AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Théier

Camellia sinensis

Le thĂ©ier (Camellia sinensis), appelĂ© parfois simplement thĂ©, est une espĂšce d’arbustes de la famille des ThĂ©acĂ©es. Il est originaire d'ExtrĂȘme-Orient. Il est largement cultivĂ© pour ses feuilles qui une fois sĂ©chĂ©es et plus ou moins oxydĂ©es, servent Ă  la prĂ©paration d’une infusion : le thĂ©. C'est une espĂšce voisine des camĂ©lias horticoles. Son nom binominal Camellia sinensis signifie mot pour mot « camĂ©lia chinois ».

Historique des dénominations

D’aprĂšs un texte datĂ© de +350, le Huayang Guozhi (èŻé™œćœ‹ćż—), ou Chroniques de Huayang, de Chang Qu (en), ce sont les montagnards du sud-ouest de l’actuelle Chine qui ont appris aux Chinois du nord, au premier millĂ©naire avant notre Ăšre, l’usage alimentaire des feuilles du thĂ©ier sauvage. La culture du thĂ© n’est pas chinoise Ă  l’origine mais aurait commencĂ© au pays de Shu (蜀), dans l’actuel Sichuan au IVe siĂšcle av. J.-C., avant la conquĂȘte chinoise en 316 av. J.-C.[1]. Avant notre Ăšre, les Chinois dĂ©signaient un certain nombre de plantes amĂšres par le caractĂšre 荌 (pinyin: tĂș). Des termes plus spĂ©cifiques pour le thĂ© n'apparaissent que plus tard : æȘŸè‹ŠèŒ jiǎkǔtĂș (oĂč è‹Š kǔ signifie « amer »), 苊荌 kǔtĂș, 荈 chuǎn puis de 茗 mĂ­ng, etc. Il faut attendre la dynastie des Tang au VIIIe siĂšcle pour que le caractĂšre 茶 (pinyin : chĂĄ, sinogramme ayant un trait de moins que le prĂ©cĂ©dent 荌 tĂș) s’impose peu Ă  peu sur tous les autres. Cette prononciation, utilisĂ©e telle quelle, mais sans "ton", en japonais, est Ă  l'origine de la prononciation "chay" en russe et dans les autres langues slaves (chaĂŻ), ainsi qu'en turc (çay) et en persan (tchĂąy), le thĂ© ayant Ă©tĂ© livrĂ© dans cette partie du continent eurasien par voie terrestre (les caravanes). En revanche, la prononciation tĂȘ de ce caractĂšre dans le dialecte Minnan, parlĂ© dans la rĂ©gion du port de Xiamen (Amoy), est Ă  l’origine du terme thĂ©, tea, Tee dans les langues occidentales puisqu'il est parvenu en Europe occidentale par voie de mer - le portugais chĂĄ fait exception du fait de la prĂ©coce prĂ©sence des Portugais au Japon. Le terme chinois pour thĂ©ier est 茶æšč (pinyin : chĂĄshĂč, thĂ©-arbre).

Si le thĂ© a Ă©tĂ© signalĂ© dĂšs 1559 aux pays colonisateurs[2], le premier Occidental Ă  avoir dĂ©crit le thĂ©ier est un mĂ©decin allemand sĂ©journant au Japon, Engelbert Kaempfer qui donna Ă  l’arbre le nom de Thea japonense en 1712. Quelques dĂ©cennies plus tard, en 1752, le botaniste suĂ©dois LinnĂ©, le renomma Thea sinensis. Mais neuf ans plus tard, ignorant les procĂ©dĂ©s de fabrication gardĂ©s secrets par les Chinois, LinnĂ© distingue alors le thĂ© vert Thea viridis et le thĂ© noir Thea bohea[3] - [4].

Les deux genres, Camellia et Thea, connus tous deux depuis 1753 ont été réunis en 1818 (Article 13 de la nomenclature dite de Melbourne, 2012)[5] - [6]. Le genre combiné porte le nom de Camellia parce que Robert Sweet (Hort.Suburb.Lond.:157.1818), le premier à réunir les deux genres, avait choisi ce nom et cité Thea comme synonyme.

ParallÚlement à ce regroupement des genres, les distinctions Thea viridis et Thea bohea proposées par Linné sont considérées comme de simples variétés[7] et deviennent des synonymes[8]. Camellia sinensis (L.) O. Kuntze fut adopté, conformément aux rÚgles de nomenclature botanique.

Description

Les feuilles alternes et persistantes, ont une forme allongĂ©e, elliptique, longues de 4 Ă  15 cm, sur 1,5 Ă  7,5 cm de large. Elles sont brillantes, vert foncĂ©, relativement coriaces, avec une texture assez Ă©paisse. Le pĂ©tiole est court, de 3 Ă  10 mm. La base est cunĂ©e, l'apex est aigu Ă  acuminĂ©, et les marges sont sciĂ©es.

Les fleurs du théier sont blanches à jaune clair (une seule forme non hybride présente des fleurs rosées, Camellia sinensis f. rosea). Elles mesurent entre 2,5 et cm de diamÚtre. Solitaires ou en petits groupes de 3 ou 4, elles comptent cinq sépales persistants, cinq pétales, parfois plus jusqu'à 7 ou 8, de couleur jaune clair ou blanc-crÚme, et de trÚs nombreuses étamines jaunes souvent soudées entre elles. L'ovaire est triloculaire.

Les fruits sont des capsules Ă  dĂ©hiscence loculicide de 1,5 Ă  cm de diamĂštre environ. Les graines peuvent ĂȘtre pressĂ©es pour donner une huile de trĂšs bonne qualitĂ© alimentaire avec toutefois un rendement assez faible.

Origine botanique

L'aire d’origine de primodomestication reste incertaine en raison de la culture extensive depuis plusieurs milliers d'annĂ©es. Les thĂ©iers montrent de plus une gĂ©nĂ©tique complexe et hybridĂ©e rendant impossible la localisation plus prĂ©cise de la zone d'origine des thĂ©iers cultivĂ©s et de la zone de premiĂšre domestication. Le type sauvage d'origine des thĂ©iers de la branche orientale est inconnu et n'a probablement mĂȘme jamais existĂ©.

Il y a 3 clades gĂ©nĂ©tiquement distincts domestiquĂ©s indĂ©pendamment : C. sinensis sinensis dans le sud de la Chine, une branche de C. sinensis assamica dans le YĂșnnĂĄn, et une autre de C. sinensis assamica en Assam.

Les sinensis sinensis montrent une lignĂ©e gĂ©nĂ©tique fortement distincte, suggĂ©rant un seul Ă©vĂšnement de domestication dans le sud de la Chine il y a plus de 4 000 ans[9].

Variétés

Il existe deux variétés naturelles de Camellia sinensis utilisées en culture : la variété sinensis et la variété assamica. Les deux variétés s'interpollinisent facilement, de ce fait il existe de nombreux hybrides cultivés (ou cultivars) plus ou moins fixés. En Chine, on compte officiellement 95 cultivars.

Camellia sinensis sinensis

À l’état sauvage, sa taille varie d'un Ă  neuf mĂštres. Les feuilles ont une taille de 4–9(–14,4) cm de long et 1,6–(–5) cm de large. Feuilles petites, Ă©rigĂ©es angle <50°, Ă©troites, vert foncĂ©. Bord serratĂ© Ă  serrulĂ© ou sinueux‑serrulĂ© aux dents plus ou moins incurvĂ©es[9].

Probablement issu du sud de la Chine.

Ce type est cultivé dans des régions pouvant subir des températures basses (Japon, Chine, Arménie, Géorgie, Iran, Turquie) ainsi que dans les plantations de haute altitude. Il est robuste et a une relative bonne résistance à la sécheresse. C'est la plus ancienne espÚce de théier connue et cultivée. Elle donne des thés parmi les plus recherchés. Certains plants toujours cultivés auraient plus de mille ans.

Camellia sinensis assamica

Il peut atteindre plus de 15 m Ă  l’état sauvage. Feuilles brillantes, claires, souples de 8–14(–29) cm de long par 3,5–7,5(–10) cm de large, feuilles grandes, larges, horizontales angle >70°, vert clair. Marge grossiĂšrement dentĂ©e Ă  vaguement denticulĂ©e ou serrulĂ©e[9].

Le théier type assamica et ses hybrides sont présents dans des régions connaissant de fortes pluies (la mousson) telles que les plantations de plaine.

Des études génétiques de 2016 montrent deux lignées différentes domestiquées indépendamment l'une dans l'ouest du Yunnan, l'autre en Assam.

Son utilisation ancienne en Inde fut « découverte » en 1823 par le Major Robert Bruce en Assam et ensuite cette variété est cultivée dans toute l'Inde et au Sri Lanka pour les compagnies britanniques. La majorité du thé produit dans le monde provient de cette variété.

Classification

Suivant les classifications, il existe entre 300 et 600 hybrides de ces deux variétés utilisés dans l'agriculture[10].

Il existe des théiers dits « théiers sauvages » dans le Yunnan. Certains sont de vrais arbres sauvages jamais domestiqués, mais la plupart seraient des arbres qui auraient été plantés par des minorités ethniques de la région il y a des centaines d'années et laissés depuis à l'abandon[11]. Poussant au milieu d'arbres d'autres espÚces, leur récolte nécessite une grande dextérité, puisque les nouveaux bourgeons ne sont pas à hauteur de mains mais nécessitent de grimper dans les arbres[11]. Ils sont commercialisés comme produits de luxe sous forme de galettes de thé vert compressé[11].

La systĂ©matique du genre Camellia est encore assez confuse. Les spĂ©cialistes sont loin d'ĂȘtre d'accord et de nombreuses espĂšces sont dĂ©crites sous des noms diffĂ©rents ou comme variĂ©tĂ© d'une autre espĂšce. Le thĂ©ier ne fait pas exception. Toutes sources confondues, pour C. sinensis on trouve nommĂ©es les espĂšces ci-dessous. Toutes ne sont pas valides et peuvent ĂȘtre synonymes.

  • C. sinensis (L.) Kuntze
  • C. sinensis (L.) Kuntze var. sinensis
  • C. sinensis (L.) Kuntze var. assamica (J. W. Mast.) Kitam.
  • C. sinensis (L.) Kuntze var. dehungensis (H. T. Chang & B. H. Chen) T. L. Ming
  • C. sinensis (L.) Kuntze var. kucha Hung T. Chang & H. S. Wang
  • C. sinensis (L.) Kuntze var. pubilimba Hung T. Chang
  • C. sinensis var. waldenae (S.Y. Hu) Hung T. Chang
  • C. sinensis f. formosensis
  • C. sinensis f. macrophylla (Sieb.) Kitamura
  • C. sinensis (L.) Kuntze f. parvifolia (Miq.) Sealy
  • C. sinensis subsp. buisanensis (Sasaki) S.Y. Lu & Y.P. Yang

Certains auteurs décrivent C. sinensis var. assamica comme une espÚce séparée avec :

  • C. assamica (J.W. Mast.) W. Wight
  • C. assamica (J.W. Mast.) W. Wight subsp. lasiocalyx (G. Watt) W. Wight
  • C. assamica (J.W. Mast.) Hung T. Chang var. kucha (Hung T. Chang & H. S. Wang) Hung T. Chang & H. S. Wang
  • C. assamica (J.W. Mast.) Hung T. Chang var. polyneura (Chang, Y.J. Tan & P.S. Wang) Hung T. Chang

D'autres espÚces sont utilisées pures ou en mélange avec C. sinensis pour le thé. Ces thés sont parfois trÚs réputés avec des crus de grandes qualités. C'est le cas de C. irrawadiensis et C. taliensis (certaines sources décrivent ces espÚces comme synonyme). D'autres espÚces toujours du sous genre Thea et de la section Thea sont localement utilisées pour fournir une boisson aprÚs infusion mais ne font généralement pas l'objet d'un commerce à grande échelle. Ce sont C. grandibracteata, C. kwangsiensis, C. tachangensis, C. crassicolumna, C. gymnogyna, C. ptilophylla.

Des Ă©tudes de 2016 reconnaissent comme sĂ©parĂ©e Camellia sinensis var. lasiocalyx (Camellia sinensis (Linnaeus) O. Kuntze var. lasiocalyx (G. Watt) A.P. Das & C. Ghosh, comb. nov.). C'est un hybride naturel relativement fixĂ© de var. sinensis et de var. assamica[12]. Il mesure de 6 Ă  10 m de haut. Les feuilles sont brillantes, et jaune vert lorsqu’elles sont jeunes. Ce type n'est pas cultivĂ© mais parfois rĂ©coltĂ© sur arbres sauvages.

Les théiers donnant le thé dit pourpre sont issus de trois lignées.

En Chine ils sont prĂ©sents Ă  l'Ă©tat naturel et connues depuis longtemps. Ce sont des C. sinensis pur dont un cultivar Ă  feuilles entiĂšrement pourpres a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©, 'Zi Juan' (çŽ«ćšŸ Zǐ Juān, beautĂ© violette).
Au Japon, ils sont issus d'un programme d'hybridation avec C. taliensis. La variété fixé est Sunrouge.
Au Kenya ce sont des hybrides de C.irrawadiensis dont la variété fixée est 'TRFK 306'.

Conditions de culture

Les thĂ©iers ont besoin d'un sol ni calcaire ni argileux, mais alluvionnaire, sĂ©dimentaire, rocheux ou volcanique[13]. Le sol doit ĂȘtre acide, profondĂ©ment meuble, permĂ©able, riche en azote, en acide phosphorique et en potasse[13].

Les théiers sont sensibles au vent, qui provoque un dessÚchement de la surface foliaire, ce qui ralentit la croissance des feuilles et peut provoquer leur brunissement marginal ou leur distorsion.

La tempĂ©rature optimale pour la pousse des thĂ©iers est (13–)18–30 °C. La croissance s'arrĂȘte en dessous de 10–13 °C et au‑dessus de 30–35 °C[9].

Les thĂ©iers ne peuvent pas ĂȘtre cultivĂ©s dans les rĂ©gions oĂč les prĂ©cipitations annuelles sont infĂ©rieures Ă  1 150 mm, Ă  moins d'avoir une bonne humiditĂ© atmosphĂ©rique. Inversement, trop de prĂ©cipitations est mauvais pour les thĂ©iers, 6 000 mm par an est le maximum. En climat tropical, les prĂ©cipitations optimales sont (1 000–)1 140–1 270(–1 700) mm par an rĂ©parties tout au long de l'annĂ©e. La durĂ©e d'ensoleillement optimale se situe autour de 1 400 h par an ou 5 h par jour[9]. Le taux d'hygromĂ©trie doit ĂȘtre compris entre 70 % et 90 %.

Plantations de thé

Pays producteurs

RĂ©colte au Kenya.
Répartition de la production mondiale de thé en 2017[14]
  • Plus de 1 000 000 t
  • Entre 100 000 et 1 000 000 t
  • Entre 20 000 et 100 000 t
  • Entre 2 000 et 20 000 t
  • Moins de 2 000 t
Parts de la production mondiale de thé par pays en 2013.

Le principal pays producteur est la Chine, suivie par l'Inde, le Kenya, le Sri Lanka, le ViĂȘt Nam et la Turquie.

La production de thé se fait essentiellement en Asie (83.4%), sinon en Afrique qui représente 12.3% de la production de thé mondiale, l'Amérique (2.2%), l'Europe (1.9%) et l'Océanie (0.2%) ne produisant que marginalement du thé[14].

Quelques plantations et projets de plantations existent en Europe (Portugal, Suisse, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Allemagne). En France, plusieurs plantations et projets sont en développement, particuliÚrement en Bretagne[15] - [16].

Reproduction

PépiniÚre de théiers, plantation Ndawara, pays Fulani, Cameroun.

La premiÚre phase d'entretien des plantations de thé consiste à la reproduction des théiers. Celle-ci peut se faire par prélÚvement de graines ou par bouture. La bouture a l'avantage de mieux conserver les sols, car la régularité des plantes les expose moins à l'érosion, tandis que les graines permettent une plus grande diversité génétique rendant les plantations globalement plus résistantes aux nuisibles[13].

Pour les graines, celles-ci sont prélevées sur un théier, puis plongées dans l'eau pour éliminer celles, impropres, qui flottent. Les graines sont ensuite mises à germer dans une pépiniÚre ombragée, puis endurcies, c'est-à-dire réguliÚrement replantées à mesure de la croissance de la plante dans des espaces de plus en plus lumineux[13].

Pour la bouture, une tige contenant un Ɠil et une feuille de quelques centimĂštres est prĂ©levĂ©e sur le thĂ©ier mĂšre avant d'ĂȘtre repiquĂ©e en pĂ©piniĂšre ; elle dĂ©veloppe progressivement des racines avant de subir une phase d'endurcissement puis d'ĂȘtre repiquĂ©e en champ[13].

Maladies

Le théier, tout comme le camélia du Japon, peut souffrir de mosaïque jaune, infection causée par un virus transmis par greffage ou par Toxoptera aurantii[17].

Chimie du thé

Composition

Une simple tasse de thĂ© est un mĂ©lange complexe de plus de 500 substances actives. Outre les diffĂ©rences liĂ©es Ă  la nature du thĂ©, la durĂ©e d'infusion, la nature et la tempĂ©rature de l'eau entraĂźnent une variabilitĂ© extrĂȘme de la composition de la boisson.

Les principaux composants du thé sont l'eau (environ 75 % du thé « sec »), des tanins (environ 4 %), des protéines (environ 4 %, seule l'albumine est soluble dans l'eau), des acides aminés (théanine, sérine), des lipides (moins de 1 %), des acides organiques (acide quinique, acide oxalique, acide gallique), des sucres (fructose, saccharose, raffinose et stachyose), des vitamines (A, B, C, E, P), des minéraux (potassium, fluor, phosphore, magnésium) et des centaines de substances aromatiques (géraniol) ou aux propriétés pharmacologiques (caféine, etc.).

Théanine

La thĂ©anine est un acide aminĂ© connu pour ĂȘtre prĂ©sent principalement dans les feuilles de thĂ©, ainsi que dans un champignon nommĂ© bolet bai. C'est l'acide aminĂ© prĂ©dominant. Il reprĂ©sente de 1 Ă  2 % du poids total des feuilles noires, vertes ou semi-oxydĂ©es et plus de 50 % des acides aminĂ©s[18].

La thĂ©anine possĂšde une saveur Ă  la fois astringente, sucrĂ©e et umami[19] ; elle contribue au goĂ»t umami des thĂ©s verts en agissant comme un exhausteur de goĂ»t[19]. L’activitĂ© de la thĂ©anine sur le cerveau est associĂ©e Ă  une rĂ©duction du stress mental et physique[20] et produit un effet relaxant[21] - [22].

Quantité de théanine dans différentes variétés de feuilles de thé[18].
Thé Type Pays de production Théanine

(en g/100 g de thĂ©)

African Flower Noir Kenya 1,3
Assam FOP Noir Inde 1,05
Ceylon Pekoe Noir Sri Lanka 2,2
Darjeeling FOP Noir Inde 1,45
Georgian FOP Noir Georgie 1,16
Lapsang Souchong Noir Chine 0,82
Yunnan Noir Chine 2,38
Formosa Oolong Oolong TaĂŻwan 0,6
Gunpowder Vert Chine 1,78
Sencha Vert Japon 1,05

.

Polyphénols

Le thĂ© est Ă©galement une source d'antioxydants sous forme de polyphĂ©nols de diffĂ©rentes natures suivant le genre et le procĂ©dĂ© de fabrication. Le thĂ© vert renferme principalement des catĂ©chines (Ă©picatĂ©chine, gallate d'Ă©picatĂ©chine, Ă©pigallocatĂ©chine, gallate d'Ă©pigallocatĂ©chine) et son oxydation les transforme en thĂ©aflavines et thĂ©arubigines[23]. La consommation d'une tasse de thĂ© assure une protection antioxydante maximale aprĂšs une Ă  cinq heures. La catĂ©chine et les molĂ©cules apparentĂ©es sont les principaux polyphĂ©nols du thĂ©. Une tasse peut en contenir jusqu'Ă  200 mg. Ces molĂ©cules sont aussi prĂ©sentes dans de nombreux fruits, notamment le raisin. On les retrouve dans le vin rouge et surtout dans la poudre de cacao.

Caféine

IsolĂ©e dans le thĂ© par Alphonse Oudry en 1827, la cafĂ©ine du thĂ© a d'abord Ă©tĂ© improprement appelĂ©e « thĂ©ine » avant d'ĂȘtre reconnue en 1838 comme cafĂ©ine. Le terme « thĂ©ine » n'a pourtant jamais totalement disparu du langage courant. La cafĂ©ine est la principale mĂ©thylxanthine prĂ©sente dans le thĂ©, la thĂ©ophylline et la thĂ©obromine Ă©tant faiblement prĂ©sentes[23]. Selon la croyance populaire[24], les effets excitants du thĂ© sont notablement diffĂ©rents de celui du cafĂ©. Cependant, la croyance selon laquelle le thĂ© est moins excitant que le cafĂ© peut se justifier par la prĂ©sence gĂ©nĂ©ralement moins importante de cafĂ©ine dans le thĂ© comparativement au cafĂ© : une tasse de cafĂ© contient 100 Ă  120 mg de cafĂ©ine, alors qu'une tasse de thĂ© en contient 80 mg[25].

De ce fait, la diminution des effets excitants du thé s'obtient en l'infusant plus longtemps. Cet effet, qui paraßt paradoxal, s'explique par l'action des tanins (libérés davantage au cours d'une infusion prolongée) sur les molécules de la caféine : « Le muselage des effets excitants de la caféine du thé est lié à la présence des tanins. Dans l'estomac, en présence de l'acide chlorhydrique, les tanins précipitent en emprisonnant et en neutralisant une partie de la caféine présente. (...) [En effet] la caféine du thé diffuse bien plus vite dans l'eau que les tanins. En trois minutes, dans de l'eau chaude, 75 % de la caféine sont libérés pour seulement 52 % des tanins. Si l'on veut un thé léger en caféine mais qui a du goût, il ne faut pas réduire le temps d'infusion, mais l'augmenter pour donner aux tanins le temps de diffuser avec leurs arÎmes et l'ùpreté de leur saveur »[25].

Vitamines

Les feuilles fraĂźches de thĂ© contiennent beaucoup de vitamines, en particulier de la vitamine C. Le thĂ© vert en contient entre 150 et 300 mg par 100 g de feuilles. Les thĂ©s japonais contiennent une proportion notable de vitamine C que les thĂ©s chinois ou indiens. Les thĂ©s semi-oxydĂ©s et les thĂ©s rouges en contiennent moins, puisqu'elle se dĂ©compose durant l'oxydation. Les vitamines du groupe B, la vitamine E et la vitamine K sont Ă©galement trĂšs prĂ©sentes[23].

Micro-éléments

Le thé contient beaucoup de minéraux, parmi lesquels seuls le fluor, le manganÚse et le nickel sont susceptibles de contribuer à l'apport nutritionnel conseillé (ANC)[23].

Utilisation

Boisson

Le thé est aujourd'hui la boisson la plus bue au monde juste aprÚs l'eau[26].

Riche en épigallocatéchine, en gallate d'épigallocatéchine, en théanine et en caféine, le thé est à la fois recherché pour son goût, ses vertus énergisantes et relaxantes[27] - [28].

La thĂ©anine est un acide aminĂ© connu pour ĂȘtre prĂ©sent principalement dans les feuilles de thĂ©, ainsi que dans un champignon nommĂ© bolet bai. C'est l'acide aminĂ© prĂ©dominant. Il reprĂ©sente de 1 Ă  2 % du poids total des feuilles noires, vertes ou semi-oxydĂ©es et plus de 50 % des acides aminĂ©s[18]. La thĂ©anine possĂšde une saveur Ă  la fois astringente, sucrĂ©e et umami[19] ; elle contribue au goĂ»t umami des thĂ©s verts en agissant comme un exhausteur de goĂ»t[19]. L’activitĂ© de la thĂ©anine sur le cerveau est associĂ©e Ă  une rĂ©duction du stress mental et physique[20] et produit un effet relaxant[21] - [22].

Pharmacopée

Les feuilles de thĂ©ier, lorsqu'elles sont non oxydĂ©es, peuvent ĂȘtre utilisĂ©es en phytothĂ©rapie pour soigner l'embonpoint, la fatigue ou la rĂ©tention d'eau. Des recherches montrent que certains constituants du thĂ© stimulent la sĂ©crĂ©tion d'adrĂ©naline et en augmentent sa durĂ©e d'action, favorisent donc la lipolyse (libĂ©ration et l'Ă©limination des graisses du tissu adipeux). Comme cette action se complĂšte d'une limitation de l'absorption des calories au niveau intestinal, par les tanins, la prescription se trouve justifiĂ©e pour la surcharge pondĂ©rale.

Ornementation

Certaines variétés, appréciables pour la qualité de leur feuillage et leur floraison, sont cultivées comme plantes ornementales, à l'instar du camélia du Japon.

Plants remarquables

Le district de Fengqing, dans la province du Yunnan, se targue de possĂ©der le plus vieux thĂ©ier du monde, ĂągĂ© de 3 200 ans[29].

Notes et références

  1. (en) David Keighley (ed.), The origins of Chinese civilization, Berkeley, University of California Press,
    Li Hui-li « The domestication of plants in China : ecological considerations » p. 21-63
  2. J.J.B. Deuss, « La culture et la fabrication du ThĂ© », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquĂ©e,‎ , p. 238-273 (lire en ligne)
    historique, répartition de la culture du théier dans le monde
  3. Deuss J. J. B., « La culture et la fabrication du ThĂ© », Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquĂ©e, Avril-mai 1958, vol. 5, nos 4-5,‎ , p. 238-273 (DOI https://doi.org/10.3406/jatba.1958.2464, www.persee.fr/doc/jatba_0021-7662_1958_num_5_4_2464)
  4. Georges Métailié, Françoise Saban (ed.), Manger en Chine, Vevey, Alimentarium,
  5. Code International de Nomenclature pour les Algues, les Champignons et les Plantes, 2012. Article 13.Ex.3, p. 23, Koeltz Scientific Books. DOI 10.5281/zenodo.377010
  6. Article 13.4. Note 3, International Code of Nomenclature for algae, fungi, and plants (Shenzhen Code), adopted by the Nineteenth International Botanical Congress, Shenzhen, China, July 2017 , Koeltz Botanical Books, 2018
  7. Botanique médicale, ou Histoire naturelle et médicale des médicamens, des poisons et des alimens, tirés du rÚgne végétal. Partie 2, p. 699-701, Achille Richard, Béchet jeune (Paris), 1823
  8. (en) « Camellia sinensis (L.) Kuntze - Kew Science », sur Plants of the World Online (consulté le ).
  9. Alain Guerder, ThĂ©iers, ThĂ©ieraies, Feuilles de ThĂ©s, Écohameau de BarthĂšs, , 240 p. (ISBN 9782958037505)
  10. « Le théier », dans Christine Barbaste, François-Xavier Delmas, Mathias Minet, Le Guide de dégustation de l'amateur de thé.
  11. « La cueillette », dans Christine Barbaste, François-Xavier Delmas, Mathias Minet, Le Guide de dégustation de l'amateur de thé, (ISBN 9782812318436).
  12. (en) ABHAYA P Das, « Camellia sinensis var. lasiocalyx (G. Watt) A.P. Das & C. Ghosh – new combination name for the Cambod variety of tea », sur academia.edu, (consultĂ© le ).
  13. Jean Montseren, « Le thé dans le champ », dans Guide de l'amateur de thé : les thés du monde entier, Solar, (ISBN 2263028471 et 9782263028472, OCLC 407018486, lire en ligne).
  14. « FAOSTAT / Cultures », sur FAO (consulté le ).
  15. Maladies Ă  virus des plantes ornementales, Josette Albouy, Jean-Claude Devergne, Quae, 1 janv. 1998 - 492 pages
  16. (en) KH Ekborg-Ott, A Taylor and DW Armstrong, « Varietal Differences in the Total and Enantiomeric Composition of Theanine in Tea », J. Agric. Food Chem., 1997, 45, p. 353-363 [PDF].
  17. (en) S Kaneko, K Kumazawa, H Masuda, A Henze and T Hofmann (2006) Molecular and Sensory Studies on the Umami Taste of Japanese Green Tea, J. Agric. Food Chem., 54 (7), 2688 -2694, 2006. DOI 10.1021/jf0525232 S0021-8561(05)02523-9.
  18. (en) Kimura K, Ozeki M, Juneja L, Ohira H, « L-Theanine reduces psychological and physiological stress responses », Biol Psychol, vol. 74, no 1,‎ , p. 39-45 (PMID 16930802).
  19. (en) K. Lu, M. Gray, C. Oliver, D. Liley, B. Harrison, C. Bartholomeusz, K. Phan et P. Nathan, « The acute effects of L-theanine in comparison with alprazolam on anticipatory anxiety in humans », Hum Psychopharmacol, vol. 19, no 7,‎ , p. 457-65 (PMID 15378679).
  20. (en) Gomez-Ramirez M, « The Deployment of Intersensory Selective Attention: A High-density Electrical Mapping Study of the Effects of Theanine », Clinical Neuropharmacoly, vol. 30, no 1,‎ , p. 25-38 (PMID 17272967).
  21. (en) Yong-su Zhen, Tea Bioactivity and Therapeutic Potential, vol. 17, London and New York, CRC Press, , 267 p. (ISBN 0-415-27345-5), « 4 - The chemistry of tea Non-volatils », p. 57-88.
  22. (en) V. Marks & J. Kelly, « Absorption of caffeine from tea, coffee, and coca cola », The Lancet, vol. 1, no 7807,‎ , p. 827.
  23. Article « Thé », p. 437, in Pierre Dukan, Dictionnaire de diététique et de nutrition, éd. Le cherche midi, 1998.
  24. Macfarlane et Macfarlane 2004, p. 34.
  25. (en) PJ. Rogers, JE. Smith, SV. Heatherley et CW. Pleydell-Pearce, « Time for tea: mood, blood pressure and cognitive performance effects of caffeine and theanine administered alone and together. », Psychopharmacology (Berl), vol. 195, no 4,‎ , p. 569-77 (PMID 17891480, DOI 10.1007/s00213-007-0938-1)
  26. (en) (en) S Dharmananda, « Amino acid supplements IV: theanine », sur Institute for Traditional Medicine, (consulté le )
  27. ć—ć±±æœˆ, « ćźƒæ ‘éŸ„è¶…èż‡3200ćčŽæ˜Żç›źć‰äž–ç•ŒäžŠæœ€ć€§çš„èŒ¶æ ‘ » (consultĂ© le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.