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Combats de Saumur

Les combats de Saumur sont une série de combats, qui se déroulèrent durant la Défense de la Loire lors de la bataille de France, en juin 1940. Elle voit la défense d'un secteur du fleuve de la Loire par les élèves-officiers de l'école de cavalerie de Saumur, appelés « Cadets ». Pour cette raison, les combats sont également appelés « combats des Cadets de Saumur ».

Combats de Saumur
Cadets de Saumur
Description de cette image, également commentée ci-après
Le Pont des Cadets, situé à Saumur (Maine-et-Loire).
Informations générales
Date du 18 au
Lieu entre Montsoreau et Gennes, Maine-et-Loire, France
Issue Victoire allemande marginale
Belligérants
Drapeau de la France FranceDrapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Forces en présence
2 500 hommes ;
quelques pièces d'artillerie ;
24 blindés
40 000 hommes,
300 pièces d'artillerie ;
150 blindés
quelques éléments de la Luftwaffe
Pertes
250 tués ou blessés
218 prisonniers
2 chars endommagés
132 tués
plusieurs centaines de blessés
7 blindés détruits

Bataille de France
DĂ©fense de la Loire

Batailles

Bataille de France et campagne des 18 jours
Pour le front néerlandais, voir Bataille des Pays-Bas.



Percées de la Meuse et rupture du front belge :


Tentatives de contre-attaques alliées :


DĂ©fense des ports de la Manche et rembarquement britannique Ă  Dunkerque :


Effondrement de la Ligne Weygand, avancée allemande sur la Seine et évacuation des troupes alliées :


Front italien et percée allemande dans le Sud :
CoordonnĂ©es 47° 15′ 36″ nord, 0° 04′ 37″ est

Cette rĂ©sistance, qualifiĂ©e d'hĂ©roĂŻque, opposa pendant deux jours près de 2 500 soldats français, sous-Ă©quipĂ©s et inexpĂ©rimentĂ©s, Ă  la 1re division de cavalerie de l'armĂ©e allemande, alors mĂŞme que le marĂ©chal PĂ©tain venait d’annoncer la demande d'armistice et d’appeler Ă  cesser le combat. Ce faisant, les cadets de Saumur sont parfois considĂ©rĂ©s comme les premiers rĂ©sistants, avec les derniers dĂ©fenseurs de la ligne Maginot.

Histoire

Contexte

Le pont de Balbigny sur la Loire en train de s'Ă©crouler en juin 1940.

En , les armĂ©es françaises engagĂ©es en Belgique dans le Nord de la France sont encerclĂ©es avec le Corps expĂ©ditionnaire britannique et l'armĂ©e belge Ă  la suite de la percĂ©e des Allemands dans les Ardennes. EncerclĂ©s Ă  Dunkerque, les AlliĂ©s sont Ă©vacuĂ©s par la mer. Le 28 mai, la Belgique capitule, l'armĂ©e française ne possède plus que 60 divisions et 1 200 chars et peu de couverture aĂ©riennes.

Le 10 juin la ligne de défense reconstituée sur la Somme et sur l’Aisne cède. La retraite de l'armée française se transforme en déroute, même si quelques unités retraitent en ordre. Devant la progression allemande vers la Seine et la prise de Paris déclarée ville ouverte le 14 juin, le gouvernement français, qui trouve refuge à Bordeaux, demande que les fleuves et rivières soient mis en défense pour bloquer la progression des armées du Reich vers le sud de la France. La Loire, compte tenu de son tracé et de sa largeur, doit devenir un obstacle majeur.

Le secteur allant de Candes-Saint-Martin (Indre-et-Loire) au Thoureil (Maine-et-Loire) fut confié à l’École de cavalerie de Saumur, commandée par le colonel Michon. Ce secteur comporte notamment quatre ponts constituant des points de franchissement cruciaux pour les armées allemandes.

Cependant, le , l’École de cavalerie reçoit l’ordre d’évacuer Saumur pour rejoindre Montauban. Le colonel Michon, refusant de reculer, obtint de conserver les cadres et élèves de l’école pour mettre le secteur imparti en défense. L’évacuation ne concerne donc que les éléments non-combattants de l’École de cavalerie. Dans la même journée, Maxime Weygand annonce refuser toute reddition de l'armée française.

Le , les Allemands sont à Orléans, ville déserte bombardée à plusieurs reprises par leur aviation[1]. Les ponts routiers (Joffre et George-V) sont détruits pour empêcher la progression des Allemands vers le sud. Seul le pont de chemin de fer ou pont de Vierzon n'a pu être détruit, laissant les troupes allemandes rejoindre la rive gauche de la Loire.

Le , le marĂ©chal PĂ©tain adresse un message aux armĂ©es françaises demandant de cesser les combats dans la perspective de l’armistice. « Ces paroles nous pĂ©nĂ©traient, au fur et Ă  mesure, comme autant de gouttes de feu », Ă©crira le lieutenant-colonel Bardiès. Le colonel Michon rassemble ses cadres pour leur exposer la situation. Tous sont volontaires pour poursuivre la rĂ©sistance armĂ©e, malgrĂ© des moyens très faibles (essentiellement rĂ©duits Ă  l'armement d'instruction), et faire ainsi honneur, dans un esprit de sacrifice, Ă  l’armĂ©e française. C’est avec la dĂ©fense de la ligne Maginot, le premier acte de rĂ©sistance armĂ©e sur le territoire national. Les Allemands sont alors Ă  Nevers et Ă  La CharitĂ©-sur-Loire.

Le , les Allemands atteignent Gien, Beaugency et Sully-sur-Loire. Dans le même temps, Blois et Nantes, villes déclarées ouvertes, sont prises par l'ennemi.

Françaises

Les troupes françaises sont hétéroclites, et sont constituées de :

  • 550 Ă©lèves aspirants de rĂ©serve (ÉAR) de cavalerie et des 240 ÉAR du train (Ă©quivalent des EOR actuels) de la 4e division d’instruction, encadrĂ©s par leurs instructeurs, sous le commandement du Colonel Michon ;
  • 360 soldats de divers centres d’instruction de la rĂ©gion, dont le centre d'organisation de la cavalerie de Fontevrault l'Abbaye, aux ordres du capitaine de Cadignan ;
  • 80 hommes commandĂ©s par le capitaine Monclos ;
  • 200 fantassins et mitrailleurs du 13e rĂ©giment de tirailleurs algĂ©riens ; tirailleurs du dĂ©pĂ´t d'instruction des tirailleurs Nord africains no 93 bis aux ordres du sous-lieutenant Perrot ;
  • un bataillon de 350 hommes des EAR de l' l’École d’infanterie de Saint-Maixent commandĂ© par le capitaine Bleuze ;
  • le 1er Groupe Franc motorisĂ© de cavalerie aux ordres du capitaine de Neuchèze (dont le compositeur Jehan Alain) ;
  • un escadron de reconnaissance, rĂ©formĂ© Ă  Évreux dĂ©but juin 1940, combattant sous l'Ă©cusson du 1er G.R.D.I. commandĂ© par le capitaine Gobbe ;
  • 260 cavaliers du 19e rĂ©giment de dragons aux ordres de chef d’escadron Hacquard.

Soit environ 2 500 hommes armĂ©s de 24 blindĂ©s, 5 canons de 75 mm, 13 canons antichars et 15 mortiers pour tenir 40 km de front.

Allemandes

Les troupes allemandes sont composées de :

Au total, 40 000 hommes, 300 pièces d'artillerie, 150 blindĂ©s et de plusieurs Ă©lĂ©ments de la Luftwaffe.

DĂ©roulement des combats

Soldat allemand blessé recevant un traitement médical sur le front en juin 1940.

Ceux-ci bloqueront pendant plus de deux jours plus de deux divisions allemandes (dont la 1re division de cavalerie), sans oublier l’appui de la Luftwaffe. Les combats commencèrent le lors d'un premier contact, à 0 h 15, à Saumur avec des blindés allemands rapidement mis hors de combat . Peu après, à 2 h, le pont de Montsoreau est détruit lors de l'engagement avec les troupes allemandes[2].

Les troupes françaises prirent position sur quatre ponts de la Loire, qu'elles eurent ordre de tenir coûte que coûte. Bien qu'inexpérimentées, elles repoussent les divers assauts allemands, leur infligeant de lourdes pertes, menant même une contre-attaque mais qui est rapidement contenue. Ce n'est que grâce à l'arrivée de renforts et par l'utilisation massive de l'artillerie et par suite du manque de munitions que les Allemands s'emparent de ces ponts dans la journée du , marquant ainsi la fin de la bataille et de tout obstacle majeur à la progression de l'armée allemande dans le Sud du pays. Ordre est donné à une formation motorisée française, comprenant des éléments d'un escadron réformé du 1er G.R.D.I., de se diriger sur Poitiers via Loudun.

Après les combats

Les combats héroïques menés par cette poignée de soldats équipés de leurs armes d’instruction contre des forces très supérieures tant en hommes qu’en armements furent reconnus par leurs vainqueurs : c’est le général Feldt commandant la 1re division de cavalerie qui leur donnera le nom de « cadets » et qui leur permettra de repartir libres vers la ligne de démarcation, aux ordres de leurs officiers, sans escorte allemande, une section de la Wehrmacht leur rendant les honneurs militaires au passage du pont à Beaulieu-lès-Loches.

Les cadets de Saumur furent également cités pour actes de bravoure à l'ordre de l'armée par le général français Maxime Weygand.

Conséquences

L'issue de cette bataille permit aux Allemands de lancer une vaste offensive vers le Sud-Est, plus particulièrement dans la vallée du Rhône, où les troupes françaises de l'Armée des Alpes qui devaient déjà faire face aux Italiens furent prises à revers par les forces allemandes. Cette aide militaire précipite donc la signature de l'armistice du 24 juin 1940, les forces françaises n'étant pas en mesure de se battre sur deux fronts.

Pertes humaines

Les pertes de cette bataille sont de 250 tuĂ©s ou blessĂ©s du cĂ´tĂ© français, et de 132 tuĂ©s et plusieurs centaines de blessĂ©s du cĂ´tĂ© allemand.

218 soldats français sont faits prisonniers par les Allemands après la bataille de Saumur/Gennes (mais qui seront relâchés plus tard par le général allemand Kurt Feldt). De nombreux autres soldats sont également portés disparus (plusieurs centaines d'hommes au total).

  • Monument aux dĂ©fenseurs de l'Ă®le de Gennes.
    Monument aux défenseurs de l'île de Gennes.
  • Cimetière militaire de Gennes.
    Cimetière militaire de Gennes.
  • Tombe du Lieutenant Jacques Desplats au cimetière militaire de Gennes.
    Tombe du Lieutenant Jacques Desplats au cimetière militaire de Gennes.

Personnalités

  • Jehan Alain (1911-1940), compositeur et organiste français, citĂ© pour actes de bravoure, meurt le au champ d'honneur Ă  29 ans après avoir rĂ©sistĂ© seul Ă  un peloton d'assaut allemand[3].
  • Le lieutenant Gabriel de Galbert (1912-2001), cadre Ă  Saumur, s'illustre au cours de l'affrontement.
  • Maurice Druon (1918-2009), devenu plus tard homme de lettres et acadĂ©micien, Ă©tait Ă©lève-officier Ă  Saumur et a fait partie de ces « cadets ». Il a Ă©crit son premier roman, « La dernière brigade » en 1946, qui raconte cette bataille.
  • Jean Ferniot (1918-2012), journaliste et Ă©crivain, a participĂ© aux combats sur la Loire.
  • Georges de Caunes (1919-2004), journaliste français, participe aux combats sur la Loire comme EOR Ă  Saint-Maixent.
  • Jean Charles L'officier (1913-1974), Vice PDG de Lafarge, EOR, participa aux combats Ă  la tĂŞte de sa brigade, la brigade l'officier.
  • Henri de Farcy (1914-1983), EOR, dirige le repli de l'Ă®le de Gennes après la mort de son lieutenant.
  • Roger Mucchielli (1919-1981)
  • Jacques Desplats (1913-1940), lieutenant instructeur Ă  Saumur, dĂ©fenseur de l'Ile de Gennes, Saint-Cyrien, sorti major de sa promotion Ă  Saumur en 1938.

Hommage

Dessin du revers de l'étendard de l'école d'application de l'arme blindée et cavalerie et de l'école du train et de la logistique.

L'ancienne école d'application de l'arme blindée et cavalerie et l'école du train et de la logistique portent l'inscription Gennes-Saumur 1940 sur leur étendard[4].

En juin 2016, le pont de Grenelle (Paris) est renommé « pont de Grenelle-Cadets-de-Saumur ». Plusieurs promotions de la 4° DI portent le nom d'officiers ou d'EAR qui se sont illustrés à Saumur (et après). La promotion d'EOR 94/04 porte le nom de "Promotion Colonel Michon".

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • (en) Roy Macnab, For honour alone : the cadets of Saumur in the defence of the Cavalry School, France, June 1940, London, R. Hale, , 192 p. (ISBN 978-0-709-03331-8)
  • Patrick de Gmeline et Jeannine Balland (prĂ©sentation), Les cadets de Saumur Juin 1940 : Document, Paris, Presses de la cite, coll. « Document », , 397 p. (ISBN 978-2-258-08420-9)
  • Robert Milliat, Le Dernier Carrousel, DĂ©fense de Saumur 1940, Ă©ditĂ© en 1945
  • A. Grasset, La dĂ©fense de Saumur : relation des Ă©vĂ©nements des 19 et 20 juin 1940 fixĂ©e pour le Journal Militaire Suisse, (DOI 10.5169/SEALS-17170, lire en ligne)

Filmographie

Liens externes

Notes et références

  1. (fr) Histoire de la ville d'Orléans, consulté le 5 mai 2013
  2. « 99 - Combat des Cadets de Saumur sur la Loire », sur www.anac-fr.com (consulté le )
  3. (fr) Dominique Lormier, La Bataille des Cadets de Saumur. Juin 1940, p. 49 (Ă©d. Les Chemins de la MĂ©moire, 2003)
  4. Décision no 12350/SGA/DMPA/SHD/DAT relative aux inscriptions de noms de batailles sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées (no 27), (lire en ligne), p. 3-4
  5. « Émission Droit de suite du 23 janvier 2018 », sur LCP (consulté le )
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