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Rokh

Le Rokh, Rock, Ruc ou Roc[1] (en persan : ۱۟ / Rox) est un oiseau fabuleux des contes d'origine persane et indienne écrit en langue arabe. Apparenté au Simorgh (de l'akkadien sƫmurukƫ signifiant monture rougeoyante), il est aussi présent dans les mythologies perses bien antérieures comme dans le Livre des Rois de Ferdowsi.

Rokh
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Rokh attaquant le navire de Sindbad le marin (Les Mille et Une Nuits).


Oiseau de feu accompagnant l'orage, on rencontre des animaux mythologiques un peu similaires en tant que funeste prĂ©sage d'une mort imminente surgissant comme la foudre, symbole de renouveau et d'immortalitĂ© et surtout gardien millĂ©naire de l'arbre de la connaissance. Mais aussi dans maints contes populaires, notamment sous l'appellation de Rokh dans des passages des Mille et Une Nuits, dans l'Histoire de Sindbad le marin : « 
un oiseau Ă©norme aux ailes formidables
 
rĂ©pandant l'obscuritĂ© sur l'Ăźle. » « 
oiseau de grosseur extraordinaire
 
dans une Ăźle fort Ă©loignĂ©e, et qui pouvait soulever un Ă©lĂ©phant. »

Description

Dans sa Nature des Animaux (Kitāb áčŹabāʟiÊż al-កayawān al-Baáž„rÄ« wa-al-BarrÄ«), Sharaf al-Zamān áčŹÄhir al-MarwazÄ« (1056/57–1124/25) dĂ©crit l'oiseau de la sorte :

« Le rokh. On dit qu’il s’agit d’un animal qui ressemble Ă  un chameau. Il a deux bosses et deux dĂ©fenses. On doit se mĂ©fier de toutes les parties de son corps : sa chair, son sang, sa salive et ses excrĂ©ments. Il n’est pas d’animal qui puisse le dĂ©passer en Ă©tant remarquĂ©, car il peut courir plus vite que le vent et doubler tous les autres animaux. Si un animal qui le fuit monte tout en haut d’un arbre, ou d’un autre endroit en hauteur, oĂč il ne peut l’atteindre, il s’arrĂȘte en face de lui, et dĂ©ploie sa queue de maniĂšre qu’elle prenne la forme d’une grosse pelle. Puis, il pisse dedans et jette l’urine en direction de l’animal qu’il poursuit. Sa queue est telle une membrane, de maniĂšre qu’elle puisse facilement ĂȘtre dĂ©ployĂ©e et utilisĂ©e pour tenir quelque chose. Si l’animal qui fuit [
] descend, il dĂ©fĂšque sur lui. Si son urine ou ses excrĂ©ments atterrissent sur un animal, il meurt. Aux Ă©checs, le roque [la tour] tire son nom de lui, car il est plus fort que toutes les autres piĂšces[2]. »

Marco Polo dans son Devisement du monde, Ă©crit en 1298, Ă©voque par ouĂŻ-dire l'Afrique. Il parle d'Ăźles aux environs de "Madaigascar" (transcription de "Mogadiscio" en Somalie[3])[4] :

« Il y a encore d’autres Ăźles par delĂ  Madaigascar ; mais l’accĂšs en est trĂšs difficile Ă  cause de l’impĂ©tuositĂ© de la mer. Il paraĂźt dans ces Ăźles, en un certain temps de l’annĂ©e, une espĂšce d’oiseau fort surprenant, nommĂ© ruc, ayant la figure d’un aigle, mais d’une grandeur extraordinaire. Ceux qui ont vu de ces oiseaux disent que la plupart de leurs plumes sont de dix pas de long, qu’elles sont grosses Ă  proportion et que tout leur corps rĂ©pond Ă  cela. Cet oiseau est si fort qu’il prend sans aucun secours que de ses propres forces un gros Ă©lĂ©phant et l’élĂšve en haut, puis le laisse tomber pour en faire sa pĂąture. Moi, Marco, ayant entendu parler de cet oiseau, je pensais que c’était un griffon ».

Oiseaux mythiques comparables

Parmi les oiseaux mythiques comparables (ce qui n'implique cependant pas une origine commune) se trouvent le Fenghuang ou l'Oiseau vermillon chez les Chinois, Garuda pour les Indiens, les Thais et les IndonĂ©siens, Suzaku pour les Japonais, le PhĂ©nix chez les Grecs. Le Rokh peut aussi ĂȘtre rapprochĂ© du mythe de PromĂ©thĂ©e (« le prĂ©voyant ») dont l'aigle de Zeus dĂ©vore le foie chaque jour pour le punir d'avoir offert le feu Ă  l'humanitĂ©. On peut aussi Ă©voquer l'oiseau tonnerre pour les AmĂ©rindiens, le Pouākai pour les Maoris (mythe peut-ĂȘtre nĂ© de l'aigle de Haast, aujourd'hui disparu) et l'oiseau Minka pour les aborigĂšnes d'Australie.

Oiseaux disparus

Le ratite gĂ©ant de Madagascar, du genre Ă©teint Aepyornis, aurait selon certains[5] - [6] pu ĂȘtre une des influences de l'imagination des conteurs qui relatĂšrent l'existence de cet oiseau mythique, si l'on ne tient pas compte de ce que ce dernier Ă©tait quasiment aptĂšre. Plus rĂ©cemment, Steven Goodman a proposĂ© qu'une origine du mythe soit en fait Stephanoaetus mahery, un rapace gĂ©ant lui aussi originaire de Madagascar[7].

Notes et références

  1. Informations lexicographiques et étymologiques de « rock » (sens 1) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  2. Remke Kruk, « Of Rukhs and Rooks, Camels and Castles » dans Oriens, vol. 36, 2001, p.288..
  3. Marco Polo (trad. Pierre-Yves Badel), Marco Polo, Le livre de Poche, coll. « Lettres gothiques », , La Description du Monde
  4. Lire l'extrait du Devisement du monde ici
  5. Richard Dawkins, Il Ă©tait une fois nos ancĂȘtres, Ă©ditions Robert Laffont, p. 343.
  6. Eric Buffetauut, Des Mille et une nuits aux oiseaux géants malgaches, Pour la Science, n°447 (janvier 2015), p.70-74.
  7. (en) Steven M. Goodman, « Description of a new species of subfossil eagle from Madagascar: Stephanoaetus (Aves: Falconiformes) from the deposits of Ampasambazimba », Proceedings of the Biological Society of Washington, no 107,‎ , p. 421-428 (lire en ligne).

Articles connexes

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