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Flore du massif des Vosges

La flore du massif des Vosges se rĂ©partit entre un Ă©tage collinĂ©en, un Ă©tage montagnard et un Ă©tage subalpin. L'Ă©tage collinĂ©en s'Ă©tend jusqu'Ă  500 mètres d'altitude environ. Entre 500 et 1 000 mètres se situe l'Ă©tage montagnard, puis au-delĂ , l'Ă©tage subalpin dont le point culminant est le Grand Ballon, Ă  1 424 mètres. Les diffĂ©rentes conditions environnementales (altitude, climat, topographie, types de sol, etc.) sont Ă  l'origine d'une vĂ©gĂ©tation variĂ©e. Du fait de l'orientation nord-sud de la zone montagneuse, il existe un contraste marquĂ© entre l'est et l'ouest, les vents d'ouest apportant les prĂ©cipitations qui tombent en abondance sur le versant lorrain et les sommets, alors que le versant alsacien est plus sec.

Le massif vosgien est recouvert de forĂŞts Ă  60 %. Ă€ moins de 500 mètres d'altitude, la forĂŞt est de type chĂŞnaie-hĂŞtraie. Entre 500 et 1 000 mètres, la chĂŞnaie-hĂŞtraie cède la place Ă  la hĂŞtraie-sapinière. Au-delĂ  de 1 000 mètres, le sapin disparaĂ®t et laisse la place Ă  la hĂŞtraie d'altitude, composĂ©e d'arbres de plus en plus chĂ©tifs Ă  mesure qu'on gagne en altitude, et qui finit par ĂŞtre remplacĂ©e, Ă  partir de 1 200 mètres environ, par des landes ou alpages appelĂ©s localement « hautes chaumes ».

Environnement géographique

Situation

Le massif des Vosges est un massif montagneux situĂ© dans le Nord-Est de la France. Il fait partie de deux rĂ©gions : le Grand Est et la Bourgogne-Franche-ComtĂ© et s'Ă©tend sur sept dĂ©partements, cinq dans le Grand Est (les Vosges, la Meurthe-et-Moselle, la Moselle, le Bas-Rhin et le Haut-Rhin) et deux en Bourgogne-Franche-ComtĂ© (la Haute-SaĂ´ne et le Territoire de Belfort). Sa longueur est de 180 km du nord au sud ; il s'Ă©tend de Belfort au sud jusqu'Ă  la frontière franco-allemande au nord dans le pays de Bitche.

Le massif vosgien est divisĂ© en plusieurs parties : les Hautes-Vosges qui constituent la partie montagneuse du massif (altitude supĂ©rieure Ă  500 mètres) et les collines pĂ©riphĂ©riques. Les Hautes-Vosges peuvent ĂŞtre subdivisĂ©es en deux parties : les Hautes-Vosges cristallines au sud et les Hautes-Vosges grĂ©seuses au nord. La chaĂ®ne de montagnes est orientĂ©e principalement suivant un axe nord-sud et prĂ©sente des altitudes plus Ă©levĂ©es au sud de la rĂ©gion. Les collines pĂ©riphĂ©riques comprennent les Vosges du Nord (ou Basses-Vosges), la rĂ©gion de la VĂ´ge Ă  l'ouest Ă  cheval sur les dĂ©partements des Vosges et de la Haute-SaĂ´ne, les collines sous-vosgiennes alsaciennes Ă  l'est et les collines sous-vosgiennes sud et ouest. Dans cette rĂ©gion se trouvent les parcs naturels rĂ©gionaux des Vosges du Nord et des Ballons des Vosges[1].

L'altitude est gĂ©nĂ©ralement comprise entre 300 et 700 mètres. Cependant, sur l'ensemble de la rĂ©gion, elle varie de 200 mètres environ au nord Ă  1 424 mètres au Grand Ballon (Haut-Rhin). Les roches constituant le massif sont grĂ©seuses au nord, cristallines ou mĂ©tamorphiques au sud. Les collines sont recouvertes de formations siliceuses meubles et les sols sont plus profonds que dans la rĂ©gion montagneuse. Le versant alsacien du massif, Ă  l'est, est beaucoup plus abrupt que le versant lorrain Ă  l'ouest. Le vignoble alsacien est situĂ© dans la descente sur la plaine d'Alsace très peuplĂ©e et oĂą l'agriculture domine[1].

Climat

Sommet du Ballon d'Alsace (versant est) en hiver.

Le massif vosgien possède un climat de type montagnard, il est humide et doux l’étĂ©, froid (moins de 1 °C) et enneigĂ© l’hiver. Le massif comprend un Ă©tage collinĂ©en, un Ă©tage montagnard et un Ă©tage subalpin infĂ©rieur. L'Ă©tage collinĂ©en s'Ă©tend jusqu'Ă  400 mètres sur le versant occidental, plus froid et plus humide, et 600 mètres sur le versant oriental, plus chaud et plus sec. Au-delĂ  de cette altitude de 400-600 mètres se situe l'Ă©tage montagnard[2] puis l'Ă©tage subalpin Ă  partir d'environ 1 100 mètres, constituĂ© principalement de hĂŞtraies rabougries de plus en plus chĂ©tives Ă  mesure que l'on gagne en altitude, quelques Ă©picĂ©as et sorbiers et les alpages d'altitude avec des plantes rares et typiques des rĂ©gions subalpine comme la Pulsatille des Alpes, la gentiane jaune, l'arnica des montagnes, l'Ă©pervière des Alpes et bien d'autres. Du fait de l’orientation nord-sud de la zone montagneuse, il existe un contraste marquĂ© entre l’est et l’ouest, les vents d’ouest apportent les prĂ©cipitations qui tombent en abondance sur le versant lorrain et les sommets alors que le versant alsacien est plus sec. La rĂ©gion de Colmar est très sèche par rapport Ă  l’ensemble de la zone (moins de 600 mm de prĂ©cipitations par an). La zone de collines reçoit entre 600 et 900 mm de prĂ©cipitations moyennes annuelles tandis que la zone montagneuse reçoit de 900 Ă  2 000 mm (augmentation avec l’altitude)[1] - [3] - [4].

De plus, des influences chaudes arrivent du sud et pénètrent par le fossé rhénan. Dans les régions montagneuses, la topographie influence fortement les conditions climatiques qui sont déterminantes pour la végétation. Le nombre annuel moyen de jours de gel varie entre 75 jours en plaine et 159 jours sur les crêtes (au Hohneck, la période végétative est réduite à trois mois, ce qui ne suffit pas pour les arbres). Les gelées tardives sont fréquentes ; elles sont à craindre surtout pour le sapin et pour le chêne. La moyenne annuelle des températures varie beaucoup, entre 6 °C et 10 °C et l’amplitude thermique peut atteindre 14 °C au Hohneck et 18 °C en Alsace[1].

RĂ©partition de la flore

Le massif vosgien est principalement recouvert de forĂŞt ; celles-ci couvrent 548 530 ha soit 60 % de sa superficie. Les essences principales les plus importantes en surface sont le sapin pectinĂ© (Abies alba) (24 % du total) et le hĂŞtre (Fagus sylvatica) (24 %), suivi de l’épicĂ©a commun (Picea abies) (20 %). Parmi les autres arbres forestiers, le chĂŞne rouvre (Quercus petraea) (11 %) et le pin sylvestre (Pinus sylvestris) (8 %), l'Ă©rable des montagnes (Acer pseudoplatanus), le sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia) sont les plus frĂ©quents sur l’ensemble du massif vosgien[1].

Flore de l'étage collinéen

Dans les collines, les peuplements forestiers varient surtout en fonction de l’alimentation en eau, des populations de départ et de la richesse chimique des sols. Le type de végétation forestière le plus répandu est la chênaie-hêtraie[1].

ChĂŞnaie-hĂŞtraie

L'étage collinéen est occupé par la chênaie-hêtraie. Sur le versant occidental plus humide, c'est le hêtre (Fagus sylvatica) qui domine. En revanche, le versant alsacien plus sec favorise le développement du chêne rouvre ou chêne sessile (Quercus petraea). Dans les sols riches, on trouve des chênes pédonculés (Quercus robur)[5], des érables sycomores (Acer pseudoplatanus), des érables champêtres (Acer campestre) et des charmes communs (Carpinus betulus). On trouve aussi des arbustes comme le houx (Ilex aquifolium). Le chêne rouvre (Quercus petraea), le pin sylvestre (Pinus sylvestris) et le bouleau verruqueux (Betula pendula) sont les essences forestières les plus adaptées sur les sols pauvres en éléments minéraux[1] - [6].

Dans les sous-bois, on trouve différentes plantes comme la céphalanthère à feuilles étroites (Cephalanthera longifolia), le gaillet odorant ou aspérule odorante (Galium odoratum), le sceau de Salomon multiflore (Polygonatum multiflorum), la violette des bois (Viola reichenbachiana) ou le lamier jaune (Lamium galeobdolon)[6].

Collines calcaires alsaciennes

Des collines de calcaires durs peu altĂ©rĂ©s sont situĂ©es en Alsace Ă  l'abri du massif vosgien ; elles dĂ©passent rarement les 400 mètres et dominent le vignoble alsacien. Les conditions ensoleillĂ©es et les faibles prĂ©cipitations favorisent le dĂ©veloppement de landes et de pelouses calcaires. Dans les parties les plus chaudes et arides des collines calcaires, on trouve des chĂŞnes pubescents (Quercus pubescens). Dans les sous-bois et en lisière des forĂŞts de chĂŞnes pubescents, on trouve des orchidĂ©es forestières du genre Cephalanthera : la cĂ©phalanthère Ă  grandes fleurs (Cephalanthera damasonium), la cĂ©phalanthère Ă  longues feuilles (Cephalanthera longifolia) et la cĂ©phalanthère rouge (Cephalanthera rubra). On y trouve aussi la très rare fraxinelle (Dictamnus albus). Dans ces collines, on trouve Ă©galement des arbrisseaux comme l'aubĂ©pine monogyne (Crataegus monogyna) et le prunellier (Prunus spinosa)[7] - [8]. Pour la viticulture, des essences exotiques ont Ă©tĂ© plantĂ©es Ă  la place de la chĂŞnaie naturelle juste au-dessus des vignes : le châtaignier europĂ©en (Castanea sativa) qui est une espèce spontanĂ©e autour de la mer MĂ©diterranĂ©e et le robinier faux-acacia amĂ©ricain (Robinia pseudoacacia). Leur bois imputrescible est utilisĂ© pour fabriquer les poteaux et piquets de vigne et le robinier est particulièrement utilisĂ© pour les manches d'outils[9]. Les pelouses sont composĂ©es de brome dressĂ© (Bromus erectus) et de fĂ©tuque ovine (Festuca ovina)[7].

On y trouve plusieurs espèces d'orchidées du genre Orchis[N 1] : l'orchis pourpre (Orchis purpurea), l'orchis moucheron (Gymnadenia conopsea), l'orchis guerrier ou orchis militaire (Orchis militaris) qui est très rare, l'orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis), l'orchis bouc (Himantoglossum hircinum) à l'odeur fétide, l'orchis bouffon (Anacamptis morio, syn. Orchis morio) et l'orchis singe (Orchis simia)[7] - [10].

On trouve également des orchidées du genre Ophrys dont les fleurs ont la particularité d'imiter la forme et l'odeur d'insectes femelles par des phéromones sexuelles ce qui attire les mâles de l'espèce d'insecte correspondante qui vont ainsi polliniser les fleurs : l'ophrys abeille (Ophrys apifera), l'ophrys mouche (Ophrys insectifera), l'ophrys litigieux ou ophrys petite araignée (Ophrys araneola), l'ophrys araignée (Ophrys sphegodes) et l'ophrys bourdon (Ophrys fuciflora) le plus répandu[7] - [11].

On trouve aussi d'autres fleurs comme l'œillet des Chartreux (Dianthus carthusianorum)[7], l'anémone pulsatille (Pulsatilla vulgaris)[12], la corydale à bulbe plein (Corydalis solida)[7] et la scille à deux feuilles (Scilla bifolia)[13].

Flore de l'Ă©tage montagnard

Vue sur Gérardmer et le Hohneck (au fond) depuis Le Tholy, illustrant trois types de végétation rencontrés à l'étage montagnard et subalpin : forêt, prairie et haute chaume.

La végétation naturelle de l'étage montagnard est la forêt de type hêtraie-sapinière. Sans intervention humaine, la forêt recouvrirait l'ensemble des montagnes à l'exception des sommets les plus hauts et les plus exposés aux intempéries (étage subalpin). Les espaces ouverts comme les prairies ont été créés par l'homme pour l'agriculture et l'élevage. Les seuls espaces naturellement dégagés sont les hautes chaumes qui ont cependant été parfois étendues par l'homme en défrichant la végétation rabougrie. Ces prairies d'altitude contiennent des plantes adaptées aux conditions difficiles.

Les autres peuplements forestiers sont caractéristiques de conditions écologiques particulières : aulnaie, aulnaie-frênaie et frênaie-érablière dans les vallées, érablière sur éboulis, pessière des cirques glaciaires et des zones tourbeuses, boulaie dans les milieux ouverts[1].

Hêtraie-sapinière

Hêtraie-sapinière en automne. Les sapins restent verts tandis que le feuillage des hêtres prend des teintes orangées. Le Tholy.

Comme son nom l'indique, la hĂŞtraie-sapinière est principalement constituĂ©e de hĂŞtres (Fagus sylvatica) et de sapins (Abies alba). Le sapin pectinĂ© ou sapin blanc (Abies alba) est l'arbre emblĂ©matique des Hautes-Vosges ; il est d'ailleurs parfois appelĂ© sapin des Vosges[14]. La prĂ©dominance du sapin ou du hĂŞtre dĂ©pend de l'altitude, de la composition du sol et de l'humiditĂ© mais aussi souvent de la gestion de la forĂŞt par l'homme. On rencontre Ă©galement d'autres arbres, essentiellement des Ă©picĂ©as (Picea abies) mais aussi des pins sylvestres (Pinus sylvestris). Ă€ partir de 1 000 mètres environ, le sapin rĂ©gresse en faveur des hĂŞtres et des Ă©rables sycomores[15].

L'épicéa est concurrencé par les sapins et les hêtres ; il ne prend leur place que dans quelques pessières naturelles sur les parois rocheuses des versants froids. Son abondance ailleurs s'explique par des plantations par l'homme. À la suite de l'exode rural des années 1960, de nombreuses parcelles de prairies ont été plantées avec des épicéas ce qui a conduit à fermer presque entièrement certaines vallées. Mais ces plantations ne correspondent pas à une « vraie » forêt capable de se régénérer ; elles sont constituées d'épicéas en rangs serrés qui épuisent les sols. De plus, le manque de lumière de ces pessières artificielles et le tapis acide d'aiguilles tombées des branches empêchent le développement d'autres espèces végétales dans le sous-bois[16].

Dans les sous-bois de la hêtraie-sapinière, si le sol est riche, le tapis végétal est formé de fétuques des bois (Festuca altissima). Sur les sols acides les plus pauvres, le tapis végétal est formé majoritairement de canches flexueuses (Deschampsia flexuosa), de myrtilles communes (Vaccinium myrtillus) et de luzules blanchâtres (Luzula luzuloides). Dans ces sols, on trouve la digitale pourpre (Digitalis purpurea)[17] et la prénanthe pourpre (Prenanthes purpurea) qui affectionnent les clairières. La digitale pourpre est une fleur très répandue, elle envahit les coupes forestières, les lisières et les bords des chemins. Elle atteint environ un mètre de haut et forme une grappe de fleurs roses aux taches rouge foncé bordées de blanc qui se tournent vers la lumière. Les espaces dégagés sont également colonisés par l'épilobe en épi (Chamerion angustifolium)[18]. Il apparaît en grand nombre après les coupes de bois, puis se raréfie à mesure que la forêt se referme. Ces espaces ouverts sont fréquemment occupés par le genêt à balais (Cytisus scoparius) qui est un arbuste à fleurs jaunes très courant[15].

On trouve des arbustes comme le sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia). Dans certaines zones dégagées, on trouve des genévriers (Juniperus communis)[15].

Éboulis

Les éboulis dans les pentes raides sont issus de l'éclatement des roches dû à la succession de gels et dégels. Dans ces ravins, on trouve essentiellement des érables sycomores (Acer pseudoplatanus)[19] mais également des ormes de montagne (Ulmus glabra)[19], des frênes communs ou frênes élevés (Fraxinus excelsior)[19] et des tilleuls à grandes feuilles (Tilia platyphyllos)[19]. Ces espèces d'arbres trouvent ici la lumière et les minéraux nécessaires à leur survie. La présence des rochers empêche la concurrence des hêtres et des sapins. Dans les sous-bois, on peut trouver la rare campanule à larges feuilles (Campanula latifolia)[19].

Dans certains Ă©boulis, comme celui du dĂ©filĂ© du Kertoff dans la vallĂ©e de la Vologne, on peut observer des Ă©picĂ©as de type vosgien (Picea abies). Certains de ces arbres, qui peuvent dĂ©passer 50 mètres de hauteur, ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s sur le plan gĂ©nĂ©tique, dans le cadre de la recherche forestière[20].

Cirques glaciaires et Ă©tage subalpin

Vue du cirque glaciaire de la Wormspel en contrebas du Hohneck depuis l'arĂŞte des Spitzkoepfe.

Durant la dernière pĂ©riode glaciaire appelĂ©e WĂĽrm, de -70 000 Ă  -11 000 ans avant notre ère, les Vosges Ă©taient couvertes d'immenses glaciers qui ont Ă©rodĂ© le relief et formĂ© des cirques glaciaires[21]. Les cirques glaciaires vosgiens et les hautes chaumes constituent un milieu vĂ©ritablement alpin, qui apparaĂ®t Ă  des altitudes supĂ©rieures Ă  1 000 mètres avec des conditions très difficiles qu'on ne retrouve dans les Alpes qu'au-dessus de 2 000 mètres. Il gèle plus de 160 jours par an et la couverture neigeuse peut tenir jusqu'au dĂ©but de l'Ă©tĂ©[22]. Toutefois, avec le rĂ©chauffement climatique observĂ© actuellement, la neige a gĂ©nĂ©ralement fini de fondre courant mai voire fin avril[23].

Au printemps, une des premières fleurs à apparaître est la nivéole de printemps (Leucojum vernum) qui ressemble à une perce-neige (Galanthus nivalis)[N 2] mais sa fleur est plus grande. On la trouve en compagnie de la gagée jaune (Gagea lutea) et de la corydale creuse (Corydalis cava) qui atteignent ici leur limite maximale d'altitude[24]. On peut trouver le bois joli (Daphne mezereum) qui est un sous-arbrisseau dont les fleurs dégagent un agréable parfum[25].

En Ă©tĂ©, dans les couloirs d'avalanche notamment, on trouve des mĂ©gaphorbiaies, c'est-Ă -dire des formations de hautes plantes herbacĂ©es. Celles-ci se dĂ©veloppent sur des sols pierreux dans les versants humides exposĂ©s au nord, lĂ  oĂą les arbres ne se dĂ©veloppent pas Ă  cause des avalanches et de la pĂ©riode vĂ©gĂ©tative d'un peu plus de deux mois seulement[26]. Dans ces mĂ©gaphorbiaies, on trouve l'Ă©pilobe des Alpes (Epilobium alpestre) mais aussi l'Ă©pilobe en Ă©pi (Chamerion angustifolium)[N 3] qui colonise Ă©galement les vallĂ©es[18]. On trouve l'adĂ©nostyle Ă  feuilles d'alliaire (Adenostyles alliariae)[18] ainsi que deux laitues pouvant atteindre 1,50 mètre : la laitue des Alpes (Cicerbita alpina) aux fleurs mauves et la laitue de Plumier (Cicerbita plumieri) aux fleurs bleues[27]. On trouve deux plantes connues pour leur toxicitĂ© : l'aconit napel (Aconitum napellus) aux fleurs violettes en forme de casque[28] et l'aconit tue-loup (Aconitum lycoctonum) aux fleurs jaunes[29]. On trouve des arbrisseaux comme les rosiers sauvages : l'Ă©glantier des Alpes (Rosa pendulina) et le rosier pimprenelle (Rosa pimpinellifolia)[30].

En septembre, on peut observer la floraison de la gentiane des champs (Gentianella campestris)[N 4] qui est une plante basse[31]. Dans certaines mégaphorbiaies, on peut observer la pédiculaire feuillée (Pedicularis foliosa) et la bartsie des Alpes (Bartsia alpina)[32]. On trouve aussi des colonies de trolles d'Europe (Trollius europaeus) aux fleurs dorées en boule[33]. Sur les versants sud, les prairies de forte pente accueillent l'ail de cerf (Allium victorialis)[34]. On y trouve également la sanguisorbe officinale (Sanguisorba officinalis) aux fleurs rouge sang.

Escarpements rocheux

L'arĂŞte des Spitzkoepfe.

Le massif des Vosges présente de nombreux escarpements rocheux, principalement situés dans la partie sud du massif, dont les plus remarquables sont les Spitzkoepfe, le Wurzelstein au nord du col de la Schlucht, la Martinswand dans le massif du Hohneck, ou encore le secteur traversé par le sentier des Roches.

La flore de ces milieux subit des conditions extrêmes, passant d'un fort ensoleillement avec une relative sécheresse l'été à des températures très basses en hiver[35].

On y retrouve diverses plantes succulentes comme l'Orpin annuel (Sedum annuum)[36], l'Orpin des Alpes (Sedum alpestre)[37], l'Orpin noirâtre (Sedum atratum)[37], l'Orpin des rochers (Sedum rupestre)[37], l'Orpin téléphium (Hylotelephium telephium)[37], l'Orpin velu (Sedum villosum)[37], l'Orpin à feuilles épaisses (Sedum dasyphyllum)[35], la Saxifrage paniculée (Saxifraga paniculata)[38] ainsi que des espèces chasmophytiques capables de coloniser les fissures de rochers comme le Silène des rochers (Silene rupestris)[39], l'Épervière de Jacquin (Hieracium humile)[40], l'Épervière à feuilles de chicorée (Hieracium intybaceum) aux fleurs jaune citron[41], la Véronique buissonnante (Veronica fruticans)[38] ou encore la Valériane à trois folioles (Valeriana tripteris)[37].

Ces milieux accueillent également de nombreuses mousses et plusieurs fougères dont Cryptogramma crispa, Cystopteris fragilis et Gymnocarpium dryopteris[42].

Lacs et ruisseaux

Sur les rives de certains lacs comme le lac de Retournemer et le lac de Longemer, on trouve une très rare aulnaie marécageuse. Les racines de l'aulne glutineux (Alnus glutinosa) plongées dans l'eau s'enfoncent profondément dans les berges[43]. Au bord des lacs, on peut trouver l'iris des marais (Iris pseudacorus) dont les fleurs jaunes se déploient vers le mois de juin[44]. Dans les zones humides, le long des ruisseaux, on trouve la reine-des-prés (Filipendula ulmaria)[45], le populage des marais (Caltha palustris) aux fleurs jaune d'or[46], la renoncule à feuilles d'aconit (Ranunculus aconitifolius)[46] aux petites fleurs blanches perchées sur de hautes tiges, la lunaire vivace (Lunaria rediviva)[46] reconnaissable à ses petites fleurs mauves à quatre pétales et ses fruits très plats et ovales, le géranium des bois (Geranium sylvaticum)[46] aux élégantes fleurs violettes à cinq pétales, la barbe de bouc (Aruncus dioicus)[47] aux spectaculaires petites fleurs blanches en grandes panicules, plus rarement le trolle d'Europe (Trollius europaeus), l'ail des ours (Allium ursinum)[48] et l'impatiente ne-me-touchez-pas ou balsamine des bois (Impatiens noli-tangere) dont les fruits matures éclatent violemment lorsqu'on les touche[48].

Le long des rivières, deux espèces introduites menacent la biodiversité par leur caractère envahissant : la renouée du Japon (Fallopia japonica) et la balsamine de l'Himalaya (Impatiens glandulifera)[49].

Tourbières
Tourbière du lac de Lispach, La Bresse.
Tourbière de l'étang de Machais, La Bresse.

Une tourbière est une zone humide caractérisée par l'accumulation progressive de la tourbe, un sol caractérisé par sa très forte teneur en matière organique, peu ou pas décomposée, d'origine végétale. Après la disparition des glaciers à la fin de la dernière glaciation, des cuvettes et des lacs ont permis la formation de tourbières. Dans les étendues d'eau se développent des tapis de sphaignes qui sont des mousses sans racines pouvant absorber 40 fois leur poids en eau. Il pousse également le nénuphar nain (Nuphar pumila), mais cette espèce est en régression[50], et des utriculaires : la petite utriculaire (Utricularia minor) et l'utriculaire commune (Utricularia vulgaris)[51] - [52].

Les tapis de sphaignes finissent par former des « coussins » sur lesquels se développent des droséras qui sont des plantes carnivores : la droséra à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), la droséra à longues feuilles (Drosera anglica syn. Drosera longifolia) et la droséra intermédiaire (Drosera intermedia). Les droséras possèdent des poils recouverts de boules gluantes ressemblant à des gouttes de rosée et qui permettent de capturer des insectes[53]. On trouve une autre plante carnivore : la grassette commune (Pinguicula vulgaris) qui possède également des poils collants sur ses feuilles qui peuvent capturer des insectes[54]. On recense également le trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata)[55], le lycopode inondé (Lycopodiella inundata), la scheuchzerie des marais (Scheuchzeria palustris), la canneberge (Vaccinium oxycoccos) qui est une espèce proche de la canneberge à gros fruits (Vaccinium macrocarpon) exploitée par l'industrie alimentaire en Amérique du Nord[56] et le rhynchosphore blanc (Rhynchospora alba). On trouve la calla des marais (Calla palustris) qui est une plante rare, présente en France uniquement dans le massif des Vosges[57]. On trouve une rare orchidée : l'orchis de Traunsteiner (Dactylorhiza traunsteineri) dont les fleurs pourpres rappellent l'orchis mâle (Orchis mascula), ce qui le rend difficile à identifier[58] - [N 5]. On trouve aussi la violette des marais (Viola palustris) aux fleurs mauves[60], la parnassie des marais (Parnassia palustris) aux fleurs blanches à cinq pétales aux nervures transparentes[60] et la potentille des marais ou comaret (Potentilla palustris) aux fleurs rouge sang[55] - [52].

Les sphaignes se multiplient et la matière organique s'accumule ce qui surélève la tourbière. Seule l'eau de pluie alimente alors la tourbière, les sphaignes se raréfient et d'autres plantes apparaissent comme le trichophore cespiteux ou scirpe cespiteux (Trichophorum cespitosum), la molinie bleue (Molinia caerulea), la benoîte des ruisseaux (Geum rivale)[61], la linaigrette vaginée (Eriophorum vaginatum)[62], la camarine noire (Empetrum nigrum)[2], l'airelle des marais (Vaccinium uliginosum)[2], la bruyère callune (Calluna vulgaris) et l'andromède (Andromeda polifolia)[63]. Les zones les plus sèches sont lentement colonisées par des arbres peu exigeants : des bouleaux pubescents (Betula pubescens), des pins sylvestres (Pinus sylvestris) et des épicéas (Picea abies)[52].

On dénombre plusieurs sites de tourbière dans le massif vosgien dont trois importants sont situés dans la commune de La Bresse : le lac de Lispach, le lac de Blanchemer et l'étang de Machais[64]. On trouve également des tourbières importantes dans les Vosges saônoises comme la tourbière de la Grande Pile[N 6] à Saint-Germain ou celles de la réserve naturelle des ballons comtois[65] - [66].

Prairies
La vache vosgienne est bien adaptée aux reliefs difficiles et aux fourrages grossiers[67], Le Tholy.

Ă€ plus basse altitude (moins de 1 200 mètres), les espaces ouverts ne sont pas naturels et ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s par l'homme. Ces espaces forment des prairies dites prairies fleuries. Ces prairies comportent les graminĂ©es des prairies fleuries de la zone tempĂ©rĂ©e europĂ©enne : FĂ©tuque rouge (Festuca rubra), Agrostide commune (Agrostis capillaris) et Pâturin des prĂ©s (Poa pratensis).

Dans les prairies, la jonquille[N 7] ou narcisse jaune (Narcissus pseudonarcissus) fleurit au printemps (mars-avril), on assiste à de spectaculaires floraisons de ses fleurs jaunes qui recouvrent des prairies entières. La jonquille se rencontre également dans les sous-bois mais avec une densité moindre et généralement en lisière de forêt. Cette plante à bulbe est toxique mais a toujours été préservée par les paysans vosgiens car elle n'est pas dangereuse pour le bétail comme les vaches vosgiennes. En effet, le narcisse n'est pas brouté. De plus, les feuilles ont disparu à la fenaison. Les bulbes sont enfouis sous les racines des graminées. Les narcisses ne causent aucune détérioration des prairies de fauche. Mieux, les bulbes jouent un rôle dans la stabilisation des sols de prairies aux abords des ruisseaux. Cette plante est suffisamment abondante pour permettre l'organisation d'une Fête des Jonquilles tous les deux ans dans la ville de Gérardmer. La manifestation consiste en un défilé de chars décorés avec des jonquilles. Néanmoins, il convient de rester vigilant sur la conservation de cette espèce car la cueillette n'est pas réglementée et l'urbanisation de certaines zones provoque la disparition d'hectares de prairies à jonquilles[68].

Fleurissent ensuite la cardamine des prés (Cardamine pratensis) aux fleurs roses[69] et le myosotis des champs (Myosotis arvensis) aux fleurs bleu vif[69]. Entre la fin du printemps et le début de l'été, on peut observer différentes orchidées. L'orchis mâle (Orchis mascula) est le plus précoce et fleurit dès le mois de mai, ses fleurs sont violet foncé parfois roses[69] ; l'orchis des montagnes (Platanthera chlorantha) fleurit ensuite et est plus discret avec ses fleurs blanc verdâtre[70] ; enfin fin juin l'orchis tacheté (Dactylorhiza maculata) forme des colonies importantes dans les prairies humides, ses fleurs sont roses et blanches[70]. Dans les prairies humides, on trouve la renouée bistorte (Bistorta officinalis) aux fleurs roses en forme de brosse à dents[71].

Hautes chaumes (Ă©tage subalpin)
Arnica des montagnes jaune-orangé à droite et grand rhinanthe jaune pâle à gauche, haute chaume du Markstein.

Les hautes chaumes se situent sur une succession de crĂŞtes, depuis Lusse (Vosges), au nord, jusqu'au ballon de Servance (Vosges et Haute-SaĂ´ne), au sud[73]. La ligne de crĂŞte est surnommĂ©e la ligne bleue des Vosges. Sur ces sommets, situĂ©s Ă  l'Ă©tage subalpin, la flore doit s'adapter Ă  des conditions mĂ©tĂ©orologiques difficiles : vents forts, froid, neige, exposition au soleil. Au sortir de l'Ă©tĂ©, la flore est composĂ©e de chaumes qui sont les tiges herbacĂ©es creuses des graminĂ©es et de sous-arbrisseaux. Le nom fĂ©minin « chaume » au sens de prairie d'altitude ne provient pas de la prĂ©sence de ces tiges appelĂ©es « chaumes » (au masculin) mais provient du nom latin calmis dĂ©signant un lieu de pâturage. Les chaumes naturelles dites primaires (300 hectares environ) sont situĂ©es sur les sommets les plus exposĂ©s aux vents et Ă  la pluie. Il existe 5 000 hectares de hautes chaumes sur les sommets des ballons, la plupart sont issues des dĂ©frichements par l'homme Ă  partir du VIIIe siècle et forment des chaumes dites secondaires[74]. Les premières anthropisations des chaumes sont cependant antĂ©rieures au VIIIe siècle ; par exemple, il a Ă©tĂ© montrĂ© que les chaumes du massif du Rossberg ont subi, Ă  au moins trois reprises entre le IVe siècle av. J.-C. et le Ier siècle ap. J.-C., des mises Ă  feu dĂ©libĂ©rĂ©es succĂ©dant Ă  un abandon ou Ă  une sous-exploitation des chaumes[75].

Dans les hautes chaumes, on trouve des plantes des rĂ©gions subalpines ou des zones subarctiques. La vĂ©gĂ©tation dans la zone entre 900 et 1 250 m constitue des pelouses acidiphiles montagnardes[76] et au-delĂ  de 1 250 m, elle constitue des landes acidiphiles subalpines[77]. On trouve la bruyère callune (Calluna vulgaris)[78], la myrtille commune (Vaccinium myrtillus)[78], l'airelle rouge (Vaccinium vitis-idaea subsp. vitis-idaea)[78], l'arnica des montagnes (Arnica montana)[79], la gentiane jaune (ou grande gentiane, Gentiana lutea) qui ne fleurit qu'au bout de 10 ans de croissance et peut atteindre 1,20 mètre de hauteur[80], la pulsatille des Alpes (Pulsatilla alpina) qui couvre les chaumes primaires de fleurs blanches entre avril et juin[81] - [N 8], plus rarement le lis martagon (Lilium martagon) qui fleurit en juin-juillet et peut atteindre 1,50 mètre de haut[82], le lycopode en massue ou lycopode officinal (Lycopodium clavatum)[83], le lycopode des Alpes (Lycopodium alpinum), le lycopode sĂ©lagine (Huperzia selago)[84], la camarine noire (Empetrum nigrum), l'airelle des marais (Vaccinium uliginosum), le liondent des PyrĂ©nĂ©es (Leontodon pyrenaicus), l'Ă©pervière des Vosges (Hieracium vogesiacum)[85], l'Ă©pervière des Alpes (Hieracium alpinum), Hieracium olivaceum[86] et le sĂ©lin des PyrĂ©nĂ©es (Epikeros pyrenaeus syn. Selinum pyrenaeum)[87] - [88].

On trouve Ă©galement deux orchidĂ©es discrètes reliques de l'Ă©poque glaciaire : l'orchis miel (Pseudorchis albida) qui dĂ©gage un parfum agrĂ©able et l'orchis grenouille (Coeloglossum viride) qui doit son surnom Ă  la forme particulière de ses fleurs et est une plante protĂ©gĂ©e. Parmi les autres espèces de fleurs relictes visibles, on trouve le gnaphale de Norvège (Gnaphalium norvegicum) aux feuilles argentĂ©es et la jasione vivace (Jasione laevis) plus rare car elle ne pousse qu'au-dessus de 1 300 mètres d'altitude[80].

Lorsque l'ensoleillement est plus important, la chaume s'enrichit de graminĂ©es qui deviennent plus nombreuses et la pelouse devient une prairie appelĂ©e calamagrostidaie du nom de la graminĂ©e Ă©ponyme le Calamagrostis faux-roseau (Calamagrostis arundinacea) aux reflets roses et violets qui domine cette association vĂ©gĂ©tale[89]. On trouve aussi le Nard raide (Nardus stricta)[90], la Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa), la FĂ©tuque rouge (Festuca rubra) et l'Agrostide commune ou Agrostide vulgaire (Agrostis capillaris). On trouve Ă©galement d'autres types de plantes comme le fenouil des Alpes (Meum athamanticum), la centaurĂ©e des montagnes ou bleuet des montagnes (Centaurea montana)[91], l'orchis globuleux (Traunsteinera globosa) et le genĂŞt ailĂ© (Genista sagittalis)[92]. Fin juin, dans les endroits bien exposĂ©s, on trouve la phalangère Ă  fleurs de lis (Anthericum liliago) aux fines fleurs blanches[93]. L'Ă©pervière orangĂ©e (Hieracium aurantiacum) fleurit en juillet-aoĂ»t et atteint 20-40 cm[94]. La Digitale Ă  grandes fleurs (Digitalis grandiflora) aux fleurs jaune pâle est très rare dans les Vosges[94]. Durant l'Ă©tĂ©, on trouve l'Ĺ’illet superbe (Dianthus superbus) aux fleurs finement dĂ©coupĂ©es[95]. Mais la fleur la plus emblĂ©matique des hautes chaumes est probablement la PensĂ©e des Vosges (Viola lutea ssp. elegans) qui existe dans d'autres montagnes françaises mais diffère ici par l'Ă©tonnante variĂ©tĂ© de ses couleurs : jaune, violette, blanche, bicolore parfois tricolore. On la trouve un peu partout de mai Ă  aoĂ»t dans les pelouses primaires et surtout secondaires[96].

Plantes rares et protégées

Campanule de Baumgart dans les Vosges du Nord.

Le massif des Vosges constitue, de par sa position géographique, un îlot froid qui a servi de refuge à de nombreuses espèces arctico-alpines ou circumboréales à la fin des grandes glaciations. Ces plantes se retrouvent aujourd'hui dans différents milieux allant du plus humide au plus sec mais toujours caractérisés par des températures froides[97].

Ainsi, dans les tourbières, l'andromède (Andromeda polifolia), la calla des marais (Calla palustris) qui atteint dans les Vosges la limite sud-ouest de son aire de répartition, la laîche des tourbières (Carex limosa), la camarine noire (Empetrum nigrum) ainsi que quelques rares orchidées comme la listère cordée (Listera cordata) ou l'orchis de Traunsteiner (Dactylorhiza traunsteineri) sont localement présentes[97].

Dans certains lacs, on trouve également des espèces lacustres nordiques comme l'isoète lacustre (Isoetes lacustris) dans le lac de Gérardmer, le rubanier à feuilles étroites (Sparganium angustifolium) dans le lac de Retournemer et le lac de Longemer, et le nénuphar nain (Nuphar pumila)[97].

Sur les plus hauts sommets, au niveau de la lande subalpine primaire, est attestée la présence de l'anémone à fleurs de narcisse (Anemone narcissiflora), la pulsatille d'Autriche (Anemone scherfelii), l'épervière des Alpes (Hieracium alpinum) uniquement dans le massif du Hohneck, la fougère Cryptogramma crispa (éboulis siliceux du versant alsacien), la bartsie des Alpes (Bartsia alpina) dans les zones tourbeuses, divers lycopodes comme Diphasiastrum alpinum ou Diphasiastrum tristachyum tous deux caractéristiques des landes à callune. Quant au vérâtre blanc (Veratrum album), grande plante des pâturages de montagne à fleurs blanches, très fréquente dans les Alpes et le Massif central, on ne la rencontre ici que dans le secteur du Ballon d'Alsace[97].

Enfin, en milieu forestier et dans les mégaphorbiaies, on pourra rencontrer, avec un peu de chance, la campanule à larges feuilles (Campanula latifolia) présente dans certains ravins forestiers, Lycopodium annotinum, Streptopus amplexifolius, sorte de sceau de Salomon à la tige tortueuse qu'on peut rencontrer dans les mégaphorbiaies en compagnie des adénostyles et des aconits, ainsi que différentes fougères : Dryopteris remota, Athyrium distentifolium et Polystichum braunii[97].

Quant aux plantes endémiques des Vosges, elles sont très peu nombreuses. On peut seulement en citer deux : une sous-espèce de la pensée des Vosges (Viola lutea subsp. elegans) et la campanule de Baumgart (Campanula baumgartenii) présente dans les Vosges du Nord[97].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Marjorie Blamey et Christopher Grey-Wilson, Guide des fleurs de montagne, Delachaux et niestlĂ©, , 384 p. (ISBN 260301369-6)
  • J. Cholet et G. Magnon, Tourbières des montagnes françaises - Nouveaux Ă©lĂ©ments de connaissance, de rĂ©flexion & de gestion, PĂ´le-relais Tourbières & FĂ©dĂ©ration des Conservatoires d'Espaces Naturels, , 188 p. (lire en ligne)
  • Collectif, Parc naturel rĂ©gional des Ballons des Vosges, Gallimard, , 192 p. (ISBN 2742405631). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Collectif, Vosges, Bonneton, coll. « EncyclopĂ©dies Bonneton », , 320 p. (ISBN 9782862533131). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Conservatoire des espaces naturels de Franche-ComtĂ©, Les tourbières, un milieu Ă  prĂ©server... Du constat Ă  l’action en Franche-ComtĂ©, , 28 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article [PDF]
  • IGN, Inventaire forestier national - Massif vosgien et collines pĂ©riphĂ©riques, , 22 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article [PDF]
  • AndrĂ© Kuentz, RandonnĂ©es botaniques dans les Vosges / La Haute-Alsace, Illfurth, Saint-Brice, , 180 p. (ISBN 978-2-918854-05-0, OCLC 863034726). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Serge Muller, Les plantes protĂ©gĂ©es de Lorraine : distribution, Ă©cologie, conservation, Biotope, coll. « ParthĂ©nope », , 376 p. (ISBN 9782914817080). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • HervĂ© Parmentelat, Merveilles des Vosges : Fleurs, arbres et milieux naturels remarquables, Place Stanislas, , 221 p. (ISBN 978-2-35578-052-3, OCLC 690490738). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • François Vernier, Les plantes de nos sous-bois, ONF, , 48 p. (ISBN 2842070682). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Notes et références

Notes

  1. Certaines espèces ont été déplacées dans d'autres genres. Voir page Orchis.
  2. Galanthus nivalis n'est pas présent dans les Vosges à l'état sauvage.
  3. Déjà cité dans la section #Hêtraie-sapinière.
  4. On trouve Gentianella campestris Ă©galement sur les crĂŞtes.
  5. De nombreuses plantes se rapprochant de Dactylorhiza traunsteineri présentes dans les tourbières du sud du massif sont plutôt à rattacher à Dactylorhiza majalis subsp. parvimajalis[59].
  6. Cette tourbière est situĂ© Ă  l'Ă©tage collinĂ©en ; altitude : 300 mètres environ.
  7. Rigoureusement, le nom jonquille est réservé à Narcissus jonquilla qui pousse en région méditerranéenne.
  8. Pulsatilla alba est une appellation synonyme d'Anemone scherfelii : Anemone scherfelii sur Tela Botanica. Depuis 2012, Anemone scherfelii est considéré comme une espèce distincte de la pulsatille des Alpes (Anemone alpina) : Anemone alpina sur Tela Botanica.

Références

  1. [PDF] Inventaire forestier national - Massif vosgien et collines périphériques - Novembre 2007 - 22 p.
  2. Ballons des Vosges 1999, p. 31
  3. Météo France - Découpage de l'Hexagone en 29 zones aux caractéristiques climatiques homogènes
  4. [PDF] E. Choisnel, D. Payen, Les climats de la France, Article paru dans le supplément au no 201 du magazine La Recherche, juillet-août 1988, pages 32 à 41.
  5. Ballons des Vosges 1999, p. 124
  6. Ballons des Vosges 1999, p. 42-43
  7. Ballons des Vosges 1999, p. 44-45
  8. Parmentelat 2010, p. 168-169.
  9. Ballons des Vosges 1999, p. 116
  10. Parmentelat 2010, p. 163-165.
  11. Parmentelat 2010, p. 165-167.
  12. Parmentelat 2010, p. 12, 158, 170, 172-173.
  13. Parmentelat 2010, p. 173-174.
  14. ONF - Sapin des Vosges
  15. Ballons des Vosges 1999, p. 36-37
  16. Parmentelat 2010, p. 34-36.
  17. Parmentelat 2010, p. 40-41.
  18. Parmentelat 2010, p. 137.
  19. Parmentelat 2010, p. 60-61.
  20. Vosges 2004, p. 228
  21. Parmentelat 2010, p. 125.
  22. Parmentelat 2010, p. 128.
  23. Parmentelat 2010, p. 129.
  24. Parmentelat 2010, p. 133.
  25. Parmentelat 2010, p. 134.
  26. Parmentelat 2010, p. 136-137.
  27. Parmentelat 2010, p. 137-138.
  28. Parmentelat 2010, p. 138-139.
  29. Parmentelat 2010, p. 139-140.
  30. Parmentelat 2010, p. 140-141.
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  35. « Les milieux rocheux - DREAL Grand Est » [PDF], sur DREAL Grand Est (consulté le ).
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  59. Hervé Parmentelat, « Atlas des orchidées du département des Vosges », p. 59-61.
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  61. Parmentelat 2010, p. 74
  62. Parmentelat 2010, p. 75
  63. Parmentelat 2010, p. 76
  64. http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/reserve-naturelle-de-la-tourbiere-de-machais-a18255.html La Réserve Naturelle de la Tourbière de Machais]
  65. Les tourbières en Haute-Saône
  66. [PDF] Brochure Les tourbières, un milieu à préserver... Du constat à l’action en Franche-Comté
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  72. RĂ©serve naturelle du Tanet-Gazon du Faing
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  75. [PDF] Pédoanthracologie, dynamiques de végétation et anthropisation dans les Hautes-Vosges (Massif du Rossberg, Haut-Rhin, France), 2007.
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  85. Tela botanica - Description de Hieracium vogesiacum
  86. Répertorié dans les Hieracium de l'herbier G. Ochsenbein.
  87. Description de Selinum pyrenaeum sur le site de La Société d’études scientifiques de l’Aude
  88. Description de Selinum pyrenaeum
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  93. Parmentelat 2010, p. 115.
  94. Parmentelat 2010, p. 116.
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  96. Parmentelat 2010, p. 118, 119, 121.
  97. Muller 2006.
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