poque, pour finir son pĂ©riple dans sa bonne ville de Tanger.

L'Empire du Mali

Deux ans avant sa premiĂšre visite au Caire, le mansa de l'Empire du Mali, Kanga Moussa, Ă©tait passĂ© par la ville en direction de la Mecque pour accomplir son hajj et avait fortement impressionnĂ© la population par l'opulence de son apanage. L'Afrique de l'Ouest Ă©tait riche en or et cette richesse Ă©tait une dĂ©couverte pour le monde musulman. Quand bien mĂȘme il n'y fait pas explicitement rĂ©fĂ©rence, Ibn BattĂ»ta avait dĂ» en entendre parler et cela a sans doute motivĂ© sa dĂ©cision de voyager en Afrique subsaharienne aux marges occidentales du monde musulman et du Sahara.

En 1352, il quitte une nouvelle fois le Maroc pour atteindre la ville frontiĂšre de Sijilmassa qu'il quitte Ă  son tour avec les caravanes d'hiver quelques mois plus tard. Il atteint la ville saharienne de Teghazza, alors un centre important du commerce du sel, enrichie par l'or du Mali mais qui ne fait pas grande impression sur notre voyageur. Huit cents kilomĂštres au travers de la partie la plus hostile du Sahara, et le voici Ă  Oualata. De lĂ , il poursuit en direction sud-ouest, le long de ce qu'il croit ĂȘtre le Nil mais qui est le Niger, pour enfin atteindre la capitale de l'Empire du Mali. Mansa Souleiman, qui rĂšgne sur l'Empire depuis 1341, le reçoit chichement. Il le quitte pour retraverser le dĂ©sert et rejoindre son Maroc natal, oĂč il finit sa vie, enfin sĂ©dentaire et paisible, selon toutes probabilitĂ©s au service du sultan.

Itinéraires

Itinéraire de 1325-1332.
Itinéraire de 1332-1346.
Itinéraire de 1349-1354.

L’Ɠuvre

Emplacement de la tombe d'Ibn Battûta à Tanger.

C'est Ă  l'instigation du souverain du Maroc, Abu Inan Faris, qu'Ibn BattĂ»ta dicta en 1354 le compte-rendu de ses voyages Ă  Ibn Juzayy, un Ă©rudit rencontrĂ© Ă  Grenade[5]. Il s'agit de l'unique source des aventures d'Ibn BattĂ»ta. Le titre complet du manuscrit est : « Un cadeau pour ceux qui contemplent les splendeurs des citĂ©s et les merveilles des voyages » (ŰȘŰ­ÙŰ© Ű§Ù„Ù†ŰžŰ§Ű± في Űș۱ۧۊۚ Ű§Ù„ŰŁÙ…Ű”Ű§Ű± وŰčۏۧۊۚ Ű§Ù„ŰŁŰłÙŰ§Ű±, Tuáž„fat al-nuáș“áș“ār fÄ« Êżağāʟib l-amáčŁÄr wa-ÄĄarāʟib l-asfār). Mais son nom courant est « Les voyages » (Ű§Ù„Ű±Ű­Ù„Ű©, al-Rihla).

La relation que rédige Ibn Juzayy se fonde sur les récits d'Ibn Battuta, tout en incorporant, pour certaines régions, des informations tirées des Voyages d'Ibn Jubair[5]. Toutefois, l'ouvrage est une source précieuse de renseignements, entre autres sur l'Inde, l'Insulinde, l'Anatolie, l'Asie centrale, et certains pays d'Afrique. Il permet aussi de découvrir des communautés musulmanes dans les provinces périphériques du monde de l'islam, et de se rendre compte que ces communautés n'en faisaient pas moins partie intégrante de la grande Oumma puisqu'elles accueillent, en le reconnaissant dans ses fonctions socio-religieuses de cadi, un musulman d'autres territoires[5].

Cette Ɠuvre fut connue en Europe au dĂ©but du XIXe siĂšcle quand les explorateurs Ulrich Jasper Seetzen et Johann Ludwig Burckhardt en acquirent des versions abrĂ©gĂ©es. En 1830, la BibliothĂšque nationale en a acquis deux manuscrits complets datĂ©s de 1356.

Controverses sur les voyages

Ibn Battuta fait connaĂźtre les mƓurs de son Ă©poque et plusieurs de ses informations sur l'Inde restent utiles pour Ă©tablir la chronologie de dynasties. Cependant il Ă©maille parfois sa narration de fables : ainsi l’oiseau Rokh qu'il prĂ©tend avoir vu[15] - [16], et l’amazone Ordoudja Ă  la tĂȘte d'une armĂ©e de guerriĂšres des trois ordres : cavaliĂšres, soldates et mameloukes, qui vers le Cambodge parle le turc et Ă©crit l'arabe[17].

On ignore si Ibn BattĂ»ta prit des notes durant ses voyages. Il dut faire un effort de mĂ©moire tout en se servant de manuscrits d'autres voyageurs. Ibn Juzayy ne mentionne pas ses sources et les fait passer pour les observations d'Ibn BattĂ»ta. Les descriptions de Damas, de La Mecque, de MĂ©dine et du Moyen-Orient sont des copies de passages du rĂ©cit d'Ibn Jubair Ă©crit 150 ans auparavant[18]. Les descriptions de la Palestine sont tirĂ©es d'un rĂ©cit du XIIIe siĂšcle du voyageur Muhammad al-Abdari.

Ibn Battûta a souvent eu un choc culturel dans ses voyages car ses vues de l'islam orthodoxe diffÚrent des pratiques de contrées récemment islamisées.

Certains Ă©rudits, s’ils considĂšrent le rĂ©cit d’Ibn BattĂ»ta comme une Ɠuvre littĂ©raire importante, doutent en mĂȘme temps de l’historicitĂ© des voyages accomplis par lui. Ainsi p. ex., le spĂ©cialiste allemand en Ă©tudes islamiques Ralph Elger met-il en doute la vĂ©racitĂ© d’une bonne partie du contenu, qu’il soupçonne de n’ĂȘtre qu’un travail de fiction compilĂ© Ă  partir d’autres comptes rendus de voyage contemporains[19], et plusieurs autres auteurs ont-ils Ă©mis des doutes semblables[20]. Plus particuliĂšrement, les voyages au Khanat de la Volga [21], en Oman [22], au Khorassan [23] et en Anatolie [24] sont douteux. Ses assertions sur l'islamisation des Maldives, parfois contestĂ©es, coĂŻncident pourtant avec les donnĂ©es de la tradition locale[25].

Certains auteurs ont Ă©galement rĂ©voquĂ© en doute qu’il se soit rĂ©ellement rendu en Chine, les interrogations que suscite cette partie du rĂ©cit Ă©tant en effet innombrables[26]. Il est suspectĂ© que des sections entiĂšres de ses descriptions de la Chine soient des plagiats aux dĂ©pens d’autres auteurs, tels que Shihab al-Umari (auteur de l’encyclopĂ©die "Masalik al-absar fi mamalik al-amsar"), Sulaiman al-Tajir (auteur d’une Relation de la Chine et de l’Inde), et peut-ĂȘtre Al Juwayni, Rashid al din et un roman d'Alexandre. Il est frappant en outre que la description d’Ibn BattĂ»ta d’une part et les Ă©crits de Marco Polo d’autre part partagent plusieurs passages et thĂšmes trĂšs similaires, de plus assortis du mĂȘme commentaire, et il apparaĂźt en particulier fort peu probable que quelqu’un rencontrĂ© en Chine par Ibn BattĂ»ta ait portĂ© un nom identique Ă  celui du 3e calife OthmĂąn ibn AffĂąn[27]. Cependant, il n’y a aucune raison de mettre en doute le sĂ©jour d’Ibn BattĂ»ta dans la ville de Quanzhou, grand port de commerce avec l’Occident ; c’est en fait surtout au-delĂ  de cette ville que les problĂšmes surgissent dans le rĂ©cit. Au dĂ©part de Quanzhou, deux itinĂ©raires possibles se prĂ©sentent : celui en direction de Canton, de 70 jours de durĂ©e, et celui pour Hangzhou, de 96 jours. Le premier, impliquant une navigation fluviale, en rĂ©alitĂ© impossible sur la plus grande partie du trajet, peut ĂȘtre exclu, d’autant que les renseignements donnĂ©s sur l’arriĂšre-pays de Canton apparaissent totalement fantaisistes. Pour le second en revanche, un premier trajet mi-terrestre mi-fluvial jusqu’à Nanchang, suivi d’un itinĂ©raire exclusivement fluvial, notamment par le Grand Canal, jusqu’à Hangzhou, est concevable[28]. Par contre, qu’Ibn BattĂ»ta ait poussĂ© une pointe jusqu’à PĂ©kin est manifestement impossible, chronologiquement d’abord, mais aussi logiquement, car il est difficile Ă  admettre qu’Ibn BattĂ»ta, aprĂšs avoir perdu dans un naufrage ses compagnons, ses prĂ©sents et ses documents diplomatiques, ait pu convaincre l’administration chinoise de son statut d’ambassadeur de l’Inde[29].

StĂ©phane Yerasimos conclut qu’Ibn BattĂ»ta

« malgrĂ© ses efforts pour paraĂźtre un lettrĂ©, n’en fut jamais un. C’est lui nĂ©anmoins qui peut dire ‘j’y Ă©tais’ ou ‘je l’ai vu’ en fournissant une information. [...] Il Ă©tait incontestablement possĂ©dĂ© par le dĂ©mon du voyage, et c’est cela qui le poussa occasionnellement Ă  mentir. [...] Les inconsĂ©quences, chronologiques et autres, du rĂ©cit proviennent trĂšs rarement d’erreurs ou de confusions. Leur origine rĂ©side plutĂŽt dans la volontĂ© dĂ©libĂ©rĂ©e de l’auteur soit de prolonger la durĂ©e des sĂ©jours importants, soit d’ajouter de nouvelles localitĂ©s Ă  son palmarĂšs de voyageur. Ces cas, somme toute limitĂ©s, ne portent pas prĂ©judice au reste[30]. »

Postérité

La ville de Dubaï lui a consacré un centre commercial thématique, l'Ibn Battuta Mall, un des plus grands du Moyen-Orient, évoquant d'une part ses voyages, et d'autre part plus généralement les grandes figures de l'Islam médiéval dans le domaine culturel, scientifique, philosophique et artistique, leur influence sur le monde et plus particuliÚrement sur l'Europe et la future Renaissance.

L'aéroport de Tanger s'appelle Aéroport Tanger - Ibn Battûta et le grand stade de Tanger et le centre commercial Ibn Batouta Mall portent également son nom.

Un cratÚre de la Lune dans la Mer de la fécondité porte son nom.

Le magazine Time a consacré son double numéro de l'été 2011 (- ) à Ibn Battûta : « Travels through Islam - Discovering a world of change and challenge in the footsteps of the 14th century explorer Ibn Battuta » [Voyages à travers l'Islam : à la découverte d'un monde de changements et de défis dans les pas de l'explorateur du XIVe siÚcle Ibn Battûta].

Google a rendu hommage, le samedi , à Ibn Battûta pour le 708e anniversaire de sa naissance, en présentant un logo aux couleurs de ses voyages et en offrant à ses utilisateurs la possibilité de revoir ses périples.

Bibliographie

Traductions en français

  • [Charles-Dominique 1995] Ibn Fadlan, Ibn Jubayr et Ibn BattĂ»ta (trad. de l'arabe par Paule Charles-Dominique), Voyageurs arabes, Paris, Gallimard, coll. « La PlĂ©iade », , 1412 p. (ISBN 2-07-011469-4), « Ibn BattĂ»ta. Voyages et pĂ©riples », p. 369-1050 + 1130-1205 (prĂ©sentation, notice et notes de Paule Charles-Dominique). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • [Yerasimos 1982 I] Voyages. De l’Afrique du Nord Ă  La Mecque (trad. de l'arabe par Charles DefrĂ©mery et Beniamino Raffaello Sanguinetti (1858) / Introduction et notes de StĂ©phane Yerasimos), vol. I, Paris, François Maspero, coll. « FM/La DĂ©couverte », , (PDF) 398 (ISBN 2-7071-1302-6, prĂ©sentation en ligne, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • [Yerasimos 1982 II] Voyages. De la Mecque aux steppes russes (trad. C. Defremery et B. R. Sanguinetti (1858) / Introduction et notes de StĂ©phane Yerasimos), vol. II, Paris, François Maspero, coll. « FM/La DĂ©couverte », , (PDF) 392 (ISBN 978-2-7071-1303-0 et 2-7071-1303-4, prĂ©sentation en ligne, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • [Yerasimos 1982 III] Voyages. Inde, ExtrĂȘme-Orient, Espagne & Soudan (trad. C. Defremery et B. R. Sanguinetti (1858) / Introduction et notes de StĂ©phane Yerasimos), vol. III, Paris, François Maspero, coll. « FM/La DĂ©couverte », , (PDF) 381 (ISBN 978-2-7071-1304-7 et 2-7071-1304-2, prĂ©sentation en ligne, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Voyages d'Ibn Batoutah (Volume 1) (Texte arabe, accompagnĂ© d'une traduction par C. DefrĂ©mery et le Dr B.R. Sanguinetti), Paris, Imprimerie ImpĂ©riale, (lire en ligne)
  • Voyages d'Ibn Batoutah ( Volume IV) (Texte arabe, accompagnĂ© d'une traduction par C. DefrĂ©mery et le Dr B.R. Sanguinetti), Paris, Imprimerie ImpĂ©riale, (lire en ligne), p. 254-304 (Voyage en Chine)

Traduction en anglais

  • H.A.R. Gibb, The Travels of Ibn Baáč­áč­Ć«áč­a, Londres, Hakluyt Society, 1958 & 1962 (deux tomes) ; rĂ©Ă©d. en trois volumes chez Goodword Books en 2002 (ISBN 978-8187570561).
  • (en) Ross E. Dunn, The Adventures of Ibn Battuta. A Muslim Traveler of the 14th Century, Berkeley, University of California, , 359 p. (ISBN 0-520-24385-4 et 978-0-520-24385-9, OCLC 54692490, lire en ligne)

Études

  • Patrick MĂ©rienne, Atlas des explorations et des dĂ©couvertes, Rennes, Editions Ouest-France, , 48 p. (ISBN 978-2-7373-3047-6, OCLC 70693977)

Télévision

Cinéma

  • Le Grand Voyage d'Ibn Battuta - De Tanger Ă  La Mecque (VO : Journey to Mecca - In the Footsteps of Ibn Battuta) [31], film-documentaire de Bruce Neibaur (2009)

Romans

  • Jean d'Ormesson, Histoire du Juif Errant, 1990. RĂ©Ă©dition Folio, 1993, 621 p. À une Ă©poque, Ashaverus — qui ne peut pas mourir — prend le nom d'Ibn BattĂ»ta; celui-ci rencontre dans ses voyages la princesse Thamar.
  • Lotfi Akalay, Ibn Battouta, Prince des voyageurs , Éditions Le Fennec, 1998.
  • David Brin, Existence, Bragelonne, 2012. Un vaisseau d'exploration spatiale est nommĂ© Abu Abdullah Muhammad Ibn Battuta.

Bandes dessinées

Notes et références

Notes

  1. Traduction d'André Miquel, sur Universalis.fr. Paule Charles-Dominique propose : « Présent à ceux qui aiment à réfléchir sur les curiosités des villes et les merveilles du voyage » (Charles-Dominique, 1995, p. 369).
  2. Le premier en 1326, trois entre 1327 et 1330, un cinquiĂšme en 1332 et le dernier en 1347 (Charles-Dominique, 1995, p. 1131).
  3. DiffĂ©rents auteurs ont Ă©mis des doutes sur le voyage d’Ibn BattĂ»ta en Chine, en tout cas sur certaines des Ă©tapes mentionnĂ©es. Ainsi, dans l'Ă©dition Maspero, T. III, p. 38, 1982 (v. bibliographie) StĂ©phane Yerasimos note : « (...) on n’a aucune raison, de mettre en doute le sĂ©jour de notre auteur Ă  Zaitun, l’actuelle Quanzhou, grand port du commerce chinois avec l’Occident. Un des personnages citĂ©s dans le texte, le cheikh Burhan al-din, se retrouve dans les chroniques chinoises, et l’origine persane des autres personnes rencontrĂ©es concorde avec la prĂ©sence d’une forte colonie iranienne dans cette ville. C’est surtout au-delĂ  de Quanzhou que les problĂšmes se posent. » (Italiques ajoutĂ©es)

Références

  1. (en) Ross E. Dunn, The Adventures of Ibn Battuta : A Muslim Traveler of the Fourteenth Century, University of California Press, , 359 p. (ISBN 0-520-24385-4, lire en ligne), p. 20
  2. Charles-Dominique 1995, p. 1131.
  3. Thomas Vernet, « La splendeur des cités swahili », L'Histoire n°284,
  4. AndrĂ© Miquel, « Ibn Baáč­áč­Ć«áč­a (1304-1368 ou 1377) », sur universalis.fr, Encyclopaedia Universalis
  5. Dominique et Janine Sourdel, Dictionnaire historique de l'islam, Paris, PUF, , 1010 p. (ISBN 978-2-130-47320-6), p. 363
  6. Nouvelle traduction française du Coran par Mohammed Chiadmi (XV ; 80-84)
  7. « Ibn BattoĂ»ta dĂ©crit la cĂ©lĂ©bration du Mawlid Ă  La Mecque », Islam Sunnite,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  8. Voyageurs arabes, Gallimard, « BibliothÚque de la Pléiade », 1995, p. 603
  9. Ibn Battuta (trad. C.Defremery, B.R. Sanguinetti), Voyages, vol. 2 : De La Mecque aux steppes russes, 1858.
  10. Ibn Battuta (trad. C. Defremery, B. R. Sanguinetti), Voyages, vol. 3 : Inde, ExtrĂȘme-Orient, Espagne, Soudan,
  11. Ibn Battuta, Voyage, Traduction de l’arabe de C. Defremery et B.R. Sanguinetti, 1982, p. 260, Collection FM/La DĂ©couverte.
  12. L'actuelle Quanzhou, c'est la Çaiton de Marco Polo, aboutissement et point de dĂ©part du commerce maritime avec l’ocĂ©an Indien.
  13. Hangzhou, la Quinsai de Marco Polo, de King-tsai (« rĂ©sidence temporaire »), capitale des Song de 1132 Ă  1276, la plus grande ville chinoise de l’époque avec PĂ©kin.
  14. DĂ©but juin 1348.
  15. « Au quarante-troisiĂšme jour, nous vĂźmes, aprĂšs l'aurore, une montagne dans la mer
 J'aperçus les marins qui pleuraient, se disant mutuellement adieu, et je dis : Qu'avez-vous donc ? Ils me rĂ©pondirent : HĂ©las, ce que nous avions pris pour une montagne, c'est le Rukh ; s'il nous voit, il nous fera pĂ©rir. » – Ibn BattĂ»ta (1853), p. 290 (lire en ligne), ou Ă  la page 345-346 dans l’édition MaspĂ©ro de 1982.
  16. S. Yerasimos (1982), p. 46.
  17. Ibn BattĂ»ta (1853), p. 261 : « Je me rendis prĂšs d'elle... Elle me fit asseoir prĂšs d’elle... Cette princesse me fit donner des vĂȘtements ; la charge de deux Ă©lĂ©phants en riz ; deux buffles femelles ; dix brebis ; quatre livres de julep ; quatre grands vases de porcelaine remplis de gingembre, de poivre, citron et mangue... ».
  18. S. Yerasimos (1982), p. 24. Sur la mĂȘme page, StĂ©phane Yerasimos tient toutefois Ă  nuancer : « La plus grande partie de la description de La Mecque ainsi que de longs passages concernant la plupart des citĂ©s irakiennes ou syriennes sont copiĂ©s sur Ibn Djubair, qui, lui, les a visitĂ©es en 1183-1184. [...] Mais [...] Ibn Djubair Ă©tait un voyageur connu et, la vĂ©racitĂ© de ses propos ne faisant pas de doute, le fait de les utiliser non seulement ne portait aucun prĂ©judice au texte d’Ibn BattĂ»ta, mais, bien au contraire, lui confĂ©rait une valeur supplĂ©mentaire en fonction du systĂšme bien connu des chaĂźnes de transmission. L’autoritĂ© de deux auteurs sur le mĂȘme texte ne faisait que renforcer le propos d’Ibn BattĂ»ta et le rendre plus crĂ©dible. Cela est d’autant plus vrai qu’Ibn BattĂ»ta n’est pas un scribe compilateur mais quelqu’un qui a eu l’occasion de vĂ©rifier sur place les dires d’Ibn Djubair et de corriger scrupuleusement les changements qui ont pu intervenir entre-temps. [...] DĂšs qu’un dĂ©tail n’est plus conforme Ă  ses propres observations, il le modifie. Ainsi, on ne peut pas dire que ces emprunts portent prĂ©judice au texte, ou Ă  la crĂ©dibilitĂ© d’Ibn BattĂ»ta. »
  19. (de) Lewis Gropp, « Zeitzeuge oder FÀlscher? », Cologne & Berlin, Deutschlandfunk, (consulté le ).
  20. (es) Roxanne L. Euben, Journeys to the Other Shore: Muslim and Western Travelers in Search of Knowledge, Princeton, Princeton University Press, , 344 p. (ISBN 978-1400827497), p. 220.
  21. S. Yerasimos (1982), p. 42-43.
  22. S. Yerasimos (1982), p. 17.
  23. S. Yerasimos (1982), p. 53-56.
  24. S. Yerasimos (1982), p. 27-28.
  25. S. Yerasimos (1982), p. 27.
  26. R. E. Dunn (2004), p. 253 & 262.
  27. (es) Ralf Elger, Many Ways of Speaking about the Self: Middle Eastern Ego-documents in Arabic, Persian, and Turkish (14th–20th Century) (ouvrage collectif, sous la direction de Ralf Elger & Yavuz Köse), Wiesbaden, Otto Harrassowitz Verlag, , 223 p. (ISBN 978-3-447-06250-3), « Lying, forging, plagiarism: some narrative techniques in Ibn Baáč­áč­Ć«áč­a's travelogue », p. 79–82.
  28. S. Yerasimos (1982), p. 48-49.
  29. S. Yerasimos (1982), p. 49-50.
  30. S. Yerasimos (1982), p. 67.
  31. « Le Grand Voyage d'Ibn Battuta - De Tanger à La Mecque », sur PremiÚre, .
  32. Jean-François Cadet, « Joël Alessandra, Ibn Battûta et 120.000 km d'aquarelles », sur RFI, .

Voir aussi

Articles connexes

  • Liste des lieux visitĂ©s par Ibn Battuta (en)

Liens externes

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