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Maurétanie césarienne

La Maurétanie césarienne fut une province de l'Empire romain. Anciennement, partie orientale du royaume de Maurétanie, qui englobait l'actuelle Algérie centrale et occidentale et une partie du nord marocain.

Histoire de la province d'Afrique

ÉVOLUTION DE LA PROVINCE AFRICAINE
Début de la conquête romaine Carthage Royaume de Numidie orientale (Massyles) Numidie occidentale (Massaessyles) Maurétanie
de 146 av. J.-C. Afrique Numidie Maurétanie
de 105 av. J.-C. Africa (après annexion d'une partie de la Numidie) Numidie orientale Maurétanie[1] - [2] - [3] - [4]
de 45 av. J.-C. Africa Vetus Africa Nova Numidie orientale Maurétanie[5] - [6]
de 27 av. J.-C. Afrique Proconsulaire Maurétanie
de 41 apr. J.-C. Afrique Proconsulaire Maurétanie Césarienne Maurétanie Tingitane
de 193 Afrique Proconsulaire Numidie Maurétanie Césarienne Maurétanie Tingitane
Après la réforme de Dioclétien Tripolitaine Bizacène Zeugitane Numidie Maurétanie Sitifienne Maurétanie Césarienne Maurétanie Tingitane

Un important royaume client

La Maurétanie fut d'abord un royaume client de Rome sous Bocchus et Juba II, « le plus savant des rois ». Le statut du royaume n'était pas cependant celui d'une réelle indépendance : dès le règne d'Auguste, des colonies romaines sont installées dans le royaume.

La provincialisation

La Maurétanie passe sous administration romaine directe à la fin du règne de Caligula. En 40, ce dernier élimina le dernier roi de Maurétanie, Ptolémée, en raison de sa participation possible à un complot destiné à le renverser. L'assassinat de Caligula, peu de temps après, l'empêcha d'organiser cette prise de contrôle, et ce fut Claude qui transforma le royaume en deux provinces : la Maurétanie césarienne qui tire son nom de sa capitale Césarée (actuelle Cherchell) sur un territoire correspondant au centre et à l'ouest de l'actuelle Algérie, capitale de l'ancien royaume; à l'ouest la Maurétanie tingitane, comme sa jumelle, avec Tingis comme capitale, sur un territoire correspondant au nord de l'actuel Maroc.

Lors de la transformation en province, la région de Césarée ne manifesta pas réellement d'hostilité, à la différence de la Tingitane, soulevée par Aedemon, un affranchi de Ptolémée qui s'appuya sur les tribus de Maures. Une fois la révolte écrasée en 42, les deux provinces sont confiées à des procurateurs. Par la suite, ces derniers reçurent un salaire de 200 000 sesterces, le poste de Césarienne étant plus haut placé dans la hiérarchie que celui de Tingitane.

La Césarienne avait une importante garnison militaire romaine, mais constituée uniquement de troupes auxiliaires. Si toutefois la présence de légionnaires était nécessaire, le procurateur pouvait recevoir le titre de prolegat pour pouvoir les diriger. Lors de la guerre contre les Maures, durant le règne d'Antonin le Pieux, l'armée de la province fut appuyée par des troupes légionnaires venues de Bretagne et des troupes auxiliaires venues de Pannonie. À la fin du IIe siècle, la province comptait environ 16 cohortes et 5 ailes dont une milliaires, soit un total théorique de plus de 10 000 hommes.

Un territoire provincial mouvant

En 41, le territoire directement contrôlé par Rome ne représente qu'une étroite bande littorale. Par la suite, sous Hadrien, le contrôle est reporté à l'intérieur grâce à une ligne de forts reliés par des routes le long d'un axe est-ouest. Certains de ces forts furent à l'origine du développement d'agglomérations, comme celui de Rapidum.

Enfin, sous Septime Sévère le territoire provincial contrôlé directement connaît sa plus grande extension, la frontière étant encore reportée plus au sud, le long de la nova praetentura, route militaire jalonnée de camps dont les plus occidentaux (Numerus Syrorum) surveillaient la zone de contact avec la Tingitane que Rome eut toujours du mal à occuper.

Des révoltes d'ampleur discutées

La question du rapport des Maures à la conquête puis à l'administration romaine a suscité de nombreux travaux historiques et parfois d'âpres polémiques. Si une historiographie coloniale française a d'abord dépeint ces Maures comme rebelles et inassimilables, leur révolte furent ensuite assimilées à une résistance (notamment pour Marcel Bénabou, en 1976). P.-A. Février a cependant appelé à fortement relativiser cette menace maure, et a mis l'accent sur le caractère très littéraire des sources insistant sur ces révoltes. Si de grandes révoltes sont attestées, comme sous Antonin le Pieux, on n'imagine plus aujourd'hui la Césarienne comme une province où les guerres et les rébellions sont permanentes, et l'on met aussi plus en valeur les liens existant entre Rome et les tribus : alliances, liens de patronage et de clientèle, recrutements militaires, administrations indirectes (par l'intermédiaire des principes gentis, puis des praefecti gentis). Ainsi les troubles de 227 ne doivent pas nécessairement être vus comme un vaste soulèvement mais comme une conséquence locale d'opération de recensement (selon Michel Christol par exemple). La seconde partie du IIIe siècle voit des soulèvements plus importants se développer à l'est de la province, et donner lieu à de véritables guerres.

Les changements du IIIe siècle

Au IIIe siècle, à partir de 253 environ, dans la région d'Auzia, des soulèvements importants ont lieu, concernant les peuples de Bavares, des Quinquegentanei et des Fraxinenses, avec leur chef Faraxen. ces soulèvements menacent la province voisine de Numidie. L'agitation dure jusqu'à la fin du siècle, avec des périodes plus ou moins violentes. Il revient au tétrarque Maximien de ramener l'ordre par son expédition de 297-298. Nul doute aussi que des alliances avec de grands chefs maures, comme les ancêtres de Firmus et Gildon aidèrent aussi à ramener la paix.

Dans le cadre de la réorganisation des provinces la Césarienne fut divisée en deux provinces : la Césarienne à l'ouest de l'ancien territoire et autour de Césarée et la Sitifienne à l'est autour de Sitifis (actuelle Sétif), ville prospère dans l'antiquité tardive comme l'on montré les recherches de P.-A. Février. Il semble que le nouveau découpage provincial soit entré en vigueur en 303, en même temps que la réorganisation des autres provinces africaines, sur la base d'une subdivision antérieure qui aurait divisée l'ancienne province en deux régions, peut-être des districts militaires.

Si, pour C. Courtois, la dissidence des Maures nomades de l'intérieur avait réduit la Césarienne à nouveau à une étroite bande côtière fortement diminuée à l'ouest, les recherches tendent actuellement à démontrer que le contrôle romain ne fut pas si diminué. La région n'échappe complètement à Rome qu'après l'invasion des Vandales au Ve siècle. Après les Vandales, Mastigas, chef berbère prend en main une partie de la Maurétanie Césarienne[7].

La fin de la présence romaine

Au VIe siècle, la reconquête de Justinien établit une tête de pont byzantine autour de Septem Fratres/Ceuta/Sabta. Son gouverneur byzantin est en même temps responsable nominal de l'Espagne et de la Gaule. Le dernier, Julien, aurait contribué à faire passer les conquérants arabo-berbères en Espagne en 722.

Informations diverses

Liste de quelques cités de Maurétanie-Césarienne

Références

Notes et références

  1. Sallust, Jugartha, 80-120 Plutarch
  2. Marius, 8-32, Sulla, 3 A. H. J. Greenidge
  3. History of Rome (London, 1904)
  4. (en) « Bocchus I | king of Mauretania », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  5. (en) « Bocchus II | king of Mauretania », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  6. Camps, G., « Bocchus », Encyclopédie berbère, no 10, , p. 1544–1546 (ISSN 1015-7344, lire en ligne, consulté le )
  7. Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de ..., Volume 17 Par Société archéologique du département de Constantine, page 309 livre en ligne

Bibliographie

  • M. Bénabou, La résistance africaine à la romanisation, Paris 1976.
  • Nacéra Benseddik, Les Troupes auxiliaires de l'armée romaine en Maurétanie Césarienne sous le Haut-Empire, Alger 1982.
  • Nacéra Benseddik, La ferme Romanette, Aïn Benia, Aïn bent Soltane: fortins ou fermes fortifiées", XIIth Intern. Congr. of Roman Frontier Studies, Stirling 1979, BAR, 1980, p. 977-99.
  • Nacéra Benseddik, Les Cimbriani à Sétif, Actes du Ier Coll. Intern. sur l'Hist. et l'Arch. de l'Afrique du Nord, Perpignan 1981, CTHS, 17b, 1981, p. 363-369.
  • Nacéra Benseddik,De Caesarea à Shershel, Actes du IIe Coll. Intern. sur l'Hist. et l'Arch. de l'Afrique du Nord, Grenoble, 1983, CTHS, 19b, 1983, p. 451-456.
  • Nacéra Benseddik, Notice "limes" dans E. Ruggiero, Dizionario Epigrafico di Antichità Romana, IV,43/3-43/4, Roma 1985, p. 1376/47 - 1376/67.
  • Nacéra Benseddik, en coll. avec T. W. Potter, La fouille du forum de Cherchel: rapport préliminaire avr.-oct. 1977, 4e suppt au Bulletin d'Archéologie Algérienne, Alger 1986.
  • Nacéra Benseddik, Nouvelles contributions à l'atlas archéologique de l'Algérie, L'Africa Romana VII, Sassari 1989 [1990], p. 737-751.
  • P.-A. Février, Approches du Maghreb romain, II vol., Aix-en-Provence 1990.
  • Nacéra Benseddik, Vsinaza (Saneg): nouveau témoignage de l'activité de P. Aelius Peregrinus Rogatus sur la praetentura de Césarienne, L'Africa RomanaIX, Sassari 1991 [1992], p. 425-437.
  • Nacéra Benseddik, en coll. avec T. W. Potter, La fouille du forum de Cherchel: 1977-1981, Alger 1993.
  • Nacéra Benseddik, À propos de quelques stèles à Saturne du musée de Sétif, Actes du Colloque de Sétif, 7e suppl. au BAA, Alger 1993, p. 33-44.
  • Nacéra Benseddik, Autour de Rapidum, in L'Afrique, la Gaule, la Religion à l'époque romaine, Mélanges à la mémoire de Marcel Le Glay, Latomus, Bruxelles, 1994, p. 195-203.
  • Nacéra Benseddik, L’armée française en Algérie : « Parfois détruire, souvent construire, L'Africa Romana XIII, Djerba 1998 [2000], p. 759-796.
  • Nacéra Benseddik, Chronique d’une cité antique, in Alger. Lumières sur la ville, Actes du colloque de l’EPAU 4-6 mai 200l, Alger 2004, p. 29-34.
  • Nacéra Benseddik, en coll. avec C. Lochin, Saturne et ses fidèles : à propos de stèles de Cuicul, Mopth et Sitifis, in permanences, relations, représentations, Identités et culture dans l'Algérie antique, Rouen avril 2003 [2005], p. 261-292.
  • Michel Christol, Regards sur l'Afrique romaine, Paris 2005.

Voir aussi

Articles connexes

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