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Fructose

Le fructose (la forme D est aussi nommĂ©e lĂ©vulose) est un ose (sucre simple non-hydrolysable) du groupe des cĂ©toses, que l'on trouve en abondance dans les fruits et le miel. C'est un hexose (sucre Ă  6 atomes de carbone) qui prĂ©sente la mĂȘme formule brute, dĂ©crite par Augustin-Pierre Dubrunfaut en 1847, que ses isomĂšres, en particulier le glucose : C6H12O6.

Fructose




ÎČ-D-Fructopyranose et ÎČ-D-Fructofuranose, les formes les plus courantes.
Identification
Nom UICPA (2R,3S,4R,5R)
-2,5-bis(hydroxyméthyl)
oxolane-2,3,4-triol
No CAS 57-48-7 D(–)

10489-79-9 (α-D-fructofuranose)
470-23-5 (ÎČ-D-fructofuranose)
10489-81-3 (α-D-fructopyranose)
7660-25-5 (ÎČ-D-fructopyranose)
30237-26-4 (DL)
7776-48-9 (L)

No ECHA 100.000.303
No CE 200-333-3
SMILES
Apparence solide blanc
Propriétés chimiques
Formule C6H12O6 [IsomĂšres]
Masse molaire[1] 180,155 9 ± 0,007 4 g/mol
C 40 %, H 6,71 %, O 53,29 %,
Propriétés physiques
T° fusion ÎČ-D-fructose : 103 °C
Cristallographie
Classe cristalline ou groupe d’espace P212121[2]
ParamĂštres de maille a = 8,088 Ă…

b = 9,204 Ă…
c = 10,034 Ă…
α = 90,00°
ÎČ = 94,77°
γ = 90,00°
Z = 4[2]

Volume 744,36 Ă…3[2]
Précautions
SIMDUT[3]

Produit non contrÎlé

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Sa formule semi-dĂ©veloppĂ©e est CH2OH-CHOH-CHOH-CHOH-CO-CH2OH ou C4H9O4-CO-CH2OH si on veut faire apparaĂźtre sa fonction cĂ©tone. Il a tendance Ă  se cycliser sous sa forme pyranose (cycle Ă  5 atomes de carbone et 1 oxygĂšne) plutĂŽt que sous sa forme furanose (cycle Ă  4 atomes de carbone et 1 atome d'oxygĂšne).

Le D-fructose est le monomÚre de l'inuline et est attaché au D-glucose par une liaison osidique pour former le saccharose (ou sucre de table). On le trouve aussi dans d'autres osides comme le lactulose (un diholoside), l'erlose et le raffinose (deux triholosides) ainsi que le stachyose (un oligoside).

Lorsqu'il est sous sa forme D, l'activitĂ© optique du fructose est lĂ©vogyre de −93 degrĂ©s, d'oĂč son autre nom : le lĂ©vulose.


  • D-fructose (reprĂ©sentation de Fischer).
    D-fructose (représentation de Fischer).
  • Formule de Haworth du α-D-fructofuranose.
    Formule de Haworth du α-D-fructofuranose.
  • Formule de Haworth du ÎČ-D-fructofuranose.
    Formule de Haworth du ÎČ-D-fructofuranose.
  • Formule de Haworth du α-D-fructopyranose.
    Formule de Haworth du α-D-fructopyranose.

Chimie

Dans l'eau, la forme tautomĂšre prĂ©dominante est la forme bĂȘta-D-Fructopyranose (73 % Ă  20 °C), suivie de la forme bĂȘta-D-fructofuranose (20 %)[4].

L'analyse aux rayons X a montrĂ© que le D-fructose sous sa forme cristalline est un bĂȘta-D-fructopyranose en conformation chaise 2C5[5].

IsomĂšres du D-fructose
Forme linéaire Projection de Haworth

α-D-fructofuranose
5 %

ÎČ-D-fructofuranose
20 %

α-D-fructopyranose
2 %

ÎČ-D-fructopyranose
73 %

Digestion

L'absorption du D-fructose est plus lente que celle du D-glucose. Le D-fructose est absorbĂ© au niveau des intestins, selon un mĂ©canisme diffĂ©rent de celui du D-glucose : son transport Ă  l’intĂ©rieur des cellules de la muqueuse intestinale dĂ©coule d'un processus de diffusion facilitĂ©e passif, alors que le D-glucose est transportĂ© activement. Le taux de diffusion du D-fructose est supĂ©rieur Ă  celui attendu par la diffusion passive. Le mĂ©canisme complet d'absorption du D-fructose n'est pas complĂštement Ă©lucidĂ©[6] - [7].

À forte dose, le D-fructose est mal assimilĂ©, mĂȘme si son absorption nette est augmentĂ©e. Flatulences et diarrhĂ©e sont frĂ©quentes lors d'ingestion par voie orale si les doses de fructose sont supĂ©rieures Ă  50 g. Mais la prĂ©sence de D-glucose facilite l'absorption du fructose, qui est alors complĂštement absorbĂ©, mĂȘme chez les personnes qui absorbent mal le D-fructose seul. Étant donnĂ© que dans l'alimentation le D-fructose n'est gĂ©nĂ©ralement pas le seul glucide prĂ©sent, son absorption ne pose pas de problĂšme particulier[6] - [7].

Dans les cellules de la paroi intestinale, le D-fructose est partiellement transformĂ© en lactate ou en D-glucose, le reste Ă©tant dĂ©versĂ© dans la circulation sanguine. Il arrive par la veine porte dans le foie, oĂč se dĂ©roule l'essentiel de sa mĂ©tabolisation[6].

Le foie capte l'essentiel du D-fructose dĂšs le premier passage grĂące Ă  la forte efficacitĂ© des enzymes fructokinase et aldolase B. Le D-fructose restant apparaĂźt en faible concentration dans le sang et peut ĂȘtre utilisĂ© par les reins[6].

MĂ©tabolisme

Le D-fructose est globalement mĂ©tabolisĂ© de la mĂȘme maniĂšre que le glucose, mais l'assimilation est plus passive[7] et plus variable selon les individus. Dans la plupart des tissus, le fructose rejoint la glycolyse au niveau du glucose 6-phosphate, aprĂšs avoir Ă©tĂ© phosphorylĂ© par l'hexokinase en fructose 6-phosphate, puis isomĂ©risĂ©. Il intervient donc lors de la nĂ©oglucogenĂšse. Certaines maladies gĂ©nĂ©tiques empĂȘchent le mĂ©tabolisme du fructose : intolĂ©rance hĂ©rĂ©ditaire au fructose, dĂ©ficit en fructose-1,6-diphosphatase.

Le foie est l'organe principal métabolisant le fructose[6].

Alors que le D-glucose est métabolisé en fonction des besoins énergétique du foie et que ce métabolisme est ralenti par l'insuline, le métabolisme du D-fructose dépend principalement des apports en D-fructose[6].

Les molĂ©cules issues du mĂ©tabolisme du D-fructose favorisent le transport du D-glucose dans le foie et son stockage sous forme de glycogĂšne. Lorsque les apports de fructoses sont importants, la production d'acide urique augmente. Il est estimĂ© qu'environ la moitiĂ© du D-fructose ingĂ©rĂ© est relarguĂ©e dans le sang sous forme de glucose et un quart sous forme de lactate, qui servent de substrats Ă©nergĂ©tiques pour d’autres tissus. 15 Ă  20 % du D-fructose est stockĂ© sous forme de glycogĂšne et 5 Ă  10 % est transformĂ© en lipides, ces donnĂ©es Ă©tant obtenues aprĂšs ingestion de D-fructose pur[6].

Le catabolisme hĂ©patocytaire du D-fructose est diffĂ©rent de celui du D-glucose. En effet, dans le foie, l'absence d'hexokinase — remplacĂ©e par une glucokinase absolument spĂ©cifique du D-glucose — empĂȘche la phosphorylation du D-fructose en fructose 6-phosphate. Le premier carbone du D-fructose est donc phosphorylĂ© par la fructokinase 1 pour donner du fructose 1-phosphate. Celui-ci subit ensuite le clivage habituel de la glycolyse en 2 trioses par l'aldolase, ce qui produit du dihydroxyacĂ©tone-phosphate ainsi que du glycĂ©raldĂ©hyde. Pour rejoindre la glycolyse, le glycĂ©raldĂ©hyde va ĂȘtre phosphorylĂ© en glycĂ©raldĂ©hyde-3-phosphate, et le dihydroxyacĂ©tone-phosphate va ĂȘtre isomĂ©risĂ© en glycĂ©raldĂ©hyde 3-phosphate.

Finalement, le catabolisme hĂ©patocytaire du D-fructose, bien que lĂ©gĂšrement diffĂ©rent du catabolisme du glucose, produira le mĂȘme nombre de molĂ©cules d'ATP.

Dans le foie, le fructose peut ĂȘtre transformĂ© en glucose, lactate, glycogĂšne et en triglycĂ©rides[8] - [9].

Nutrition

Fructose cristallin

La plupart des fruits contiennent du D-fructose, soit sous forme libre, soit sous forme de résidu dans le saccharose (sucre de table)[10], rapidement hydrolysé dans l'intestin en D-fructose et D-glucose. De trÚs nombreux produits alimentaires contiennent du D-fructose, à travers l'utilisation, en tant qu'ingrédients, du sucre et du sirop de maïs à haute teneur en D-fructose (HFCS : High-Fructose Corn Syrup).

Tout comme les autres glucides (saccharose, lactose, amidon, etc.) et les protĂ©ines, le D-fructose apporte kcal/g, contre kcal/g pour l’alcool et kcal/g pour les lipides.

Le D-fructose a un pouvoir sucrant supérieur au saccharose, de 20 à 40 % selon les conditions[11].

Le fructose possÚde un indice glycémique inférieur à celui du glucose mais ceci est lié à son métabolisme hépatique spécifique. Le pouvoir sucrant du fructose est compris entre 1,1 et 1,3 selon les sources et les utilisations[12].

En tant qu'édulcorant de charge, on le trouve sous la forme de fructose cristallin mais également sous forme de sirops de fructose-glucose (comme le sirop de maïs à haute teneur en fructose). Dans ces ingrédients, la teneur en fructose (pour les références dites high-fructose) peut atteindre 42 à 55 % de la matiÚre sÚche.

Une source importante de D-fructose dans l'alimentation humaine se trouve dans la consommation de saccharose qui, lors de sa digestion, est hydrolysé par l'invertase en quantités égales de D-glucose et de D-fructose.

Le D-fructose des fruits n'a pas les mĂȘmes effets nutritionnels que le D-fructose industriel[13] car si les molĂ©cules sont les mĂȘmes, elles sont accompagnĂ©es dans les fruits par d'autres nutriments, tels les phytophĂ©nols, qui contrebalancent les effets dĂ©lĂ©tĂšres du D-fructose pur.

Effets positifs et négatifs

Certains auteurs estiment que le D-fructose a un effet dĂ©lĂ©tĂšre sur l'organisme, par nature. Mais d'autres estiment que la nature de ce nutriment n'est pas en cause : les effets nĂ©gatifs dĂ©couleraient d'un excĂšs de consommation[6]. En ce qui concerne une consommation faible de D-fructose, les auteurs s'accordent Ă  estimer qu'en dessous de 50 g/j, il n’y a pas d’élĂ©ment objectif indiquant un risque mĂ©tabolique[6] - [14].

D'aprĂšs Anne-Françoise Burnol, biologiste directrice de recherche au CNRS, les avis ne sont « pas unanimes sur l’existence d’effets toxiques propres au fructose chez l’homme. Si les Ă©tudes rĂ©alisĂ©es chez les animaux de laboratoire montrent sans ambiguĂŻtĂ© que le fructose Ă  haute dose entraĂźne des consĂ©quences nĂ©fastes sur la rĂ©gulation du mĂ©tabolisme Ă©nergĂ©tique, l’obĂ©sitĂ© et le diabĂšte de type 2, il est beaucoup plus difficile de tirer des conclusions aussi claires d’études menĂ©es sur l’homme ». Selon elle, il est « extrĂȘmement compliquĂ© » d'obtenir des Ă©tudes prospectives probantes Ă  long terme concernant la consommation alimentaire dans les cohortes humaines, car l’autoĂ©valuation des volontaires est trĂšs peu fiable. Elle invoque Ă©galement l'existence d'intĂ©rĂȘts financiers en jeu « Ă©normes » qui peuvent avoir des consĂ©quences sur la pertinence des conclusions des Ă©tudes[15].

Effets positifs

  • À une Ă©poque, le D-fructose Ă©tait conseillĂ© aux diabĂ©tiques, car le D-fructose a un faible impact sur le taux de D-glucose dans le sang (glycĂ©mie)[6] - [16]. S'appuyant sur cette caractĂ©ristique, un avis scientifique de la EFSA a conduit l'Union europĂ©enne Ă  autoriser en 2013 une allĂ©gation de santĂ© sur le fructose[6]. Mais la rĂ©putation du D-fructose s'est ensuite dĂ©gradĂ©e. Simone Lemieux de l’INAF affirme que « lorsqu’il est consommĂ© en grande quantitĂ©, le fructose fait augmenter le taux de triglycĂ©rides dans le sang, ce qui constitue un facteur de maladie cardiovasculaire et de rĂ©sistance Ă  l’insuline »[17].
  • Le D-fructose fournit une Ă©nergie lentement utilisĂ©e et permet d'Ă©viter les pics de glycĂ©mie souvent liĂ©s Ă  une consommation importante de glucose ou en saccharose[16]. Le fructose ne provoque pas non plus les effets associĂ©s aux hyperglycĂ©mies, tels l'hyper-excitation qui, bien comprise, s'exprime par des activitĂ©s positives trĂšs soutenues, mais peut aussi s'exprimer sous forme d'agressivitĂ©.

Effets négatifs

  • Une consommation de plus de 50 g de fructose (Ă©quivalent de 800 g de pommes)[18] par jour peut causer des ballonnements[19], des flatulences, pertes de selles et diarrhĂ©e dĂ©pendant de la quantitĂ© ingĂ©rĂ©e et d'autres facteurs.
  • Le fructose mĂȘme naturel reste un glucide (un sucre). Il y a une corrĂ©lation entre la consommation de sucre ajoutĂ© (fructose ou non) ou de jus de fruits et la frĂ©quence de l'obĂ©sitĂ©[20] - [21] - [22] - [23]. Il faut nĂ©anmoins rappeler que la relation entre suralimentation et prise de poids est connue. Et prendre du fructose en excĂšs, ou du glucose en excĂšs, ou des lipides en excĂšs, dans des grandeurs caloriques Ă©quivalentes, provoque la mĂȘme prise de poids[6].
  • Le fructose, comme les autres sucres rĂ©ducteurs, peut rĂ©agir avec les protĂ©ines par la rĂ©action de Maillard (glycation), ce qui peut expliquer plusieurs complications du diabĂšte sucrĂ© et l'accĂ©lĂ©ration du vieillissement[24]. Une Ă©tude a montrĂ© in vitro que le fructose mĂ©langĂ© Ă  l'albumine, une protĂ©ine, conduit au phĂ©nomĂšne de glycation. Il a Ă©tĂ© Ă©galement observĂ© in vivo, dans le cristallin, que les protĂ©ines du cristallin avaient rĂ©agi avec le fructose endogĂšne. La signification possible de ces processus chez les sujets diabĂ©tiques est discutĂ©e[25]. Une Ă©tude a Ă©tĂ© menĂ©e sur des rats, nourris soit avec du fructose, soit du glucose, soit du saccharose. Les produits issus de la glycation ont Ă©tĂ© observĂ©s chez ces rats Ă  des taux plus Ă©levĂ©s pour le fructose. Les auteurs concluent « que la consommation Ă  long terme de fructose induit des effets nĂ©fastes sur le vieillissement ; des Ă©tudes complĂ©mentaires sont nĂ©cessaires pour clarifier le rĂŽle prĂ©cis du fructose dans le processus de vieillissement »[24].
  • Les Ă©tudes menĂ©es Ă  l'universitĂ© de Valence sur des rats posent la question d'un rĂŽle oxydant du fructose. Ces Ă©tudes suggĂšrent un effet dĂ©lĂ©tĂšre du fructose lorsqu'il est consommĂ© sous forme purifiĂ©e et de façon excessive. Les auteurs notent qu'ils ont utilisĂ© pour leurs expĂ©riences avec les rats des rĂ©gimes trĂšs riches en fructose, plus riches que les rĂ©gimes propres Ă  l'ĂȘtre humain, ce qui rend complexe l'extrapolation des rĂ©sultats[14].
  • La survenue de la goutte serait favorisĂ©e par la consommation excessive de fructose, principalement sous forme de sucre ajoutĂ© dans les boissons non-alcoolisĂ©es ou bien les jus de fruits, un risque existant Ă©galement avec les fruits trĂšs sucrĂ©s (pomme, orange)[26] - [27]. Le fructose, et en particulier sa capacitĂ© Ă  stimuler la production de lipides par le foie, favorisent une augmentation des triglycĂ©rides circulants, ainsi que la production de lipoprotĂ©ines athĂ©rogĂšnes, ce qui peut occasionner le dĂ©veloppement d’une hyperuricĂ©mie[6].
  • Lorsque de trĂšs grandes quantitĂ©s de fructose sont consommĂ©es, la plupart des individus absorbent mal le fructose. Et lorsque le fructose n'est absorbĂ© que partiellement, il est alors fermentĂ© par la flore intestinale. Cela peut conduire, chez certaines personnes intolĂ©rantes, Ă  des symptĂŽmes comme les ballonnements, crampes et douleurs abdominales, diarrhĂ©es et constipation, reflux, nausĂ©es ou vomissements. La rĂ©duction de la consommation de fructose Ă  un niveau individuellement tolĂ©rĂ© soulage en quelques jours les symptĂŽmes pour la plupart des individus. Environ 30 % des adultes en bonne santĂ© ont une mauvaise absorption de fructose mĂȘme avec des doses en dessous de 50 g et environ 10 % ont une intolĂ©rance symptomatique. Cette intolĂ©rance apparait gĂ©nĂ©ralement chez les adultes et peut ĂȘtre dĂ©clenchĂ©e par le stress, une inflammation ou des antibiotiques, qui modifient l’activitĂ© des protĂ©ines de transport dĂ©terminant l’absorption du fructose. Les intolĂ©rances au sorbitol, xylitol et au fructose coexistent de maniĂšre trĂšs commune et peuvent s’exacerber mutuellement. Il existe une intolĂ©rance hĂ©rĂ©ditaire sĂ©vĂšre au fructose, qui est distincte du problĂšme de malabsorption, et qui est due Ă  une anomalie gĂ©nĂ©tique[28].
  • Le mĂ©lange glucose-fructose, prĂ©sent notamment dans le sirop de maĂŻs, largement utilisĂ© par l’industrie comme agent sucrant, est mĂ©tabolisĂ© en graisse dans le foie, altĂšre la barriĂšre intestinale et ne dĂ©clenche pas de rĂ©ponse insulinique, ce qui favorise l'addiction[29]. Lorsqu'il s'agit de fructose prĂ©sent dans les fruits, il existe un effet compensatoire : la prĂ©sence de fibres ralentit le transport du fructose vers le foie et aide Ă  renforcer la barriĂšre intestinale[29].

Débat sur la satiété

Le fructose augmente les taux de ghrĂ©line, hormone qui stimule l'appĂ©tit[30]. Mais les Ă©tudes directes montrent que, au contraire de l'effet thĂ©orique attendu, il semblerait que l'ingestion de fructose provoque un effet de satiĂ©tĂ© Ă  court terme plutĂŽt qu'une stimulation de l'appĂ©tit. Plusieurs Ă©tudes montrent que l'ingestion de fructose avant un repas inhibe la consommation pendant le repas de 44 % de plus qu’une prĂ©charge de glucose et de 60 % de plus qu’une ingestion d’eau[6].

En ce qui concerne le rassasiement, comme tous les produits sucrĂ©s, le fructose stimule l’appĂ©tit pendant la consommation jusqu’à ce que s’installe le rassasiement sensoriel[6]. Mais le fructose n'induit pas ou peu de sĂ©crĂ©tion d'insuline, et pas non plus de sĂ©crĂ©tion de leptine qui sont des hormones intervenant dans la satiĂ©tĂ©[31]. Or l'insuline et la leptine sont deux Ă©lĂ©ments majeurs de la rĂ©gulation de la prise alimentaire[32] - [15]. Le fructose induit Ă©galement une sĂ©crĂ©tion plus faible d'une hormone de la satiĂ©tĂ©, le GLP-1[31]. Une Ă©tude de l'universitĂ© Yale menĂ©e auprĂšs de vingt volontaires montre que les taux sanguins d'insuline et de GLP-1 aprĂšs consommation de fructose sont infĂ©rieurs Ă  ceux obtenus avec une consommation Ă©quivalente de glucose, et que l'hypothalamus, centre de contrĂŽle rĂ©gulant la sensation de faim, est moins stimulĂ© lors de l'ingestion de fructose[33] - [34]. Une Ă©tude menĂ©e auprĂšs de 24 participants par les chercheurs de l'UniversitĂ© de Californie du Sud montre que la consommation de glucose augmente l'envie de nourriture. Les chercheurs, qui ont observĂ© les rĂ©actions des cerveaux des participants donnent comme conclusion de leur Ă©tude : « l'ingestion de fructose, vs glucose, active les zones du cerveau impliquĂ©es dans l'attention et la rĂ©compense et peut ainsi favoriser le comportement alimentaire. Mais ce n'est pas une raison pour se priver de fruits. »[35] - [36]

Localisation et commerce du fructose

  • Le fructose est plus cher que le saccharose pour des raisons d'Ă©conomie d'Ă©chelle de production et de matiĂšre premiĂšre. Il se trouve facilement en grande distribution..
  • Dans les aliments et boissons industriels oĂč il est souvent associĂ© au glucose, le fructose est couvert par l'appellation « sucres ajoutĂ©s ». Ces sucres ajoutĂ©s gĂ©nĂšrent une dĂ©pendance avantageuse selon des critĂšres commerciaux, mais aussi des problĂšmes de foie et sont donc dommageables du point de vue de la santĂ© globale de la population mondiale. C'est pourquoi il est important de promouvoir la consommation de fruits et lĂ©gumes plutĂŽt que des aliments comportant des sucres ajoutĂ©s[37].
  • Le fructose est prĂ©sent dans les fruits[38], leurs jus, le miel (38 % de ses sucres), le sirop d'agave.
    Dans le cas du miel, la composition en sucres peut faire varier fortement l’indice glycĂ©mique (de l'ordre de 40 pour le miel d'acacia, qui contient plus de fructose que de glucose, et 66 pour le miel de colza, riche en glucose).

Divers

Le fructose est Ă©galement prĂ©sent dans les sĂ©crĂ©tions sĂ©minales, il constitue une petite partie de leur extrait sec[39] et est retrouvĂ© Ă  hauteur de 1,5 Ă  6,5 mg/mL dans le liquide sĂ©minal[40].

Annexes

Notes et références

  1. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. « Fructose », sur reciprocalnet.org (consulté le ).
  3. « Fructose (d-) » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009.
  4. (en) B. Schneider, F. W. Lichtenthaler, G. Steinle et H. Schiweck, « Distribution of Furanoid and Pyranoid Tautomers of D-Fructose in Dimethylsulfoxide, Water and Pyridine via Anomeric Hydroxyl Proton NMR Intensitites », Liebigs Ann. Chem.,‎ , p. 2454 – 2464.
  5. (en) J.A. Kanters, G. Roelofsen, B.P. Alblas et I.Meinders, « The Crystal Structure of ÎČ-D-Fructose with Emphasis on the Anomeric Effect », Acta Crystallographica, vol. B33,‎ , p. 665 – 672 (DOI 10.1107/S0567740877004439, lire en ligne).
  6. « Le Fructose, Etat des lieux », sur Fonds français pour l’alimentation et la santĂ©, .
  7. (en) « Digestion, absorption and energy value of carbohydrates », sur Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture.
  8. Sucrose, High-Fructose Corn Syrup, and Fructose, Their Metabolism and Potential Health Effects: What Do We Really Know?.
  9. (en) « Consuming fructose-sweetened, not glucose-sweetened, beverages increases visceral adiposity and lipids and decreases insulin sensitivity in overweight/obese humans », The Journal of Clinical Investigation,‎ (DOI 10.1172/JCI37385, lire en ligne).
  10. Teneur en fructose, glucose et saccharose de certains fruits.
  11. Bernard Guy-Grand, « Les sucres dans l’alimentation : de quoi parle-t-on ? », Cahiers de Nutrition et de DiĂ©tĂ©tique, vol. 43,‎ , p. 2S7–2S11 (ISSN 0007-9960, DOI 10.1016/S0007-9960(08)71549-9, lire en ligne, consultĂ© le ).
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  18. Nutriments pour 100 g de pommes.
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  37. Andreia Ribeiro, Maria-Jose Igual-Perez, Ermelinda Santos Silva et Etienne M. Sokal, « Childhood Fructoholism and Fructoholic Liver Disease », Hepatology Communications, vol. 3, no 1,‎ , p. 44–51 (ISSN 2471-254X, PMID 30619993, PMCID PMC6312651, DOI 10.1002/hep4.1291, lire en ligne, consultĂ© le ).
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  40. Cours du professeur et chercheur en biochimie Michel Catheline, CHU de Rennes, France.

Bibliographie

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