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Chronologie de la guerre d'Algérie

DĂšs , neuf ans aprĂšs le massacre de SĂ©tif, est fondĂ© le ComitĂ© rĂ©volutionnaire d'unitĂ© et d'action par les neuf « chefs historiques du FLN »[1], en partie issu de l'OS, dont l'objectif est l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie par la lutte armĂ©e. À l’époque, les partisans de l'indĂ©pendance ne sont qu'un millier et ne possĂšdent que quelques cartouches de dynamite et 32 vieux fusils italiens.

Principaux événements

  • : dĂ©clenchement de l'insurrection armĂ©e par le F.L.N.
  • 5 fĂ©vrier 1955 : Pierre MendĂšs France, PrĂ©sident du Conseil, propose un plan de rĂ©formes en AlgĂ©rie, mais, mis en minoritĂ©, est contraint de dĂ©missionner.
  • 1er avril 1955 : Edgar Faure, PrĂ©sident du Conseil, instaure l'Ă©tat d'urgence dans une partie de l'AlgĂ©rie.
  • 12 mars 1956 : l'AssemblĂ©e nationale vote la loi sur les « pouvoirs spĂ©ciaux » pour l'AlgĂ©rie.
  • 20 aoĂ»t 1956 : congrĂšs de La Soummam oĂč le F.L.N. dĂ©finit sa stratĂ©gie.
  • 7 janvier 1957 : dĂ©but de la bataille d'Alger.
  • 13 mai 1958 : les EuropĂ©ens prennent le gouvernement gĂ©nĂ©ral Ă  Alger. CrĂ©ation d'un ComitĂ© de salut public Ă  Alger prĂ©sidĂ© par le gĂ©nĂ©ral Massu.
  • 16 mai 1958 : des manifestations de « fraternisation » entre EuropĂ©ens et Musulmans ont lieu sur la place du Forum Ă  Alger
  • 1er juin 1958 : de Gaulle investi par l'AssemblĂ©e nationale, avec pouvoirs spĂ©ciaux.
  • 4 juin 1958 : de Gaulle dit aux colons d'Alger : « Je vous ai compris. »
  • 19 septembre 1958 : le Gouvernement provisoire de la RĂ©publique algĂ©rienne (G.P.R.A.) dirigĂ© par Ferhat Abbas est formĂ© au Caire.
  • 28 septembre 1958: la nouvelle Constitution est approuvĂ©e par rĂ©fĂ©rendum. 79 % de oui en mĂ©tropole, 95 % en AlgĂ©rie
  • 4 octobre 1958 : naissance de la Ve rĂ©publique.
  • 23 octobre 1958 : de Gaulle propose la « paix des braves » au F.L.N.
  • 21 dĂ©cembre 1958: De Gaulle Ă©lu prĂ©sident de la rĂ©publique.
  • 16 septembre 1959 : de Gaulle reconnaĂźt le droit Ă  l'autodĂ©termination du peuple algĂ©rien.
  • 24 janvier au 1er fĂ©vrier 1960: semaine des barricades
  • 11 dĂ©cembre 1960 : De grandes manifestations pour l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie et en soutien au F.L.N. Ă©clatent dans plusieurs villes algĂ©riennes et notamment Ă  Alger et ses quartiers populaires.
  • 19 dĂ©cembre 1960 : L'AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale des Nations unies adopte une rĂ©solution reconnaissant le droit du peuple algĂ©rien Ă  l'autodĂ©termination et Ă  l'IndĂ©pendance.
  • 22 avril 1961 : tentative de putsch des anciens gĂ©nĂ©raux Salan, Challe, Jouhaud et Zeller.
  • 17 octobre 1961 : la manifestation des « Français musulmans d'AlgĂ©rie » Ă  Paris est sĂ©vĂšrement rĂ©primĂ©e.
  • 18 mars 1962 : signature des accords d'Évian donnant l'indĂ©pendance Ă  l'AlgĂ©rie.
  • 26 mars 1962 : fusillade de la rue d'Isly, les militaires ouvrent le feu sur les EuropĂ©ens qui manifestent contre les accords d'Évian: 46 morts et 200 blessĂ©s.
  • 15 avril 1962 : installation de la Force locale, force mixte de maintien de l'orde composĂ©e de « Musulmans Â» du contingent (majoritaires) et d'EuropĂ©ens.
  • 3 juillet 1962 : reconnaissance par la France de l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie[2].
  • : dĂ©claration officielle de l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie.

Chronologie détaillée

1954, Début des hostilités

« Groupe des six », chefs du FLN. Photo prise juste avant le déclenchement des hostilités le . Debout, de gauche à droite : Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd, Didouche Mourad et Mohammed Boudiaf. Assis : Krim Belkacem à gauche, et Larbi Ben M'Hidi à droite.

TÎt le matin du , les hommes du FLN déclenchent des attaques dans diverses régions de l'Algérie contre des installations militaires, commissariats, entrepÎts, équipements de communications, et des bùtiments publics. Plusieurs soldats et des civils français sont pris pour cible. Parmi les premiÚres victimes, dans les gorges de Tighanimine dans les AurÚs, à 7 heures du matin, les maquisards bloquent l'autocar et font descendre ses deux passagers français, un couple d'instituteurs, les Monnerot, et le caïd de la localité voisine de M'chounÚche, Hadj Sadok. Ce dernier, ancien officier de l'armée française, est abattu lorsqu'il veut sortir un pistolet de sa gandoura[3]. La rafale tue Guy Monnerot qui se tient à ses cÎtés. Sa femme est griÚvement blessée.

À partir du Caire, le FLN diffuse une Ă©mission radiophonique invitant le peuple d'AlgĂ©rie Ă  s'associer dans une lutte nationale pour la « restauration de l'État algĂ©rien, souverain, dĂ©mocratique et social, dans le cadre des principes de l'islam » et de mettre fin Ă  une colonisation qui dura prĂšs d'un siĂšcle et demi :

« Pour prouver notre dĂ©sir rĂ©el de paix, limiter les pertes en vies humaines et les effusions de sang, nous avançons une plate-forme honorable de discussion aux autoritĂ©s françaises si ces derniĂšres reconnaissent une fois pour toutes aux peuples le droit Ă  disposer d'eux-mĂȘmes.

  1. La reconnaissance de la nationalitĂ© algĂ©rienne par une dĂ©claration officielle abrogeant les Ă©dits, dĂ©crets et lois faisant de l'AlgĂ©rie une terre française en dĂ©ni de l'histoire, de la gĂ©ographie, de la langue, de la religion et des mƓurs du peuple algĂ©rien.
  2. L'ouverture des négociations avec les porte-parole autorisés du peuple algérien sur les bases de la reconnaissance de la souveraineté algérienne. »

Devant ces attentats, le ministre de l’IntĂ©rieur, François Mitterrand (UDSR) rĂ©pond alors que « L'AlgĂ©rie, c'est la France
 Et qui d'entre vous hĂ©siterait Ă  employer tous les moyens pour prĂ©server la France ? Il y a une grande diffĂ©rence entre la Tunisie et le Maroc, d'une part, et, d'autre part, l'AlgĂ©rie, qui fait partie de la RĂ©publique[4] ». C'est Ă©galement la rĂ©action du prĂ©sident du Conseil Pierre MendĂšs France, qui, quelques mois auparavant, a nĂ©gociĂ© Ă  GenĂšve la fin de la prĂ©sence française en Indochine, ces positions reflĂštent la tonalitĂ© de la politique française pendant les cinq annĂ©es Ă  venir. Le 12 novembre, il dĂ©clare Ă  l'AssemblĂ©e nationale :

« À la volontĂ© criminelle de quelques hommes doit rĂ©pondre une rĂ©pression sans faiblesse. Qu'on n'attende de nous aucun mĂ©nagement Ă  l'Ă©gard de la sĂ©dition, aucun compromis avec elle. On ne transige pas lorsqu'il s'agit de dĂ©fendre la paix intĂ©rieure de la Nation et l'intĂ©gritĂ© de la RĂ©publique. Les dĂ©partements d'AlgĂ©rie font partie de la RĂ©publique, ils sont français depuis longtemps. Jamais la France, jamais aucun parlement, jamais aucun gouvernement ne cĂ©dera sur ce principe fondamental. L'AlgĂ©rie, c'est la France et non un pays Ă©tranger que nous protĂ©geons. »

  • Le 2 novembre, Arrestation de plusieurs militants et responsables du M.T.L.D.
  • Le 5 novembre, Dissolution du MTLD. par les autoritĂ©s françaises ; et Ben Abdelmalek Ramdhane, adjoint de Ben M'hidi (1923-1957) en Oranie, tombĂ© au champ d'honneur dans la rĂ©gion de Mostaganem.
  • Le 8 novembre, Arrestation de Ahmed Zabana (1926-1956), officier de l'A.L.N (ArmĂ©e de libĂ©ration nationale) a Ain El Ferd dans la rĂ©gion de Sig par l’armĂ©e française ainsi que de Moulay Merbah a Alger.
  • Le 20 novembre, Badji Mokhtar, tombĂ© au champ d'honneur les armes a la main dans un engagement avec les forces françaises a Medjez Sfa.
  • Le 26 novembre, Voyage du ministre de l’intĂ©rieur François Mitterrand en AlgĂ©rie, il parle de 528 terroristes arrĂȘtĂ©s dont 60% appartenaient au M.T.L.D.
  • Le 29 novembre, Mort au champ d'honneur, de Grine Belkacem dans les grottes de Henza Ahmed oĂč trois compagnies de parachutistes coloniaux du 18e R.I.P.C sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Gilles et du colonel Ducourneau, passent au peigne fin tous les recoins de la rĂ©gion.

1955, l’état d’urgence et la mobilisation du contingent

  • Le 25 janvier, Jacques Soustelle est nommĂ© gouverneur gĂ©nĂ©ral avec pour mission de nĂ©gocier des rĂ©formes avec les modĂ©rĂ©s algĂ©riens. ArrivĂ© en AlgĂ©rie (15 fĂ©vrier), il est fraĂźchement accueilli par les Pieds-Noirs d'Alger. Le contingent français passe de 55 000 Ă  80 000 hommes.
  • Le 3 mars, chute du gouvernement de MendĂšs France.
  • Le 23 fĂ©vrier, dĂ©but du gouvernement de Edgar Faure
  • Le 28 mars, Soustelle rencontre clandestinement une dĂ©lĂ©gation du FLN.
  • Le 3 avril, Edgar Faure promulgue l'Ă©tat d'urgence en AlgĂ©rie.
  • Le 8 juillet, le FLN crĂ©e l'UGEMA (Union gĂ©nĂ©rale des Ă©tudiants musulmans d’AlgĂ©rie).
  • 20 aoĂ»t 1955 : massacres du Constantinois. À l'initiative de Zighoud Youcef, les soldats de l'ALN font une dĂ©monstration de force et dĂ©filent armĂ©s dans le Constantinois mais le mouvement vire rapidement au massacre. Lors des affrontements 26 militaires sont tuĂ©s, et 92 civils dont 71 europĂ©ens sont massacrĂ©s[5].
  • Le 23 aoĂ»t, le gouvernement riposte en dĂ©cidant le rappel du contingent libĂ©rĂ© et ainsi que le rappel du premier contingent de 1954. La rĂ©pression par l'armĂ©e française, disproportionnĂ©e, fait plusieurs milliers de victimes[6], l'armĂ©e Ă©voquant officiellement le nombre de 1 273 morts et le FLN 12 000.
  • Le 30 septembre, le problĂšme de la « question algĂ©rienne » a Ă©tĂ© inscrit Ă  l’ordre du jour de l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies et la France est mise en accusation.

La France tente d’éviter l’internationalisation sous le prĂ©texte des « opĂ©rations de police Ă  l’intĂ©rieur des dĂ©partements français » sous la juridiction et l’autoritĂ© du ministĂšre de l’IntĂ©rieur français, alors qu'on dĂ©nombre prĂšs de 1 000 attentats. Cependant, du point de vue juridique, seuls les corps de police et de la gendarmerie nationale pouvaient ĂȘtre utilisĂ©s. Il Ă©tait alors illĂ©gal de faire appel en dehors d’une guerre au contingent et Ă  la LĂ©gion Ă©trangĂšre française, cette derniĂšre ne pouvant combattre qu'en dehors du territoire français.

1956, les pouvoirs spéciaux, le congrÚs de la Soummam

Principaux dirigeants du FLN (de gauche à droite. Ben Bella, Mohamed Boudiaf, Ait Ahmed Hocine, Mohamed Lacheref, Mohamed Khider) aprÚs leur arrestation à la suite du détournement, le 22 octobre 1956 par l'armée française, de leur avion civil marocain, entre Rabat et Tunis, en direction du Caire (Egypte).

Les Ă©lections anticipĂ©es en France donnent une majoritĂ© relative au Front rĂ©publicain (gauche). Le nouveau prĂ©sident du Conseil, Guy Mollet est initialement partisan de l'indĂ©pendance, et mĂȘme de l'indĂ©pendance rapide. Mais la journĂ©e dite des tomates et la difficultĂ© d'obtenir une majoritĂ© parlementaire sur l'AlgĂ©rie modifient sa position vers le triptyque « cessez-le-feu, Ă©lections, nĂ©gociations », qui s'avĂšre en pratique impossible Ă  tenir. La rĂ©pression contre le FLN et l'attaque de ses soutiens extĂ©rieurs (crise de Suez) continuent.

  • Le 7 janvier, les oulĂ©mas publient un manifeste en faveur de l'indĂ©pendance.
  • Le 22 janvier, Albert Camus appelle en vain Ă  la trĂȘve civile.
  • Le 6 fĂ©vrier, « JournĂ©e des tomates » : lors de l'installation du nouveau gouverneur, le gĂ©nĂ©ral Catroux, Mollet est conspuĂ© Ă  Alger. Il recule et place Robert Lacoste, plus proche des Pieds-noirs.
  • Le 12 mars, le gouvernement Mollet fait voter la loi sur les « pouvoirs spĂ©ciaux » de l'armĂ©e. Cette derniĂšre prend de plus en plus de pouvoirs jusque-lĂ  tenus par des civils (police, justice). Elle est adoptĂ©e par la plupart des groupes parlementaires, du Parti communiste au Centre national des indĂ©pendants et paysans (le plus grand parti de droite Ă  l'Ă©poque).
  • Le 11 avril, alors que l'AssemblĂ©e algĂ©rienne est dissoute, de nouveaux soldats du contingent sont envoyĂ©s. Il y a 400 000 soldats en juillet 1956 contre 200 000 en janvier 1956.
  • Le 22 avril, Ferhat Abbas, Ahmed Francis et Tewfik El Medani rejoignent le FLN.
  • Le CongrĂšs de La Soummam est tenu le Ă  Ifri-Ouzellaguen dans une petite maison berbĂšre, dans le dĂ©partement de BĂ©jaĂŻa, une rĂ©gion montagneuse trĂšs difficile d'accĂšs en Kabylie. C'est Ă  ce congrĂšs que les fondements de l'État algĂ©rien sont posĂ©s dans la plate-forme politique de la Soummam adoptĂ©e par le Front de libĂ©ration nationale, organisĂ© principalement par Abane Ramdane.

Le gouvernement Mollet se trouve embourbé dans un engrenage infernal : aux exactions de l'armée française, répondent les attentats du FLN, désormais aveugles.

  • 10 aoĂ»t : Attentat Ă  la bombe de la rue de ThĂšbes dans la Casbah d'Alger par des ultras de l'AlgĂ©rie Française.
  • 30 septembre : Attentats du FLN contre le Milk Bar et la CafĂ©tĂ©ria.
  • Le 22 octobre, l’avion d’Air Maroc, conduisant de Rabat Ă  Tunis cinq des chefs historiques du FLN, est illĂ©galement dĂ©tournĂ© dans l'espace international sur Alger. Hocine AĂŻt Ahmed, Ahmed Ben Bella, Mohammed Boudiaf, Mohamed Khider et Mostefa Lacheraf sont arrĂȘtĂ©s et demeurent emprisonnĂ©s jusqu’en 1962. Le gĂ©nĂ©ral Salan est nommĂ© commandant en chef de l'armĂ©e en AlgĂ©rie (15 novembre).
  • En novembre, la France qui soupçonne le colonel Nasser de soutenir en moyens et en armes le FLN s'engage dans la « campagne d’Égypte » ce qui gĂšle ses relations avec les pays Arabes et l'Union soviĂ©tique. La France sortira politiquement affaiblie de ce conflit[7].
  • 5 dĂ©cembre : Les conseils gĂ©nĂ©raux d’AlgĂ©rie et les municipalitĂ©s rĂ©gies comme les communes mĂ©tropolitaines sont dissous.
  • 28 dĂ©cembre : assassinat par le FLN d'AmĂ©dĂ©e Froger, prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration des maires de l’AlgĂ©rie et figure active de l'AlgĂ©rie française. Son enterrement le 30 sera suivi par des milliers de personnes et dĂ©gĂ©nĂšrera en Ă©meute au cours de laquelle se produiront des « ratonnades ».

1957, la bataille d’Alger, la torture, les barrages aux frontiùres, affrontement FLN-MNA

Les patrouilles des « forces de l’ordre » constituent la routine quotidienne de la gendarmerie pour protĂ©ger les grandes fermes isolĂ©es au dĂ©but du conflit armĂ©. Celui-ci s’intensifie en dĂ©plaçant la lutte vers le terrorisme urbain.

Le terrain aride et montagneux, alliĂ© Ă  une faible densitĂ© de population, ne permet pas des combats de « partisans » avec la mobilitĂ© des dispersions et concentrations dans les batailles de la guerre d’Indochine. Par ailleurs, l'assignation d'une partie de la population musulmane dans des camps de regroupement et la mise en place de zones interdites rend l'implantation du FLN plus difficile dans les zones rurales. Il y a donc une tentation pour le FLN de dĂ©placer les combats vers les centres urbains.

  • 7 janvier : Le pouvoir civil, dĂ©passĂ©, fait appel Ă  l'armĂ©e pour ramener le « calme » Ă  Alger. C'est la bataille d'Alger, menĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Massu, qui voit les parachutistes (24 000 suspects arrĂȘtĂ©s, plusieurs milliers d'exĂ©cutions sommaires : « corvĂ©e de bois »). L'utilisation massive de la torture est rĂ©vĂ©lĂ©e par le livre La Question[8] qui sera interdit (18 fĂ©vrier 1958). Courageusement, le gĂ©nĂ©ral PĂąris de la BollardiĂšre demande Ă  ĂȘtre relevĂ© de son commandement le 28 mars 1957 pour protester contre les mĂ©thodes employĂ©es par l'armĂ©e. Il Ă©copera d'une peine de 60 jours de forteresse (17 avril 1957).
  • 16 janvier : Attentat au bazooka perpĂ©trĂ© contre le gĂ©nĂ©ral Salan par les ultras de l’Organisation de rĂ©sistance de l’AlgĂ©rie française.
  • 28 janvier : En liaison avec les dĂ©bats prĂ©vus Ă  l’ONU sur la question algĂ©rienne, le FLN lance un mot d’ordre de grĂšve gĂ©nĂ©rale de huit jours, qui est assez suivie.
  • 11 fĂ©vrier : exĂ©cution capitale de Fernand Iveton, membre du Parti communiste algĂ©rien, responsable d'une tentative d'attentat le 14 novembre 1956 qui n'avait causĂ© ni dĂ©gĂąts, ni victimes.
  • 23 fĂ©vrier : Les parachutistes du colonel Bigeard capturent Larbi Ben M'hidi, coordonnateur des actions terroristes Ă  Alger et hĂ©ros algĂ©rien de la bataille d’Alger. Soumis Ă  la torture, il sera assassinĂ© quelques jours plus tard sur ordre du commandant Aussaresses qui le fera pendre (5 mars).
  • 21 mai : AbandonnĂ© par la droite qui lui reproche sa politique financiĂšre et sociale, le gouvernement Mollet chute et il y a vacance du pouvoir pendant trois semaines. Il aura Ă©tĂ© le plus long de la IVe RĂ©publique (17 mois) sans pour cela parvenir Ă  rĂ©soudre la crise en AlgĂ©rie, qui s’est aggravĂ©e. Dans le livre Le Socialisme trahi, on lit les origines de la longĂ©vitĂ© du gouvernement Mollet : « La droite se tait parce que ses idĂ©es sont au pouvoir. La gauche se tait parce que ses hommes y sont » (A. Philip).

Les grands partis parlementaires sont dominĂ©s par les partisans de l'AlgĂ©rie française : la SFIO avec Guy Mollet, le MRP avec Georges Bidault, les radicaux avec Martineau-Desplat, Ă©lu de Marseille oĂč le grand nĂ©goce est attachĂ© au marchĂ© algĂ©rien, les gaullistes avec Michel DebrĂ©, les indĂ©pendants (CNIP) avec le sĂ©nateur Borgeaud, un des plus riches propriĂ©taires d'AlgĂ©rie. Dans Le Courrier de la colĂšre, journal dĂ©fendant violemment l’AlgĂ©rie française et appelant au retour du gĂ©nĂ©ral de Gaulle au pouvoir, son propriĂ©taire Michel DebrĂ© Ă©crit : « Que les AlgĂ©riens sachent bien que l’abandon de la souverainetĂ© française en AlgĂ©rie est un acte illĂ©gitime qui met ceux qui le commettent, ou s’en rendent complices, hors-la-loi et ceux qui s’y opposent, quel que soit le moyen employĂ©, en Ă©tat de lĂ©gitime dĂ©fense. » (2 dĂ©cembre 1957). François Mitterrand Ă©crit : « Sans l’Afrique, il n’y aura pas d’histoire de France au XXIe siĂšcle. » (« http://www.african-geopolitics.org/show.aspx?ArticleId=3284 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?))L'opposition Ă  la torture et Ă  la guerre est d'abord le fait d'intellectuels isolĂ©s, puis de petits groupes. Le PCF, au dĂ©but hĂ©sitant, ne prendra position que dans les derniĂšres annĂ©es du conflit.

  • 29 et 30 mai : Un commando du FLN massacre tous les hommes du village de Melouza en petite-Kabylie (Wilaya III) (315 morts). Le FLN se dĂ©barrasse de ses concurrents en liquidant les rares maquis MNA et en s'en prenant Ă  ses militants (ce que les journaux français appellent des « rĂšglements de comptes entre nord-africains »).
  • 9 juin : À Alger, attentat revendiquĂ© par le FLN au casino de la Corniche (8 morts).
  • 21 juin : Maurice Audin, assistant en mathĂ©matiques Ă  l'universitĂ© d'Alger, membre du PCA est torturĂ© Ă  mort par les parachutistes. Il avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le 11 juin par Philippe Erulin.
  • 4 juillet : rencontre clandestine entre Germaine Tillion et le chef du FLN Ă  Alger, Yacef Saadi, pour tenter de mettre fin Ă  la spirale des exĂ©cutions capitales et des attentats aveugles.
  • 1er septembre : L'armĂ©e française exerce un droit de suite en Tunisie. Sur la frontiĂšre avec la Tunisie, l'armĂ©e française construit une ligne de fortins reliĂ©s par des lignes de fer barbelĂ©es, des champs de mines et patrouillĂ©s par des trains blindĂ©s, la « Ligne Morice ».
  • 12 septembre : Paul Teitgen, ancien rĂ©sistant, catholique, qui s’est prononcĂ© contre la pratique de la torture en AlgĂ©rie, dĂ©missionne de son poste de secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la police Ă  Alger.
  • 24 septembre, arrestation de Yacef Saadi, chef militaire de la zone autonome d'Alger.
  • 30 septembre : Le gouvernement de FĂ©lix Gaillard fait voter une loi-cadre promettant le respect de la personnalitĂ© algĂ©rienne qui est repoussĂ©e par l’AssemblĂ©e nationale et refusĂ©e par le FLN.
  • 20 dĂ©cembre : À TĂ©touan (Maroc), le haut responsable du FLN algĂ©rien Abane Ramdane est assassinĂ© par d’autres membres du FLN

1958, le 13 mai, le retour du général de Gaulle, le G.P.R.A., la bataille des frontiÚres, le pétrole

  • 8 fĂ©vrier : l'armĂ©e française fait bombarder le village tunisien de Sakiet Sidi Youssef (Ă  la frontiĂšre algĂ©ro-tunisienne) Ă  la suite de plusieurs accrochages transfrontaliers entre l'armĂ©e française et des membres de l'ALN implantĂ©s en Tunisie. On compte 70 morts (dont 21 enfants) et 150 blessĂ©s (cf. l'article Bombardement de Sakiet Sidi Youssef). La Tunisie adresse un recours devant l'ONU. Le gouvernement FĂ©lix Gaillard chute le 15 avril. Alors que la situation devient explosive Ă  Alger, personne ne se prĂ©sente pour ĂȘtre prĂ©sident du Conseil.
  • DĂ©but mai : Le gaulliste Jacques Chaban-Delmas organise un “complot” destinĂ© Ă  assurer le retour du gĂ©nĂ©ral de Gaulle au pouvoir se met en place : des pĂ©titions sont adressĂ©es au prĂ©sident Coty et les forces armĂ©es s’agitent dans les mess. Dans ses MĂ©moires pour demain (Flammarion, 1997), Chaban Ă©crira Ă  propos de la nomination de LĂ©on Delbecque Ă  son cabinet : « Nous combattions pour la mĂȘme cause, le ministre en conduisant la politique qu’il estimait la plus conforme Ă  l’intĂ©rĂȘt de la nation, les conspirateurs en conspirant. »
  • 10 mai : Le ministre-rĂ©sident Robert Lacoste quitte l’AlgĂ©rie : le pouvoir civil n’a plus de reprĂ©sentant Ă  Alger. Quelques jours plus tĂŽt (8 mai), il avait Ă©voquĂ© publiquement le danger d’un « Dien-Bien-PhĂ» diplomatique » Ă  la suite de la mise en accusation de la France par la Tunisie Ă  propos de l’affaire de Sakiet Sidi Youssef.
  • 12 mai : À Paris, aprĂšs plusieurs semaines de crise ministĂ©rielle, Pierre Pflimlin (MRP) accepte de former un gouvernement. Ce dernier n'ayant pas cachĂ© sa volontĂ© de trouver une solution nĂ©gociĂ©e, sa nomination suscite l'inquiĂ©tude et la colĂšre des Français d'AlgĂ©rie.
  • 13 mai : Les Français d’AlgĂ©rie manifestent afin de protester contre l’exĂ©cution de trois prisonniers français par le FLN. À Alger, le siĂšge du Gouvernement gĂ©nĂ©ral (GG) est pris d'assaut :
    • Un mouvement prĂ©parĂ© : l'assaut du gouvernement gĂ©nĂ©ral a Ă©tĂ© organisĂ© par plusieurs activistes, tels Robert Martel, agriculteur et prĂ©sident de l'Union Française Nord-Africaine (UFNA) Joseph Ortiz, patron de la Brasserie du Forum Ă  Alger et Pierre Lagaillarde, avocat, rĂ©serviste parachutiste et prĂ©sident de l'AGEA (Association gĂ©nĂ©rale des Ă©tudiants d’AlgĂ©rie), trĂšs active dans les manifestations. AprĂšs avoir le dĂ©pĂŽt d’une gerbe au monument aux morts, la foule s’agite, chante La Marseillaise et scande : « AlgĂ©rie française ! ». L’opĂ©ration « RĂ©surrection » est prĂ©parĂ©e : elle doit permettre aux parachutistes basĂ©s en Corse et venus d’AlgĂ©rie de prendre de contrĂŽle de la capitale. De Gaulle niera toujours avoir donnĂ© son aval Ă  une telle entreprise.
    • Quelques milliers d’hommes, souvent armĂ©s, prennent la direction du palais du Gouvernement gĂ©nĂ©ral. Les C.R.S. et les « paras » ne bronchent guĂšre. Ces hommes pĂ©nĂštrent dans le bĂątiment et se livrent au saccage des bureaux. Les hauts gradĂ©s de l’armĂ©e, le gĂ©nĂ©ral Massu et le gĂ©nĂ©ral Salan se rangent du cĂŽtĂ© des factieux et crĂ©ent un ComitĂ© de Salut Public. Au soir du 13 mai, FĂ©lix Gaillard confie tous les pouvoirs Ă  l’armĂ©e qui les conservera jusqu’en octobre 1958.

Au balcon du bĂątiment du « G.G. » (Gouvernement gĂ©nĂ©ral) le gĂ©nĂ©ral Massu, commandant en chef Ă  Alger, trĂšs populaire, accepte la prĂ©sidence d’un ComitĂ© de Salut Public, le gaulliste LĂ©on Delbecque Ă©tant vice-prĂ©sident. Le CSP entend exercer le pouvoir en AlgĂ©rie jusqu’à ce qu’un gouvernement pro-AlgĂ©rie française s’installe Ă  Paris.

  • 14 mai (2 h 45) : À Paris, comme prĂ©vu, l’AssemblĂ©e nationale investit Pierre Pflimlin comme nouveau prĂ©sident du Conseil.
  • 14 mai : Le prĂ©sident de la RĂ©publique RenĂ© Coty ordonne Ă  l’armĂ©e de rentrer dans le devoir : il n’est pas obĂ©i. À Alger, le gĂ©nĂ©ral Salan dĂ©clare : « Je prends en main provisoirement les destinĂ©es de l’AlgĂ©rie française. » Ainsi, tous les pouvoirs, civils et militaires en AlgĂ©rie sont passĂ©s Ă  l’armĂ©e.
  • 15 mai : En AlgĂ©rie, Salan prend la parole aprĂšs plusieurs orateurs qui se sont adressĂ©s Ă  la foule depuis le 13 mai et dit : « Nous gagnerons parce que nous l’avons mĂ©ritĂ© et que lĂ  est la voie sacrĂ©e pour la grandeur de la France. Mes amis, je crie “Vive la France ! Vive l’AlgĂ©rie française !” ». Il s’apprĂȘte Ă  quitter le micro mais Delbecque, vice-prĂ©sident du C.S.P., lui souffle : « Vive de Gaulle, mon gĂ©nĂ©ral ! » Il hĂ©site, revient au micro et lance : « Vive de Gaulle ! » que la foule reprend. Selon l’historien AndrĂ© Siegfried, le 13 mai est « un 6-fĂ©vrier qui a rĂ©ussi ».
  • 16 mai : des manifestations de « fraternisation » entre EuropĂ©ens et Musulmans ont lieu sur la place du Forum Ă  Alger. À propos de ces Ă©vĂ©nements, de Gaulle dĂ©clare le 6 juin 1958 Ă  Mostaganem :

« Il est parti de cette terre magnifique d'Algérie un mouvement exemplaire de rénovation et de fraternité. Il s'est élevé de cette terre éprouvée et meurtrie un souffle admirable qui, par-dessus la mer, est venu passer sur la France entiÚre pour lui rappeler quelle était sa vocation ici et ailleurs... Il n'y a plus ici, je le proclame en son nom et je vous en donne ma parole, que des Français à part entiÚre, des compatriotes, des concitoyens, des frÚres qui marchent désormais dans la vie en se tenant par la main »

— Discours de Mostaganem, 6 juin 1958

  • 17 mai : PersuadĂ© que de Gaulle saura conserver l’AlgĂ©rie française, Soustelle, aprĂšs avoir Ă©chappĂ© Ă  la surveillance dont il fait l'objet, revient en AlgĂ©rie.
  • 24 mai : La Corse se soulĂšve et forme un ComitĂ© de Salut Public qui se met du cĂŽtĂ© des insurgĂ©s d’Alger. LĂ  encore, il s’agirait d’une manipulation de la part des partisans du retour du gĂ©nĂ©ral de Gaulle.
  • 27 mai : Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle se dĂ©marque des nombreuses vellĂ©itĂ©s putschistes de certains militaires français. À 12 h, il fait publier un communiquĂ© qui jette de l’huile sur le feu : « 'J’ai entamĂ© hier le processus rĂ©gulier nĂ©cessaire Ă  l’établissement d’un gouvernement rĂ©publicain. » Il traite de « braillards d’Alger » les hommes du 13-mai.
  • 4 juin : Le prĂ©sident du Conseil de Gaulle effectue son premier voyage en AlgĂ©rie, qui s’achĂšvera le 7 juin. Il s’agit pour de Gaulle, Ă  peine investi, de montrer qu’il contrĂŽle la situation. Il y affirme l’autoritĂ© de l’État et s’assure de l’obĂ©issance des militaires. À Alger, s’adressant Ă  la foule, il lance son fameux : « Je vous ai compris ! » sous les acclamations des EuropĂ©ens, phrase d’une “ambiguĂŻtĂ© calculĂ©e” (B. Le Gendre) et propose l’égalitĂ© entre EuropĂ©ens et AlgĂ©riens : « Dans toute l’AlgĂ©rie, il n’y a qu’une catĂ©gorie d’habitants : il n’y a que des Français Ă  part entiĂšre (
), avec les mĂȘmes droits et les mĂȘmes devoirs. ». Il se garde cependant de prononcer les mots « AlgĂ©rie française », sauf quelques jours plus tard, Ă  Mostaganem, oĂč il lĂąchera un malheureux « Vive l’AlgĂ©rie française ! », ce qui conduira un an plus tard les Français d'AlgĂ©rie Ă  juger incomprĂ©hensibles les propositions de De Gaulle sur l'autodĂ©termination.
  • 9 juin : Sur dĂ©cision de De Gaulle, le ministĂšre de l’AlgĂ©rie est rattachĂ© Ă  la prĂ©sidence du Conseil. Ayant observĂ© la rĂ©alitĂ© du terrain en AlgĂ©rie, il dĂ©clare Ă  son chef de cabinet Pierre Lefranc : « Nous ne pouvons pas garder l’AlgĂ©rie. Croyez bien que je suis le premier Ă  le regretter mais la portion d’EuropĂ©ens est trop faible. » Il va cependant poursuivre l’effort de « pacification », pour nĂ©gocier en vainqueur militaire et faire d’un cessez-le-feu comme base Ă  toute nĂ©gociation, pour rallier le plus de personnes Ă  la thĂšse d’une AlgĂ©rie indĂ©pendante et pour tenter de conserver le Sahara, ses gisements de pĂ©trole et ses bases militaires, dont celle de Reggane.
  • 1er juillet : Le prĂ©sident du Conseil de Gaulle effectue son deuxiĂšme voyage en AlgĂ©rie, qui s’achĂšvera le 3 juillet.
  • 20 aoĂ»t : En AlgĂ©rie, la direction du FLN est purgĂ©e par les dirigeants de l’ALN. En France, le gouvernement dissout l'Amicale gĂ©nĂ©rale des travailleurs algĂ©riens. En rĂ©ponse, le CCE lance une vague d'attentats en mĂ©tropole frappant plusieurs installations d'hydrocarbure et provoquant prĂšs d'une centaine de morts dont de nombreux policiers.
  • 19 septembre : Le GPRA (Gouvernement Provisoire de la RĂ©publique AlgĂ©rienne), formĂ© sur le modĂšle du GPRF, est crĂ©Ă© et s’installe au Caire (Égypte). Ferhat Abbas, qui en est nommĂ© PrĂ©sident, va Ă©tablir des relations diplomatiques avec plusieurs pays Ă©trangers. Plusieurs États arabes et africains reconnaissent le GPRA comme reprĂ©sentant l'AlgĂ©rie. Parmi les pays non arabes, la RĂ©publique populaire dĂ©mocratique de CorĂ©e (ou CorĂ©e du Nord) est le premier État Ă  reconnaĂźtre officiellement le GPRA, auquel elle a apportĂ© un soutien politique et militaire.
  • 28 septembre : rĂ©fĂ©rendum sur la nouvelle Constitution qui est approuvĂ©e par 79 % de « oui » en mĂ©tropole. En AlgĂ©rie 96 % disent « oui » (75 % des 4 412 171 Ă©lecteurs algĂ©riens inscrits) malgrĂ© les appels en faveur du boycottage lancĂ© par le FLN. Il s'agit du premier scrutin auquel les femmes algĂ©riennes participent[9] - [10]. AprĂšs les rĂ©sultats du rĂ©fĂ©rendum en AlgĂ©rie, de Gaulle dĂ©clare le 3 octobre Ă  Constantine :

« Trois millions et demi d'hommes et de femmes d'AlgĂ©rie, sans distinction de communautĂ© et dans l'Ă©galitĂ© totale, sont venus des villages de toutes les rĂ©gions et des quartiers de toutes les villes apporter Ă  la France et Ă  moi-mĂȘme le bulletin de leur confiance. Ils l'ont fait tout simplement sans que nul ne les y contraigne et en dĂ©pit des menaces que des fanatiques font peser sur eux, sur leurs familles et sur leurs biens. Il y a lĂ  un fait aussi clair que l'Ă©clatante lumiĂšre du ciel. Et ce fait est capital ... pour cette raison qu'il engage l'une envers l'autre et pour toujours l'AlgĂ©rie et la France[11]. »

  • 3 octobre : De Gaulle propose le plan de Constantine afin d'instaurer Ă  terme une Ă©galitĂ© entre les diffĂ©rentes communautĂ©s d'AlgĂ©rie. Puis il offre la « paix des braves » aux insurgĂ©s le 23 octobre. Mais le GPRA, nouvellement crĂ©Ă©, la refuse.
  • 19 dĂ©cembre : De Gaulle sĂ©pare les pouvoirs civils et militaires en nommant le dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral Delouvrier et le gĂ©nĂ©ral Challe comme successeurs du gĂ©nĂ©ral Salan.

1959, le droit Ă  l’autodĂ©termination, le plan Challe

Le gĂ©nĂ©ral Challe lance le plan du mĂȘme nom : Plan Challe qui aboutit Ă  une victoire militaire sur le terrain sans que la situation politique ne s'amĂ©liore, le fossĂ© se creusant entre les communautĂ©s et les critiques internationales continuant. Le FLN constitue une armĂ©e des frontiĂšres en Tunisie.

  • FĂ©vrier 1959 : rapport de Michel Rocard sur les camps de regroupement.
  • : mort de Amirouche AĂŻt Hamouda, chef de la wilaya 3, et de Si El HaouĂšs, chef de la wilaya 6, lors d'un affrontement avec l'armĂ©e française, alors qu'ils se rendaient Ă  Tunis pour y contester le rĂŽle du GPRA.
  • du 27 aoĂ»t au 30 aoĂ»t, voyage du gĂ©nĂ©ral de Gaulle en AlgĂ©rie, au cours duquel il Ă©voque la participation des AlgĂ©riens Ă  leur avenir, sans prononcer le mot autodĂ©termination.
  • : le gĂ©nĂ©ral de Gaulle Ă©voque publiquement une autre voie que la seule victoire militaire, parlant dans son discours de septembre, du « droit des AlgĂ©riens Ă  l'autodĂ©termination » et proposant trois solutions : sĂ©cession, francisation ou association, ce qui va enflammer les milieux AlgĂ©rie française.

Les Français d'AlgĂ©rie sont indignĂ©s de cette dĂ©claration qu'ils considĂšrent contraire aux engagements pris Ă  l'issue du 13 mai 1958 et de l'arrivĂ©e au pouvoir du gĂ©nĂ©ral de Gaulle. De nombreux militaires ne comprennent pas qu'une solution autre que française puisse ĂȘtre proposĂ©e alors qu'ils se sont battus depuis quatre ans contre le FLN.

1960, la semaine des barricades, les premiÚres négociations à Melun

MalgrĂ© le maintien d'une armĂ©e de 400 000 hommes en AlgĂ©rie (les États-Unis avaient 500 000 hommes au ViĂȘtnam au plus fort des opĂ©rations militaires), la solution militaire s’avĂšre une impasse sans solution politique. Mais celle proposĂ©e par de Gaulle enflamme les Français d'AlgĂ©rie. De manifestations en contre-manifestations, une nouvelle journĂ©e d'insurrection se prĂ©pare, organisĂ©e principalement par Joseph Ortiz et Jean-Jacques Susini, qui nouent des contacts avec certains membres de l'armĂ©e. La semaine des barricades dĂ©bute le , et a pour cause immĂ©diate le rappel de Massu. Pour la premiĂšre fois, des Français tirent sur d'autres Français, le bilan s'Ă©levant Ă  20 morts et prĂšs de 150 blessĂ©s le soir mĂȘme.

  • 29 janvier : Dans un discours radiotĂ©lĂ©visĂ©, le prĂ©sident de Gaulle exige l’obĂ©issance de tous les Français. Deux jours plus tard, le gĂ©nĂ©ral Challe parvient Ă  rĂ©tablir l'ordre, malgrĂ© une partie de ses subordonnĂ©s favorables aux insurgĂ©s.
  • janvier : le GPRA crĂ©e en son sein un comitĂ© interministĂ©riel de la dĂ©fense, dotĂ© d'un Ă©tat-major gĂ©nĂ©ral (EMG). L'EMG prendra petit Ă  petit de plus en plus d'indĂ©pendance vis-Ă -vis du GPRA, marquant la montĂ©e en puissance d'un de ses dirigeants, Houari BoumĂ©diĂšne.
  • 13 fĂ©vrier : L’opĂ©ration « Gerboise bleue » correspond Ă  l’explosion de la premiĂšre bombe A française Ă  Reggane (Sahara français).
  • 29 fĂ©vrier : À Tunis, Ferhat Abbas, au nom du GPRA, fait une dĂ©claration afin de demander l’ouverture de pourparlers.
  • Du 3 au 5 mars : Dans une « tournĂ©e des popotes » en AlgĂ©rie, de Gaulle lie les nĂ©gociations Ă  une victoire militaire. Il mute le gĂ©nĂ©ral Challe en mĂ©tropole.
  • 9 avril : Les Ă©tudiants de l’UNEF votent une motion rĂ©clamant des nĂ©gociations avec le FLN pour un cessez-le-feu et l’autodĂ©termination.
  • : arrestation et torture de Saadia Mebarek[12].
  • 10 juin : Une tentative de paix des braves a lieu : trois reprĂ©sentants des wilaya de l'intĂ©rieur (Si Salah, Si Lakhdar et Si Mohammed) rencontrent de Gaulle Ă  l'ÉlysĂ©e Ă  l'insu du GPRA. Rien ne dĂ©bouchera mais Si Salah mourra quelque temps plus tard dans une escarmouche. En fait, d'autres combattants opposĂ©s Ă  ce projet avaient mis fin Ă  cette tentative[13].
  • 14 juin : dans un discours, de Gaulle rĂ©itĂšre son appel Ă  un arrĂȘt des combats, suivi par un vote du peuple algĂ©rien sur son avenir.
  • 16 juin : le FNF de Joseph Ortiz ayant Ă©tĂ© dissous et la plupart de ses dirigeants ayant Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, un nouveau mouvement est crĂ©Ă©, le Front de l’AlgĂ©rie française (FAF).
  • 24 juin : une dĂ©lĂ©gation du GPRA, conduite par Ahmed Boumendjel, arrive Ă  Melun pour nĂ©gocier avec des reprĂ©sentants du gouvernement français. Mais la France propose une nĂ©gociation progressive, (cessez-le-feu prĂ©alable Ă  une autodĂ©termination du peuple algĂ©rien), alors que ses interlocuteurs souhaitent une solution globale, tant militaire que politique. Aucun accord n'est trouvĂ©, les nĂ©gociations Ă©chouent. Mais les partisans de l'AlgĂ©rie française accuseront le pouvoir gaulliste de renoncer Ă  toute solution française.
  • 12 aoĂ»t : Deux soldats français sont condamnĂ©s Ă  mort par le FLN.
  • 5 septembre : DĂ©but du procĂšs des membres du rĂ©seau Jeanson.
  • 6 septembre : Publication du Manifeste de 121 personnalitĂ©s françaises sur le droit Ă  l’insoumission dans la « guerre d’AlgĂ©rie ». Ces personnes seront interdites de radio et de tĂ©lĂ©vision et les fonctionnaires suspendus de leur poste.
  • 14 septembre : Le gĂ©nĂ©ral Salan prend position contre la politique algĂ©rienne de De Gaulle. Il lui est interdit de se rendre en AlgĂ©rie.
  • 14 octobre : L’assemblĂ©e des cardinaux et des Ă©vĂȘques de France condamne Ă  la fois l’insoumission et les outrages Ă  la personne humaine.
  • 21 octobre : Quelques intellectuels comme Roland DorgelĂšs, Antoine Blondin, Roger Nimier ou Jules Romains publient dans Carrefour un manifeste contre le FLN, qualifiĂ© de « minoritĂ© fanatique, terroriste et fasciste ».
  • 4 novembre : De Gaulle annonce la tenue d’un rĂ©fĂ©rendum sur l’autodĂ©termination, prononce les mots d'« AlgĂ©rie algĂ©rienne » et Ă©voque un futur « gouvernement de la RĂ©publique algĂ©rienne ».
  • 5 dĂ©cembre : Certains dirigeants activistes de l’AlgĂ©rie française, dont Pierre Lagaillarde et Jean-Jacques Susini, s’enfuient en Espagne et y rejoignent le gĂ©nĂ©ral Salan. Des contacts en AlgĂ©rie sont pris par l'intermĂ©diaire du capitaine Pierre Sergent avec le gĂ©nĂ©ral Jouhaud et le FAF clandestin pour prĂ©parer une nouvelle journĂ©e d'action lors de la prochaine visite du gĂ©nĂ©ral de Gaulle en AlgĂ©rie.
  • du 9 au 12 dĂ©cembre : Voyage de De Gaulle en AlgĂ©rie donnant lieu Ă  des manifestations hostiles des Français d'AlgĂ©rie. Des menaces d'attentat se prĂ©cisent. De violentes Ă©meutes opposent les deux communautĂ©s algĂ©riennes. À l’issue du voyage, le bilan officiel est de 127 personnes tuĂ©es, dont 8 EuropĂ©ens, et 600 blessĂ©s. Le FAF est interdit.

1961, l’OAS, le putsch, les nĂ©gociations Ă  Lugrin, arrĂȘt des opĂ©rations offensives

Président Charles de Gaulle en 1961.
  • 8 janvier : Lors du rĂ©fĂ©rendum sur l’autodĂ©termination de l’AlgĂ©rie organisĂ© par le prĂ©sident de Gaulle, le « oui » l’emporte avec 75,25 % des suffrages exprimĂ©s en mĂ©tropole et 69,09 % en AlgĂ©rie. Un discours de De Gaulle reconnaĂźt alors le principe de l’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie.

La nouvelle orientation de la politique française eut pour effet d’exaspĂ©rer les Pieds-Noirs ainsi que l’armĂ©e et de pousser un certain nombre de partisans de l’AlgĂ©rie française Ă  entrer dans la clandestinitĂ©.

  • FĂ©vrier : des membres de l'armĂ©e s'allient avec des ultras civils afin de fonder l’Organisation armĂ©e secrĂšte (OAS) qui va lancer une violente campagne de meurtres et d'attentats, surtout Ă  Alger et Oran.
  • 2 mars : À l’issue du procĂšs des protagonistes de la semaine des barricades, Pierre Lagaillarde est condamnĂ© Ă  10 ans de prison.
  • 31 mars, assassinat par l'OAS du maire d'Évian, Camille Blanc, qui a acceptĂ© que des nĂ©gociations avec le GPRA se dĂ©roulent dans sa ville.
  • 3 avril : Messali Hadj confirme son refus de s’effacer devant le FLN.
  • 11 avril : Dans un discours, le prĂ©sident de Gaulle Ă©voque le futur de l’AlgĂ©rie en tant qu’État-nation souverain.
  • 22 avril : Le pouvoir militaire tente un putsch afin de renverser de Gaulle sur le modĂšle du 13 mai 1958 (putsch des gĂ©nĂ©raux). Contrairement Ă  ce qui a Ă©tĂ© dit, les putschistes, dĂ©terminĂ©s Ă  sauvegarder l'AlgĂ©rie française ne prĂ©voyaient pas d'envahir la France. Le putsch Ă©choue aprĂšs que De Gaulle en appelle aux civils et aux appelĂ©s.
  • 20 mai : Ouverture officielle Ă  Évian des pourparlers avec le GPRA. Une trĂȘve unilatĂ©rale des combats dĂ©cidĂ©e par la France a lieu durant un mois. Les nĂ©gociations butent sur le statut des Français d'AlgĂ©rie et sur le Sahara, oĂč du pĂ©trole a Ă©tĂ© dĂ©couvert.
  • du 1er juillet au 5 : manifestations indĂ©pendantistes en AlgĂ©rie, sĂ©vĂšrement rĂ©primĂ©es. Le bilan est de plusieurs dizaines de morts et centaines de blessĂ©s.
  • 12 juillet : À la suite de l'Ă©chec des nĂ©gociations, le prĂ©sident de Gaulle se prononce pour un État algĂ©rien mais aussi pour une partage du territoire afin de pouvoir regrouper les Pieds-Noirs et de conserver le Sahara dans le giron français. Les troupes françaises entament leur retrait.
  • 15 juillet : Attentat de l’OAS contre LĂ©on Étienne Duval, archevĂȘque d’Alger, surnommĂ© « monseigneur Mohammed » par les « petits Blancs » d’AlgĂ©rie.
  • 1er septembre : L’OAS revendique de nombreux attentats en mĂ©tropole.
  • 8 septembre : Un attentat manquĂ© contre le prĂ©sident de Gaulle se produit Ă  Pont-sur-Seine (Aube).
  • 17 octobre : À la suite d’un couvre-feu imposĂ© aux « Français musulmans » de mĂ©tropole (5 octobre), une manifestation du FLN est brutalement rĂ©primĂ©e par la police : plusieurs dizaines d’AlgĂ©riens sont jetĂ©s dans la Seine. Le prĂ©fet de police Maurice Papon ne dĂ©missionne pas. « Regrettable mais secondaire » dira de Gaulle.
  • 1er novembre : Ahmed Ben Bella entame une grĂšve de la faim en prison pour obtenir le statut de prisonnier politique.
  • fin novembre : un groupe gaulliste anti-OAS, le MPC, est mis en place Ă  Alger. Leurs membres seront qualifiĂ©s de barbouzes. La presse se fera l'Ă©cho des affrontements MPC-OAS menĂ©s en dehors de tout cadre lĂ©gal.
  • 19 dĂ©cembre : Des manifestations en mĂ©tropole contre l’OAS et pour la paix en AlgĂ©rie font une centaine de blessĂ©s.

1962, les accords d’Évian, l’exode et l’indĂ©pendance

  • 24 janvier : Pour l’« anniversaire » de la « semaine des Barricades » d’Alger, l'OAS commet 22 attentats, dont un au domicile de Hubert Beuve-MĂ©ry, directeur du journal Le Monde.
  • 8 fĂ©vrier : Une manifestation organisĂ©e par la Gauche Ă  Paris contre les attentats de l’OAS, qui se produit malgrĂ© l’interdiction du gouvernement, est brutalement rĂ©primĂ©e par la police : on compte 8 morts Ă  la station de mĂ©tro Charonne.
  • 13 fĂ©vrier : Une immense manifestation pour l’enterrement des victimes de Charonne rĂ©unit prĂšs de 500 000 Parisiens au cimetiĂšre du PĂšre-Lachaise.
  • 25 fĂ©vrier : AprĂšs 3 jours de ratonnades et d’attentats Ă  Alger, on compte 109 morts.
  • 4 mars : Reprise des nĂ©gociations officielles Ă  Évian.
  • 15 mars : L’OAS commet des attentats contre plusieurs responsables de centres sociaux d’Alger, dont l’écrivain Mouloud Feraoun.
  • 18 mars, Ă  la suite des accords d'Évian, le prĂ©sident Charles de Gaulle annonce Ă  la RTF le cessez-le-feu et la tenue prochaine d'un rĂ©fĂ©rendum en mĂ©tropole concernant l'autodĂ©termination de l'AlgĂ©rie. Il sera suivi d'un second rĂ©fĂ©rendum au collĂšge unique en AlgĂ©rie.

Les accords d'Évian sont finalement signĂ©s et mettent officiellement fin aux combats entre les troupes françaises et l'ALN.

Les derniers feux de l’OAS

  • 23 mars : Le gouvernement prononce un dĂ©cret d’amnistie pour les condamnĂ©s algĂ©riens (environ 20 000).

Rejetant le cessez-le-feu proclamĂ© le 19 mars par le prĂ©sident Charles de Gaulle, l'OAS se retranche dans son bastion de Bab El Oued, quartier d'Alger et tente d'empĂȘcher l'indĂ©pendance en multipliant les meurtres et les attentats, en interdisant aux Pieds-Noirs de dĂ©mĂ©nager. Alger se polarise dĂ©finitivement entre quartiers europĂ©ens et musulmans Ă  la suite de ce dĂ©chaĂźnement de violence. Le but inavouĂ© est de pousser la masse musulmane excĂ©dĂ©e Ă  s'en prendre aux EuropĂ©ens afin de faire « basculer » l'armĂ©e. Le 23 mars, l'OAS tire sur des policiers et ouvre le feu sur des appelĂ©s du contingent, tuant sept d'entre eux. Le quartier de Bab El Oued est bloquĂ© par l'armĂ©e. La bataille de Bab El Oued qui s'ensuit donne lieu Ă  une lutte franco-française entre commandos Delta et gardes mobiles. BientĂŽt l'aviation de l'aĂ©ronavale pilonne les bĂątiments occupĂ©s par l'OAS, tandis que les chars de l'armĂ©e française prennent position dans le quartier en Ă©tat de siĂšge. Cependant des officiers favorables Ă  l’AlgĂ©rie française laissent les commandos Delta de l'OAS fuir le quartier. Les militaires procĂšdent ensuite Ă  la fouille du quartier. Les mois de tension (attentats, meurtres de sympathisants) conduisent Ă  quelques violences contre les civils.

  • 25 mars : Arrestation du gĂ©nĂ©ral Jouhaud.
  • 26 mars : Une manifestation de Pieds Noirs ayant pour but de forcer le blocus militaire de Bab El-Oued est mitraillĂ©e par l'armĂ©e française. Les tirailleurs placĂ©s sur la route du convoi sont Ă©puisĂ©s par des mois de guerre et ouvrent le feu par erreur ; c'est la fusillade de la rue d'Isly (26 mars 1962) qui fera environ 80 morts et 200 blessĂ©s cĂŽtĂ© manifestants.
  • 8 avril : RĂ©fĂ©rendum sur les accords d'Évian se dĂ©roulant dans la seule mĂ©tropole et ouvrant la voie au rĂ©fĂ©rendum sur l'indĂ©pendance de l AlgĂ©rie.
  • 20 avril : Arrestation du gĂ©nĂ©ral Salan.
  • 1er juillet : RĂ©fĂ©rendum sur l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie organisĂ© en application des accords d’Évian dans les seuls dĂ©partements français d'AlgĂ©rie et dont le rĂ©sultat (99,7 % de « oui ») scelle leur disparition.
  • 3 juillet : Ă  la suite du rĂ©fĂ©rendum du 1er juillet, le GRPA proclame l'indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie.
  • 5 juillet, trois mois aprĂšs les accords d'Évian, le prĂ©sident de Gaulle annonce officiellement, par la voie d'un tĂ©lĂ©gramme, la reconnaissance d'un nouvel État indĂ©pendant, la RĂ©publique algĂ©rienne[14].
  • 22 aoĂ»t : attentat contre de Gaulle au Petit-Clamart, perpĂ©trĂ© par l'OAS.

L’exode des Pieds-Noirs

Cet exode concerne trois groupes :

  • les « colons » sont des propriĂ©taires de grands domaines cĂ©rĂ©aliers ou viticoles avec leurs ramifications dans les « grandes affaires » et la « haute administration ». Ils se reconvertissent en mĂ©tropole ainsi qu'Ă  l'Ă©tranger dans les industries agro-alimentaires ;
  • les Pieds-Noirs forment les classes moyennes et prolĂ©taires, ils sont pĂȘcheurs, fermiers, commerçants, artisans, employĂ©s ou simples ouvriers ;
  • les Harkis continuent de souffrir, des dĂ©cennies aprĂšs.

La trĂšs grande majoritĂ© des Pieds-Noirs fuient l'AlgĂ©rie Ă  la veille de son indĂ©pendance, alors que le gouvernement pensait qu’ils resteraient majoritairement en AlgĂ©rie. Cela est rendu difficile Ă  la suite des mitraillages du FLN dans les lieux publics frĂ©quentĂ©s principalement par les Pieds-noirs (non-respect de l'engagement sur les garanties pris par le FLN dans le Chapitre II-Article II des accords d'Évian>) et au climat de haine entretenu par l'OAS. La plupart des Harkis sont abandonnĂ©s sur place et le gouvernement interdit de les rapatrier en mĂ©tropole. Le 12 mai 1962, un tĂ©lĂ©gramme confidentiel du Ministre de la DĂ©fense, Pierre Messmer, sanctionne les officiers français qui enfreignent les consignes de Paris et embarquent clandestinement des Harkis en direction de la mĂ©tropole[15].

En 1959, les Pieds-Noirs sont au nombre de 1 025 000, ils reprĂ©sentent 85 % de la population d’ascendance europĂ©enne et 15 % de juifs et comptent pour 10,4 % de la population totale algĂ©rienne. En 1962, ils sont 900 000 Ă  quitter en quelques mois seulement l’AlgĂ©rie.

Le gouvernement français n’a pas prĂ©vu un phĂ©nomĂšne d'une telle ampleur[16], ayant estimĂ© un transfert de population de 200 000 Ă  300 000 personnes qui auraient choisi temporairement la mĂ©tropole. Environ 100 000 choisissent de rester en AlgĂ©rie, qu’ils quittent progressivement dans les annĂ©es 1960 et 70.

Le drame des Harkis est Ă©galement douloureux. Ces AlgĂ©riens musulmans ayant servi les autoritĂ©s françaises (service militaire comme combattant et service civil comme administrateur) combattent comme supplĂ©tifs de l'armĂ©e française d’AlgĂ©rie. D’aprĂšs les estimations françaises, en 1962, ils sont environ 236 000. D’autres estimations donnent un nombre plus Ă©levĂ© en prenant en compte le personnel civil ou administratif. Ce qui donnerait une totalitĂ© d’environ 400 000. Des instructions sont d’abord donnĂ©es pour interdire leur retour[17]. En 1962, environ 91 000 Harkis sont amenĂ©s en France par des officiers de l'armĂ©e malgrĂ© la politique française qui s’y oppose. Ceux qui sont restĂ©s sont torturĂ©s ou massacrĂ©s sans pitiĂ© aprĂšs que l'armĂ©e française les ait dĂ©sarmĂ©s.

Notes et références

  1. Les chefs du FLN, appelés les « historiques », sont : Hocine Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella, Krim Belkacem, Mostefa Ben Boulaïd, Larbi Ben M'Hidi, Rabah Bitat, Mohammed Boudiaf, Mourad Didouche et Mohamed Khider.
  2. « Lettre du prĂ©sident de la RĂ©publique française au prĂ©sident de l'ExĂ©cutif provisoire de l'État algĂ©rien », sur www.joradp.dz, (consultĂ© le ), p. 4
  3. « Dans le car Biskra-Arris », El Watan, .
  4. CitĂ© dans Jean Lacouture, Mitterrand, une histoire de Français, Ă©d. du Seuil, « Points », tome 1, p. 185. Mais F. Mitterrand n'a, par contre, jamais dit « la nĂ©gociation, c'est la guerre », comme l'a Ă©crit par erreur L’HumanitĂ© Ă  l'Ă©poque.
  5. « l’insurrection du Constantinois, 20 aoĂ»t 1955, par Claire Mauss-Copeaux », LDH de Toulon, 5 avril 2007.
  6. Sylvie ThĂ©nault, Histoire de la guerre d’indĂ©pendance algĂ©rienne, Ă©d. Flammarion, avril 2005, pages 47-52 voir en ligne.
  7. L'Affaire de Suez, Peter Hercombe, 2006
  8. La Question Éditions de Minuit, 1958. (ISBN 2-7073-0175-2)
  9. Pascal Le Pautremat, La politique musulmane de la France au XXe siĂšcle; de l'hexagone aux terres d'Islam. Espoirs, rĂ©ussites et Ă©checs, 2003, Éditions Maisonneuve et Larose, pp. 438-439
  10. Lucien Neuwirth, Référendum du 28 septembre 1958, vidéo sur Ina.fr.
  11. Maurice Allais, Les accords d'Évian, 1962, p.120.
  12. Fabrice Arfi, « De Gaulle et la guerre d’AlgĂ©rie : dans les nouvelles archives de la raison d’État | Panoramiques », sur Mediapart, (consultĂ© le )
  13. cf CourriĂšre et cheliff.org : L'affaire SI SALAH (1960) .
  14. Déclaration du général de Gaulle, JT20h, RTF, 18 mars 1962 (INA).
  15. 12 mai 1962 TĂ©lĂ©gramme de Pierre Messmer au gĂ©nĂ©ral Fourquet lui demandant de sanctionner les officiers ayant pris sur eux d’évacuer des groupes de harkis depuis l’AlgĂ©rie vers la mĂ©tropole
  16. Jean-Jacques Jordi. À propos des Harkis, in Sorties de guerre, Cahiers du CEHD, n° 24, 2005, p 47 En ligne SORTIES DE GUERRE SOUS LA DIRECTION DE JACQUES FRÉMEAUX ET MICHÈLE BATTESTI. ConsultĂ© le 3 mars 2007
  17. TĂ©lĂ©gramme n° 125 IGAA du 16 mai 1962, publiĂ© par Combat du 23 mai. CitĂ© par Jean-Jacques Jordi. op. cit. 48 SORTIES DE GUERRE SOUS LA DIRECTION DE JACQUES FRÉMEAUX ET MICHÈLE BATTESTI.

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Voir aussi

Liens internes

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Bibliographie

  • Jean Balazuc, Guerre d'AlgĂ©rie : Une chronologie mensuelle - Mai 1954-dĂ©cembre 1962, Paris, L'Harmattan, , 556 p. (ISBN 978-2-343-06685-1, lire en ligne) — Inscription nĂ©cessaire.
  • Sophie Chautard, L’Indispensable des conflits du XXe siĂšcle, Levallois-Perret, Studyrama, 2003, 272 p.
  • Le Monde, La Guerre d'AlgĂ©rie 1954-1962, Librio, 2003, 126 p.
  • Guy PervillĂ©, Atlas de la guerre d'AlgĂ©rie. De la conquĂȘte Ă  l'indĂ©pendance, Paris, Autrement, 2003, 64 p.
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