Antonio Cafiero
Antonio Francisco Cafiero (Buenos Aires, Argentine, 1922 — San Isidro, 2014) est un économiste, homme politique et diplomate argentin.
Antonio Cafiero | |
Antonio Cafiero en 2012 | |
Fonctions | |
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Ministre argentin du Commerce extérieur | |
– (2 ans, 10 mois et 11 jours) |
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Président | Juan Perón |
Gouvernement | Deuxième gouvernement Perón |
Groupe politique | Parti justicialiste |
Prédécesseur | Roberto Ares |
Successeur | Julio Manuel Palarea |
116e interventeur fédéral dans la province de Mendoza | |
– (9 mois et 27 jours) |
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Prédécesseur | Carlos Mendoza |
Successeur | Luis MarĂa RodrĂguez MarcĂł del Pont |
Ministre argentin de l’Économie | |
– (5 mois et 20 jours) |
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PrĂ©sident | MarĂa Estela MartĂnez de PerĂłn |
Prédécesseur | Pedro José Bonanni |
Successeur | Emilio Mondelli |
Député fédéral pour Buenos Aires | |
– (2 ans) |
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Gouverneur de la province de Buenos Aires | |
– (4 ans) |
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Prédécesseur | Alejandro Armendáriz |
Successeur | Eduardo Duhalde |
Membre de la Convention constituante de la Nation argentine[1] | |
– (3 mois et 21 jours) |
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7e chef de cabinet de la Nation argentine | |
– (3 jours) |
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Président | Eduardo Camaño |
Prédécesseur | Luis Lusquiños |
Successeur | Jorge Capitanich |
SĂ©nateur de la Nation argentine pour la province de Buenos Aires | |
– (8 ans) |
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SĂ©nateur de la Nation argentine pour la province de Buenos Aires | |
– (3 ans, 11 mois et 8 jours) |
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Biographie | |
Nom de naissance | Antonio Francisco Cafiero |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Buenos Aires (Argentine) |
Date de décès | |
Lieu de décès | San Isidro (Argentine) |
Nature du décès | Naturelle (affection pulmonaire) |
Nationalité | Argentin |
Parti politique | Parti justicialiste |
Conjoint | Ana GoitĂa |
Enfants | Juan Pablo Cafiero Mario Cafiero José Antonio Cafiero Ana Cafiero Cecilia Cafiero Germán Cafiero (et quatre autres) |
Diplômé de | Université de Buenos Aires |
Profession | Économiste |
Religion | Catholique |
PĂ©roniste de la première heure, compagnon de route du lĂder, il devint ministre du Commerce extĂ©rieur dans le deuxième gouvernement de Juan PerĂłn, et fut emprisonnĂ© pour une annĂ©e en par les militaires arrivĂ©s au pouvoir Ă la suite du coup d’État dit RĂ©volution libĂ©ratrice. Remis en libertĂ©, il sera jusqu’à la restauration de la dĂ©mocratie en 1973 l’une des figures de proue de la dĂ©nommĂ©e RĂ©sistance pĂ©roniste, et fut Ă©lu, alors que le pĂ©ronisme Ă©tait proscrit, prĂ©sident du Parti justicialiste. Sous le troisième peronisme (1973-1976), il exerça comme ministre de l’Économie, et occupait le poste d’ambassadeur d’Argentine auprès du Saint Siège, au moment oĂą eut lieu le coup d’État militaire de 1976. Après le rĂ©tablissement de la dĂ©mocratie en 1983, il sera tour Ă tour dĂ©putĂ© fĂ©dĂ©ral, gouverneur de la province de Buenos Aires, chef de cabinet de l’éphĂ©mère gouvernement d’Eduardo Camaño, et par deux fois sĂ©nateur. Il fut par ailleurs plusieurs fois ambassadeur d’Argentine — en Belgique, auprès de la CEE et du Saint-Siège, et la dernière fois au Chili.
Sa longévité (il mourut à l’âge de 92 ans après avoir traversé toutes les phases du péronisme) et son amitié personnelle avec Perón l’ont hissé au rang de véritable légende du mouvement justicialiste.
Biographie
Avant de s’engager dans la carrière politique, Antonio Cafiero était diplômé en comptabilité en 1944 et avait obtenu en 1948 un doctorat en sciences économiques, l’un et l’autre à l’université de Buenos Aires. Dès avant cette période universitaire, à partir de 1938, il avait été actif comme membre de l’Action catholique argentine.
Au sein de l’université, il déploya une intense activité de dirigeant de jeunesse, remplissant différentes fonctions, notamment celle de président de l’Association des étudiants, de délégué étudiant et de secrétaire politique du Conseil de surveillance. À partir de 1952 et jusqu’à 1984, il accomplit des missions d’enseignement.
Il Ă©pousa Ana GoitĂa, avec qui il eut dix enfants, dont Mario Cafiero et Juan Pablo Cafiero, Ă©galement actifs en politique. Ses descendants comprennent, outre ses enfants, une quarantaine de petits-enfants et arrière-petits-enfants.
Activité dans le mouvement péroniste
Cafiero fit ses premiers pas de militant pĂ©roniste en participant Ă la cĂ©lèbre journĂ©e de mobilisation ouvrière du , Ă©vĂ©nement fĂŞtĂ© par la suite comme le Jour de la LoyautĂ©. Pourtant, il n’occupera de fonction de haut rang au sein du Parti justicialiste (PJ) qu’en 1962, lorsqu’il sera nommĂ© secrĂ©taire politique du Conseil de surveillance du Parti justicialiste, puis coordinateur du Mouvement national justicialiste, Ă l’époque oĂą le lĂder du pĂ©ronisme se trouvait en exil Ă des milliers de kilomètres de distance. En 1964, il sera dĂ©signĂ© SecrĂ©taire politique du Conseil de surveillance du parti et en 1971 directeur du Conseil de planification de ce mĂŞme parti.
De 1986 à 1991, il fut président du Conseil provincial du PJ dans la province de Buenos Aires et de 1987 à 1990 président du Conseil national du parti. À partir de cette même année 1990, il exerça comme Secrétaire général du Bloc des sénateurs justicialistes.
Sous les premier et deuxième gouvernements péronistes (1946-1955)
Le fait qu’il avait été l’un des rares dirigeants étudiants à soutenir Perón en 1945, le soutien que lui apporta Eva Perón, et la reconnaissance de sa notoire capacité de travail (selon ce qu’il expose lui-même dans son livre de mémoires) valurent à Cafieri d’être nommé à de hautes fonctions de l’État dès le premier gouvernement péroniste.
Il exerça ainsi, jeune encore, comme conseiller financier à l’ambassade d’Argentine à Washington DC entre 1948 et 1951, et comme directeur du Département socio-économique du ministère des Affaires étrangères (la Chancellerie) entre 1951 et 1952. Il fut ensuite, de 1952 à 1955, ministre fédéral du Commerce extérieur[2].
Dans le sillage du coup d’État militaire de septembre 1945, prélude à l’instauration de l’autodénommée Révolution libératrice, Cafiero fut retenu prisonnier pour raisons politiques pendant un an, et s’exila brièvement au terme de son emprisonnement. À partir de ce moment et jusqu’en 1972, il sera un militant actif dans la résistance péroniste. Dans ce cadre, il visitera à plusieurs reprises Perón dans son lieu d’exil, jusqu’au retour définitif de celui-ci en Argentine en 1973[3] - [4].
Sous le troisième péronisme (1973-1976)
Après que le président Lanusse eut convoqué des élections pour (mais que la candidature de Perón eut été interdite par les militaires), une fraction du syndicalisme, emmenée par Lorenzo Miguel et Rucci, décida de mettre en avant Cafiero comme candidat justicialiste à la présidence de la Nation. Cependant, le candidat pour lequel penchera Perón — gêné semble-t-il par le rapprochement entrepris par Cafiero avec le gouvernement militaire d’alors — sera Héctor Cámpora. Dans ses mémoires, Cafiero estimait avoir été victime d’une opération de presse montée par les militaires, qui finit par lui être préjudiciable.
En 1973, après le triomphe de Perón, il fut nommé président de la Caisse nationale d’épargne et d’assurance, puis quelque temps après, secrétaire au Commerce. Sous la présidence d’Isabel Perón, il assuma le rôle d’interventeur fédéral dans la province de Mendoza entre et , puis exerça comme ministre de l’Économie de la Nation (de 1975 à 1976), et enfin fut nommé en 1976 ambassadeur d’Argentine auprès du Saint Siège, charge à laquelle il dut renoncer par suite du coup d’État militaire déclenché en mars de cette même année ; retourné en Argentine, il fut une deuxième fois incarcéré par les militaires.
Après le retour de la démocratie (1983-2014)
En 1983, avec la restauration de la démocratie en Argentine, Cafiero devint l’une des personnalités les plus importantes et les plus en vue du justicialisme. Il se mit à la tête du mouvement Unidad, Solidaridad y Organización (MUSO) et se porta précandidat à la présidence de la Nation aux primaires justicialistes, où toutefois sa candidature perdit face au binôme (fórmula) Italo Argentino Luder - Deolindo Felipe Bittel.
Sa candidature à la présidence rejetée, il ne resta plus à Cafiero qu’à être désigné candidat consensuel au poste de gouverneur de la province de Buenos Aires ; mais, s’agissant en l’espèce d’un scrutin indirect (c’est-à -dire s’effectuant par le biais de délégués), la fraction dirigée par Herminio Iglesias, méconnaissant l’accord préalable conclu avec Cafiero, décida de nommer à la place de celui-ci Herminio Iglesias lui-même comme candidat à ladite fonction. Cependant, le justicialisme perdra cette élection face au candidat radical Alejandro Armendáriz.
Ă€ la suite de cette dĂ©faite du justicialisme en 1983, Cafiero fonda, aux cĂ´tĂ©s de Carlos Menem et de Carlos Grosso, le courant RenovaciĂłn Peronista. Aux Ă©lections lĂ©gislatives de 1985, il mena la liste des dĂ©putĂ©s nationaux de la province de Buenos Aires sous l’étiquette Frente Renovador Justicialista. Après un accord difficile (oĂą Julio Mera Figueroa fut le principal protagoniste), et quoique la fraction d’Herminio Iglesias contestât la lĂ©galitĂ© d’une liste parallèle Ă celle du justicialisme officiel dont lui avait la direction, la juge MarĂa Romilda Servini finit par autoriser la liste de Cafiero.
Il fut Ă©lu dĂ©putĂ© national pour un mandat jusqu’à 1987, annĂ©e oĂą il se signala en appuyant le gouvernement de RaĂşl AlfonsĂn face au soulèvement carapintada qui mettait en pĂ©ril la dĂ©mocratie argentine ; cette attitude lui valut de pouvoir prendre place au balcon de la Casa Rosada le fameux , quand AlfonsĂn salua la foule rĂ©unie sur la place de Mai[4].
Cette mĂŞme annĂ©e, il sut se faire Ă©lire gouverneur de Buenos Aires, avec pour partenaire de fĂłrmula Luis MarĂa Macaya — victoire de grande signification pour le parti, en des temps oĂą la prĂ©sidence de la Nation Ă©tait aux mains des radicaux. Cette mĂŞme annĂ©e encore, il fut dĂ©signĂ© prĂ©sident du Conseil national du Parti justicialiste, et rĂ©ussit alors, s’appuyant sur le mouvement RenovaciĂłn peronista, Ă dĂ©mocratiser le parti, et rendit possible, pour la première et seule fois dans l’histoire de ce parti, que les candidats Ă la prĂ©sidence et Ă la vice-prĂ©sidence fussent Ă©lus par scrutin direct des affiliĂ©s. En 1988, il sera prĂ©candidat Ă la prĂ©sidence de la Nation pour le Parti justicialiste, en binĂ´me avec JosĂ© Manuel de la Sota, mais, Ă la surprise gĂ©nĂ©rale, fut battu lors de ces primaires par le duo Carlos Menem - Eduardo Duhalde.
Une fois perdu ce scrutin interne, Cafiero aspirait à présent à sa réélection comme gouverneur de la province de Buenos Aires, ce qui cependant requérait une réforme de la constitution provinciale, à laquelle s’opposèrent les fractions nationalistes. Sa réélection à la province sera ultérieurement avalisée par le gouverneur qui lui succédera, Eduardo Duhalde.
En 1991, au terme de son mandat de gouverneur, sous la présidence déjà de Carlos Menem, Cafiero fut nommé ambassadeur d’Argentine au Chili, charge qu’il remplira jusqu’en 1993, année où lui échut un siège de sénateur national jusqu’à 2001. Durant le bref gouvernement d’Eduardo Camaño, il exerça comme chef de cabinet ministériel[5]. Le , il siégea derechef comme sénateur national, et ce jusqu’à . Il fut présent lors de la translation des restes de Juan Perón du cimetière de la Chacarita vers San Vicente en .
De 2005 à sa mort en 2014, il occupa la présidence de la Conférence permanente des partis politiques d'Amérique latine et des Caraïbes (la COPPPAL).
Le , Ă l’occasion des obsèques de l’ancien prĂ©sident RaĂşl AlfonsĂn, qui avait Ă©tĂ© son adversaire politique dans les annĂ©es 1980, il prononça un discours oĂą il dĂ©clara notamment :
« J’ai eu deux maĂ®tres dans la vie, qui m’ont enseignĂ© tout ce que je sais, ou tout ce que je sais mal. L’un s’appelait Juan Domingo PerĂłn, l’autre RaĂşl AlfonsĂn [...]. N’est un bon politique que celui qui a des rĂŞves et AlfonsĂn avait des rĂŞves, il rĂŞvait, avec la jeunesse et avec les autres partis, [...] de restaurer la dĂ©mocratie en Argentine, de faire de l’Union civique radicale un parti fort et puissant, de la transformer en une grande force de transformation, il rĂŞvait que, quelque jour, le consensus et la rĂ©flexion auraient Ă rĂ©gner dans la vie argentine, en supplantant les excès dĂ©magogiques ou le dĂ©dain pour autrui qui guident [aujourd’hui] l’action politique [...]. Il naquit avec une mission Ă accomplir et ne se refusa pas Ă l’accomplir [...][6]. »
À la mort de l’ancien président Néstor Kirchner, il déclara :
« Néstor Kirchner nous quitte, nous qui l’avons connu, qui avons été ses amis, et qui allons continuer à nous souvenir de lui, de sorte que son passage par la vie argentine n’aura pas été en vain [...]. C’est un homme qui a laissé des traces indélébiles dans l’histoire argentine. Il nous a donné un exemple de ce que doit être un politique qui est fidèle à ses convictions. [...] Néstor Kirchner a écrit une page très importante dans l’histoire des Argentins[7] »
« Je suis surpris et consterné. Il sera difficile de remplacer Kirchner dans la politique argentine. Il a toujours assumé avec courage des responsabilités très importantes. Je relève dans son parcours sa fidélité aux principes de ses idées. Toujours il a payé un tribut pour ses convictions et cela est fondamental dans la vie d’un politique. Il ne fut pas un opportuniste, changeant sa position selon la direction du vent. Il appartenait à la race des véritables politiques, très fidèle à ses convictions. Il prit des décisions pendant son gouvernement que nous pourrions définir comme clairement péronistes.
Il fut un homme pondéré, un politicien de race et un homme qui ne vacilla jamais dans ses convictions [...]. Kirchner était astucieux et savait user des armes de la politique. Il était fort vigoureux dans ses expressions. Il fit de la politique jusqu’à ses derniers jours comme bon militant. J’assume ici ce que je dis ; je crois que Kirchner savait qu’il allait bientôt mourir et néanmoins, il continua de jouer fort à la politique sans se laisser intimider ni se réfugier dans l’absence de foi. J’ai vu mourir d’autres grands personnages politiques de l’histoire argentine comme Perón et Evita, que j’ai accompagnée jusqu’à la fin et avec qui j’ai parlé deux jours avant sa mort. L’Argentine affronte ici une lourde perte et je crois qu’on a besoin d’hommes courageux comme Néstor dans le pays[8]. »
Mort
Antonio Cafiero s’éteignit le , à l’âge de 92 ans, des suites d’une affection pulmonaire[9] - [10]. Après son décès, la présidente Cristina Kirchner décréta deux jours de deuil national[4].
Ouvrages
Antonio Cafiero fit paraître les ouvrages suivants :
- La independencia econĂłmica y el IAPI (1953).
- Cinco años después (1961).
- De la economĂa social-justicialista al rĂ©gimen liberal-capitalista (1974, son livre le plus connu et le mieux diffusĂ©)
- Desde que grité: ¡Viva Perón! (1983).
- Una ConstituciĂłn para el progreso humano (1993)
- El peronismo que viene (1995)
- La polĂtica exterior peronista 1946-1955 (1996)
- Mis diálogos con Evita (2002
- Militancia sin tiempo: mi vida en el peronismo (2011), livre de mémoires, son ultime ouvrage.
Apparition au cinéma
En 2010, il participa au tournage du film Pájaros volando, du réalisateur Néstor Montalbano, où il interpréta le patron d’une entreprise d’autobus interurbains, tenant un discours de justice sociale et populaire.
Notes et références
- « Convencionales Constituyentes », Paraná, province de Santa Fe, (consulté le )
- « Se fue Antonio Cafiero, ministro de Perón y de Isabel, y gobernador de Bs.As. », Urgente24,
- (es) « Murió el histórico dirigente peronista Antonio Cafiero », Minuto Uno,‎ (lire en ligne)
- (es) « MuriĂł el dirigente Antonio Cafiero, sĂmbolo histĂłrico del peronismo », El Territorio,‎ (lire en ligne)
- (es) Mariano Obarrio, « Camaño, otro presidente por 48 horas », La Nación,‎ (lire en ligne) [(La Nación -)]
- (es) « La despedida a AlfonsĂn, su otro “maestro” con PerĂłn », El DĂa,‎ (lire en ligne)
- (es) « Cafiero: "El paso de Kirchner por la vida Argentina no ha sido en vano" », TN, [(TN -)]
- (es) « Cafiero: "Creo que Kirchner sabĂa que se iba a morir" », Diario La Veloz,‎ (lire en ligne)
- (es) « Murió Antonio Cafiero », Infobae,
- (es) elEconomista.es, « Historic figure in Argentina's Peronist party dies - eleconomistaamerica.com », sur www.eleconomistaamerica.com (consulté le )
Liens externes
- Site officiel d’Antonio Cafiero