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Siège de Boulogne-sur-Mer (1940)

Le siège de Boulogne-sur-Mer, opposant Franco-Britanniques aux Allemands avec victoire de ces derniers, est livré pour le contrôle de la commune et du port de Boulogne-sur-Mer du 22 au pendant la campagne de France au début de la Seconde Guerre mondiale. Il se déroule en même temps que le siège de Calais, précédant l'opération Dynamo, l'évacuation du Corps expéditionnaire britannique à Dunkerque.

Siège de Boulogne-sur-Mer
Description de cette image, également commentée ci-après
Théâtre des opérations au 21 mai. Le XIX. Armeekorps de Guderian atteint les côtes de la Manche dans le secteur de Boulogne-sur-Mer et Calais.
Informations générales
Date du 22 au
Lieu Boulogne-sur-Mer, France
Issue Victoire allemande
Commandants
Drapeau du Royaume-Uni Brigadier William Fox-Pitt
Drapeau de la France Général Pierre Louis Félix Lanquetot
Drapeau de l'Allemagne Général Heinz Guderian
Drapeau de l'Allemagne Lieutenant-Général Rudolf Veiel
Forces en présence
Drapeau du Royaume-Uni 2 bataillons d'infanterie
Drapeau de la France diverses unités de la 21e division d'infanterie (dont 48e RI)
2e Panzerdivision
Soutien aérien de la Luftwaffe

Seconde Guerre mondiale,
Bataille de France

Batailles

Bataille de France et campagne des 18 jours
Pour le front néerlandais, voir Bataille des Pays-Bas.



Percées de la Meuse et rupture du front belge :


Tentatives de contre-attaques alliées :


DĂ©fense des ports de la Manche et rembarquement britannique Ă  Dunkerque :


Effondrement de la Ligne Weygand, avancée allemande sur la Seine et évacuation des troupes alliées :


Front italien et percée allemande dans le Sud :
CoordonnĂ©es 50° 43′ 35″ nord, 1° 36′ 53″ est

Contexte historique

Heinz Guderian pendant la bataille de France Ă  Bouillon, le 12 mai 1940.

Boulogne-sur-Mer, tout comme Calais, Dunkerque et Dieppe, constitue l'un des principaux ports permettant aux Britanniques de recevoir des renforts et du matériel lors de la bataille de France, utilisés depuis le début de la drôle de guerre en .

Le , le général Douglas Brownrigg, l'un des commandants du Corps expéditionnaire britannique, déplace l'arrière quartier-général de Arras menacée par les Allemands à Boulogne-sur-Mer, sans en informer les officiers de liaison français[1]. Des unités de défense anti-aérienne sont déployées le depuis l'Angleterre afin de protéger la ville des attaques aériennes allemandes[2]. Le même jour, le XIX. Armeekorps (mot.) de Guderian atteint les côtes de la Manche à Abbeville, coupant la France en deux et ainsi le corps expéditionnaire britannique de ses dépôts. La nécessité de tenir les ports sur la Manche devient apparente aux yeux du haut-commandement britannique.

La dĂ©fense du port de Boulogne-sur-Mer relève de la responsabilitĂ© de la Marine nationale qui avait installĂ© au XIXe siècle des forts afin de le protĂ©ger. La garnison française dans la ville est quant Ă  elle commandĂ©e par le capitaine de vaisseau Dutfoy de Mont de Benque. Forte de 1 100 hommes, elle est dĂ©ployĂ©e dans la Ville haute. Après avoir entendu quelques rapports alarmants concernant l'approche des Allemands, Dutfoy de Mont de Benque ordonne Ă  ses hommes de mettre hors de combat les batteries cĂ´tières situĂ©es dans les forts et de se diriger vers le port pour l'Ă©vacuation, laissant la plupart des gros canons inutilisables, malgrĂ© le refus de l'amiral François Darlan qui avait donnĂ© l'ordre de tenir la ville[3].

DĂ©ploiement des forces britanniques

Le , les troupes de la 20e brigade d'infanterie indépendante de la Garde, comprenant le 2e bataillon des Welsh Guards et le 2e bataillon de Irish Guards s'entraînent à Camberley en Angleterre avant de recevoir l'ordre d'embarquer pour la France sous le commandement du brigadier William Fox-Pitt. Elles sont déployées à Boulogne-sur-Mer tout comme la Brigade Anti-Tank Company et le 69e régiment anti-char et l'artillerie royale le à bord de trois navires marchands et du destroyer HMS Vimy, escortés par les destroyers HMS Whitshed et HMS Vimiera.

La 21e division d'infanterie française sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Pierre Louis FĂ©lix Lanquetot est assignĂ©e Ă  la dĂ©fense d'une ligne de 16 km au sud de la ville, 3 bataillons sont dĂ©jĂ  en place. Des renforts britanniques sont attendus, dont un rĂ©giment de chars Cruiser depuis Calais le jour suivant. Les forces britanniques sont dĂ©ployĂ©es aux abords de la Boulogne-sur-Mer. Des barrages routiers sont Ă©tablis par les Royal Engineers et les unitĂ©s de DCA sont dĂ©ployĂ©es au sud. 1 500 soldats des Auxiliary Military Pioneer Corps (AMPC) sont Ă©galement prĂ©sents dans la ville, attendant leur Ă©vacuation, ainsi que quelques unitĂ©s belges, le gros de ces troupes ne participera pas cependant aux combats[4].

DĂ©roulement de la bataille

Les attaques allemandes

Junkers Ju 87 similaire à ceux employés par la Luftwaffe le 23 mai lors du raid aérien contre la ville.

Guderian assigne la prise de Boulogne-sur-Mer Ă  la 2e Panzerdivision sous le commandement du lieutenant-gĂ©nĂ©ral Rudolf Veiel. La division est dĂ©composĂ©e en deux colonnes, dont l'une ayant pour objectif d'encercler la ville puis de l'attaquer par le nord. La deuxième colonne effectue son premier contact dans l'après-midi du , lorsqu'elle tombe nez-Ă -nez avec la compagnie de commandement du 48e rĂ©giment d'infanterie, seules troupes de la 21e division d'infanterie française qui dĂ©fendaient la route de Boulogne-sur-Mer. Les soldats français avaient mis en place deux canons de campagne de 75 mm et deux canons antichars de 25 mm afin de couvrir les carrefours de Nesles oĂą ils parviennent Ă  retarder les Allemands pendant presque deux heures avant d'ĂŞtre dĂ©bordĂ©s numĂ©riquement[5].

Au soir du , les Allemands sont aux portes de la ville, faisant usage de l'artillerie pour tenter de venir à bout des défenseurs franco-britanniques. Le , dans les premières heures de la matinée, les Allemands attaquent les positions des Welsh Guards, depuis le nord-est. Le général britannique Brownrigg servant d'intermédiaire de communication entre le haut-commandement britannique et le Corps expéditionnaire britannique, est évacué avec ses aides de camp à 3h00 à bord du destroyer HMS Verity. À 4h00, William Fox-Pitt apprend que les Français de la 21e division d'infanterie ont battu en retraite à la suite d'une attaque blindée[6].

Les combats s'intensifient, les forces allemandes tentent avec acharnement de percer les lignes alliées. À midi, le HMS Vimy débute l'évacuation des blessés et des troupes de l'AMPC. Du fait que le contact radio ait été perdu avec Londres, William Fox-Pitt prend la décision de défendre la ville jusqu'au bout.

Dans l'après-midi, la bataille est marquée par une certaine accalmie, les Britanniques se préparant à un important raid aérien de la Luftwaffe, dont les avions sont finalement interceptés et neutralisés par les Spitfire du 92e escadron de la Royal Air Force. Toutefois, les commandants de bord des deux destroyers britanniques dans le port sont tués et deux destroyers de la Marine nationale, le Frondeur et l’Orage sont touchés par les bombes des Junkers Ju 87[7].

L'Ă©vacuation britannique

Le destroyer britannique HMS Venomous, utilisé pour l'évacuation.
Photographie d'avant-guerre montrant la gare de Boulogne-Maritime, quais utilisés par les destroyers britanniques lors de l'évacuation.

Peu de temps avant le raid aérien allemand, le HMS Keith s'amarre au port de Boulogne-sur-Mer et évacue les troupes de l'AMPC. Avant 18h dans la même journée le , il reçoit l'ordre d'évacuer l'ensemble des soldats britanniques, 5 autres destroyers étant en route afin de lui prêter main-forte. Fox-Pitt décide de continuer l'évacuation de l'AMPC tout en les couvrant avec les troupes d'infanterie de la Garde. Par la suite, les destroyers HMS Vimiera et Whitshed font leur apparition dans le port, remplaçant le Keith et le Vimy afin d'évacuer les Welsh Guards.

Les Allemands atteignent finalement le port, les destroyers utilisent toute leur puissance de feu pour couvrir l'évacuation des troupes britanniques. Les chars s'approchant de trop près sont détruits par les canons navals de 4,7 pouces du Venomous.

Dans la nuit du 23 au , l'évacuation est terminée, seuls 200 soldats des Welsh Guards sont laissés derrière eux, n'ayant pas entendu les ordres d'évacuation, qui seront capturés par les Allemands.

Nombre de soldats évacués (estimations)

  • Keith : 180 ;
  • Vimy : 150 ;
  • Whitshed : 580 ;
  • Vimeria : 1 955 (deux embarquements), dont 800 soldats français et belges le ;
  • Wild Swan : 400 ;
  • Windsor : 600 ;
  • Venomous : 500 ;

Un total de 4 365 hommes sont Ă©vacuĂ©s, dont des troupes françaises et belges[8].

Les poches de résistance françaises

L'une des portes de la Ville haute, défendue par les forces françaises de Lanquetot.

Le général Lanquetot avait établi ses quartiers-généraux dans la Ville haute (également dénommée « La Citadelle » dans les sources britanniques), dans l'attente de l'arrivée de renforts de la 23e division d'infanterie, troupes qui en réalité n'arriveront jamais. Il réorganise donc ses forces afin de défendre Boulogne-sur-Mer le plus longtemps possible, n'ayant aucune liaison radio avec William Fox-Pitt[9].

Dans la soirée du , les Allemands attaquent les murs à deux reprises, à 18h puis à 20h, repoussés par les troupes françaises. La Marine nationale continue de fournir un soutien naval, bien que le torpilleur Fougueux et le destroyer Chacal soient endommagés par la Luftwaffe. Le Chacal est finalement coulé par l'artillerie allemande. Dans la nuit, environ 100 soldats français tentent de percer en direction de Dunkerque mais sont arrêtés par les Allemands.

Ă€ l'aube le , les Allemands rĂ©itèrent leurs attaques contre les murs mĂ©diĂ©vaux, utilisant des Ă©chelles, des grenades et des lance-flammes, soutenus par des canons de 88 mm. Ă€ 8h30, Lanquetot se rend au colonel allemand von Vaerts et est amenĂ© devant Guderian, qui le fĂ©licite pour sa dĂ©fense[10].

Les dernières unités alliées sous le commandement du Major J. C. Windsor Lewis, composées de 120 soldats français, 200 troupes des Auxiliary Military Pioneer Corps et de 120 Royal Engineers, à court de nourriture et de munitions, se rendent à 13h00[11].

Les Allemands font prisonniers au total 5 000 soldats alliĂ©s Ă  Boulogne-sur-Mer, dont une grande majoritĂ© de français[12].

Conséquences

La défense de Boulogne-sur-Mer permet l'évacuation des troupes alliées à Dunkerque dans le cadre de l'opération Dynamo. Le retrait britannique à Boulogne-sur-Mer sans en informer les Français a toutefois été vivement critiqué, conduisant Churchill à ordonner aux troupes britanniques à Calais de se battre jusqu'au bout[13], évacuation qu'il qualifiera plus tard dans ses mémoires de « regrettable[14] ».

À la fois les Welsh Guards et les Irish Guards ont été récompensés de l'honneur de bataille « Boulogne 1940[15] ».

La ville sera occupée de 1940 à 1944 avant d'être libérée par les Canadiens dans le cadre de l'opération Wellhit en . Entre 1943 et 1944, les quartiers populaires proches du port (notamment les quartiers Capécure et Saint-Pierre) sont presque entièrement rasés par les bombardements alliés, ce qui explique l'architecture typique de l'après-guerre qui caractérise aujourd'hui ces quartiers. Les Allemands comme les Alliés épargnent cependant la ville haute (citadelle, remparts, château, basilique Notre-Dame, église Saint-Nicolas) et les maisons bourgeoises de l'ancien rivage.

Notes et références

  1. Sebag-Montefiore p. 188
  2. Ellis p. 153
  3. Sebag-Montefiore p. 190
  4. Ellis p. 153-154
  5. Sebag-Montefiore p. 192
  6. Report on Evacuation of Boulogne: 20 Guards Brigade, WW2 Talk, 28 juin 2011
  7. Jackson, p. 40
  8. Gardner, p. 10
  9. Ellis p. 159
  10. WWII Online - Battles of Boulogne, Calais, on the Aa canal, Lille and Dunkirk
  11. Report of Operations - 21st-24th May - 2d Battalion Welsh Guards by Major J. C. Windsor Lewis, The National Archives Catalogue Reference, CAB 106/228
  12. Battle of Boulogne, 22-25 May 1940, Military History Encyclopedia on the Web
  13. Sebag-Montefiore p. 198
  14. Churchill, p. 70
  15. Baker, Anthony, 1986, Battle Honours of the British and Commonwealth Armies, Ian Allen (ISBN 978-0711016002), p. 146

Annexes

Sources et bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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