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Financement et dette du secteur ferroviaire en France

Cet article traite du financement du secteur ferroviaire en France. Le thème de la « dette ferroviaire » est apparu dans les médias grand public à l'occasion du débat sur la réforme ferroviaire en juin 2014. Le secrétaire d'État aux transports d'alors, Frédéric Cuvillier, déclarait ainsi que la dette qui « s'impose à nous [...] rend la réforme nécessaire »[1].

Cet article a pour vocation de présenter la situation jusqu'en 2014 du financement du secteur ferroviaire de la France, en en rappelant l'évolution récente et en discuter les enjeux.

Le financement du secteur ferroviaire de l'origine jusqu'aux années 1990

Les premiers temps

Le chemin de fer est apparu en France au début du XIXe siècle. Les premières lignes ont été d'initiative entièrement privée, réalisées et financées par des entrepreneurs. Elles répondaient à des besoins de transport de marchandises ou de minerai. À la fin des années 1830, le réseau français restait limité à quelques courtes lignes dispersées sur le territoire. Prenant acte de l'importance des investissements à mobiliser avant d'espérer un retour financier, la première loi d'ensemble sur le réseau, la loi de 1842 [2] arrête le principe selon lequel l'État financerait « sur ses fonds » l'ensemble des infrastructures et stations des lignes, les compagnies à qui seraient données « à bail » l'exploitation des lignes ne gardant à leur charge que les investissements de la voie - y compris le ballast de pose - et du matériel roulant. Pour ce faire, les compagnies de chemin de fer étaient autorisées à faire appel à l'épargne publique, soit par émissions d'actions, soit - et cela deviendra le mode de financement très prépondérant - par l'émission d'obligations, portant un intérêt fixe et dont le remboursement est prévu dans la période de concession. Ce mode de financement qui reporte le remboursement du capital en fin de période, au moment où il est attendu des lignes construites une croissance du trafic et des recettes à même de le permettre est adapté à de longues durées. Après la crise de 1847 et qu'il ait tenté diverses autres modalités d'intervention, l'État choisira d'accorder sa garantie à ces obligations, rassurant ainsi les prêteurs, et sans coût immédiat pour les finances publiques.

Dans les faits, devant le grand succès de ce nouveau mode de transport, les compagnies se proposèrent pour financer une part importante de l'infrastructure en contrepartie de l'octroi de concessions de longue durĂ©e et, après que les financements de l'État eurent « amorcĂ© » la rĂ©alisation des premières grandes lignes (Paris-Dijon-Lyon en particulier), le financement de l'infrastructure par les compagnies privĂ©es devint très majoritaire. Ă€ la fin de 1883, alors que le rĂ©seau exploitĂ© atteint 26 000 km, 12,200 milliards de francs y ont Ă©tĂ© investis dont 8,971 apportĂ©s par les compagnies[3]. C'est ce montant investi par les compagnies - pour sa part emprunt - qui constitue l'origine de la dette ferroviaire proprement dite.

Avec le développement du réseau, cette dette continuera de croître : le rythme de nouveaux emprunts nécessaire pour construire de nouvelles lignes est bien supérieur à celui des remboursements. L'ampleur des investissements nécessaires pour la création des lignes fait que les charges financières représenteront jusqu'à 45 % des dépenses[4] dans les comptes des compagnies. Avant la Première guerre mondiale, l'industrie des chemins de fer présente une importance économique considérable : la capitalisation boursière des compagnies représentera jusqu'à 42 % de la capitalisation de la Bourse de Paris en 1900 et les émissions d'obligations entre 40 et 70 % du total des obligations émises sur le marché national. Cette dette étant garantie par l'État, elle est très sûre et les obligations des chemins de fer sont très populaires auprès des petits épargnants. Pour autant, jusqu'en 1914 et malgré les faillites de la compagnie de l'Ouest et de quelques lignes secondaires, la dette ferroviaire est bien vue comme « amortissable ». Avec les marges dégagées par l'exploitation, les compagnies elles-mêmes doivent assurer le remboursement des emprunts. L'État ne contribue pas aux dépenses d'exploitation : au contraire, les contrats de concession comprennent des contraintes commerciales : tarifs maximaux, obligation de transporter, tarifs réduits pour les militaires, etc. A l'issue des concessions, outre le droit d'exploiter les infrastructures concédées, qui sont sa propriété depuis le départ, les matériels roulants lui seront remis gratuitement et i'État sera à même d'exploiter lui même les lignes. De plus au titre de ses pouvoirs généraux, il prescrit des normes techniques pour la sécurité et la qualité de service et fixe des règles sociales supérieures à la norme commune (lois sur la retraite des cheminots de 1909 et 1911).

L'équilibre financier des compagnies repose sur la péréquation interne : les bénéfices des « bonnes » lignes - fréquentées et dont la construction est amortie - permettent de compenser les pertes des moins bonnes. Cet équilibre est fragile et à la merci des décisions des gouvernements. Ceux-ci, soucieux de faire profiter l'ensemble du territoire d'une desserte ferroviaire, forcent en effet l'extension du réseau sur des lignes de moins en moins fréquentées. Pour autant, même si l'État est amené à accorder des avances remboursables à certaines compagnies, de fait, avant la guerre de 1914, la dette ferroviaire n'est pas en tant que telle une préoccupation.

L'entre deux guerres

L'Ă©quilibre Ă©conomique du secteur ferroviaire sera totalement bousculĂ© par la guerre de 1914-1918 qui aura de très nombreuses consĂ©quences : dommages aux installations, prioritĂ© donnĂ©e dans l'exploitation aux objectifs militaires, inflation gĂ©nĂ©rale (les prix triplent Ă  peu près entre 1913 et 1919). De plus, Ă  partir de 1919, la loi des 8 heures est appliquĂ©e de manière très rigide et conduit Ă  une perte de productivitĂ© considĂ©rable (les effectifs salariĂ©s passent de 350 000 Ă  450 000 cheminots). Certes, l'inflation fait fondre la dette en valeur rĂ©elle, mais l'augmentation des charges n'Ă©tant pas compensĂ©e par un relèvement des tarifs proportionnel, elle entraĂ®ne les compagnies dont le rĂ©seau est le moins frĂ©quentĂ© dans un dĂ©ficit rĂ©current. Ce dĂ©ficit sera d'autant plus gĂŞnant que les perspectives de fin prochaine des concessions les empĂŞchent d'emprunter sur de longues durĂ©es. Ă€ partir de 1921, l'État organisera un fonds commun entre les compagnies et assurera une partie du service de la dette, mais cette mesure se rĂ©vĂ©lera insuffisante dans la tourmente de la grande crise des annĂ©es 1930.

La SNCF

Finalement, l'État reprend la main et nationalise les compagnies en crĂ©ant en 1937 la SNCF sociĂ©tĂ© d'Ă©conomie mixte dont il a la majoritĂ©, qui reprend leurs droits et obligations. La convention qui la crĂ©e lui donne une capacitĂ© d'emprunt en reportant de manière uniforme le terme de l'ensemble des concessions Ă  la fin de l'annĂ©e 1982. De plus elle prĂ©voit que l'État assure au dĂ©part son Ă©quilibre financier en lui versant des annuitĂ©s compensatrices, destinĂ© Ă  combler le dĂ©ficit constatĂ©. Ce principe d'une subvention d'Ă©quilibre neutralise provisoirement tout impact potentiel d'un dĂ©ficit d'exploitation annuel sur la dette, qui se trouve amortie au rythme naturel d'Ă©chĂ©ance des emprunts existants. Le montant de la subvention est maĂ®trisĂ© par la fermeture, ou l'arrĂŞt des travaux, dès 1938 de 5 488 km de « petites » lignes.

Certes, la convention stipule que l'équilibre « intégral » de l'ensemble des dépenses et des recettes de la société nationale devra être « assuré au plus tard pour l'exercice 1943 »[5]. Mais d'autres événements bien plus graves reporteront la mise au point d'un plan de redressement ; en réalité la SNCF, toute jeune société d'économie mixte, ne connaîtra pas même deux ans complets d'exploitation avant la Seconde guerre mondiale.

Après celle-ci, les principes provisoires de la convention de 1937 resteront appliquĂ©s. L'État, par des contributions publiques diverses : indemnitĂ© compensatrice, subventions d'investissement, compensations de tarifs sociaux, contribution aux charges d'infrastructure, subvention pour retraites, etc., assurera l'Ă©quilibre intĂ©gral des comptes de la SNCF. Aux toutes premières annĂ©es de l'après-guerre, la SNCF prĂ©sentera mĂŞme des comptes positifs ; mais la situation est exceptionnelle : pneus et carburant Ă©tant rationnĂ©s et le parc routier n'Ă©tant pas reconstituĂ©, la SNCF est en quasi-monopole sur le marchĂ© des transports Ă  moyenne et longue distance tout en bĂ©nĂ©ficiant d'un financement intĂ©gral de la reconstitution de ses infrastructures et du matĂ©riel roulant par le Plan Marshall. Très vite, les dĂ©ficits rĂ©-apparaissent et, Ă  partir de 1949, le financement public concernera mĂŞme - dans un premier temps de manière exceptionnelle - l'exploitation courante et plus seulement l'investissement. C'est en fait la loi de finances de 1952 qui acte un financement pĂ©renne par l'État de l'exploitation en autorisant une modification de la convention de 1937 qui permet la prise en charge par l'État de 60 % des dĂ©penses de maintenance du rĂ©seau et du dĂ©sĂ©quilibre du rĂ©gime de retraites dĂ©coulant de la baisse des effectifs. En 1955, les concours publics Ă  l'exploitation atteignent 100 milliards de francs - dont 60 milliards de « subvention d'Ă©quilibre » - sur 470 milliards de francs de dĂ©penses d'exploitation.

La dette ferroviaire proprement dite est maîtrisée et les charges financières restent inférieures à 5 % des dépenses de la SNCF. En fait, à travers l'indemnité compensatrice, l'État assure l'équilibre ex post des comptes et les emprunts ne sont nécessaires que pour les investissements dépassant la capacité d'autofinancement. Or, la SNCF est alors en priorité un transporteur de marchandises (en 1973 encore, le trafic fret représente 60 % de l'activité) et il y a peu d'investissements : les wagons sont pour nombre d'entre eux, notamment les wagons spécialisés, des wagons privés, les investissements d'infrastructure sont limités aux travaux de modernisation (électrification) et d'extension - les règles comptables des concessions dont est titulaire la SNCF classant les travaux de renouvellement comme des charges d'exploitation courante ; les grands travaux se concentrent sur la banlieue parisienne qui relèvent d'un régime de subventions spécifiques à travers le Comité des transports parisiens mis en place par l'État dès 1938. enfin, l'inflation qui avait divisé par 20 la dette d'avant-guerre continue d'être élevée et continue d'éroder régulièrement la valeur réelle de la dette.

En réalité, à travers le mécanisme d'indemnité compensatrice - et cela lui sera reproché - la SNCF n'est soumise à aucune véritable contrainte d'ordre financier[6].

À la suite du rapport Nora (1967), qui recommande à la puissance publique de clarifier ses relations avec les entreprises publiques par la mise en œuvre d'une contractualisation et de leur imposer comme premier critère de gestion l'équilibre financier, la SNCF signa un contrat de programme (1969-1973, prolongé en 1975) avec l'État. Celui-ci s'accompagna début 1971 d'une modification du cahier des charges de 1937 sur trois points majeurs : plus grande autonomie de gestion - en matière tarifaire ou de desserte de lignes secondaires notamment, financement par l'État ex ante des sujétions particulières (charges de retraites, entretien des infrastructures) et prise en charge ex ante du coût d'obligations de service public contractualisées. En banlieue parisienne néanmoins, le système de l'indemnité compensatrice perdurera jusqu'à la fin des années 1990. En contrepartie de cette autonomie accrue et de la clarification du financement de l'État, la SNCF s'engage à équilibrer ses comptes à partir de 1974.

MalgrĂ© ces mesures de restructuration de la SNCF, le financement public ne fit que croĂ®tre pour atteindre au dĂ©but des annĂ©es 1990 38 milliards de francs annuels[6] (Ă  mettre en regard d'un chiffre d'affaires de 56 milliards de francs). Et après la crise de 1974, ces financements croissants n'empĂŞcheront pas la SNCF d'accumuler les dĂ©ficits et de voir sa dette se mettre Ă  « dĂ©raper » : en quinze ans, entre 1976 et 1990[7], son montant passe de 30 Ă  105 milliards de francs. C'est un rĂ©sultat non prĂ©vu - en fait contraire Ă  l'intention initiale - de la libertĂ© de gestion accordĂ©e en 1971 par le nouveau cahier des charges : n'ayant pas pris toutes les mesures de gestion nĂ©cessaires au respect de l'objectif d'Ă©quilibre - et incapable de rĂ©sister Ă  des injonctions contraires de sa tutelle sur les dessertes ou sa politique de ressources humaines, et malgrĂ© son autonomie de gestion - la SNCF a Ă©tĂ© amenĂ©e, car elle le pouvait, Ă  s'endetter pour couvrir des dĂ©ficits courants.

Mais à un niveau de presque deux fois le chiffre d'affaires, la dette de la SNCF devient un sujet de préoccupation par lui-même. D'autant plus que, l'inflation ayant fortement reculé, bien plus que les taux d'emprunt du stock de dette, le coût réel de celle-ci devient très élevé.

Principes d'un financement public du secteur ferroviaire

Justification théorique d'un financement public

Le transport ferroviaire est une activité économique : rien ne s'opposerait donc à ce que ses coûts soient payés entièrement par les bénéficiaires, sans intervention publique. Pourtant, selon François Ecalle, ancien conseiller à;la Cour des comptes, les subventions reçues par la SNCF en 2021 se sont montées à 18,5 milliards d’euros, dont plus de 15 milliards de subventions aux TER, aux transports en Ile-de-France et 3,3 milliards venant combler le déficit du régime spécial des retraites des cheminots. Ces chiffres ne comprennent pas la reprise par l’Etat de 32 milliards d’euros de dettes de l’entreprise entre 2020 et 2022. Ces subvention existent également dans les transports aériens, chez Air France-KLM mais aussi dans certaines compagnies « low cost » qui conditionnent l’ouverture de certaines lignes à l’octroi de subventions par les collectivités locales desservies.

Deux motifs sont parfois avancés pour justifier le financement public de la SNCF, lequel représente donc plus de 50 % de son chiffre d’affaires :

  1. L'intérêt pour les utilisateurs : les utilisateurs du transport ferroviaire paient un prix pour leur transport ; mais ce prix est - forcément - en dessous de la valeur qu'ils accordent à ce transport. L'écart entre cette valeur et le prix payé est le surplus des consommateurs. L’opérateur facturant au voyageur moins que la valeur qu’il retire du service rendu, ceci est parfois présenté comme justifiant un financement public. Mais, d’après la théorie économique, l’existence d’un surplus du consommateur n’est pas le signe d’un mauvais fonctionnement du marché, au contraire. Il existe dans tous les secteurs d’activité et participe à l’augmentation du niveau de vie. Rien ne s’oppose donc à ce que le coût du transport ferroviaire soit intégralement financé par les voyageurs du point du vue de l’intérêt des utilisateurs individuels.
  2. L'intérêt social global : il s'agit là du coût des externalités : pollution, bruit, sécurité, économies de ressources renouvelables, limitation des gaz à effet de serre, etc. supportées par la collectivité mais non (ou mal) pris en compte par les utilisateurs. Par exemple, selon Thalys, les principaux avantages « externes » du Thalys sont les gains de congestion routière, qui ne profitent pas à ceux qui prennent le train… De même lorsque le train utilise la traction électrique, et que l'électricité consommée est produite avec peu d'émissions, un trajet réalisé en train va économiser des emissions de gaz à effet de serre par rapport à un trajet en véhicule à moteur thermique...Pour autant, ce sont des avantages à la collectivité publique.

Ce sont ces avantages globaux à l'ensemble de la collectivité qui justifient l'intervention de la puissance publique et amènent cette notion de service public distincte d'un simple service collectif. Bien entendu, la demande de services publics étant potentiellement illimitée, alors que les financements publics, résultant de prélèvements sur la production nationale, sont par nature limités, le montant des financements accordés doit être mis en regard des avantages attendus pour la collectivité. C'est la théorie de l'économie publique qui se fonde sur un bilan, en général monétarisé[8], des coûts et des avantages pour l'ensemble des acteurs. Une des difficultés conceptuelles posées par la réalisation de ce bilan est de s'accorder sur la monétarisation de ces avantages : quelle valeur faut-il accorder au temps gagné, à la préservation de la biodiversité, au bruit ou aux émissions de gaz à effet de serre ? L'exercice est à la fois difficile et contestable, la mesure des phénomènes n'étant pas directe ( par exemple les émissions de gaz à effet de serre "grises" liées à la production des installations utilisées bien que souvent non négligeables sont difficiles à calculer), les valeurs unitaires reflétant souvent des priorités de nature politique et l'agrégation d'avantages de natures très différente n'étant pas forcément aisée à justifier. Néanmoins une analyse quantitative sur chacune des dimensions (combien de personnes exposées au bruit ? combien de tonnes de CO2 économisées ?) permet cette mise en regard des prélèvements publics en face des avantages attendus.

Cependant, alors que le coût financier d'un service du transport ne dépend que de ses caractéristiques d'offre, ce bilan social des avantages dépend de son environnement - au sens large : deux lignes semblables avec la même capacité, la même vitesse et les mêmes horaires n'auront pas la même utilité sociale selon qu'elles transporteront plus ou moins de voyageurs, qu'elles permettront de gagner plus ou moins de temps sur le trajet, qu'elles traverseront des secteurs plus ou moins sensibles ou que les solutions alternatives seront plus ou moins performantes. Ce dernier point est crucial : au début du chemin de fer, il n'existait pas d'autre mode de transport motorisé et la création d'un service de transport ferroviaire apportait un avantage extrêmement important en temps et qualité de transport. Mais le développement des technologies du transport automobile, collectif ou individuel et plus récemment en auto-partage, et du transport aérien ont contribué à diminuer significativement l'importance de cet avantage. Plus récemment c'est la décarbonation engagée des transports terrestres qui tend à diminuer significativement l'importance de l'avantage "climatique" du transport ferroviaire : au contraire la nécessité d'une infrastructure dédiée dont l'empreinte carbone est structurellement importante[9] tend à réserver le chemin de fer à des lignes suffisamment circulées pour permettre l'amortissement de cette dépense carbone sur un nombre important de déplacements.

En théorie, selon le principe de mutabilité du service public, qui demande d'adapter continuellement le service public aux exigences de l'intérêt général, les modifications des avantages comparatifs devraient amener à réviser régulièrement l'importance du financement des différents services. De fait, la rigidité technique du mode ferroviaire rend cette adaptation peu aisée.

Il faut noter que dans le cadre de politiques sociales de redistribution, l'État et les collectivités locales peuvent décider de prendre en charge le coût des transports ferroviaires de certaines catégories d'usagers. Pour des raisons pratiques, ces aides peuvent prendre la forme de tarifs réduits accordés aux bénéficiaires par la SNCF, celle-ci étant alors chargée de vérifier leur éligibilité. Ce mécanisme, qui simplifie les circuits administratifs par rapport à des aides directes aux catégories d'usagers visées, entraîne des versements directs à la SNCF. Pour autant, ces financements publics ne peuvent, dès lors qu'ils sont vraiment ciblés, tels par exemple les concours apportés par l'État pour les tarifs réduits militaires et les transports de journaux, être considérés comme des financements des transports ferroviaires. En revanche, la généralisation d'aides initialement limitées à des parcours et des publics bien spécifiés - par exemple la transformation de l'abonnement de travail réservé aux ouvriers et employés pour leur parcours domicile-travail en abonnement libre circulation accessible à tous les usagers - en transforme profondément la nature pour en faire des aides au transports publics.

DĂ©ficits et dette

Une entité s'endette lorsqu'elle contracte un emprunt, quelle que soit sa forme. Un prêteur lui avance les liquidités dont elle ne dispose pas au moment elle doit régler des dépenses qu'elle a réalisées : le prêteur attend en retour non seulement le remboursement de la somme avancée, mais également un intérêt qui est la rémunération du service qu'il a rendu en abandonnant l'usage de ses liquidités. Le prêteur prend le risque de défaut : si l'emprunteur se trouve dans l'impossibilité d'honorer ses engagements de paiement des intérêts ou de remboursement de la créance, il perd tout ou partie de ses créances. Il prend en compte ce risque dans le niveau du taux d'intérêt.

D'une manière plus détaillée, on peut distinguer pour une entité industrielle et commerciale produisant des biens et services trois grandes raisons de s'endetter :

  • le besoin en fonds de roulement (BFR) : les recettes ne sont perçues qu'après que certaines dĂ©penses liĂ©es Ă  leur production ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es et ce dĂ©calage entraĂ®ne un besoin permanent en liquiditĂ©s, le fonds de roulement. En matière de transport ferroviaire, par exemple, les rĂ©gions ne paieront leur contribution Ă  la SNCF que sur la base du « service fait », après que les salaires des cheminots ayant produit le service ont Ă©tĂ© payĂ©s ;
  • le financement d'investissements : des investissements prĂ©alables sont souvent nĂ©cessaires pour permettre la crĂ©ation de nouveaux services, dont les recettes sont futures et souvent attendues sur de longues durĂ©es. Il est rare que l'entitĂ© dispose de l'ensemble des fonds pour les rĂ©aliser ; mais si les recettes attendues par cet investissement permettent de rembourser l'emprunt, il est raisonnable de s'endetter. C'est la situation rencontrĂ©e pour les nouvelles lignes (LGV) mais aussi les achats de matĂ©riel roulant et, en fait, tous les investissements ferroviaires. Un investissement non rentable laissera une dette non remboursĂ©e. S'y ajoutent Ă©galement les investissements financiers dans des sociĂ©tĂ©s ; les EPIC ferroviaires stricto sensu procèdent peu Ă  de tels investissements pour leurs activitĂ©s propres, mais le groupe SNCF rĂ©alise rĂ©gulièrement de tels investissements : par exemple, il a pris le contrĂ´le de Geodis, Keolis et ERMEWA ;
  • le dĂ©ficit de l'exploitation : si les recettes totales sont infĂ©rieures aux charges et qu'il n'y a pas de liquiditĂ© disponible, il n'y a pas d'autre solution que d'emprunter. En thĂ©orie, c'est une situation provisoire : elle peut ĂŞtre due Ă  un phĂ©nomène non reconductible ou au contraire nĂ©cessiter des mesures d'adaptation afin que des excĂ©dents puissent rembourser ces dettes.

Dans les faits, ce sont principalement les investissements et les déficits qui sont à l'origine de la variation de la dette, le BFR étant bien connu et peu variable.

L'existence d'une dette, mĂŞme importante, n'est pas un problème en soi. Une entreprise comme Orange a pu voir sa dette monter Ă  plus de 60 milliards d'euros du fait d'investissements très importants sans pour autant disparaĂ®tre ; la question posĂ©e est de savoir si cette dette est « bonne » ou « mauvaise ».

Dans cette perspective, la note réalisée en 2004[10] par la Caisse des Dépôts et Consignations à la demande du rapporteur Hervé Mariton dans le cadre de son rapport sur « La clarification des relations financières entre le système ferroviaire et ses partenaires publics » distingue la « bonne » dette et la « mauvaise » dette des EPIC ferroviaires selon qu'elle est ou non susceptible d'être « remboursée par leur activité ». La bonne dette ferroviaire serait celle qui peut être remboursée. S'agissant de Réseau ferré de France (RFF), la bonne dette serait ainsi celle amortissable à moyen et long terme par les péages reçus pour l'usage du réseau[11]. Au contraire, la mauvaise dette, non amortissable, aurait vocation à être reprise par l'État, propriétaire des opérateurs publics.

Malgré sa simplicité, cette définition pose de nombreux problèmes et n'apparaît pas opératoire, car peu robuste aux variations des hypothèses :

  • ce ne sont donc pas les recettes mais les excĂ©dents d'exploitation qui mesurent la capacitĂ© de remboursement : les Ă©volutions futures de productivitĂ© des acteurs, positives ou nĂ©gatives, et donc des coĂ»ts de production font varier en sens contraire le volume actuel de « bonne dette » ;
  • les opĂ©rateurs ferroviaires reçoivent des financements publics ; dès lors, la dette peut ĂŞtre ou non remboursable selon les mĂ©canismes de financement : un dĂ©ficit peut apparaĂ®tre faute de financement une annĂ©e et crĂ©er de la dette. Mais la qualification en « mauvaise dette » n'en est pas pour autant claire. Par exemple, l'État a laissĂ© RFF inscrire Ă  chacun de ses budgets de 2001, 2002 et 2003 des dotations en capital de 1,83 milliard d'euros mais n'a versĂ© que 2,43 milliards d'euros au total, soit 3,06 milliards d'euros « manquants » ; la dette de RFF a augmentĂ© de 2,42 milliards d'euros sur la pĂ©riode. On pourrait considĂ©rer que l'État, ayant promis des dotations, avait reconnu ainsi que cette dette Ă©tait « mauvaise » : pour autant, le fait qu'il n'a pas versĂ© ces dotations peut ĂŞtre interprĂ©tĂ© au contraire comme montrant qu'in fine l'État a estimĂ© cette dette remboursable ; la forme choisie de dotations en capital - qui ne sont pas des aides[12] - renforce cette interprĂ©tation ;

Un critère a été posé pour la dette publique elle-même dans le rapport Pébereau [13]. Celui-ci distingue la bonne dette publique, contractée pour financer des actifs venant accroître le patrimoine collectif de la Nation, de la mauvaise dette qui sert à financer « le renouvellement des équipements existants et les dépenses de fonctionnement courant [...] sans financer de nouveaux éléments d'actifs ». Selon M. Pébereau, qui fait là une distinction non prévue par les critères de convergence de Maastricht, une dette publique n'est vraiment « mauvaise » que si elle n'a pas de contrepartie en actifs pérennes : en revanche, il est raisonnable de s'endetter et donc de faire porter par l'impôt une charge aux générations futures pour acquérir des actifs publics dont elles bénéficieront. Appliqué au transport ferroviaire, ce critère indique qu'il est légitime pour la collectivité de financer par la dette des infrastructures et équipements ferroviaires dont la valeur socio-économique est avérée même si les recettes commerciales ne permettent pas de les financer. En revanche, les déficits d'exploitation courants doivent être comblés par l'impôt (recettes courantes de la collectivité publique) : l'accumulation de déficits courants dans une dette ne crée pas d'actifs en contrepartie.

Dans un système où sont bien distingués des opérateurs qui produisent les services et les collectivités publiques organisatrices de transport et plus largement garantes d'un intérêt général, le schéma de financement sain est donc celui où les opérateurs sont à l'équilibre et reçoivent de la part des collectivités publiques des financements récurrents - provenant des recettes courantes des collectivités (impôt) - pour l'exploitation et ne s'endettent que « temporairement » pour acquérir des actifs rendus rentables financièrement par l'apport de subventions ad hoc des collectivités publiques - qui peuvent être financées par l'emprunt. C'est d'ailleurs ainsi que dans le mécanisme de l'article 4 du décret statutaire de RFF[14], les contributions de l'État et des collectivités publiques permettant le financement des projets sont calculées pour que la dette restant à RFF soit remboursable.

La crise de la dette ferroviaire depuis 1990

À compter de la fin des années 1980, la dette de la SNCF, jusqu'alors un peu négligée, devient une préoccupation particulière.

Dès 1985, le rapport du sĂ©nateur Masson[15] mettait en Ă©vidence l'optimisme des hypothèses Ă©conomiques prises en compte dans le contrat de plan État-SNCF 1985-1989 et alertait sur l'absence d'attention apportĂ©e au phĂ©nomène de l'endettement. Celle-ci fut pourtant globalement conforme Ă  la trajectoire prĂ©vue par les contrats successifs (Contrat d'entreprise 1979-1982, Contrat de plan État-SNCF 1985-1989), mais, avec l'augmentation des taux d'emprunt, la charge financière atteint les 10 milliards de francs annuels, soit plus de 15 % des recettes du rĂ©seau et devient un Ă©lĂ©ment visible de contribution au dĂ©ficit.

La création du SAAD

À l'occasion du bilan du contrat de plan État-SNCF 1985-1989, le constat était posé que l'endettement de la SNCF était préoccupant et que, la SNCF étant « dans l'incapacité de rembourser », il fallait trouver les « conditions explicites » de l'amortissement de la dette.

C'est dans ce but que fut crĂ©Ă© le 1er janvier 1991 par l'article 28 du contrat de plan État-SNCF 1990-1994 le Service annexe d'amortissement de la dette (SAAD). Permis par la directive europĂ©enne 91-440[16], c'est un mĂ©canisme par lequel le budget de l'État prend rĂ©gulièrement en charge des annuitĂ©s de remboursement d'une part dĂ©terminĂ©e d'emprunts Ă©mis par la SNCF. Mis en place par un simple Ă©change de lettres, ce mĂ©canisme a un aspect comptable proprement « miraculeux » puisque que la dette n'est plus inscrite dans les comptes de la SNCF mais ne l'est pas non plus dans les comptes de l'État qui pourtant en prend Ă  sa charge le remboursement. HervĂ© Mariton, dĂ©putĂ©, dans son rapport d'information sur « La clarification des relations financières entre le système ferroviaire et ses partenaires publics » [17] l'a ainsi qualifiĂ© d'« OFNI » (objet financier non identifiĂ©). Ce caractère miraculeux dĂ©coule en fait de la diffĂ©rence de qualification de l'Ă©change de lettres entre la comptabilitĂ© de l'EPIC SNCF tenue selon les règles de la comptabilitĂ© gĂ©nĂ©rale oĂą il est considĂ©rĂ© comme un contrat et la comptabilitĂ© publique, dĂ©pendante du vote annuel du budget, qui ne peut le reconnaĂ®tre comme un engagement spĂ©cifique. Cependant le caractère d'EPIC de la SNCF lui accorde la garantie de l'Etat.

Ă€ sa crĂ©ation, le SAAD prend en charge 38 milliards de francs de dette.

Le transfert de la dette Ă  RFF

Fin 1992, le sénateur Haenel suscite la création d'une commission d'enquête portant notamment sur la situation financière de la SNCF [6] qui met en évidence la question de la charge de la dette. Mais la mise au point du nouveau contrat de plan prévu pour la période 1995-1999 n'aboutit pas ; les syndicats s'opposent aux orientations envisagées. La SNCF connaît une grave crise. Pour en sortir, le gouvernement confie à Claude Martinand le pilotage d'un groupe chargé de se pencher sur l'avenir du transport ferroviaire en France.

Ce rapport posera un diagnostic clair : « le redressement ne saurait résulter uniquement de l'assainissement financier et d'une part de plus en plus grande de crédits publics pour des trafics de moins en moins importants » et « l'avenir du transport ferroviaire dépend pour l'essentiel de l'amélioration des performances de l'entreprise » qui doit passer d'une logique fondée sur l'investissement à une logique de la demande et du service[18].

Il s'agit de crĂ©er des perspectives pour la SNCF, qui se trouve dans une situation critique : Ă  la fin de l'exercice 1996, sa situation nette sera d'ailleurs proche de zĂ©ro. Dans ce contexte, un nouvel EPIC RĂ©seau ferrĂ© de France (RFF) est crĂ©Ă© le 13 fĂ©vrier 1997 par la loi no 97-135. Cet Ă©tablissement se voit apporter en pleine propriĂ©tĂ© les voies et les infrastructures annexes (hors gares et centres d'entretien) auparavant portĂ©es au bilan de la SNCF en tant que biens de l'État "mis Ă  disposition" et dont la valeur nette comptable est apprĂ©ciĂ©e Ă  134,2 milliards (20,5 Md€). En contrepartie, RFF reprend Ă  sa charge un montant Ă©quivalent de dette. De plus la crĂ©ation de RFF s'accompagne d'un nouveau transfert de 29 milliards de francs (4,3 Md€) courants de la dette de la SNCF Ă  celle du SAAD. En 1999, quatre milliards de francs (0,6 Md€) de dette de la SNCF seront Ă  nouveau repris par le SAAD[17].

Au-delà de cet objectif immédiat de désendettement de la SNCF, la création de RFF et la régionalisation des TER réorganisent le modèle économique de la SNCF. Les subventions directes à la SNCF - hors SAAD et subventions pour les retraites - disparaissent pour soit être remplacées par des subventions à RFF, pour la construction et l'entretien des voies, soit être intégrées progressivement aux dotations globales de fonctionnement des régions qui, elles, passent des conventions avec la SNCF pour l'exploitation des TER. En fixant au départ des péages faibles, le besoin résiduel de subvention est concentré de manière conventionnelle sur RFF et la SNCF se retrouve dans une situation financière favorable destinée à favoriser de sa part un comportement d'entreprise, tel que souhaité par le rapport Martinand.

Ce dispositif est très différent de tous les plans de retour à l'équilibre de la SNCF précédemment tentés depuis 1969 : la SNCF est d'abord mise à l'équilibre et l'amélioration de ses performances souhaitée par le rapport Martinand permet un nouvel avenir[19]. En revanche, l'utilisation d'éventuels bénéfices n'est pas déterminée.

Qualifié par L'Expansion de « tour de passe-passe comptable », ce transfert de la dette depuis la SNCF vers le RFF sera critiqué par la Cour des comptes[20].

Évolution de la dette ferroviaire depuis 1990

La dette ferroviaire, portée à l'origine par la seule SNCF, est constituée alors de trois parties : les dettes de la SNCF et de RFF et la dette du SAAD.

Cependant en 2007, Eurostat a demandé que le traitement du SAAD en comptabilité nationale soit modifié, au motif que l'engagement de l'État français, s'il ne valait pas, d'un point de vue juridique, reconnaissance de dette, s'assimilait en pratique à la contraction d'une dette vis-à-vis de la SNCF, dès lors qu'il s'était trouvé reconduit trois années de suite. La dette du SAAD a donc été réintégrée dans la dette générale de l'État avec effet rétroactif en 1994. Au sens strict, la dette ferroviaire exclut donc après 1994 celle du SAAD .

Le graphique ci-contre, qui s'appuie sur les chiffres publiés dans les rapports financiers de RFF et de la SNCF[21] pour les dettes nettes des EPIC, montre leur évolution depuis 1990. Cette évolution est également retracée dans la note réalisée en 2004[10] par la Caisse des dépôts et consignations à la demande du rapporteur Hervé Mariton dans le cadre de son rapport sur « La clarification des relations financières entre le système ferroviaire et ses partenaires publics » et dans le rapport[22] de Gilles Savary sur le projet de loi portant réforme ferroviaire.

La dette de la SNCF prĂ©sentĂ©e ici est la dette nette de l'EPIC et non celle du groupe SNCF. Celle-ci atteint 7,4 milliards d'euros fin 2013[21], mais recouvre l'endettement liĂ© Ă  d'autres activitĂ©s notamment le transport urbain (Keolis), la logistique et le transport routier (Geodis).

Évolution de la dette ferroviaire française de 1990 à 2013.

On peut distinguer plusieurs périodes :

  • de 1990 Ă  1997 une croissance rapide de la dette globale, malgrĂ© la crĂ©ation du SAAD en 1991 ;
  • de 1998 Ă  2009 une stabilisation au niveau global d'environ 32 milliards d'euros consĂ©cutive Ă  la crĂ©ation de RFF et la mise en place de mĂ©canismes de financement du secteur, s'accompagnant d'une diminution significative de la dette de la SNCF allĂ©gĂ©e en 1997 ;
  • de 2010 Ă  2013 une nouvelle augmentation rapide de la dette globale, concentrĂ©e sur celle de RFF, la dette de la SNCF continuant de dĂ©croĂ®tre.

Au sein de cet ensemble, on constate depuis 1997 une baisse continue de la dette de la SNCF et de celle de l'ex SAAD, qui est en voie de remboursement complet. Ainsi, malgrĂ© un statut initial ambigu, le SAAD s'est avĂ©rĂ© ĂŞtre un mĂ©canisme de reprise de la dette de la SNCF par l'État pour un montant total de 10,7 milliards d'euros.

Avec 36,5 milliards d'euros sur un total de 40,5 milliards Ă  fin 2013, l'encours de la dette ferroviaire se retrouve concentrĂ©e chez RFF.

La dette de RFF depuis l'origine

La dette de RFF reprĂ©sente en 2014 la majeure partie de la dette ferroviaire. Elle a crĂ» de 20,5 milliards d'euros en 1997 Ă  sa crĂ©ation Ă  36,5 milliards d'euros. DĂ©tenue par le propriĂ©taire des infrastructures ferroviaires, elle est vue comme une dette d'infrastructure qui serait « structurelle »[23].

Toutefois, il n'est pas possible, une fois un stock de dettes accumulé, d'en distinguer directement l'origine : les liquidités sont indifférenciées et il est rare que les charges et produits soient rapportés à des actifs spécifiques (sauf concessions ou contrats particuliers). De plus l'imputation de recettes et de charges à un actif est délicate : en matière d'infrastructures ferroviaires, un investissement de renouvellement va très souvent comprendre une amélioration technique qui augmentera les performances de l'actif ; une nouvelle ligne profitera du trafic amené par le réseau existant, et donc de son renouvellement, etc. On ne pourra donner que des ordres de grandeur, néanmoins souvent suffisants, pour identifier l'origine de la dette.

Le montant de 20,5 milliards d'euros de dette initiale provient d'un souci d'Ă©quilibre du bilan d'ouverture de RFF ; il correspond Ă  la valeur nette comptable (coĂ»ts historiques nets des amortissements et provisions) de l'infrastructure apprĂ©ciĂ©e Ă  134,4 milliards de francs en 1995.

Il est intĂ©ressant de le comparer au coĂ»t historique total (net des subventions reçues par la SNCF) des infrastructures des lignes Ă  grande vitesse alors existantes (LGV Paris-Lyon-Valence, LGV Atlantique, LGV Nord, LGV d'interconnexion) : celui-ci est de l'ordre de 7,5 milliards d'euros[24]. Ces lignes de TGV Ă©taient financièrement rentables pour la SNCF : certes, toutes n'atteignent pas la rentabilitĂ© de 15 % de la LGV Paris - Lyon grâce Ă  laquelle la dette de construction Ă©tait entièrement remboursĂ©e dès 1992, mais les bilans tirĂ©s a posteriori[24] indiquent que toutes ont prĂ©sentĂ© une rentabilitĂ© positive, pas très loin des 8 % initialement exigĂ©s, et permettant donc de couvrir les intĂ©rĂŞts et de rembourser une partie du capital de la dette. En 1997, au moment du transfert Ă  RFF, une part plus ou moins grande - selon la date de mise en service et la rentabilitĂ© propre - de chaque ligne Ă©tait dĂ©jĂ  amortie financièrement et ce sont donc bien moins de 7,5 milliards d'euros qui restaient dus. Au sein de la dette reprise par RFF, le poids du rĂ©seau Ă  grande vitesse est très minoritaire. Contrairement Ă  une opinion très rĂ©pandue, c'est donc principalement d'une dette due Ă  un dĂ©ficit « courant » accumulĂ© que RFF a hĂ©ritĂ©.

Après la création de RFF, l'évolution de sa dette s'analyse à l'aune de ses comptes, dont Gilles Savary écrit dans son rapport[22] qu'ils dénotent pour l'économie du gestionnaire de l'infrastructure (GI) « des singularités financières ».

En effet, en tant que GI, RFF a une ressource commerciale unique : les péages ferroviaires (redevances d'utilisation de l'infrastructure ferroviaire) acquittés par les entreprises ferroviaires empruntant le réseau, soit, jusqu'en 2005, la SNCF seule. En tant qu'opérateur industriel et commercial, il serait attendu que ces ressources, lui permettent de faire face à l'ensemble de ses charges à savoir :

  • le fonctionnement du rĂ©seau au quotidien : la surveillance et l'entretien courant, ainsi que la gestion du trafic (les postes d'aiguillage et de rĂ©gulation). Jusqu'en 2014 la loi prĂ©voyait que ces missions Ă©taient assurĂ©es par la SNCF, RFF la rĂ©munĂ©rait pour cela ;
  • le service de la dette ;
  • les investissements de renouvellement destinĂ©s Ă  maintenir le rĂ©seau en bon Ă©tat ;
  • les investissements de dĂ©veloppement : les nouvelles lignes et les amĂ©liorations des lignes existantes ;
  • le remboursement de la dette.

S'agissant des investissements, l'article 4[14] du décret statutaire de RFF limite sa participation financière à un projet au montant finançable par les recettes nettes attendues grâce à la réalisation de ce projet. En accord avec la tutelle RFF n'appliquait cette règle que pour les investissements de développement. Cette disposition, qualifiée parfois de "règle d'or," a pour objectif direct de prévenir tout surendettement lié à des investissements pas assez rentables financièrement. RFF ne réalise donc ces investissements que s'il bénéficie de subventions, essentiellement de la part de l'État ou des collectivités locales. Il faut relever que cette règle est très contraignante, car elle ne permet d'engager un projet que lorsque son financement est acquis, et conduit souvent à des polémiques, puisque le seul moyen pour RFF de diminuer la contribution demandée est d'augmenter les péages, au risque que la SNCF affirme alors que les services de transport ne sont plus rentables. De même les régions qui acquittent à travers les conventions d'exploitation avec la SNCF les péages liés à la circulation des services qu'elles organisent et qui voient des péages augmenter du fait de la meilleure qualité de lignes apportée par des travaux qu'elles ont financés ont le sentiment de payer deux fois, alors qu'elles paient en fait par deux voies complémentaires.

Mais Ă  sa crĂ©ation, l'Ă©quation Ă©conomique de RFF est très particulière : le dĂ©cret 97-446 d'application de la loi limite le montant des pĂ©ages des annĂ©es 1997 et 1998 Ă  0,9 milliard d'euros ; or, la seule rĂ©munĂ©ration de la SNCF pour le fonctionnement courant du rĂ©seau atteint 2,5 milliards d'euros. Certes, l'État verse une subvention annuelle (contribution aux charges d'infrastructure) de 1,8 milliard d'euros, mais elle ne suffit pas pour couvrir les amortissements du rĂ©seau ferrĂ© : le dĂ©ficit d'exploitation de RFF atteint 600 millions d'euros. Dans ces conditions, RFF est très loin de pouvoir rembourser la dette et il connaĂ®t des dĂ©ficits supĂ©rieurs Ă  2 milliards d'euros. Pour amĂ©liorer sa trĂ©sorerie et lui prĂ©server des fonds propres positifs, l'État lui fera des apports en capital de 1,3 et 1,5 milliard d'euros en 1997 et 1998 ; ils ne seront nĂ©anmoins pas suffisants et la dette de RFF croĂ®t de 1,9 milliard d'euros en deux ans pour atteindre 22,4 milliards d'euros fin 1999.

En réalité si la SNCF a bien été mise dans une situation d'équilibre, il n'en pas été de même de RFF, dont l''équilibres n'est espéré qu'à terme.

De 1999 Ă  2003, ces principes de financement seront conservĂ©s mais les montants seront largement revus : les pĂ©ages seront augmentĂ©s Ă  1,5 et progressivement 1,8 milliard d'euros, la subvention de l'État aux charges de l'infrastructure Ă©tant ramenĂ©e pour sa part Ă  1,6 puis progressivement 1,4 milliard d'euros. La rĂ©munĂ©ration de la SNCF pour le fonctionnement courant du rĂ©seau restant maĂ®trisĂ©e aux alentours de 2,6 milliards d'euros, le dĂ©ficit d'exploitation est ramenĂ© Ă  200 millions d'euros. RFF connaĂ®t alors des dĂ©ficits annuels significativement infĂ©rieurs Ă  ceux connus Ă  sa crĂ©ation mais qui restent très Ă©levĂ©s : entre 1,4 et 1,7 milliard d'euros. Dans un premier temps, l'État augmentera ses dotations en capital Ă  1,8 milliard d'euros en 1999 et 2000, mais en 2001 et 2002 il ne versera que 1,1 et 1,4 milliard d'euros et rien en 2003. La dette qui avait lĂ©gèrement diminuĂ© en 2000 repartira Ă  la hausse pour atteindre 24,1 milliards d'euros fin 2003.

Ă€ compter de 2004, les modalitĂ©s de financement de RFF seront modifiĂ©es. Les dotations en capital n'existent plus et RFF bĂ©nĂ©ficie de deux nouvelles subventions : une subvention pour les investissements de renouvellement et de mise aux normes (900 M€ en 2004 et 2005, 970 M€ en 2006, 985 M€ en 2007, 805 M€ en 2008) et une contribution au dĂ©sendettement (800 M€ en 2004 et 2005, 730 M€ en 2006, 2007 et 2008). De 2004 Ă  2008, les pĂ©ages augmenteront Ă  2,1 et progressivement 2,7 milliards d'euros, du fait notamment de la mise en service du TGV Est, mais la subvention de l'État aux charges de l'infrastructure sera ramenĂ©e Ă  1,1 et progressivement 0,7 milliard d'euros. Avec des contributions de l'État globalement dĂ©croissantes et alors que la rĂ©munĂ©ration de la SNCF pour le fonctionnement courant du rĂ©seau glisse pour sa part de 2,6 Ă  2,9 milliards d'euros, le rĂ©sultat d'exploitation d'abord positif (+ 0,3 milliard d'euros en 2005) redeviendra nĂ©gatif (- 0,2 milliard d'euros en 2005). MĂŞme si, grâce Ă  la contribution de dĂ©sendettement, la capacitĂ© d'autofinancement de RFF est lĂ©gèrement positive entre 2004 et 2006, la dette continuera de monter, en liaison avec l'augmentation des investissements, pour atteindre 27,4 milliards d'euros fin 2008.

Après la dĂ©cision de l'INSEE sur le SAAD[25] requalifiant une part de la dette de la SNCF en dette d'État au motif que celui-ci avait versĂ© des contributions rĂ©gulièrement pendant trois ans, les contributions de dĂ©sendettement Ă  RFF, exposĂ©es au mĂŞme risque de requalification sont supprimĂ©es. Une nouvelle modification des modalitĂ©s de financement est mise en Ĺ“uvre Ă  partir de 2009, en liaison avec une rĂ©forme de la tarification ferroviaire et la signature d'un contrat de performances État-RFF. Les pĂ©ages sont revalorisĂ©s Ă  4 et, progressivement, 5,2 milliards d'euros en 2013. Les subventions de renouvellement et de dĂ©sendettement sont supprimĂ©es et seule subsiste une subvention de fonctionnement globale qui dĂ©croĂ®t rapidement entre 2009 et 2013 de 1,2 Ă  0,1 milliard d'euros. En fait une part significative des pĂ©ages est payĂ©e par l'État puisqu'il acquitte les redevances d'accès pour les TER, et les TET depuis 2008 : cette contribution est passĂ©e de 1,1 Ă  1,7 milliard d'euros entre 2009 et 2013. Parallèlement, la rĂ©munĂ©ration de la SNCF pour le fonctionnement courant du rĂ©seau Ă©volue de 2,9 Ă  3,1 milliards d'euros.

Ă€ l'issue de dernière Ă©volution, les comptes de RFF prĂ©sentent une allure moins singulière : RFF a des ressources courantes supĂ©rieures Ă  ses charges d'exploitation et dĂ©gage un rĂ©sultat d'exploitation positif - qui dĂ©croĂ®t toutefois entre 2009 et 2013 de 1,6 Ă  1,1 milliard d'euros - et dispose d'une capacitĂ© d'autofinancement significative. Pour autant, l'augmentation extrĂŞmement rapide des investissements nets - de 3,3 Ă  5,5 milliards d'euros entre 2009 et 2013 - qui concerne aussi bien les investissements de renouvellement passĂ©s de 1,5 Ă  2,5 milliards d'euros entre 2009 et 2013 que les projets de LGV, avec l'engagement de plusieurs lignes nouvelles, nĂ©cessite des financements bien plus importants. La dette atteint 36,5 milliards d'euros fin 2013.

La dette de la SNCF

L'évolution de la dette de la SNCF connaît deux périodes bien distinctes : avant et après la création de RFF.

Le contrat de Plan État-SNCF 1990-1994 donnait Ă  l'entreprise une large autonomie de gestion avec l'objectif de rĂ©duire son dĂ©ficit tout en lui accordant des subventions contractualisĂ©es a priori. Cet objectif fut atteint en 1990 et 1991 au prix d'opĂ©rations exceptionnelles et de modification de principes comptables alors critiquĂ©es[6] par la Cour des Comptes. L'Ă©volution dĂ©favorable des recettes de trafic induite par la stagnation puis la baisse du trafic, conjuguĂ©e Ă  une augmentation des charges liĂ©e Ă  des accords salariaux en 1991 et 1992 rĂ©vĂ©lèrent une situation durablement compromise oĂą SNCF se trouvait dans l'engrenage d'un endettement sans cesse croissant. La dette passe de 17,9 Ă  31,7 milliards d'euros de fin 1990 Ă  fin 1996.

La rĂ©forme de 1997 modifie totalement les principes de financement de la SNCF. Elle est allĂ©gĂ©e d'une part très importante de sa dette et de l'ensemble des charges de l'infrastructure (exploitation, investissements). Au contraire, la SNCF est dĂ©sormais rĂ©munĂ©rĂ©e par RFF : l'exploitation de l'infrastructure, qui Ă©tait un centre de coĂ»ts, devient une activitĂ© vendue avec un chiffre d'affaires de l'ordre de 3,5 milliards d'euros (gestion courante et intervention sur les travaux) et potentiellement des rĂ©sultats. Les trains de la SNCF n'accèdent plus au rĂ©seau qu'en contrepartie de pĂ©ages dont le montant total est bien infĂ©rieur Ă  ces nouvelles recettes : 0,9 milliard d'euros les deux premières annĂ©es. Certes, elle ne reçoit plus la contribution aux charges d'infrastructure (ni les subventions pour les investissements d'infrastructure), mais ses comptes s'amĂ©liorent sensiblement : Ă  compter de 1997, elle dĂ©gage un excĂ©dent brut d'exploitation rĂ©gulièrement supĂ©rieur Ă  un milliard d'euros. Parallèlement est mise en place, d'abord sous forme d'expĂ©rimentation, puis sous la forme d'un transfert de compĂ©tences aux rĂ©gions, la rĂ©forme des TER. Initialement de simples financeurs, les rĂ©gions deviennent les clientes de la SNCF pour la production des services TER : le montant des conventions qu'elles contractent deviennent du chiffre d'affaires de celle-ci; au-delĂ  de cet impact comptable, l'affirmation de la compĂ©tence d'autoritĂ© organisatrice des rĂ©gions les amènera Ă  subventionner de nouveaux matĂ©riels roulants. MĂŞme si, entre 1997 et 2003, son rĂ©sultat courant reste nĂ©gatif ou très faiblement positif, des besoins d'investissement rĂ©duits et une gestion active de sa dette permettront Ă  la SNCF de la rĂ©duire lĂ©gèrement de 7,6 Ă  7 milliards d'euros de fin 1997 Ă  fin 2003. Ă€ compter de 2004, avec la montĂ©e en puissance des TGV MĂ©diterranĂ©e puis est-europĂ©en et le dĂ©veloppement de l'activitĂ© TER, les rĂ©sultats courants de la SNCF seront rĂ©gulièrement positifs, malgrĂ© les dĂ©ficits de l'activitĂ© fret, et la dette sera remboursĂ©e plus vite, diminuant de 7 Ă  3,9 milliards d'euros de fin 2003 Ă  fin 2013.

Dette ferroviaire : un nouvel engrenage ?

De fin 1996 Ă  fin 2013, la dette ferroviaire totale a Ă©voluĂ© de 31,7 (36,1 avec le SAAD) Ă  40,5 milliards d'euros. En euros actuels (valeur dĂ©cembre 2013), la dette de 1996 reprĂ©sente 41,1 (46,8 avec le SAAD) milliards d'euros. Ainsi, la dette ferroviaire a Ă©tĂ© stabilisĂ©e mais n'a pas diminuĂ© significativement. En revanche, elle est maintenant concentrĂ©e chez RFF. Elle est repartie Ă  la hausse ces dernières annĂ©es.

En réalité, cet historique montre qu'elle est peu ou prou stabilisée, au prix d'un important financement public de l'exploitation courante. Elle s'est remise à croître avec l'augmentation des investissements, mais une grande partie de ceux-ci sont rentables : soumises aux dispositions de l'article 4 du décret statutaire de RFF, les lignes nouvelles sont suffisamment subventionnées pour que les emprunts qu'elles nécessitent soient remboursables par des recettes futures raisonnablement certaines, notamment parce que les calculs prennent en compte des marges pour risques. Les financeurs externes ( et notamment les collectivités locales) ne s'y sont pas trompés en demandant que soit prévue, par des clauses de retour à meilleure fortune, la rétrocession de la marge pour risque non consommée. Ce mécanisme a d'ores et déjà joué pour la première section de la LGV Est.

En revanche, les dépenses de renouvellement n'apparaissent financées que partiellement. Mais cette problématique est maintenant prise en compte par la loi sur la réforme ferroviaire, à l'occasion de laquelle le Sénat a introduit des dispositions explicites pour que le financement des investissements de renouvellement, et non plus seulement de développement, soit assuré de matière pérenne. L'ARAF sera chargée de contrôler l'effectivité des dispositions prises.

Les concours publics au transport ferroviaire

Les modalités du financement public du secteur ferroviaire ont régulièrement évolué au fil des réformes : création de RFF, affirmation des Régions comme autorités organisatrices des TER, décentralisation du STIF, contrat RFF-État, conventionnement des trains d'équilibre du territoire (TET) avec l'État.

La situation des concours 2013 est donnée ci-après.

Il faut remarquer que les données relatives aux concours publics ne sont pas toujours facilement accessibles pour diverses raisons :

  • des concours versĂ©s par les collectivitĂ©s font partie en termes comptables du chiffre d'affaires des opĂ©rateurs qui ne les distinguent pas des recettes directes perçues auprès des voyageurs ;
  • certains concours sont soumis Ă  la TVA, alors que les comptes des opĂ©rateurs sont hors taxes ;
  • les concours effectivement versĂ©s ne sont pas forcĂ©ment ceux votĂ©s, soit pour des raisons de trĂ©sorerie (report des versements) soit parce qu'ils n'Ă©taient qu'estimatifs.

En principe, les chiffres utilisés proviennent autant que possible de la Commission des Comptes des Transports de la Nation (CCTN) ; ils peuvent ainsi présenter des différences avec les données publiées par les opérateurs ou des collectivités.

Concours Ă  SNCF RĂ©seau (ex RFF)

RFF perçoit des concours publics liés à l'exploitation :

  • les redevances d'accès au rĂ©seau pour les diffĂ©rentes catĂ©gories de trains relevant d'une autoritĂ© organisatrice publique, Ă  savoir les transiliens (et les RER circulant sur le rĂ©seau ferrĂ© national), TER et TET organisĂ©s respectivement par le STIF, les rĂ©gions et l'État. Ces redevances d'accès sont rĂ©putĂ©es couvrir les charges fixes des lignes empruntĂ©es par les circulations correspondantes. En 2013, ces redevances ont reprĂ©sentĂ© un total de 1,94 milliard d'euros dont 210 millions d'euros pour les lignes d'Ile-de-France utilisĂ©es par les transiliens, acquittĂ©s par le STIF, 1,34 milliard d'euros pour les TER et 390 millions d'euros pour les TET, acquittĂ©s dans les deux cas par l'État. RFF ne publie pas les dĂ©tails des calculs conduisant Ă  ces chiffres.
  • une subvention d'État destinĂ©e Ă  allĂ©ger les pĂ©ages facturĂ©s aux trains de fret pour 110 millions d'euros.

Ce montant de concours reprĂ©sente 34 % environ des produits perçus par RFF. Ils sont en baisse depuis 2010 oĂą ils avaient atteint 2,4 milliards d'euros.

Par ailleurs, RFF reçoit des subventions d'investissement, dans le cadre de l'article 4 de son dĂ©cret statutaire. Celles-ci ont reprĂ©sentĂ© 2,01 milliards d'euros en 2013, versĂ©es par les rĂ©gions pour 750 millions d'euros, l'État pour 680 millions d'euros et divers autres financeurs dont l'Union europĂ©enne, des dĂ©partements, des communes , etc. Ce montant varie assez sensiblement selon les annĂ©es.

Au total, en 2013, RFF a reçu 4,1 milliards d'euros de contributions publiques.

En 2020, les subventions allouées à la SNCF s’élèvent à 17 milliards d’euros, d’après une commission du Sénat, au bénéfice de plusieurs branches : des subventions d’exploitation et d’investissement auprès de SNCF Voyageurs, des subventions d’investissements à SNCF Réseau et une participation de l’Etat au régime de retraite[26].

Concours Ă  la SNCF

La SNCF reçoit pour l'exploitation des concours principalement de ses clients publics autorités organisatrices :

  • de la part de l'ensemble des rĂ©gions pour les TER pour un total de 2,70 milliards d'euros.
  • de la part du STIF pour les Transiliens pour 1,61 milliard d'euros.
  • de la part de l'État au titre des TET pour un montant de 310 millions d'euros.

La SNCF ne publiant pas de comptes séparés par contrats ni même par activités, il n'est pas possible de déterminer précisément l'importance de ces contributions dans les activités qu'elles financent ; selon les plaquettes publiées par le GART, elles représenteraient environ 70 % des coûts d'exploitation des TER, 55 % des coûts du Transilien et 20 % des coûts des TET.

Il faut prĂ©ciser que le conventionnement des trains d'Ă©quilibre du territoire a donnĂ© lieu Ă  la crĂ©ation d'un compte d'affectation spĂ©ciale, « Services nationaux des transports conventionnĂ©s », dont le financement est assurĂ© notamment par une taxe sur le rĂ©sultat des grandes entreprises ferroviaires (TREF) et une taxe sur le chiffre d'affaires des services grande vitesse, dite contribution de solidaritĂ© territoriale (CST)[27] dues essentiellement par la SNCF elle-mĂŞme. Ces taxes affectĂ©es internes au secteur ferroviaire reprĂ©sentent un mĂ©canisme de pĂ©rĂ©quation mais ne sont pas des concours publics au secteur. La part nette de concours publics externes est de 100 millions d'euros.

Les activités fret et TGV en revanche ne bénéficient pas de concours public. Au contraire, l'activité TGV à travers la CST finance spécifiquement les TET.

La SNCF reçoit Ă©galement des subventions d'investissement principalement pour les matĂ©riels roulants, mais aussi pour les gares. Le total de ces subventions a reprĂ©sentĂ© 920 millions d'euros en 2013, versĂ©s par les rĂ©gions pour 560 millions d'euros et le STIF pour 260 millions d'euros et divers autres financeurs dont des communes , etc. Ce montant varie assez sensiblement selon les annĂ©es, ainsi l'État a-t-il annoncĂ© fin 2013 qu'il allait financer de nouveaux matĂ©riels TET pour 510 millions d'euros.

Enfin, la SNCF, en tant qu'entreprise Ă  statut, est soumise Ă  des dispositions particulières en matière de prestations sociales Ă  ses salariĂ©s : Ă  ce titre la CCTN recense notamment 3,34 milliards d'euros de concours au rĂ©gime spĂ©cial de retraites dont bĂ©nĂ©ficient les cheminots et qui n'est Ă©quilibrĂ© que grâce Ă  cette subvention de l'État. Pour autant, l'ensemble de cette contribution ne peut ĂŞtre considĂ©rĂ© comme un concours au transport ferroviaire : en effet, le rĂ©gime spĂ©cial prĂ©sente un dĂ©sĂ©quilibre dĂ©mographique - 275 000 bĂ©nĂ©ficiaires pour 155 000 cotisants [28] - liĂ© en partie Ă  la diminution rĂ©gulière des effectifs de la SNCF et le taux de cotisation supportĂ© par la SNCF est plus Ă©levĂ© que le taux de droit commun en comportant une surcotisation de 11,15 % dit « taux T2 » « destinĂ© Ă  contribuer forfaitairement au financement des droits spĂ©cifiques de retraite du rĂ©gime spĂ©cial »[28]. Dès lors que les avantages supplĂ©mentaires seraient bien pris en compte dans les surcotisations, la contribution publique ne ferait que prendre en charge les consĂ©quences de cette diminution des effectifs. Mais avec un taux total de 42,33 %, infĂ©rieur au taux de 43,10 %[29] appliquĂ© en 1981 alors que l'espĂ©rance de vie Ă©tait bien infĂ©rieure, il est clair que le forfait est bien infĂ©rieur au coĂ»t rĂ©el des avantages. Le rĂ©gime spĂ©cial de la SNCF Ă©tant, après la rĂ©forme de 2008, similaire Ă  celui des fonctionnaires de l'État, le taux « implicite » de cotisations de ce dernier rĂ©gime (74,28 %) peut ĂŞtre utilisĂ© pour dĂ©terminer le coĂ»t de ces avantages : c'est l'Ă©quivalent de 1,51 milliard d'euros de cotisations manquantes qui sont de facto financĂ©es par l'État. En termes d'assurance maladie, la situation est semblable : le rĂ©gime spĂ©cifique distribue des prestations 11 % plus Ă©levĂ©es[28] et le taux de cotisation total supportĂ© par la SNCF (9,75 %) est très infĂ©rieur Ă  celui du rĂ©gime gĂ©nĂ©ral (15,9 %) alors qu'il devrait ĂŞtre supĂ©rieur de 1,8 point. L'Ă©cart de 7,95 % reprĂ©sente, en 2013, 400 millions d'euros de cotisations manquantes qui sont de facto supportĂ©es par la CSG.

Au total, en 2013, la SNCF a ainsi bĂ©nĂ©ficiĂ© de 7,2 milliards d'euros de contributions publiques.

Comment sont utilisés les financements publics

Cette question est fondamentale ; toutefois, la SNCF ne publiant pas de comptes détaillés par activités, il n'est possible que de donner des ordres de grandeur découlant de recoupements. Les données de trafic proviennent de la CCTN.

  • La plus grosse part des concours publics concerne les TER : 4 milliards d'euros en exploitation (RFF+SNCF) et environ 1 milliard en investissement (RFF+SNCF : matĂ©riel roulant, gares et lignes rĂ©gionales). Les passagers (pour partie leurs employeurs) acquittent de l'ordre de 1 milliard d'euros en abonnements et billets. Le trafic correspondant reprĂ©sente 180 millions de trains-km et 14 milliards de voyageurs.km. Ainsi la circulation d'un TER coĂ»te au total en moyenne 33 euros par km ; ce train transporte en moyenne 80 voyageurs qui paient 7 centimes d'euros par km, le contribuable en payant 35 centimes.
  • Le deuxième plus gros bĂ©nĂ©ficiaire est l'activitĂ© Transilien : 1,8 milliard d'euros en exploitation (RFF+SNCF) et environ 500 millions en investissement (RFF+SNCF : matĂ©riel roulant, gares et lignes rĂ©gionales). Les passagers (pour une grande partie leurs employeurs) acquittent de l'ordre de 1,1 milliard d'euros en abonnements et billet. Le trafic reprĂ©sente environ 60 millions de trains-km et 12 milliards de voyageurs.km. Les ratios correspondants sont : un train coĂ»te en moyenne 55 euros par km ; il transporte en moyenne 200 voyageurs qui paient 9 centimes d'euros par km, le contribuable en payant 12 centimes.
  • Les troisièmes plus gros bĂ©nĂ©ficiaires sont les cheminots : 1,9 milliard d'euros de prestations sociales. La question de la justification de ce financement par la politique des transports reste posĂ©e.
  • L'activitĂ© TET reçoit pour sa part 700 millions d'euros en exploitation (RFF+SNCF). Les passagers acquittent de l'ordre de 800 millions d'euros en abonnements et billets. Le trafic reprĂ©sente environ 40 millions de trains-km et 7 milliards de voyageurs.km. Un train coĂ»te en moyenne 38 euros par km ; il transporte en moyenne 180 voyageurs qui paient 11 centimes d'euros par km, l'usager du TGV et le contribuable en payant 10 centimes.
  • Le TGV reçoit pour sa part de l'ordre de 1,5 milliard d'euros en investissement. En revanche, il est contributeur interne pour 200 millions d'euros. Les passagers acquittent de l'ordre de 5,8 milliards d'euros en abonnements et billets. Le trafic reprĂ©sente environ 140 millions de trains-km et 54 milliards de voyageur.km. Un train coĂ»te en moyenne 42 euros par kilomètre ; il transporte en moyenne 390 voyageurs qui paient 11 centimes d'euros par km, le contribuable en payant 3 centimes.
  • Enfin l'activitĂ© fret reçoit 100 millions de subvention d'exploitation (allègement des pĂ©ages). Les chargeurs acquittent de l'ordre de 1,4 milliard d'euros. Le trafic reprĂ©sente environ 70 millions de trains-km et 32 milliards de tonnes.km. Les ratios correspondants sont : un train coĂ»te en moyenne 20 euros par kilomètre ; il transporte en moyenne 450 facturĂ©s 5 centimes d'euros par km, le contribuable en payant 0,3 centimes.

Les perspectives

La question de la dette ferroviaire n'est qu'une conséquence de celle du financement du secteur ferroviaire et de la soutenabilité sur le long terme du développement du financement public. En 1995, Claude Martinand indiquait que le « redressement ne saurait résulter uniquement d'une part de plus en plus grande de crédits publics pour des trafics de moins en moins importants », c'est pourtant ce qui s'est passé en moyenne sur les TER, dont le trafic a certes crû, mais beaucoup moins vite que les crédits publics affectés.

Il indiquait également que « l'avenir du transport ferroviaire dépend pour l'essentiel de l'amélioration des performances de l'entreprise » ; cette dernière piste méritera d'être creusée. En effet, les coûts de production de la SNCF restent élevés, comme le montre le marché du fret ferroviaire sur lequel les entreprises concurrentes présentent des coûts inférieurs de 20 % et plus, et continuent de croître au-delà de l'inflation. Cette situation de dérive des coûts n'est pas tenable à terme.

Des points de débat

Le SAAD, un exemple de non-décision ?

HervĂ© Mariton l'avait qualifiĂ© d'OFNI (objet financier non identifiĂ©) car l'encours de sa dette n'apparaissait ni dans les comptes de la SNCF, ni dans ceux de l'État, bien qu'il atteigne 8,7 milliards d'euros Ă  fin 2003.

De fait, le SAAD n'avait pas de ressources autres que des subsides versĂ©s annuellement par l'État (677 millions d'euros en 2003) sans que la dette correspondante soit prise en compte dans la dette de l'État. Selon ses dĂ©tracteurs, le SAAD n'avait Ă©tĂ© imaginĂ© que dans le but de masquer comptablement une partie de la dette de la SNCF, de façon Ă  la sortir de l'endettement public, limitĂ© par les engagements europĂ©ens de la France (les critères de Maastricht). Ă€ dĂ©faut d'une reprise directe, l'État aurait dĂ» loger cette dette dans une nouvelle structure comme il l'a fait pour la dette de la SĂ©curitĂ© Sociale (portĂ©e par la CADES) ou comme l'État allemand l'a fait pour la dette ferroviaire en 1993 (transfĂ©rĂ©e Ă  un organisme ad hoc, le BundesEisenbahnVermoegen, ou BEV, Fonds fĂ©dĂ©ral pour le passif ferroviaire, crĂ©Ă© en 1994).

Finalement, les normes statistiques européennes s'imposeront à l'INSEE qui, en 2007[25], devra retraiter la dette du SAAD comme dette de l'État depuis 1994. Depuis lors, elle est gérée par la Caisse de la dette publique. L'imagination juridique et comptable des administrations de l'État et de la SNCF qui ont inventé le SAAD en 1990 a permis durant plus de quinze ans de ne pas afficher l'encours de la dette mais, au-delà du déni de réalité que manifeste un tel choix, ce mécanisme a rempli l'objectif qui lui était assigné d'alléger la dette de la SNCF par des subventions de l'État.

Le SAAD s'avère donc être un exemple de reprise de la dette de la SNCF par l'État français. Contrairement à l'exemple allemand, sa mise en place ne s'est accompagnée d'aucune réforme de structure du système ferroviaire et n'a pas par elle seule modifié la trajectoire de l'endettement dont l'augmentation n'a été que retardée.

RFF, une structure de défaisance ?

Ă€ sa crĂ©ation, RFF a Ă©tĂ© parfois prĂ©sentĂ©[17] comme une structure de dĂ©faisance de la dette ferroviaire. En effet, en Ă©change d'actifs - les infrastructures du rĂ©seau ferrĂ© national - RFF a repris Ă  sa charge 20,5 milliards d'euros de dettes de la SNCF qui a ainsi Ă©vitĂ© la faillite.

Peut-on néanmoins considérer que RFF s'est vu transmettre au-dessus de leur valeur des actifs « à haut risque » qui caractérisent une structure de défaisance ? Non.

Un premier point est que l'allègement du haut de bilan de la SNCF s'est accompagnĂ© d'un bilan d'ouverture de RFF Ă©quilibrĂ© ; un audit menĂ© en 1995 par le cabinet Coopers et Lybrand avait permis d'arrĂŞter la valeur nette comptable de l'infrastructure Ă  134,4 milliards de francs et c'est ce montant de dette qui a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©. Certes, la valeur nette comptable ne reprĂ©sente pas forcĂ©ment la valeur des biens ; ainsi, lorsque les normes IAS/IFRS imposant la comptabilisation des actifs Ă  leur juste valeur seront rendues obligatoires pour l'exercice financier 2005, RFF dĂ©prĂ©ciera la valeur de ses immobilisations de 10,13 milliards d'euros[21]. Mais cette provision pour dĂ©prĂ©ciation sera reprise en 2008[21]. Autrement dit, rien ne prouve que la « juste valeur » de l'infrastructure ferroviaire ne correspond pas au montant de dette repris.

Et ceci est lié au second point qui fait que RFF n'est pas une structure de défaisance : les actifs qui lui ont été remis sont indispensables à la SNCF et la production de services de transport ferroviaire : les trains roulent sur les voies. Les voies sont des actifs dont il n'est pas envisageable de se défaire ou de liquider, comme a pu par exemple le faire le Consortium de Réalisation avec les actifs à risque qu'il avait repris au Crédit Lyonnais, sans modifier l'offre de transport ferroviaire. D'ailleurs, même les lignes non utilisées, qui pourtant coûtent chaque année des frais d'entretien, sont difficiles à céder.

Le rôle de RFF est celui d'une structure de cantonnement : il a reçu une dette à sa création et il doit veiller par un comportement raisonnable à ce qu'elle reste maîtrisée.

La dette ferroviaire est-elle une dette d'État ?

Un des sujets récurrents sur la dette des opérateurs ferroviaires est son caractère public. Dans la mesure où d'une part la SNCF et RFF mettent en œuvre des politiques de service public largement décidées par l'État et, d'autre part, sont des EPIC d'État, leur dette devrait selon certains[30] - [31] être prise en charge par l'État et donc devenir de la dette publique : le problème de la dette des opérateurs serait ainsi résolu, en fait dissous dans celui de la dette publique. Jusqu'en 1982, la dette de la SNCF bénéficiait d'ailleurs de la garantie de l'État[32].

Il est vrai que, de par son statut, un EPIC bénéficie d'une garantie implicite de l'État : en théorie, un créancier d'un EPIC non payé pourrait se retourner vers l'État. Dès lors, celui-ci peut avoir intérêt à éviter les difficultés liées à cette procédure en reprenant préventivement une partie de sa dette ; c'est cette partie-là seulement qui sera de la dette publique. C'est ce qui a été fait avec le SAAD. La reprise de dette des opérateurs n'est cependant pas liée aux missions de service public dont ils peuvent être chargés, mais à leur propriété : ainsi lorsque Eurotunnel ou la société Orlyval ont rencontré des difficultés économiques, ce sont les actionnaires et les prêteurs qui ont supporté les déficits, sans aucun financement des concédants publics.

Dès lors qu'elle correspond bien à des investissements rentables et à des besoins d'exploitation courants, une dette est « normale » pour un opérateur ferroviaire, quel que soit son statut.

L'État doit-il financer l'infrastructure ferroviaire pour rétablir une juste concurrence ?

Un des arguments soulevés pour justifier les déficits croissants de la SNCF à partir des années 1930 - et plus particulièrement après 1949 - a été la concurrence vue comme inéquitable des transports routiers de voyageurs et de marchandises. Plus tard, ce reproche a été étendu, lorsqu'elle s'est généralisée, à la voiture individuelle. Pour ses partisans, alors que le chemin de fer paie son infrastructure, les transports routiers bénéficient d'un accès gratuit aux voies de circulation financées par l'impôt : cette situation étant inéquitable, il reviendrait à l'État de compenser. C'est la position qui est exprimée par la nouvelle rédaction de l'article 19 de la convention du 31 août 1937 à l'occasion de sa modification en 1971.

Certains contestent la réalité de cet écart en rappelant que les recettes de la TICPE, acquittée principalement par les automobiles particulières et dont sont dispensés les transports ferroviaires, sont du même ordre de grandeur que les coûts d'entretien et de fonctionnement des voiries routières.

Au fond, il est très surprenant d'imaginer que l'intérêt général puisse systématiquement justifier le financement public de deux infrastructures pour rendre le même service. Ainsi, le rapport de la Commission des comptes transports de la nation de 1958 indiquait que la contribution de l'État aux dépenses de la voie de la SNCF, introduite en 1952, procédait « d'un souci de cohérence qui ne peut être qu'assez platonique tant que n'a pas été défini et explicité le mode de financement de l'infrastructure qui doit faire partie d'une véritable politique des transports. »

Lorsque cette disposition d'une participation systématique aux charges d'entretien de l'infrastructure ferroviaire fut proposée en 1951 par Antoine Pinay, alors ministre des travaux publics et des transports, dans un projet de loi « tendant à la réorganisation des transports ferroviaires et routiers et à l'assainissement financier de la Société nationale des chemins de fer français », elle suscita l'opposition de principe de la commission parlementaire compétente et ne put être introduite par le gouvernement que subrepticement : à l'occasion du vote du budget 1952, il obtint l'autorisation de procéder des modifications de la convention de 1937 non précisées. Pour manifester son désaccord, le rapporteur du projet de loi initial déposa un rapport supplémentaire[33] proposant un projet de loi amendé, revenant sur cette disposition, mais sans succès.

La notion de concurrence entre un mode public subventionné et des activités libres n'a guère de sens. Le financement courant d'une infrastructure de transports par l'impôt ne se justifie qu'au regard des avantages à la collectivité apportés par l'infrastructure considérée, qu'elle soit ferroviaire, fluviale ou routière.

Notes et références

  1. Cuvillier : la réforme ferroviaire est « nécessaire » - Europe 1, 10 juin 2014
  2. Loi du 11 juin 1842 relative Ă  l'Ă©tablissement des grandes lignes de chemins de fer - LĂ©gifrance
  3. Alfred Picard, Les chemins de fer, aperçu historique, Paris, E. Dunod et H. Pinat, 1918, p. 53. Réédité par Nabu Press, 2010 (ISBN 978-1-1779-5601-7)
  4. François Caron, Histoire des chemins de fer en France - 1883-1937, Fayard, 2005, chap. « Les compagnies face au marché financier » pp. 345-376
  5. Article 19 de la convention du 31 août 1937
  6. Hubert Haenel et Claude Belot, Rapport de la commission d'enquête chargée d'examiner l'évolution de la situation financière de la SNCF, Paris, Sénat, , 271 p. (www.senat.fr/rap/r92-335/r92-3351.pdf [PDF]), p. 61
    « La SNCF n'a pendant été longtemps soumise à aucune contrainte d'ordre financier ; en effet ses relations financières avec l'État étaient basées sur le principe du versement par celui-ci d'une subvention d'équilibre. »
  7. Les comptes des transports - Ministère de la Transition écologique et solidaire
  8. Ces avantages sont recensables et valorisables - au moins en ordre de grandeur - en appliquant les méthodes d'évaluation développées par le Commissariat à la Stratégie.
  9. « ÉVALUER L’IMPACT CARBONE DES INVESTISSEMENTS D’INFRASTRUCTURES FERROVIAIRES », sur SNCF- réseau, (consulté le )
  10. Groupe Caisse des dépôts et consignationsCDC Finance - CDC IXIS, Note sur la dette du secteur ferroviaire, Assemblée nationale :Commission des finances de l'économie générale et du plan, , 48 p. (lire en ligne [PDF]), p. 12
    « C'est uniquement depuis 1997 que cette dette est dimensionnée en fonction des cash flows escomptés des investissements consentis expliquant ainsi la notion de « mauvaise » et de « bonne » dette. La mauvaise dette correspondant à la dette portée par les établissements ferroviaires qui ne sera pas remboursée par leur activité. »
  11. Valérie Collet, « RFF : le scénario envisagé pour isoler la « mauvaise » dette », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ) :
    « La « bonne dette », d'environ 10 milliards d'euros pour RFF, est amortissable Ă  moyen et long terme par les pĂ©ages versĂ©s par les opĂ©rateurs ferroviaires lorsqu'ils empruntent le rĂ©seau. »
  12. Du moins jusqu'à la décision 98/2003 du d'Eurostat sur les « Apports de capitaux par des administrations publiques dans des entreprises publiques » requalifiant de subventions des apports vus « à fonds perdus ».
  13. Michel Pébereau, Rompre avec la facilité de la dette publique : Pour des finances publiques au service de notre croissance économique et de notre cohésion sociale, Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, La Documentation française, , 189 p. (lire en ligne), p. 62
    « Or, depuis vingt-cinq ans, la plupart du temps (dix-neuf années sur vingt-cinq), le déficit public (et donc la dette correspondante) n'a pas servi qu'à financer de nouveaux éléments d'actifs mais d'autres dépenses : le renouvellement des équipements existants et des dépenses de fonctionnement courant. En moyenne sur ces dix-neuf années, ce sont donc 40 % du déficit (et donc de l'augmentation de la dette) qui n'ont pas eu de contrepartie à l'actif et ont donc contribué à dégrader le patrimoine des administrations publiques. »
  14. « DĂ©cret no 97-444 du 5 mai 1997 - Article 4 », LĂ©gifrance (consultĂ© le ) : « RFF ne peut accepter un projet d'investissement sur le rĂ©seau ferrĂ© national, inscrit Ă  un programme Ă  la demande de l'État, d'une collectivitĂ© locale ou d'un organisme public local ou national, que s'il fait l'objet de la part des demandeurs d'un concours financier propre Ă  Ă©viter toute consĂ©quence nĂ©gative sur les comptes de RFF sur la pĂ©riode d'amortissement de cet investissement. »
  15. Rapport n° 293 (1984-1985) de M. Paul MASSON, déposé le 21 mai 1985 fait au nom de la Commission de Contrôle (1) chargée d'examiner la gestion de la S.N.C.F. et les conditions de mise en place des comités d'établissement au sein de cette société nationale, créée en vertu de la résolution adoptée par le Sénat le 12 décembre 1984. - Disponible sur http://www.senat.fr/rap/r84-293/r84-293.html
  16. Directive 91/440/CEE du Conseil du 29 juillet 1991 relative au développement de chemins de fer communautaires (lire en ligne)
  17. Rapport d'information déposé en conclusion des travaux d'une mission d'évaluation et de contrôle sur la clarification des relations financières entre le système ferroviaire et ses partenaires publics - Assemblée nationale, 2004
  18. Nathalie Silbert, « SNCF : le rapport Martinand pose vingt questions pour préparer le grand débat national », Les Échos,
  19. Claude Martinand, Ministère de l'Equipement, du Logement, des Transports et du Tourisme, Débat national sur l'avenir du transport ferroviaire : rapport introductif (Rapport public), Paris, Conseil économique et social régional, , 22 p. (lire en ligne)
  20. SNCF : la dette, un casse-tête duraille - Sébastien Pommier, L'Expansion, 28 février 2018
  21. Consultés sur http://www.rff.fr/fr/investisseurs/publications-financieres et http://www.sncf.com/fr/finance/rapports-financiers
  22. Gilles Savary, « Rapport sur le projet de loi portant réforme ferroviaire », Assemblée nationale,
  23. « Une rĂ©forme qui concerne directement SNCF », SNCF, (consultĂ© le ) : « Car la dette du système ferroviaire atteint aujourd'hui 40 milliards d'euros et croĂ®t de 1,5 milliard chaque annĂ©e (ce qui correspond Ă  la dette structurelle du rĂ©seau). »
  24. Les avis sur les bilans LOTI - CGEDD (coûts historiques extraits des rapports bilans socio-économiques des LGV disponibles)
  25. Traitement du service annexe d'amortissement de la dette ferroviaie - INSEE, 24 septembre 2007 [PDF]
  26. Situation de la SNCF et ses perspectives sur www.sénat.fr
  27. « La convention TET, un engagement fort de l'État en faveur du service public ferroviaire », Developpement-durable.gouv.fr, (consulté le )
  28. Annexe au rapport d'activité 2013 : Chiffres clés, SNCF - Caisse de prévoyance et de retraite du personnel de la SNCF, , 40 p. (lire en ligne)
  29. Arrêté du 25 novembre 1981 - Légifrance
  30. Lucile Chevallard, « Pour la Cour des comptes, l'État doit reprendre 12 milliards de dettes Ă  RFF », Les Échos,  : « Une bonne rĂ©forme aurait Ă©tĂ©, selon l'institution, que l'État reprenne Ă  sa charge toute la dette de la SNCF, comme l'a fait l'Allemagne en 1994 pour les 35 milliards de dettes de la Deutsche Bahn. »
  31. « Les usagers doivent se faire entendre » [PDF], SudRail PSE, (consultĂ© le ) : « [...] l'État doit reprendre la dette car ces dĂ©penses rentrent dans le cadre d'un coĂ»t pour la collectivitĂ© d'un service utile Ă  tous. »
  32. Article 33 de la convention du 31 août 1937
  33. Annexe 5210 : Rapport supplémentaire fait au nom de la commission des moyens de communication et du tourisme, Documents parlementaires de l'Assemblée nationale, 21 décembre 1952, pp. 3439-3443
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