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Attentat terroriste du 15 avril 1953 sur la place de Mai

L’attentat terroriste du 15 avril 1953 sur la place de Mai de Buenos Aires est un attentat Ă  la bombe visant un rassemblement de travailleurs rĂ©unis devant la Casa Rosada et venus Ă©couter, Ă  l’invitation de la CGT, un discours de Juan PerĂłn. Cette action terroriste, non revendiquĂ©e, qui consista en l’explosion de deux bombes, se solda par la mort de six personnes, en plus de 90 blessĂ©s, dont 19 griĂšvement.

Attentat terroriste de 1953
sur la place de Mai
Image illustrative de l’article Attentat terroriste du 15 avril 1953 sur la place de Mai
Rame de métro endommagée
par suite de l’attentat

Localisation Place de Mai, Buenos Aires (Drapeau de l'Argentine Argentine)
Cible Foule rassemblée sur la place de Mai pour entendre un discours de Juan Perón
Date
dans la soirée
Type Attentat Ă  la bombe
Morts Six
Blessés Plus de 90, dont 19 graves
Organisations Commandos révolutionnaires civils
Mouvance Antipéroniste

L’évĂ©nement se produisit Ă  un moment de forte polarisation politique (entre pĂ©ronistes et anti-pĂ©ronistes) en Argentine, oĂč le pouvoir de PerĂłn, confrontĂ© Ă  une profonde crise Ă©conomique depuis 1949, s’était dit prĂȘt Ă  mettre un terme Ă  sa dĂ©rive autoritaire et avait lancĂ© Ă  l’opposition un appel Ă  collaboration pour rĂ©soudre les problĂšmes de l’heure ; l’attentat pourrait donc ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme la rĂ©ponse des fractions antipĂ©ronistes les plus radicales Ă  cette offre de conciliation. Les auteurs prĂ©sumĂ©s, jeunes gens de bonne famille, universitaires et cadres professionnels, seront arrĂȘtĂ©s peu de jours plus tard, mais soit nieront toute implication, soit clameront que des aveux leur avaient Ă©tĂ© extorquĂ©s sous la torture, soit encore affirmeront que les bombes n’étaient que des pĂ©tards fumigĂšnes et que le lourd bilan Ă©tait dĂ» uniquement Ă  la subsĂ©quente bousculade ; nĂ©anmoins condamnĂ©s, ils seront cependant bientĂŽt amnistĂ©s. Dans la foulĂ©e de l’attentat, des militants, sans doute de la droite nationaliste pro-PerĂłn, incendia, en guise de reprĂ©sailles, plusieurs lieux symboliques de l’opposition antipĂ©roniste Ă  Buenos Aires.

Contexte

À l’époque des faits, la principale prĂ©occupation du gouvernement de Juan PerĂłn Ă©tait de surmonter les difficultĂ©s Ă©conomiques qui Ă©taient apparues Ă  partir de 1949. Ces difficultĂ©s avaient rendu nĂ©cessaires l’élaboration et la mise en Ɠuvre d’un nouveau plan Ă©conomique, que PerĂłn annonça en fĂ©vrier 1952 et dont il confia l’exĂ©cution au docteur Alfredo GĂłmez Morales, placĂ© Ă  la tĂȘte du ministĂšre nouvellement crĂ©Ă© des Affaires Ă©conomiques[1].

Ledit plan, qui visait en particulier Ă  combattre l’inflation, s’appuyait sur un pacte social entre travailleurs et patronat, et prĂ©voyait notamment un gel des prix et des salaires. De cette maniĂšre, l’on parvint effectivement Ă  juguler assez rapidement le taux d’inflation. Cependant, des pĂ©nuries (en particulier de viande, principale denrĂ©e populaire) commencĂšrent Ă  se faire jour, et l’on observa plusieurs violations de l’accord sur les niveaux de prix convenus avec le patronat, de mĂȘme que l’un ou l’autre dĂ©rapage salarial, imputable Ă  la pression des syndicats. À quoi s’ajoutĂšrent, dĂ©but 1953, des accusations de corruption, qui introduisirent un facteur de confusion dans le milieu politique et provoqueront une sĂ©rie de conflits et de mises en cause mutuelles, y compris dans les sphĂšres du pouvoir elles-mĂȘmes[1].

Pour mieux assurer la rĂ©ussite du nouveau plan, le gouvernement s’avisa qu’il devait impĂ©rativement d’abord s’efforcer de pacifier politiquement le pays, dessein qui avait rencontrĂ© un certain Ă©cho chez les plus hauts dirigeants de l’opposition. Cependant, selon ce qu’affirma Antonio Cafiero un demi-siĂšcle plus tard dans un article de presse, « ces propositions furent malheureusement interprĂ©tĂ©es comme des signes de faiblesse, et, paradoxalement, encouragĂšrent les autres fractions Ă  durcir leurs positions et, pour les groupes les plus durs, Ă  user de violence. VoilĂ  quelle Ă©tait l’origine des attentats terroristes »[1].

Attentat

Les explosions, qui eurent lieu d’une part sur la place de Mai, place centrale de Buenos Aires, et d’autre part sur la ligne A du mĂ©tro portĂšgne, qui passe sous cette place, survinrent au moment oĂč le prĂ©sident Juan PerĂłn s’adressait Ă  la foule prĂ©sente sur la place Ă  partir du balcon de la Casa Rosada, le palais gouvernemental qui borde la place Ă  l’est.

Les terroristes avaient Ă©galement dĂ©posĂ© des bombes sur la plateforme de l’édifice de la banque centrale argentine, sis Ă  l’angle nord-est de ladite place, dans le but d’en faire se dĂ©tacher des moellons qui devaient aller s’écraser sur la multitude serrĂ©e au pied de l’immeuble. Heureusement, ces derniĂšres bombes — qui eussent provoquĂ© un nombre beaucoup plus Ă©levĂ© de victimes — n’éclateront pas[1].

RĂ©action de PerĂłn

AussitĂŽt aprĂšs l’explosion des bombes, Juan PerĂłn, en rĂ©ponse aux cris de la foule rĂ©clamant « du bois ! du bois ! » (ÂĄLeña! ÂĄLeña!, du bois de chauffe !), se laissa entraĂźner Ă  dire : « À propos de ce bois que vous me conseillez, pourquoi ne commencez-vous pas vous-mĂȘmes Ă  en apporter ? » (Âżpor quĂ© no empiezan ustedes a darla?). Cette rĂ©action doit, selon le mĂȘme Antonio Cafiero, ĂȘtre correctement replacĂ©e dans son contexte : « Il est psychologiquement comprĂ©hensible, quoique politiquement injustifiable, que [cet Ă©vĂ©nement] ait produit des expressions indignĂ©es et instinctives »[1]. Cependant, PerĂłn tempĂ©ra immĂ©diatement son discours, ajoutant en effet : « Lors mĂȘme que cela paraisse ingĂ©nu que je lance ce dernier appel aux opposants pour qu’ils se mettent Ă  travailler en faveur de la RĂ©publique : en dĂ©pit des bombes, en dĂ©pit des rumeurs, nous allons les leur pardonner toutes » ; puis : « nous allons vaincre ces bandits en produisant. Ce pourquoi aujourd’hui, comme Ă  chaque fois, la consigne des travailleurs devra ĂȘtre ‘produire, produire, produire’. [...] Je vous remercie de ce merveilleux rassemblement et vous demande de vous retirer dans le calme »[1].

Antonio Cafiero, qui fut un témoin direct des événements, relate :

« Je retrouve dans ma mĂ©moire quelques bribes encore de cette journĂ©e qui en Ă©tait une de fĂȘte et qui se termina en drame. Il y a des images que je conserve encore intactes. C’était une soirĂ©e chaude. La multitude se comportait de façon pacifique, avec ses chants comme toutes les autres fois. PerĂłn s’apprĂȘtait Ă  expliquer pourquoi il n’était pas possible de dĂ©crĂ©ter la libertĂ© des prix, lorsqu’il se vit interrompu par deux explosions effroyables et l’envolĂ©e dĂ©sordonnĂ©e des pigeons s’échappant de l’horreur. Les gens cependant ne bougeaient pas d’oĂč ils Ă©taient. Des cris assourdissants inondĂšrent la place : « La vie pour PerĂłn, la vie pour PerĂłn ! » (ÂĄLa vida por PerĂłn, la vida por PerĂłn!). ImprĂ©cations et cris se succĂ©daient, l’air se chargea de la densitĂ© de la tragĂ©die. Enfin, la multitude, remise de sa surprise, commença Ă  se disperser pacifiquement, rĂ©pondant aux exhortations tranquillisantes du prĂ©sident[1]. »

Représailles

Façade de la Maison du Peuple, siĂšge du Parti socialiste, incendiĂ©e en guise de reprĂ©sailles aprĂšs l’attentat sur la place de mai.

L’attentat terroriste dĂ©clencha des rĂ©actions violentes et un dĂ©sir de reprĂ©sailles chez un certain nombre de manifestants, dont des membres de l’Alliance libĂ©ratrice nationaliste, qui s’en allĂšrent le soir mĂȘme mettre le feu dans les locaux qu’ils associaient avec les terroristes, c’est-Ă -dire, tour Ă  tour, la Maison du peuple du Parti socialiste, la Casa Radical de l’UCR, la bibliothĂšque du journal socialiste La Vanguardia, et le Jockey Club de Buenos Aires[2]. D’aprĂšs la version des autoritĂ©s policiĂšres, il s’agissait de groupes extrĂ©mistes qui avaient agi spontanĂ©ment, et desquels plusieurs n’avaient mĂȘme pas assistĂ© au rassemblement populaire sur la place de Mai[1].

Auteurs

Quelques jours plus tard, les auteurs prĂ©sumĂ©s de ces attentats, de jeunes cadres ou universitaires issus de familles appartenant aux classes moyennes et supĂ©rieures, furent arrĂȘtĂ©s et passĂšrent en jugement devant les juges compĂ©tents, avec, Ă  en croire les porte-parole du pouvoir en place, toutes les garanties de la constitution et de la loi[3] - [1]. Le groupe terroriste se serait composĂ© de Roque Carranza, Carlos Alberto GonzĂĄlez Dogliotti, et des frĂšres Alberto et Ernesto Lanusse (frĂšres du futur prĂ©sident Alejandro AgustĂ­n Lanusse), appuyĂ©s par le capitaine Eduardo Thölke, qui leur fournit les explosifs. Le chef prĂ©sumĂ© de l’opĂ©ration terroriste, Arturo Mathov, avait dĂ©jĂ  acquis une certaine notoriĂ©tĂ© en s’étant fait Ă©lire dĂ©putĂ© sous l’étiquette radicale. Selon l’historien FĂ©lix Luna, il s’agissait d’un groupe de jeunes gens, activistes habituels de la FĂ©dĂ©ration universitaire de Buenos Aires (FUBA), qui s’étaient initiĂ©s au maniement des armes et des explosifs, et qui avaient dĂ©jĂ  auparavant tentĂ© d’assassiner PerĂłn lors d’un de ses voyages ; tous ou presque Ă©taient issus de familles traditionnelles et aisĂ©es[4].

Roque Carranza (1919-1986), qui plus tard officiera comme ministre (des Travaux publics, puis de la DĂ©fense) sous la prĂ©sidence de RaĂșl AlfonsĂ­n, et Carlos Alberto GonzĂĄlez Dogliotti furent incarcĂ©rĂ©s comme les auteurs matĂ©riels de l’attentat. FĂ©lix Luna soutient que, si tous deux ensuite avoueront ĂȘtre les auteurs de l’attentat Ă  la bombe, ce fut en rĂ©alitĂ© sous la torture[5]. UltĂ©rieurement, GonzĂĄlez Dogliotti reconnut certes avoir posĂ© les bombes, mais, comme Carranza, affirma que celles-ci n’étaient que de gros pĂ©tards et des bombes fumigĂšnes, et que les morts et les mutilations s’expliquent par la panique que l’explosion avait provoquĂ©e dans la foule et par la bousculade qui s’ensuivit. Carranza de son cĂŽtĂ©, qui Ă©tait ingĂ©nieur, nia avoir posĂ© les bombes, quoiqu’il reconnĂ»t avoir eu connaissance du lieu oĂč ces bombes Ă©taient produites, ceci du reste en accord avec tous les tĂ©moignages de ses compagnons, unanimes Ă  indiquer que « l’activitĂ© de Carranza durant les neuf annĂ©es de gouvernement pĂ©roniste fut un incessant va-et-vient dans les laboratoires domestiques oĂč se fabriquaient des explosifs »[6] - [2]. Enfin, d’aprĂšs le tĂ©moignage de Mathov, « tout participait d’un plan de l’opposition, pour qui il fallait Ă©branler l’opinion publique pour ensuite mobiliser les troupes hostiles Ă  PerĂłn ». Mathov, dĂ©jĂ  connu des services de police pour avoir volĂ© en 1943 un avion privĂ© aprĂšs qu’il eut trempĂ© dans une conspiration contre le nouveau rĂ©gime militaire issu du coup d’État de juin de cette annĂ©e, effectuait sous le pĂ©ronisme, au titre d’agent de liaison avec les opposants en exil, de frĂ©quents allers-retours entre l’Argentine et l’Uruguay, jusqu’au moment oĂč, Ă  la suite d’un accident, « nous fĂ»mes dĂ©couverts et dĂ»mes nous cacher. Peu aprĂšs, les bombes Ă©clatĂšrent, et je compris qu’on m’en ferait porter le chapeau. On m’accusa injustement, seulement parce qu’on avait besoin d’une tĂȘte de Turc. On choisit la mienne, car j’étais dĂ©jĂ  dans le collimateur »[2].

Victimes

Cet attentat coĂ»ta la vie Ă  six personnes (Santa Festigiata D’Amico, Mario PĂ©rez, LeĂłn David Roumeaux, Osvaldo MouchĂ©, Salvador Manes et JosĂ© Ignacio Couta) et fit plus de 90 blessĂ©s, dont 19 resteront mutilĂ©s Ă  vie[7].

Suites tardives

AprĂšs le coup d’État de septembre 1955 qui renversa PerĂłn, les inculpĂ©s de l’attentat furent amnistiĂ©s par la dictature civico-militaire arrivĂ©e au pouvoir et autodĂ©nommĂ©e RĂ©volution libĂ©ratrice[8].

En 1987, un an aprÚs la mort de Carranza, une station du métro de Buenos Aires fut baptisée à son nom.

En 2008, le dĂ©putĂ© pĂ©roniste Carlos Kunkel dĂ©signa en outre, comme auteur impliquĂ© dans l’attentat, l’avocat et journaliste Mariano Grondona, qui avait reconnu publiquement, dans son Ă©mission de tĂ©lĂ©vision Hora Clave, sa participation directe[9] - [10]. Grondona, qui dans sa jeunesse avait Ă©tĂ© un membre actif des groupes universitaires antipĂ©ronistes, fit Ă©galement partie, comme il l’avoua lui-mĂȘme, des Commandos rĂ©volutionnaires civils lors du coup d’État de septembre 1955, et eut fin mars 1962, en tant que journaliste et chroniqueur du quotidien La NaciĂłn, une part active au putsch militaire qui renversa Arturo Frondizi. Enseignant Ă  l’École supĂ©rieure de guerre, il entretenait des liens avec la droite catholique et avec les forces armĂ©es[11].

Bibliographie

  • Elsa Portugheis, Bombardeo del 16 de junio de 1955, Buenos Aires, SecretarĂ­a de Derechos Humanos de la NaciĂłn Argentina, (lire en ligne [archive du ]), « Atentado del 15 de abril de 1953 »

Notes et références

  1. (es) Antonio Cafiero, « La tarde del 15 de abril de 1953 », La NaciĂłn, Buenos Aires,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  2. (es) Norberto Galasso, Historia del Peronismo, Volume 1 (lire en ligne).
  3. Antonio Cafiero, « La tarde del 15 de abril de 1953 », La NaciĂłn, (consultĂ© le ) : « Au fil du temps, tous les terroristes responsables des attentats de la place de Mai, jeunes professionnels et universitaires issus de familles de la classe moyenne supĂ©rieure, furent dĂ©tenus et jugĂ©s par la justice devant les juges compĂ©tents, avec toutes les garanties de la Constitution et de la loi. Nul n’eut Ă  souffrir de brimades ou de condamnation autre que celle disposĂ©e par la justice [...]. Les attentats terroristes de ce funeste soir marquĂšrent le dĂ©but d’une Ă©tape de violence, de douleur et de mort, qui allait se prolonger sur trente annĂ©es de l’histoire argentine [...]. Ces vents semĂ©s dans la soirĂ©e du 15 avril apportĂšrent ces tempĂȘtes postĂ©rieures. Il me faut le dire : ce furent les pĂ©ronistes qui payĂšrent le tribut le plus Ă©levĂ© Ă  cette ordalie. Car la violence eut deux visages. Celui du pĂ©ronisme, Ă  l’époque de la proscription et de l’exil (1955-1973), se caractĂ©risa par une sorte de rodomontades verbales et par l’attaque de biens physiques symboliques, assurĂ©ment trĂšs valables et respectables. En revanche, celui de l’anti-pĂ©ronisme se signala par le terrorisme brutal et par le mĂ©pris de la vie humaine. Les pĂ©ronistes furent insolents. Mais l’anti-pĂ©ronisme suintait la haine. Les pĂ©ronistes fanfaronnaient ; les anti-pĂ©ronistes fusillaient. Il fallut attendre vingt ans pour voir s’accomplir la rĂ©conciliation entre pĂ©ronistes et anti-pĂ©ronistes telle que nous la lĂ©guĂšrent PerĂłn et BalbĂ­n. ».
  4. (es) Norberto Galasso, Perón : Formación, ascenso y caída, 1893-1955, Buenos Aires, Colihue, , 340 p. (ISBN 978-950-58-1399-5, BNF 41071333, présentation en ligne), p. 312.
  5. (es) FĂ©lix Luna, PerĂłn y su tiempo, Buenos Aires, Editorial Sudamericana, , 607 p. (ISBN 978-950-07-0226-3, BNF 35029921).
  6. (es) Hugo Gambini, « La justicia de PerĂłn ÂĄ10 puntos! », La NaciĂłn, Buenos Aires,‎ (lire en ligne).
  7. (es) Elsa Portugheis (coord.), Bombardeo del 16 de junio de 1955, Buenos Aires, SecrĂ©tariat aux droits de l’homme de la nation argentine, (lire en ligne), « Atentado del 15 de abril de 1953 », p. 70-71.
  8. (es) Daniel BriĂłn, « A propĂłsito de la memoria por el “Nunca MĂĄs”: EstaciĂłn de subte, lĂ­nea D, Ministro Carranza », Buenos Aires, Pensamiento Nacional, .
  9. (es) « Mariano Grondona podría ser juzgado por crímenes de lesa humanidad », Buenos Aires, DERF Agencia Federal de Noticias, (consulté le ).
  10. (es) MartĂ­n Prieto, « RaĂșl AlfonsĂ­n se resiste a desatar ahora una crisis de Gobierno », El PaĂ­s, Buenos Aires,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  11. (es) Micaela Baldoni et Gabriel Vommaro, « Bernardo y Mariano: las transformaciones del periodismo polĂ­tico en Argentina, de los años ochenta a los años noventa », XIII Jornadas Interescuelas Departamentos de Historia,‎ , p. 8 (lire en ligne, consultĂ© le ).
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