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Zacharie (père de Jean le Baptiste)

Zacharie, dont le nom זְכַרְיָה en hébreu signifie « Yah s'est souvenu[1] » (en grec ancien Ζαχαρίας, Zakharías ; en arabe : زكريّا Zakariyya) est le père de Jean le Baptiste dans les traditions chrétiennes, mandéennes et musulmanes. C'est notamment un personnage de l'évangile selon Luc, de la Nativité de Marie appelée protévangile de Jacques et du Coran. Il est le père de Jean le Baptiste et l'époux d'Élisabeth, cousine ou tout du moins parente de la Vierge Marie. L'Église catholique le fête, ainsi que sa femme Élisabeth, le 23 septembre.

Zacharie
Zacharie et son fils Jean le Baptiste, fresque géorgienne médiévale du monastère de la Croix à Jérusalem.
Biographie
Naissance
Décès
Activité
Famille
Conjoint
Enfant
Autres informations
Étape de canonisation
Fête
Œuvres principales

Le Coran le mentionne comme prophète de l'islam et prêtre sous le nom de Zakarīyā. Dans la tradition musulmane, sa femme, mère de Yahyâ (Jean le Baptiste), est appelée Ashâ. Elle est aussi parente de Maryam (la Vierge Marie), mère d'Îsâ (Jésus).

Zacharie dans la tradition chrétienne

Dans l'évangile selon Luc

Le personnage de Zacharie n'est mentionné dans le Nouveau Testament que dans l'Évangile selon Luc. Selon le récit lucanien, Zacharie, qui appartient à la classe sacerdotale, a pour épouse Élisabeth. Cette dernière est stérile, et le couple est avancé en âge. Pendant que Zacharie s'acquitte de ses fonctions au Temple, un ange lui apparaît[2] :

L'archange Gabriel apparaît à Zacharie.

« Alors un ange du Seigneur apparut à Zacharie, et se tint debout à droite de l'autel des parfums. Zacharie fut troublé en le voyant, et la frayeur s'empara de lui. Mais l'ange lui dit : Ne crains point, Zacharie, car ta prière a été exaucée. Ta femme Élisabeth t'enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean. Il sera pour toi un sujet de joie et d'allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance. Car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira ni vin, ni liqueur enivrante, et il sera rempli de l'Esprit Saint dès le sein de sa mère ; il ramènera plusieurs des fils d'Israël au Seigneur, leur Dieu ; il marchera devant Dieu avec l'esprit et la puissance d'Élie, pour ramener les cœurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé. Zacharie dit à l'ange: A quoi reconnaîtrai-je cela? Car je suis vieux, et ma femme est avancée en âge. L'ange lui répondit: Je suis Gabriel, je me tiens devant Dieu; j'ai été envoyé pour te parler, et pour t'annoncer cette bonne nouvelle. Et voici, tu seras muet, et tu ne pourras parler jusqu'au jour où ces choses arriveront, parce que tu n'as pas cru à mes paroles, qui s'accompliront en leur temps.[…] Le huitième jour, ils vinrent pour circoncire l'enfant, et ils l'appelaient Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère prit la parole, et dit : "Non, il sera appelé Jean". […] Zacharie demanda des tablettes, et il écrivit : "Jean est son nom." Et tous furent dans l'étonnement. Au même instant, sa bouche s'ouvrit, sa langue se délia, et il parlait, bénissant Dieu. »

— Luc 1.13-64

Son chant de louange ou Cantique de Zacharie est souvent appelé le Benedictus, du premier mot du cantique en latin. Dans l'Église catholique, il est récité ou chanté chaque matin par les prêtres et les religieux dans l'office des Laudes.

Le meurtre de Zacharie est motivé d'au moins trois manières différentes à une époque relativement ancienne, dans le Protévangile de Jacques, par Origène et par des gnostiques non identifiés, comme cela est rapporté par l'hérésiologue chrétien Épiphane de Salamine.

Dans le protévangile de Jacques

Dans la Nativité de Marie, plus connu sous le nom de Protévangile de Jacques, apocryphe du IIe siècle, Zacharie est assassiné sur ordre d'Hérode le Grand car il refuse de dire où est caché son fils, Jean, le futur baptiste[3]. Hérode, à qui des mages venus d'Orient ont appris que l'enfant est de sang royal et que son cousin Jésus verrait le jour pour régner sur Israël, le fait rechercher dans le but de le tuer. Zacharie est tué dans le Temple de Jérusalem. Il est précisé que « les fils d'Israël » et « les prêtres » ignoraient tout de ce meurtre. Constatant son absence, l'un des prêtres « s'enhardit et entra dans le sanctuaire ; près de l'autel du Seigneur, il aperçut du sang figé. Et une voix retentit : « Zacharie a été assassiné. Son sang ne s'effacera pas avant que vienne le vengeur. » Ces paroles le remplirent d'effroi. Il sortit et annonça aux prêtres ce qu'il avait vu et entendu »[4] - [5].

Chez les Pères de l'Église

Pour l'assassinat de Zacharie, Origène mentionne un autre motif que celui du refus de dire aux envoyés d'Hérode où son fils Jean est caché. L'auteur chrétien raconte que Zacharie est tué « entre le sanctuaire et l'autel » (Mt. 23, 35 concernant Zacharie fils de Barachie, ou référence au même Zacharie) pour avoir pris la défense de Marie introduite dans un lieu du temple réservé aux vierges[6]. Un autre passage de son commentaire sur l'Évangile selon Matthieu attribue un récit de la mort de Zacharie « par le glaive » à une source littéraire[7]. Cette source littéraire pourrait correspondre à la troisième partie du Protévangile de Jacques.

Graffiti antichrétien du IIe ou IIIe siècle[8] représentant un homme à tête d'âne crucifié. Le commentaire « Alexamenos respecte dieu » suggère que ce dessin raille un soldat converti.

Dans certains écrits gnostiques

Épiphane cite un ouvrage gnostique qui raconte la mort du père de Jean pour une autre raison[9] : Zacharie avait vu en vision dans le temple un homme à tête d’âne et fut pour cette raison lâchement assassiné par des bandits. Probablement, une allusion détournée à la représentation de Jésus par les païens des premiers siècles, comme un homme crucifié avec une tête d'âne. Cette représentation semble directement issue des calomnies que les païens faisaient circuler sur les juifs dans le monde romain. Dès le premier siècle, il est attesté par des auteurs païens anti-judaïques que les juifs étaient accusés d'adorer une tête d'âne à l'intérieur de leur Temple[10]. Les plus anciens graffitis datent du IIe siècle, époque où le judaïsme et le christianisme ne sont pas encore clairement séparés. La connaissance indirecte que nous avons de cette mention et le fait qu'Épiphane de Salamine, qui nous la rapporte, la prend au premier degré, rend quasiment impossible de comprendre ce que les auteurs gnostiques voulaient exprimer.

Zacharie dans l'islam

Le Coran le mentionne sous le nom de Zakarīyā (Zakari). Il est le père de Jean-Baptiste et l'époux de la « fille d''Imrān », Ishâ ou Ishbâ (Élisabeth). Il apparaît à deux reprises dans le Coran. Il travaille au Temple, sans que le Coran ne précise sa fonction sacerdotale, et est chargé de Marie[11]. Son rôle reste mineur, et l'exégèse musulmane en a fait un prophète. La doctrine musulmane de l'impeccabilité des prophètes a fait relire son histoire, corrigeant ses doutes en simples formules rhétoriques et son mutisme, non plus comme une punition, mais comme un signe divin[11].

Un récit extra-coranique fait de Zacharie un martyr, un hadith faisant de Jean-Baptiste un « martyr fils de martyr ». Néanmoins, les récits divergent, certains pensant qu'il a été martyrisé à la suite du martyre de son fils, d'autres disant que celui-ci aurait été accusé de la grossesse de Marie[11]

Zacharie fils de Bariskaios

Flavius Josèphe raconte l’histoire d’un certain Zacharie fils de Bariskaios, notable de Jérusalem, assassiné par des Zélotes "au milieu du temple" (ou du sanctuaire) peu avant 70, en dépit d’un jugement favorable du Sanhédrin[12]. Cette triste histoire a frappé les imaginations, qui ont pu la rapprocher de l’assassinat du Zacharie biblique (Zacharie Ben Joiada), ce qui a pu, à son tour, donner naissance à la tradition chrétienne de l'assassinat du père du Baptiste. D'autre part la tradition topographique sur le sang de Zacharie visible dans le temple a aussi pu prendre sa source dans cet épisode de la guerre juive.

Invention de reliques

La tombe dans la nef de l'Église San Zaccaria à Venise.

Des reliques du père du Baptiste sont « identifiées » dans la vallée du Cédron[13], plus précisément dans le Monument d'Absalom, sans doute dans le courant du Ve siècle de notre ère, avant d'être transférées dans la Tombe traditionnelle « de Zacharie » à la fin de ce siècle, en même temps que des reliques de Jacques et de Siméon, le successeur de Jacques selon la liste des évêques de Jérusalem à l'époque ancienne[14]. Les reliques sont déposées dans la crypte creusée à la fin du Ve siècle et toujours bien visible sous la Tombe de Zacharie.

Mais d'autres reliques, reçues de l'empereur byzantin Léon V d'origine arménienne, sont aussi identifiées à Venise, dans l'Église Saint-Zacharie où le soi-disant squelette de Saint Zacharie recouvert d'argent est vénéré dans une châsse-reliquaire.

Représentation dans les arts

Reynaud Levieux, L'archange Gabriel apparaissant à Zacharie. Musée Calvet. Avignon.

Notes et références

  1. Arnaud Sérandour, « Zacharie », dans Thomas Römer, Jean-Daniel Macchi et Christophe Nihan (dir.), Introduction à l'Ancien Testament, Genève, Labor et Fides, 2009, p. 539.
  2. Lc 1. 5-10
  3. Protévangile de Jacques, 23, 1-3.
  4. Protévangile de Jacques, 24, 2.
  5. Protévangile de Jacques, 24, 2, dans A. Frey (éd.), Écrits apocryphes chrétiens, I, p. 103.
  6. GCS 38, Orig. Werke, XI, p. 42-43.
  7. GCS 40/1 (1935), Klostermann, Orig. Werke, X, p. 24, 10 (= SC 162, p. 226-227)
  8. Martin Wallraff, « La Croix chrétienne dans la propagande impériale du IVe siècle », in La croix : représentations théologiques et symboliques , éd. Labor et Fides, 2004, p. 67 ; certains auteurs donne également le IIe siècle, par exemple Everett Ferguson, Backgrounds of Early Christianity, éd. William B. Eerdmans Publishing Company, 2003, p.596
  9. Panarion, XXVI 12, 1-4
  10. Heinrich Graetz, Histoire des Juifs, Chapitre XV — Les Hérodiens : Agrippa Ier ; Hérode II — (37-49), sur http://www.histoiredesjuifs.com.
  11. P. Lory, « Zacharie », dans Dictionnaire de l'Islam, Paris, 2007, p. 935.
  12. Guerre des Juifs IV 5, 334-344
  13. Simon Claude Mimouni, Dormition et assomption de Marie : histoire des traditions anciennes, éd. Beauchesne, 1995, p. 364, extrait en ligne
  14. Voir le récit de l'invention de ces reliques dans S. Verhelst, « L’Apocalypse de Zacharie, Siméon et Jacques », Revue biblique, 105 (1998), 81-104

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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