Mausolée royal de Maurétanie
Le Mausolée royal de Maurétanie, surnommé Tombeau de la chrétienne (à la suite d'une erreur de traduction) et Qabr al-Rûmiyya (« Tombeau de la Romaine » en arabe), est un monument situé à Sidi Rached, dans la wilaya de Tipaza en Algérie.
Type | |
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Partie de | |
Civilisation |
Royaume de Maurétanie (d) |
Hauteur |
32.4 m |
Diamètre |
60,9 m |
Surface |
78 300 m2 |
Patrimonialité | |
Site web |
Pays | |
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wilaya | |
Commune |
Coordonnées |
36° 34′ 29″ N, 2° 33′ 12″ E |
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Le mausolée est un tumulus de pierre d'environ 80 000 m3, de 60,9 mètres de diamètre et 32,4 m de hauteur. Il comporte une partie cylindrique ornée sur son périmètre de 60 colonnes surmontées de chapiteaux ioniques et supportant une corniche.
Inscrit en 1982 au patrimoine mondial au titre de « Tipaza » pour les critères (iii) et (iv), le mausolée royal de Maurétanie est en outre sur la liste indicative du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2002 au titre des « Mausolées Royaux de Numidie, de la Maurétanie et les monuments funéraires pré-islamiques » pour les critères (ii), (iii) et (iv)[1].
Histoire
La date de construction et la fonction réelle de ce monument ne sont pas connues avec certitude. Sur la date, on sait qu'il est mentionné dans un texte du géographe Pomponius Mela[2], daté des années 40 ap. J.-C., époque où le royaume de Maurétanie fut annexé par Rome. Certains historiens pensent qu'il s'agit d'un mausolée royal construit par le roi Juba II qui régna de 25 av. J.-C. à 23 ap. J.-C. et son épouse, la reine Cléopâtre Séléné. Pour d'autres, l'étude architecturale du monument permettrait de le dater approximativement du Ier ou IIe siècle av. J.-C. et donc antérieurement à la domination romaine sur l'Afrique du Nord. Stéphane Gsell a dit à son sujet : « C'est une construction de type indigène, couverte d'une chemise grecque. »
Description
L'édifice, un tumulus de pierre d'environ 80 000 m3 mesure 60,9 mètres de diamètre et 32,4 m de hauteur. Érigé non loin de Tipaza (près du village de Sidi Rached), sur une crête des collines du Sahel algérois, il domine la plaine de la Mitidja à 261 mètres d'altitude.
Il comporte une partie cylindrique ornée sur son périmètre, dont le développement est de 185,5 m, de 60 colonnes engagées surmontées de chapiteaux ioniques et supportant une corniche. Cette partie présente quatre fausses portes situées aux points cardinaux. Ce sont des panneaux de pierre de 6,9 m de haut, encadrés sur un chambranle et partagés au centre par des moulures disposées en croix. Il a été émis l'hypothèse que ce serait cet ornement qui a justifié le nom traditionnel de Tombeau de la Chrétienne.
Au-dessus, la partie conique est constituée de 33 assises de pierre, hautes de 58 cm, et se termine par une plate-forme. Elle est largement échancrée au-dessus de la fausse porte de l'est[3].
L'entrée véritable du monument, longtemps ignorée, se situe dans le soubassement, sous la fausse porte de l'est. Elle a été découverte lors de la campagne de fouilles menée en 1865 par Adrien Berbrugger, inspecteur des Monuments historiques, à la demande de Napoléon III. C'est une porte basse, 1,1 m de haut, et étroite, qui donnait sur une dalle coulissante en grès, trouvée brisée. Ensuite, un couloir d'accès très bas conduit au vestibule des lions. Il est ainsi appelé parce qu'on y voit un lion et une lionne sculptés en relief au-dessus de l'accès au couloir intérieur. Ce vestibule voûté mesure 5,33 m de long, 2,52 m de large et 3,20 m de haut. Cette entrée est aujourd'hui condamnée et inaccessible aux visiteurs.
De ce vestibule, on accède en gravissant sept marches à la galerie circulaire. Celle-ci suit un tracé circulaire horizontal formant un cercle presque complet qui, partant de la fausse porte est, passe successivement derrière les fausses portes du nord, de l'ouest et du sud, avant de tourner vers le centre du monument.
Au bout de la galerie, une porte munie d'une herse, brisée elle aussi, ouvre sur un vestibule de 4,04 m de long, 1,58 m de large et 2,73 de haut. De ce vestibule, un couloir surbaissé mène à la chambre centrale située au cœur du monument. Fermé par une porte à herse coulissante, trouvée aussi brisée, ce caveau voûté mesure 4,04 de long, 3,06 de large et 3,43 de haut. Orienté nord-sud, avec l'entrée à l'est, il comporte trois niches sur chacune des parois nord, sud et ouest.
Le mausolée est entièrement vide de tout mobilier. Aucune chambre secrète n'a été trouvée, malgré de nombreuses recherches.
Un monument analogue se trouve dans l'Est algérien, c'est le Medracen situé près de Batna. Il en diffère cependant par la taille, seulement 18,5 m de haut, la structure interne, et est certainement plus ancien.
Historique du nom
Juba II fut un des hommes les plus savants de son temps : Pline et Plutarque le citent souvent dans leurs ouvrages à titre de référence incontestable, notamment dans les domaines de l'histoire, de la géographie, de la grammaire, de l'éducation, de la philosophie, de l'archéologie, de l'histoire naturelle, de la botanique, de l'art lyrique, de la peinture, etc.
Quant à son impériale épouse, si ses actes n'ont pas pris place dans les bibliothèques sous forme de livres, c'est qu'elle se dévouait sans compter pour le bien-être de son peuple dont elle était aimée, voire vénérée. C'est cette vénération qui s'est traduite, après la mort de Séléné, par un mausolée dénommé par les populations locales : Tombeau de la Romaine.
Dans les récits arabes le terme roumi/roum/rum désigne les byzantins, par extension les romains et les chrétiens. Si les historiens arabes ont désigné le tombeau par le terme roum/roumia c'est en référence à la période romaine. Ainsi, la traduction française des écrits arabes aurait confondu les sens de roumia en employant le terme de chrétienne en lieu et place de romaine.
Notes et références
- Ref. 1776 du patrimoine mondial.
- Il parle de « monumentum commune regiae gentis », Gabriel Camps, « Nouvelles observations sur l'architecture et l'âge du Medracen, mausolée royal de Numidie », CRAI, 117-3, 1973, p. 470
- « Le pacha Salah Raïs, en 1555, a tenté de démolir le K'bour pour en enlever le trésor. Il l'a même fait battre au canon, sans autre résultat qu'abîmer la fausse porte de l'est » (Mounir Bouchenaki, Le Mausolée royal de Maurétanie, traduction en arabe de Abdelhamid Hadjiat, Ministère de l'information et de la culture, Direction des musées, de l'archéologie et des monuments et sites historiques, Alger, 1979, p. 13).
Voir aussi
Bibliographie
- Marcel Christofle (préf. Albert Grenier), Le tombeau de la Chrétienne, Paris, Arts et Métiers graphiques, (BNF 36277700, présentation en ligne)
- Filippo Coarelli et Yvon Thébert, « Architecture funéraire et pouvoir », MEFRA, t. 100, no 2, , p. 761-818 (lire en ligne [PDF], consulté le )
- (fr + ar) Mounir Bouchenaki, Le Mausolée royal de Maurétanie, Alger, Ministère de l'éducation nationale, Direction des affaires culturelles, (1re éd. 1970), 34 + 22 — ouvrage en français suivi du texte traduit en arabe par Abdelhamid Hadjiat
- Mounir Bouchenaki, Le Mausolée royal de Maurétanie, Alger, Agence Nationale d'Archéologie et de Protection des Sites et Monuments Historiques,
- Monique Dondin-Payre, « L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et la photographie : les fouilles du Tombeau de la Chrétienne au XIXe siècle », Comptes rendus de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, no 147.3, , p. 1139-1157 (DOI 10.3406/crai.2003.22631, lire en ligne)