Carapintadas
Les Carapintadas (en espagnol : « visages peints » parce qu’ils se noircissaient le visage) Ă©taient un groupe de militaires argentins d'extrĂŞme droite qui se sont soulevĂ©s Ă plusieurs reprises entre 1987 et 1990 sous la prĂ©sidence de RaĂşl AlfonsĂn puis de Carlos Menem, dans des tentatives infructueuses de putsch contre le rĂ©gime civil et afin de forcer l'État Ă abandonner toute vellĂ©itĂ© de poursuites judiciaires contre les militaires impliquĂ©s dans des violations des droits de l'homme lors de la « guerre sale » des annĂ©es 1970.
Carapintadas | |
Idéologie | Nationalisme argentin Nationalisme chrétien Militarisme Anglophobie |
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Statut | Inactif |
Fondation | |
Date de formation | 1987 |
Pays d'origine | Argentine |
Fondé par | Aldo Rico |
Actions | |
Zone d'opération | Argentine |
Période d'activité | 1987-1999 |
Organisation | |
Chefs principaux | Aldo Rico Mohamed AlĂ SeineldĂn |
Contexte
La loi d'amnistie dite de « Point final » est votée en décembre 1986, dans un contexte de protestations venant de l'armée contre les poursuites envisagées par la justice pour les crimes commis lors de la dictature (1976-1983).
Cette loi fixait à 60 jours le délai, pour les victimes de la « guerre sale », pour porter plainte contre des membres de l’armée et de la police accusés de violations des droits de l'homme.
Tentative de coup d’État de 1987
En avril 1987, un groupe d’élite des commandos menĂ© par le lieutenant-colonel Aldo Rico organisa les soulèvements de plusieurs casernes (dont l’école d’infanterie du Campo de Mayo, dans la banlieue de Buenos Aires), rĂ©clamant l’abandon des poursuites contre ceux qui n’avaient pu bĂ©nĂ©ficier d’une amnistie. Aldo Rico dĂ©clare vouloir porter un coup d’arrĂŞt Ă la politique « antimilitariste » du « gouvernement gauchiste » de RaĂşl AlfonsĂn[1].
Les mutins furent tous capturés, mais seulement deux furent mis aux arrêts car les forces armées loyales au gouvernement refusèrent de réprimer la rébellion.
Le 4 juin 1987, Alfonsin fait passer la loi d'amnistie dite d'« Obéissance due », dont bénéficient notamment le capitaine Alfredo Astiz et le général Antonio Domingo Bussi.
Soulèvements de 1988
Les Carapintadas s’insurgèrent de nouveau en janvier 1988 à Monte Caseros (province de Corrientes), toujours sous le commandement d’Aldo Rico. Ils se rendirent quelques jours plus tard et 300 d’entre eux furent cette fois-ci arrêtés.
Un autre soulèvement a eu lieu en dĂ©cembre de la mĂŞme annĂ©e, lorsque les membres de l’unitĂ© spĂ©ciale Albatros (AgrupaciĂłn Albatros, de la Marine), dirigĂ©e par le colonel Mohamed AlĂ SeineldĂn, prirent le contrĂ´le de plusieurs casernes Ă Villa Martelli. Ils furent par la suite suivis par environ 1 000 hommes provenant des trois forces armĂ©es. Les mutins se rendirent quelques jours après, mais seuls SeineldĂn et le major Hugo Abete furent arrĂŞtĂ©s. En outre, plusieurs des revendications des mutins furent satisfaites par le gouvernement.
En octobre 1989, le président élu Carlos Menem décréta une amnistie pour plusieurs prisonniers militaires, dont 39 emprisonnés sous la junte militaire et 164 Carapintadas.
Mutinerie de 1990
MalgrĂ© cela, le 3 dĂ©cembre 1990, Mohamed AlĂ SeineldĂn organisa une nouvelle mutinerie. Ses hommes s’emparèrent des quartiers gĂ©nĂ©raux de l’armĂ©e proches de la Casa Rosada, exigèrent une purge parmi les gĂ©nĂ©raux ainsi que la promotion de Seineldìn au rang de commandant de l’armĂ©e. Le gouvernement dĂ©crĂ©ta alors l'Ă©tat de siège pour une durĂ©e de 60 jours.
Toutefois, le coup d’État Ă©choua le lendemain, faisant 13 morts (des sources non officielles parlent de 23 morts), dont 5 civils, et 55 blessĂ©s. La reddition des rebelles, le 4 dĂ©cembre, mit fin Ă l'Ă©tat de siège. SeineldĂn fut condamnĂ© Ă mort tandis que treize autres militaires se voient infliger des peines allant de deux Ă vingt ans.
Quelques jours plus tard, Menem décréta une amnistie générale couvrant la plupart des personnes reconnues coupables de méfaits pendant la « guerre sale ». Tous les membres de la junte faisant l’objet de peines de prison pour crime contre l’humanité furent graciés.
Épilogue
SeineldĂn est finalement graciĂ©, en mai 2003, par le prĂ©sident Eduardo Duhalde, ainsi que sept autres Carapintadas, en mĂŞme temps que Enrique Gorriarán Merlo (en), ex-membre de l'ERP guĂ©variste et qui avait organisĂ©, en janvier 1989, l'attaque contre le rĂ©giment de la Tablada, invoquant le besoin de rĂ©sister Ă une tentative de coup d'État fomentĂ©e par SeineldĂn.
Gustavo Breide Obeid (es), l'un des partisans de SeineldĂn et participants Ă son putsch, condamnĂ© Ă 7 ans de prison, a fondĂ© en 1996 le marginal Partido Popular por la ReconstrucciĂłn. Candidat Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2003 et de 2007, il obtint Ă cette dernière 45 113 voix, soit 0,25 % des suffrages exprimĂ©s.
Les lois d'amnistie sont jugées anti-constitutionnelles par la Cour suprême argentine en 2005, ouvrant la possibilité de poursuites judiciaires contre les militaires ayant commis des crimes sous la dictature.
Références
- Maurice Lemoine, Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d’Etat modernes et autres tentatives de déstabilisation, Don Quichotte, , p. 173