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Flore de l'Australie

La flore australienne est constituĂ©e d'un vaste ensemble estimĂ© Ă  plus de 20 000 espèces de plantes vasculaires, 14 000 espèces de plantes non vasculaires. On y compte aussi 250 000 espèces de champignons et plus de 3 000 espèces de lichens. Cette flore a de fortes ressemblances avec celle du Gondwana. Elle prĂ©sente, au-dessous du niveau de la famille, une part importante de taxons d'angiospermes endĂ©miques dont la diversitĂ© a Ă©tĂ© façonnĂ©e par les effets de la dĂ©rive des continents et des changements climatiques depuis le CrĂ©tacĂ©. Les caractères marquants de la flore australienne sont les adaptations de nombreuses espèces Ă  la sècheresse (plantes sclĂ©rophylles) et aux feux (plantes sĂ©rotiniques). Ces adaptations sont courantes chez les espèces appartenant Ă  de grandes familles bien connues comme les Proteaceae (Banksia), les Myrtaceae (Eucalyptus) et les Fabaceae (Acacias ou mimosas).

Forêt d'eucalyptus dans l'État de Victoria.
ForĂŞt d'eucalyptus dans les Blue Mountains.

La colonisation de l'Australie par les Aborigènes, il y a plus de 40 000 ans, et par les EuropĂ©ens Ă  partir de 1788, a eu un impact significatif sur la flore. La pratique du brĂ»lis par les Aborigènes a entraĂ®nĂ© au fil du temps des changements importants dans la distribution des espèces vĂ©gĂ©tales. La modification ou la destruction Ă  grande Ă©chelle de la vĂ©gĂ©tation pour l'agriculture et le dĂ©veloppement urbain depuis 1788 ont altĂ©rĂ© la composition de la plupart des Ă©cosystèmes terrestres, conduisant Ă  l'extinction de 61 espèces de plantes et en mettant en danger plus de 1 000 autres.

Origines

La forêt ombrophile de Tasmanie est considérée comme une relique du Gondwanan.
Fleurs de Xanthorrhoea sur un tronc brûlé.

À la fin du secondaire, au Crétacé, l'Australie faisait partie du sud du supercontinent Gondwana, qui comprenait aussi l'Amérique du Sud, l'Afrique, l'Inde et l'Antarctique. La plupart de la flore actuelle de l'Australie a ses origines à cette époque ancienne, quand le pays était couvert de forêts humides subtropicales. Les fougères et les gymnospermes actuels ressemblent encore beaucoup à leurs ancêtres du Gondwana[1] et des espèces d'angiospermes du Crétacé telles que Nothofagus ou des plantes des familles des Myrtaceae et des Proteaceae poussent encore en Australie[2].

Le Gondwana commença à se disloquer, il y a un peu plus de 140 Ma. Il y a 50 Ma, à l'Oligocène, l'Australie se sépara de l'Antarctique et commença à dériver vers le nord-est puis, au Miocène il y a environ 5,3 Ma, la frontière nord de la plaque australienne se mit à entrer en subduction sous les plaques pacifique et eurasienne. Par suite de cette dérive, le climat changea progressivement : un courant océanique se développa autour de l'Antarctique et au sud de l'Australie, les précipitations diminuèrent, il y eut un lent réchauffement du continent et commença à s'installer un climat chaud et sec[3]. L'isolement géographique et la sècheresse conduisirent au développement d'une flore complexe et originale. L'étude de l'évolution des pollens entre 25 et 10 Ma permet d'imaginer la rapide prolifération d'espèces adaptées à ce type de climat comme les Eucalyptus, les Casuarina, les Allocasuarina, les Banksia et les Faboideae, et le remplacement des forêts subtropicales par des forêts plus clairsemées; la sècheresse entraina par endroits la disparition des arbres et provoqua l'apparition des premières prairies à l'Eocène. Le rapprochement avec la plaque Eurasienne permit l'entrée de nouvelles espèces comme le Lepidium et les Chenopodiaceae[4].

La sĂ©cheresse, la faible teneur des sols en nutriments conduisirent au dĂ©veloppement d'une flore originale et les quelques familles qui s'adaptèrent le mieux Ă  ces conditions, comme celles des acacias et des eucalyptus, se rĂ©pandirent sur le continent en donnant un grand nombre d'espèces. Des feuilles Ă©paisses avec une cuticule, un mĂ©canisme de photosynthèse en C4 pour les dicotylĂ©dones et en CAM pour les monocotylĂ©dones permettent aux plantes de rĂ©duire leurs pertes en eau. La sĂ©cheresse s'est accompagnĂ©e d'une augmentation des feux de forĂŞt et ces feux ont jouĂ© un rĂ´le dans l'apparition, le dĂ©veloppement et la rĂ©partition d'espèces adaptĂ©es aux incendies Ă  la fin du plĂ©istocène. Une augmentation depuis 38 000 ans des bois brĂ»lĂ©s trouvĂ©s dans les sĂ©diments a Ă©tĂ© corrĂ©lĂ©e avec l'arrivĂ©e des premiers aborigènes et l'on pense que la pratique des brĂ»lis a jouĂ© un rĂ´le important dans le dĂ©veloppement des forĂŞts sclĂ©rophylles surtout sur la cĂ´te est de l'Australie[5]. Les adaptations au feu se traduisent par un dĂ©veloppement des lignotubers et de bourgeons Ă©picormiques chez les Eucalyptus et les Banksia permettent une rĂ©gĂ©nation rapide après le feu. Quelques genres de plantes ont adoptĂ© la sĂ©rotinie et ne libèrent leurs graines qu'Ă  la chaleur et /ou la fumĂ©e. Les Xanthorrhoea ne fleurissent pas toutes les annĂ©es par contre ils donnent une floraison abondante au printemps qui suit un feu de forĂŞt. Quelques espèces d'orchidĂ©es ne fleurissent qu'après un incendie[6].

Types de végétation

"Hummock grassland", les "hummocks" verts sont des Triodia pungens et les gris-bleu des Triodia basedowii.

La flore australienne peut être divisée en groupes caractéristiques de végétation. Le principal facteur influençant ces groupes est la hauteur des précipitations suivi par la température qui joue sur les besoins en eau des plantes[7]. Plusieurs découpages de complexité variable ont été conçus, le plus récent a été développé par "the Natural Heritage Trust". Il divise la flore australienne en 30 grands groupes et 67 sous-groupes[8].

Selon ces découpages, les types de végétation les plus fréquents sont ceux adaptés aux conditions arides dans les zones qui n'ont pas été trop détruites par les activités agricoles. La végétation dominante correspond aux prairies de broussailles ("the hummock grasslands") que l'on rencontre en abondance dans les zones arides de l'Australie-Méridionale, de l'Australie-Occidentale et du Territoire du Nord. Elle représente 23 % de la végétation endémique australienne, avec des espèces végétales prédominantes du genre Triodia. le genre Zygochloa se rencontre dans les zones sablonneuses de l'intérieur du pays comme le désert de Simpson.

Un peu plus de 39 % des zones de végétation endémique sont couverts par des :

  • bois clairsemĂ©s (woodlands) d'eucalyptus. On les trouve dans les zones de passage entre les hummock grasslands et les zones plus humides mais oĂą les conditions climatiques ne sont pas suffisamment favorables et limitent la croissance des arbres. Ces zones boisĂ©es peuvent avoir au niveau du sol une couverture gĂ©nĂ©rale de prairies et/ou de broussailles. La variĂ©tĂ© la plus rĂ©pandue d'eucalyptus dans ce type de vĂ©gĂ©tation est Eucalyptus camaldulensis (Gommier rouge) que l'on rencontre le long de la majoritĂ© des cours et des plans d'eau de l'intĂ©rieur du pays. La plus grande partie de ce type de vĂ©gĂ©tation se trouve au Queensland.
Un bois d'acacias ou mulga. Les plus grands arbres mesurent 7 m de haut.
L'Australie abrite encore quelques très grands arbres.

D'autres zones de vĂ©gĂ©tation occupent des surfaces plus limitĂ©es, infĂ©rieures Ă  70 000 km² : ce sont les forĂŞts humides tropicales et tempĂ©rĂ©es; les fourrĂ©s de plantes grimpantes, les forĂŞts de grands eucalyptus, les forĂŞts de Callitris' et celles de filaos, les bois et les landes.

Plantes vasculaires

L'Australie possède plus de 20 000 espèces de plantes vasculaires, que ce soit angiospermes, gymnospermes ou fougères et apparentĂ©es[9]. Parmi elles, 11 % sont des espèces importĂ©es, le reste est formĂ© d'espèces endĂ©miques ou indigènes au pays[10]. La flore des plantes vasculaires a Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©e de façon approfondie, le rĂ©sultat de ces travaux est actuellement publiĂ© dans la revue Flora of Australia. Une liste des familles de plantes vasculaires prĂ©sentes en Australie est aussi disponible dans la classification de Cronquist[11].

Dans les classifications taxonomiques jusqu'au niveau des familles, la flore d'Australie est assez semblable à celles du reste du monde; la plupart des familles sont représentées dans la flore australienne à l'exception des cactées, des Betulaceae et de quelques autres familles tandis que 9 familles sont trouvées uniquement en Australie[12] - [13]. Plus de 85 % de la flore vasculaire australienne est considérée comme endémique[14]. Ce fort pourcentage de plantes vasculaires endémiques en Australie est largement attribuable à l'importance de certaines familles comme les Proteaceae, Myrtaceae et les Fabaceae.

Angiospermes

Les plus importantes familles d'angiospermes australiennes
Famille % de la flore totale1 Principaux genres
Fabaceae 12.0 Acacia, Daviesia, Glycine
Myrtaceae 9.3 Corymbia, Eucalyptus, Melaleuca, Leptospermum
Asteraceae 8.0 Goodenia, Olearia
Poaceae 6.5 Triodia
Proteaceae 5.6 Banksia, Hakea, Grevillea
Cyperaceae 3.3 Cyperus
Orchidaceae 3.0 Caladenia, Pterostylis
Ericaceae 2.1 Leucopogon, Epacris
Euphorbiaceae 2.0 Ricinocarpos
Rutaceae 1.8 Boronia, Correa, Citrus
1 en % du nombre total d'espèces

Data from Orchard modified to AGPII classifications[9].

Anigozanthos flavidus.

Les monocotylédones

La flore indigène d'Australie contient beaucoup de monocotylédones.

La famille qui a le plus d'espèces est celle des Poaceae (graminées) qui comprend le bambou Bambusa arnhemica, l'ubiquitaire spinifex trouvé sur toutes les côtes et dans les régions arides, les genres Triodia et Plectrachne.

L'Australie possède plus de 800 espèces d'orchidées[15]. Environ un quart d'entre elles sont épiphytes et ne se rencontrent que sur la côte est de la Tasmanie. Les orchidées terrestres se rencontrent presque partout et la majorité d'entre elles sont des plantes caduques : les parties aériennes meurent pendant la saison sèche et la plante repart du pied à la saison des pluies.

D'autres familles ont des représentants bien connus dans les paysages australiens :

Les arbres monocotylédones comme les Xanthorrhoea, le Pandanus de la famille des Pandanaceae et les Arecaceae sont répandus dans le pays. Il y a environ 57 espèces de palmiers originaires d'Australie et parmi eux 79 % ne se rencontrent que là[16]. Livistona est un palmier un peu à part : on le trouve plus facilement dans les gorges et les bois de l'intérieur du pays que dans les régions tropicales.

Les dicotylédones

Les dicotylédones forment le groupe des angiospermes le plus diversifié. Les espèces de plantes les plus connues d'Australie viennent de trois de leurs familles : les Myrtaceae, les Proteaceae et les Fabaceae.

  • Les proteacĂ©es sont aussi des arbres dont certains genres sont bien connus comme les Banksia, Dryandra, Grevillea, Hakea, le tĂ©lopĂ©a et la seule plante d'origine australienne qui soit commercialisĂ©e pour l'alimentation : le macadamier ou "noyer du Queensland".

Beaucoup de familles de plantes qui poussent en Australie sont célèbres pour leur floraison qui suit la saison des pluies. Parmi elles, celle des Asteraceae avec notamment la sous-famille des Gnaphalieae, celle des Rutaceae, avec les Boronia et l' Eriostemon, les Myoporaceae avec l'Eremophila,les Ericaceae avec l'emblème floral de l'État de Victoria : Epacris impressa.

Parmi les plus anciennes familles d'angiospermes arborescentes figurent les Casuarinaceae, qui comprennent différentes espèces de filaos et les Fagaceae représentées en Australie par trois espèces de Nothofagus. Les rosales ligneuses sont surtout connues par la famille des Moraceae - dont les principales espèces sont le Figuier de la baie de Moreton et le Figuier de Port Jackson- et celle des Urticaceae dont les membres contiennent plusieurs arbustes aux feuilles urticantes dont le plus puissant est Dendrocnide moroides. On a aussi de nombreuses espèces de Santalaceae notamment le quandong et Exocarpos cupressiformis dont les fruits comestibles ressemblent à des cerises. Le Brachychiton rupestris appelé « arbre-bouteille » à cause de la forme de son tronc est l'une des trente espèces de Brachychiton de la famille des Malvaceae. On trouve aussi environ 75 espèces de plantes parasites de la famille des Loranthaceae dont l'un des plus célèbres est le Nuytsia floribunda appelé communément l’« arbre de Noël de l'Australie-Occidentale ».

Les marais salants sont couverts par des espèces de plantes résistantes au sel (« halophiles ») et à la sècheresse (« sclérophylles »). La plupart de ces plantes sont des Amaranthaceae avec notamment les genres Atriplex, Maireana et Chenopodium. Beaucoup de ces plantes ont des feuilles succulentes comme en ont aussi les plantes d'autres genres australiens tels que Carpobrotus,Calandrinia et Portulaca. La plupart des Euphorbiaceae australiennes ont des tiges succulentes bien que les plus célèbres d'entre elles, le genre Ricinocarpos n'en aient pas.

Les plantes carnivores qui habitent les endroits humides sont représentées par quatre familles : les Droseraceae, les Lentibulariaceae, les Cephalotaceae, endémiques en Australie-Occidentale et les Nepenthaceae.

Plantes aquatiques

L'Australie possède 51 000 km² de prairies marines et le plus grand nombre d'espèces d'angiospermes "aquatiques" - mono ou dicotylĂ©dones - au monde. On en trouve 22 espèces dans les zones tempĂ©rĂ©es, 15 dans les zones tropicales alors qu'on ne connait que 70 espèces au monde de ce type de plantes[17]. Les dicotylĂ©dones se retrouvent surtout dans les arbres des mangroves. En Australie, on trouve 39 espèces d'arbres poussant dans ces mangroves qui couvrent plus de 11 500 km² et font de la mangrove australienne la troisième au monde[18]. Les autres dicotyledones poussant dans l'eau de mer comprennent des Nymphaeaceae et des Myriophyllum.

Gymnospermes

Il y a 69 espèces de Cycadophyta réparties en 4 genres et 3 familles qui sont toutes endémiques en Australie et rencontrées presque uniquement dans les forêts de l'est et du nord de l'Australie avec quelques-unes dans le sud-ouest et le centre de l'Australie.

Les conifères sont répartis en 3 familles, 14 genres et 43 espèces parmi lesquelles 39 sont endémiques. La plupart de ces espèces poussent dans les régions montagneuses humides et sont les mêmes que leurs ancêtres du Gondwana avec les genres Athrotaxis, Actinostrobus, Microstrobos, les espèces Microcachrys tetragona, Diselma archeri et le pin Huon (Lagarostrobos franklinii). Le genre Callitris est une exception remarquable : toutes les espèces de ce genre poussent dans les régions sèches[19]. Une nouvelle espèce de conifère « fossile », le pin de Wollemi a été découverte et décrite pour la première fois en 1994.

Fougères et apparentées

Fougères arborescentes dans le parc national Werrikimbe en Nouvelle-Galles du Sud.

On trouve des fougères un peu partout en Australie mais le plus grand nombre se rencontre dans les régions tropicales ou subtropicales ayant de fortes précipitations. L'Australie possède 30 familles, 103 genres et 390 espèces de fougères indigènes auxquelles il faut ajouter 10 espèces importées.

À côté des fougères, on trouve 44 espèces de psilophytes de prêles et de lycophytes[19].

Comme ces plantes ont besoin d'eau pour se reproduire, on les trouve surtout dans les bois et forêts des régions humides. Certaines vivent au bord de l'eau, d'autres sont épiphytes (Platycerium, Huperzia et Asplenium), d'autres poussent sur la terre ferme comme les fougères arborescentes des genres Cyathea et Dicksonia.

Plantes non-vasculaires

Algues

Si l'on prend l'ensemble des algues, mono ou pluricellulaires, d'eau douce ou de mer, si l'on considère que les cyanobactĂ©ries sont des algues, on connait 10 000 Ă  12 000 espèces d'algues australiennes[20]. Mais la connaissance de cette flore est très parcellaire et variable : pour le phytoplancton et les algues du Nord de l'Australie, on souffre du manque de recueils d'Ă©chantillons; pour les algues d'eau douce, les descriptions sont très incomplètes quant aux algues terrestres, elles ont Ă©tĂ© complètement nĂ©gligĂ©es[21].

Bryophytes

Les mousses, hĂ©patiques et anthocĂ©rotes poussent dans les rĂ©gions tropicales, tempĂ©rĂ©es et en montagne; quelques-unes se sont adaptĂ©es aux conditions des zones arides et semi-arides de l'Australie. On connait un peu moins de 1 000 espèces de mousses (les cinq principaux genres connus sont les Fissidens, Bryum, Campylopus, Macromitrium et Andreaea[22]) et un peu plus de 800 espèces - dans 148 genres -d'hĂ©patiques et d'anthocĂ©rotes[23].

Champignons et lichens

Champignons

Sur les 250 000 espèces de champignons que l'on pense avoir en Australie, seulement 5 % d'entre elles ont Ă©tĂ© dĂ©crites. Les connaissances sur les distributions, les milieux de croissance, les habitats sont bien maigres en dehors des espèces de champignons vĂ©nĂ©neux[24].

Lichens

Les Lichens sont composĂ©s la plupart du temps d'un Ascomycète (un champignon) et d'une algue verte unicellulaire. Leur classification est basĂ©e sur le champignon. La flore des lichens australiens y compris celle des Ă®les Christmas, Heard-et-MacDonald, Macquarie et Norfolk comprend Ă  l'heure actuelle 3 238 espèces rĂ©parties en 422 genres. 34 % d'entre elles sont considĂ©rĂ©es comme endĂ©miques[25].

Utilisation et protection de la flore

Utilisation

La flore australienne a été largement utilisée par les aborigènes. Ils utilisaient des centaines d'espèces de plantes pour se nourrir, se soigner, s'abriter, fabriquer des outils et des armes. On prendra comme exemple les racines charnues et riches en féculents de Clematis microphylla utilisées en Australie-Occidentale pour faire une pâte qui était ensuite cuite alors que les feuilles étaient employées comme cataplasmes pour calmer les brûlures et les phlyctènes cutanées[26].

Fleur de Solanum laciniatum.

L'exploitation économique de la flore par les colons européens n'a pas été très intense; elle s'est surtout limitée à l'abattage des arbres pour le bois utilisé pour la pâte à papier ou la menuiserie. Les espèces les plus utilisées ont été les Eucalyptus, le pin Huon, l'Araucaria cunninghamii, les Callitris, le mimosa à bois noir et le bois de santal des espèces Santalum spicatum et Santalum lanceolatum. On peut y ajouter l'exploitation de certaines espèces végétales pour l'alimentation du bétail : on citera les Astrebla, les Atriplex, le Maireana sedifolia, l' Austrodanthonia, les Stipa, les tussacks (divers genres de graminées) et le Themeda triandra.

Jusqu'à récemment, le macadamier était la seule espèce végétale australienne cultivée pour l'industrie alimentaire et le démarrage de la culture commerciale a eu lieu aux îles Hawaii[27]. Une série télévisée populaire en Australie, Bush Tucker Man, a favorisé l'intérêt de la population australienne pour des espèces locales et à l'heure actuelle des études sont menées pour la culture commerciale d' Acacia victoriae (pour ses graines), de Davidsonia, de Eremocitrus glauca, de Microcitrus australasica, de Santalum acuminatum, de Syzygium luehmannii, de Terminalia ferdinandiana, de Kunzea pomifera, de Solanum centrale, de Podocarpus elatus (pour leur fruits); de Tetragonia tetragonoides comme légume vert; d' Acronychia acidula, Backhousia citriodora, Tasmannia lanceolata comme condiments. Quelques plantes sont utilisées par l'industrie pharmaceutique : le genre Duboisia pour la production de scopolamine (anticholinergique) et de hyoscyamine (parasympathicolytique), les espèces Solanum aviculare et Solanum laciniatum pour celle de la solasodine. Les huiles essentielles de Melaleuca, Callitris, Prostanthera, Eucalyptus et Eremophila sont aussi utilisées en médecine. Enfin en raison du caractère remarquable de leurs fleurs et/ou de leurs feuilles, un certain nombre de plantes sont cultivées pour les fleuristes.

Entre 2000 et 2013, 22 % des forets intactes (paysage « naturel » considéré comme à la fois non artificiellement morcelé et non dégradé) australiennes ont été détruites. Le rythme de la déforestation tend à s’accélérer[28]

Protection

La modification de l'environnement par les aborigènes puis par les colons europĂ©ens ont eu un effet notable sur la rĂ©partition et la distribution de la flore. Les changements depuis 1788 ont Ă©tĂ© rapides : le dĂ©placement des populations aborigènes a interrompu le rĂ©gime des brĂ»lis qui Ă©tait utilisĂ© depuis des milliers d'annĂ©es; l'exploitation des forĂŞts a modifiĂ© la rĂ©partition des espèces des forĂŞts primitives; des marais ont Ă©tĂ© assĂ©chĂ©s; de grandes zones ont vu leur vĂ©gĂ©tation dĂ©truite pour la mise en culture, l'Ă©levage ou l'urbanisation ce qui a entrainĂ© une salinisation des sols Ă  cause de l'irrigation, une augmentation de la pollution des cours d'eau (qui se sont trouvĂ©s enrichis en sels, sĂ©diments et rĂ©sidus d'engrais et produits chimiques). Tout ceci a entrainĂ© une diminution de la biodiversitĂ© de la flore australienne[29]. L'introduction, volontaire ou accidentelle, d'espèces vĂ©gĂ©tales ou animales dans un milieu aussi fragile est une menace sĂ©vère pour la flore du pays. Vingt espèces vĂ©gĂ©tales importĂ©es ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©es comme nuisibles[30]. Depuis l'arrivĂ©e des europĂ©ens en Australie, 61 espèces de plantes sont considĂ©rĂ©es comme disparues, 1 239 sont considĂ©rĂ©es comme menacĂ©es[31].

Devant cette situation, le gouvernement a crĂ©Ă© dans chaque Ă©tat ou territoire des zones protĂ©gĂ©es. Cela peut ĂŞtre des parcs nationaux, des rĂ©serves, les 64 marais enregistrĂ©s dans la "Ramsar Convention" et les 16 sites classĂ©s au patrimoine mondial de l'humanitĂ©. En 2002, 10,8 % (774 619 km²) de la totalitĂ© de la superficie de l'Australie est en zone protĂ©gĂ©e[32]. Des zones de protection marine ont aussi Ă©tĂ© crĂ©Ă©es en de nombreux endroits et elles reprĂ©sentent, toujours en 2002, environ 7 % (646 000 km²) des eaux territoriales australiennes[33].

La législation australienne prévoit la protection de la plupart des espèces. La loi fédérale Environment Protection and Biodiversity Conservation Act a été votée en 1999 pour permettre à l'Australie de remplir ses engagements en tant signataire de la Convention sur la diversité biologique de 1992. Cette loi protège la totalité de la faune native et prévoit l'identification et la protection des espèces menacées. Chaque État et chaque Territoire dispose d'une liste règlementaire de ses espèces menacées.

Le comité scientifique pour la protection des espèces menacées, émanation du gouvernement australien, a identifié quinze types d'écosystèmes menacées et 85 écosystèmes caractéristiques de l'Australie qui ont été classés par l'I.B.R.A. et l'on vérifie que chaque type d'écosystème possède au moins une zone de protection[34] - [35].

À plus large échelle, une opération consistant à cataloguer toutes les espèces vivant en Australie a été entreprise. Il s'agit là d'une étape clé pour la conservation de la faune et de la biodiversité australienne. En 1973, le gouvernement fédéral a lancé l'Australian Biological Resources Study (ABRS - étude des ressources biologiques australiennes). Ce projet a pour but de coordonner la recherche en matière de taxinomie, d'identification, de classification et de distribution de la flore et de la faune. L'ABRS alimente une base de données en ligne gratuite qui catalogue une grande partie de la faune et de la flore australienne décrite.

Les fleurs emblématiques de l’Australie

La fédération australienne et chaque État ou Territoire possède une fleur symbolique.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Thiele, K. R. and Adams, A. G. eds. 2002. Families of flowering plants of Australia. ABRS/CSIRO Publishing (ISBN 0-643-06721-3)
  • Smith, J. M. B. ed 1982. A history of Australasian vegetation. McGraw Hill (ISBN 0-07-072953-0)
  • Orchard, A. E. ed. 1999. Flora of Australia - Volume 1, 2nd edition. ABRS/CSIRO (ISBN 0-643-05965-2)

Liens externes

Références

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  2. Dettmann, M. E. and Jarzen, D. M. 1990. The Antarctic/Australian rift valley: Late Cretaceous cradle of Northeastern Australasian relicts? Review of Palaeobotany and Palynology 65:131-144.
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  8. Natural Heritage Trust. 2001. Australia's native vegetation: a summary of the National Land and Water Resources Audit's Australian vegetation assessment 2001. National Land and Water Resources Audit (ISBN 0-642-37128-8). The 2001 version has been updated as of 2006.
  9. Orchard, A. E. 1999. Introduction. In A. E. Orchard, ed. Flora of Australia - Volume 1, 2nd edition, p. 1-9. ABRS/CSIRO
  10. Hnatiuk, R.J. 1990. Census of Australian Vascular Plants. AGPS (ISBN 0-644-11606-4)
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