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Robert de Neuchèze

Robert Jean Marie de Neuchèze, né à Paris le et mort pour la France le à Étang-sur-Arroux (Saône-et-Loire), est un militaire et résistant français.

Biographie

Bataille de France Ă  la tĂŞte du 1er GFC

Le 10 mai 1940 l’Allemagne envahit la Belgique et entre en France. Le 17 mai, le capitaine de Neuchèze reçoit l'ordre de former le 1er Groupe Franc motorisĂ© de Cavalerie (GFC). Il rallie alors des troupes non enrĂ´lĂ©es ou en pleine retraite pour constituer une unitĂ© de choc, les volontaires affluent et il doit mĂŞme refuser des personnels. Neuchèze se retrouve alors Ă  la tĂŞte de 154 hommes, son groupe est un amalgame d’unitĂ©s motorisĂ©es disposant d’un matĂ©riel hĂ©tĂ©roclite.

Le 22 mai, le 1er GFC reçoit pour mission la dĂ©fense des ponts de la Seine, soit sept ponts en tout, sur un front large de 25 kilomètres et sans soutien. L'unitĂ© dirigĂ©e par Neuchèze compte dĂ©sormais 188 hommes et des pièces anti-char lĂ©gères. Jusqu’au 8 juin, il organise la dĂ©fense des points dont il a la charge, fait miner les ponts, et retranche hommes et pièces. Dans le mĂŞme temps, le 1er GFC est chargĂ© de missions de reconnaissance et de harcèlement dans la profondeur. Le 23 mai, le capitaine de Neuchèze avec quatre engins blindĂ©s se lance Ă  la poursuite d’une troupe blindĂ©e repĂ©rĂ©e par la gendarmerie. MalgrĂ© ses faibles effectifs, il cherche Ă  dĂ©truire les Ă©lĂ©ments ennemis qui refusent le combat. En une seule journĂ©e, le dĂ©tachement parcourt ainsi 200 kilomètres dans la rĂ©gion de Cayeux-sur-Mer.

Le 27 mai, alors que son dĂ©tachement reconnaĂ®t le hameau de Drancourt (EstrĂ©bĹ“uf), son avant-garde est durement accrochĂ©e. Il se porte en avant afin de coordonner au mieux le mouvement de ses troupes. Lorsque le lieutenant Pitiot, chef de bord de son engin le plus en pointe, est pris sous le feu ennemi, Neuchèze Ă  bord du second engin lui vient en aide en menant la riposte. Le feu ennemi tue son tireur, dĂ©truit les optiques de visĂ©e, et blesse son conducteur qui rĂ©ussit nĂ©anmoins Ă  se replier. Le capitaine de Neuchèze est Ă©galement blessĂ©. Après ce combat, il dĂ©nombre plus de neuf impacts d’obus de 37 mm sur le char dans lequel il se trouvait, dĂ©sormais hors d'usage.

Il est transféré à l’hôpital où on lui ordonne un repos de quatre mois. Dix jours après sa blessure, le capitaine se sauve de l'hôpital avec une plaie encore ouverte pour reprendre le commandement du 1er GFC. En son absence, celui-ci a continué les combats mais les hommes souffrent du manque de sommeil. L’aviation allemande est omniprésente, harcelant sans relâche les hommes du capitaine de Neuchèze. Néanmoins, ceux-ci tentent de riposter, ainsi l’aspirant Perrin-Jassy parvient à abattre un bombardier à l’aide d’une mitrailleuse lourde.

L’action du GFC retarde l’avancĂ©e ennemie alors que le front français s’effondre. Le 17 juin, le groupe de Neuchèze, fort de 219 hommes et dotĂ© de mortiers de 81 mm, est mis Ă  la disposition du colonel Michon, commandant l’École de Cavalerie de Saumur. Dans les combats pour la dĂ©fense de la Loire, le rapport de force est estimĂ© Ă  un contre quarante en dĂ©faveur des Français, nĂ©anmoins le GFC continue le combat. Les engins blindĂ©s contre-attaquent les forces allemandes, perçant mĂŞme les lignes ennemies Ă  trois reprises. Les pelotons motorisĂ©s, patrouillent le long de la Loire et s’emploient, au prix de lourdes pertes, Ă  repousser les offensives ennemies. Lorsque le repli est ordonnĂ©, le dĂ©tachement blindĂ© Foltz est pris Ă  partie aux abords de Bressuire. Alors que le repli semble impossible, le char du marĂ©chal des logis Rives se sacrifie pour permettre au reste du 1er GFC d’échapper Ă  la destruction. Au total, le groupe a perdu 93 hommes ainsi que la majeure partie de ses chars, il a nĂ©anmoins pu sauver plus de cinq tonnes de munitions ainsi que le reste de son armement.

Pour ses faits d’armes lors de la campagne de France, le capitaine de Neuchèze est nommé chevalier de la Légion d'honneur.

RĂ©sistance et Ă©vasion

L'armistice est signé le . Le , le capitaine de Neuchèze parvient au sud de la ligne de démarcation avec les restes de son groupe et rejoint le 2e régiment de dragons à Auch auquel il est affecté. Il partage l'état d'esprit de son chef de corps, le lieutenant-colonel Schlesser, qui reçoit le commandement du régiment et, refusant la capitulation, veut préparer celui-ci à reprendre les armes. Schlesser fait même défiler son régiment dans Auch au son de Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine. Il confie au capitaine de Neuchèze la responsabilité du camouflage et de la dispersion de l'armement et du matériel du 2e RD. Ce dernier est également chargé de l'organisation de filières d'évasion vers l'Espagne, l'objectif final étant de progressivement faire passer le régiment en Afrique du Nord afin d'y reprendre la lutte. Le matériel sensible que l'armée française n'est plus en droit de détenir est enterré avant chaque visite des commissions d’armistice.

Le capitaine de Neuchèze tente de rĂ©cupĂ©rer tout le matĂ©riel pouvant contribuer Ă  la rĂ©sistance. Un jour il pĂ©nètre par la ruse dans une ancienne caserne du rĂ©giment, alors occupĂ©e par les Allemands, pour y dĂ©rober des effets chauds et du matĂ©riel, et en sortant proclame au planton : « Merci de votre obligeance, nous reviendrons. Â».

Neuchèze participe à la création et à l'unification de la résistance régionale. Il entre en contact avec l'Armée secrète et noue des liens avec les factions naissantes. Certains dragons du régiment rejoignent ainsi le corps franc pyrénéen et participeront à la libération du territoire aux ordres d'André Pommiès.

Lors de l'invasion de la zone libre en 1942, le rĂ©giment se prĂ©pare Ă  combattre l'armĂ©e allemande, un dĂ©tachement blindĂ© est mĂŞme envoyĂ© au-devant de l'ennemi. NĂ©anmoins, ordre est donnĂ© Ă  l'armĂ©e de regagner ses casernes, casernes que les Allemands encerclent immĂ©diatement. Ces derniers pĂ©nètrent mĂŞme dans l'enceinte du rĂ©giment et se trouvent face Ă  une troupe retranchĂ©e et prĂŞte Ă  faire feu. Les Allemands exigent alors le rassemblement de tout l'armement et la dissolution du rĂ©giment. Le colonel Schlesser obtient un dĂ©lai avant que les Allemands ne s'emparent de la caserne. Avant de quitter la caserne, le rĂ©giment en civil se rassemble une dernière fois le . Les dragons, les uns après les autres, s'agenouillent devant l'Ă©tendard, en baisent les plis et prĂŞtent le serment de « savoir donner leur vie pour que vive la France Â». Le lendemain, lorsque les Allemands investissent la caserne, celle-ci est vide, matĂ©riel et armes ont Ă©tĂ© emportĂ©s. Le commandement allemand lance alors des avis de recherche Ă  l'encontre de nombreux cadres du rĂ©giment.

Ces derniers, emmenés par le colonel Schlesser, passent en Afrique via l'Espagne et les filières d'évasions créées par le capitaine de Neuchèze, et une partie du régiment suit les officiers.

Neuchèze, un des rares officiers Ă  ĂŞtre restĂ©, entre en clandestinitĂ©. Sous le faux nom de Robert Clairville, il devient inspecteur adjoint des eaux et forĂŞts. Cette couverture lui permet de sillonner la rĂ©gion et de garder le contact avec les groupes de combat dissĂ©minĂ©s un peu partout. La plupart de ses dragons sont en effet employĂ©s dans des chantiers forestiers et mènent des actions de rĂ©sistance clandestine. Neuchèze devient alors une cible prioritaire des Allemands. Se sachant traquĂ©, il tente de quitter la France par l'Espagne mais est trahi par un des passeurs. Il est alors arrĂŞtĂ© dans la nuit du . Il est transfĂ©rĂ© Ă  Compiègne, antichambre des camps de concentration. Durant le trajet, il rĂ©ussit Ă  faire passer ce billet Ă  un cheminot membre de la RĂ©sistance : « ArrĂŞtĂ© par la Gestapo. Moral excellent. Vive la France ! Â». Ă€ son arrivĂ©e, il refuse de se mettre au garde-Ă -vous devant un de ses geĂ´liers, arguant qu'« un officier français ne se met pas au garde-Ă -vous devant un sous-officier allemand Â», ce qui lui vaut d'ĂŞtre passĂ© Ă  tabac. Durant son incarcĂ©ration, il est interrogĂ© et torturĂ© Ă  plusieurs reprises.

Neuchèze dĂ©cide de s'Ă©vader. Il analyse l'organisation gĂ©nĂ©rale du camp et les possibilitĂ©s d'Ă©vasion. Sa première tentative prend la forme d'un tunnel de 40 m de long creusĂ© Ă  m de profondeur avec d'autres dĂ©tenus. DĂ©noncĂ© par l'un des prisonniers, le tunnel est dĂ©couvert mais Neuchèze ne s'y trouve pas lorsque les Allemands le dĂ©truisent. Il cherche alors un autre moyen d'Ă©vasion, et, convaincu que les murs d'un hĂ´pital sont moins hauts que ceux d'une prison, il obtient, avec la complicitĂ© du mĂ©decin français du camp, une visite mĂ©dicale au Val-de-Grâce. Il l'obtient le , et demande alors Ă  rencontrer plusieurs mĂ©decins, un dentiste, et observe ainsi les alentours. Il dĂ©couvre que les mĂ»rs de l'hĂ´pital sont hauts et qu'il y a beaucoup d'Allemands. NĂ©anmoins, alors qu'il patiente en salle d'attente, il saute par la fenĂŞtre Ă  6 mètres de hauteur. Il atterrit dans la cour de l'hĂ´pital, se dĂ©barrasse de son bracelet d’identification et quitte l'hĂ´pital par l'entrĂ©e principale en saluant la sentinelle au passage. Neuchèze se rĂ©fugie chez sa sĹ“ur et des religieux lui confectionnent de faux papiers.

Deux jours plus tard, il repart dans le Gers pour reprendre son travail. Tandis que le 2e régiment de dragons se reforme en Afrique du Nord, il apprend que le colonel Schlesser en réclame l'étendard. Robert de Neuchèze se rend à Toulouse pour récupérer le drapeau puis rejoint Marseille en train, drapé dans l'étoffe. Avec l'aide de la Résistance locale il embarque à bord du sous-marin l’Aréthuse, qui rallie Alger le .

Le , c'est Robert de Neuchèze, désormais promu chef d’escadrons, qui défile avec l'étendard à la tête de son régiment. L'étendard du 2e régiment de dragons est le seul à avoir été exfiltré de France et par conséquent le seul à arborer la médaille des évadés.

Combats de la Libération

Le , le 2e régiment de dragons débarque en Provence dans le golfe de Saint-Tropez, au Beauvallon. Le chef d’escadrons de Neuchèze est un des premiers à poser le pied sur la terre de France. Il y prend une poignée de terre qu'il va symboliquement déposer dans la main de son chef de corps. Le régiment participe aux combats de Provence et remonte le Rhône. Le régiment s'enrichit en hommes avec les renforts des FFI et, après trois années de séparations, se retrouvent les dragons restés en France et ceux ayant choisi l'exil.

Les combats pour la libération d'Autun sont âpres, le ravitaillement des chars pose problème. Le , le chef de corps du 2e RD, le colonel Demetz, donne à Neuchèze la mission d'escorter un convoi de ravitaillement essentiel pour le régiment, dans un secteur où agissent de nombreuses unités allemandes. Il se met en route avec un peloton de trois chars M10 ainsi qu’une section de pionniers, renforcés par les compagnies FFI Grattard et Sehet du corps franc Pommiès. Le chef d’escadrons prend place à bord du char Notre Dame de Paris pour diriger le peloton dont les deux commandants ont été tués la veille. Après avoir mené à bien sa mission, il est alerté de la présence de forces ennemies au sud d'Autun, derrière la ligne de front. Neuchèze s'y dirige sans tarder afin de nettoyer le carrefour de Fontaine-la-Mère. À l’approche de ce carrefour, le combat s'engage et un de ses chefs d'engin tombe, abattu d'une balle dans la tête ; Neuchèze prend alors sa place. Il se dresse à plusieurs reprises en haut de son char pour observer la bataille et diriger ses hommes, et est lui-même mortellement touché à la tête par un tireur de précision. Robert de Neuchèze est ainsi mort pour la France le à Autun[1].

DĂ©corations

Postérité

Notes et références

  1. Guy Lhenry (CLP), « Laizy / Fontaine-la-Mère, haut lieu des combats pour la libération d’Autun », sur lejsl.com, Le Journal de Saône et Loire, (consulté le ).
  2. http://www.musee-armee.fr/collections/base-de-donnees-des-collections/objet/etendard-du-2e-regiment-de-dragons.html
  3. Muriel Judic, « Hommage. Une plaque commémorative salue désormais la mémoire de soldats morts pour la Ville.. ... », sur lejsl.com, Le Journal de Saône et Loire, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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