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Alliance libératrice nationaliste

L’Alliance libĂ©ratrice nationaliste (en espagnol Alianza Libertadora Nacionalista, en abrĂ©gĂ© ALN) Ă©tait un groupement politique argentin, fondĂ© d’abord comme branche de jeunesse de la LĂ©gion civique argentine, milice fasciste crĂ©Ă©e par Uriburu en 1931, puis, aprĂšs sa rĂ©organisation en 1937 sous l’impulsion de Juan QueraltĂł (qui en assumera la prĂ©sidence jusqu’en 1953), comme un mouvement autonome, sous la dĂ©nomination d’Alianza de la Juventud Nacionalista, rebaptisĂ© ensuite Alliance libĂ©ratrice nationaliste en 1943. L’AJN devint l’organisation d’extrĂȘme droite la plus importante de la dĂ©cennie 1930, sans jamais toutefois atteindre une masse critique ni jouir d’un grand ascendant intellectuel dans la sociĂ©tĂ© argentine.

Alliance libératrice nationaliste
Alianza Libertadora Nacionalista
Présentation
PrĂ©sident Juan QueraltĂł (jusqu’en 1953) ; Guillermo Patricio Kelly (1953-1955) ; de nouveau QueraltĂł Ă  partir de 1973
Fondation Mai 1931, comme excroissance de la LĂ©gion civique argentine ; septembre 1937, comme mouvement autonome d’abord nommĂ© Alianza de la Juventud Nacionalista
SiĂšge Calle San MartĂ­n 392, Buenos Aires (Argentine)
Positionnement ExtrĂȘme droite
Idéologie Fascisme
Ultranationalisme
Antisémitisme
Corporatisme
Droite catholique
Populisme (ouvriérisme)
Anti-impérialisme
Militarisme
AdhĂ©rents 11 000 (Ă  son apogĂ©e)

De ses antĂ©cĂ©dents de milice fasciste, l’ALN gardera non seulement les formes (organisation militaire, salut romain, accoutrement fasciste), mais aussi le mode d’action (violence de rue, volontĂ© d’en dĂ©coudre avec l’adversaire « lĂ  oĂč il se trouve ») et l’idĂ©ologie (corporatisme, nationalisme exacerbĂ©, antisĂ©mitisme virulent, anticommunisme, catholicisme tranditionaliste). Cependant, pour faire piĂšce Ă  la gauche socialiste et recruter dans les classes laborieuses, le mouvement (du moins sa fraction populiste et ouvriĂ©riste) tentera un rapprochement avec la classe ouvriĂšre, Ă  la suite de quoi le mouvement comprendra outre une majoritĂ© de personnes issues des classes moyennes et supĂ©rieures, Ă©galement quelques travailleurs. Avec l’avĂšnement du pĂ©ronisme au milieu des annĂ©es 1940, une grande partie des militants (en particulier la mouvance nationaliste de gauche) se rallia progressivement Ă  PerĂłn — ce qui n’empĂȘchera pas l’ALN de prĂ©senter ses propres listes aux Ă©lections de 1946, avec du reste de trĂšs maigres rĂ©sultats —, tandis que la fraction nationaliste intransigeante faisait sĂ©cession, en particulier Ă  la suite de la dĂ©claration de guerre contre les puissances de l’Axe signĂ©e par PerĂłn en .

Par la suite, l’ALN dĂ©sormais fidĂšle Ă  PerĂłn, totalement alignĂ©e et muselĂ©e, sera de plus en plus (en dĂ©pit de la prĂ©sence dans ses rangs de quelques intellectuels et malgrĂ© la revue Alianza que le mouvement continua de publier) ravalĂ©e au rĂŽle de troupe de choc, commettant des violences contre l’opposition anti-pĂ©roniste, contre les intĂ©rĂȘts juifs et contre les universitĂ©s, sous de vĂ©hĂ©ments mots d’ordre d’extrĂȘme droite, exactions dont l’ampleur ne s’affaiblira qu’à peine aprĂšs l’arrivĂ©e Ă  la tĂȘte du mouvement, Ă  la faveur d’un coup de force en 1953, du nouveau prĂ©sident Kelly, qui sut du moins mettre les fureurs antisĂ©mites sous le boisseau. AprĂšs le coup d’État de septembre 1955 qui renversa PerĂłn, le mouvement n’eut plus, dans les annĂ©es qui suivirent, qu’un rĂŽle politique et une influence idĂ©ologique mal dĂ©finis, et ne ressurgira en tant que tel qu’en 1973, avec le retour d’exil de PerĂłn, pour finalement s’insĂ©rer dans cette constellation de groupuscules violents de droite qui s’étaient donnĂ© pour tĂąche de combattre, sous le troisiĂšme mandat de PerĂłn, le pĂ©ronisme de gauche ou la gauche tout court.

Histoire

le gĂ©nĂ©ral JosĂ© FĂ©lix Uriburu, prĂ©sident de l’Argentine de 1930 Ă  1932, fondateur du mouvement.

Fondation et DĂ©cennie infĂąme

La LĂ©gion civique argentine (LCA), mai 1932.

Les dĂ©buts de l’Alliance libĂ©ratrice nationaliste (ALN) Ă  proprement parler remontent Ă  , quand Juan QueraltĂł, alors prĂ©sident de l’Union nationaliste des Ă©tudiants du secondaire (UniĂłn Nacionalista de Estudiantes Secundarios, UNES), proposa d’unifier la jeunesse nationaliste argentine dans une nouvelle organisation appelĂ©e Alliance de la jeunesse nationaliste (Alianza de la Juventud Nacionalista, AJN), crĂ©Ă©e formellement en [1]. Jusque-lĂ , l’UNES avait fait partie du groupement nationaliste LegiĂłn CĂ­vica Argentina (LCA), en tant que sa branche Ă©tudiante ; la LCA, crĂ©Ă©e au dĂ©but de la dĂ©cennie 1930 par le prĂ©sident argentin, le gĂ©nĂ©ral JosĂ© FĂ©lix Uriburu, sous le motif officiel de servir de rĂ©serve (de recrutement) Ă  l’usage des forces armĂ©es argentines[2], fut reconnue comme entitĂ© politique le et dotĂ©e de la personnalitĂ© juridique le [3] ; la LĂ©gion, dont les membres Ă©taient autorisĂ©s Ă  recevoir une formation militaire[2] et qui sera la plus grande organisation nationaliste en Argentine au dĂ©but des annĂ©es 1930[4], proclamait ĂȘtre composĂ©e d’« hommes patriotiques » incarnant « l’esprit de la RĂ©volution de septembre [1930] et prĂȘts, moralement et matĂ©riellement, Ă  coopĂ©rer Ă  la reconstruction institutionnelle du pays »[5]. Cependant, la LCA pĂ©riclita dans les annĂ©es qui suivirent, et le mouvement nationaliste traversait une profonde crise ; l’AJN fut alors crĂ©Ă©e dans une tentative de regrouper les forces du nationalisme sous une nouvelle stratĂ©gie. Peu aprĂšs, l’AJN se dĂ©composa en trois branches, une pour les Ă©lĂšves du secondaire, une autre rĂ©servĂ©e aux Ă©tudiants d’universitĂ©, et une troisiĂšme destinĂ©e Ă  accueillir ceux qui n’étaient pas Ă©tudiant ou qui avaient dĂ©jĂ  obtenu leur diplĂŽme[6]. Dans ses commencements, l’Alliance Ă©tait essentiellement un groupement de jeunesse — QueraltĂł, ĂągĂ© alors de 25 ans, avait Ă  ses cĂŽtĂ©s Alberto Bernaudo, ĂągĂ© de 20 ans Ă  peine —, mais bientĂŽt de nombreux nationalistes plus mĂ»rs, tels qu’Alfredo Taruella, RamĂłn Doll, JordĂĄn Bruno Genta, TeĂłtimo Otero Oliva, le colonel Natalio Mascarello et Bonifacio Lastra, viendront s’y joindre. Y adhĂ©rĂšrent Ă©galement des militants qui plusieurs annĂ©es plus tard allaient se rapprocher du pĂ©ronisme de gauche, comme Rodolfo Walsh (qui cependant rĂ©pudiera bientĂŽt son appartenance), Jorge Ricardo Masetti, Rogelio GarcĂ­a Lupo et Oscar Bidegain[7] - [8] - [9].

Années 1940 et Révolution de 43

L’ALN, qui rĂ©crutait principalement dans la jeunesse, se dĂ©veloppa en un important groupe nationaliste et pouvait s’enorgueillir de compter, au seuil de la dĂ©cennie 1940, quelque 11 000 membres, dont 3 000 environ de femmes, selon les dires mĂȘmes de l’organisation. En , une scission eut lieu dans l’Alliance, un groupe dirigĂ© par Emilio Gutierrez Herrero faisant alors sĂ©cession pour fonder l’UniĂłn CĂ­vica Nacionalista. En , dans le sillage du coup d’État militaire dit RĂ©volution de 1943, et sous l’impulsion de l’ingĂ©nieur Carlos Burundarena — futur professeur Ă  l’universitĂ© de Buenos Aires, trĂšs liĂ© Ă  l’Église catholique argentine, et qui sera plus tard l’un des protagonistes de l’autodĂ©nommĂ©e RĂ©volution libĂ©ratrice qui renversa Juan PerĂłn par un coup d’État en septembre 1955[10] - [11] — l’AJN changea sa dĂ©nomination en Alianza Libertadora Nacionalista[12] - [13].

Le coup d’État militaire de 1943 contre le prĂ©sident Castillo, l’un des symboles du prĂ©cĂ©dent rĂ©gime conservateur marquĂ© par la pratique de la fraude Ă©lectorale Ă  grande Ă©chelle et entrĂ© dans l’histoire sous le nom de DĂ©cennie infĂąme, fut favorablement accueilli dans les rangs nationalistes. Cela s’explique par les positions vigoureusement anticommunistes et pro-catholiques des putschistes ainsi que par leur positionnement en faveur de la neutralitĂ© de l’Argentine dans la DeuxiĂšme Guerre mondiale. Toutefois, au fil des mois, les espoirs mis par les groupes nationalistes dans le nouveau gouvernement allaient s’évanouir. Le , le nouveau prĂ©sident de facto RamĂ­rez dĂ©crĂ©ta la dissolution des partis politiques, mais aussi, le , celle de toutes les organisations nationalistes, dans la perspective de l’imminente suspension de la neutralitĂ© argentine et de la rupture des relations diplomatiques avec l’Allemagne — toutes dispositions qui suscitĂšrent chez les nationalistes un rejet immĂ©diat et des rĂ©actions virulentes[14]. Le gouvernement riposta en mettant en dĂ©tention des centaines d’alliancistes, qui eurent Ă  subir brimades et coups de la part de la police. QueraltĂł lui-mĂȘme fut apprĂ©hendĂ©, torturĂ© Ă  la gĂ©gĂšne et incarcĂ©rĂ© Ă  RĂ­o Gallegos, en Patagonie. Entre et , l’Alliance libĂ©ratrice nationaliste, face Ă  l’interdiction qui lui fut faite de tenir des manifestations publiques, dut agir derriĂšre le masque d’un centre culturel et d’une bibliothĂšque pour se dĂ©rober Ă  la rĂ©pression gouvernementale[15].

CongrĂšs de l’ALN, probablement annĂ©es 1940.

La dĂ©claration de guerre Ă  l’Allemagne et au Japon, finalement signĂ©e par PerĂłn en , dĂ©clencha le courroux des alliancistes, courroux qui trouva Ă  s’extĂ©rioriser dans des centaines d’affiches et de graffitis Ă©nonçant « Mort Ă  PerĂłn » (Muera PerĂłn), « PerĂłn est un traĂźtre » (PerĂłn es un traidor) et « la Guerre est une trahison » (La guerra es traiciĂłn), Ă  quoi le gouvernement rĂ©pliqua en ordonnant la fermeture pour six mois du journal de l’Alianza. En septembre de la mĂȘme annĂ©e, la justice fĂ©dĂ©rale lança un mandat de perquisition dans les locaux de l’ALN et procĂ©da Ă  de nombreuses arrestations ; une vingtaine de jours plus tard, la plupart des dĂ©tenus Ă©taient cependant remis en libertĂ©, Ă  l’exception de QueraltĂł, de Bernaudo et de Palenque Carreras, qui furent maintenus en dĂ©tention prĂ©ventive pendant trois mois pour constitution d’association illicite.

Cette affaire rĂ©glĂ©e, PerĂłn, en quĂȘte d’appuis, put se vouer Ă  sa politique de rapprochement avec les travaillistes et avec les radicaux du mouvement FORJA. Ces tractations de PerĂłn mirent l’Alliance libĂ©ratrice nationaliste Ă  la croisĂ©e des chemins : en effet, pendant que, d’une part, les alliancistes jugeaient inacceptables les rĂ©centes mesures du gouvernement, ils voyaient, d’autre part, avec une certaine prĂ©occupation la mise en place d’un front d’opposition, l’Union dĂ©mocratique, composĂ©e de radicaux, de conservateurs, de socialistes et de communistes, c’est-Ă -dire des ennemis traditionnels de l’ALN, laquelle, si ceux-ci devaient parvenir au pouvoir, risquait de se retrouver dans une situation plus difficile encore — de sorte que, quand, le , les fractions constitutives de l’Union dĂ©mocratique sortirent dans la rue pour exiger la dĂ©mission de Farrel et le dĂ©fĂšrement du gouvernement devant la Cour suprĂȘme de justice, l’ALN et d’autres factions nationalistes manifestĂšrent Ă  leur tour en appui Ă  ce mĂȘme gouvernement. AprĂšs que PerĂłn, Ă  la suite de ces Ă©vĂ©nements et d’une subsĂ©quente rĂ©volution de palais conservatrice, eut Ă©tĂ© apprĂ©hendĂ© et emprisonnĂ© sur l’üle MartĂ­n GarcĂ­a, la mobilisation ouvriĂšre du 17 octobre, si elle trouva QueraltĂł et les chefs de file de l’Alianza encore retenus dans la prison de Devoto, verra cependant le reste des militants allianciste participer Ă  la manifestation de masse sur la place de Mai pour rĂ©clamer la libĂ©ration de PerĂłn[16].

L’ALN aura, dans les mois qui suivront, une part active dans la campagne Ă©lectorale, menant notamment des actions violentes contre des groupes juifs et communistes, et remplissant plusieurs fois le rĂŽle de groupe de choc contre les opposants au pĂ©ronisme. Du reste, cette propension aux affrontements de rue Ă©tait une caractĂ©ristique distinctive de l’ALN, ainsi que le reconnut son dirigeant Guillermo Patricio Kelly, dans un entretien avec le journaliste Horacio De Dios :

« Il y avait un rassemblement trĂšs important du radicalisme sur la place d’Italie, avec plus de 5 000 personnes, et nous sommes allĂ©s le casser. Les communistes protĂ©geaient le rassemblement. Ils Ă©taient le groupe de choc de l’opposition. Nous n’étions pas plus de cent nationalistes, et quand une allusion fut faite Ă  Evita (qui pour moi possĂ©dait un instinct gĂ©nial, c’était le cĂŽtĂ© authentique, le seul rĂ©ellement rĂ©volutionnaire du pĂ©ronisme), nous avons lancĂ© des pĂ©tards, qui n’ont tuĂ© personne (ils ne faisaient que du boucan), nous avons provoquĂ© un branle-bas, et dispersĂ© les gens[17]. »

Sous le premier péronisme

Voici, en face de nous, l’Alianza. Je me suis moi-mĂȘme trouvĂ© dans ce bĂątiment, en 1944, peut-ĂȘtre aussi en 1945. L’Alianza fut la meilleure crĂ©ation du nazisme en Argentine. Aujourd’hui, il me paraĂźt hors de doute que ses dirgeants Ă©taient Ă  la solde de l’ambassade d’Allemagne. Son chef Ă©tait un individu sans qualitĂ©, sans charisme, probablement sans courage, quoique cela n’ait fini par transparaĂźtre que plus tard. Il s’appelait QueraltĂł, et nous le surnommions le petiot. Il mesurait peut-ĂȘtre un mĂštre soixante, et apparaissait un tantinet comique dans ses fureurs nationalistes. Un type simpliste, remĂącheur de slogans, violent, sans grandeur ni finesse d’aucune sorte. Cependant, l’Alianza incarna l’exagĂ©ration d’un sentiment lĂ©gitime, qui bascula massivement dans la pĂ©ronisme.
[
] L’Alianza ne pouvait pas obtenir cela, d’abord parce que ses liens avec le nazisme provoquaient la mĂ©fiance, mĂȘme chez ceux qui n’étaient pas favorables aux AlliĂ©s ; ensuite, parce qu’elle Ă©tait antisĂ©mite et anticommuniste dans une ville oĂč les Juifs et la gauche pesaient de leur poids ; ensuite encore, parce que leurs idĂ©es Ă©taient aristocratisantes, encore qu’elles s’incarnassent dans des individus issus de la classe moyenne. Les aristocrates qui faisaient partie de sa direction – les Lastra Ezcurra, les Serantes Peña, et tel autre encore – Ă©taient des figures ternes et mĂ©diocres. Quelques intellectuels de peu de mĂ©rite complĂ©taient le tableau : Genta, un Ă©nergumĂšne que les promesses de l’Ordre nouveau faisaient littĂ©ralement baver ; FernĂĄndez Ursain, auteur de quelques opuscules de thĂ©Ăątre ; et le curĂ© Castellani, le seul Ă  possĂ©der quelque talent. Les nationalistes les plus influents – Scalibrini, Torres – Ă©taient revendiquĂ©s comme les leurs, mais n’appartenaient pas rĂ©ellement Ă  l’Alianza, ni ne figuraient sur les listes de candidats. GĂĄlvez, les Irazusta, Ă©taient des rĂ©fĂ©rences plus Ă©loignĂ©es encore.

Rodolfo Walsh[18]

Aux Ă©lections de 1946, qui verront la victoire du candidat Juan PerĂłn Ă  la prĂ©sidence de l’État argentin, l’Alliance libĂ©ratrice nationaliste, bien qu’étant le plus important des mouvements nationalistes, n’obtint qu’une trentaine de milliers de voix dans les quelques rares circonscriptions oĂč elle prĂ©sentait des candidats[19] - [20]. En effet, nonobstant que l’ALN reconnĂ»t PerĂłn comme son chef symbolique et qu’elle appuyĂąt sa campagne prĂ©sidentielle, elle s’obstina Ă  se prĂ©senter aux Ă©lections avec ses propres candidats. Quelques-uns de ceux-ci Ă©taient candidats pour le sĂ©nat : un haut gradĂ© de la marine Ă  la retraite, ancien ministre sous Ortiz, LeĂłn Scasso, et le mĂ©decin nationaliste et doyen de la facultĂ© de mĂ©decine de l’universitĂ© de La Plata, Frank Soler ; pour les siĂšges au parlement concoururent : Juan QueraltĂł, le prĂȘtre et Ă©crivain Leonardo Castellani, Bonifacio Lastra, Alberto Bernaudo, Arturo Palenque Carreras, Carlos Ibarguren et JosĂ© MarĂ­a Rosa, parmi d’autres. Les rĂ©sultats ne seront guĂšre encourageants, le nombre de voix obtenus par les candidats dans les quatre circonscriptions oĂč ils avaient Ă©tĂ© en lice — 4 % des voix, et moins de 1 % dans la province de Buenos Aires — Ă©tant loin de suffire pour remporter un seul siĂšge au CongrĂšs. S’ajoutant Ă  cette dĂ©bĂącle Ă©lectorale, de nombreux militants se dĂ©tournĂšrent de l’Alliance, en raison de son indĂ©cision quant Ă  sa relation avec le nouveau gouvernement. QueraltĂł, s’efforçant de maintenir le mouvement Ă  flot sans toutefois renoncer Ă  son autonomie, occupait une position fort incommode, accusĂ©, d’un cĂŽtĂ©, de complaisance par ceux qui s’opposaient Ă  PerĂłn sur des critĂšres nationalistes, et critiquĂ©, de l’autre, par ceux qui soutenaient le gĂ©nĂ©ral PerĂłn et voulaient un alignement inconditionnel de l’ALN sur la ligne pĂ©roniste[20]. Certaines fractions, convaincues par PerĂłn, iront jusqu’à rallier tout de bon le pĂ©ronisme, sans pour autant renier leur allĂ©geance Ă  l’Alianza ; dans la province de Buenos Aires, l’on vit mĂȘme des fractions alliancistes participer, certes par le biais d’un propre courant, aux Ă©lections internes du Parti justicialiste — ce fut le cas de Jorge Álvarez Ceballos et de VĂ­ctor Asprella[21].

Au lendemain de l’élection de 1946, l’ALN se retrouva bientĂŽt rĂ©duit Ă  un simple groupe de choc, une façon de milice dirigĂ©e contre le communisme et l’opposition en gĂ©nĂ©ral, mais avec une faible capacitĂ© d’influer sur le dĂ©bat public, et finit par renoncer Ă  toutes ses activitĂ©s de formation idĂ©ologique, Ă  celles de propagande et de diffusion, et presque Ă  toutes celles ne relevant pas du combat de rue[21] - [22]. Ainsi des membres de l’ALN attaquĂšrent-ils le siĂšge de plusieurs journaux libĂ©raux et de gauche, dont notamment La Hora, l’organe du Parti communiste, ainsi qu’un bar dans le centre de Buenos Aires, au motif qu’il Ă©tait frĂ©quentĂ© par des rĂ©fugiĂ©s rĂ©publicains espagnols[19].

Dans les mois suivant les Ă©lections, l’ALN et PerĂłn continueront Ă  entretenir des rapports assez bons, jusqu’au premier conflit, qui se produisit en 1947, Ă  l’occasion de l’approbation de l’acte de Chapultepec, qui motiva les aliancistes Ă  investir les rues de Buenos Aires, dĂ©clenchant en retour une violente rĂ©pression avec plus de 200 arrestations. Il s’agit sans doute lĂ  du dernier acte d’autonomie de l’ALN ; par la suite, l’attitude de subordination des alliancistes au gouvernement ne cessera de se renforcer[23].

La fraction UNES, branche Ă©tudiante de l’Alianza, s’étiola de plus en plus au fil des annĂ©es. Ses activitĂ©s furent proscrites des Ă©tablissements secondaires, le pĂ©ronisme n’admettant dĂ©sormais l’existence que de l’UniĂłn de Estudiantes Secundarios, pensĂ©e, soutenue et contrĂŽlĂ©e par le gouvernement. En 1949, l’UNES, dirigĂ©e alors par Luis Demharter, finit par se sĂ©parer de l’Alianza pour former un groupe nationaliste Ă  part, qui se donna pour nom le titre de la revue que l’organisation Ă©ditait, Tacuara[24].

Le statut de groupe parapolicier, la prĂ©dilection pour l’action de rue violente, resteront des traits constants de l’ALN, au mĂȘme titre que sa forte empreinte anticommuniste et antisĂ©mite. L'historienne Mariela Rubinzal note :

« Les actes de violence Ă©taient perpĂ©trĂ©s dans les manifestations, lors des rassemblements du 1er Mai, dans les quartiers oĂč habitait une proportion importante de membres de la communautĂ© juive, dans les siĂšges des journaux et chez les syndicats de gauche, dans les cinĂ©mas, etc. La « conquĂȘte des rues » fut une consigne souvent rĂ©pĂ©tĂ©e dans le nationalisme des annĂ©es trente[25]. »

De fait, l’ascension de PerĂłn signifia le dĂ©clin du nationalisme de droite ; comme le signale l’historien Richard Walter, « avec PerĂłn au gouvernement, plusieurs publications nationalistes cessĂšrent de circuler, et beaucoup de groupes soit se rĂ©signĂšrent Ă  la dissolution, soit se bornaient Ă  ne plus tenir de rĂ©unions que sporadiquement »[26]. La derniĂšre publication nationaliste Ă  maintenir la ligne politique prĂ©valant avant l’arrivĂ©e de PerĂłn au pouvoir fut la revue BalcĂłn, qui commença Ă  paraĂźtre en et Ă  laquelle contribuaient Julio Meinvielle, Mario Amadeo, MatĂ­as SĂĄnchez Sorondo, Federico Ibarguren et MĂĄximo Etchecopar, tous s’identifiant clairement au nationalisme traditionaliste[27].

Cependant, 1949 sera l’annĂ©e la plus difficile pour l’Alliance, Ă  cause des tentatives insistantes entreprises par le gouvernement pour la pĂ©roniser, tentatives qui seront Ă  l’origine d’un grand nombre de scissions. Ainsi Carlos Burandarena et RaĂșl PuigbĂł dĂ©cidĂšrent-ils unilatĂ©ralement de crĂ©er le Mouvement syndical nationaliste, tandis que Hugo Marcone et d’autres militants fondaient le Mouvement nationaliste. La figure de QueraltĂł Ă©tait Ă  ce moment fortement contestĂ©e, Ă  telle enseigne que plusieurs filiales du mouvement dans la province de Buenos Aires avaient commencĂ© Ă  agir avec une totale autonomie vis-Ă -vis de la direction centrale[27].

En 1951, dans le sillage du coup d’État avortĂ© du gĂ©nĂ©ral BenjamĂ­n MenĂ©ndez, le gouvernement accentua la rĂ©pression, dĂ©clara l’« Ă©tat de guerre interne » et mit sous Ă©troite surveillance les organisations nationalistes, entre autres. Dans un tel contexte, la revue Alianza se gardait dĂ©sormais de formuler la moindre critique contre le gouvernement pĂ©roniste, tout en continuant ses invectives Ă  l’encontre de l’« oligarchie libĂ©rale, juive et communiste »[27]. En 1953, l’ALN fustigea le journal La Prensa pour avoir publiĂ© un trop grand nombre d’articles rĂ©digĂ©s par des Juifs[28].

À ce moment, l’Alianza avait atteint son plus bas niveau de militantisme et d’affiliation ; les permanences fermaient l’une aprĂšs l’autre et beaucoup de militants retournaient Ă  leurs foyers. Il advint mĂȘme que des affiliĂ©s coupables de s’ĂȘtre Ă©cartĂ©s de l’orientation justicialiste fussent expulsĂ©s. À l’inverse, en 1951, eut lieu le retour Ă  l’ALN de Guillermo Patricio Kelly, ancien militant exclu en 1946 en raison de son comportement dĂ©lictueux[27].

Putsch au sein du mouvement et prise de pouvoir par Kelly

Guillermo Patricio Kelly, prĂ©sident de l’ALN de 1953 Ă  1955.

Le , Ă  la suite de l’attentat meurtrier qui avait visĂ© la foule rĂ©unie sur la place de Mai Ă  Buenos Aires pour Ă©couter un discours de PerĂłn, des groupes pĂ©ronistes et alliancistes attaquĂšrent et incendiĂšrent le siĂšge du Parti socialiste, celui du Parti dĂ©mocrate national, la Casa Radical et le Jockey Club. Trois jours aprĂšs se produisit l’évincement de QueraltĂł de la direction de l’ALN, lorsque par un coup de commando, jusqu’ici mal Ă©lucidĂ©, et avec l’appui de la police, Guillermo Patricio Kelly rĂ©ussit Ă  pĂ©nĂ©trer dans le siĂšge de l’ALN, dĂ©sarmant la garde et s’emparant du bĂątiment[29] - [30] - [31]. AprĂšs ce coup de force, Kelly convoqua une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale au thĂ©Ăątre Augusteo, oĂč il changea le nom du mouvement en Alianza Popular Nacionalista et en proscrivit toute forme de discrimination raciale. QueraltĂł fut ensuite expĂ©diĂ© au Paraguay, oĂč il restera, sous la protection du prĂ©sident Stroessner, jusqu’à son retour en Argentine en 1973[29].

L’arrivĂ©e de Kelly Ă  la tĂȘte de l’Alliance fut suivie d’un changement radical d’orientation. En plus d’une soumission totale au gouvernement, l’on s’interdisait dorĂ©navant toute saillie antisĂ©mite, prĂ©fĂ©rant Ă  prĂ©sent prĂŽner la fraternitĂ© entre chrĂ©tiens et juifs, au moyen notamment d’un pĂ©riodique homonyme[29]. Kelly s’attacha Ă  purger le parti de son passĂ© antisĂ©mite et rencontra l’ambassadeur d’IsraĂ«l en Argentine, le Dr Arie Kubovy, assurant celui-ci que l’ALN avait abjurĂ© son antisĂ©mitisme d’antan[32]. Kelly fera mĂȘme le voyage d’IsraĂ«l et aura des entretiens avec des membres Ă©minents de la communautĂ© juive de Buenos Aires[29]. En 1954 enfin, l’antisĂ©mitisme fut abandonnĂ© par le parti[30].

L’influence du ministre des Affaires Ă©trangĂšres Ángel Gabriel Borlenghi, autrefois militant socialiste, et de son beau-frĂšre et sous-secrĂ©taire Abraham Krislavin, n’était sans doute pas Ă©trangĂšre Ă  la rĂ©volution de palais qui porta Kelly Ă  la direction de l’ALN ; ces deux personnages constituaient ensemble l’un des canaux de communication les plus importants entre la communautĂ© juive argentine et PerĂłn[29].

Coup d’État de septembre 1955 et RĂ©volution libĂ©ratrice

Siùge portùgne de l’ALN aprùs sa destruction en septembre 1955.

En , lors du coup d’État menĂ© contre PerĂłn par des militaires sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Lonardi, l’Alianza de Kelly sera la seule organisation Ă  dĂ©fendre jusqu’au bout le gouvernement pĂ©roniste. Sa loyautĂ© fut telle que le siĂšge central du mouvement, sis au no 392 de la rue San MartĂ­n, dut ĂȘtre dĂ©gagĂ© par les troupes putschistes Ă  coups de canon, opĂ©ration au cours de laquelle plusieurs alliancistes perdirent la vie[33]. À l’inverse, d’autres nationalistes, y compris d’anciens alliancistes, poussĂ©s par le conflit qui avait mis PerĂłn aux prises avec l’Église catholique dans la derniĂšre annĂ©e de son gouvernement, Ă©taient dĂ©jĂ  passĂ©s dans les rangs de l’opposition anti-pĂ©roniste et s’étaient impliquĂ©s dans le coup d’État. Selon le nationaliste Mario Amadeo, parmi les nationalistes qui prirent part au putsch de figuraient Juan Carlos Goyeneche, JosĂ© MarĂ­a Estrada et Bonifacio Lastra[34].

Kelly quant Ă  lui fut arrĂȘtĂ© pour dĂ©tention de faux passeport ; dĂ©tenu dans une prison Ă  RĂ­o Gallegos, en Patagonie, il rĂ©ussit Ă  s’évader et Ă  fuir le pays en 1957.

Concernant la pĂ©riode postĂ©rieure au coup d’État, avec Kelly dĂ©sormais en exil, les donnĂ©es sur les faits et gestes de l’Alianza sont parcimonieuses dans l’historiographie argentine, oĂč seules quelques rĂ©fĂ©rences Ă©parses permettent de discerner la prĂ©sence de l’ALN dans la dĂ©nommĂ©e RĂ©sistance pĂ©roniste. NĂ©anmoins, un examen de l’activisme pĂ©roniste durant la pĂ©riode d’aprĂšs-septembre 1955 laisse entrevoir qu’une grande partie des topos, images et archĂ©types prĂ©sents dans l’activisme de jeunesse au sein de cette RĂ©sistance pĂ©roniste provenaient du nationalisme de droite, ainsi que certains types d’action de rĂ©sistance, notamment les affrontements de rue[34].

De son exil, Kelly poursuivit dans les annĂ©es 1960 la publication de la revue Alianza sous le titre Alianza del peronismo rebelde (littĂ©r. Alliance du pĂ©ronisme rebelle). En 1967 cependant, il cessa de l’éditer, prĂ©fĂ©rant suivre sa propre voie et s’autorisant une certaine prise de distance vis-Ă -vis de PerĂłn, et mit sur pied le pĂ©riodique Marchar, auquel participeront Ă  peu prĂšs les mĂȘmes personnalitĂ©s que pour Alianza[35].

Fin du régime militaire et troisiÚme péronisme

Juan Queraltó en 1974, aprùs son retour d’exil.

La revue Alianza refit surface en 1972, avec le sous-titre de « periĂłdico nacionalista » et sous la direction de H. Castilla Araujo. Dans son numĂ©ro 8, de fĂ©vrier de la mĂȘme annĂ©e, la revue se dĂ©signait comme l’« organe officiel de l’Alliance libĂ©ratrice nationaliste », quatriĂšme Ă©poque, cette fois sous la direction d’Antonio FernĂĄndez, et le fruit apparemment de l’association de divers alliancistes. En , concomitamment avec le retour d’exil de PerĂłn et de QueraltĂł, parut dans les journaux une annonce de l’ALN, dans laquelle ses membres communiquaient leur intention de rentrer au pays afin de collaborer, aux cĂŽtĂ©s de Juan PerĂłn, au processus de libĂ©ration nationale. Dans le mĂȘme temps, ils furent Ă  l’origine de plusieurs des actions visant Ă  l’occupation de bĂątiments publics menĂ©es au cours de ces mois[34] - [36].

Cette rĂ©apparition de l’ALN, que QueraltĂł scella le en inaugurant le nouveau siĂšge de l’Alliance, fera ressurgir aussi plusieurs des traits que l’ALN avait prĂ©sentĂ© dans le passĂ©, en particulier son penchant pour l’action violente, l’antisĂ©mitisme et l’anticommunisme, ce dernier focalisĂ© dĂ©sormais sur la lutte contre la gauche pĂ©roniste. Le premier numĂ©ro du nouvel Alianza parut avec le gros titre « GUERRA », et avec la manchette « Le gĂ©nĂ©ral PerĂłn dĂ©finit le combat contre le marxisme » [34].

Dans le mĂȘme numĂ©ro, l’existence Ă©tait Ă©voquĂ©e d’un DĂ©partement des Affaires autochtones de l’Alliance (Departamento de Asuntos AborĂ­genes de la Alianza), qui aurait Ă©tĂ© confiĂ© Ă  Guillermo AgustĂ­n Fariña et aurait pour mission de renvoyer par-devant les autoritĂ©s gouvernementales les problĂšmes des communautĂ©s indigĂšnes et de mettre sur pied des coopĂ©ratives de production et de commercialisation de leurs produits Ă  un prix Ă©quitable. Il est Ă  souligner que ce souci pour la question autochtone s’est manifestĂ©e dĂšs les dĂ©buts du nationalisme argentin[35].

Cette quatriĂšme Ă©poque du journal Alianza remettra Ă  l’ordre du jour d’autres thĂšmes encore, chers dĂ©jĂ  Ă  l’ancienne ALN, tels que le rĂ©visionnisme historique, la dĂ©fense de la souverainetĂ© nationale, l’affirmation du nationalisme, et les attaques contre les Juifs et contre le communisme en gĂ©nĂ©ral. Le numĂ©ro 3, de , se fĂ©licita de l’abrogation de la vieille loi de 1857 condamnant Juan Manuel de Rosas comme Reo de la Patria (Malfaiteur de la patrie), pendant qu’était applaudi le projet de loi du dĂ©putĂ© Linares disposant le rapatriement des restes de Rosas. Le numĂ©ro suivant comportait un florilĂšge de discours de Primo de Rivera[37].

L’antique antisĂ©mitisme de l’Alliance renaĂźtra brutalement de ses cendres lors de la rĂ©union publique qu’elle organisa Ă  l’occasion de la promulgation de la loi de rapatriement de la dĂ©pouille de Rosas. L’assistance y fut ouvertement exhortĂ©e, entre chants et vivats en l’honneur de Rosas, Ă  s’attaquer aux Juifs, et l’on entendit profĂ©rer contre ceux-ci, Ă  vive voix, « Mazorca, Mazorca, judĂ­os a la horca!!! », soit : Mazorca, Mazorca, les juifs Ă  la potence !!! (la Mazorca Ă©tant la milice de choc du rĂ©gime rosiste)[38] - [39].

Durant ces annĂ©es, et jusqu’au coup d’État de 1976, l’ALN appartiendra Ă  ce conglomĂ©rat de groupements qui, constitutifs de la droite pĂ©roniste, se voueront Ă  combattre la gauche tant pĂ©roniste que non pĂ©roniste. Dans plusieurs tĂ©moignages, l’ALN est Ă©voquĂ©e comme responsable d’agressions contre des universitĂ©s et contre des locaux de partis politiques, et a Ă©tĂ© mis en relation avec l’appareil rĂ©pressif para-Ă©tatique[40].

Idéologie

Nous — et quelques autres groupes pareillement exaltĂ©s par les valeurs nationales — poursuivions quatre objectifs de base : le rĂ©visionnisme historique comme expression de la volontĂ© de rĂ©cupĂ©rer l’image authentique de la Patrie, face Ă  la distorsion dĂ©libĂ©rĂ©e induite par le libĂ©ralisme et le marxisme ; la glorification des piliers de notre tradition, exprimĂ©s par le mot d’ordre Dieu, Patrie et Foyer ; la dĂ©fense de la souverainetĂ©, face Ă  la claudication culturelle et matĂ©rielle du libĂ©ralisme ; et enfin, l’affirmation et la dĂ©fense du syndicalisme comme traduction concrĂšte du rejet de l’État libĂ©ral, avec la volontĂ© de parvenir Ă  ce que PerĂłn appela la CommunautĂ© organisĂ©e. Cette communautĂ© se structure sur la base des expressions naturelles de la sociĂ©tĂ© : la famille, la corporation de mĂ©tier (gremio), la commune. Il n’est point Ă©trange, dĂšs lors, que le nationalisme eĂ»t interprĂ©tĂ© PerĂłn [en ce sens] et que le 17 octobre 1945 celui-ci nous eĂ»t trouvĂ©s Ă  ses cĂŽtĂ©s luttant pour des idĂ©aux communs.

Juan QueraltĂł[41]

De toutes les organisations se rĂ©clamant du nationalisme argentin, l’Alianza Libertadora Nacionalista fut la premiĂšre Ă  prĂ©coniser rĂ©solument un rapprochement avec la classe ouvriĂšre et l’une des rares Ă  se prĂ©senter aux Ă©lections aprĂšs l’avĂšnement du pĂ©ronisme. Une partie de son discours politique, en particulier la dĂ©fense de la souverainetĂ© nationale, la justice sociale, l’anti-impĂ©rialisme et le rĂ©visionnisme historique, tĂ©moigne d’une affinitĂ© avec le nationalisme populiste. Sans surprise, nombre de ses revendications furent ultĂ©rieurement reprises par le pĂ©ronisme. Ce nonobstant, la relation avec le pĂ©ronisme fut loin d’ĂȘtre exempt de complications[42]. L’historien Richard Walter (2001) soutient que PerĂłn se servit des nationalistes et se prĂ©valut de leurs idĂ©es pour se hisser au pouvoir, mais que, une fois cet objectif atteint, il les dĂ©daigna et se hĂąta de se dĂ©barrasser d’eux. PerĂłn sut nourrir son programme politique autant du nationalisme de gauche, incarnĂ© par le mouvement FORJA, que de celui de droite, figurĂ© par l’ALN. Si la justice sociale et de l’anti-impĂ©rialisme sont des mots d’ordre que PerĂłn adopta volontiers, en revanche, l’antisĂ©mitisme et les thĂšses de la conspiration universelle, propres Ă  l’ALN, seront rejetĂ©s par lui[42].

Il semble que l’ALN n’ait jamais rĂ©ussi Ă  atteindre la masse critique capable de lui confĂ©rer un rĂŽle prĂ©dominant au sein du prolĂ©tariat argentin, ce que l’auteur Marcus Klein (2001) rĂ©sume par la formule que l’« Alianza fut un mouvement populiste mais non populaire », attendu qu’il Ă©choua Ă  attirer un nombre considĂ©rable de militants, Ă©chec attribuĂ© par cet auteur Ă  sa rhĂ©torique violente et Ă  son identification publique avec le fascisme. Pour la chercheuse Mariela Rubinzal (2012), l’Alliance fut incapable de disputer Ă  la gauche sa place dans le mouvement ouvrier argentin, parce que le modĂšle de nation que les alliancistes proposaient apparut trop restrictif pour la majoritĂ© des travailleurs non syndiquĂ©s. Avec l’arrivĂ©e du pĂ©ronisme, la classe ouvriĂšre entra au contraire de plain pied dans ce nouveau mouvement qu’elle avait du reste concouru Ă  crĂ©er, lĂ  oĂč l’ALN n’aura Ă  jouer qu’un rĂŽle bien marginal[42].

Fascisme

Lors de leurs actions politiques, les membres de l’AJN, ancĂȘtre de l’ALN, faisaient le salut fasciste, marchaient en formation militaire affublĂ©s d’uniformes de style fasciste (chemise grise avec ceinturon de cuir), et avaient pour symbole un condor noir sur ciel bleu et fond rouge tenant dans ses griffes un marteau et une plume, ce qui Ă©tait censĂ© symboliser la conjonction des intellectuels et des travailleurs. L’AJN devint l’organisation d’extrĂȘme droite la plus importante de la dĂ©cennie 1930. Quant Ă  sa composition sociale, le mouvement mĂȘlait des personnes issues des classes moyennes et supĂ©rieures, auxquelles s’étaient Ă©galement joints quelques travailleurs. L’idĂ©e Ă©tait d’investir la rue et d’affronter l’ennemi lĂ  oĂč il se trouvait.

Sur le plan idĂ©ologique, les alliancistes critiquaient le libĂ©ralisme, flĂ©trissaient le systĂšme politique corrompu de la dĂ©mocratie, et fustigeaient l’oligarchie conservatrice qui avait gouvernĂ© le pays dans les annĂ©es 1930 en Argentine. Ils Ă©taient notoirement antisĂ©mites et rejetaient d’égale façon le communisme et le capitalisme, en prĂ©conisant l’instauration d’un État corporatiste autoritaire[43]. En effet, la dĂ©claration de principe du mouvement, rĂ©digĂ©e en 1931, prĂŽnait, aprĂšs avoir attaquĂ© le marxisme et la dĂ©mocratie, la crĂ©ation d’un rĂ©gime corporatiste sur le modĂšle de l’Italie fasciste[44]. L’Alianza collaborait avec le Parti fasciste argentin, en particulier dans la province de CĂłrdoba[45], oĂč en 1935 la milice ALN locale s’associa avec le Parti fasciste argentin et avec l’Action nationaliste argentine, pour former le Frente de Fuerzas Fascistas de CĂłrdoba, lequel sera remplacĂ© par l’Union nationale fasciste en 1936. Cette mĂȘme annĂ©e 1936, leur dirigeant, le gĂ©nĂ©ral Juan Bautista Molina, rĂ©organisa la milice pour l’aligner sur le modĂšle du Parti nazi[46]. Molina, qui voulait instaurer en Argentine une organisation politique inspirĂ©e du rĂ©gime nazi, aimait Ă  se prĂ©senter comme l’Adolf Hitler argentin et entretenait d’étroites relations avec l’Allemagne nazie[46]. L’ALN dĂ©sirait renforcer « la hiĂ©rarchie et l’ordre » dans la sociĂ©tĂ©, exploitait divers thĂšmes xĂ©nophobes et antisĂ©mites, et rĂ©clamait davantage de justice sociale et une rĂ©forme agraire « rĂ©volutionnaire », en vue de dĂ©truire l’« oligarchie » en Argentine[47].

Antisémitisme

L’Alliance libĂ©ratrice nationaliste Ă©tait d’un antisĂ©mitisme virulent, son journal Combate allant jusqu’à adresser ce « commandement » Ă  ses membres : « Guerre au Juif. Haine au Juif. Mort au Juif »[48]. Le programme de l’Alianza dĂ©signait spĂ©cifiquement le « problĂšme juif » comme l’un des plus graves auxquels la nation argentine Ă©tait confrontĂ©e. Les alliancistes proposaient de faire stopper totalement l’arrivĂ©e de rĂ©fugiĂ©s juifs et de combattre la « pernicieuse influence » de la communautĂ© juive dans le gouvernement, l’économie et la culture du pays[43] - [49].

Dans la dĂ©cennie 1930 plus particuliĂšrement, pendant la DĂ©cennie infĂąme, les alliancistes attaquaient ouvertement les juifs et les institutions juives Ă  Buenos Aires et dans diffĂ©rentes villes de l’intĂ©rieur, sans que les autoritĂ©s tentassent d’empĂȘcher, ou Ă  tout le moins de rĂ©frĂ©ner, ces exactions[50].

Populisme et ouvriérisme

L’AJN avait su acquĂ©rir une forte prĂ©sence chez les travailleurs. En 1939 fut constituĂ©e la branche ouvriĂšre de l’Alianza sous la dĂ©nomination d’Avant-garde ouvriĂšre nationaliste (Vanguardia Obrera Nacionalista), ultĂ©rieurement rebaptisĂ©e Vanguardia Obrera Argentina (VOA), dont l’objectif Ă©tait de « disputer au marxisme sa prĂ©pondĂ©rance » dans le monde ouvrier et assurer la « justice sociale dans le cadre de la nationalitĂ© ». La VOA mit Ă  profit le rĂ©seau national de l’AJN pour organiser des structures ouvriĂšres dans les diffĂ©rentes rĂ©gions du pays, consolidant sa prĂ©sence notamment dans le Syndicat ouvrier de la construction (Sindicato Obrero de la Construction) et dans le Syndicat des conducteurs d’omnibus (Sindicato de Conductores de Ómnibus)[51].

L’Alianza rĂ©ussit Ă  rassembler sous son Ă©tiquette des militants issus de diffĂ©rents secteurs de la sociĂ©tĂ© argentine, mais avec un discours Ă©minemment pro-ouvrier. Les alliancistes jugeaient que si les ouvriers se tournaient vers le communisme, c’était en raison de la situation sociale qui Ă©tait la leur, et qu’il Ă©tait donc impĂ©ratif, si l’on voulait attirer les travailleurs dans les rangs nationalistes, de leur prĂ©senter la perspective de rĂ©formes sociales — d’oĂč la nĂ©cessitĂ© pour eux de faire du thĂšme de la justice sociale leur cheval de bataille. Le , les nationalistes, avec l’AJN en tĂȘte de cortĂšge, cĂ©lĂ©brĂšrent publiquement la fĂȘte du Travail ; ces cĂ©lĂ©brations se succĂ©deront ensuite tous les ans, pour culminer le , lorsque plusieurs milliers de nationalistes dĂ©filĂšrent sous la banniĂšre rouge au losange bleu ciel et au condor noir de l’Alianza, et ce aux cris de « l’Argentine est souveraine », « Patrie oui, colonie non » [51].

Cette insistance Ă  s’approcher des classes laborieuses transparaissait aussi dans les affiches apposĂ©es par le mouvement Ă  l’attention des travailleurs, et dont une reproduction figurait Ă  chaque fois dans le journal de l’Alliance. En atteste aussi p. ex. le passage suivant dans le numĂ©ro de de la revue Alianza :

« Nous voulons une dĂ©mocratie organique, avec des corps lĂ©gislatifs syndicaux composĂ©s d’authentiques reprĂ©sentants du travail national. Tous les travailleurs du pays ont droit Ă  un emploi honorable, Ă  leur propre logement, Ă  la rĂ©tribution Ă©quilibrĂ©e, Ă  l’alimentation saine et bon marchĂ©, aux congĂ©s payĂ©s, au salaire familial, Ă  l’assurance maladie et vieillesse ; en rĂ©sumĂ©, Ă  la vie digne qui leur revient en tant qu’ĂȘtres humains[52]. »

Ce nationalisme de droite rĂ©pondait donc Ă  une double sensibilitĂ© : d’une part, un cĂŽtĂ© aristocratique et traditionaliste, et d’autre part, une inflexion populiste ; ce nationalisme aspirait Ă  instaurer un rĂ©gime anticommuniste et rĂ©volutionnaire, en mĂȘme temps qu’autoritaire et socialement juste. Le courant nationaliste populiste du mouvement, celui qui avait le plus grand Ă©cho dans la classe ouvriĂšre, celui aussi qui Ă©tait le plus disposĂ© Ă  s’investir dans une politique de masses, finira par s’allier au pĂ©ronisme. Sans doute y eut-il, au sein du nationalisme populiste, un versant plus Ă  droite (l’ALN) et un autre plus Ă  gauche (FORJA), mais tous deux allaient pareillement finir par se fondre dans le pĂ©ronisme[53].

Nationalisme et souverainisme

L’ALN mena une campagne permanente en faveur de la souverainetĂ© de l’Argentine sur les Ăźles Malouines, passĂ©es aux mains de la Grande-Bretagne, et contre l’« impĂ©rialisme anglo-saxon ». DĂšs le dĂ©but de la DeuxiĂšme Guerre mondiale, l’ALN figura comme l’un des principaux avocats de la neutralitĂ© de l’Argentine vis-Ă -vis de ce conflit[14].

Participation féminine

À la diffĂ©rence d’autres organisations nationalistes de l’époque, qui excluaient les femmes de leurs rangs, la LĂ©gion civique argentine (LCA) comprenait une section fĂ©minine[54]. Cette section, dĂ©nommĂ©e AgrupaciĂłn Femenina de la LCA, exhortait les femmes argentines Ă  aimer les forces armĂ©es et Ă  avoir du respect pour l’ordre, l’autoritĂ© et la hiĂ©rarchie au foyer et Ă  l’école[54]. Les femmes Ă©taient tenues aussi d’apporter de l’aide aux pauvres et de concourir ainsi Ă  Ă©tablir la paix sociale[54]. La LCA affirmait compter 3 000 femmes environ parmi ses quelque 11 000 membres[12].

Symbolique

L’Alliance libĂ©ratrice nationaliste utilisait le condor des Andes comme symbole du mouvement[55]. Le condor est, pour rappel, le symbole national de l’Argentine[56].

Bibliographie

  • (es) RubĂ©n Furman, Puños y pistolas : La extraña historia de la Alianza Libertadora Nacionalista, Buenos Aires, Penguin Random House Grupo Editorial Argentina / Sudamericana, , 346 p. (ASIN B00L2LCUA4, lire en ligne)

Liens externes

  • (es) Juan Luis Besoky, « El nacionalismo populista de derecha en Argentina: la Alianza Libertadora Nacionalista, 1937-1975 », MediaçÔes, Londrina, no 1 (vol. 19),‎ , p. 61-83 (lire en ligne, consultĂ© en )

Notes et références

  1. (es) Rogelio Alaniz, « La Alianza Libertadora Nacionalista », El Litoral, Santa Fe,‎ (lire en ligne)
  2. Robert Potash, The Army & Politics in Argentina: 1928-1945; Yrigoyen to PerĂłn, p. 67.
  3. Alberto Ciria, Partidos y poder en la Argentina moderna (1930-1946), trad. angl. chez State University of New York, Albany, 1974, p. 130 de la trad. angl.
  4. Sandra McGee Deutsch, Las Derechas
, p. 201
  5. Alberto Ciria, Partidos y poder en la Argentina moderna (1930-1946), p. 154 de la trad. angl.
  6. Daniel Gutman, Tacuara, Buenos Aires, Sudamericana, , 2e Ă©d. (ISBN 978-950-07-4037-1), p. 17
  7. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 63.
  8. (es) Joaquín Fernåndez, Rodolfo Walsh : entre el combate y el verbo, Ediciones Lea, coll. « Guías båsicas de lecturas », , 95 p. (ISBN 978-987-22079-4-6, lire en ligne)
  9. (es) Pablo José Hernåndez, Compañeros : perfiles de la militancia peronista, Buenos Aires, Editorial Biblos, coll. « Latitud Sur », , 208 p. (ISBN 950-786-229-3, lire en ligne)
  10. (es) « FalleciĂł el Ing. Carlos Burundarena », La NaciĂłn, Buenos Aires,‎ (lire en ligne)
  11. (es) MarĂ­a Estela Spinelli, Los vencedores vencidos : el antiperonismo y la "revoluciĂłn libertadora", Buenos Aires, Biblos, , 345 p. (ISBN 950-786-494-6, lire en ligne), p. 228
  12. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 66-67.
  13. (es) Martha AmuchĂĄstegui, Dictaduras y utopĂ­as en la historia reciente de la educaciĂłn argentina (1955-1983), Buenos Aires, Galerna, , 401 p. (ISBN 950-556-365-5, lire en ligne), p. 400
  14. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 67.
  15. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 68.
  16. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 69.
  17. (es) Horacio De Dios, Kelly cuenta todo, Buenos Aires, Editorial Atlåntida, coll. « Gente », , 170 p. (ISBN 950-08-0370-4), p. 17, cité par J. L. Besoky, p. 70-71.
  18. (es) Rodolfo Walsh, Ese hombre y otros papeles personales, Buenos Aires, Ed.de La Flor, , p. 23. « Les Irazusta Â» sont les frĂšres Julio et Rodolfo Irazusta.
  19. David Rock, Authoritarian Argentina
, p. 164.
  20. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 71.
  21. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 72.
  22. Ce qui fera dire Ă  un Kelly dĂ©sabusĂ©, dans les annĂ©es 1980, que « nous nous croyions l’avant-garde d’un mouvement de masse rĂ©volutionnaire, et nous n’étions qu’une troupe de choc » (Nos creĂ­amos la vanguardia de un movimiento de masas revolucionario y sĂłlo Ă©ramos fuerzas de choque), dans : Horacio De Dios, Kelly cuenta todo, p. 17.
  23. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 73.
  24. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 74.
  25. (es) Mariela Rubinzal, El nacionalismo frente a la cuestión social en Argentina(1930-1943). Discursos, representaciones y pråcticas de las derechas sobre el mundo del trabajo (thÚse de doctorat), La Plata, Université nationale de La Plata, faculté des sciences humaines et pédagogiques, (lire en ligne) ; cité par J. L. Besoky, p. 74.
  26. (es) Richard Walter, La derecha Argentina : nacionalistas, neoliberales, militares y clericales (collectif), Buenos Aires, Ed. BPR, , « La derecha y los peronistas 1943-1955 », p. 264
  27. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 75.
  28. Institute of Jewish Affairs, Patterns of prejudice, Volumes 6-8, Volume 6, Ă©d. Institute of Jewish Affairs, 1972, p. 95.
  29. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 76.
  30. (en) Raanan Rein, Argentina, Israel, and the Jews : PerĂłn, the Eichmann capture and after, University Press of Maryland, , p. 68
  31. Alberto Ciria, Partidos y poder en la Argentina moderna (1930-1946), p. 68 de la trad. angl.
  32. (en) Benno Varon, Professions of a lucky Jew, Cranbury (New Jersey) ; Londres (Royaume-Uni) ; Mississauga (Ontario), Cornwall Books, , p. 206
  33. (es) Marcelo Larraquy, Marcados a Fuego. De PerĂłn a Montoneros 1945-1973, Buenos Aires, Aguilar, , 308 p. (ISBN 978-987-04-1489-6), p. 56-57
  34. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 77.
  35. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 77-78.
  36. Cf. fac-simile du n°8 de la revue sur le site Ruinas digitales. D'autres numĂ©ros de la revue sont accessibles sur le mĂȘme site au dĂ©part de cette page.
  37. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 78.
  38. (es) Leonardo Senkman, El antisemitismo en Argentina, Buenos Aires, Centro Editor de América Latina, , p. 143, cité par J. L. Besoky, p. 79.
  39. Le mot mazorca signifie littĂ©ralement Ă©pi de maĂŻs, les membres de cette milice se considĂ©rant en effet unis comme les grains d’un Ă©pi de maĂŻs.
  40. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 79.
  41. (es) Jorge Lozano (entretien), « Juan QueraltĂł : ÂżLa opciĂłn es nacionalismo o marxismo? », Siete DĂ­as Ilustrados, Buenos Aires,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ) (reproduit sur le site MĂĄgicas Ruinas)
  42. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 80.
  43. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 63-64.
  44. (en) Paul H. Lewis, The Crisis of Argentine Capitalism, Chapel Hill, University of North Carolina Press, , p. 119
  45. (en) Sandra McGee Deutsch, Las Derechas : The Extreme Right in Argentina, Brazil, and Chile, 1890-1939, Stanford University Press, , p. 210
  46. (en) Robert Potash, The Army & Politics in Argentina : 1928-1945; Yrigoyen to Perón, Stanford (Californie, États-Unis), Stanford University Press, , p. 119
  47. (en) David Rock, Authoritarian Argentina : The Nationalist Movement, Its History and Its Impact, Berkeley et Los Angeles, University of California Press, , p. 115
  48. Sandra McGee Deutsch, Las Derechas: The Extreme Right in Argentina, Brazil, and Chile, 1890-1939, p. 229.
  49. (en) Paul H. Lewis, Guerrillas and generals : the "Dirty War" in Argentina, Westport (Connecticut, États-Unis), Praeger Publishers, , p. 2
  50. (es) Raanan Rein, Los muchachos peronistas judĂ­os : Los argentinos judĂ­os y el apoyo al Justicialismo, Buenos Aires, Penguin Random House Grupo Editorial Argentina/Sudamericana, , 406 p. (ISBN 978-950-07-5398-2, lire en ligne)
  51. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 64.
  52. « TU obrero... » (TOI ouvrier
), revue Alianza, novembre 1943 (deuxiĂšme quinzaine, n°1, p. 8 ; citĂ© par J. L. Besoky, p. 65.
  53. J. L. Besoky, El nacionalismo populista de derecha en Argentina, p. 66.
  54. Sandra McGee Deutsch, Las Derechas
, p. 236.
  55. (en) Jon Lee Anderson, Che Guevara : A Revolutionary Life, New York, Publishers Group West, , p. 34
  56. (en) Sujatha Menon, Mountain Creatures, New York, Rosen Publishing Group, Inc, , p. 37
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