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Incidents aériens en Suisse de 1940

Les incidents aériens en Suisse de 1940 sont un ensemble d’événements survenus durant le début de la Seconde Guerre mondiale ayant opposé les forces aériennes suisses à la Luftwaffe allemande entre le et le , date où l’aviation suisse reçoit l’ordre de cessez-le-feu, ordre donné par le général et chef de l’armée Henri Guisan[4].

Combats aériens en Suisse (1940)
Description de cette image, également commentée ci-après
Un BF-109 des Troupes d'aviation suisse (Schweizer Luftwaffe) dans les couleurs de 1940.
Informations générales
Date du 10 mai au
Lieu ciel de la Suisse
Issue cessez-le-feu
Forces en présence
450 000 hommes
230 avions[1]
4 000 avions (pour toute la bataille de France)[2]
Pertes
Me BF 109 détruit
C-35 détruit
He 111 détruits
Me 110 détruits[3].
17 pilotes de la Luftwaffe faits prisonniers.

Seconde Guerre mondiale,
Bataille de France

Batailles

Bataille de France et campagne des 18 jours
Pour le front néerlandais, voir Bataille des Pays-Bas.



Percées de la Meuse et rupture du front belge :


Tentatives de contre-attaques alliées :


DĂ©fense des ports de la Manche et rembarquement britannique Ă  Dunkerque :


Effondrement de la Ligne Weygand, avancée allemande sur la Seine et évacuation des troupes alliées :


Front italien et percée allemande dans le Sud :

Contexte historique : la bataille de France

Le , le Troisième Reich lance une grande offensive sur les Pays-Bas, la Belgique et la France dans ce qui sera appelĂ© la « bataille de France »[5]. Les Allemands souhaitent profiter de la faiblesse de la dĂ©fense anti-aĂ©rienne et de la chasse française de Lyon et de Saint-Étienne en empruntant l’espace aĂ©rien suisse. Ce Ă  quoi l’aviation suisse rĂ©agit par la destruction des avions allemands, bien que le pays reste officiellement neutre Ă  la suite du traitĂ© signĂ© le au Congrès de Vienne marquant la neutralitĂ© perpĂ©tuelle de la Suisse[6]. Durant cette pĂ©riode, en , l’armĂ©e suisse effectue Ă©galement une mobilisation gĂ©nĂ©rale oĂą près de 450 000 hommes sont rassemblĂ©s afin de faire face Ă  la possibilitĂ© d’une invasion allemande[7]. La Suisse est donc dĂ©cidĂ©e Ă  dĂ©fendre sa neutralitĂ© et sa souverainetĂ©, coĂ»te que coĂ»te, mĂŞme par la guerre.

Chronologie des incidents

Théâtre des opérations lors de la bataille de France, mai-juin 1940.

Les premiers incidents ont lieu dès la fin de la « drĂ´le de guerre », c’est-Ă -dire dès le lors de l’offensive allemande sur le Benelux et la France. Entre cette date et le , 11 avions allemands au total sont dĂ©truits par l’aviation et la DCA suisse[8]. Plus d’une centaine d’avions suisses (10 chasseurs Bf 109 D, 90 chasseurs Bf 109 E, achetĂ©s Ă  l’Allemagne, ainsi que d’autres chasseurs Morane-Saulnier MS.406, construits sous licence suisse) sont utilisĂ©s contre la Luftwaffe.

Les combats s’intensifient dès le [9], date qui marque la fin de la bataille de Dunkerque et la débâcle des armées alliées. En effet, Hermann Göring, commandant en chef de la Luftwaffe, souhaite donner une « correction à la Suisse », en engageant une trentaine de chasseurs lourds Me 110 qui entrent en conflit avec des Me 109E suisses au-dessus de La Chaux-de-Fonds et des Franches-Montagnes[10]. Face à la détermination des pilotes suisses, pourtant en large infériorité numérique, les Allemands abandonnent l’engagement après avoir essuyé plusieurs pertes. De retour à Berlin, la nouvelle parvient jusqu’à Hitler qui met alors sous pression le gouvernement suisse, face à une éventuelle invasion du pays[11].

En effet, le lendemain, le , l’Allemagne proteste diplomatiquement, menaçant clairement la Suisse, avant d’envoyer une seconde note le . Adolf Hitler est particulièrement furieux de voir de l’équipement allemand (Bf 109 D et Bf 109 E suisses) être utilisé contre les pilotes allemands, allant même jusqu’à déclarer que l’armée allemande répondra d’une « autre manière »[8]. Le , le général Henri Guisan ordonne à l’armée suisse de cesser d’intercepter les avions allemands qui violent l’espace aérien suisse[4], mettant fin officiellement aux combats, alors que les postes de DCA restent toujours actifs en cas d’attaque de la part de la Luftwaffe (ou de la part de la Regia Aeronautica italienne).

Cette mesure restera en vigueur jusqu'à la fin de l'année 1943[12], date à partir de laquelle les bombardiers américains de l'US Army Air Force utilisent l'espace aérien suisse afin de bombarder des villes de l'Europe occupée, notamment des villes françaises de l'Est et du Nord, par exemple à Rouen du au [10].

Conséquences sur les relations germano-helvétiques

Soldats suisses près de Lucerne lors de la mobilisation, septembre 1943.

Ces incidents aĂ©riens dĂ©tĂ©riorent les relations entre les deux pays, menant Ă  une grave crise diplomatique. L’Oberkommando der Wehrmacht (OKW, haut-commandement allemand) Ă©labore plusieurs plans d’invasion de la Suisse, notamment l’opĂ©ration Tannenbaum, qui ne sera jamais mise en Ĺ“uvre[13]. Du cĂ´tĂ© suisse, le gouvernement rĂ©alise qu’il devient urgent de dĂ©velopper une politique de dĂ©fense et d’autosuffisance, la Suisse Ă©tant entourĂ©e par des pays de l’Axe et craignant une invasion italo-allemande. Les fortifications prĂ©sentes dans les Alpes, notamment le massif du Saint-Gothard, la rĂ©gion de Saint-Maurice, ainsi que celle de Sargans, sont renforcĂ©es. Plus de 21 000 ouvrages fortifiĂ©s sont construits au total par l’armĂ©e suisse durant tout le conflit, pour faire face Ă  une Ă©ventuelle invasion[14].

Ă€ partir de 1941, la Suisse est progressivement dĂ©mobilisĂ©e, pour atteindre finalement un effectif de 120 000 soldats[15], qui ont pour rĂ´le de surveiller les frontières, l’état-major Ă©cartant la possibilitĂ© d’une attaque allemande Ă  partir de 1943. Bien que la Suisse n’ait donc pas de rĂ´le dans le dernier conflit mondial, elle est toutefois le théâtre d’opĂ©rations de sabotages menĂ©es par les Allemands, principalement dans l’arrière-pays montagneux oĂą des aĂ©rodromes sont parfois sabotĂ©s par des parachutistes allemands[16]. Durant l’invasion de la France, l’espace aĂ©rien suisse est violĂ© pas moins de 197 fois au total par les pilotes allemands[8]. L’aviation suisse aura perdu 2 appareils dans les combats : un avion de reconnaissance et un chasseur, constituant donc des pertes mineures par rapport aux pertes allemandes[11].

Notes et références

Borne frontière suisse érigée lors de la Seconde Guerre mondiale.
  1. (fr) Le 2 juin 1940, vu du côté Suisse - Les Messerschmitt Bf 109 Suisses, François Monney. Mis en ligne le , consulté le .
  2. (fr) La campagne de France en mai 40 : « Fall-Gelb », 39-45 Stratégie. Mis en ligne le , consulté le .
  3. (fr) Extrait du livre sur les « Forces aériennes suisses », Laurent Parra, 2008. Consulté le .
  4. (fr) Extrait du livre sur les « Forces aériennes suisses », Laurent Parra, 2008. Consulté le .
  5. (fr) La bataille de France, 10 mai – 22 juin 1940, ECPAD.fr. Mis en ligne le , consulté le .
  6. (de) Article 185 de la Constitution de la Confédération suisse, Consulté le .
  7. (fr) Une autre Suisse, 1940-1944, Jean-Pierre Richardot, Questions d’époque, p. 219.
  8. (en) The Neutrals (World War II), Denis J. Fodor, Éditions Time Life Books, 1995.
  9. (fr) Une autre Suisse, 1940-1944, Jean-Pierre Richardot, Questions d’époque, p. 229-230.
  10. (fr) Histoire des troupes d’aviation suisse de 1938 - 1946, Superjet5.com, consulté le .
  11. (fr) Combats aériens de juin 40, sur le site du Fort de Litroz. Consulté le .
  12. (fr) « Forces aĂ©riennes : de la Première Ă  la Seconde Guerre mondiale » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne. ConsultĂ© le .
  13. (en) Between the Alps and a Hard Place: Switzerland in World War II and the Rewriting of History, Angelo M. Codevilla, Regnery Press, p. 57-58.
  14. (fr) L'esprit des fortifications, Jean-Jacques Rapin, Presse polytechniques et universitaires romandes « Le savoir suisse », Lausanne, 2004.
  15. (fr) Le temps de la Mob en Suisse romande, 1939-1945, André Chamot, Payot, Lausanne, 1979, p. 106-107.
  16. (en) Essential Militaria, Nicholas Hobbes, 2005.

Annexes

Bibliographie

  • Jean-Jacques Langendorf et Pierre Streit, Face Ă  la guerre : l'armĂ©e et le peuple suisses : 1914-1918, 1939-1945, Gollion (Suisse) Paris, Infolio, , 330 p. (ISBN 978-2-884-74033-3, OCLC 239730764).
  • Philippe Marguerat, La Suisse face au IIIe. Reich : RĂ©duit national et dissuasion Ă©conomique, 1940-1945, Genève, Ed. 24 Heures, coll. « Cartes sur table », , 181 p. (ISBN 978-2-826-51085-7, OCLC 1091928837).
  • AndrĂ© Chamot et Jean Hutter (dir.), Le temps de la Mob en Suisse Romande : 1939-1945, Lausanne, Payot, , 237 p. (ISBN 978-2-601-00396-3, OCLC 6488312).
  • (fr) Le GĂ©nĂ©ral Guisan, Le commandement de l’armĂ©e suisse pendant la Seconde Guerre mondiale, Willi Gautschi, Payot, Lausanne, 1991. (ISBN 978-3858235169).
  • (fr) Une autre Suisse, 1940-1944, Jean-Pierre Richardot, Questions d’époque, 268 p. (ISBN 2830910214).
  • (en) Switzerland Under Siege 1939-1945, Leo Schelbert, Picton Press, 2000. (ISBN 0-89725-414-7).
  • (en) Between the Alps and a Hard Place, Switzerland in World War II and the Rewriting of History, Angelo M. Codevilla, Regnery Press, 2000, 248 p. (ISBN 0-89526-238-X).

Articles connexes

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