Polarisation politique
La polarisation politique est un processus, au sein d'une démocratie, par lequel la population ou l'opinion publique tend à se diviser entre deux pôles structurants la vie politique d'une nation, et qui pousse une partie de plus en plus significative de cette population à se diriger davantage vers les points de vue les plus radicaux ou les partis extrêmes au détriment du centre.
Constats
Pour certains auteurs, comme Andrew O'Donohue et Thomas Carothers (en), qui ont enquêté notamment en Asie, Europe, Amérique latine et Amérique du Nord, les démocraties les plus anciennes comme des démocraties plus récentes peuvent être confrontées à un processsus de polarisation politique[1].
Pour émerger dans le jeu politique, les personnalités politiques semblent de plus en plus conduits à diaboliser leurs opposants. Il y a une hystérisation des discours. Les politiciens traînent aussi leurs adversaires devant les tribunaux, tentant s'instrumenter la justice. Et ceci, selon Andrew O'Donohue et Thomas Carothers, même quand les différences idéologiques sont limitées[1].
Exemple des États-Unis
Parmi les démocraties les plus anciennes, un des exemples, où une telle polarisation politique semble se développer depuis au moins les années 2010, est constitué par les États-Unis. Pourtant le fonctionnement des institutions américaines reposent sur des mécanismes de contre-pouvoirs et de nécessaires recherches de compromis, comme par exemple l’équilibre entre la Chambre des représentants et le Sénat, ou encore le principe de confirmation des nominations présidentielles par ce même Sénat, qui semblent contradictoire avec une polarisation du jeu politique entre les deux principales forces politiques. Face à cette polarisation, les mécanismes de contre-pouvoirs fragilisent l’unité nationale, en détournant ces «checks and balances» et en paralysant le système[2]. Face à des discours très hostiles entre les deux camps, l'électorat a eu tendance à se figer sur l'un des deux camps se disputant le pouvoir, là ou précédemment, il pouvait plus facilement voter pour l'un ou l'autre des partis selon l'élection ou les candidats en lice[3].
« En réduisant les capacités d’action de l’État, la polarisation favorise ainsi la concentration de forces politiques en marge des institutions américaines, alors qu’en démocratie la joute politique devrait se faire dans un cadre constitutionnel et organisé »[2].
Références
- (en) Andrew O'Donohue et Thomas Carothers, Democracies Divided. The Global Challenge of Political Polarization, Brookings Institution Press,
- Pierre Betelaud et Guillaume François Larouche, « États-Unis : La polarisation favorise la concentration de forces politiques en marge des institutions américaines », Le Monde,‎ (lire en ligne)
- Mario Del Pero, « Trois clés pour comprendre le phénomène Trump », The Conversation,‎ (lire en ligne)