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Getlink

Getlink, précédemment Groupe Eurotunnel[7], est une société privée européenne[3], concessionnaire jusqu'en 2086 de l'infrastructure du tunnel sous la Manche. Getlink englobe Eurotunnel (leader des échanges transmanches avec ses marques Eurotunnel Le Shuttle et Eurotunnel Le Shuttle Freight), Europorte (opérateur privé de fret ferroviaire en France), ElecLink (interconnexion électrique entre la Grande-Bretagne et la France) et le CIFFCO (centre de formation voué aux métiers du ferroviaire).

Getlink
logo de Getlink
Logo de Getlink

Création 28 mars 1986[1]
Dates clés • 6 mai 1994 : inauguration du tunnel sous la Manche ;
• 2007 : restructuration de la dette et premier bénéfice ;
• 20 novembre 2017 : la société change de nom, pour devenir Getlink.
Personnages clés Jacques Gounon
Jean-Louis Raymond,
Patrick Ponsolle (dirige Eurotunnel jusqu'en 2000)[2]
Forme juridique Société européenne[3] - [4]
Action Euronext : GET
Siège social Paris
Drapeau de la France France
Direction Jacques Gounon Président, Yann Leriche Directeur Général depuis le 1er juillet 2020
Actionnaires Eiffage (+18.79 pourcent (unité non prise en charge))[5]
Activité Transport ferroviaire (biens, véhicules et personnes),
Produits Liaison trans-Manche via le tunnel sous la Manche, Interconnexion Ă©lectrique, Fret ferroviaire
Filiales Eurotunnel, Europorte, ElecLink, CIFFCO,
Effectif 3 539
SIREN 483385142[6]
Site web getlinkgroup.com

Capitalisation 9 milliards d'euros en février 2020
Chiffre d'affaires 1 085 millions d'euros en 2019
Bilan comptable 9 000 000 000 d’euros ()
RĂ©sultat net 159 millions d'euros en 2019

Getlink transporte chaque annĂ©e plus de vingt-et-un millions de passagers, 1,7 million de camions, 2,7 millions de voitures, plus de 1,8 milliard de tonnes-kilomètres de marchandises, et bientĂ´t 1 gigawatt d’électricitĂ© (chiffres au )[8].

Cotée en bourse à Paris (Euronext Paris), Getlink a connu des difficultés financières surmontées par une restructuration financière puis un essor important.

Histoire

1986 : la construction

Le , François Mitterrand et Margaret Thatcher annoncent, à Lille, que le projet Eurotunnel, présenté par le consortium franco-britannique « France-Manche - Channel Tunnel Group », est retenu. Le de cette même année a lieu la signature du contrat de concession accordant au consortium franco-britannique, « France-Manche / The Channel Tunnel Group » la construction, le financement et l’exploitation du Tunnel sous la Manche. Le Groupe Eurotunnel voit le jour le et signe le contrat de construction du tunnel avec son fournisseur, la société TransManche Link (TML). Les travaux commencent dix-huit mois plus tard, en , et le Tunnel est inauguré six ans et demi plus tard, le .

Le premier des trois tunnels construits sous la Manche a été percé le . Ce jour-là, les ouvriers français et britannique Philippe Cozette et Graham Robert Fagg se serraient la main devant les caméras du monde entier et s'échangeaient les drapeaux nationaux à plus de cent mètres sous terre[9].

En 1995, cĂ´tĂ© français, un centre d'information monumental de 2 200 m2 est construit en bord de Manche, Ă  Calais, Ĺ“uvre des architectes Philippe Ameller et Jacques Dubois.

1994 : les débuts de l’exploitation commerciale

1994 marque un tournant pour Eurotunnel. En effet, lors du second trimestre, le groupe ouvre progressivement le tunnel Ă  l'exploitation commerciale :

  • : inauguration officielle par la reine Élisabeth II et le prĂ©sident de la RĂ©publique française, François Mitterrand.
  • : passage du premier train de marchandises ;
  • : ouverture commerciale du service pour les camions d’Eurotunnel ;
  • : passage du premier Eurostar ;
  • : ouverture commerciale du service pour les voitures.

1995 : l’exploitation courante de l’activité historique

Depuis la fin de l’année 1994, le groupe Eurotunnel poursuit l’exploitation courante de l’activité ferroviaire du tunnel à un rythme régulier.

Le service s’enrichit progressivement, entre autres avec l’ouverture commerciale du service pour les autocars puis les camping-cars et les caravanes en 1995 et avec l’ouverture du service de transport des animaux domestiques, le «Pet Travel Scheme», en 2000.

Seul un incendie, provoqué par un camion embarqué sur une navette, perturbe cette régularité en 1996.

2004 : diversification

Le , le groupe Eurotunnel devient, avec l'ouverture du fret ferroviaire à la concurrence, la première entreprise privée à obtenir, en France, une licence européenne d'opérateur ferroviaire. Cette licence est attribuée par les autorités françaises à sa filiale Europorte 2 et valable dans toute l'Union européenne. À ce titre, le groupe exploite des services de transport de fret sur le réseau réseau ferré national à partir de 2005.

Le groupe Eurotunnel conduit désormais ses deux activités de transporteur ferroviaire.

2007 : premiers bénéfices

Après des débuts difficiles, le groupe sort la tête de l'eau en 2007 et annonce pour la première fois un résultat bénéficiaire d'un million d'euros[10]. Les résultats de bonne facture permettent au groupe d'être en avance sur le plan de marche de la restructuration financière.

2009 : poursuite du développement avec l'achat de Veolia Cargo France

Eurotunnel poursuit son dĂ©veloppement dans le fret en achetant, en , Veolia Cargo France: 500 salariĂ©s et chiffre d'affaires de plus de 40 millions d'euros[11] spĂ©cialisĂ©es dans le fret ferroviaire et les services logistiques. Cette acquisition marque la crĂ©ation de l'ensemble Europorte.

Après la liquidation de la compagnie maritime SeaFrance, Eurotunnel rachète les trois ferries de cette société. Le groupe loue désormais les navires à la SCOP des anciens salariés de SeaFrance qui a pris le nom de MyFerryLink. Le lancement de la compagnie a été effectué le par les premières traversées des navires Berlioz et Rodin en direction de Douvres.

2015 : accord franco-britannique

Le 20 août 2015, les ministres de l'Intérieur français et britannique Bernard Cazeneuve et Theresa May ont signé à Calais un accord de coopération bilatérale pour faire face à l'afflux de migrants et ses problématiques sécuritaire et humanitaire[12].

2017-2020 : changement de nom et de gouvernance du groupe

Le , le Groupe Eurotunnel change de nom pour Getlink afin d'assumer la transformation du groupe[13] et englober l'ensemble de ses activités, en complément de son métier historique d'opérateur du Tunnel sous la Manche. Le nom Eurotunnel demeure celui de la filiale qui exploite le Tunnel sous la Manche.

En , Atlantia acquiert la participation de 15,49 % de Goldman Sachs dans Getlink et ses 26,66 % de droits de votes, pour environ 1 milliard d'euros[14].

En juin 2018, Getlink et EY ont présenté à la Commission européenne la nouvelle étude sur les flux commerciaux Royaume-Uni - Europe via le tunnel sous la Manche[15].

En mai 2019, Getlink a célébré les 25 ans d'exploitation du tunnel sous la Manche, avec la création d'une fresque monumentale par l'artiste de street-art YZ sur l'entrée du Tunnel côté France[16].

Début 2020, le groupe annonce la dissociation des postes de président du conseil de surveillance et de celui de directeur général à compter du mois de juillet 2020[17] - [18]. Jacques Gounon reste président et Yann Leriche est le nouveau directeur général[19].

En Getlink annonce un partenariat avec RATP Dev pour répondre ensemble aux appels d'offres lancés dans le cadre de l'ouverture à la concurrence des services ferroviaires sous l'autorité des Régions françaises sous la marque Régionéo[20].

En 2021, le chiffre d'affaires s'effrite encore en diminuant de 5,1 %, affecté par les restrictions de circulation entre le Royaume-Uni et le continent européen[21].

Préparation au Brexit

Depuis le vote du Brexit, Getlink et sa filiale Eurotunnel se sont préparés pour les changements à venir. 290 nouvelles places de parking camions sur le terminal de Coquelles ont été ajoutées, tous les contrôles des camions ont été regroupés en un seul point, le Pit-Stop, 3 voies de contrôle supplémentaires sur le terminal de Coquelles et 2 voies sur le terminal de Folkestone ont été crées. Une frontière intelligente a été mise au point en collaboration avec les Douanes et un centre Douane-SIVEP pour effectuer des contrôles additionnels, vétérinaires et phytosanitaires a été construit[22].

Des sas PARAFE, pour le contrôle d'identité des passagers d'autocars, ont été installés sur les deux terminaux en 2019 et 300 personnels français et anglais ont été formés aux formalités administratives et douanières, procédures vétérinaires et phytosanitaires, contrôles et scan des documents, accompagnement et information des clients[23].

Plus de 500 visites institutionnelles ont eu lieu sur les sites de Coquelles et de Folkestone en 2019.

Finances

Le capital du groupe se divise ainsi :

  • 15,5 % dĂ©tenus par Atlantia (24 % des droits de vote), ce qui en fait le premier actionnaire ;
  • 18,8 % dĂ©tenus par Eiffage ;
  • 17,71 % dĂ©tenus par les autres investisseurs institutionnels ;
  • 16,6 % dĂ©tenus par des actionnaires individuels ;
  • 43,3 % dĂ©tenus par des dĂ©positaires ;
  • 1,6 % en auto dĂ©tention.

Eurotunnel : une concession franco-britannique

Une Ă©tude menĂ©e en 1984 par un groupe de banques britanniques et françaises avait statuĂ© sur la viabilitĂ© Ă©conomique du projet, malgrĂ© son gigantisme. Le tunnel sous la Manche, grande infrastructure de transport internationale, a Ă©tĂ© financĂ© par des sociĂ©tĂ©s privĂ©es, sans aucune intervention des États britannique et français. Le gouvernement britannique de l'Ă©poque dirigĂ© par Margaret Thatcher a imposĂ© sa position « Not a public penny » (en français, « pas le moindre denier public ») pour le tunnel, position actĂ©e par le traitĂ© de CantorbĂ©ry signĂ© le par François Mitterrand et Margaret Thatcher. Eurotunnel a donc levĂ© des fonds auprès des banques et des « petits » actionnaires, ces derniers au nombre de 700 000 (dont 80 % de Français), reprĂ©sentent jusqu'Ă  65 % du capital social. En contrepartie du financement des travaux, les États français et britannique ont allouĂ©, Ă  Eurotunnel, une concession d'exploitation, pour une durĂ©e, dans un premier temps, de cinquante-cinq ans, prorogĂ©e une première fois de dix ans en 1994. En 1999, les États français et britanniques Ă©tendent de nouveau l'exploitation de la concession jusqu'en 2086.

Six ans et demi de travaux : un chantier pharaonique

ConsidĂ©rĂ© comme le chantier du XXe siècle, le tunnel sous la manche, plus longue structure sous-marine au monde, est une vĂ©ritable prouesse technique. Construit Ă  cent mètres en dessous du niveau de la mer dans une couche de craie bleue impermĂ©able, il aura nĂ©cessitĂ© 12 000 ingĂ©nieurs, techniciens et ouvriers, onze tunneliers et 720 000 voussoirs (plaque de bĂ©ton voutĂ©e indĂ©formable d'une longueur de cinq mètres pouvant peser jusqu'Ă  huit tonnes)[24]. Si la comparaison paraĂ®t osĂ©e, elle n'est pas dĂ©nuĂ©e de sens puisque le seul terrassement du terminal de Coquelles a nĂ©cessitĂ© sept fois plus de terre que la construction de la plus grande pyramide d'Égypte[25]. Le coĂ»t du projet a Ă©tĂ© de 15 milliards d'euros (valeur actualisĂ©e 2016).

Une dégradation rapide de la situation

Très vite, la situation financière du groupe Eurotunnel se dégrade en partie due à la forte augmentation des coûts des travaux. Après avoir touché des sommets à la Bourse de Paris, la société se retrouve au bord de la faillite dès 1997. Les gouvernements réitèrent leur confiance aux dirigeants en place et acceptent alors de prolonger la durée de la concession de quarante-quatre ans, portant son terme en 2086, et portant à 59 % les impôts sur les bénéfices. Un plan de restructuration du capital est mis au point avec les banques.

Deux raisons principales expliquent cette situation :

  1. La forte augmentation des coĂ»ts (coordination et construction), notamment des coĂ»ts du matĂ©riel roulant, initialement estimĂ©s Ă  environ 7,5 milliards d'euros, se sont montĂ©s finalement Ă  12,5 milliards d'euros. Le montant des intĂ©rĂŞts d'emprunts correspondants pesait fortement sur la rentabilitĂ© du tunnel et ne permettait plus alors de rembourser la dette.
  2. Des estimations de trafic un peu optimistes, qui ont entraĂ®nĂ© des recettes moins importantes que prĂ©vu. Ainsi, une publicitĂ© d'Eurotunnel, datĂ©e du , annonçait trente millions de voyageurs et quinze millions de tonnes de fret annuels, or en 2003 le trafic fut seulement de 6,8 millions de voyageurs et 1,5 million de tonnes de fret. Eurotunnel a annoncĂ© que le groupe se placerait le sous la protection de la justice faute d'ĂŞtre parvenu Ă  un accord avec une partie de ses crĂ©anciers. La sociĂ©tĂ© a accumulĂ© une dette de près de neuf milliards d'euros.

Le dĂ©rapage des coĂ»ts de la construction est dĂ» essentiellement Ă  une imputation comptable de plus du double du prix de revient de la construction qui se montait 4 140 496 kÂŁ au : taux de change ÂŁ = 8,71 FFR (rapport annuel 1994 d'Eurotunnel), soit 36 063 720 kF, portant ainsi les immobilisations de mise en concession Ă  79 525 871 kF. Il existait donc un Ă©cart d’environ 42,5 milliards de francs entre le coĂ»t (prĂ©sumĂ© rĂ©el) de la construction et le montant total des immobilisations corporelles.

Comment a-t-on fait pour imputer cet Ă©cart en immobilisations corporelles ? C’était par le biais des « productions immobilisĂ©es » Ă  raison d'environ un milliard d'euros par an pendant sept ans, soit sept milliards, facturĂ©es de filiale Ă  filiale au profit d’une SEP française et consolidĂ©es aux « comptes combinĂ©s » en une seule ligne au bilan « actif » sous une rubrique unique de « Immobilisations mises en concession »[26] Il n’y a pas eu de circulation d’argent, mais les actifs ont Ă©tĂ© sur-gonflĂ©s de 42 milliards de francs, ce qui portait le total actif au bilan du Ă  : 81 276 693 kF. Selon le principe comptable : actif = passif, si l’actif = 81 276 693 kF, le passif doit ĂŞtre aussi = 81 276 693 kF. RĂ©sultat : si l’actif comporte 42 milliards – plus exactement 42 938 206 kF – de fausses immobilisations, le passif aussi, comporte 42 938 206 kF de « faux fonds propres » d'oĂą de « fausses dettes »[27].

Dix ans de chaos financier

Il en rĂ©sulte que la sociĂ©tĂ©, dont les fonds propres s'Ă©lèvent Ă  1,7 milliard d'euros, est grevĂ©e d'une Ă©norme dette de 9 milliards d'euros, soit dix fois son chiffre d'affaires annuel, et que la charge des intĂ©rĂŞts, qui s'Ă©lève Ă  près de 500 millions d'euros en 2003, reprĂ©sente plus de 50 % du chiffre d'affaires (838 millions d'euros en 2003).

Le cours de bourse de la sociĂ©tĂ©, qui Ă©tait de 35 F (9,08 €2019) par action (pour un montant total de 1,17 milliard d'euros) en 1987 lors de la première souscription (puis 25 F (5,89 €2019) en pour la deuxième tranche qui leva 870 millions d'euros, et 22,5 F (4,84 €2019) en pour la troisième, qui leva 1,07 milliard d'euros), a atteint un record historique le Ă  128 F (31,19 €2019)[28], puis s'est rapidement effondrĂ©, perdant 90 % de sa valeur, malgrĂ© les plans de redressement successifs, pour stagner entre 0,5 et 1 euro depuis 1995 (minimum Ă  0,34 € (0,4 €2016) le ). L'AutoritĂ© des marchĂ©s financiers a suspendu la cotation de l'unitĂ©[29] Eurotunnel le .

2006-2007

MalgrĂ© les travaux engagĂ©s, Eurotunnel ne peut Ă©viter, le , le placement sous procĂ©dure de sauvegarde par le tribunal de commerce de Paris. Cette dĂ©cision prise pour six mois (reconductible deux fois) permet toutefois Ă  Eurotunnel de geler ses crĂ©ances et de suspendre le remboursement des intĂ©rĂŞts de sa dette de 9 milliards d'euros. L'activitĂ© de l'entreprise peut donc se poursuivre.

En , dans le cadre d'une nouvelle restructuration financière, une OPE est lancée permettant de recevoir, contre une unité Eurotunnel (code FR0000125379), une action d'une nouvelle société, le Groupe Eurotunnel S.A. (GET code FR0010452433) et un bon de souscription. La cotation de l'unité Eurotunnel reprend le , jusqu'à leur radiation le vendredi . Inscrits au CVMR ils restent négociables au fixing pendant deux ans[30].

Depuis le , une entité nouvelle dénommée GET SA a vu le jour à la suite de la réussite du plan de sauvegarde et de l'OPE souscrite à plus de 90 % des actionnaires. L'entreprise échappe ainsi à la faillite. Elle a divisé sa dette par deux. Désormais, la situation économique et financière du tunnel semble plus saine, le trafic sous la Manche est en progression et les excédents d'exploitation couvrent les charges financières.

Le le groupe a procĂ©dĂ© Ă  un regroupement d'actions, Ă©changeant 40 anciennes actions GET (renommĂ©e GETNR) contre une nouvelle action GET (code FR0010533075) cotĂ©e 14 €. Dans le contexte financier morose liĂ© Ă  la crise des subprimes, l'action a continuĂ© Ă  perdre de la valeur, pour atteindre un point bas Ă  2,65 € en .

Le 2009-05-06 Groupe Eurotunnel SA absorbe la société Eurotunnel SA, dont les actions, jadis cotées en Bourse, sont dé-jumelées des actions d'Eurotunnel PLC et échangées en proportion d'une action de Groupe Eurotunnel SA contre 992 actions d'Eurotunnel SA. Eurotunnel PLC, de droit britannique, continue d'exister mais ses actions ne sont plus cotées depuis 2007.

En 2007, Eurotunnel parvient Ă  restructurer sa dette, la faisant passer de 9 Ă  3 milliards d'euros, et gagne de l'argent pour la première fois. Si le million d'euros de bĂ©nĂ©fice est Ă  la fois modeste et très fort [31], voire symbolique, Jacques Gounon, son PDG, retiendra d'ailleurs le signe positif et le cĂ´tĂ© historique de ce gain[32].

Restructuration

RestructurĂ© financièrement, le groupe Eurotunnel enregistre son premier bĂ©nĂ©fice en 2008 (40 M€) et renoue avec la distribution de dividende[33]. L'incendie de , qui a coĂ»tĂ© six mois d'indisponibilitĂ© partielle du tunnel a vu ses effets nĂ©gatifs ĂŞtre compensĂ©s en partie, les indemnitĂ©s d'assurances couvrant pertes d'exploitation et manque Ă  gagner. Ce redressement intervient dans un contexte de libĂ©ralisation du transport des voyageurs en Europe.

Une fois assaini, le groupe a réalisé coup sur coup deux acquisitions significatives dans le fret en rachetant le les actifs français de Veolia Cargo[34] - [35]. Le groupe rachète également GB Railfreight qui est le troisième opérateur de fret en Grande-Bretagne, une opération réalisée le [36] - [37].

L'action a intégré l'indice MSCI le .

En 2010, Eurotunnel a investi vingt millions d'euros dans la construction de quatre stations « SAFE » (« Station d'attaque contre le feu ») pour amĂ©liorer la lutte contre l'incendie[38] - [39]. Chaque station SAFE est longue de 870 m, plus que les plus longues navettes camions. Une fois le train Ă  l’arrĂŞt, un système de dĂ©tection de chaleur localise le wagon oĂą se trouve l’incendie et un brouillard d’eau est immĂ©diatement vaporisĂ© uniquement dans la section correspondante. Contrairement Ă  la mousse ou aux sprinklers, le brouillard d’eau n’a pas besoin d’être dirigĂ© avec prĂ©cision vers la source de l’incendie. Ce dispositif d’attaque du feu dans le tunnel, conçu par Eurotunnel et la sociĂ©tĂ© Fogtec est brevetĂ©.

Activités

Getlink réalise son chiffre d'affaires via cinq activités :

Gestionnaire d'infrastructure ferroviaire

Eurotunnel, en tant que titulaire de la concession du Tunnel sous la Manche, est un système de transport intégré : il exploite l'infrastructure et met des sillons à dispositions des entreprises disposant d'une licence d'exploitation de services de fret ferroviaire et de transport de voyageurs. Le groupe perçoit des péages de la part d'autres entreprises ferroviaires utilisant le tunnel. En 2020, les principaux clients sont Eurostar pour les passagers, la SNCF, EWS et la Deutsche Bahn mais également Europorte pour les marchandises.

Entre sa mise en service progressive, à partir du mois de , et le le tunnel sous la Manche a été emprunté par plus de 450 millions de voyageurs, l’équivalent de trois fois la population totale de la France et du Royaume-Uni combinée. Ce chiffre de la fréquentation prend en compte les passagers embarqués à bord des navettes d'Eurotunnel, qu'ils voyagent dans un véhicule de tourisme (voiture, camping-car, moto, etc.) en autocar ou en camion, mais aussi les passagers des Eurostar empruntant le tunnel sous la Manche[40].

Entreprise ferroviaire respectueuse de l'environnement

Il exerce ce métier dans deux activités distinctes :

  1. transport Transmanche ;
  2. transport en Europe.

De manière historique, avec son tunnel, entre les terminaux de Calais/Coquelles (France) et Folkestone (Royaume-Uni), Eurotunnel exploite deux types de navettes de ferroutage (Le Shuttle), les unes transportant des camions et les autres transportant des voitures, des camping-cars, des caravanes et des autocars. Eurotunnel permet à une moyenne de dix-huit millions de tonnes de marchandises et dix-huit millions de passagers par an de traverser la manche.

En 25 ans d'exploitation, Eurotunnel a transportĂ© plus de quatre-vingt-dix millions de vĂ©hicules sous la Manche, ce qui a fait Ă©conomiser près de cinq millions de tonnes d'Ă©quivalent carbone. Une tendance qui se poursuit, depuis 2009 avec l'obtention de la certification du Carbon Trust Standard (pour la 5ème fois en 2017) pour sa politique environnementale, ses efforts de maĂ®trise et de rĂ©duction de son empreinte carbone. En 2012, cette certification a Ă©tĂ© Ă©tendue Ă  l'ensemble des filiales de Getlink pour la rĂ©duction de son empreinte carbone de 44 % entre 2006 et 2008 et de 20 % supplĂ©mentaires entre 2009 et 2011, soit une rĂ©duction cumulĂ©e de 55 % sur ces six dernières annĂ©es. En 2019, Getlink a, une nouvelle fois, rĂ©duit ses Ă©missions de gaz Ă  effet de serre au niveau du Groupe de -13 % en 2019 (vs 2018), notamment en raison de la mise en place d’un contrat Blue for Business qui garantit une Ă©lectricitĂ© zĂ©ro carbone au Royaume-Uni. Par ailleurs, Getlink figure parmi les entreprises les mieux prĂ©parĂ©es Ă  l’objectif +2°C selon le baromètre basĂ© sur l’outil NEC (Net Environmental Contribution) publiĂ© par La Tribune[41].

Interconnexion Ă©lectrique

Le projet ElecLink vise à construire, déployer et exploiter une interconnexion électrique entre la France et le Royaume-Uni, par l’installation de deux câbles en courant continu à l’intérieur du tunnel sous la Manche. Ces deux câbles permettent à l’électricité produite, de part et d’autre de la Manche, de circuler entre les deux pays en fonction des besoins. Vu de 2020, la nouvelle interconnexion ElecLink devait permettre d’augmenter de 50 % la capacité de transport d’électricité entre la France et la Grande-Bretagne[42].

Labellisé « projet européen d’intérêt commun », le projet a obtenu d’une part le soutien des deux nations dès son lancement en 2012 et d’autre part l’ensemble des autorisations des différentes autorités de régulation concernées.

L'interconnexion a été mise en service en mai 2022[43].

Fret ferroviaire

Premier opĂ©rateur privĂ© Ă  avoir obtenu une licence europĂ©enne d'opĂ©rations ferroviaires en 2004, Getlink dĂ©veloppe aujourd'hui son savoir-faire du fret ferroviaire au sein d'Europorte. Cette structure a intĂ©grĂ© les actifs français rachetĂ©s Ă  Veolia Cargo et rebaptisĂ©s sous Europorte France (transport de fret ferroviaire), Europorte Link (transport de conteneurs maritimes), Europorte ProximitĂ© (opĂ©rateur de proximitĂ©), Europorte service (ancien Socorail) (logistique sur site industriel) et Europorte Channel (ex-Europorte 2) spĂ©cialisĂ© dans la traction dans le tunnel et les opĂ©rations au sol. Europorte (828 collaborateurs) a gĂ©nĂ©rĂ© 126,5 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2019[44] et est Ă©galement rentable.

Formation ferroviaire

Le groupe Eurotunnel a créé son propre centre de formation interne, le CIFFCO (Centre international de formation ferroviaire de la Côte d'Opale). Depuis 2011, Eurotunnel l'a rendu accessible aux autres entreprises, ce qui en fait l'un des rares centres de formation ouvert aux autres entreprises ferroviaires extérieures. Ce centre est agréé par l'Établissement public de sécurité ferroviaire. Le CIFFCO a été implanté sur le site du terminal français d'Eurotunnel, dans l'ancien centre d'affaire. Le centre propose des formations dans divers métiers du domaine ferroviaire sur les réseaux publics, privés ou les installations industrielles, tels que :

  • conducteur de trains habilitĂ©s RFN ou rĂ©seaux privĂ©s (ITE) ;
  • agent au sol (agent formation, chef de la manĹ“uvre, reconnaisseur…) ;
  • agent de circulation ;
  • garde ;
  • mainteneurs des infrastructures ou des matĂ©riels roulants ;
  • conduite de chariots Ă©lĂ©vateurs, nacelles et ponts roulants ;
  • formation de sĂ©curitĂ©s diverses ;
  • etc.

Le CIFFCO est équipé sur place en matériels pédagogique adaptés : informatique, simulateur de conduite, simulateur d'évacuation de tunnels ferroviaires… Bien que le CIFFCO ait commencé ses activités en 2011, il n'a été qu'officiellement inauguré le 2 février 2012. En juillet 2014, le CIFFCO a obtenu l'inscription de la formation « Conducteur de train » au répertoire national des certifications professionnelles.

Par ailleurs, ce centre de formation lance en janvier 2016 le premier MOOC emploi du ferroviaire[45].

Armateur

En 2012, Ă  la suite de la liquidation de l'entreprise maritime Seafrance, Eurotunnel dĂ©pose une offre d'achat d'actifs de l'entreprise maritime portant sur trois de leurs bateaux. Les deux sister-ship : le Rodin et le Berlioz, ainsi que le Nord-Pas-de-Calais. Deux autres offres ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es par Louis-Dreyfus / DFDS Seaways et Stena Line. C'est Ă  la mi- que le tribunal de commerce de Paris tranche en faveur de l'offre de rachat par Eurotunnel pour un montant de 65 M€, alors que les trois navires avaient Ă©tĂ© estimĂ©s entre 150 et 200 M€. Eurotunnel n'en assure pas elle-mĂŞme l'exploitation. Ils sont actuellement louĂ©s Ă  l'entreprise My Ferry Link, une SCOP crĂ©Ă©e par d'anciens salariĂ©s de Seafrance, et ont donc repris leurs traversĂ©es transmanche entre Calais et Douvres le .

Le , la justice britannique confirme l'interdiction (initialement prononcée en 2013 par l'Autorité britannique de la concurrence et des marchés) faite à Eurotunnel de continuer à exploiter des ferries entre Calais et Douvres[46].

Transport de voyageurs

Régionéo est une filiale commune du groupe Getlink et de la RATP créée pour répondre aux appels d’offres des régions dans le transport de voyageurs.

Matériel roulant

Modèle Image Type Vitesse max Quantité Type de circulation Construction Notes
Class 9000 Locomotive électrique 160 km/h 58 Tunnel sous la Manche 1993 Opérant les navettes Shuttle
CC 92000 Locomotive électrique 140 km/h 16[47] Tunnel sous la Manche 1993 Opérant sur les trains de Fret d'Eurotunnel
Eurotunnel Class 0001 Locomotive Diesel 100 km/h 5 Locomotive de secours 1992
Eurotunnel Class 0031 Locomotive Diesel 50 km/h 12 Manœuvres 1990

En parallèle de ce parc de locomotives, Eurotunnel utilise quinze navettes de 800 mètres de long pour ses services de ferroutage. En 2015, Eurotunnel commande trois navettes supplĂ©mentaires pour 40 millions d'euros avec une livraison prĂ©vue pour 2016-2017[48].

Logotype

  • Logo de la filiale Eurotunnel
    Logo de la filiale Eurotunnel
  • Logo du Groupe depuis le 20 novembre 2017
    Logo du Groupe depuis le

Notes et références

  1. Structure juridique d'Eurotunnel - Boursilex.com
  2. les dirigeants d'Eurotunnel
  3. « Le Groupe », sur getlinkgroup.com (consulté le )
  4. « Eurotunnel: adoption du statut de Société Européenne », sur lexpress.fr,
  5. « https://www.ville-rail-transports.com/ferroviaire/eiffage-devient-le-premier-actionnaire-de-getlink/ »
  6. Système national d'identification et du répertoire des entreprises et de leurs établissements, (base de données)
  7. « Communiqué - Nouveaux enjeux, nouvelle identité : Groupe Eurotunnel devient Getlink », sur eurotunnelgroup.com, (consulté le ).
  8. (en) « Getlink : Chiffre d’affaires 2019 stable malgré le contexte difficile », sur businesswire.com, (consulté le )
  9. « Il y a 20 ans… le tunnel sous la Manche », sur LExpress.fr, (consulté le )
  10. Le Monde, 8 avril 2008. Premiers bénéfices pour Eurotunnel
  11. SNCF et Eurotunnel achètent Veolia Cargo - WK Transport Logistique, 7 septembre 2009
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Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Patrick Laval, « Eurotunnel - croissance et innovation pour un 20e anniversaire », Rail Passion, no 201,‎ , p. 44-47 (ISSN 2264-5411)

Liens externes

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