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Bombardement de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale

Les bombardements de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale sont principalement réalisés par les Alliés qui les attribuent officiellement à des erreurs de navigation.

Bombardement de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale
Description de cette image, également commentée ci-après
Des officiers de l’armée suisse debout au-dessus des débris après le bombardement aérien allié de Zurich, le 4 mars 1945.
Informations générales
Date 1940-1945
Lieu Suisse
Casus belli Survol de la Suisse neutre par les béligérants.
Belligérants
Drapeau des États-Unis USADrapeau de la Suisse SuisseDrapeau de l'Allemagne nazie Allemagne nazie

Violation de l'espace aérien suisse

Pendant le conflit, la Suisse reste neutre conformément au traité signé le au Congrès de Vienne marquant la neutralité perpétuelle de la Suisse[1]. Complètement entourée par des pays de l'Axe ou occupés par ces derniers, son espace aérien est violé régulièrement par les belligérants.

Au début de la guerre, l'armée de l'air suisse intercepte les avions allemands violant son espace aérien pendant la bataille de France. Devant les menaces allemandes de sanctions et de représailles, le 20 juin 1940, le gouvernement suisse décide la fin des interceptions d’avions étrangers survolant le pays[2].

Avec son espace aĂ©rien ouvert aux belligĂ©rants, les sirènes d'alertes aĂ©riennes retentissent plus de 7 000 fois dans le pays pendant la guerre[3].

Survols des bombardiers alliés

Certains bombardiers alliĂ©s profitent de cette situation et utilisent l’espace aĂ©rien suisse comme un itinĂ©raire plus sĂ»r pour aller bombarder des cibles en Allemagne et en Italie. Les bombardiers en dĂ©tresse prĂ©fèrent atterrir en Suisse neutre plutĂ´t qu’en territoire ennemi. En consĂ©quence, la Suisse interne 1 700 aviateurs amĂ©ricains pendant le conflit[4].

En 1941, les bombardiers alliés survolent très rarement la Suisse, car le pays applique un blackout complet afin de compliquer la navigation des avions des belligérants. Les vols augmentent au cours de l'année 1942.

En 1943, les forces aériennes suisses recommence à attaquer les avions qui violent l’espace aérien du pays. Six avions alliés sont abattus par des chasseurs des Forces aériennes suisses et quatre par la DCA, tuant 36 aviateurs alliés. Les premiers avions alliés abattus sont deux bombardiers de la Royal Air Force volant à basse altitude au-dessus du territoire suisse dans la nuit du 12 au . Ils sont victimes des tirs des canons antiaériens du Valais. Le premier bombardier américain est abattu près de Bad Ragaz le , il n'y a que trois survivants dans l'équipage[5].

Les bombardements

Les avions alliĂ©s bombardent la Suisse environ soixante-dix (septante) fois pendant la Seconde Guerre mondiale, tuant 84 personnes. Bien que ces bombardements soient attribuĂ©s Ă  des erreurs, certains historiens soupçonnent les AlliĂ©s de faire pression sur la Suisse pour sa coopĂ©ration Ă©conomique avec le troisième Reich[6] - [7]. Mais cette thĂ©orie contemporaine est aujourd’hui clairement rĂ©futĂ©e[8], mĂŞme si Winston Churchill a Ă©galement envisagĂ© de bombarder les lignes de chemin de fer que la Suisse neutre laissait les forces de l’axe emprunter pendant la Seconde Guerre mondiale.

1940

  • Le , le viaduc ferroviaire de Wipkingen est bombardĂ© Ă  Zurich. Une personne est tuĂ©e, d’autres sont blessĂ©es. L’usine Maag est touchĂ©e par plus de 50 bombes incendiaires. La vĂ©ritable cible devait ĂŞtre la Motoren-Werke Mannheim (MWM) Ă  Mannheim. En raison du mauvais temps, certains pilotes auraient dĂ©viĂ© de leur trajectoire et bombardĂ© par erreur Zurich. Après cet incident, des rumeurs d’attaques planifiĂ©es se sont rĂ©pandues car l’usine Maag livrait des pièces d’armement Ă  l’Allemagne et des transports de charbon entre l’Allemagne et l’Italie passaient par une ligne de chemin de fer traversant le site[8].

1941-1942

  • En 1941 et 1942, il n’y a eu que peu de survols alliĂ©s au-dessus du territoire suisse, du fait du blackout appliquĂ© dans le pays qui gène l'orientation des formations de bombardiers. Au cours de l’annĂ©e 1942, le nombre de survols augmente progressivement.

1943

  • Le , des bombes sont larguĂ©e sur le quartier d'Oerlikon Ă  Zurich oĂą se trouve l'usine de canons antiaĂ©riens Oerlikon Contraves.
  • Dans la nuit du 12 au , Riggisberg est bombardĂ© par un bombardier britannique qui vide sa soute Ă  bombes pour prendre en urgence de l'altitude afin de sortir d'une zone orageuse. Il fait partie d’une escadrille d’une centaine d’Avro Lancaster britanniques qui traverse la Suisse du nord pour bombarder Turin. Le reste de la formation, qui s'est dispersĂ©e, s'allège aussi pour sortir de la zone orageuse et Ă©viter les tirs de la dĂ©fense antiaĂ©rienne dans le Col du Marchairuz, notamment au-dessus du Val de Ruz, de Flamatt et de Lutry. Ces largages font peu de dĂ©gâts au sol. Deux bombardiers s'Ă©crasent Ă  la suite des tirs antiaĂ©rien du Bouveret et de Sion et leurs Ă©quipages sont tuĂ©s[10] - [11] - [12] - [13].

1944

  • Le , le bombardement de jour de Schaffhouse par l’United States Army Air Forces (USAAF) est le plus grave de tous les incidents. Environ 50 B-24 Liberator prennent par erreur Schaffhouse pour cible au lieu de Ludwigshafen am Rhein près de Mannheim (environ 235 km plus au nord). Ils larguent 60 tonnes de bombes sur la ville. Bien que l'alerte soit donnĂ©e, les habitants, se sentant en sĂ©curitĂ©, ne la prennent pas au sĂ©rieux et ne rejoignent pas les abris antiaĂ©riens. Au total, 40 personnes sont tuĂ©es et environ 270 blessĂ©es. Une bonne partie de la ville est dĂ©truite. Les enquĂŞtes alliĂ©es, demandĂ©es par le gouvernement suisse sur l’incident, rĂ©vèlent que le mauvais temps a rompu la formation amĂ©ricaine au-dessus de la France et que des vents favorables violents ont doublĂ© la vitesse des bombardiers trompant les navigateurs. D'autres villes en Allemagne et en France ont Ă©galement Ă©tĂ© bombardĂ©es par erreur au cours de cette mission[14] - [15] - [16] - [17] - [18].
  • En , deux personnes sont blessĂ©es dans l’attaque aĂ©rienne du Noirmont.
  • Le , des bombardiers amĂ©ricains larguent 20 bombes explosives sur le hameau de Glattfeld faisant trois morts et plusieurs blessĂ©s. Le viaduc ferroviaire de la ligne Winterthur-Coblence ainsi que plusieurs habitations sont endommagĂ©s. La centrale d’Eglisau, situĂ©e près de Rheinsfelden, n'est pas endommagĂ©e.
  • Le , neuf bombardiers confondent Thayngen avec Singen en Allemagne et tuent une personne.

1945

  • Le , un conducteur de locomotive des Chemins de fer fĂ©dĂ©raux suisses (CFF) est tuĂ© dans le bombardement, par les alliĂ©s, de la ligne de chemin de fer du Saint-Gothard près de Chiasso.
  • Le , 13 attaques aĂ©riennes de l’USAAF ont lieu sur la Suisse. Stein am Rhein subit le plus de dĂ©gâts (9 morts et 15 blessĂ©s graves). Taegerwilen, Rafzet Vals sont aussi attaquĂ©es. Au total, 21 personnes sont tuĂ©es ce jour-lĂ [19].
  • Le Ă  10 h 19, six B-24 Liberator amĂ©ricains du 392e Bomb Squadron bombardent Zurich : cinq personnes sont tuĂ©es et quinze blessĂ©es. Les pilotes auraient confondu la ville avec Pforzheim[8].
  • Le mĂŞme jour Ă  10 h 13, la gare de fret de Bâle est bombardĂ©e par l'USAAF. Neuf bombardiers B-24 Liberator du 466e Bomb Group lâchent 12,5 tonnes de bombes explosives et 5 tonnes de bombes incendiaires[20]. Les quartiers de Gundeldinger, Saint-Alban et Breitequartier sont touchĂ©s[21].

RĂ©parations

Le , au titre des dommages de guerre, le gouvernement des États-Unis verse 62 millions de francs suisses en complĂ©ment des quatre millions de dollars US dĂ©jĂ  versĂ©s en [6].

Notes et références

  1. (de) Article 185 de la Constitution de la Confédération suisse, Consulté le .
  2. (en) Tom Garner, « Switzerland in World War II: Is it still “neutrality” if you have to fight for it? », sur historyanswers.co.uk,
  3. (de) « Zweiter Weltkrieg: Die Rolle der Schweiz. », sur www.geschichte-schweiz.ch (consulté le )
  4. (en) Tanner, Stephen, 1954-, Refuge from the Reich : American airmen and Switzerland during World War II, Sarpedon, (OCLC 646533997, lire en ligne)
  5. (de) « Der Archivar - Abgeschossen von der neutralen Schweiz », sur Schweizer Radio und Fernsehen (SRF), (consulté le )
  6. (en) « The Diplomacy of Apology: U.S. Bombings of Switzerland during World War II », sur web.archive.org, (consulté le )
  7. (de) Hug, Peter., Schweizer RĂĽstungsindustrie und Kriegsmaterialhandel zur Zeit des Nationalsozialismus, Chronos, (OCLC 314263196, lire en ligne)
  8. (de) Bachmann, Thomas., Vor 60 Jahren fielen Bomben auf ZĂĽrich : IrrtĂĽmer im strategischen Luftkrieg der Alliierten (OCLC 798263248, lire en ligne)
  9. (de) « Bombenabwürfe über Basel und Binningen vom 16. / 17. Dezember 1940 », sur raf.durham-light-infantry.ch (consulté le )
  10. (de) Stephan Künzi, « Vom Bombenhagel reden nur noch wenige », Berner Zeitung,‎ (ISSN 1424-1021, lire en ligne, consulté le )
  11. (de) « Bombenabwürfe in den Kantonen Bern, Fribourg, Neuenburg und Waad 12. / 13. Juli 1943 », sur raf.durham-light-infantry.ch (consulté le )
  12. (de) « Riggisberg erleben | Geschichte | Gemeinde Riggisberg », sur www.riggisberg.ch (consulté le )
  13. (de) ETH-Bibliothek Zuerich, « Feuerschutzmittel/ Die Bombenabwürfe in Riggisberg vom 13. Juli 1943 », sur E-Periodica (consulté le )
  14. (de) Daniel GrĂĽtter, Andreas RĂĽfenacht, Ursula Sattler et Luca Stoppa, Kunst aus TrĂĽmmern : die Bombardierung des Museums zu Allerheiligen 1944 und ihre Folgen, (ISBN 978-3-03919-489-6 et 3-03919-489-5, OCLC 1112549396, lire en ligne)
  15. (de) Matthias Meier Buchverlag, Die Bombardierung von Schaffhausen - ein tragischer Irrtum, (ISBN 978-3-85801-257-9 et 3-85801-257-2, OCLC 1097672430, lire en ligne)
  16. (de) « Vor 75 Jahren - Die Bombardierung von Schaffhausen » (consulté le )
  17. (de) Franco Battel, Die Bombardierung : Schaffhausen 1944--Erinnerungen, Bilder, Dokumente, Verlag am Platz, (ISBN 3-908609-05-4 et 978-3-908609-05-6, OCLC 33945373, lire en ligne)
  18. (de) « Schaffhauser Nachrichten - 75 Jahre Bombardierung der Stadt Schaffhausen - ein Spezial der Schaffhauser Nachrichten » (consulté le )
  19. (de) « Textatelier », sur www.textatelier.com (consulté le )
  20. (de) René Teuteberg, Basler Geschichte, (ISBN 978-3-85616-034-0 et 3-85616-034-5, OCLC 610685461, lire en ligne)
  21. (de) « Als Feuer auf Basel niederging wie ein Frühlingsregen - Basel im Krieg März 1945 », sur kostueme-bs.ch (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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